Tomb Raider, une survivante est née

Réveillée plutôt que sa dulcinée, Sam en profita pour l'admirer. Lara ressemblait à un ange en dormant, mais ses cheveux détachés apportaient aussi un côté sauvage, le mélange subtil et harmonieux était plaisant à regarder.

Cependant, Lara finit par ouvrir les yeux.

— Salut ma belle, bien dormi ? demanda Sam d'une voix enjôleuse.

— Bien sûr, je crois que je ne pouvais que bien dormir après une telle nuit. C'était intense et magique.

— Pour moi aussi Lara, c'était mieux que tout ce que j'ai pu connaître avant. Ça ne t'a pas fait mal, j'espère ? Comme tu n'as pas trop l'habitude, je veux dire.

— Ne t'inquiète pas Sam.

— J'aurais tellement aimé être ta première fois, ajouta Sam avec un baiser.

Lara s'apprêta à répondre quand un bruit la coupa, quelqu'un venait de frapper à la porte.

— Qui cela peut être à cette heure-ci ?

— Ne bouge pas Lara, je vais aller voir.

Après avoir enfilé sa robe de chambre, les cheveux encore ébouriffés, Sam se dirigea prestement vers la porte :

— J'arrive ! cria-t-elle à son interlocuteur invisible.

Sam ouvrit la porte, un homme se dressait devant elle, la cinquantaine sûrement bien avancée, il arborait les traits durs d'un baroudeur endurci. De taille moyenne, il avait des cheveux courts, grisonnants, une barbe fine et portait une chemise vétuste et un pantalon de trek sur le corps.

— Oui, c'est pourquoi ?

— Bonjour, je cherche Lara Croft, répondit-il, sensiblement étonné. On m'a dit que je pourrais la trouver ici.

— Oui, elle est ici, répondit Sam interloquée. Sinon, vous êtes ?

— Je m'appelle Conrad Roth, je suis un vieil ami de Richard, son père. Mais cela fait terriblement longtemps, peut être que Lara ne va pas me reconnaître.

— Je ne sais pas, entrez, je vais la prévenir.

Seulement, Lara s'était levée entre temps, et à la vue de l'homme, elle s'écria en se jetant dans ses bras :

— Roth ! Qu'est-ce que ça me fait plaisir de te voir, je suis si contente !

— Moi aussi je suis heureux de te voir Lara, répondit Roth, agréablement surpris.

— Mais pourquoi maintenant ? demanda la jeune femme, interrogée. Après toutes ces années ?

Une mine morne, dessinée tout d'un coup sur le visage, Roth déclara :

— Je serais bien venu te voir plutôt Lara, crois-moi. Mais la vie que je mène est terriblement contraignante et c'est sans compter la mort de ton père, ça avait été un grand choc pour moi. Tu me rappelles tellement son impétuosité et sa soif de découverte. Et puis, il y a autre chose...

Le visage radieux du levé maintenant disparu, Lara questionna, inquiète :

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Ta belle mère Lara, Ana, elle est décédée il y a deux jours, son navire a disparu dans les flots.

À sa grande stupéfaction, Lara changea subitement d'humeur, poussant presque un soupir de soulagement.

— C'est triste, mais tu sais que je n'ai jamais été proche d'elle, elle était hautaine, méprisante et cynique, toujours avec ses secrets. Je ne lui ai jamais voulu de mal, mais honnêtement, je n'étais pas du tout proche d'elle.

— Oui je te comprends, je n'y pensais plus. Cela dit, ce n'est pas tout.

Curieuse, Lara fixa Roth, attendant avec impatience la suite.

— À la mort de Richard, Barclays a saisit le manoir et tout le domaine, comme tu le sais, mais peu de temps après, Ana, qui, bien que séparée de Richard, était toujours officiellement sa femme, a achetée le manoir et tout ce qu'il contenait.

— Comme elle n'avait qu'un frère, qui n'a de toutes façons aucun droit d'héritage et qu'elle n'avait pas d'enfant, sa plus proche famille, c'est toi Lara.

— Tu es donc la propriétaire du manoir familial à présent, ajouta-t-il, après un moment de pause.

Visiblement choquée, Lara s'en alla s’asseoir sur une chaise un peu plus loin.

Assez stupéfaite, elle aussi, Sam déclara :

— Quelle nouvelle ! Qu'est-ce que tu vas faire Lara ?

— Je ne sais pas. J'ai mis beaucoup de temps à accepter la mort de mes parents. Je ne pense pas avoir vraiment réussi d'ailleurs. Alors acquérir ce manoir, avec tous ses souvenirs... Et puis, il y a l'argent aussi. Je suis déjà limite avec le loyer de l'appartement, alors imaginer posséder un manoir.

— Lara, écoute-moi, affirma Roth, quelque peu embarrassé, je ne veux pas te perturber davantage, mais tu dois savoir que Ana, n'ayant laissé aucun testament, ni aucune indication à son notaire, sa fortune te revient aussi de plein droit.

— C'est normal, aucun problème. Tu es juste en train de me dire, que je suis subitement devenue millionnaire ?

— J'imagine le conflit qui doit régner en toi.

Sans pouvoir finir sa phrase, Roth fut coupé par Lara, qui se contenta d'un :

— J'ai besoin de réfléchir. Avant de disparaître et de s'enfermer dans la chambre.

Après quelques minutes d'un silence gêné, Sam demanda :

— Donc, vous connaissez Lara depuis longtemps ?

— Oui, depuis toujours.

Arborant un regard curieux, Sam incita Roth à lui en dire davantage.

— Et bien, par où commencer ? Après mon service militaire, j'ai travaillé pendant longtemps comme capitaine d'un navire marchand. En fait, jusqu'à que Richard Croft me propose de travailler pour lui. Ce devait être en mille neuf cent quatre-vingt-quatre... Non mille neuf cent quatre-vingt-cinq plutôt. Il savait s'y prendre pour convaincre les gens le gredin.

Il a été tellement insistant, que j'ai fini par accepter d'abandonner mon travail pour se mettre à son service. Il avait besoin d'un capitaine impétueux, pour mener à bien ses expéditions dans le monde qu'il me disait... On s'est vite liés d'amitié lui et moi et c'est lors d'un retour en Angleterre, qu'il a rencontré Amélia, la mère de Lara. C'est grâce à moi d'ailleurs, qu'ils se sont rencontrés car, malgré sa fougue, ce grand nigaud n'osait pas l'approcher, dieu sait pourtant qu'ils étaient attirées l'un vers l'autre.

Quelques années plus tard, ils se marièrent et eurent un enfant, Lara. Ces événements, n'ayant en rien entamés sa soif de découverte, Richard continua à parcourir le monde à la recherche de toujours plus de mystère. Il ne se rendait même pas compte que cela détruisait son mariage. Amélia lui en voulait évidemment, mais elle gardait toujours ça pour elle, et lui n'en faisait qu'à sa tête.

Roth prit alors une pause, s'en alla chercher un verre, le remplit, puis continua son récit.

— Lara a grandi en l'absence d'une vraie figure paternelle. Cela dit, à chaque fois qu'ils se voyaient elle et lui, on pouvait sentir le lien fort qui les unissaient. Elle n'a plus personne depuis sa disparition.

Sam voulut lui dire la nature de la relation qui la liait à Lara, mais elle se ravisa, Lara n'était peut-être pas encore prête.

— Et Amélia alors ? Lara ne parle jamais d'elle, encore moins que de son père, je crois.

— C'est antérieur au décès de son père, Lara était très jeune. Je ne sais pas s'il lui reste beaucoup de souvenirs d'elle.

À peine avait-t-il commencé, que Lara sortit de la salle de bain, un regard décidé, posé sur le visage.

— J'y vais, lanca-t-elle avec conviction.

— Où ça Lara, tu veux te rendre au manoir ? demanda Sam.

— J'ai des choses à voir.

— Je t'accompagne Lara, enfin, on t'accompagne je suppose ? Roth acquiesça d'un signe de tête.

Heureuse du soutien et de l'implication de Sam, Lara, d'un sourire, accepta.