Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 12 : Le Vent Froid et le Partage Silencieux

2284 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 25 jours

Geralt termina le dépouillement de l'Arachas avec une efficacité macabre. Les entrailles furent laissées aux charognards de la forêt, mais les précieux composants — la carapace, les glandes à venin, quelques soies solides — furent méticuleusement rangés dans sa sacoche.

L'odeur tenace de la bête morte s'accrochait à l'air, et je sentais que mes vêtements ne retrouveraient jamais leur parfum d'origine.


"Bien," dit-il, se relevant avec un petit grognement dû à sa blessure. "On bouge. Pas bon de rester ici."


Je hochai la tête, contente de quitter ce charnier. Le soleil commençait déjà sa descente, et le froid de la forêt s'intensifiait, piquant ma peau. J'avais les bras croisés sur ma poitrine, tentant de retenir le peu de chaleur que j'avais.

Geralt me regarda, puis ses yeux balayèrent la forêt.


"On trouve une meilleure cachette pour la nuit," ajouta-t-il, un soupçon d'impatience dans la voix. Il semblait plus pressé que d'habitude. Était-ce à cause de sa blessure ? Ou de ma présence ?


Nous marchâmes encore une bonne heure, le silence entre nous étant brisé par le frottement des feuilles et mes propres pas hésitants. Geralt, malgré sa blessure, avançait à une vitesse régulière, et je peinais à le suivre.

La fatigue me submergeait, mais je n'osais pas me plaindre. Sa présence, si proche, était un mélange de réconfort et de tension constante.

Finalement, il s'arrêta au pied d'un immense chêne centenaire, son tronc creux offrant un abri rudimentaire. L'endroit était un peu moins exposé au vent que la clairière précédente.


"Ici," dit-il.


Il se mit à préparer un feu, ses mouvements un peu plus lents à cause de son flanc blessé. Je m'assis lourdement sur une racine, sentant l'engourdissement s'installer dans mes membres. Le froid était mordant.


Geralt alluma le feu d'un geste précis, et la chaleur commença à se diffuser, offrant un répit bienvenu. Il jeta un œil à sa blessure, puis à moi. Mon souffle se condensa en petites volutes dans l'air froid.


"Tu as froid," constata-t-il, sa voix neutre, mais avec une pointe d'observation.


"Un peu," murmurai-je, mes dents claquant légèrement. J'avais beau vouloir être forte, je n'étais pas une Sorceleuse.


Il soupira, un son à peine audible. Il sortit les peaux de bête de sa sacoche. Il en déplia une, l'étala près du feu, puis me désigna l'autre. Il la tendit, une grande peau épaisse, pour que je puisse m'en envelopper. C'était un geste pratique, pas romantique. Mais je le pris avec gratitude.

Je m'enroulai dans la peau, sentant une bouffée de chaleur immédiate. C'était mieux, mais le froid persistait à travers le reste de mon corps. Geralt s'assit de nouveau près du feu, dos au tronc, son regard perdu dans les flammes. Il avait l'air fatigué.


"Viens," dit-il soudain, sa voix basse. Il ne me regarda pas.


Je clignai des yeux. "Où ?"


"Ici." Il tapota le sol à côté de lui, contre le tronc de l'arbre. L'endroit était plus abrité, plus près du feu, et… plus proche de lui.


Mon cœur fit un bond. La proposition était implicite : partager sa chaleur, sa protection, la même bulle de confort. C'était purement pragmatique, évidemment. Une question de survie dans le froid. Mais mon mental de fan-girl était en pleine ébullition.


Je me rapprochai, ma peau de bête traînant derrière moi. Je m'installai à côté de lui, nos épaules se frôlant. La chaleur de son corps, même à travers les couches de vêtements, était palpable. C'était immédiat, enivrant. L'odeur du feu, de la terre et de lui s'intensifia. Je pouvais sentir son souffle régulier.


Un silence s'installa entre nous. Un silence différent de celui de la veille. Moins pesant, presque... réconfortant. Je pouvais sentir la chaleur de son bras contre le mien, la dureté de son muscle, la solidité de son corps.

Le froid de la nuit continuait à souffler, mais à côté de lui, je me sentais en sécurité, et incroyablement, chaleureusement frustrée.


Il ne dit rien. Il ne me regarda pas. Mais il ne recula pas non plus. Il était là, un mur de chaleur, de force et de… retenue. La frustration était toujours là, cette envie folle de briser cette barrière, de savoir ce qu'il pensait vraiment, de le toucher.

Mais une part de moi, la plus sensée, reconnaissait la signification de ce rapprochement silencieux. Il acceptait ma présence. Il me laissait sa chaleur. C'était Geralt. Et pour un Sorceleur, c'était presque une invitation à danser.

Je fermai les yeux, un sourire imperceptible sur mes lèvres. La nuit promettait d'être longue. Et pleine d'espoir.


Le froid de la nuit s'intensifiait, malgré le feu qui crépitait et la peau de bête qui m'enveloppait. Je pouvais sentir l'humidité s'infiltrer à travers mes vêtements, et des frissons parcoururent mon corps.

À côté de moi, Geralt était une source de chaleur réconfortante, mais la distance minimale entre nous ne suffisait plus. Mes dents claquaient légèrement, et je me recroquevillai davantage sur moi-même, essayant de retenir le peu de chaleur restante.

Geralt, dont les sens étaient toujours en alerte, perçut mes tremblements. Il se tourna légèrement vers moi, ses yeux dorés me balayant dans la pénombre. Il n'y avait pas de jugement, juste l'observation clinique d'un Sorceleur face à un problème.

Et le problème, en l'occurrence, c'était ma température corporelle.


Il soupira, un son profond et discret. Puis, avec une lenteur calculée, il ouvrit son bras. Un geste simple, direct, sans fioritures. Il ne disait rien, mais l'invitation était claire. Son bras, musclé et puissant, était offert comme un refuge. Mon cœur fit un bond si violent qu'il menaça de s'échapper de ma poitrine.

C'était trop. C'était tout.

J'hésitai une fraction de seconde, le mental de fan-girl en pleine explosion. Le Loup Blanc ouvrait ses bras. Pour moi. C'était le Graal des interactions avec Geralt, au-delà de mes fantasmes les plus audacieux. Je me sentais rougir jusqu'à la racine des cheveux, même si l'obscurité me cachait (heureusement).


Je me rapprochai, glissant maladroitement sur les peaux de bête. Il n'y eut pas de mots. Juste le contact. Il m'attira contre lui, son bras se refermant autour de mes épaules avec une fermeté inattendue.

Je me retrouvai blottie contre son flanc, ma tête reposant sur son épaule, mon oreille pressée contre son torse. Son corps était un mur de chaleur, solide et réconfortant. L'odeur de cuir, de sang de monstre séché et de cette fragrance indomptable qui lui était propre m'envahit plus intense que jamais.


Je pouvais sentir le rythme lent et puissant de son cœur battre sous mon oreille. Ses muscles étaient tendus, mais pas rigides. Il me tenait fermement, sa main venant se poser sur le haut de mon bras, me serrant légèrement. Il ne cherchait pas une quelconque intimité romantique, je le savais.

C'était purement pragmatique : me tenir chaud. Un geste instinctif de protection, dicté par le bon sens d'un Witcher.

Pourtant, pour moi, c'était tout le contraire. Chaque fibre de mon être était en ébullition. La frustration atteignait un nouveau sommet, mais c'était une frustration douce, presque délicieuse. Être si proche de lui, sentir sa force, sa chaleur... C'était à la fois la réalisation d'un fantasme et la preuve de son indifférence émotionnelle. Il me tenait comme il tiendrait un objet précieux qu'il doit protéger du froid, rien de plus.

Je fermai les yeux, respirant son odeur. Je pouvais sentir son souffle chaud sur le dessus de ma tête. La sécurité qu'il dégageait était absolue. Le froid de la forêt s'estompait, remplacé par la bulle de chaleur de son corps. Je sentais mes muscles se détendre, la fatigue de la journée me submergeant enfin dans cette étreinte inattendue.

Je m'endormis, bercée par les battements de son cœur et le crépitement lointain du feu.

Blottie contre Geralt de Riv, le Sorceleur impassible, dans une forêt sombre et dangereuse.

La ligne entre le fantasme et la réalité s'était brouillée au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer.

Et la frustration, malgré la chaleur et la sécurité, était plus puissante que jamais.


Le soleil se levait à peine, tissant des fils de lumière grise à travers la canopée, que je me réveillai. La première chose que je perçus fut une chaleur douillette, un poids rassurant, et l'odeur incomparable de Geralt.

Mon cerveau, cette fois, ne fit pas d'erreur 404. La réalité me frappa avec la force d'une attaque chargée d'Igni : j'étais littéralement blottie contre le Sorceleur, ma joue sur son épaule, et un de ses bras… oui, un de ses bras musclés était toujours refermé autour de moi.

C'était comme être dans une publicité pour une couverture chauffante, mais avec un bonus d'abdos.


Mon mental de fan ne frôlait plus la crise cardiaque, il était en crise cardiaque, se débattant avec des petits Défenseurs des Fantasmes Internes qui hurlaient "CECI N'EST PAS UN EXERCICE ! RÉPÉTEZ : PAS UN EXERCICE !". Je restai immobile, retenant mon souffle, essayant de me fondre dans le paysage, ou mieux, dans Geralt lui-même. Sa respiration était lente et régulière. Dormait-il vraiment ? Ou était-ce une nouvelle ruse de Witcher pour voir si j'allais tenter de lui voler un baiser de princesse ? (Non, Luna, calme-toi, ce n'est pas le moment.)


Je sentis un muscle se contracter sous ma joue, puis une légère vibration dans son torse. Il n'était pas endormi. Il était juste... conscient de ma présence. Et il ne bougeait pas. Il me laissait faire ma séance de "câlin involontaire". Mon visage s'embrasa d'un rouge écarlate. La chaleur de son corps était si agréable, si enveloppante, que mon corps refusait de s'éloigner, malgré la honte qui me submergeait.


Puis, une voix grave et parfaitement calme, résonna juste au-dessus de ma tête. "Tu as retrouvé ta température normale ?"


Je sursautai, mais cette fois sans heurter sa nuque. "Euh... oui. Merci. Beaucoup." Ma voix était un filet. Je me dégageai, avec la grâce d'un hippopotame sur un toboggan, pour me retrouver assise en tailleur face à lui.


Geralt se redressa à son tour. Il était déjà parfaitement éveillé, ses yeux dorés perçants me fixant avec la même impassibilité que d'habitude. Comme si la nuit ne s'était résumée qu'à une simple régulation thermique.


"Bien," dit-il, avec un hochement de tête. Pas un sourire, pas un regard appuyé. Juste un "bien". C'était la version Witcher de "Je t'ai tenue toute la nuit et ça n'a rien changé à ma vie".


Ma frustration était un dragon en cage qui crachait du feu à l'intérieur de moi. Comment pouvait-il être si indifférent après ça ?! "Je... je suis désolée," balbutiai-je. "Pour... pour m'être blottie..."


Il me coupa d'un grognement. "Tu avais froid." Il regarda sa main, puis la mienne, l'espace d'une microseconde. Un truc presque imperceptible. "Tu as dormi."


"Oui, j'ai dormi. Comme un loir... grâce à votre chaleur." Je sentis mes joues chauffer de plus belle. Je devais ressembler à une betterave.


Il soupira, puis se leva pour étirer ses muscles. Le mouvement tendit son torse, révélant la blessure de l'Arachas, maintenant proprement pansée. Je sentis une étincelle de fierté d'avoir été "utile". Mais la vue de son corps, même au petit matin, était une torture exquise.


"On doit bouger," dit-il, sa voix redevenue son ton de Sorceleur en mission. "L'Arachas n'était pas la seule chose à chasser dans cette zone. J'ai senti autre chose. Plus gros. Plus vieux. Dans les hauteurs."


Mon cerveau, qui venait de passer du mode "romance" au mode "danger de mort", tenta de faire la transition. "Plus gros ? Mais qu'est-ce qu'il y a de plus gros qu'un Arachas qui rôde dans les arbres ?"


Geralt me regarda, un soupçon de défi dans ses yeux. "Tu vas le savoir. Tes 'connaissances' seront utiles." Il sortit son épée d'argent. "Un Griffon."


Mon sang se glaça. "Un... un vrai Griffon ? Avec des serres géantes et un bec crochu ? Celui qui peut vous arracher du sol en plein vol ?" Le dragon de ma frustration intérieure venait de prendre un sérieux concurrent à l'extérieur.


"Peut-être," répondit-il, son visage aussi fermé qu'un coffre-fort. "On va vérifier. En attendant, on a un chemin à faire." Il ramassa ses affaires, puis se tourna vers moi, l'air sérieux. "Et essaie de ne pas me blottir contre moi si on tombe sur lui. Il n'appréciera pas autant que moi."

Il y avait un petit sourire en coin, à peine visible, un éclair d'amusement dans ses yeux dorés, avant qu'il ne se retourne et s'enfonce dans la forêt.


Je restai là, bouche bée, le cœur battant à tout rompre. Il avait fait une blague. Sur le fait que je m'étais blottie contre lui. Et il avait dit "autant que moi". Ce n'était pas un "non". C'était une nuance.

Une nuance qui me fit oublier le Griffon potentiel. La romance et la frustration venaient de faire un pas de géant, même si le danger, lui, planait plus que jamais.

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