Un jour à Gensokyo

Il était en train de lire un livre venant du Monde Extérieur quand cela arriva.

En ce matin de mars, il faisait froid. La neige était tombée durant la nuit. Cela faisait plusieurs jours que personne n’avait franchi le seuil de la porte. 

Quand soudain…

La sonnette de la porte avertit le propriétaire de la venue de quelqu’un. Il leva un œil vers celle-ci. Il vit alors un jeune homme, richement vêtu, accompagné de deux gardes portant une armure légère en cuir renforcé, une lance avec une pointe en bronze et un wakizashi à la ceinture. Les trois personnes se dirigèrent vers le comptoir. Le chef se présenta, comme sa fonction l’y obligeait.

-Cher marchand de Gensokyo, moi, Tom «Seiginomikata», premier Empereur de la Terre des Illusions, je suis venu à vous dans l’espoir de vous demander un humble service.

Rinnosuke se leva, posa son livre et fit le tour de la table puis s’éloigna d’eux avant d’ouvrir la porte.

-Je suis désolé de vous le dire aussi promptement mais je vais vous demander de partir, répondit-il.

-Fort bien… dans ce cas, laissons tomber les bonnes manières. Gardes ! Saisissez-vous de cet homme !

A cet instant, les deux gardes, des yokais à première vue, se dirigèrent vers lui. Le premier posa sa lance contre le mur et sortit son wakizashi et se rapprocha, l’arme blanche vers le marchand. Il recula d’un pas alors qu’il tenait toujours la porte. Une pile de caisse en équilibre précaire tomba sur le soldat, qui se décala d’un coup. D’un geste, il referma la porte en bois sur le bras de celui. Celui-ci poussa un terrible cri rauque et laissa tomber son arme. Un coup de pied lui écrasa le visage contre cette même porte. Le second garde pointa sa lance dans sa direction et tenta de le piquer. Rinnosuke esquiva les coups d’estocs. Il finit par saisir la pointe et la tira violemment, déstabilisant le soldat. Celui-ci sortit son arme mais Tom lui demanda de reculer.

-Fort bien. Rinnosuke, pourquoi tu refuses de me donner l’objet que je convoite ? Tu sais d’ailleurs duquel je veux parler.

-Tu ne l’auras jamais, dit-il calmement.

-Et pourquoi ?

-Tu ne le mérites pas.

Tom fit un pas dans sa direction, un rapide souffle eu lieu, soulevant légèrement les cheveux du marchand. Il sentit une douleur sur sa joue. Il y posa sa main, elle était en sang. Face à lui, Tom avait dégainé sa rapière.

-Je vais donc la prendre moi-même.

Il fit un nouveau pas vers le gérant quand celui-ci empoigna une caisse et la lança sur lui venu prendre l’objet convoité. La démonstration de force du simple commerçant pouvait surprendre les gardes dont le premier, quoiqu’encore à terre, se relevait. Kourin fonça sur Tom, esquiva l’attaque de celui-ci, se glissa sur son flanc droit, sous le bras puis donna un violent coup qui le projeta contre le mur.

L’attaquant du lieu n’avait pas trop subit de dommage suite à cette attaque. Il s’était arrêté en posant sa main gauche contre le mur. Cependant, une pile d’objets, déséquilibrée par le choc, lui tomba dessus.

Les gardes, paniqués, ne savaient plus quoi faire. Le second se précipita vers la sortit, ouvrit la porte et faillit marcher sur le premier dont le bras était brisé. 

C’est alors qu’une orbe rouge sortit du monticule et percuta avec violence le pauvre marchand qui le projeta contre le mur, qui, sous le choc, explosa.

Alors qu’il tenta de se relever, il comprit qu’il était dehors, dans la neige, blessé. Il porta sa main à son flanc gauche, comprenant qu’il avait une côte cassée. Il redressa les yeux et le vit sortit par l’ouverture nouvellement crée. Rinnosuke se releva, péniblement alors que Tom marchait vers lui.

-Je ne supporte plus qu’on me manque de respect, ajouta l’Empereur.

-Tu n’es pas digne à qu’on te porte du respect, répondit le blessé.

-Tu es presque mourant et tu oses dire ça ? Je pourrais te tuer ! J’ai bien tué la plus puissante créature de Gensokyo !

-Qui es-tu ?

-Quoi ?

-Le Tom que je connaissais n’était pas comme ça. Il avait des défauts, se prenait pour une sorte d’héros mais il voulait aider… Mais bon… après tout, ce n’est pas facile tous les jours pour quelqu’un venant du Monde Extérieur.

-Il était bien naïf.

-Oui… mais il voulait aider et protéger. Alors que toi, tu ne désires que le pouvoir et la conquête !

A ces mots, la poigne du jeune homme se retrouva autour du coup de l’homme en face de lui. Il commença à contracter ses doigts.

-Tu vas te taire !

Alors que Rinnosuke semblait être sur le point de s’évanouir, une puissante énergie éblouit l’étrangleur. Toujours aveuglé par celle-ci, il sentait une force sur son poignet, ses doigts s’écartèrent puis il fut rejeté en arrière.

Une fois la lueur évanouit, il vit Kourin mais différent. Ses yeux jaunes l’étaient encore plus et il pouvait ressentir une forte détermination dans son regard. Ses muscles s’étaient développés, ses cheveux s’étaient allongés.

-Tu as dévoilé ta véritable nature. C’est pas mal. 

-Je ne me bats pas d’habitude mais je vais faire une exception, dit Kourin, animé par sa partie bestiale.

Les deux adversaires se regardèrent au milieu d’un terrain enneigé, bientôt entaché par le sang. Tom rengaina son arme et sourit.

-Pourquoi je me battrais contre toi ? Tu n’es rien d’autre qu’un demi-yokai qui a peur de ce qu’il est. Pourquoi me combats-tu ? Je souhaite qu’un monde où des êtres comme toi pourront vivre normalement sans avoir peur de ce qu’ils sont. 

-Qui es-tu donc toi ? Toi qui tentes de me tuer puis de me rallier ?

-Un homme qui a peur, simplement. 

-Comment ?

-Je suis devenu empereur mais j’ai encore des peurs. Hors, la peur peut provoquer des réactions… inappropriées. 

-Le fait de vouloir me tuer entre dans «inappropriés » ?

-J’en suis désolé. Mais je crains que ma légitimité ne soit pas encore assez forte. Cette épée m’en apportera.

-Tu ne l’auras jamais.

-Kourin… J’étais un guerrier qui rêvait qu’il pouvait apporter la paix… mais la paix ne peut s’obtenir que par la force.

-C’est pas une grande idée de la justice.

-C’est la justice du monde réel, un monde impitoyable… j’en sais quelque chose…

-Ton passé…

-Est mon passé ! Je prépare l’avenir, celui de tous, dans un monde meilleur. Kourin… s’il te plait calme-toi… on va discuter si tu veux. On va résoudre ce problème tous les deux.

-Comment pourrais-je avoir confiance en toi ?

-La confiance se gagne et je suis prêt à tout…

Un léger silence se posa.

Soudain, l’être en face de lui fonça dessus et commença à lui donner des coups de poings extrêmement rapides. Il para, contra puis contrattaqua. La force du marchand du Kourindou ne cessa d’augmenter. Tom comprit qu’il perdait le contrôle de lui. Alors qu’un coup fut dévié, il en profita pour le prendre par la nuque et l’aplatir au sol. Il le maintien ainsi alors qu’il lui parlait.

-Rinnosuke ! Calme-toi ! Tu veux devenir ça ! C’est pour cela que tu ne t’entraines pas ! Que tu ne combats pas ! T’as peur de devenir ça !

Il se débattit de moins en moins alors qu’il l’écoutait.

-Tom…

-Tu n’es pas un yokai sans cervelle, animé par tes seuls instants. Tu es l’un des êtres les plus sains d’ici, même plus que moi. C’est pour cela que j’ai besoin de toi.

-Comment ça ?

-J’utilise la violence car c’est nécessaire… mais j’espère que, dès que cela aura changé, que mon pouvoir sera installé et respecté je puisse utiliser un moyen plus doux pour faire la justice. Et j’aurais besoin de toi.

-Pourquoi moi ? demanda-t-il alors que Tom l’aidait à se relever.

-Tu es mi-humain mi-yokai. Tu es quelqu’un de censé. Tu peux m’aider à promouvoir l’image de la paix et de la justice, bien mieux que moi.

Suite à ses paroles, Rinnosuke commença à revenir sous sa forme normale. Il marcha vers Tom qui lui tendait la main. Mais à l’instant où il allait la serrer, il la recula

Le marchand ne comprit pas ce qu’il se passait quand il sentit un violent coup dans la nuque. Il s’affaissa et tomba dans la neige.

Face à Tom, Mima s’approchait. Il la salua et la remercia avant de se retourner et d’entrer dans la bâtisse alors qu’elle ordonna aux gardes l’accompagnant de se saisir du commerçant et de l’enfermer dans les prisons du Démon du Manoir Ecarlate.

Une fois à l’intérieur de la boutique, il se dirigea vers l’armoire aux armes blanches, l’ouvrit et s’empara de l’arme. Il sentit une sorte de résonnance dans l’arme mais il se sentait supérieur avec cet artefact. 

Quand il sortit, il vit un gigantesque nuage noir au-dessus du lieu. Il savait que c’était Susanoo. Il leva l’arme vers le ciel afin de se faire reconnaitre comme le nouveau possesseur de la légendaire épée. Un éclair frappa l’arme et lui brûla la main. Malgré la douleur et tenta d’isoler la puissance divine uniquement dans l’arme afin de ne pas être terrasser par la foudre.

Voyant cela, Mima s’approcha du point d’impact et le vit à genoux, l’épée devant lui. 

-Mon empereur, quelles sont vos ordres ?

-J’ai démontré ma puissance. Il est temps de démontré celle de mon organisation… et de vaincre Reimu. Allez prévenir Rika, j’ordonne l’attaque du Sanctuaire Hakurei pour midi.

Il se releva, prit l’arme, la rangea dans son étui puis se dirigea vers sa demeure accompagné par des gardes alors que Mima s’en alla prévenir la générale en chef des Forces armées.