La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 10 : Chapitre 10 Ce nouveau monde
2107 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 4 mois
Chapitre 10
Ce nouveau monde
Ils se tenaient devant le vieil hôtel. Ils restèrent en arrière alors que la tanuki s’avançait. Elle se retourna et les invita à entrer. Tom se demandait comment elle pouvait connaître cette adresse. Malgré ses réticences, il les suivit et entra à son tour. Il s’agissait d’un petit ryokan. Le hall de l’auberge n’était pas très grand mais confortable. Mamizou était déjà devant l’accueil et venait d’appuyer sur une sonnette alors que les autres regardaient les alentours et semblaient ravis de retrouver des panneaux en bois et en toiles dans un univers si bétonné. Un panneau s’ouvrit derrière le comptoir et une vieille dame en sortit. Elle s’inclina respectueusement avant de s’avancer et de s’adresser à ces clients.
– Soyez les bienvenus au Tokyo no Ryokan. Je suis la propriétaire. Que désirez-vous jeunes gens ?
– Nous souhaiterions vous louer sept chambres.
– Vous avez de la chance, toutes mes chambres sont libres. Vous voulez les visiter ?
– Volontiers.
Mamizou suivit la propriétaire de l’auberge et fut rapidement suivi par les autres. Chacun observait les lieux. Une ambiance relaxante emplissait les couloirs et les chambres qui furent attribuées à chacun. Ils avaient presque l’impression de se retrouver en Gensokyo.
Il ne restait plus que Tom, Marisa et Mamizou qui suivirent la vieille dame.
– Voici une chambre pour le jeune couple.
– Merci beaucoup, répondit le jeune homme en s’inclinant respectueusement avant d’y entrer, suivi par Marisa.
– Votre chambre est celle-là, dit la propriétaire en ouvrant un panneau qui donna accès à une chambre.
– Je vous remercie également.
– C’est tout ce qu’il y a de plus normal. En plus, cela faisait longtemps que mon auberge n’était pas autant remplie, et encore plus par de jeunes gens. En plus, mes clients habituels sont partis les uns après les autres.
– Ils sont partis les uns après les autres ? demanda la tanuki déguisée.
– Oui… ils étaient assez particuliers mais au final, assez gentils. En plus, il m’aidait beaucoup car ils n’étaient pas souvent très riches.
– Vous ne connaîtriez pas une ancienne propriétaire de la boutique, Atsuko Sato ?
– Mais c’est moi Atsuko Sato.
– Vraiment ? s’étonna la « jeune femme ».
– Je travaille ici depuis toujours.
– Mais…
– Qui êtes-vous ? demanda la vieille dame l’air intriguée.
– Atsuko, je suis ravie de te revoir.
– Pardonnez-moi ?
À ce moment, la tanuki reprit sa forme naturelle sous les yeux ébahit de la propriétaire.
– Je suis Mamizou Futatsuiwa.
– Futasuiwa ? Ma petite tanuki ?
– Oui.
– Oh… tu n’as absolument pas changé…
– Mais vous si…
– Pour un yokai, le temps est une conception différente, répondit madame Sato.
– C’est le cas mais… je crois comprendre…
– Nous sommes en l’an 13 de Kagaku.
– L’ère Kagaku ?
– Oui… la petite Aiko a bien grandi depuis ton départ. Elle a succédé à son père, mort en 2032.
– Mais… on est donc en…
– 2045.
– C’est…
– Je ne pensais plus jamais te revoir. Cela fait 31 ans que t’es partie.
– Mais…
– Le temps est relatif. Rapide pour les humains, lent pour les yokais.
– Je comprends mieux, annonça une voix derrière la tanuki.
– Tom ? dit-elle en se retournant.
– Yukari ne nous a pas uniquement envoyés dans le Monde Extérieur, elle nous a envoyé dans le futur du Monde Extérieur.
– Mais pourquoi ? demanda Marisa en arrivant à cet instant.
– Elle avait dit qu’un lien plus intense unissait Gensokyo et cette période… répondit le jeune homme.
– Cela ne change rien à notre but, annonça la tanuki.
– Peut-être que si… On va créer des univers parallèles…
– Gensokyo est en soit un univers parallèle. Le temps et l’espace ne sont pas les mêmes. Et tu sais ce dont elle est capable.
– Manipuler les frontières…
– Oui…
Le silence se posa sur les quatre personnages. Celui-ci ne fut brisé que par madame Sato qui demanda ce qu’ils désiraient manger. Ils lui répondirent et elle alla demander aux autres.
Tom regarda alors la tanuki qui afficha un léger air hautain. Le jeune homme lui demanda d’où elle la connaissait. Elle lui répondit qu’avant, avant les événements de la résurrection de Miko, elle vivait dans le Monde Extérieur, à Sado. Elle passa plusieurs fois à Tokyo pour « affaires » et découvrit cette auberge, adresse habituelle de quelques yokais vivant paisiblement avec les humains. Elle sympathisa avec la propriétaire. Mamizou annonça ensuite que madame Sato connaissait l’existence de Gensokyo et qu’elle était liée à une famille en rapport avec le surnaturelle. Au moment de partir, Mamizou lui disait qu’elle avait la quarantaine et était mère de deux enfants. Aujourd’hui, elle devait avoir donc quatre-vingts ans.
– Il faudrait le dire à tout le monde, dit-il.
– Dire quoi ?
– Le fait qu’on soit dans le futur.
– Probablement.
– Probablement ?! Notre mission est en jeu !
– T’inquiètes pas, on va leur dire, tout, si tu le veux à ce point.
La tanuki rentra dans sa chambre et ferma le panneau, laissant Tom sur les nerfs.
Peu de temps après Atsuko Sato alla les prévenir que le souper était prêt. Tout le monde descendit et entra dans la salle à manger. Il y avait une longue table basse. Chacun s’installa autour, profitant d’un succulent repas qui n’allait pas tarder à être dévoré. Cependant, malgré l’appétit des convives et par commencer par sa petite amie, qui dévorait les bons plats, Tom se murait dans un silence, un manque d’appétit et un regard mauvais envers la tanuki. Celle-ci l’avait remarqué depuis le début mais n’y prêtait pas tant attention, jusqu’à ce qu’il se décide à parler.
– Bon… je crois que Mamizou a quelque chose d’important à nous dire.
– C’est vrai ? demanda Sanae.
– Raconte-leur, rajouta Tom.
Elle jeta un coup d’œil vers le jeune homme qui semblait savourer la tension qui naissait en elle. Elle sourit et répondit aux dizaines de questions qui s’abattirent sur elle.
– C’est vrai, j’ai quelque chose d’important à dire. Déjà, je vous présente une vieille amie, Atsuko. Elle et moi, nous nous connaissons depuis des années.
– Quoi ?! s’étonna Marisa.
– Vous êtes amie avec elle ? demanda Youmu.
– C’est exact, cela fait presque quarante ans que nous nous connaissons.
– Quarante ans ? Eh bien, pour une humaine, cela fait beaucoup, dit Reisen.
– Merci à vous toutes.
– Il y a autre chose, annonça Tom sur un ton roc.
– Qu’est-ce ? demanda son ami.
– Elle répondra, lui répondit-il.
– Bon… Je connais Atsuko depuis quelques années mais cela fait quarante ans maintenant.
– Ouais, c’est normal, ajouta Marisa.
– En fait, pas vraiment. On s’est rencontré vers les années 2010.
– Comment cela peut faire quarante ans alors ? demanda la magicienne.
Sanae sursauta en ayant une idée. Tom se doutait bien qu’elle l’eût devinée, pour une passionnée de science-fiction, la réponse était évidente.
– On est dans le futur !
– Quoi ?! s’étonna l’assemblée.
– Que veux-tu dire ? demanda Sakuya.
– Tout colle : les robots, des quartiers différents, le fait que son amie et elle soient amies depuis si longtemps mais en même temps depuis peu.
– En fait Sanae, on est en 2045, effectivement à Tokyo. Yukari nous a envoyé dans le futur du Monde Extérieur.
– Mais pourquoi ? demanda la Sélénite.
– Elle avait dit que depuis ce point-là, il y avait une forte connexion avec notre Gensokyo.
– Mais, si on retourna à Gensokyo…
– Je pense que son « tunnel » est protégé par sa magie. Il ne devrait pas y avoir de problème. M’enfin… j’ai jamais vraiment compris tous les mystères des voyages dans le temps. En plus, c’est dans une autre dimension en quelque sorte, je sèche pour ce type de chose, répondit Tom mal à l’aise quant à sa réponse.
Celle-ci imposa un silence qui décontenança les autres personnes.
Cependant, la tanuki prit la parole, annonçant que tout se passerait bien et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, que le plus important était d’aller trouver le Dieu-Dragon afin de sauver Gensokyo. C’était leur mission.
Olivier se releva. Il était totalement d’accord avec elle. Ainsi le repas se poursuivit bien que certains restèrent dubitatifs quant aux conséquences qui pourraient en découler.
À la fin du repas, chacun remonta dans sa chambre. La nuit allait être courte au vu des horloges qui indiquaient trois heures trente.
Tom entra dans sa chambre, rapidement suivit par Marisa. Depuis la fin du repas, il ne l’avait même pas regardée, voulant lui cacher son angoisse qu’il avait du mal à dissimuler. La jeune femme qui l’aimait posa sa main sur son épaule et tenta de l’apaiser par des paroles douces. Il marcha alors vers la fenêtre et l’ouvrit avant d’observer le ciel, parsemé d’étoiles et en grand nombre. Il regarda le ciel dégagé et soupira. Marisa se rapprocha alors de nouveau de lui et posa ses deux mains sur ses épaules.
– Tom… il faut te détendre. On va le retrouver et tu sauveras Gensokyo et tout rentrera dans l’ordre.
– Tu sais bien que non…
– …
– Je suis responsable de cela ! C’est de ma faute si la barrière s’effondre…
Marisa lui donna une gifle, ce qui le laissa pantois.
– La barrière s’effondrait bien avant toi ! Tu en as accéléré le rythme mais tu vas tout réparer !
– Mais c’est là le problème, dit-il en se retournant vers l’extérieur.
– De quoi ?
– Si seulement j’avais accéléré l’affaiblissement de la barrière, cela aurait pu passer… mais tu sais bien… ce que j’ai fait…
– Tu étais…
– Possédé ? Ne te moque pas de moi… j’aurais pu résister… au fond… c’était ce que je voulais…
– Tu sais que je t’aime et que cela n’aura jamais la moindre importance pour moi.
– Mais pour moi ? Pour les autres ? Même si pour ce que j’ai déjà fait on commence à me tolérer, je m’en veux encore pour tous mes actes…
– La magie s’apprend en de très nombreuses années, je le sais très bien. Cela fait à peine un an et demi que t’es arrivée et que t’apprends la magie.
– Et toi, cela fait des années, je le sais…
– T’as un potentiel énorme que t’as déjà presque entièrement exploité. Il te faut juste le maîtriser.
– Le problème c’est moi ! Tu le sais bien !
– Quoi ?
– J’ai provoqué tant de mal…
–C’est le passé ! Tu dois aller de l’avant !
– Je ne peux pas… mon passé me rattrape et me rattrapera toujours… Tu sais que ma magie me provient du passé ? Tu sais que j’étais étudiant en histoire ? Je ne peux plus regarder vers le futur désormais…
Marisa donna une violente gifle à Tom qui recula d’un pas et qui s’appuya sur la rambarde.
– Tu vas arrêter avec tes petits problèmes ?! Gensokyo a besoin d’un homme qui va ramener le Dieu-Dragon, pas d’un petit pleurnichard !
– Tu crois que je ne vais pas le faire ? Je vais le faire ! C’est juste que cela changera rien…
– Rien ? RIEN ?! TU VAS SAUVER GENSOKYO DE LA DISPARITION !
– Marisa… on est fatigué… Je suis désolé pour cela… je vais m’occuper des problèmes… allons-nous coucher.
– Pfff… au lit donc…
Le calme revint alors sur l’auberge.
Dans les rues désertent, des ombres se mirent en mouvement, effrayant les rares animaux vivant dehors. Ces masses s’unifièrent progressivement jusqu’à devenir une masse informe et effrayante qui plongea Tokyo pendant quelques instants dans les ténèbres avant de se dissiper.