Kami Stray Cat [Baji Keisuke x OC]
Rompant la pétrification qui s'était emparée de lui, Baji resserra sa prise sur la fillette.
– Je vous interdis de l'emmener ! Dit-il.
Cette fois, Izanami fut réellement surprise. Elle se ressaisit.
– Les humains ne pénètrent jamais ici habituellement, dit-elle.
Il ne l'écoutait pas. Il serrait furieusement la petite contre lui, refusant de la lâcher.
Izanami soupira.
– Keisuke Baji, reprit-elle. Lorsqu'un dieu perd ses fidèles et son temple, lorsque son souvenir s'efface des mémoires, il disparaît. C'est ce que vous, humains, appelez la mort. Il est l'heure pour Taromaru et elle le savait. Elle n'y a plus trace d'elle dans les mémoires depuis longtemps et son temple est en ruines. Elle t'a remis ce qui lui restait de vie le jour où tu aurais dû mourir, dans l'espoir de prolonger la sienne, mais aujourd'hui, elle a choisi de sacrifier toutes les forces qu'elle avait reprises pour vous venir en aide. Ne salis pas son sacrifice.
Le regard que Baji posa sur la déesse de la Mort était farouche.
– Je ne vous laisserai pas l'emmener, répéta-t-il, buté.
Entre ses bras, il lui semblait que le corps de la fillette se faisait plus léger. Pour un peu, il aurait pu voir ses mains à travers.
– Moi, dit-il, je me souviens d'elle. Alors vous ne pouvez pas la prendre.
Izanami fronça les sourcils.
– C'est vrai, dit-elle. Mais la prière d'un seul humain est aussi fragile qu'un fil d'araignée.
Il enfouit son visage dans les cheveux de la petite fille.
– S'il vous plaît... Dit-il.
Devant lui, Izanami s'agenouilla. Elle posa un doigt sur la joue de Taromaru.
– Il y a peut-être une chose que je peux faire, dit-elle.
L'espoir fit lever les yeux à Baji et la déesse reprit.
– Je peux sentir encore un soupçon de force en elle. Juste assez pour une vie humaine.
Baji écarquilla les yeux.
– Humaine ? Dit-il.
Izanami hocha la tête.
– Est-ce que ça te convient ? Tu devras prendre soin d'elle, elle ne se souviendra plus qui elle est, et ça ne sera pas facile. Mais tu l'aideras, n'est-ce pas ?
Baji eut un sourire féroce.
– Faites-le, dit-il.
Lorsque le temps reprit son cours, les gyrophares avaient envahi la gare de triage et plusieurs ambulances les accompagnaient. Baji regarda autour de lui, comme s'il sortait d'un rêve. Non loin se tenait Mikey, tous les deux échangèrent un regard. Les larmes dans les yeux de Mikey lui firent mal au cœur.
– Baji ! Baji !
La voix de Chifuyu lui fit tourner la tête.
– Tu vas bien ? Dit Chifuyu en le rejoignant. Tu n'es pas blessé ? Il sortait d'où ce train ?
Puis il baissa les yeux sur la jeune fille que Baji tenait toujours entre ses bras.
– C'est qui ça ? Demanda-t-il.
Baji baissa un regard incrédule vers Taromaru. Elle n'avait plus rien d'une enfant. C'était désormais une jeune femme, mais il n'y avait pas à s'y tromper, c'était bien elle. La voix d'Izanami lui parvint, comme étouffée.
– Ça, dit-elle, c’est mon petit cadeau.