Tomb Raider, une survivante est née

  — Je ne sais pas si je vais être à la hauteur Sam, dit Lara. Tous ça s'est du matériel de pointe, autant dire que si je me retrouvais devant une table d'opération, je ne nagerais pas davantage dans l'inconnu.

— De ce que tu m'as dit, tu as l'habitude des champs de fouilles en archéologie ? Vous utilisez bien du matériel sophistiqué, non ?

— Moi, j'utilise surtout pinceaux et truelles pour tout te dire, pas des caméras qui valent une année de mon salaire. Je m'en voudrais de te les abîmer.

— Mais pourquoi il en serait ainsi voyons. Je te prépare tout et tu n'as plus qu'à me suivre, pendant que j'interviewe les mannequins. S'il te plaît. J'ai besoin de toi ! conjure Sam.

— Je t'assure que je serais plus à l'aise avec le micro Sam. Tu pourras mieux gérer l'éclairage comme ça en plus.

— Bon, si tu veux, se résigne Sam. Merci d'être là en tous cas, je suis heureuse que tu sois avec moi, finit-elle par dire, un regard enjôleur posé sur Lara.

— Peut-être ferions-nous mieux de nous dépêcher ? demande Lara, nous n'avons pas de places réservées.

— Oui, tu as raison. Ce sera pour une prochaine fois.

Le matériel en ordre de bataille, les deux femmes quittent leurs loges et s'avancent vers le grand hall du prestigieux London Palladium, le plus célèbre des théâtres de Londres. Pour le week-end, exceptionnellement, il accueille le défilé de la marque Victoria's Secret.

Alors que l’événement ne doit avoir lieu que dans la soirée, tous semblent déjà sur pied : podium, sièges, éclairages, caméras... Sauf les mannequins elles-mêmes, chacune entourée d'une horde de stylistes, de coiffeuses et de maquilleuses, et c'est dans cette marée humaine, que Lara et Sam progressent, avec difficulté, cela sans dire. Difficulté pour Lara surtout, qui peine à soutenir le rythme endiablé de son amie.

Fendant la foule comme deux, malgré ses talons et son tailleur, Sam ne savait où donner de la tête :

— Par où va-t-on commencer ? J'ai aperçu Stella Maxwell et Elsa Hosk déjà. Là-bas ! lance-t-elle tout d'un coup, c'est Joséphine Skriver ! Elle à l'air occupée, dommage. Mais regarde là-bas, Sara Pereira ! C'est une compatriote, dépêche-toi Lara, elle est seule.

— Je croyais que tu étais née aux États-Unis ?

— Ma mère est née à Porto, c'est tout comme. Installe-toi la Lara, ça me semble bien, je vais voir si elle est disponible.

— Elle a gardé le micro... Je m'en doutais.

— Il y a tant de choses à découvrir dans le monde, pense Lara. Pourquoi perdre son temps dans le paraître et le regard des autres ? Je perds mon temps ici, alors que le Yamataï est toujours aussi mystérieux pour moi. Je suis sûr qu'aucune d'elles, occupées qu'elles sont à se pomponner, n'a déjà foulées le sol d'un chantier de fouilles, ressenties le bonheur d'une découverte, aussi infime soit-elle.

Cependant, perdue dans ses pensées, le regard voguant dans le hall, Lara s'arrête sur Sam, qui, micro à la main, interviewe son mannequin.

Élégante dans sa jupe tailleur noir, soulignant la grâce de ses formes. Une silhouette attirante, mais pas provocante, un maquillage raffiné, une allure féminine envoûtante...

— Tu es concentrée Lara ? demande Sam, la tirant de ses rêveries.

— Oui bien sûr, répond-elle, secouant sa tête pour en chasser ses pensées. Vous pouvez continuer.

— On arrivait au bout. Un grand merci Sara, vraiment, ça a été un plaisir !

— Montre-moi Lara, dit Sam, se précipitant vers la caméra, sitôt Sara partit. Non attends, réplique-t-elle. Je viens de voir Taylor Skrtlidj, prends le micro et les notes, tu vas t'en occuper.

À l'énonciation du nom, Lara se fige, prise d'un étrange sentiment, mêlé de crainte, de nervosité et d'une once de curiosité, le tout mélangé à de la vulnérabilité.

Être démunie face à une situation,voilà qui met mal à l'aise Lara, elle ne peut néanmoins difficilement faire marche arrière, et enfouissant ses émotions au plus profond d'elle, emboîte le pas de Sam.

— Bonjour mademoiselle, je m'appelle Samantha Nishimura et voici Lara Croft. Êtes-vous disponible ? Ce ne sera pas long.

— Oui, je suis disponible, affirme Taylor, avec un grand sourire. Je vais me mettre à l'aise pendant que vous vous installez, ajoute-t-elle en retirant sa veste, dévoilant au grand jour le décolleté plongeant de sa ravissante robe Prada.

Lorgnant sur Lara, elle constate que son numéro l'a perturbée, conquérante heureuse, elle l'interroge :

— Alors c'est toi qui t'occupes de moi ? Par quoi veux-tu commencer ?

Sous l'impulsion de Sam, Lara se concentre et demande :

— C'est la première fois que vous venez à Londres ?

— Non, je suis déjà venue, il y a longtemps, neuf ans ou peut-être dix. Je me souviens que je marchais avec mes parents sur The Mall, c'est mon plus fabuleux souvenir de Londres, l'Arche de l'amirauté, les Gardes. Je viens du Colorado, donc, j'avais l'habitude des petites villes, des grands espaces, du ciel à perte de vue, alors Londres m'a vraiment éblouit, et c'est sans compter les rencontres que l'on peut y faire.

— Et vous... Vous travaillez depuis longtemps pour Victoria's Secret ? questionne Lara, quelque peu déstabilisée.

— Deux ans je crois, oui c'est cela.

— Avez-vous trouvé l'amour à Londres ?

— Lara, ce n'est pas dans le script, tu fais quoi ? lui chuchote Sam.

— Je ne te pensais pas si entreprenante, mais si tu veux savoir, je peux dire que je suis en bonne voie.

Alors que Lara s'apprête à lui répondre, Taylor réplique :

— Ce n'est pas vraiment confortable ici, si tu veux, on peut aller dans ma loge, j'y répondrais à toutes tes questions.

Amusée de voir Lara et Sam déboussolées par sa proposition, Taylor ajoute :

— Toi aussi bien sûr, tu t'appelles Sam c'est bien ça ?

— Oui, j'avoue que je ne serais pas contre un peu de confort, répond Sam, surtout en si bonne compagnie.

— Tu viens Lara ? demande Taylor, en lui tendant la main.

— Je... Qu'est-ce qui se passe là ?

— Elle est d'accord, rétorque Sam avec un sourire.

Les trois femmes s'éclipsent alors discrètement et filent dans la loge du mannequin, située juste derrière le lieu de l'interview.

Taylor laisse entrer Sam et Lara, puis, après un dernier regard à l'extérieur, entre dans la loge et ferme prestement la porte à clé. Elle s'approche de Sam, qui plus engageante, vient de retirer sa veste et sa chemise. Les yeux rivés sur Lara, elle abaisse le haut de sa robe et se lance dans des caresses sur le corps émoustillé de Sam.

Lara les observe, paralysée par la crainte et l'envie.

Le regard, toujours sur Lara, Taylor dégrafe le soutien-gorge de Sam et l'embrasse fougueusement, dans l'ardeur des premières fois. Sam semble y prendre du plaisir elle aussi et ne rechigne pas à quelques cris d'excitation.

La fusion est en marche, quand soudain, Taylor propose :

— Il y a de la place Lara, qu'attends-tu ?

— C'est n'est pas vraiment confortable ici, si tu veux, on peut aller dans ma loge, j'y répondrais à toutes tes questions.

— Lara ? Qu'est-ce que tu en dis ?

— Viens Sam, partons, déclare Lara en s'éloignant de Taylor.

Surprise, Sam s'excuse auprès du mannequin et, après avoir emporté sa caméra, rattrape Lara.

— Qu'est-ce qui t'a pris voyons, c'est très mal poli.

— Je ne me sens pas très bien, je suis désolée. Ca doit être tout ce monde, je ne me sens pas à l'aise. Je préférerais sortir. S'il te plaît.

Non sans en être désolée, Sam accepte face au mal-être palpable de Lara et les deux femmes rejoignent leurs propres loges.

— Tu ne vas quand même pas faire un malaise ? s'enquit Sam.

— Non, je crois que ca va déjà un peu mieux. J'ai juste besoin de prendre l'air.

— Tu es sûr ? Tu es toute pâle. Je peux appeler un médecin ?

— Non, je t'assure, ce n'est pas la peine.

— Tu n'as qu'à rester là, je vais tenter de finir seule.