Sans retour

Chapitre 9 : Fuite partie 2

4102 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/10/2015 20:13

Voici le chapitre 9 ! Merci de me suivre ! J’en suis bientôt au 10ème… yes ! Un grand pas pour l’humanité ! Enfin bref profitez bien, et bonne lecture à toutes et à tous, j’espère que vous l’apprécierez… Pourrai-je avoir quelques retours ? Je vous assure que ça ne vous prendra pas une grande partie de votre temps !

 

«  Je t’en prie, assieds-toi où tu veux, me proposa la goule.

Je m’installai sur la première chaise venue. La chef se mit en face de moi.

- Bien, commençons. »

Gin me posa tout d’abord les mêmes questions que Flashy, c’est-à-dire mon âge, d’où je venais, si j’étais allée à l’école et dans quelles circonstances mes parents étaient morts. Elle parlait d’un ton détaché et ennuyé, comme si ce petit interrogatoire était une routine. Quant à moi je m’étais installée le dos bien droit sur ma chaise, attentive à chacune des paroles de la chef. Je ne voulais commettre aucune bourde et veillais à ce que ma petite histoire paraisse la plus logique possible. L’ambiance présente dans la pièce était étrange, pas gênante mais plus … inconfortable. A chaque regard de Gin j’avais l’impression qu’elle essayait de lire jusqu’au plus profond de mon être, d’une manière presque déplacée même par rapport au contexte. Je savais bien que je représentais une menace potentielle, mais tout de même ! Une aura de domination entourait la goule, je la sentais tellement que je pouvais presque la voir, si ce n’est la toucher du bout des doigts. C’était un peu intimidant, mais en tant que grande effrontée que j’étais je décidai de ne pas dévier le regard et la fixai droit dans les yeux. Un petit sourire en coin apparut sur ses lèvres, mais si léger que je n’étais pas certaine que ça en soit un. Elle s’affala ensuite contre le dossier de sa chaise, et s’empara d’une feuille de papier vert clair où quelques mots avaient été gribouillés. Le silence prit place pendant que Gin lisait la feuille avec une mine pensive en mordillant la peau de son pouce. Je me laissai moi aussi aller sur ma chaise et contemplai le plafond. Gin… Un nouveau prénom dans mon répertoire. Jusqu’ici je connaissais le cuisinier Vito, mes voisins de chambre la petite Akina et Haku, la goule aux cheveux blancs. Oh ! Et il y avait aussi la jeune Hikari, que j’avais sauvé de la noyade. Je jetai un coup d’œil à Gin, toujours plongée dans son bout de papier. Je poussai un profond soupir, un peu plus bruyant que je ne l’avais souhaité d’ailleurs, et continuai mon étude du plafond.

« Alors comme ça il paraît que tu es plutôt douée en combat, intervint la chef.

Je sursautai et la regardai, tout en reprenant ma posture bien droite.

- Ah ? fis-je avec désinvolture.

Elle me jeta un bref regard par-dessous ses longs cils.

- Et je peux savoir où est-ce que tu as appris tout ça ?

- Par ‘tout ça’ vous voulez dire –

- Tes techniques oui, me coupa-t-elle en soupirant. Qui t’as enseigné à te battre etcetera.

Je pinçai les lèvres, vexée. On aurait dit qu’elle me prenait pour une idiote. Déjà que je ne l’appréciais pas particulièrement à cause de ma tentative de fuite tombée à l’eau, mais si en plus elle adoptait un tel comportement…

- Mon père, répondis-je d’un ton froid.

- Tu peux développer ? me demanda-t-elle.

- C’est tout ce qu’il y a à dire, dis-je, glaciale.

Elle redressa subitement la tête et la rebaissa tout aussi vite. Tant mieux. Elle avait peut-être compris qu’il ne fallait pas me prendre à la légère, je n’étais pas du genre à me laisser faire moi ! Je mis ma jambe droite par-dessus ma jambe gauche, croisai les bras et tournai la tête, regardant Gin du coin de l’œil. Elle s’était replongée dans sa feuille de papier, mais je vis qu’elle avait les yeux dans le vague. A quoi pouvait-elle penser ? Elle semblait rêvasser. Je regardai discrètement dans la pièce à la recherche d’une éventuelle horloge, sans succès.

- Tu étais à quelle école ? me demanda-t-elle.

- Ca ne te regarde pas.

Je n’avais pas trouvé d’idée pour ce point-là alors… Autant faire la gamine entêtée. Elle ne s’attarda pas sur ma réponse.

- En quelle section ?

- Scientifique.

- Et… tu aimes ce que tu fais en cours ?

- Heu… oui, ça va.

Ou voulait-elle en venir ?

- Quelle est ta matière préférée ?

J’allai demander en quoi ça lui importait mais me retins.

- La svt je pense, sciences et vie de la terre.

Elle sembla ne trouver aucun intérêt particulier à ma réponse. Comme pour tout le reste d’ailleurs. Elle pouvait au moins faire semblant !

- Ah oui ?

- Ouais… Les cellules, l’étude du corps humain tout ça, c’est mon truc.

Elle gribouilla quelques mots sur sa feuille. Elle s’ennuyait au point de me poser ce genre de question ?! Je ne comptais pas traîner toute la soirée ici, j’avais quelque chose d’important à faire !

- En dehors des cours tu as des passions ?

Elle se fichait de moi ?

- Pardon ? fis-je brusquement.

- Quelles sont les choses que tu aimes ? Tu pratiques des activités ?

Je me pinçai l’arête du nez et inspirai un grand coup. Elle ne le vit pas, trop absorbée dans la contemplation de son stylo. Je remarquai d’ailleurs ses paupières se fermer légèrement.

- Non mais qu’est-ce que ça peut faire ?! En quoi c’est censé faire avancer quoi que ce soit de connaître ce genre de trucs futiles ?!

Ses paupières se soulevèrent complètement. Au moins elle était bien réveillée maintenant, et je pouvais être sûre d’avoir toute son attention. Les bras toujours croisés, je tapai mon index sur ma chemise, et pinçai les lèvres davantage. Je ne devais pas traîner.

- Alors ? dis-je avec irritation.

Elle me jeta un regard noir et serra sa mâchoire. Je dû l’avouer, elle faisait un peur et ses yeux perçants me figèrent. J’arrêtai de taper du pied sans m’en rendre compte. Elle posa avec délicatesse le papier vert sur la table ovale ainsi que le stylo. La lenteur de ses mouvements me donna l’impression d’être un avertissement, voire une menace muette. Reprenant mes esprits, je me levai de la chaise.

- Tu as raison, murmura-t-elle.

Sa voix s’était faite froide, mais je remarquai également une pointe de déception.

- J’attendais simplement quelque chose, sans vraiment y croire à vrai dire…

Elle avait prononcé ces mots faiblement, comme une pensée pour elle-même. Son ton mélancolique fendilla ma carapace. Je la vis contempler ses doigts et afficher un pauvre sourire triste, qu’elle tenta de dissimuler tant bien que mal. J’expirai un long coup.

- Bon.

Je me rassis, croisai les jambes, posai mon coude sur mon genou et affalai ma joue dans ma main. Je n’étais pas sans cœur non plus ! Elle avait intérêt à ne pas jouer la comédie par contre.

- J’aime le jus d’abricot, faire des châteaux de sable même si c’est plus de mon âge, j’aime les oiseaux et lire des romans policiers. Ah ! Et j’adore courir et m’allonger pendant des heures à regarder le ciel en pensant à tout et à rien ! énumérai-je. Voilà je crois que c’est tout.

Je me relevai, prête à me diriger vers la porte, bien que ça ne soit pas une attitude convenable à adopter. A la place je m’arrêtai juste à côté de Gin et me penchai vers elle en souriant.

- Ben voilà je t’ai tout dit, pas la peine de paraître aussi triste !

Elle tendit son visage vers moi. Ses yeux s’étaient écarquillés et sa jolie bouche était entrouverte. Je me remis droite, gênée par notre soudaine proximité. Qu’est-ce qui lui prenait ?

- U-un problème ? bégayai-je.

- Non. Aucun, répondit-elle d’un ton étrangement neutre.

Je fronçai les sourcils. Je n’arrivais pas à la comprendre.

- Je…je peux sortir maintenant ?

Elle fit un vague geste de la main.

- Tu peux y aller oui. »

Elle avait repris ce ton indifférent qui avait déjà le don de m’agacer. N’ajoutant rien de plus, je tournai les talons et sortis, refermant la porte derrière moi – si ce n’est la claquer. Je ne suis pas quelqu’un de facile, j’ai un assez mauvais caractère. Je me demandai d’ailleurs comment ce changement chez moi avait pu être aussi important. Quelques années auparavant j’étais un véritable bisounours qui laissait tout couler sans rien dire. Une véritable petite idiote voyant la vie en rose. Une petite idiote bien naïve. Je soupirai, et mes pensées se tournèrent vers Gin. Je la pensais plus dure comme personne, sombre, déterminée et indifférente. Elle m’avait surprise avec son petit sourire triste et ses grands yeux noirs remplis de plusieurs sentiments entremêlés. Je ne m’étais pas attendue à ça. Je décidai de la sortir de ma tête, car je devais maintenant penser à quelque chose de plus important, bien plus important : rentrer à la maison. Une bonne demi-heure s’était écoulée, il allait être vingt heures. La salle s’était remplie, tous ceux qui étaient dehors devaient être rentrés, hormis les gardes. Il me semblait même que nous étions bien plus que cent-quarante et un ! Je fermai les yeux et inspirai lentement par le nez. C’est le moment Toto. Il faut y aller maintenant. Je rouvris mes paupières, jetai un coup d’œil à droite. Flashy était occupé, parfait. Je m’éclipsai derrière les bâtiments et me rendis à ma chambre. J’ouvris doucement la porte et, voyant qu’il n’y avait personne, je me dirigeai à ma table de nuit sans allumer la lumière. Je m’emparai de mon masque et le gardai à la main sans le mettre. Je sortis ensuite de la pièce et longeai les chambres jusqu’à l’échelle. Je passai devant quelques goules qui ne firent pas attention à moi puis je grimpai rapidement les barreaux en métal. Je n’eus pas besoin d’ouvrir la trappe, quelqu’un le fit pour moi. La goule s’effaça pour me laisser sortir, un léger sourire aux lèvres, et s’engouffra dans le trou. Il restait encore trois ou quatre personnes qui discutaient, mon arrivée ne passa donc pas inaperçue. Je faillis prendre le prétexte de leur demander une cigarette mais me retins à temps. Je ne savais pas si les goules fumaient, après tout qui sait ? Peut-être le tabac avait pour elles un goût aussi mauvais que la nourriture humaine ? Elles me fixèrent du coin de l’œil. Mon cœur se mit à pulser de plus en plus fort et de plus en plus vite, je sentis mes mains devenir moites et le haut de mon dos se couvrir d’une fine pellicule de transpiration froide. Je savais que j’étais plus forte qu’elles, que je pouvais normalement les battre et m’en sortir indemne. Je serrai les poings. Elles n’avaient pas l’air très puissantes. Mon ventre se noua à m’en faire mal, et je déglutis. Tout ira bien. Avais-je vraiment besoin de me battre ? Tout ira très bien. Cela en valait-il vraiment la peine ? Je vais rentrer à la maison et voir ma famille. Mais comment, comment pouvais-je être certaine que ça allait bien se passer ? Que j’étais toujours aussi rapide ? Toujours aussi forte ? Et si, par miracle, je les mettais KO, ça allait me retomber dessus ensuite non ? Comment faire confiance à quelqu’un qui frappe ceux qui sont censés être ses alliés ? Cela devait sans doute se lire sur mon visage que j’étais en pleins stress, car l’une des goules, un homme, s’avança vers moi.

« Tout va bien ?

- Ou-oui, arrivai-je à formuler en affichant un sourire crispé.

J’étudiai la musculature évidente de ses bras. Dans quelle merde m’étais-je fourrée ? Il baissa la tête, remarqua mon masque pendu à mes doigts et arqua un sourcil.

- Tu comptes aller quelque part ?

Tout mon corps se tendit, me hurlant de déguerpir. Je serrai les dents et fis quelques pas lentement en direction de la sortie du bâtiment.

- A vrai dire oui.

Avant qu’il ne puisse répondre je pris mes jambes à mon cou. J’entendis l’homme s’exclamer :

- Bah, qu’est-ce qu’elle fait ?

Et un autre répondre.

- C’est la nouvelle, abruti ! »

Je ne discernai pas la suite car le vent sifflait à mes oreilles aussi fort qu’un ouragan. Le contour des immeubles et des entrepôts était flou, je ne savais moi-même pas où j’allais, je suivais simplement la route. Ce dont je me souvenais c’était que le centre-ville était de ce côté car nous étions arrivés d’ici hier, mais sinon… le coin m’était totalement inconnu ! Je mis mon masque, ne voulant qu’il m’encombre les mains au cas où un problème surgissait. Je me tournai en gardant la cadence, vérifiant si j’avais des poursuivants. J’en distinguai au moins trois mais ils étaient assez loin, et il y en avait sans doute d’autres sur les toits. Etrange, je me pensais plus rapide que ça. C’est alors qu’une goule apparut au bout de la rue, droit devant moi. Elle était grande, enveloppée dans un très long manteau bleu nuit. La faible lumière d’un lampadaire faisait apparaître des reflets roux dans ses cheveux ébouriffés, il s’agissait d’une goule mâle. Il portait également un masque plutôt sombre, kaki me semblait-t-il, avec des petites cornes. Je ne m’arrêtai pas, je continuai à foncer tout droit sur lui à toute allure. Je pensais pouvoir l’esquiver au dernier moment, comme avec Baniss, mais je me trompais. Je pris peur devant cette grande goule mystérieuse et entrepris mon virage un peu plus tôt que prévu. Beaucoup plus tôt à vrai dire. L’homme était immobile, il ne bougea pas d’un pouce jusqu’à ce que je change de direction pour le contourner. A ce moment-là il plongea sur le côté à une vitesse prodigieuse, se projetant dans les airs. J’eus le temps de le voir venir, mais je ne pus l’esquiver : la peur ralentissait mes gestes, j’étais comme enracinée au sol. La goule planta sa main dans le sol et tourna sur elle-même. Elle me frappa de sa jambe dans le ventre, ce qui m’envoya contre un mur. Mon dos fouetta le ciment, ce qui me coupa la respiration. Je retombai à quatre pattes sur le bitume, haletante, tentant de reprendre mon souffle. J’avais la nausée au bord des lèvres, mon ventre et mon dos me faisait mal. Je crachai sur le sol. Purée, j’avais jamais eu aussi mal de toute ma vie ! Et pourquoi j’avais autant de mal à respirer ?! Putain… Je serrai les dents, redressai ma tête et plantai le regard le plus haineux que j’avais en réserve dans celui de la goule mâle. Elle avait penché la tête et croisé les bras.

« C’est bon, tu es prête à rentrer maintenant ? fit-il innocemment.

Je sentis le processus de guérison faire effet, et la douleur s’estompa bientôt complètement.

- Vas…te faire v-voir, grognai-je, bien que cela ait un peu trop ressemblé à un pauvre glapissement à mon goût.

L’homme soupira et se gratta la tête d’un air embêté. Il n’avait pas hésité une seule seconde à me frapper, même si j’étais une jeune fille qui plus est ! Il devait avoir l’habitude de faire mal aux autres. Il semblait totalement indifférent devant ma douleur. Je n’avais qu’une envie : mettre mon poing dans sa tronche. Je me mis debout, mon ventre me pinça légèrement une fois puis plus rien. Je toisai la goule avec méchanceté.

- Tu sembles résistante, constata-t-elle. Tu as été bien entraînée hein ?

Elle se racla la gorge.

- Qui t’envoie ?

Elle semblait être d’un certain niveau. Aucun doute, c’était quelqu’un de très puissant. Cette saleté, j’avais presque envie de lui rendre son coup. Je savais que je paraissais on ne peut plus suspecte, et le fait que je sois pourchassée était sans doute normal. Mais c’était exagéré de me frapper aussi fort. Je reniflai avec dédain.

- Je n’ai été envoyée par personne.

Je laissai mes bras retomber le long de mon corps et levai le menton avec détermination.

- Je n’ai pas de compte à rendre qui que ce soit, je suis mon propre chef.

Je me penchai un peu en avant. Je n’avais plus peur, je voulais simplement passer.

- J’ai quelque chose que je dois faire, des personnes que je dois revoir à tout prix. Alors maintenant je vais partir, que tu le veuilles ou non.

J’entendis des personnes courir au loin. J’inspirai et j’expirai lentement, avec calme et concentration. Je m’apprêtai à partir en courant lorsque la goule bondit, les bras droit devant. Le temps se ralentit autour de moi, comme hier sur le pont lorsque l’organisation Polly avait attaqué le docteur Kano. Je me déplaçai d’un pas sur ma gauche pour éviter la goule, puis j’attrapai son poignet et le tirai vers le sol pour la faire tomber. Je m’assis ensuite sur son dos, lui tordant le bras de manière à ce qu’elle ne puisse pas bouger sans que ça la fasse mal. Je sentis son corps se figer de surprise. Cela devait sans doute faire un petit bout de temps qu’elle n’avait pas été envoyée au tapis. Je m’approchai de son oreille.

- Je pars, ne me suis pas.

Puis j’ajoutai, hésitante :

- Mais je vais revenir, c’est une promesse.

Je restai trois ou quatre secondes penchée vers lui. Je ne sais pas ce que j’attendais. Une réponse peut-être ? J’allai me relever quand il entrouvrit les lèvres.

- Je m’appelle Kon.

Je plissai les yeux.

- Hide.

Je le relâchai subitement et m’élançai sur la route au quart de tour. Les bruits de pas qui s’étaient considérablement rapprochés s’estompèrent, puis stoppèrent soudainement. Ils ne me suivaient plus, ou bien ils étaient trop loin pour que je les entende. J’étais beaucoup trop rapide, je le sentais. Plus vite. Plus vite.

- Plus vite ! » m’exclamai-je.

Je forçai mes jambes à se mouvoir à leur vitesse maximale. La rapidité me rendit euphorique. Je n’avais jamais été aussi véloce. A ce stade je serai rentrée à la maison dans peu de temps. Enfin bientôt chez moi. Plus d’obstacle.

 

Voilà chapitre terminé. Des avis ? (J’ai l’impression de parler toute seeuuule (ne pas dire que ce n’est pas une impression merci !!))…

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