Mon Sorceleur : au-delà du jeu
Chapitre 15 : L'Assaut de la Chasse et le Retour Forcé
1414 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 27 jours
La deuxième nuit à Kaer Morhen fut aussi douce que la première, un cocon de chaleur et de complicité avec Geralt.
Nous avons passé la matinée à nous attarder au lit, à parler à voix basse, à partager des baisers qui disaient tout sans un mot.
La forteresse, autrefois un simple décor de jeu vidéo, était devenue mon refuge, et lui, mon ancre.
Mais le monde des Sorceleurs ne connaît pas de répit.
À peine avions-nous fini le petit-déjeuner – un ragoût toujours aussi copieux et un peu plus de piques de Lambert sur notre "repos bien mérité" – que l'atmosphère de la forteresse a changé.
Le ciel, auparavant clair, s'est teinté d'un gris menaçant.
Un vent glacial a commencé à souffler, portant avec lui une tension palpable.
Vesemir, qui consultait de vieilles cartes dans la salle principale, a soudainement levé la tête.
Son nez s'est contracté, ses yeux perçant la brume naissante à travers les fenêtres.
"Ça sent la mort," a-t-il grogné, sa voix plus grave que d'habitude.
Geralt, qui finissait de nettoyer son épée, a immédiatement réagi. Son corps s'est tendu, ses sens en alerte. "Qu'est-ce que c'est ?"
"Pas un monstre habituel," a répondu Vesemir, ses sourcils froncés. "Quelque chose de plus ancien. Plus... malveillant."
À peine a-t-il prononcé ces mots qu'un hurlement a déchirés l'air.
Ce n'était pas le cri d'un hurleur ou d'un griffon, mais un son sinistre, profond, qui a fait vibrer les pierres de la forteresse. Un cri de pure terreur.
"Merde," a lâché Lambert, rangeant son épée. "Ça vient de l'extérieur. Près de la porte !"
Avant même que Geralt ou Eskel ne puissent bouger, les lourdes portes de Kaer Morhen ont tremblé sous un impact colossal.
Un grondement sourd a fait vibrer le sol, suivi par un craquement terrifiant de bois et de fer.
L'atmosphère s'est emplie d'une odeur de givre et de sang.
"À vos postes !", a hurlé Vesemir, saisissant son épée. "Quelque chose veut entrer !"
Geralt a saisi son épée d'argent, son visage redevenant le masque froid du combat, mais je pouvais sentir la détermination féroce dans ses yeux.
"Reste en sécurité, Luna," a-t-il ordonné, sa voix rauque, mais pleine d'autorité.
Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'il était déjà en mouvement, courant vers la porte principale, suivi par Eskel et Lambert.
J'ai eu l'impression d'être aspirée dans une autre dimension du jeu, où les cinématiques se transformaient en chaos réel.
Ok, l'entraînement de Vesemir était bien, mais personne ne m'avait préparée à une attaque de forteresse avant mon café du matin.
J'ai couru derrière eux, m'abritant derrière un pilier, ma curiosité plus forte que ma peur.
À travers les interstices de la porte fissurée, j'ai aperçu des formes sombres se découpant sur le ciel gris. Ils étaient là. La Chasse Sauvage.
Des cavaliers squelettiques, leurs armures noires luisantes de givre, montés sur des destriers fantomatiques.
Et au centre, une silhouette imposante, casquée, dégageant une aura de puissance glaciale. Eredin. Mon sang s'est glacé dans mes veines.
C'était bien pire qu'un griffon.
C'était la fin du monde !
Les lourdes portes de Kaer Morhen ont finalement cédé avec un fracas assourdissant.
La Chasse Sauvage s'est engouffrée, ses cavaliers gelés chargeant avec une vitesse terrifiante.
Les Sorceleurs se sont jetés dans la mêlée, leurs épées éclairant le chaos.
Le son du métal, les grognements des destriers fantomatiques et les hurlements glaçants des cavaliers remplissaient l'air.
C'était une bataille désespérée.
Geralt était au cœur de l'action, sa lame d'argent dansant contre les armures glacées des cavaliers, ses Signes explosant en éclairs de lumière.
Je l'ai vu affronter un des lieutenants d'Eredin, un combat brutal et sans merci. La forteresse tremblait sous les impacts.
Mon regard est resté fixé sur Eredin. Il n'a pas bougé de son cheval, observant le carnage avec une froide indifférence. Puis, ses yeux casqués se sont posés sur moi.
J'ai senti un frisson glacial me parcourir, une reconnaissance insoutenable.
Un des mages de la Chasse, vêtu d'une robe sombre, a alors levé ses mains. L'air autour de lui s'est mis à crépiter d'une énergie sombre et violette.
Une sensation étrange, comme si mon corps était étiré et comprimé à la fois, m'a envahie. La lumière s'est distordue, les sons se sont assourdis.
J'ai vu le mage lancer une incantation complexe, ses yeux brillants d'une intensité malsaine. Non, non, pas maintenant ! Je venais de trouver un semblant de normalité avec Geralt, pas question de partir !
Geralt a hurlé mon nom, son regard se tournant vers moi, la panique dans ses yeux dorés. Il a tenté de se précipiter, mais Eredin a bloqué son chemin, sa lame s'écrasant contre la sienne dans un fracas métallique.
La dernière chose que j'ai vue était le visage tordu de frustration de Geralt, et la lueur maléfique dans les yeux du mage.
Puis, une douleur fulgurante à la tête, un vertige insupportable et l'obscurité.
Le réveil fut brutal. Mon corps, lourd et douloureux comme après un marathon, luttait pour se mouvoir.
L'odeur familière du détergent et du café me parvint, se superposant aux souvenirs persistants de terre, de pierre froide et du parfum musqué de Geralt.
Je me redressai difficilement, les yeux mi-clos, la tête martelant. Je n'étais plus sur une paillasse de fortune à Kaer Morhen, mais bel et bien dans mon propre lit, au cœur de ma chambre.
Une faible lueur artificielle filtrait sous ma porte, tandis que l'obscurité de la nuit persistait derrière mes volets.
Mon téléphone vibrait sur ma table de chevet, affichant plusieurs appels manqués et notifications de discord. Ma main tremblante attrapa l'appareil. L'écran indiquait : Mercredi 28, 2:00 du matin.
« QUOI ?! »
J'avais quitté mon monde hier soir, le 27, aux alentours de 23h. Et je revenais le 28, à 2:00. Cela signifiait que dans ma propre réalité, seulement trois petites heures s'étaient écoulées.
Trois heures ! Alors que j'avais la sensation d'avoir vécu des semaines, peut-être un mois entier, plongée dans le monde de The Witcher.
J'avais affronté des monstres terrifiants, survécu dans une nature hostile, et... et partagé des nuits passionnées avec Geralt de Riv. Tout cela, compressé en à peine trois heures terrestres.
J'ai senti la chaleur de ses baisers, la pression de ses mains, le son de sa voix rauque. C'était si réel. Plus réel que mon propre appartement en ce moment.
J'ai touché mes lèvres, mes joues, ma peau. Aucune marque, pas de blessure. Juste l'écho d'une vie que j'avais menée, et qui venait de s'évanouir comme un rêve.
Une panique glaciale s'est emparée de moi. Geralt ? Où était Geralt ? J'ai appelé son nom, ma voix un filet d'air.
Je me suis levée d'un bond, titubante, le cœur serré, et j'ai fouillé la chambre du regard, comme si les pierres de Kaer Morhen pouvaient soudainement se matérialiser dans ma pièce.
Mes yeux ont balayé chaque recoin, cherchant désespérément une preuve, un signe de son existence.
Je me suis précipitée vers la fenêtre. Dehors, les lampadaires projetaient des halos sur les rues désertes.
Quelques phares de voitures passaient, et le silence de la nuit n'était brisé que par un lointain bourdonnement, la vie urbaine continuant son rythme sourd même à cette heure tardive de 2h du matin.
Puis, mon regard s'est posé sur l'écran de mon PC. Mon jeu. The Witcher 3. Il tournait, exactement là où je l'avais laissé la veille, Geralt figé sur l'écran, épée à la main.
Le contraste entre le souvenir brûlant de sa présence et cette image statique était une torture.
C'était une bataille perdue.
Un baiser interrompu.
Un amour arraché.
Je me suis laissé tomber sur le sol, les larmes coulant sur mes joues.
C'était un cauchemar, mais un cauchemar qui avait commencé comme le plus beau des rêves.
Et Eredin connaissait mon nom. La Chasse Sauvage.
Le mage.
Ce n'était pas fini. Je le savais. Et la question brûlante a jailli dans mon esprit : allais-je pouvoir revenir ?