Tomb Raider, une survivante est née

Pendue par les pieds dans une grotte, à demi-inconsciente, une douleur atroce lui martelant le crâne, Lara reprit péniblement ses esprits.

Une puissante odeur l'attaqua immédiatement :

— Mon Dieu, qu'est-ce que c'est ?

À peine eut-elle commencé à sentir, qu'elle ressentit une vive sensation d’écœurement. L'odeur infecte provenait d'un charnier, situé juste sous elle.

Prise d'une violente et soudaine panique face à cette scène macabre, Lara commença à se débattre furieusement. Heureusement pour elle, les va-et-vient de son corps finirent de faire céder la vieille corde qui la retenait et Lara chuta sur les monceaux de cadavres en contrebas. Rouge de sang, certains corps étaient encore frais et envahit de mouches et de vers, d'autres, à moitié décharnés, étaient amputés de leurs mains ou d'une partie de leurs jambes, tandis qu'une multitude d'os rongés en train de baigner dans la chair étaient entassés çà et là.

Ressentant une grande répugnance pour son environnement, Lara, affolée, se mit à courir en toute hâte, uniquement gouvernée par sa peur.

Sa course haletante l'amena vers ce qui lui semblait être la sortie. En fait, une simple faille dans la roche, juste suffisante pour que Lara s'y engouffre.

Toujours décontenancée par l'odeur et le charnier immonde, elle ne remarqua pas que la grotte devenait humide, de l'eau lui courant à présent sous les pieds et glissa pour tomber deux mètres plus bas, dans l'eau ruisselante de la caverne.

Sans chercher à se relever de suite, pour laisser à son corps le temps d'oublier ses douleurs, Lara remarqua un interstice dans la pierre. Il lui semblait y voir une forme latente malgré l'obscurité.

Le regard figé, comme prisonnier de cette forme cachée, Lara s'approcha.

Soudain, une main sortit de l'interstice, saisissant le bras de Lara avec force. Apeurée, la jeune femme chercha à se dégager de la prise quand elle entendit des bruits provenant de l'interstice, on aurait dit un animal hargneux.

Comme elle n'arrivait pas à se défaire, Lara empoigna une pierre qu'elle trouva juste à côté d'elle et frappa de toutes ses forces, la main qui la retenait. Avec un cri étrange, l'homme relâcha Lara et disparut.

Le bras endolori, l'esprit encore tétanisé, Lara s'éloigna de l'interstice.

Tout à coup, Lara aperçut une lumière naturelle :

— Enfin, le cauchemar est peut-être terminé, se dit-elle.

Arrivée près de la lumière, Lara découvrit qu'il y avait une faille, quelques mètres plus haut.

C'est de là que provenait la lumière. Lara entreprit alors de grimper sur les parois rocheuses, prenant toutes les précautions du monde pour éviter de glisser.

Les pierres coupantes lui arrachaient la peau à chaque prise et la douleur fut plus forte encore au fur et à mesure de l'avancement.

L'espace qui menait à l'extérieur était plus mince que Lara ne l'avait vu d'en bas, mais il était trop tard pour redescendre. Elle se contorsionna et finit néanmoins par réussir à s'extirper de la grotte.

Son corps commença à se décrisper et Lara put enfin pousser un soupir de soulagement.

La vue était très impressionnante de sa position, Lara se trouvait sur une sorte de promontoire rocheux qui dominait l'océan. La lumière terne du soleil, ajoutée aux quelques épaves de navires, galion du XVIIème siècle, jonque du XIIème, destroyer du XXème... Qui flottaient encore par un prodige inconcevable sur l'eau grisâtre de la mer, donnaient un décor apocalyptique assez effrayant.

Appréciant la vue, Lara déclara :

— L'île du Yamatai nous a finalement trouvés. Si tu pouvais être là pour voir ça papa... Retenant une larme, elle ajouta, j'ai réussi !

*

Après une marche harassante sur les sentiers abruptes de la colline, Lara aperçut une plage en contrebas. Celle-ci avait l'air d'avoir préservé des choses intéressantes.

Pleine d'un espoir nouveau, Lara se dirigea vers son objectif.

— Je dois me dépêcher si je ne veux pas que la mer ne reprenne tout !

Malgré la descente pénible du chemin qui menait à la plage, l'espoir qui avait envahit Lara dédoubla. Elle n'arriva pas à reconnaître si c'était l'endroit où elle avait échouée, mais il y avait sur le sable, un canot de sauvetage, quelques restes de victuailles et un sac qui semblait avoir bien résisté à l'eau.

En l'ouvrant, Lara en oublia immédiatement ses douleurs :

— Un téléphone satellite ! Je pourrais peut-être le relier à celui de l'Endurance, j'espère que quelqu'un l'a récupéré.

— Sam ! Il y a quelqu'un ? Ici Lara Croft. Bien qu'ayant l'air de fonctionner, le téléphone ne reçut aucune réponse.

Sans se perdre au désespoir, Lara fouilla le sac de plus belle, elle y trouva quelques carnets et une caméra, qui par un heureux miracle n'avait aucune trace du naufrage. Une larme perla sur sa joue.

— Ça ne peut être que la caméra de Sam, j'ai vu le matériel que le docteur Whitman avait emmené, ça n'y ressemble pas.

L'heure n'était cependant pas à la nostalgie. Cette île semblait habitée, mieux fallait ne pas retomber sur ses occupants. Lara ramassa ce qu'elle put trouver d'intéressant, puis quitta la plage. Elle se dirigea vers une épaisse forêt, qui prolongeait la colline d'où elle était arrivée.

*

Après une dizaine de minutes de marche, la pluie fit son apparition, heureusement, Lara trouva rapidement un rocher et après s'être rafraîchi et désaltérer, elle s'y glissa.

Le corps de Lara tremblait irrépressiblement, tandis que la pluie cascadait à plein seaux depuis le sommet de l'étroit abri-sous-roche qui la protégeait de ce déluge.

Un foyer abandonné, suggérait que quelqu'un était passé par ici avant elle. Elle rassembla un peu de bois sec et de petits-bois qui traînait à proximité, puis utilisa la dernière allumette du sac de Sam, pour allumer le feu qui allait lui sauver la vie.

— J'espère que tout le monde va bien, si quelqu'un est blessé par ma faute, je ne m'en remettrai jamais... Je ne dois pas laisser le doute m'envahir, allez Lara, garde espoir, s'ils sont tous ensemble, Roth pourra les guider, il est la personne la plus forte que je connaisse, songea Lara pour se rassurer.

Éreintée, la jeune femme pria pour s'endormir, sachant malheureusement, que les événements qu'elle avait vécue jusqu'ici, allaient sûrement l'empêcher de trouver le sommeil réparateur dont elle avait désespérément besoin.

*

Quelques heures après, au réveil, Lara constata avec bonheur, que la pluie avait cessée, néanmoins, l'obscurité était toujours de mise, car le soleil, qui devait pointer haut, vu l'heure de la journée, ne fit pas acte de présence. Il était rendu presque invisible, par l'épaisseur des arbres et de leurs branches.

Transit de froid, Lara chercha d'abord une source d'eau pour remplir la gourde de Sam, mais remarqua bientôt que la faim lui rongeait l'estomac.

— Pendant qu'il me reste des forces, je ferais mieux de chercher de quoi me nourrir, pensa Lara.

N'ayant à disposition qu'un futile couteau trouvé dans le sac de Sam, Lara désespéra de ne pouvoir capturer aucune bête.

Car c'était bien là, la seule chose qui pouvait la restaurer, en effet, le climat froid et humide qui régnait sur l'île, n'était pas propice aux fruits ou aux baies sauvages et quant à pêcher un poisson, la tâche paraissait trop ardue.

Au souvenir néanmoins, de tout ce qu'elle avait fait ou subit pour arriver sur cette île, Lara rassembla son courage et décida de construire un arc et en premier lieu se mit en quête de branchages. Ils devaient être solides, mais souples et évidemment faciles à travailler.

— La forêt touffue où je me trouve doit bien regorger de ce type de bois, se dit-elle.

Après avoir examiné différents branchages qu'elle avait ramassée, Lara se mit à les tailler.

Ses deux premières tentatives furent des échecs, le premier bois, trop friable, avait cassé quand elle avait commencée son travail et le second, au contraire, fut finalement beaucoup trop dur.

Malgré sa nature débrouillarde et intrépide, la vie de Lara, faite d'études et de recherches, ne l'avait pas préparée à de telles situations. Enfouissant son désespoir au plus profond d'elle, la jeune Croft continua son minutieux travail. Au bout d'une heure de concentration intense, Lara put enfin exulter :

— Ça y est j'ai enfin réussie, ça n'a pas été sans peine, mais ça devrait faire l'affaire.

Son arc, grossièrement taillé et sans corne, lui fit de la peine et Lara dut réprimer une soudaine envie de le détruire, mais posa finalement posa son arme à terre pour s'apaiser.

— Je vais avoir du mal à trouver de la colle, les arbres sont trop humides... Heureusement, j'ai une corde qui me semble adéquate dans mon sac.

Quelque temps plus tard, après avoir encordé son arc et créé une flèche, Lara se cacha dans les buissons du mieux qu'elle le put et attendit, l'arc à la main, qu'un malchanceux animal passe sous ses yeux.

Tendue, les sens aux aguets, Lara aperçut finalement quelque chose, un écureuil lui sembla t-il.

La jeune femme ne perdit pas de temps et tout en discrétion, banda son arc et visa la bête.

Après avoir pris du temps pour contrôler sa respiration, Lara décocha sa flèche au moment où elle inspirait.

Seulement, le mauvais état général de l'arc et surtout la mauvaise tension de la corde provoquèrent un accident. Cette dernière, se détacha de l'arc et fouetta violemment le visage de Lara, qui poussa un cri de douleur.

Balançant son arme primitive de rage, la jeune femme mit immédiatement ses mains sur son visage pour tenter d'apaiser sa souffrance. L'écureuil, quant à lui, paniqué par les bruits, s'enfuit au loin.

La douleur atroce que ressentit Lara la fit pleurer.

Elle s'extirpa de sa cache, puis s'agenouilla au sol et ne put qu'essayer de lutter contre le mal qui l'a terrassait.

De longues minutes passèrent, Lara se releva finalement et prit par réflexe la direction du cœur de la forêt.

*

Une heure de marche plus tard, dans un état misérable, Lara trouva à sa grande satisfaction une clairière et une fumée qui s'y élevait.

Sans même se soucier d'un éventuel danger, Lara se précipita vers le feu, espérant dans son for intérieur revoir un de ses compagnons.