Sans retour
Me revoilà, je suis vivante oui oui… Je vous préviens qu'il va y avoir un petit bloc vers la fin de ce chapitre, mais faîtes un petit effort pour le lire ! (autre que celui juste ci-dessous) Bonne lecture à toutes et à tous !
Dorénavant plus rien ne pourrait se mettre en travers de mon chemin jusqu'à ce que je sois rentrée chez moi, à la maison. Je courais aussi vite que mes jambes me le permettaient, il n'y avait aucun moyen que l'on puisse me rattraper, et encore moins m'arrêter. Le pont sur lequel j'avais rencontré et combattu l'organisation Polly apparut au loin, et je l'atteins bientôt.
« Qu'est-ce que – »
Je distinguai un attroupement vers le centre du pont, un nombre assez important d'individus vêtus de noir y étaient regroupés. Il s'agissait sans aucun doute du CCG et de la police, car je vis également des lumières rouges et bleues qui clignotaient dans la nuit. Je m'approchai lentement, sans oublier de cacher mon masque sous ma chemise de cours, contre mon flanc. Curieuse, je passai sous les barrières qui bloquaient la circulation, mais n'empêchait pas les gens de passer en-dessous, tout comme moi. Je me faufilai à travers les quelques personnes qui tentaient elles aussi de voir ce qui pouvait bien se passer. Il fallait que je récolte quelques informations. Le docteur Kano était-il en vie ? Y avait-il le moindre survivant, le moindre témoin qui ait été susceptible de me reconnaître ? Et surtout, la police et les agents du CCG avaient-ils découvert ma présence à l'aide d'un indice ? Je ne sais pas moi, un cheveu ou autre… Comme dans les séries policières. Si le médecin avait survécu… ou la moindre personne qui fasse partie de son groupe, alors je serai forcée de me rendre au QG du CCG, et ainsi ils découvriraient que je suis défectueuse. Puis ils me tueraient, sans aucun doute. Une goutte de sueur glissa le long de ma tempe. Je parvins jusqu'à la banderole jaune et noir qui indiquait la limite de la zone interdite, réservée aux professionnels. Un jeune flic agitait les bras en tentant vainement de nous boucher la vue et de nous éloigner.
« Reculez s'il vous plaît, reculez ! s'exclama-t-il sans succès.
Mais les gens ont une curiosité insatiable, et ils se pressaient vers la scène de crime. Je me collai contre la banderole et interpelai l'agent de police.
- Excusez-moi monsieur, excusez-moi !
Il se tourna vers moi, à bout de nerf. Il était plus jeune que je ne le pensais, vingt-quatre ans maximum.
- Vous savez ce qui s'est passé ici ?
- Une attaque de goule massive, que voulez-vous que ça soit d'autre, grogna-t-il.
Il ne semblait pas très avenant, je décidai alors de jouer la carte de séduction et posai une main sur sa manche.
- Ca doit être dur pour vous, j'espère que vous ne restez pas là toute la nuit ?
Ses yeux se baissèrent sur ma main et il se racla la gorge.
- A ce rythme-là une bonne partie en tout cas !
- Vous faîtes un métier difficile, vous avez beaucoup de courage !
Je lui souris, sourire qu'il me rendit et son regard se troubla légèrement.
- C'est vrai que c'est assez dur parfois, mais je m'en sors. Après tout c'est moi qui ai choisi de m'orienter dans la police !
J'eus un petit rire. Parfait Toto, maintenant viens-en au but.
- Oui c'est sûr, et tant mieux si cela vous plaît !
Puis j'ajoutai innocemment :
- J'espère qu'il y a eu des survivants…
Il repoussa une personne qui était trop proche de la limite à son goût, puis son regard s'assombrit.
- Nous n'avons découvert aucun cadavre de goule, il semblerait qu'elles aient toutes survécu, ou bien peut-être que leurs corps ont été emportés par leurs semblables… nous ne savons pas encore. Plusieurs hommes du CCG ont en tout cas été retrouvés morts.
Ses poings se serrèrent.
- Pourquoi est-ce qu'on doit toujours se faire complètement massacrer ? Ces monstres ne méritent pas une telle force, cracha-t-il en fronçant le nez.
- Heu… oui, vous avez raison !
Je me grattai le bout du nez et pinçai les lèvres.
- Et il y avait des personnes de haut rang dans ce massacre ?
- Vous voulez parler de ces monstres ou des humains ? me demanda-t-il, puis il ajouta avant que je ne puisse répondre : quoi qu'il en soit il y avait des goules de rang S c'est certain. Quant aux agents du CCG, ils étaient tous d'un niveau plutôt élevé d'après ce que j'ai entendu. Il me semble également avoir entendu parler d'une Madame Mukai, elle ne serait pas vraiment réputée dans le public, elle est surtout connue dans son milieu.
Et le docteur Kano ?
- Et personne d'autre ?
Il fit une moue embêtée.
- Désolé, je n'ai fait qu'écouter les conversations, je n'ai pas encore grappillé suffisamment d'échelons pour m'approcher davantage des détails.
Puis il se tapota la poitrine.
- Mais ça ne saurait tarder !
Je décidai de couper court à la conversation, comprenant que je n'obtiendrai rien de plus de sa part.
- Bon et bien merci, et excusez-moi d'avoir un peu abusé de votre temps.
- Pas de problème, me sourit-il.
Il me tendit une main, que je serrai.
- Yukihide, se présenta-t-il.
J'eus un instant d'hésitation.
- Michiko.
Je lâchai sa main fraîche, en contraste avec la mienne que je sentais brûlante. Sans doute à cause du froid.
- Bon. Bonne soirée alors, et bonne continuation.
Il eut l'air déçu.
- Vous aussi, et faites attention en rentrant ! Les rues ne sont pas toujours sûres.
Mes lèvres s'étirèrent en un sourire mystérieux.
- Ne vous inquiétez pas pour ça, je sais me débrouiller.
J'allai m'éloigner quand il me retint par le poignet.
- Attendez !
Je fis volte-face et ramenai mon bras contre moi en fronçant les sourcils. Il se gratta la tête.
- Si vous comptiez traverser ce pont, je peux essayer de vous faire passer si vous voulez.
J'ouvris grand les yeux. Sérieusement ? Voilà qu'il s'accrochait maintenant, mon petit jeu avait trop bien marché, étonnant… Enfin, ça m'arrangeait bien.
- Oh, et bien d'accord, merci beaucoup !
Je lui offris un magnifique sourire chaleureux, et je remarquai une petite étincelle s'allumer dans ses yeux gris. Il me fit signe de me diriger vers le bord du pont, et une fois que ce fut fait il me souleva discrètement la banderole. Je le vis jeter un court regard inquiet en direction des quelques personnes qui se tordaient le cou pour essayer de distinguer quelque chose à travers les voitures de police qui étaient garées.
- Ça va aller pour vous si vous abandonnez votre travail un instant ? demandai-je.
- Oui pas de soucis, je vais faire vite.
Il me fit longer la barrière du pont, derrière les véhicules, de manière à ce qu'on me remarque le moins possible et que je ne vois pas la scène de crime. Je distinguai tout de même quelques taches de sang, et je détournai rapidement les yeux.
- C'est assez terrible ce qu'il s'est passé ici, un véritable bain de sang, chuchota-t-il. Heureusement que tu ne vois pas ça.
S'il savait…
- C'est assez courant de nos jours, murmurai-je pour moi-même.
- Tu dois avoir raison…
Nous arrivâmes de l'autre côté du massacre, à la seconde limite. Je passai en-dessous de la banderole.
- Et bien voilà, te voici arrivée.
Je sentis de nouveau une pointe de déception dans sa voix, et j'eus presque un léger remord de m'être servie de lui. Je baissai les yeux.
- Merci encore.
- Ce n'est rien voyons, ce n'est rien.
Je respirai un grand coup puis me détournai en agitant la main.
- Au revoir, et courage !
- Bonne soirée ! »
Je m'éloignai rapidement, serrant toujours mon masque sous mon tee-shirt et sans jeter un seul autre regard au policier. Je m'en étais bien tirée. En revanche je n'avais eu aucune nouvelle du docteur Kano, ce qui m'effraya. Je ne voulais pas être pourchassée le restant de mes jours pour je-ne-sais quelle expérience douteuse. Je marchais avec énergie, jetant fréquemment des coups d'œil à droite et à gauche je devais peut-être avoir l'air un peu suspecte, mais cela m'importait peu. Je jonglai entre les rues, qui étaient de moins en moins fréquentées et éclairées. Tout le chemin je me creusais la tête : qu'allai-je bien pouvoir raconter à mes parents qui justifie ma disparition durant un jour et une nuit ? Mais je ne trouvais aucune excuse potable, rien d'étonnant. J'arrêtai subitement de marcher. Et si je racontais tout à mes parents ? Non, non, mauvaise idée. Les goules étaient une véritable terreur, une menace omniprésente et oppressante. Elles n'attisaient que la haine, le dégoût et la tristesse. Moi-même je connaissais une personne dont un membre de sa famille avait mystérieusement disparu, et qui sans aucun doute avait été enlevé par une goule d'après les inspecteurs. Les goules étaient un fléau, le plus grand que connaisse notre monde. J'avais tout de même une certaine tolérance, car je savais qu'elles n'avaient jamais choisi de naître ainsi, et auraient sans doute préféré être humaines. Mais les massacres, les meurtres qu'elles commettaient étaient parfois tellement atroces, de simples innocents, même des enfants ! Une partie d'entre elles et j'ignorais à quel point, nous considéraient, nous les humains, comme du bétail. Je déglutis. Je n'étais plus vraiment humaine maintenant. Au fur et à mesure que je m'approchai de chez moi j'avais l'impression que le froid se faisait plus cinglant, plus violent contre ma peau. Je stoppai devant le portillon vert foncé. Le cœur tambourinant dans ma poitrine, je pris mon courage à deux mains et le poussai, puis grimpai les marches et frappai trois coups secs contre la porte. J'entendais des éclats de voix, ma mère criant contre ma petite sœur Saki et mon petit frère Michio pour qu'ils aillent se coucher. Ignorant son ordre, mon très cher frangin couru à la porte et m'ouvrit. Il ouvrit alors des yeux ronds comme des soucoupes.
« Ohlalalala, je te laisse gérer ça maman.
Il fit trois pas en arrière, me jaugea étrangement puis me sauta dans les bras. Je ris de manière forcée : j'attendais principalement de voir la réaction de mes parents. Michio me frotta les cheveux avec vigueur de ses deux petites mains, me décoiffant complètement.
- Nan mais t'étais passée où toi ?!
- Haha, désolée désolée, mais je suis rentrée maintenant.
J'entendis des pas s'approcher, ma mère, mon père, et ma petite sœur. Quand cette dernière me vit elle me sauta également dans les bras.
- Toto ! s'écria-t-elle.
Je la serrai fort puis la relâchai rapidement. Je levai timidement les yeux vers mes parents. Ma maman avait les larmes qui menaçaient de déborder, et mon père s'approcha de moi. Il me fit une longue étreinte, à laquelle ma mère se joignit. Puis ils s'écartèrent et ma mère prit la parole, la voix tremblotante :
- Mais où est-ce que tu étais passée ?! Nous avons appelé la police, tes professeurs, même certains de tes camarades et –
- J'ai fugué, la coupai-je.
Ehh oui, je n'avais pas eu le choix. Je baissai la tête. Je ne voulais pas entendre son sermon, même si j'allai sans doute y avoir droit.
- Je… je sais que ce que j'ai fait est mal d'accord ? Je ne recommencerai plus. J'ai juste senti ce besoin de… partir, et je l'ai fait sur un coup de tête. Je… regrette. Pardon…
Il y eut un silence pesant. Très pesant. Mon père se racla la gorge.
- Je ne pense pas qu'il y ait grand-chose à dire Shizuyo. Toto, tu vas être punie bien sûr, c'est inévitable, me fit-il ensuite remarquer.
- Je sais, grommelai-je.
- Tu…, commença maman. Mais où est-ce que tu étais allée ?!
Je la fixai, interdite. Où étais-je allée ?
- D-dans un hôtel, pas très loin de la grande place.
Elle croisa les bras, et je la vis avaler difficilement sa salive.
- Quoi qu'il en soit plus de sortie.
Soit dit en passant je ne sortais plus depuis déjà quelques temps. Elle continua :
- Plus de télé, d'argent de poche.
Je vis mon père soupirer discrètement.
- Et je veux que tu rentres directement après les cours, il n'est plus question que tu traînes.
- D'accord.
Ce n'était pas des punitions qui m'embêtaient plus que ça. Je gardai la tête baissée. Je sentis les bras chauds de ma maman m'entourer.
- Ne me refais plus jamais ça. Jamais.
Je ne voyais pas son visage mais je savais qu'elle pleurait, et j'en avais envie aussi. J'avais envie de lui dire : Je n'ai pas fugué, maman. Le docteur Kano et mon ancienne infirmière Mlle Mukai sont des fous. Ils m'ont transformée en goule, puis ils se sont fait tués par celles-ci. J'ai été embarquée dans une organisation dont je me suis échappée, mais où je serai forcée de retourner car je suis devenue un monstre. J'avais envie de tout balancer, comme ça. Mais je me retins. Le moment était mal choisi, je devais réfléchir, et si je choisissais de tout raconter à mes parents ça serait plus tard, une fois qu'ils se seraient remis de ma fugue.
- Je te le promets maman.
Je croisai les doigts, car cela allait sans doute se reproduire. Elle renifla.
- Bon, va te coucher maintenant, tu dois être fatiguée.
- Un peu oui, mentis-je.
A vrai dire je ne ressentais pas une seule once de fatigue, je n'avais au contraire qu'une envie : me défouler, courir. Ça n'arrivait pas souvent je peux l'assurer, j'avais habituellement besoin de mes neuf heures de sommeil quotidiennes.
- File alors » me dit-elle.
Je lançai un bonne nuit timide général, puis montai rapidement dans ma chambre, ne supportant plus ces regards où se mêlaient soulagement, anxiété et colère. J'avais déjà suffisamment de sentiments contradictoires qui tournoyaient en moi pour en plus devoir en supporter d'autres. Une fois dans ma chambre je regardai la fenêtre, interdite. J'avais bien envie de faire un petit footing… Bien évidemment je ne m'y risquerai jamais, j'avais suffisamment fait de frayeur à ma famille comme ça. Ma mère avait pu sembler assez 'cool', mais je savais qu'elle serait stricte dans les jours à venir.
Je pris une bonne douche avant d'aller au lit, m'essuyai avec ma serviette verte, me séchai les cheveux et enfilai mon pyjama. Mon ventre se serra quand je pensai à l'école demain, j'étais assez pessimiste quant à la réaction de mes camarades. Quelle plaie ! Et ça n'arrivait qu'à moi bien évidemment. Pour ne rien rattraper j'avais un contrôle de mathématique, mon point fort, que je n'avais cependant absolument pas révisé au vu des récents événements. Je m'assis en tailleur sur mon lit, mon cahier de cours bien en évidence sur la couette. Voici mon programme nocturne, car pas question de dormir, je savais très bien vu mon excitation que je n'arriverai pas à fermer l'œil. Cette nuit : révision.
Fin de ce dixième chapitre. J'ai mis un peu de temps à le commencer, car le mutisme de mes lecteurs/lectrices ne m'a pas incité à me dépêcher… désolée… mais zéro commentaire au bout de dix chapitres ça rend un peu triste…(beaucoup).
Voili voilou ! Sinon pour me faire un peu de pub je suis en train d'écrire un One shot sur One piece (Robin et Chopper, sans romance attention ! Amitié), et un 'long' – à mon goût – one shot sur Shingeki no kyojin (Eren x Levi, un couple magnifique…).
Merci de continuer à me suivre pour les lecteurs qui ont tenu le coup jusqu'à ce dixième chapitre !