Sans retour

Chapitre 7 : La goule au manteau noir

3450 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/10/2015 20:50

Un peu plus à l'Est de la banlieue, vers la limite du dix-septième arrondissement, une personne enveloppée dans un long manteau noir se faisait poursuivre par trois hommes. Son visage était caché par une capuche. Elle s'arrêta ensuite subitement et un sourire carnassier étira ses lèvres. Elle porta ses doigts à sa bouche et siffla. Ses trois poursuivants s'étaient arrêtés, essoufflés. Ils n'avaient pas la même force que la personne devant eux qui, bien évidemment, était une goule. L'un portait un long manteau gris, et les deux autres étaient vêtus d'un simple costume noir. Ils avaient chacun une mallette. Ils faisaient partie du CCG, et ils avaient hâte d'en finir une fois pour toute avec cette goule de malheur qu'ils avaient pisté toute la matinée. Hélas pour eux, ils n'eurent pas le temps de sortir leur quinque que quatre goules vêtues de manteaux bleu foncé leur tombèrent dessus. Ils furent rapidement terrassés, et il ne resta bientôt plus grand-chose d'eux. Les assassins s'approchèrent de la goule habillée en noir. Ils avaient des masques kaki surmontés de deux toutes petites cornes, et de beaux cheveux cuivrés très sombres pointant dans tous les sens. Ils étaient assez grands et carrés, mais tout en restant minces. Il avaient l'air de parfaits clones. L'un, celui de droite, s'avança.

" A taaaable ~ !

- Non mais quel goinfre, fit celui qui était tout à gauche, en se prenant la tête dans la main.

- C'est faux, j'aime la nourriture c'est tout !

- Un goinfre, c'est ce que je disais.

- Fermez-là un peu, intervint un troisième, celui qui était à côté de celui de gauche. Ça vous lasse pas de vous en foutre dessus à longueur de journée ?

Les deux goules se tournèrent vers lui.

- Non mais voyez-vous ça, le petit dernier de la fratrie veut se mêler des affaires des grands !

- Roh laisse-le Akiyoshi ! Mais pour en revenir à ce qu'on disait, sache que je ne suis pas un goinfre. J'apprécie simplement la nourriture à sa juste valeur, je ne la gaspille pas en la laissant pourrir sur le trottoir !

Il pointa les trois cadavres du doigt.

- Donc quand je peux en avoir, je ne vais pas me gêner, continua-t-il.

- Akiyoshi a raison, tu es un goinfre, dit le troisième d'un ton las.

- Traître ! Moi qui m'étais rangé de ton côté !

Et ils continuèrent ainsi pendant deux bonnes minutes, jusqu'à ce que le rire du quatrième frère - qui les avait observé sans rien dire - ne les fasse arrêter leur dispute.

- Qu'est-ce que t'as Kon ? demanda Akiyoshi.

- T'as un problème ? fit le goinfre.

- Tu te fiches de nous ? enchaîna le troisième.

- Stupides, répondit le présumé Kon en pouffant de nouveau. Vous êtes stupides, et je ris de votre bêtise.

Ils allèrent répliquer tout les trois en même temps quand la goule au manteau noir intervint.

- On y va. D'autres inspecteurs ne doiventpas être bien loin, nous ne pouvons pas nous permettre de nous charger inutilement avec ces trois-là, cela ralentirait notre progression. Akiro et Akiyoshi vous allez devant, Kazuaki et Kon derrière. Exécution ! "

Ils se turent et partirent. Ils ne craignaient pas particulièrement la goule au manteau noir, mais il fallait mieux lui obéir tout de même... Cette dernière sentit une étrange odeur de sang, diffuse, presque imperceptible, et tourna la tête à droite.

" Continuez sans moi je vous rattraperai. "

Les jumeaux filèrent. Kon se tourna et forma un ''o'' avec son pouce et son index pour lui demander si tout allait bien. La goule noire hocha la tête et s'arrêta. Elle fronça le nez. Il y avait également une odeur de sang sur sa gauche, et cela pouvait déboussoler une goule jeune. Jeune dans le sens où elle ne sait pas se contrôler. Mais cela ne fit aucun effet à la goule au manteau noir. Elle était expérimentée, oh combien expérimentée ! Ces fichus agents du CCG essayaient de les distraire et de les prendre en filet. Leur stratégie était basique et...inutile. Ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire. La goule plissa les yeux. Elle sprinta de toit en toit à une vitesse folle, et stoppa subitement. Elle fixa deux agents qui couraient sur la route. Elle était parvenue au but. Elle s'élança dans les airs et atterrie quelques mètres derrière eux avec souplesse, enfonçant légèrement le bitume.

" Bonjour messieurs, et... Adieu. "

La goule sortit son kagune, qui formait deux grandes ailes de papillon blanches aux reflets rouges, et ce fut terminé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle lécha ensuite ses doigts avec délectation. Ils n'étaient pas dégueux ces crétins. Elle entendit ensuite des sanglots étouffés, et se dirigea vers le bruit. Un jeune homme d'environ vingt-cinq ans s'était caché dans la ruelle la plus proche, derrière une benne à ordures. Il était novice, sans doute l'une de ses premières expériences sur le terrain, pensa la goule.

" Je...je vous en prie, ne me tuez pas... Je vous en supplie, je ferai tout ce que vous voulez... " pleura-t-il.

Ses cheveux étaient d'un beau châtain strié de reflets roux, et ses yeux était d'un verts plutôt pâle. Il est mignon, se dit la goule pendant un bref instant, alors que son regard s'assombrissait. En revanche...

" Tu aurais dû y réfléchir à deux fois avant de t'engager dans le CCG. "

Elle le transperça de son kagune, et commença à le dévorer. Sa chair était jeune, donc tendre à souhait. Elle n'allait pas la gaspiller. Tandis qu'elle mangeait, ses pupilles se perdaient dans la chevelure du jeune homme. Elle dirigea une main tâchée de sang vers celle-ci, et l'effleura.

" Quel gâchis... de si beaux cheveux. "

Il n'y a pas de temps à perdre, pensa-t-elle ensuite. Elle se leva et repartit à la vitesse éclair, sans un regard en arrière pour les trois morts qui baignaient dans une mare de sang. Elle grimpa agilement de fenêtre en fenêtre, et arriva rapidement au second groupe d'agents. Elle leur réserva le même sort qu'aux deux autres. Ceux-ci étaient un peu plus expérimentés, mais elle n'eut aucun mal à les tuer. Alors qu'elle venait de transpercer le dernier avec son bras, elle reçu un coup dans le dos assez violent, ce qui eut pour effet de la faire tomber deux mètres plus loin. Elle se retourna vers ses assaillants, les yeux étincelants de rage. Son dos lui fit un peu mal, mais rapidement la douleur disparue; elle venait de manger, donc elle était en pleine forme, et sa guérison allait ainsi à une vitesse raisonnable. Ils étaient quatre : un à sa droite, un à sa gauche, et deux devant.

" Je crois qu'on a touché le gros lot, félicitation les gars, fit celui qui l'avait frappée, un grand homme mince avec des cheveux noirs coupés au carré.

- C'est bien celle qu'on recherche Gikaibo ? demanda une petite femme brune, qui était à droite de la goule.

- Oui, elle correspond à la description : grande, long manteau noir à capuche qui cache son visage, répondit le dénommé Gikaibo, qui n'était autre que le vieux à la coupe au carré.

- Parfait, préparez-vous à attaquer, dit la brune.

Ils se ruèrent tous les quatre sur la goule en même temps, quinque sortis. Mais cette dernière ne l'entendit pas de cette oreille et bondit, s'accrochant à une fenêtre du premier étage de l'immeuble le plus proche.

- Redescends ! Sale lâche ! cria un des deux hommes qui n'avait pas encore parlé jusque là.

Elle ne fit pas attention à lui. Elle jaugeait Gikaibo du regard. Il n'y avait que lui. Il lui avait fait mal. Elle se laissa brusquement tomber sur le sol, et coupa la tête de l'homme qui venait de parler sans le regarder. Elle fit de même pour la femme, qui lui avait sauté dessus. Bien qu'ils soient sans doute le groupe le plus fort des trois, il restaient faibles. L'homme qui n'avait jusque-là pas ouvert la bouche une seule fois évita son kagune, et tenta une frappe. Surprise, la goule stoppa le quinque de l'agent à quelques centimètres de sa gorge.

- Bâtard. " gronda-t-elle, avant de lui briser la nuque de ses propres mains.

Elle se tourna vers celui qui restait. Gikaibo avait les traits déformés par la tristesse, et les yeux fixés sur ses collègues morts, plus particulièrement la petite brune. La goule profita de cet instant d'inattention pour lui faucher son quinque, et elle lui donna un coup de pied dans le ventre, ce qui le fit tomber par terre, dos contre un mur. Elle l'empoigna ensuite par le col et le souleva du sol, pointant son kagune à quelques millimètres de son œil gauche. Elle lu dans les yeux de l'homme qu'il avait compris que c'était la fin pour lui. Elle vit qu'il voulait dire quelque chose, et elle desserra un peu son emprise sur son col.

" J-juste une question, dit-il difficilement.

- Je t'écoute le vieux.

Il devait en vérité avoir autour des soixante-ans.

- Ça-ça fait d-des mois qu'on te recherche, sans doute autour d-de deux ans et demi, presque chaque jours sans relâche..

- Abrège veux-tu.

Il ferma les yeux, et murmura quelques mots si bas que la goule ne put les entendre que grâce à son ouïe développée. Un sourire s'étala sur les lèvres de celle-ci. Un sourire qui en ferait fuir plus d'un.

- Bravo, tu as vu juste. "

Gikaibo rouvrit les yeux, et fronça les sourcils.

- Est-est-ce que par hasard tu serais...

La goule le transperça de son kagune en plein de ventre, ne le laissant pas terminer sa phrase. Puis elle se détourna du corps, maintenant sans vie.

- C'est bien moi. " murmura-t-elle.

Elle partit et marcha tranquillement sur les toits. Il n'y avait plus d'agents normalement, son flair la trompait rarement. Le Soleil s'était déjà couché. Ça ne la dérangeait pas, elle aimait bien la nuit. Elle avait l'impression de se fondre en elle, d'être englobée toute entière, de disparaître. Ce n'était pas une sensation désagréable...disparaître. Ainsi elle n'aurait pas à subir tous ces crétins autour d'elle, et elle pourrait avoir enfin la paix. Elle remarqua qu'elle n'allait pas tarder à arriver, et elle se dirigea vers un bâtiment qui surplombait les autres. Elle s'assit et contempla le ciel, qui était d'un beau bleu sombre. Une ligne d'une couleur plus claire était encore visible à l'horizon. La goule ferma les yeux et profita de la fraîcheur de la soirée. Le vent s'engouffrait dans ses cheveux et dans chacun des pans de ses vêtements, la faisant légèrement frissonner. Ce lieu était en quelque sorte son petit sanctuaire personnel, l'endroit où elle prenait du recul sur ce qui l'entourait, là où elle cessait de réfléchir et de se prendre la tête. Elle s'y rendait parfois avec un ami qui lui était cher. Au bout d'un certain temps elle se remit sur ses pieds. Je dois rentrer maintenant, se dit-elle en soupirant. Elle n'en avait pas envie. La goule voulait rester ici, où elle se sentait sans obligation. Après tout je ne dois rien à personne. Elle expira bruyamment de nouveau. Elle avait des devoirs, de nombreuses choses à faire. Elle descendit du bâtiment et courut à en perdre haleine jusqu'à son chez elle. Elle aimait courir, elle se sentait puissante, euphorique. Elle sauta d'un vieil entrepôt et atterrit les deux pieds sur la fenêtre de l'usine désaffectée. La goule souleva ensuite une trappe cachée, et se laissa tomber dans le gouffre noir qui s'était ouvert devant elle sans prendre la peine d'utiliser l'échelle rouillée. Une fois sur le sol elle s'avança dans la grande salle qui lui faisait office de maison. Sa maison. Plusieurs personnes vinrent la saluer respectueusement et avec empressement, heureux de son retour. Elle hocha la tête à chacun, rassurée qu'ils aillent tous bien. Elle chercha quelqu'un des yeux, et ne tarda pas à le trouver. Il se dirigeait vers elle à grand pas.

" Salut chef'taine comment ça va ? Pas de problèmes rencontrés en chemin ? demanda-t-il.

Un sourire naquit sur les lèvres de la goule.

- Quelques broutilles, mais rien qui ne suscite d'intérêt particulier.

Il eut un rire sourd.

- Je vois, tu t'en es occupée.

Elle retira sa capuche et son masque en soupirant exagérément. Ses longs cheveux corbeaux tombèrent dans son dos.

- Oui..., fit-elle d'un ton ennuyé. Quoi de neuf commandant ?

Il croisa les bras, les yeux rieurs.

- Pas grand-chose. Baniss s'est plaint de la chasse trop fréquente, et notre chère amie l'a remit à sa place.

Il s'enleva une poussière sous l'ongle. La goule au manteau noir arqua un sourcil et tapa du pied. Elle savait que ça n'était pas tout.

- Où est-elle d'ailleurs, ma stupide sous-chef ? fit-elle.

- Mmh... Elle doit être dans la salle de conseil.

- Je vais aller la remercier d'avoir contenu Baniss. Cet imbécile serait prêt à détruire quelques murs quand il est en colère.

- C'est sûr...

Elle frappa à nouveau du pied.

- Ce n'est pas elle que tu devrait remercier, mais plutôt la nouvelle recrue.

Elle leva le menton. Il avait attisé sa curiosité.

- Qui ?

Elle n'attendit pas sa réponse et commença à marcher dans la salle à la recherche d'un visage qui ne lui serait pas familier. Son commandant la retint par le bras et elle se tourna vers lui, surprise. Un air sérieux avait envahit ses yeux gris.

- Il faut que je te prévienne, son visage est un peu particulier.

- Comment ça ? demanda-t-elle en tournant la tête de tous les côtés.

- Eh bien...

C'est là qu'elle remarqua une tignasse châtain clair aux reflets roux, encore plus belle que celle du jeune agent qui s'était caché derrière la benne à ordure cette après-midi. A part les deux sœurs blondes, c'était rare de voir quelqu'un avec des cheveux clairs par ici. L'inconnue était de dos. Elle observa son corps mince et sa chevelure surprenante qui descendait jusqu'au milieu de son buste. Elle ne devait pas être très âgée, sans doute dix-sept ou dix-huit ans. La jeune fille se tourna alors vers elle. Elle plongea ses yeux dans les siens. Ses iris étaient d'un beau vert foncé. Mais ce qui étonna le plus la noiraude fut la manière dont elle la regarda. L'inconnue la fixa d'abord d'un air étonné, puis son regard devint aussi gelé et tranchant que de la glace. La goule n'avait pu s'empêcher de faire un pas en arrière. Pas seulement à cause de la froideur qui se dégageait de la jeune fille, mais aussi - et principalement - à cause de son visage. Ces cheveux châtains aux reflets roux, ces yeux verts assez sombres, ces lèvres d'un rose prononcé. Elle déglutit.

- C'est pas possible...

Son commandant vint se placer devant elle, obstruant son champ de vision.

- Je te l'avais bien dit.

La noiraude recula encore d'un pas. Son ami enserra ses épaules dans ses mains.

- Mais on sait tout les deux que ça ne peut pas être elle. En quatre ans on a le temps de changer, et puis... c'est une goule.

- Oui, tu as raison, admit-elle.

Où du moins elle se força à admettre. Elle jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule de son ami, mais la jolie jeune fille au regard froid n'était plus là.

- Tori... murmura-t-elle.

Le commandant l'entendit et soupira.

- Allons, arrête de penser à ça. Tori n'existe plus.

Elle frémit en l'entendant prononcer ce prénom. Elle n'aimait pas paraître faible. Elle détestait ça. Le seul sujet qui pouvait autant la toucher et la faire se recroqueviller autant qu'une petite souris c'était bien celui-ci. Elle entendit sa sous-chef l'appeler.

- Gin ! Tu es déjà là ? Comment ça s'est passé ?

La noiraude ne la regarda pas et chercha à nouveau la jeune fille aux cheveux châtains. Elle l'aperçut pas très loin d'elle, de dos encore une fois.

- Bien bien ", marmonna-t-elle pour sa sous-chef avant de se diriger d'un pas décidé vers l'inconnue qui ressemblait étrangement à Tori.

Elle devait se renseigner sur la recrue, pour être certaine qu'il ne s'agissait pas de son amie perdue. Elle devait en avoir le cœur net.

Voici la fin de ce septième chapitre ! Alors, quand avez-vous pensé ? :D Donnez-moi votre avis ça me ferait troooop plaisir ! A bientôt pour la suite ! Reviews s'il vous plaît... !! J'y tiens ! Ça me permettrait de me motiver encore plus !

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