Un jour à Gensokyo

Le milieu de la nuit, normalement moment de calme et de sérénité. Ce soir-là, ce ne fut pas le cas, encore moins au Sanctuaire Hakurei, où l’on y fêtait la victoire de Reimu et ses amis contre l’Empereur.

Cependant, tout le monde n’avait pas le cœur à la fête. Marisa Kirisame était assise sur le rebord du bâtiment. Elle pouvait entendre la fête battre son plein et surtout Reimu qui avait beaucoup trop bu. Entre ses danses et ses récits totalement déconstruits, on l’aurait davantage prit pour l’ivrogne du village plus que pour la prêtresse du Sanctuaire. Marisa était assise là, sur le rebord en bois, une tasse de sake posée sur les genoux et tenu entre ses mains, crispées. Des larmes se mélangèrent à l’alcool de riz, les siennes. Son cœur pleurait. Elle n’avait plus la force de sa battre. Marisa Kirisame l’aimait toujours. Il lui manquait, et ce, malgré ce qu’il était devenu.

Elle entendit un léger bruit venant d’un buisson sur le côté du temple. Elle se leva et regarda dans la direction d’où venait le bruit. Elle s’avança, se méfiant de tout ce qui pourrait arriver. Un sifflement se produisit derrière elle, qui se retourna avant de voir ce que c’était. Rien. Elle souffla un coup, se disant que c’était le vent. Cependant, son premier raisonnement tomba rapidement. Elle ressentit une présence, une présence qu’elle connaissait depuis des années. La présence semblait être partout à la fois. Un sifflement se fit entendre à son oreille. Elle se retourna de nouveau. Elle vit un léger banc de brouillard entourer le lieu. Celui-ci devint de plus en plus épais, si bien que la magicienne ordinaire ne put plus distinguer le bâtiment où Reimu faisait la fête. Un sifflement se produisit encore. Il ressemblait davantage à une voix, une voix qu’elle reconnaissait. Elle se retourna à chaque instant, tentant de repérer une silhouette quelconque. Elle entendit un léger rire, un rire audible à travers un nouveau sifflement, un rire maléfique par sa nature.

-Montre-toi ! Lança l’humaine.

-Qu’est donc devenue ma petite sorcière ? répondit une voix qui semblait venir de toute part.

-Et qu’est devenue celle qui s’est bien jouée de moi ? répondit-elle.

-Marisa… répondit une voix distincte du dos de celle-ci, qui manqua de tomber en se retournant.

-Mima... répondit-elle en grognant.

-Ma chère élève, cela fait si longtemps ! Lui lança l’esprit maléfique en écartant les bras comme pour la prendre dans les siens.

-Pourquoi es-tu là ? répondit sèchement l’humaine en noir et blanc.

-Je suis venue prendre des nouvelles de celle à qui j’ai tant appris.

-Tu débarques un jour comme ça, juste après que l’on ait gagné une grande victoire sur celui que tu sers… à moins que cela soit l’inverse…

-Ne raconte pas de bêtise ma p’tite… dit-elle, l’air amusée par les propos de son ancienne élève.

-Pourquoi t’es là ?

L’air devint plus pesant. Mima ne répondit qu’après quelques seconde de silence, tentant de masquer ses émotions.

-Il va tous vous tuer.

-QUOI ?! S’écria Marisa.

-Tom est en plein délire. Sa puissance lui monte à la tête, dit-elle en omettant de dire qu’il était également mourant.

-C’est… commença-t-elle avant de s’avouer que cela pouvait être possible.

-Je suis venue t’emmener avec moi.

-HEIN ?!

-Il tuera quiconque s’opposera à lui désormais. Je ne veux pas que tu meurs, dit-elle en tendant le bras vers Marisa.

-Et pourquoi ? lança la magicienne, repoussant le bras de l’esprit maléfique.

-Comment ça ?

-Reimu m’a tout expliquée !

Mima fut prise d’effroi. Elle se demandait si la prêtresse lui avait parlée de son objectif initial, de l’époque où son apprentie n’était encore qu’une enfant. Elle regarda son élève, déterminée dans ses propos.

-Je ne comprends pas ce que tu veux dire, répondit-elle, l’air béate.

-Tu comptes toujours exterminer l’humanité ?

Ce propos traversa l’esprit de Mima. Sa grande crainte se réalisa. Elle continua malgré tout de masquer ses véritables émotions. Mais l’humaine relança.

-Mais pourquoi m’avoir prise pour élève ?!

Un long silence se posa dans la brume crée par l’esprit vengeresse, interrompu par celle-ci.

-Quand je t’ai rencontrée… tu n’étais qu’une enfant… pleines d’hargnes, prête à tout… Ce jour-là, j’aurais pu te détruire… mais ton regard… il y avait une volonté inimaginable… j’ai donc changé d’avis… je t’ai prise comme élève, sachant que tu pourrais devenir très puissante et m’aider… je pensais qu’au final, tu finirais par devenir une magicienne, une youkai et que je n’aurais pas besoin de t’anéantir… Car je me suis attachée à toi…

-Tu es bien un monstre… lui répondit la magicienne humaine.

-…

-En rencontrant Reimu, j’ai compris que j’étais dans l’erreur. Puis, j’ai compris par moi-même mes erreurs, dont celle de lui faire confiance pour certaines choses. Je suis devenue beaucoup plus forte, même si je ne suis pas devenue ta «sorcière» que tu souhaitais tant que je devienne.

-Tu as été comme une fille pour moi… commença-t-elle avant d’être interrompu par son ancienne apprentie.

-Arrête de mentir ! Tu peux faire croire tes mensonges à beaucoup de monde mais plus à moi !

-…

-Je refuse de te croire ! Disparait !

-Marisa ! Tu vas m’écouter ?!

-Mima… dégage !

-Marisa… je refuse qu’il te tue…

-DEGAGE ! Hurla l’humaine.

L’esprit maléfique recula avant de disparaitre dans la brume qui se mit à son tour à disparaitre. La jeune femme regarda le banc de brouillard s’éloigner au loin. Elle porta son poing droit fermé sur la poitrine avant de dire à voix basse :

-De toute façon, j’arriverai à le faire revenir à la normal car je l’aime et je sais qu’il m’aime.

Soudain, la porte coulissante s’écarta et la miko en bleu et blanc en sortit. Elle semblait avoir un peu la nausée mais elle tenta de se tenir dignement en voyant Marisa qui regardait vers la montagne. Elle s’approcha de cette dernière avant de lui parler.

-Marisa, tu devrais retourner à l’intérieur, cela te fera du bien.

-Je viens, répondit-elle avant de la suivre, jetant un dernier regard par-dessus son épaule.

Elles entrèrent dans le bâtiment. Là, tout le monde fêtait leur première grande victoire et la libération des prisonniers du manoir. L’alcool coulait à flot. Reimu était à moitié dévêtue et s’agitait dans tous les sens en racontant tout et n’importe quoi. C’est alors que Remilia lui demanda comment s’était passée l’offensive contre les renforts venues reprendre le village.

A cet instant, elle reprit une pose un peu plus digne et commença alors à raconter «son combat épique contre les forces du mal et de la fin des temps» comme elle put le dire. Olivier, resté non loin d’elle pour la surveiller pour qu’elles ne fassent pas trop de bêtises, se couvrit alors le visage avec sa main, consterné par la quantité de bêtise qu’elle pouvait aligner. Ice qui mangeait avec Eirin, Kaguya et Reisen était plus amusé qu’autre chose.

-Ben… pour commencer, moi et les autres, mais ils sont pas importants, on est allé pêter la figure à ces choses… c’était quoi déjà ? Ah oui… des démons ! On y allé, moi, Mari, Sana et…et… dit-elle en se grattant la tête. J’ai oublié quelqu’un ?

-Wiiii, lança Suika qui venait de gagner un bras de fer contre Aya.

-C’est vrai, merci Suika ! Lança Reimu.

-Et le combat ? demanda la maitresse vampire.

-Ah oui ! C’est vrai ça ! Affirma-t-elle avant de se gratter le sommet du crâne. On y était allé et là…. Paf, des centaines p’être des milliers de démons. Miko était déjà à terre et les démons allaient la bouffer. Je les dégommais avec mes puissants sorts et tout. Ils tombèrent par centaines. Vite fait, les autres furent submergées par le nombre mais pas moi ! A la fin, ils durent fuir, j’ai même trouvé le chef et dégommer avec un seul coup de mon gohei !

-Reimu, arrête de raconter n’importe quoi, dit une voix à l’entrée.

-Elle ? lancèrent de nombreuses personnes.

-Et oui, mal en point mais bien là ! Lança Miko avant de prendre place.

-Tu vas raconter ce qu’il s’est passé ? demanda Remilia, peu satisfaite du récit de Reimu.

-Pourquoi tu veux l’entendre ? Pesta celle-ci.

-Son propos aura moins l’odeur du sake, répondit Sakuya.

-T’veux battre, menaça Reimu en se relevant, manquant de tomber.

Olivier arriva et la retint, annonçant qu’il allait l’emmener dans son lit pour qu’elle se repose un peu. Après ce spectacle peu flatteur pour la miko du sanctuaire, l’ex-gouvernante du village des humains prit la parole afin de raconter la véritable histoire de la bataille.

-Maintenant qu’elle est dans son lit, je vais pouvoir raconter ce qu’il s’est passé. Après avoir ordonné aux habitants de se mettre à l’abri, je vis une nuée de démons voler vers le village. J’étais seule face une centaine de ces créatures impies, annonça-t-elle avant de se diriger vers un certains nombres de personnes présentes dans la salle et de s’excuser.

-J’aimerais savoir ce qu’il s’est passé, protesta Remilia.

-J’y viens. La centaine de créatures allait s’abattre sur le village. J’ai alors dégainé mon épée, prête à les accueillir. Une fois qu’ils étaient suffisamment proches, j’ai bondi dans leur direction et je les taillai en pièces. Usant de mes danmakus et de mon épée, je réussis à traverser ce nuage et à me retrouver dans leur dos. J’ai sorti mes spellcards et je fis abattre ma puissance sur eux. Ils tombèrent telle une pluie de mousson mais ils étaient trop nombreux. C’est alors que Reimu, Marisa, Sanae et Suika arrivèrent. La lutte devint plus égale et on remporta rapidement la victoire. Un petit groupe réussit à fuir, mener par une créature qui était beaucoup plus puissante que les autres.

-Il ressemblait à quoi ? demanda Patchouli.

-Je sais à quoi il ressemble car je l’ai affrontée ! On s’est battue au sabre et ce combat fut plus dur que je le pensais. Cette chose avait de très longs cheveux noirs attachés par un ruban rouge. Elle portait une grande robe rouge et blanc à manches grises, et surtout, elle avait une corne au milieu du front !

-Une oni ? supputa Sanae.

-Qui sait ? Répondit Miko en haussant les épaules.

-En tout cas, Tom doit être mal maintenant, ajouta Nitori.

-Cette série de défaite va surement le mettre sous pression. Peut-être qu’il va se rendre, ajouta Eirin.

Marisa restait un peu en retrait, se remémorant ce que Mima lui avait dit.

-Je… je ne pense pas qu’il va se rendre…. Répondit la magicienne humaine.

-Et pourquoi ? demanda la sélénite.

-Je… je sens au plus profond de moi que… qu’il souffre et qu’il est en train de se faire consumer par sa magie… il ne va plus agir de manière raisonné…