Tomb Raider, une survivante est née

Ivre de joie, Lara découvre un campement et une personne à qui elle tient tout particulièrement.

— Sam ! dit-elle en se précipitant vers sa petite amie.

— Mais ton visage Lara ? Que s'est-il passé ?

— Ce n'est rien Sam, je t'en parlerais plus tard.

Il ne s'est écoulé que vingt-quatre heures depuis le naufrage de l'Endurance, mais l'impression des deux filles est qu'elles se trouvent ici depuis des jours.

Cet instant de repos et d'apaisement, est cependant soudainement coupé par l'apparition d'un étrange personnage. Un homme à l'apparence décharnée, vêtu d'un costume gris rapiécé.

A sa vue, Lara lâche Sam et se poste devant elle, comme pour la protéger. Bien que Lara ne soit pas particulièrement impressionnante, la balafre qu'elle arbore au visage la rend effrayante et l'homme fait signe qu'il n'est pas dangereux.

— Ne t'inquiète pas Lara. Il est avec moi, je l'ai rencontrée ce matin, rassure Sam.

Éprouvée par ce qu'elle a vécue jusqu'ici, Lara reste méfiante, malgré les mots de Sam.

— Je m'appelle Mathias Vogel, je suis naufragé, comme vous. Vous pouvez vous asseoir, je suis aussi inoffensif qu'une mouche. Joignant les gestes à la parole, Mathias invite Lara à s'installer dans le campement sommaire.

Sous l'impulsion de Sam, Lara finit par s'asseoir et lui demande :

— Tu as des nouvelles des autres ? J'ai trouvé un téléphone satellite, mais je n'arrive à joindre personne.

Une mine affligée, dessinée sur le visage, Sam avoue à Lara avec déception :

— Non, je ne sais rien. J'ai été séparée des autres très vite et je me suis maintenue sur un rocher jusqu'à ce que Mathias me trouve et m'aide à me libérer. C'est grâce à lui que je suis sauve Lara.

Contrainte d'oublier son appréhension, Lara dit à Mathias :

— Merci.

— Il n'y a pas de quoi, c'est bien normal. On doit s'entraider si on veut survivre. Voyant la peur qui se dessinait sur les visages des deux femmes à la suite de ces paroles, Mathias explique.

— J'étais avec un groupe d'élèves en voyage culturel. On avait pris l'avion jusqu'à Tokyo et une fois là-bas, nous devions entreprendre un voyager en mer. Tout était prévu et calculé, il fallait contourner l'île de Kyushu à environ cent kilomètres au sud-est, puis repiquer plein nord.

Seulement, une tempête effroyable a renversé notre navire comme une vulgaire coque de noix et nous nous sommes échoués sur l'île.

C'était il y a quinze ans... Personne ne m'a survécu. Tout le monde est mort assez vite, maladie, faim, accident... J'ai enterré mon dernier camarade, il y a de cela treize ans.

— C'est horrible, dit Lara, accablée.

— Comment avez-vous pu survivre toutes ces années ? Vous n'avez pas cherché à vous échapper ? À joindre quelqu'un ?

— Mais il n'y a personne ici jeune fille. Personne ne vient jamais et je ne suis qu'un modeste enseignant, je n'ai pas la faculté de m'envoler hors de l'île, répond cyniquement Mathias.

Lara se souvient pourtant des ombres sur la plage, de celui qui l'y a agressé et de l'homme dans la grotte. Sans savoir quoi répondre, elle se tait et après un instant de silence, retourne son attention sur Sam.

— Je suis vraiment soulagée de t'avoir retrouvé Sam.

— Moi aussi Lara, je me sens revivre. Tu ne peux pas savoir comme j'étais inquiète.

Sam s'approche ensuite d'elle et veut lui donner un geste affectueux, mais Lara l'en dissuade :

— J'ai très mal au visage Sam, je suis désolée.

Observant la proximité que partageaient les deux jeunes femmes, Mathias dit :

— Vous avez au moins la chance d'être naufragées ensemble, de pouvoir vous réconforter mutuellement, c'est très important.

— Nous avons des compagnons aussi, je suis sûr qu'ils s'en sont tirés.

— On les retrouvera demain Lara, pour l'instant, tu dois avoir besoin de te reposer ?

— C'est vrai, mais je crois que pour l'instant, je demanderais surtout des victuailles.

— Mathias a des provisions, on peut les partager, dit Sam enthousiaste.

— Bien sûr, allez-y, vous devez avoir faim, prenez des forces.

Lara ne se fait pas prier et avale ce qu'on lui propose.

— Mais vous ne m'avez pas dit ce que vous faites ici vous ? demande Mathias, curieux.

— En fait, Lara cherchait précisément cette île, le Yamatai, répond Sam. Nous restons des naufragés comme vous, mais nous ne sommes pas en territoire perdu.

À la prononciation du mot Yamatai, l'attention que porte Mathias sur Sam s'en trouve dédoublée :

— Vous cherchiez cette île ? Vous avez en quelque sorte eu de la chance alors... Si je puis dire.

— Cette île s’appellerait alors Yamatai ? Vous pouvez m'en dire plus ? Cela m'intrigue.

Prenant à son tour la parole, Lara commence son récit :

— Nimbé de mystère et perdu dans les brumes du temps, Yamatai était un royaume japonais florissant, dirigé par une puissante lignée de reines.

La reine Himiko, la plus puissante des dirigeantes de Yamatai, apporta la prospérité à son peuple et emplit d'effroi le cœur de ses ennemis. Aussi connue comme la Reine solaire, elle commandait une armée implacable surnommée, la Garde des Tempêtes. Certains témoignages d'époques, affirment qu'elle avait des pouvoirs chamanistiques et qu'elle pouvait contrôler vents et marées pour détruire des armées entières.

Yamatai disparut pourtant sans laisser de traces au cours du troisième siècle après Jésus-Christ. Certaines des chroniques les plus dramatiques, affirment que la reine et son île furent submergées, d'autres historiens affirment que Yamatai n'est qu'un mythe.

Le récit suivant, accrédite d'ailleurs cette hypothèse, en effet, certains pensent que la Reine solaire avait découvert le pouvoir de l'immortalité en transférant son esprit dans le corps d'une autre à chaque fin de vie, cela expliquerait d'ailleurs pourquoi toutes les peintures la représentant sous son nom, présentes des différences faciales.

— Vous voyez, c'est à ce moment-là que je décroche d'habitude, dit Sam.

— Mais vous savez jeune fille, chaque mythe est basé sur la réalité. La plupart du temps, un fait réel est simplement édulcoré pour saisir les gens. Il doit y avoir une base de vraie dans cette histoire aussi. En tous cas, c'est passionnant ce que vous me racontez, vraiment.

Soucieuse de l'état de son amie, Sam dit :

— Tu as l'air épuisée Lara, tu ferais mieux de dormir.

— Oui, c'est vrai que j'ai connu meilleure forme, mais je ne veux... Devinant les pensées de Lara, Sam la coupe et la rassure.

— Il ne va rien m'arriver Lara. La fatigue est difficile à vivre, n'y rajoute-pas l'anxiété. S'il te plaît, couche-toi.

Les yeux tombant, la chaleur du feu accentuant l'endormissement, Lara s'exécute et se couche à même le sol.