Tomb Raider, une survivante est née

Après avoir étalé sur une petite table, une carte du domaine dessinée par ses soins, Lara commence son aventure :

— Pour prétendre au trésor, l'aventurière Lara Croft doit triompher du roi, atteindre la tombe interdite et libérer la Reine Blanche. Mais la route sera semée d'embûches...

— Lara ? Ça avance tes exercices de maths ? lance Winston, le majordome, d'une voix lointaine.

— J'ai presque fini ! L'aventurière ne doit pas traîner une seconde, répond Lara, concentrée sur son objectif.

La jeune fille s'élance alors dans l'imposant jardin, ce dernier, habilement transformé en terrain de jeu par le père de Lara, possède d'innombrables terrains d'aventures pour qui veut se prêter au jeu : un parcours d'accrobranche, dressé entre quatre imposants saules, fait figure de pont branlant pour Lara, qui se figure être poursuivie par de furieux guerriers indigènes.

Le château d'un navire, planté au milieu de l'herbe, peut sans faire preuve de beaucoup d'imagination, ressembler à une épave de galion s'apprêtant à sombrer dans les eaux obscures de l'océan, emportant avec lui ses trésors et ses secrets.

Il y a également un tunnel, grossièrement creusé dans le jardin certes, mais dont les ornements et artifices, transforme son entrée en une crypte, celle-ci sert peut-être de lieu de repos pour un roi de jadis...

Malheureusement :

— Notre héroïne croise d'étranges créatures. Elles sont peut-être sanguinaires, je dois faire attention.

Lara s'aplatit alors et passe au ras du sol pour éviter ses ennemis, mais voit bientôt son chemin barré par une majestueuse statue de lion, rappelant ceux qui protègent la place San Marco de Venise.

— O puissant protecteur, dit-elle, à genoux face à la statue. Permets-moi de passer, je dois résoudre un mystère ! Surgissant tout à coup, un oiseau vient se poser sur le socle de la statue, juste devant Lara.

— Mince, le lion n'est pas seul ! Un puissant dragon l'accompagne !

Sans perdre une seconde, Lara prend ses jambes à son cou et déguerpit. Courant à en perdre haleine, l’héroïne finit par trébucher sur une pierre, cette dernière l'envoie directement dans une des nombreuses fontaines qui jalonnent le parc.

— Oh non ! maugrée-t-elle, me voilà dans d'horribles marécages, je dois vite sortir si je ne veux pas rester prisonnière !

Lara quitte promptement l'eau et s'élance vers la suite de ses aventures. Ses habits, trempés par la fontaine, ne sont qu'un détail superflus pour Lara. L'important est ailleurs, son objectif est de libérer la Reine Blanche, détenue dans le château. Il n'est évidemment pas question de perdre du temps.

— Ça y est le voilà, le passage interdit qui mène au château.

— C'est quand même haut, constate-t-elle face à la hauteur de l'édifice. Mais je dois y aller, je suis la seule à le pouvoir ! Lara empoigne alors les épaisses branches du lierre qui grimpent sur le mur et commencent son ascension.

— Je ne dois pas faire de bruit, il ne faut pas alerter le roi.

Au moment où Lara passe furtivement sous une fenêtre, elle tombe au milieu d'une discussion du dit roi.

— Comment ça c'est impossible, vous aviez promis de me soutenir ! tonne-t-il. Non ne raccrochez pas, ça ne se passera pas comme ça ! Vous allez gâcher l’œuvre de ma vie !

— La garde royale ne s'attendra pas à ce que Croft escalade le château, dit Lara, continuant son escalade, sans vraiment prêter attention à la conversation de son père.

Son poids plume aidant, Lara s'agrippe à la gouttière et finit par arriver sur le toit, sans éprouver le moindre sentiment de vertige, elle continue alors à marcher, le vide proche de ses pieds.

— J'y suis presque, la tombe interdite est toute proche ! crie Lara, envahit d'allégresse.

La vue splendide du domaine et des alentours qui s'offre à Lara du haut de son perchoir, ne l'intéressant pas davantage, la jeune fille s'approche d'une vieille porte en bois, seule possibilité pour elle d'entrer dans le château.

— Heureusement, les gardes ont laissé la porte ouverte, ils ne doivent pas se méfier d'une attaque par le haut.

Après avoir descendu les escaliers en pierre de la tour, l'enfant pénètre enfin dans la tombe interdite : le musée de Richard Croft.

Ce dernier, richement garni, présente de nombreuses statues, sculptures et autres objets de l'histoire. Une tête du roi David, en premier lieu, le berger devenu roi.

L'armure de métal d'Artémise également, que lui avait offert le roi de Perse, Xerxès, comme récompense pour sa bravoure lors de la Bataille de Salamine.

Une maquette du navire suédois le Vasa aussi, le célèbre vaisseau qui a coulé à peine deux miles après son premier départ.

Il y a aussi un portrait du lieutenant Robert Maynard, le tueur de Barbe Noire.*¹

Tous ses objets sont fascinants pour la jeune Lara, qui ressent, de plus, l'excitation de braver un interdit.

Cependant, parcourant la salle des yeux, Lara s'arrête sur un objet à priori anodin.

— Tiens une lettre. Ce n'est pas un objet historique ça. En ouvrant le papier, Lara découvre qu'il s'agit d'une lettre envoyée à son père par une banque.

Bonjour monsieur Croft,

Après étude de votre nouvelle demande, nous sommes au regret de vous annoncer que nous ne pouvons y donner suite. Vous comprendrez aisément que celle-ci est, pardonnez-nous le terme, farfelue et sans fondement, que votre île, le Yamatai, n'existe sûrement pas tout, tout comme ce qui s'y réfère et que nous ne pouvons plus continuer à vous faire crédit comme nous le faisions avant.

De plus et à notre grand regret, nous nous devons de vous informer que le temps que l'on vous avait laissés pour effectuer vos différents remboursements, est arrivé à expiration. Malgré de nombreux rappels de notre part.

De ce fait, votre manoir et tous vos biens vont être saisis par la banque, en paiement de votre dette.

Nous espérons que vous comprenez qu'il n'y a rien de personnel dans ces actes et nous prions sincèrement pour que nos relations ne s'en trouvent pas détériorées.

Amicalement, le conseil de Barclays

— Je ne comprend pas tout, mais papa ne va sûrement pas être content.

Après avoir reposé la lettre, le regard de Lara s'arrête soudainement sur une photo, une photo de sa mère, Amélia, posée en évidence sur un petit meuble de chêne. Le sourire aux lèvres, portant son bébé dans les bras, Amélia semblait passer les meilleurs moments de sa vie.

Cette photographie ne manque pas de faire réagir Lara, qui ne peut s'empêcher de laisser une goutte perler sur son visage.

— Tu me manques maman...

Sans pouvoir soutenir de vue la photo, Lara détourne les yeux, c'est alors, qu'à son grand étonnement, elle tombe face au but de son aventure, la statue de la Reine Blanche.

— Qu'est-ce qu'elle est belle, dit-elle en l'admirant... Comme dans mes souvenirs.

Les pensées de Lara sont cependant coupées, quand une détonation se fait entendre. Malgré la taille du manoir, le coup résonne dans toutes les pièces.

Apeurées, le cœur battant la chamade, Lara reste prostrée à sa place pendant de longs instants, jusqu'à ce que la voix de Winston brise le silence :

— Oh mon dieu, monsieur, mais qu'avez-vous fait ?

Sa peur mise de côté, Lara se dirige vers la voix du majordome, elle donne dans le bureau de Richard Croft. La jeune fille accourt et ouvre les portes de la pièce avec fracas.

— Papa ! crie-t-elle, bouleversée.

— Mademoiselle non ! Vous ne devez pas ! hurle Winston, en tentant d'attraper la petite fille, cette dernière, trop vive pour le vieux majordome, lui échappe, mais s'écroule aux pieds de son père, à la vue de son corps.

Effondré sur le sol, sans vie... Un pistolet près de lui, encore fumant, la poitrine déchiquetée par l'impact... Un flot continu de sang, jaillissant de ses entrailles.

À ce moment, Winston tire l'enfant et la maintient contre lui :

— Vous ne devez pas rester là, dit-il en la sortant du bureau. Lara, déchirée de douleur, ne cesse d'appeler son père.

*

Un cri d'angoisse fend le silence de la nuit.

— Qu'est-ce qui se passe ? Lara ? C'est toi ? lance Sam, réveillée en sursaut.

Sans entendre la moindre réponse de son amie, Sam se lève et quitte sa chambre. Face à la porte de Lara, elle toque doucement et demande :

— Lara, tu es réveillée ? C'est toi qui as crié ?

— Oui, entre si tu veux.

— Tu as fait un cauchemar ? demande Sam, inquiète.

— Oui.

La détresse de Lara, encore palpable, Sam décide de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Lara accepte le geste et serre fort son amie, comme pour y puiser une énergie positive.

— Raconte-moi si tu veux ? Même en pleine nuit, je suis d'attaque pour t'aider !

— Je ne sais pas si je suis prête à te le dire, répond Lara, se retirant de l'étreinte de son Sam.

— Dis moi Lara, tu peux me faire confiance, insiste Sam, bouleversée par l'état de son amie.

Je ne te jugerais pas, tu le sais bien. Tu ne dois pas garder ça pour toi, il faut que tu te confies.

L'émotion, trop forte, Lara se met à pleurer à chaude larme, et tombe dans les bras de Sam qui, surprise, ne peut que l’accueillir.

Après un immense effort sur elle-même, Lara se ressaisit et avoue :

— C'était mon père, dans mon rêve.

— Que s'est-il passé ? demande Sam

— Il n'a pas survécu à ses recherches... dit Lara, coupée par un sanglot. Il n'a pas pu finir ce qu'il a commencé.

Face à la grande détresse de Lara, Sam ne sait que faire, mais inconsciemment, elle rapproche son visage de celui de son amie et prend sa tête entre ses mains.

Les yeux en larmes, Lara regarde son amie dans les yeux et la voit s'approcher, s'approcher si près qu'elle sent ses lèvres sur les siennes, elles sont agréables et apaisantes.

— Mince, je suis désolée, bredouille Sam, je ne voulais pas profiter de la situation. Excuse moi.

Sans réfléchir, Lara embrasse alors Sam, qui, surprise l'espace d'un instant, y répond de suite, d'abord tendrement, puis de manière plus fougueuse.

— Son parfum enivrant qui m'inonde, mes mains caressant la douce peau de son visage, les siennes sur mon cou. Mes sens sont en pleine ébullition grâce à ce baiser si particulier, si différent.

Séparant son visage de celui de Sam, l'impression de ses lèvres toujours sur les siennes, Lara retire son t-shirt et abaisse le haut de la robe de chambre de Sam, comme pour être égal à égal dans l'intimité.

Malgré la peur d'avouer, tant à l'autre qu'à soi-même, l'espoir plein les yeux, Lara laisse parler son cœur :

— Sam, je crois que je t'aime.

Avec sa main, Sam essuie les dernières larmes qui perlent sur le visage de Lara et lui répond :

— Je t'aime.