Un jour à Gensokyo

Chapitre 180 : Le jour le plus long de Gensokyo

2856 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2021 21:56

La journée allait se terminer. Le calme régnait en Gensokyo. Cependant, ce calme n’allait pas durer. 

Près du sanctuaire Hakurei, les armées de l’Empereur installèrent leur campement. Une partie de la forêt fut coupée afin de donner davantage d’espace. En quelques heures, le camp et les fortins protecteurs furent terminés. Quelques personnes tentèrent d’inspecter le lieu mais elles furent repoussées sans ménagement.

Une tente prestigieuse fut plantée au centre du camp. Un soldat entra et s’inclina respectueusement devant Mima qui fumait avec un kiseru. Celui-ci s’adressa à l’esprit maléfique.


-Dame Mima, j’ai une nouvelle à apporter à l’Empereur.

-Qu’est-ce ? demanda-t-elle.

-La réponse des rebelles.

-Quelle est-elle ? demanda le jeune homme vêtu d’un lourd et long manteau prestigieux.

-Elles nous ont attaquées, dit-il en se prosternant devant lui.

-Je me doutais bien… Fort bien. Mima !

-Oui mon Empereur ?

-Demain, à midi, le combat sera commencé… et vite terminé, répondit-il avant de s’installer dans la deuxième partie de la tente.


Dans le sanctuaire, c’était l’effervescence. Les personnes les plus importantes s’étaient réunies et débattaient sur la façon de faire. Rapidement, deux camps se formèrent : ceux souhaitant combattre à l’instant même, menez par Reimu, remontée par la provocation qu’était l’établissement d’un camp au pied de son sanctuaire, et ceux, conduit par Mamizou, qui pensaient que le combat ne devra débuter qu’à midi, le lendemain matin, prétextant qu’attaquer les fortins les mettraient en postions défensives et qu’ils risquaient de l’emporter plus facilement dans ces conditions.


-Arrête avec ça ! Protesta la miko avant violence en abattant son poing sur la table.

-La meilleure stratégie est celle de la tanuki, répondit Reisen.

-Et pourquoi ? demanda Alice, perplexe quant à la raison évoquée.

-Les attaquer alors qu’ils sont en position défensive, c’est du suicide, répondit la youkai qui fumait sa pipe.

-Nos pouvoirs sont plus puissants la nuit, surtout les miens ! S’insurgea Remilia. 

-Ils doivent être prêts à riposter à une attaque de nuit, annonça Patchouli.

-Au cœur de la nuit et avec le nombre de projectiles qu’il y aurait, il sera impossible de discerner alliés et ennemis, continua Eirin.

-Et vous trois !? Vous en pensez quoi ? Pesta Reimu envers Marisa, Olivier Marc et Ice.

-Heuuu… répondit Ice en se posant la même question.

-Je ne pourrais pas servir à grand-chose la nuit moi, annonça le Rôdeur de Gensokyo.

-…

-Marisa ? demanda Nitori.

-Heu ? Oui, quoi ?

-Tu nous écoutes ? demanda Aya.

-Pas vraiment… je sais juste qu’il est là…


Reimu se leva et marcha vers elle avant de la relever.


-Tu ne devrais pas y participer, ce n’est pas à toi de résoudre cette incident et cette extermi… commença le prêtresse du lieu avant que son amie ne rejette ses mains.

-De quels droits tu me dis ça ?! dit la magicienne humaine tout en laissant exploser son ressentiment envers elle.

-Marisa ? demanda la miko.

-Je l’aime ! Je sais qu’il peut être sauvé ! Vous ne me croyez pas, vous devez me prendre pour une folle ! Mais c’est le cas… il peut être sauvé ! Lança-t-elle avant de partir en trombe.


Reimu fit quelques mètres avant de s’arrêter, de faire machine arrière, de se rassoir et se mettre ses mains dans ses cheveux, signes d’un profond désespoir vis-à-vis du comportement de son 

amie.


-Tu crois qu’il est perdu ? demanda Alice.

-Son âme est totalement corrompue par la partie youkai qu’il existe en lui… De plus, c’était probablement un youkai très agressif et violent…

-Pourquoi tu dis ça ? demanda Kaguya.

-Tom n’était pas un mauvais bougre… m’enfin… pas trop. Il voulait aider, en gros. Ce youkai devait contenir toute les émotions négatives.

-Mais d’où vient-il ? demanda Remilia.

-Je sais qui pourrait le savoir, répondit Kasen.

-Et c’est qui qui le sais ? demanda Reimu, étonnée.

-Les personnes en charges des morts ? La princesse d’Hakugyokurou et la Yama ? demanda Miko.

-Exactement.

-Enfin, on s’en fout de ça, on cherche à savoir comment riposter ! S’insurgea la prêtresse du lieu.

-Reimu a raison, ajouta Reisen, il faut savoir comment agir.

-On attaque, on extermine tous ce qui se mettra sur notre passage et je m’occupe de lui, répondit la miko en rouge et blanc.

-On le fera… demain à midi, ajouta la lapine.

-Et pourquoi ?! s’écria la prêtresse d’Hakurei.

-On a besoin de repos et la nuit renforcera également nos adversaires tout en affaiblissant ceux de nos rangs, ceux qui ne voient pas dans la nuit.

-Grrr…. D’accord ! Annonça Reimu avant d’aller se coucher, rapidement suivit par les autres.


Marisa s’était assise en haut des marches et observait les installations de l’Empereur alors que des larmes se mirent à couler sur ses joues. Un bruit de pas se fit entendre derrière elle. Elle se retourna et vit qu’il s’agissait d’Olivier. Il la rejoignit et s’assit à côté d’elle alors elle abaissa le bord de son chapeau pour se masquer le visage. 

Le jeune humain resta d’abord silencieux, regarda successivement le camp de son ami puis le ciel étoilé de l’extrême fin avril. Il inspira l’air pur à plein poumons avant d’expirer lentement. Il se mit à sourire, puis il détacha une attache située au niveau de sa ceinture et en sortit un couteau militaire. Il fit quelques mouvements du poignet, sous le regard interrogateur de la magicienne humaine qui posa également son regard sur son dos. Elle y vit un arc. Sa curiosité sans borne commença à refaire surface, d’autant que celui-ci était très travaillé et brillait d’un éclat particulier, un éclat tellement similaire à celui de la pleine lune. Dans un geste silencieux, sa main se posa sur l’extrémité de l’objet. A ce moment, le Rôdeur de Gensokyo la regarda, la fixant d’un air désapprobateur.


-Lâche-le-cadeau-d’Eirin, dit-il lentement, détachant chaque syllabe.


Elle s’exécuta et se tut.


-Tu es plus forte pour «emprunter» que pour discuter.

-Je… suis désolé…

-Ce n’est rien. 

-…

-Tu penses encore à lui ?

-Je l’aime, c’est cela mon problème…

-C’est la première fois ?


Elle ne répondit que par le hochement de sa tête. Olivier ferma les yeux et baissa légèrement la tête tout en rangeant son arme.


-Tu sais… aimer une personne, c’est une chose compliquée.

-…

-Il faut prendre la personne pour ce qu’elle est, pas pour ce qu’on veut. Par exemple, Rika est une mécano excentrique qui voue une détestation profonde pour Reimu… et j’ai même pas compris pourquoi mais je l’aime malgré tout, je me contente de faire en sorte que ses défauts ne soient pas un poison pour nous deux. Avec Tom, c’est pareil. Il souffre d’un problème au niveau de l’âme d’après ce que j’ai compris, ce qui a provoqué sa crise de délire mégalomanie d’empereur. Tu dois accepter de vivre avec ça et de l’aider.

-Je l’aime et je ferais tout pour l’aider…

-Et tu le défends contre Reimu qui veut le buter. Je trouve cela très courageux de ta part.

-Que dois-je faire ? demanda-t-elle la voix enrouée par les larmes.

-Cesser de pleurer, pour commencer. Puis, te relever pour aller te coucher. Demain, on l’affrontera et c’est toi qui l’affronteras pour le sauver.


Elle le regarda. Il constata qu’elle était en larmes. Elle serra les poings, se redressa et s’en alla vers le bâtiment. Après quelques mètres, elle se retourna et demanda à Olivier Marc d’aller lui aussi se coucher. Il sourit et se dirigea à son tour vers le lieu. 

Alors qu’elle y entra et qu’il allait faire de même, une silhouette couchée sur le toit attira son attention. Il dégaina un révolver qu’il gardait sous l’aisselle gauche et visa dans cette direction. Le canon du Colt Buntline pointait vers une grande forme dont une extrémité était très volumineuse. Soudain, une bouffée de fumée se propagea de la bouche de la créature. Il redressa alors son arme et la rangea, devinant l’identité de la personne.

Il s’apprêta alors à rentrer quand elle lui dit qu’il faudra qu’il le tue au moment donné. Sa réponse fut aussi sec que l’amadou, il se refusait de le faire, espérant que Marisa réussisse à le faire revenir à la raison. Elle tira une seconde bouffée depuis sa pipe avant de lui annoncer l’échec de toute tentative de le raisonner. Il entra sans ajouter davantage.


-Et comment tu vas faire pour ta dulcinée ? demanda-t-elle alors qu’il entra, ce à quoi il n’ajouta rien.


C’était le jour de la bataille. 

Dans chaque camp, on affuta l’esprit de chacun. Les armées de l’Empereur, composées de son infanterie démoniaque et d’onis serait soutenu par l’artillerie kappa-tengu et par la division blindée de Rika. En face, Reimu rassemblait une grande variété de personnes, issues d’espèces différentes mais qui avaient tous la volonté de résister. Elle pouvait compter sur son amie Marisa, sur la magicienne Alice, sur les fées, sur quelques youkais, sur les habitantes du Manoir Ecarlate, sur les lunariens, sur les lapins, sur Aya, sur Nitori, sur Sanae, sur deux dévas de la montagne, sur la sainte et ses amies qui arrivèrent du Senkai, sur l’ermite de la montagne ainsi que sur toute la puissance que le dieu Hakurei avaient conféré à sa famille.

Les forces impériales se tinrent prêtes à une certaines distances des marches du sanctuaires, formant un arc de cercle dont le centre n’étaient que l’escalier menant au lieu sacré. Reimu et ses amis se tinrent prêtes en haut des marches, sous le torii. Elle regarda vers le bas, elle vit un grand nombre de créatures plus ou moins grotesques. Il y en avait des milliers, voire des dizaines de milliers. Elle regarda dans le ciel, un nuage de ces créatures se forma au-dessus du champ de bataille, commandé par des tengus. Elle vit deux zones sur l’arc de cercles où se concentraient le reste des blindés de l’empereur. Plus loin, elle observa une installation d’artillerie. Elle se retourna vers Reisen et lui demanda son avis.


-Ils sont beaucoup plus nombreux que nous. En comptant les fées et les youkais, on est guère plus d’une centaine…. 

-Et ils sont des milliers… ajouta Reimu.


Ice, Olivier et Sanae s’avancèrent ainsi que Sakuya, Remilia et Eirin.


-Cela fait beaucoup de démons ça ! S’exclama l’adolescent des glaces.

-C’est bien vrai… soupira le jeune humain.

-Mademoiselle, comment vous allez vous battre ? Le Soleil brille fort aujourd’hui, annonça la servant de la vampire.

-Hmmm… il faudra voir.

-Il fera moins ensoleillé bientôt, révéla la miko en bleu et blanc.

-Hein ? s’étonna celle en rouge et blanc.


Aussitôt, un épais manteau nuageux se forma et obscurcit le ciel.


-Mais… comment ? s’étonna la prêtresse.

-Dame Kanako a entendu mes prières, révéla de nouveau Sanae.

-Je vais pouvoir un peu lui montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre à moi, annonça la petite vampire.


Mima attendit à l’entrée de la tente. Zenji Tenma, le chef des tengu était à ses côtés. Ils attendirent l’Empereur qui ne tarda pas. Il revêtait sa tenue militaire. Il marcha vers un promontoire, suivi par les deux personnes. Il regarda son armée qui l’acclama. Il leva le poing et le silence se fut. Après quelques secondes d’un lourd silence, il parla à ses «hommes».


-Soldats… il est temps de laisser nos empreintes. Qu’on se souvienne de nous… C’est l’ordre le plus simple que je puisse donner. Souvenez-vous de ce pour quoi nous nous battons : non pour des honneurs de batailles aussi futiles qu’éphémères. Ce qu’il faut est autre : Souvenons-nous des projets que je vais réaliser, c’est là mon vœux et pour des siècles et des siècles à venir. 


Il regarda l’ensemble de ses troupes avant de continuer, tout en posant sa main sur sa rapière.


-Puisse chaque âme qui vivra en Gensokyo entendre des pierres anciennes, s’élever les murmures d’un temps révolu. Ainsi est ma volonté, ainsi sont mes instructions : la vie ici m’a donné la raison. Bientôt, la nouvelle se répandra que le valeureux Empereur et son armées se sont bravement battu et ont tous mis en jeu leur vie, non seulement pour moi mais pour toute la Terre des Illusions et pour les promesses d’avenir qui dans ce pays abondent. Et maintenant, c’est ici, au pied du Sanctuaire Hakurei, que Reimu et ses forces connaitront la défaite et l’extermination. 


La foule se mit à l’acclamer, poussant ici et là des cris féroces. Il écarta les bras et les dirigea vers le ciel sous les cris d’acclamations. Mima le regarda, inquiète, se demandant s’il allait faire une nouvelle crise ou pas. Le chef tengu se voila la face. Il savait cependant que les chances qu’il perde était bien inférieur que les chances de gagner de Reimu pour le vaincre. Il savait que l’avenir de Gensokyo allait se jouer sur cette plaine et ce jour-là.

Les armées se remirent en place dans un calme mêlé à l’agitation précédant le combat. Les «hommes» se positionnèrent face à leurs adversaires. Tom et Mima marchèrent de longues minutes avant d’arriver sur un ponton rocheux donnant la meilleure vue sur le champ de bataille. Ils se positionnèrent là, observant la plaine. L’esprit maléfique lui demanda la raison de leur venue sur ce rocher. Il répondit que son armée allait réussir et qu’ils interviendraient à la fin, en chefs victorieux. La réponse n’arriva pas à la convaincre. Il sourit, l’air amusé. Il lui annonça juste que son armée était suffisamment forte pour les vaincre, et, dit-il avant de rajouter, que si Reimu parvenait à reprendre l’avantage, ils seraient là pour inverser la tendance.


Le soleil allait bientôt être à son zénith. Les forces de Reimu étaient amassées sous le torii, attendant le moment venu. Celle-ci s’avança d’un pas avant de se retourner. Nul ne comprenait ce qu’elle allait faire. Elle garda le silence quelques instants, inspira profondément et ouvrit ses yeux en relevant la tête.


-Mes… amis… vous m’avez suivis… Vous m’avez rejoints alors que vous auriez pu rester chacun de votre côté…. Je… suis d’ailleurs étonnée. Mais nous voilà…

-Nous voilà pour le moment fatidique, annonça son amie.

-Reisen ?

-Les discours et toi, cela fait deux, ajouta la lapine.

-Merci…

-Ils sont là ces êtres, démons ou onis, la peur gagnant leur cœur étranglé par la crainte. Leurs doigts sont raidis et glacés d’angoisses car ils ne savent que trop bien quelles horreurs sans nom les leurs ont subi face à nous. Ils sont quand même là, devant, en contrebas comme dans le ciel, s’avançant vers une centaine d’habitants de Gensokyo déterminée. 

-Tu as raison Reisen ! S’écria Olivier en s’avançant, son révolver principal à la main tout en chauffant les autres.

-Merci… Tom ne compte que quelques milliers de créatures, les dieux sont avec nous. Aujourd’hui nous allons délivrer Gensokyo de la folie et de la tyrannie et revenir dans notre monde dont on arrive à peine à imaginer les prouesses à venir ! 

-GLOIRE AU CLAN HAKUREI ET CES BRAVES ET COURAGEUX RESISTANTS! À NOTRE VICTOIRE ! Lança Olivier, avant d’être repris par Reimu puis par un certain nombre de voix dispersé puis par tous les combattants d’Hakurei.

A cet instant, ce fut le zénith. Les forces de Tom se lancèrent vers l’avant. L’armée de Reimu se lança à son tour. Chaque force allait mener le combat le plus épique que Gensokyo n’ait jamais connu et qui débuta par le cri de sa protectrice.

-C’EST PARTI POUR L’EXTERMINATION !


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