Sans retour
Et voilà, on se retrouve pour un nouveau chapitre avec Toto Yun-Ji ! Il est pas mal plus long que les autres, mais je voulais clore ce que j'avais prévu en un seul chapitre donc voilà… Aujourd'hui un but bien précis pour l'héroïne : se barrer d'ici pour retrouver sa famille ! Bonne lecture à toutes et à tous !
Ps : J'ai remarqué quelques fautes idiotes dans le chapitre précédent, j'en suis désolée !
Je sortis d'un sommeil profond et sans rêve. Je me levai, ressentant un besoin irrépressible de me mouvoir. Mon corps était comme parcouru d'une énergie nouvelle et inépuisable après cette nuit de sommeil. Comme on dit, la nuit porte conseil, et je pris ma décision : j'allais rentrer chez moi aujourd'hui. Il fallait que je trouve un moyen pour filer en douce. Ce qui était certain, c'est qu'en tant que goule j'allais sans aucun doute avoir besoin d'eux à l'avenir, et ils devaient donc avoir confiance en moi. Le problème est que, si je m'enfuyais discrètement, ils se méfieraient à coup sûr. Bon. Je devais revoir ma famille, ça c'était obligé. Je trouverai une explication plus tard quant à ma fuite. Dans un premier temps, pour recevoir une partie de leur confiance je devais leur montrer mon visage, ce qui impliquait donc de retirer mon masque. Je défis la sangle à l'arrière de mon crâne et le posai dans le tiroir de la table de chevet. Les lits de Haku et Hikari étaient vides, ce qui m'inquiéta un peu je ne voulais pas donner une mauvaise première impression en me levant tard ! Je sortis en vitesse de la chambre. La lumière vive des néons inondait la grande salle et m'irrita les yeux. J'entraperçu l'horloge : quatorze heures. Et zut. J'entendis quelqu'un au pas vif s'approcher de moi par devant. Je clignai des paupières pour m'habituer à la clarté.
« Tu es donc bien vivante ! commença la goule.
C'était un homme d'assez grande taille – autour des un mètre quatre-vingt-cinq je dirai – portant des petites lunettes de vue rondes qui glissaient au bout de son nez fin. Ses cheveux étaient bruns, attachés en une queue de cheval au niveau de son cou. Il portait une chemise à manches courtes d'un jaune passé rayé de rouge sur un pantalon droit noir. Le tout donnait une impression décontractée et je me détendis automatiquement devant son air zen. Il me tendit une main aux longs doigts fins, qui fut plus que bienvenue. Allais-je enfin rencontrer quelqu'un de civilisé ?
- Enchanté, je suis Fumikazu, j'ai trente-sept ans. Je suis, pour faire court, l'écrivain de La Planque.
- La Planque ?
Je serrai sa main.
- Oh, oui. C'est le nom que l'on donne à cet endroit. Pas très original n'est-ce pas ?
Je souris.
- Je m'appelle Hide, ravie de vous rencontrer.
Il me scruta.
- Voici donc le joli visage que tu cachais sous ton masque !
- Eh bien, je me disais qu'on me ferait sans doute plus confiance si je le retirai, dis-je timidement en me frottant le bout du nez.
- Bien vu ! s'exclama-t-il en levant son index.
Je souris davantage. Décidément il me plaisait bien.
- Quoiqu'il en soit, si tu as la moindre question n'hésite pas ! Je suis dans la chambre neuf.
- Merci beaucoup.
Il était le seul avec Haku à m'avoir proposé de l'aide. Fumikazu sembla lire dans mon esprit car il ajouta :
- Ne t'inquiète pas pour ceux qui… comment dire… Pour ceux qui sont moins polis. Ce n'est pas qu'ils ne t'acceptent pas, mais certains ont beaucoup d'obligations. Et puis… nous sommes des goules après tout. Nous n'avons pas tous eu une vie tranquille alors nous pouvons paraître un peu bourrus par moments.
- C'est certain, répondis-je sans vraiment comprendre.
Des obligations. Je pensais à Flashy et Mèche Violette. Le premier était commandant, et l'autre semblait aussi avoir un rôle important.
- Tu as peut-être besoin de vêtements ?
Je redressai la tête.
- Oh, non merci ! J'en ai un peu de rechange !
- Bon. Tant mieux. Sur ce je te dis à bientôt ! »
Il s'éloigna en souriant. Je venais de lui mentir, mais peu importe. De toute manière aujourd'hui je rentrerai chez moi. Il n'était absolument pas question que ma nouvelle condition m'empêche de revoir ma famille. Hier j'étais désemparée, et je pensais ne jamais les revoir. Je me trompais. Je ne devais pas me laisser abattre. Les seules affaires que je possédais étaient ce que je portais sur moi : c'est-à-dire mes vêtements. Mon portable et mon sac de cours étaient restés en classe. Je me dirigeai vers deux goules qui discutaient tranquillement, adossées contre le mur d'une chambre.
« Excusez-moi, demandai-je, un peu gênée de les couper.
Elles se tournèrent vers moi. Il s'agissait d'une femme et d'un homme, ayant autour de la quarantaine.
- On peut t'aider ? firent-ils.
- A vrai dire oui. Je ne suis là que depuis hier alors –
- C'était donc toi ! s'exclama la femme pendant que l'homme se mit à rire.
Je n'y pus rien, je piquai un fard.
- O-oui, pourquoi ?
- Tu as bien remis Baniss à sa place apparemment ! Nous n'étions pas là pour le voir, mais nous avons entendu parler de ton exploit.
Je me grattai inconsciemment le bout du nez.
- Je ne pensais pas que tu serais si jeune, ajouta l'homme. Quel âge as-tu ?
- Dix-neuf ans.
- Ah oui en effet, fit-il, étonné. C'est impressionnant que tu sois expérimentée dans l'art du combat !
La femme hocha la tête. Ils se trompaient, je n'y connaissais rien à rien. J'avais seulement eu le malheur de m'être faite piochée au hasard comme sujet d'une expérience foireuse.
- Tu as du en vivre des choses… murmura-t-elle.
En vérité, non. J'avais toujours eu une vie monotone et sans intérêt. Je vivais normalement dans une famille normale, avec des pensées normales, une chambre normale…en bref, une lycéenne on ne peut plus ordinaire.
- Vous exagérez, ris-je nerveusement. Ma vie n'est vraiment pas passionnante, il ne s'est jamais rien passé de particulier !
- Je suis sûr que si, dit l'homme.
- C'est certain même, renchérit la femme, sinon tu ne serais pas ici ! Et encore moins une goule.
Elle balaya la salle des yeux, et je fis de même.
- Ceux qui sont présents dans cet endroit ont tous vécu au moins une chose qu'ils préféreraient oublier.
- Une chose horrible, chuchota l'homme.
- C'est votre cas ?
J'avais parlé sans réfléchir et je me frappai intérieurement. Idiote que je suis. Je n'avais pas pu tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler bien évidemment !
- Oh ! Heu, excusez-moi, je ne voulais pas paraître indiscrète ou, heu…
Ils se mirent à rirent en me voyant m'emmêler les pinceaux.
- Ne t'inquiète pas, me rassura l'homme. Mais en effet, nous avons quelques passades de notre vie que nous aimerions passer sous silence.
- Nous avons tous, souligna la femme.
- Je vois… fis-je pour moi-même, pensive.
Le monde des goules paraissait dur. Je m'en doutais à vrai dire, comme la plupart des humains, mais sans vraiment en saisir la portée. Nous ne nous attardions pas trop sur ce sujet, trop occupés par notre peur de se faire manger. Enfin ça, c'était avant en ce qui me concernait pour ce dernier point ! J'avais surtout peur d'être rejetée par les goules, ou encore zigouillée, car pour le moment j'avais principalement fait la rencontre avec leur côté violent. Je dirai même leur côté sanglant.
- Tu es un peu étrange, intervint l'homme en souriant. Tu parles comme si tu n'étais pas une goule.
- A-ah ?
S'il savait…
- Comment pouvez-vous le savoir ? continuai-je.
- Mon mari et moi travaillons dans le social, m'expliqua la femme. Nous sommes journalistes dans une boîte américaine. Nous fréquentons donc souvent les humains.
Elle se tourna vers l'homme.
- Comment va Jimmy au fait ? Il ne devait pas partir en Inde pour cinq jours ?
- Oui ! Il a pris l'avion hier.
- Jimmy ? demandai-je. Il vit ici lui aussi ?
- Ah non ! me répondit la femme dans un bref sourire. Jimmy est caméraman, c'est un humain et un grand ami de Ushio.
Je clignai plusieurs fois des paupières, réfléchissant à toute vitesse.
- Et… c'est courant pour les goules d'avoir des amis humains ?
Je me sentis étrangement naïve en posant cette question. L'homme pencha la tête en fronçant les sourcils.
- Oui bien sûr, après tout à part notre alimentation et quelques caractéristiques physiques nous sommes semblables en tout point non ?
- Oui, c'est vrai…
J'étais idiote. Sensation pas très agréable au préalable. Ils me regardaient tous les deux d'un air bizarre, comme s'ils cherchaient à me cerner.
- Bref ! s'exclama la femme, ce qui me fit sursauter. Nous ne nous sommes pas présentés ! Je suis Takeya, et voici mon mari Ushio.
- To-heu… Hide, ravie de vous rencontrer !
J'avais failli leur donner mon véritable prénom ! Je devrai faire plus attention à ça à l'avenir.
- Alors, quelle était ta question de départ Hide ?
Je me frottai l'arrière de la tête.
- A vrai dire, je voulais savoir si je pouvais sortir… dehors.
- Oui bien évidemment ! Tu peux aller où tu veux du moment que c'est la journée !
Bonne nouvelle. Très bonne nouvelle. De courte durée cependant, car Ushio ajouta :
- Tu viens d'arriver, ça m'étonnerait que tu puisses te balader où bon te semble sans être surveillée.
- Oui c'est vrai, tu dois avoir raison, se reprit la femme.
Eh bien ça ne rigole pas ici ! Je soupirai.
- Oui je comprends, ça me semble logique.
Ils prirent un air embêté.
- Bon, je vais quand même sortir un peu, dis-je.
- Très bien. Passe une bonne après-midi Hide, me souhaita Takeya.
- Merci, vous aussi ! »
Je m'éloignai en agitant la main, et me dirigeai vers l'échelle. Une personne la grimpa devant moi et je la suivis. Parvenue à l'air libre je m'étirai. Quel bonheur ~ ! Un peu de fraîcheur ne me fit pas de mal. Mon ventre gronda légèrement, et je posai une main sur dessus. Ça n'allait pas recommencer ! Je tournai la tête pour vérifier que personne n'avait entendu. Ouf, aucun regard de travers. Nous étions au moins une dizaine, ce qui me rassura : je pourrai peut-être réussir à partir incognito. La personne qui était devant moi pour monter l'échelle avait rejoint un petit groupe de trois, et ils partirent tranquillement. Je me dépêchai de me diriger vers eux. Les quatre goules me regardèrent, un peu surprises, mais ne firent pas de commentaire. L'une d'elles salua un gardien à l'entrée et nous sortîmes du bâtiment. Je soupirai de soulagement, mais restai tout de même sur mes gardes on ne sait jamais si Flashy était encore dans les parages.
- Où allez-vous ? demandai-je.
- Nous allons simplement acheter du café et boire un coup, répondit la femme qui avait monté l'échelle devant moi.
- Et toi ? lança une deuxième goule – une femme rondelette – avec brusquerie.
- Eh bien, je -
Je cherchais une réponse à sa question, réfléchissant à toute allure !
- Cela m'étonnerait que tu aies le droit d'être ici, dehors avec nous ! me coupa-t-elle. Tu es nouvelle que je sache ! Rentre à La Planque !
L'homme qui était à ma gauche, un grand brun élancé, mit une main sur mon épaule et me sourit gentiment.
- N'en veux pas à Irisu pour son manque de tact, c'est quelqu'un de très inquiet. Mais elle a raison, tu dois rentrer. Je te la confie ! s'adressa-t-il à quelqu'un un peu plus loin.
- Pas de problème, soupira son interlocuteur d'un ton blasé.
Ton blasé que je reconnu bien évidemment. Je me retournai, la mine abattue. Première tentative d'escapade : échouée lamentablement. Je fixai le nouvel arrivant. Flashy. Il portait un simple tee-shirt noir à manches longues aujourd'hui, pas de couleur criarde. Zut, je devrai peut-être revoir son surnom ! Quoique, j'avais déjà bien assimilé celui-ci.
- Tu fais une fixation sur moi ou je me trompe ? grognai-je
Oui je sais, c'était pour la sécurité de l'organisation. Je voulais juste l'embêter, ça me permettrait de tuer un peu le temps vu que j'avais été prise la main dans le sac en train de détaler. Il ne répondit d'ailleurs pas à ma provocation et me tourna le dos, se dirigeant dans le bâtiment. Je le suivis sans rien dire de plus.
- Ce soir, commença-t-il, ce soir… quelqu'un d'important va arriver.
Il s'arrêta et se tourna enfin vers moi.
- Qui est-ce ? demandai-je avec une curiosité non feinte.
- Notre chef.
Je me tendis. Leur chef allait-il m'accepter ? Flashy eut un sourire en coin.
- Ne t'inquiète pas, tu es des nôtres maintenant.
Je soupirai, une main sur la poitrine.
- Il ne te reste plus qu'à nous prouver ta bonne foi ! fit-il en s'étirant.
- Cela va de soi… marmonnai-je.
- Tu peux rester là, me dit-il, si tu me promets de ne pas t'éloigner. Ou bien tu peux rentrer.
Je regardai les gens autour de moi, qui discutaient activement.
- Et je suis censée faire quoi aujourd'hui ? me plaignis-je.
Il sembla réfléchir.
- Tu n'as qu'à aller proposer ton aide en bas, ça te permettra de te faire bien voir.
Une plainte d'exaspération remonta le long de ma gorge.
- Très bien… »
Je me détournai de lui d'un coup sec, ouvris la trappe et descendis l'échelle. Je ne voulais pas trop insister auprès de Flashy. Manquait plus qu'il ne devienne mon baby-sitter en plus de mon pot de colle attitré ! J'attendrai que le jour commence à tomber, puis je m'enfuirai. Une nouvelle protestation de mon estomac se fit entendre – seulement par moi heureusement. Je remarquai un homme dans les cuisines, seul. Je me dirigeai vers lui. Il avait des cheveux noirs bouclés, une grande moustache et un ventre bien rebondi. Il devait avoir cinquante-cinq ans.
« Je peux vous aider ?
J'eu l'impression de rompre l'harmonie du silence qui avait pris place autour de lui. Il tourna vers moi un visage bouffi avec un large sourire, ce qui balaya ma crainte d'un seul coup.
- Mais bien sûr ma bella !
Son accent m'était étranger, mais il avait une sonorité agréable à l'oreille. Il rinça une éponge et me la tendit.
- Tu peux essuyer les tables cela m'aiderait beaucoup !
Je la pris.
- Pas de souci, c'est quand vous voulez !
Mes narines se dilatèrent alors, et je remarquai l'odeur qui baignait dans la pièce. Je sentis immédiatement mes iris virer au rouge et le blanc de mes yeux se remplir de noir. Mon regard divergea en direction du plan de travail du bonhomme. Il y avait trois petites piles de cinq morceaux de viande, ayant l'apparence de simples steaks. D'autres piles se trouvaient un peu plus loin, la chair bien enveloppée dans un papier marron.
- Holà, on se calme bella ! Tu n'as pas mangé hier ou quoi ? Il me semblait pourtant t'avoir fait passer un paquet…
Il se gratta le menton. Ce fut mon côté goule qui répondit malgré moi :
- Oui c'est vrai, mais je n'ai pas pu manger.
Je le vis arquer un sourcil. Je baissai la tête, prenant un air penaud, le mensonge me venant aisément.
- Vous savez, parfois… Parfois manger de l'homme me dégoûte, et je n'arrive plus à avaler quoi que ce soit.
- Je vois, soupira-t-il avec un regard compatissant. Mais tu dois manger.
Il me tendit un paquet et me fit un clin d'œil.
- Ne le dis à personne d'accord ? Et que je ne te reprenne plus à raconter des âneries ! Tu n'as pas à être dégoutée de te nourrir, il faut bien vivre non ?
J'attrapai le morceau de viande recouvert de son papier marron.
- Merci beaucoup monsieur ! Je ferai de mon mieux pour ne plus recommencer ! »
J'avais pris un ton tellement reconnaissant qu'il me crue sur parole. Vous pouvez me nommer l'actrice du mois. Je ne me connaissais pas ce talent ! Je commençais à m'habituer aux mensonges, je devais faire attention. J'allai dans les toilettes pour consommer mon repas de la même manière qu'hier soir. Je me giflai intérieurement. Il fallait que j'arrête de raconter n'importe quoi à tout bout de champ, ça finirait forcément par me retomber dessus. Je me nettoyai les mains et sortis de la salle de bain. J'avais gardé l'éponge avec moi, et j'allai nettoyer les tables. Je frottai avec vigueur la surface en métal, et tout fut rapidement propre. Je vins ensuite voir le bonhomme moustachu pour lui rendre l'éponge, en prenant bien soin de ne pas regarder son plan de travail.
« Tu es parfaite bella, merci.
Je me grattai le bout du nez.
- Dîtes, vous êtes de quelle origine ?
Il se mit à rire.
- Je suis un italien bien sûr ! Je m'appelle Vittorio, mais tu peux m'appeler Vito, comme le reste de la troupe. Tu es Hide n'est-ce pas ?
- Oui, dis-je timidement.
- Et bien merci pour ton aide ! Tu n'as qu'à aller t'asseoir sur l'un des fauteuils et prendre un bouquin si tu t'ennuies, il y en a des pas mal.
- De rien ! Je pense que je vais faire ça oui. »
J'empruntai un roman dans la petite étagère et le commençai sans grande conviction. Je lus ensuite toutes les bandes dessinées que je pus trouver, en faisant bien attention à regarder régulièrement l'horloge. Vers dix-neuf heures tout le monde était rentré, et inondait la salle. Je choisis ce moment-là pour m'éclipser en douce. Je pris bien garde à ce que Flashy soit occupé et je me mêlai à un groupe de dix qui montait prendre l'air. Une fois dehors, je glissai le long d'un mur pour entrer dans l'ombre, et ainsi passer inaperçue. Personne ne faisait attention à moi. Une jeune femme discutait avec le seul garde susceptible de me voir, et celui-ci semblait très absorbé dans leur conversation. Ma seule échappatoire était une grande fenêtre sans vitre, qui se trouvait six ou sept mètres au-dessus du sol. Je frottai mes paumes : je m'en sentais capable. Ou tout du moins, ça ne me coutait pas grand-chose d'essayer. Je sentis alors le regard du garde peser sur moi. Et mince… Bon tant pis, je n'allais pas louper ma chance ! De plus je pouvais parfaitement distancer les goules à la course avec mes capacités. Je me ramassai sur moi-même, prête à sauter.
« Que- ?! »
Je m'arrêtai brutalement dans mon mouvement. Une goule venait d'atterrir sur le rebord de la fenêtre où je comptais aller. Elle bondit ensuite lestement à côté de la trappe et se laissa tomber dedans. Je ne pus voir que son long manteau noir, et une capuche de la même couleur qui recouvrait son visage. Pendant ce laps de temps, le garde eu aisément le luxe de s'approcher de moi.
« Tu comptais aller quelque part ? me demanda-t-il suspicieusement.
- Oh, non ! Je suis juste montée prendre l'air, et je voulais essayer de m'intégrer un peu.
- Je préférerai que tu rentres, si tu n'y vois pas d'inconvénient, dit-il avec méfiance.
- Aucun ! »
Je lui offris mon plus joli sourire et retournai dans la salle. Je ne fus pas la seule à vouloir descendre. La plupart des goules se pressaient vers la trappe, parlant avec animation de la personne qui venait d'arriver. Je tendis l'oreille et devinai rapidement qu'il s'agissait de leur chef. Notre chef. Mauvaise impression pour moi. Il avait complètement capoté ma fuite. Comment allais-je faire ? Il n'y aura sans doute pas de prochaine occasion pour ce soir. Je fulminai. Purée ! Purée ! Je n'allais quand même pas me faire avoir à chaque fois ?! Je ne comptais pas me faire de vieux os ici ! J'arrivai dans la grande salle. Un attroupement s'était créé, sans doute autour du chef. Je retenterai mon coup tout à l'heure. Il n'était tout simplement pas question que je passe une deuxième nuit dans cet endroit ! Je vis la goule au manteau noir, qui papotait avec…Flashy ! Cette première retira son masque et releva sa capuche. J'ouvris de grands yeux en remarquant que le chef de l'organisation Polly n'était autre qu'une fille. Une très belle jeune femme avec de longs cheveux noirs. Une goule me bouscula dans le dos et je me retournai. Elle s'excusa et je ris en lui disant que ça n'était pas grave. Je me tournai de nouveau vers la noiraude, et constatai avec surprise qu'elle était en train de me fixer. Je la regardai, impressionnée par son joli visage. Cependant, je n'oubliai pas que c'était elle qui avait bousillé mon escapade, et ce même si ça n'avait pas été intentionnel. J'avais attendu toute l'après-midi pour rien ! Je lui jetai un regard l'air de dire : Qu'est-ce que tu me veux ? Je savais que c'était idiot, mais je ne la portais déjà pas dans mon cœur ! Flashy se plaça devant elle, rompant notre contact visuel. J'allais à la rencontre de Vito, l'italien qui se trouvait aux cuisines. Il avait l'air très gentil, et son accent était rigolo. Je croisai mes bras sur le rebord du pseudo bar.
« Coucou Vito, pas trop débordé ?
Il releva la tête.
- Ah bella ! Comment vas-tu ?
- Ca va.
- Et bien comme tu le vois je n'ai pas arrêté de la journée ! Je pense que je ne vais pas tarder à m'octroyer une pause.
- Tu as bien raison !
Il jeta un coup d'œil derrière moi et lissa sa moustache.
- Bon, je te laisse, je vais finir ce que j'ai à faire.
- Oh ! Très bien ! lui répondis-je, un peu déçue.
- On se reparle après bella, me dit-il avec un clin d'œil.
Je lui souris et me retournai, m'adossant contre le bar. J'effleurai quelqu'un dans ce même mouvement et relevai la tête, car la personne était un peu plus grande que moi.
- Oups ! Pard-
Je m'arrêtai subitement. Mon regard plongea dans de grands yeux noirs entourés de longs cils encore plus sombres. Le visage de la chef de l'organisation ne se trouvait qu'à quelques centimètres du mien. Je reculai si rapidement que ce qui m'entourait devint flou un bref instant. Un éclair de surprise traversa les yeux la goule qui me faisait face, puis elle prit un air lasse.
- Tu es la nouvelle n'est-ce pas ? Je me présente, je suis la chef de Polly. Tu peux m'appeler Gin.
- Gin… soufflai-je.
Ses joues se tintèrent d'un léger rose durant un quart de seconde, si bien que je crus avoir mal vu. Elle se racla la gorge et continua :
- J'aimerai qu'on discute dans un endroit un peu plus tranquille. Tu veux bien me suivre ?
- Oui bien sûr, d'accord » répondis-je, un peu étonnée.
Qu'allait-elle me demander ? Je me doutais qu'un petit interrogatoire sur ma vie allait avoir lieu à un moment ou à un autre. Ça devait être ça. Je la suivis dans une 'maison' un peu plus grande que les autres. Elle ouvrit la porte et me laissa entrer en premier, puis elle la referma derrière elle. Je me trouvai dans une pièce assez spacieuse : une très grande table ovale se trouvait au centre, et une douzaine de chaises avaient été disposées tout autour. Trois ou quatre étagères étaient placées ici et là, chacune encombrées de papiers divers. Des plans avaient été posés à plat sur la table, la recouvrant presque entièrement.
- Je t'en prie, assieds-toi où tu veux, me proposa la goule.
Je m'installai sur la première chaise venue. La chef se mit en face de moi.
- Bien, commençons. »
Et voilà c'est la fin de ce chapitre ! Je peux en avoir des nouvelles please ? La suite ne devrait pas trop tarder normalement.