Un jour à Gensokyo

Chapitre 177 : La marche de l’Empereur

2283 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/05/2021 21:44

Quatre jours avant l’attaque du Sanctuaire.

En cette fin avril, le calme régnait. Les oiseaux chantaient et les youkais vaquaient à leurs occupations. Le village se fortifiait. Désormais libérés de l’emprise de Tom, les villageois se préparaient à toutes attaques impériales. Depuis la tentative de reprendre le village par l’envoi de deux puissantes créatures, une certaine inquiétude pesait sur le village. Toyosatomimi no Miko allait mieux mais restait fragile. Cependant, Keine n’avait pas eu cette chance, sa blessure étant beaucoup plus grave. Eirin ne pouvait pas faire grand-chose. Elle se contenta de la soigner du mieux qu’elle pouvait avant d’aller à Eientei chercher des remèdes. La médecin lui prescrivit un traitement assez lourd, le temps qu’elle aille mieux, ce qui demanderait encore quelques jours. Akyuu et Kosuzu s’occupèrent d’elle, sous le regard de Miko qui surveillait le lieu et entrainait les paysans au maniement des lances, une bien maigre défense.


A la porte ouest, les gardes montaient la garde et observait avec une certaine fierté la nouvelle porte fortifié où était posté en permanence au moins deux hommes équipés de très vieux fusils. Sur une plateforme située contre le mur intérieur, un guetteur observait l’horizon. Il n’y avait rien eu comme mouvement suspect depuis l’attaque précédente. 

Il s’agissait d’un jour comme les autres, bercé par les cris des enfants, les entrainements et une joie dissimulant mal l’inquiétude. Un jour de printemps qui aurait dut être calme, comme tous les autres.

 

Cependant, le guetteur distingua une chose inhabituelle. Il voyait un léger nuage de poussières. Les gardes sentirent la terre légèrement trembler. Les deux fusiliers pointèrent leurs armes dans cette direction alors que les gardes pointaient leurs lances. 

Le sol trembla de plus en plus fort. La peur s’installa dans leurs cœurs. Ils ignoraient de quoi il pouvait s’agir. Au bout du chemin, ils virent un scintillement puis une sorte de véhicule tout en métal et autopropulsé, un char d’assaut. Ce fut la panique, les humains n’avaient jamais vu ce type de véhicules et son utilisation contre Reimu tenait presque du mythe. Les fusiliers décidèrent d’ouvrir le feu sur la créature de métal. Des coups de feu retentirent mais les balles ricochèrent sur le blindage du char. 


A l’intérieur du char dont les flancs arboraient les couleurs de l’Empereur, l’équipage kappa attendait les ordres. Le plus haut gradé présent ordonna de tirer un coup de semonce contre la porte afin de l’ouvrir. L’artilleuse s’exécuta. 

Le canon gris clair se leva légèrement et ouvra le feu. Une sphère magique atteignit la porte avant de la faire voler en éclat, projetant les fusiliers contre les maisons et donnant l’alerte dans tout le village. Le véhicule blindé redémarra et avança vers la porte en ruine. Seul les deux piquiers s’opposèrent jusqu’au moment où le blindé menaça de les écraser. Ils sautèrent in-extremis sur le côté et purent ainsi voir la colonne de char d’assaut pénétrée dans l’enceinte du village.

A l’intérieur de celui-ci, les coups de feu résonnèrent. Les habitants vidèrent leurs munitions contre les créations impériales, sans obtenir le moindre résultat. Sur les côtés des chars, des mitrailleuses éliminèrent les résistants à coups d’orbes incapacitantes. Les forces impériales s’enfoncèrent jusqu’au centre du village où le marché prenait place. Celui-ci fut évacué à la hâte, laissant les échoppes se faire renverser par les blindés. Soudain, la colonne de blindée s’arrêta. Une personne portant un grand chapeau chinois qui masquait son visage s’était mis juste devant eux. L’étonnement fut de mise : la colonne de blindés ne s’était arrêtée pour personne mais pour lui, elle l’a fait.

 

Après quelques instants d’un silence pesant, l’homme d’âge mûr prit la parole.


-De quel droit vous autorisez-vous à semer la destruction ?


Cette voix résonna dans la tête du plus haut gradé. Il ordonna qu’on ouvre l’écoutille et qu’on le laisse sortir.


-De quel droit ? Du miens, évidemment, répondit-il une fois sortie avant de se mettre debout sur le char.

-Mais c’est lui !!! Lança une femme dans la foule.

-C’est Tom !!! Lança un autre, terrifié par la venue dc ce personnage.

-Oui, c’est moi. Le premier Empereur de Gensokyo, Tom «Seiginomikata», annonça-t-il à la population. 

-J’ai l’impression que tu te souviens de moi. En fait, je pense que c’est plus à cause de ma fille que tu me connais… répondit l’homme qui releva légèrement la tête, laissant dépassé une petite mèche blonde.

-Oui. Je me disais bien que c’était vous. Elle va comment votre fille ?

-Normalement, c’est vous qui devriez être au courant, puisque vous étiez ensemble…

-Je compte la reconquérir de toute façon !

-Vous n’y arriverez pas ainsi… se désola le père.

-Marisa sera mienne ! Elle l’est déjà de toute façon. 

Bon… désormais, vous allez vous soumettre et me prêter allégeance, dit-il en sautant du char pour arriver juste devant le père de Marisa.

-On préférera mourir.

-Je déteste utiliser la violence pour rien… commença-t-il avant de donner une puissante claque au père de la magicienne humaine qui tomba en arrière… mais il faut savoir l’utiliser. Gardes ! Mettez sous fers les habitants ! On verra si vous désirez toujours résister suite à ça, ajouta-t-il avant de marcher à côté du corps inconscient de l’homme.


A travers le village, les tirs incapacitantes se produisirent, réduisant la population encore capable de se battre à une peau de chagrin. 

Le chef du village accouru prévenir Akyuu, Kosuzu et Keine de la situation. Miko arriva juste après.


-Mademoiselle Kamishirasawa, mademoiselle Hieda, vous devez fuir au Sanctuaire Hakurei !

-Mais qu’est-ce qui se passe ? demanda Akyuu, totalement dépassée par les évènements.

-Tom est venu personnellement réprimer la révolte du village. Nous devons fuir, ajouta l’ermite.

-Mais vous ? demanda Keine.

-Je suis le chef du village, il est de ma responsabilité de rester, peu importe les conséquences.

-Nous devons rester pour vous aider, protesta la professeure.

-Non !


La réponse sec du vieil homme surpris la demi-youkai.


-C’est… parce que les habitants savent ?

-Non. C’est Toyosatomimi qui me l’a conseillée.

-Comment ça ?

-Vous trois, vous êtes une mine d’informations pour lui, dit-il en les regardant incluant Kosuzu. Il est prêt à tout pour s’en emparer.

-Mais pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant ? demanda la mémoire vivante de Gensokyo.

-C’est… parce que j’ai marchandé de nombreuses choses avec lui, répondit Miko.

-Comment ça ?

-Vous n’avez pas le temps ! FUYEZ ! Hurla-t-il en entendant une série de tirs qui n’atterrirent pas très loin de là.


Les trois encore en forme aidèrent la professeure à fuir et prirent une petite porte dérobée située dans la maison de Keine. Alors que la trappe allait se refermer, celle-ci demanda au vieil homme de faire attention.


-J’y manquerai pas, mon amie… dit-il avant de refermer l’ouverture.


Juste après avoir dissimulé la porte secrète, Tom entra avec quelques créatures. Il leur ordonna de fouiller l’appartement, mais rapidement ils lui rapportèrent le même constat : il n’y avait personne.

Il s’approcha alors du chef du village puis le saisit par le col.


-Vieux fou, tu les as aidées à fuir.

-Je me bats pour mon village…

-Ton village fait partie de l’Empire de la Terre des Illusions, ne l’oublie pas la prochaine fois que ton regard se posera sur moi.

-Gensokyo est insoumise et le sera pour toujours, c’est la raison même de sa création…

-Une réserve pour youkais… je le sais bien… Pfff… 


Tom le jeta contre une armoire qui se fracassa à l’impact, blessant grièvement l’homme âgé. Suite à ça, deux gardes se saisirent de l’homme alors qu’il ordonna que l’on pille le lieu, ce qui fut fait. De nombreux rouleaux furent découverts, dont certains semblaient être très intéressant pour lui. 

Une fois tout le monde sortit du lieu, il tendit le bras droit et une gerbe de flamme fut projetée contre la maison qui commença à prendre feu. Suite à son action, il ordonna que le feu ne réduise uniquement que cette maison en cendre. Ensuite, il se dirigea vers le Suzunaan, espérant trouver des livres qui pourrait le renforcer davantage. A cet instant, il se mit à tousser, crachant un peu de sang au passage. Il porta rapidement sa main dans l’une de ses poches en en retira un flacon qu’il déboucha avant d’en boire le contenu. Après quelques instants, il se sentit mieux et se redressa avant de reprendre sa route. Pendant ce temps, les créatures enfermèrent les habitants dans des chariots pourvues de cages avant de les emmener dans une prison bâtit non loin de la montagne. 

Il arriva à la boutique. Là, un large sourire s’afficha sur son visage : maintenant, il disposait de toute la collection que le village possédait comme écrits réalisés par des youkais. Il parcouru les étagères remplis de nombreux livres, souvent très anciens, avant de tomber sur un livre encore plus ancien dont la couverture était écailleuse et où une sorte de visage maléfique se lisait au gré des écailles. Il le tira et vit qu’il s’agissait du Necronomicon. Une lourde chaine ferma le livre. Il le cacha dans l’un de ses plis et se retourna vers ses hommes.


-Je vais étudier le lieu, seul. Empêcher quiconque d’entrer.

-Et si c’est Seigneur Mima ?

-Vous lui direz d’attendre, dit-il avant de s’enfoncer dans la boutique.

Ce bouquin devra disparaitre… il est trop dangereux… je ne veux pas qu’il soit utilisé contre moi ou par moi… dans tous les cas… cela signifiera la fin du monde… se disait-il avant de disparaitre dans les ténèbres du lieu.


Le groupe marchait vers le sanctuaire dans un lourd silence. Miko ouvrait la marche alors qu’Akyuu et Kosuzu aidaient Keine. Finalement, Akyuu demanda à la meneuse des explications sur les négociations entre elle et Tom. La concernée se retourna un instant avant de baisser la tête et d’accepter de lui leur avouer ce qu’elle voulait dire.


-Si je me suis proposée à Tom, c’était dans la perspective de protéger le village de ses colères. Cependant… il me demanda de lui fournir ce qu’il exigea, notamment des connaissances et des informations venant des écrits des Hieda ou de la professeure ainsi que des livres de la librairie où Kosuzu travaillait.

-Et qu’est-ce que t’as fait ?

-Je lui ai donné de fausses informations la plupart du temps… mais parfois, il a fallu lui en livrer des vrais pour rester crédibles. Le plus dur fut la surveillance qu’exerçait cette esprit maléfique…

-Et pourquoi «marchander» ?

-J’ai marchandé avec lui afin de vous préserver… il a menacé de venir lui-même chercher les infos qu’il souhaitait… j’ai donc marchandé avec lui… les habitants seraient soumis à des travaux très durs et en échanges, on gardait le système d’envoi d’informations, en grandes parties fausses…

-C’est toi qui a fait en sorte que les humains soient tant exploités ? demanda Keine interloquée.

-J’ignorais que le travail serait si imposant… et je regrette cela… mais pas le fait de vous avoir protégé. J’ai beaucoup discuté avec le chef et j’ai beaucoup appris. Vos vies avaient ce qui avait le plus de valeurs à ses yeux et il savait parfaitement ce qu’il faisait.


Elle se tut en voyant les marches du sanctuaire. Elles commencèrent l’ascension et une fois au sommet, elles furent accueillies par Reimu et Eirin. La première, quoique embarrassée par la venue de nouvelles exilées leur montra où elle allait pouvoir se reposer alors que la médecin sélénite récupéra Keine et l’aida à marcher jusqu’à la tente médicale, plantée non loin des marches.

Miko regarda vers le temple et vit Mamizou en train fumer. La première se méfia grandement de la seconde, se disant que ses véritables intentions n’étaient pas si nobles qu’elle le laissait entendre. Elle entra dans le bâtiment et se dirigea vers une pièce. Là, Reimu était déjà en train de discuter avec les deux humaines quand Miko arriva. Marisa déboula dans la pièce. Elle venait d’apprendre que Keine, Akyuu et Kosuzu venaient d’arriver et que Tom était au village. L’ermite l’attrapa par les épaules et lui parla calmement.


-Il vient de réduire le village en esclavage et ta famille en fait partie.


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