Mon Sorceleur : au-delà du jeu
Chapitre 10 : Tentations Silencieuses et Rapprochement Inattendu
2025 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 26 jours
La nuit tomba rapidement, enveloppant la clairière d'une obscurité presque palpable, seulement déchirée par le feu crépitant. Les flammes dansaient, jetant des ombres mouvantes sur les troncs tordus et le visage de Geralt. Il était là, assis en face de moi, aussi silencieux et impassible qu'un menhir.
Le genre de type qui pouvait gagner une partie de poker juste avec le regard. Ce qui, dans mon cas, était une victoire facile, vu que mes pensées étaient des néons clignotants : "Est-ce qu'il me regarde ? Il a faim ? Il a froid ? Est-ce que ce petit soupir était pour moi ?!"
J'avais fini ma viande séchée. Ça avait le goût de carton assaisonné à la poussière de l'apocalypse, mais ça avait le mérite de remplir un coin de mon estomac. Le silence s'étira, pesant.
Je tentais de trouver un sujet de conversation qui ne le ferait pas grogner, ou pire, lever un sourcil façon "je n'ai pas le temps pour tes bêtises humaines".
"La Arachas... c'est une créature ancienne, non ?" J'essayai de paraître intéressée et intellectuelle.
Il hocha la tête, ses yeux dorés fixés sur le feu. "Oui. Une énorme créature solitaire qui attend patiemment que leur proie approche puis elles la tuent d'un coup rapide et puissant."
"Elles tuent ceux qui les dérangent sur leur territoire"
Super. Ma nuit allait être passionnante. "Et comment on s'en débarrasse ? Une potion ?"
"Ça reste un insectoïde, donc une huile contre les insectes et une bonne épée." Sa réponse était aussi précise qu'une flèche bien ajustée, et aussi peu bavarde. Il s'agissait clairement de la fin de la discussion sur le sujet.
La conversation retomba dans un silence qui, pour moi, était un champ de bataille émotionnel. Chaque craquement de branche lointain me faisait sursauter, mais c'était la proximité de Geralt qui me tenait vraiment en alerte. Son odeur, toujours présente, était devenue une torture olfactive.
Ce mélange de froid de la nuit, de sueur de combat et de son propre parfum distinctif... C'était une invitation olfactive à laquelle mon cerveau et mon corps, répondaient avec un enthousiasme embarrassant.
Je le regardai. Il était assis, le dos droit, l'air aussi à l'aise dans cette forêt hostile que je l'étais dans mon canapé. Ses bras musclés étaient posés sur ses genoux, et je pouvais distinguer le relief de ses biceps même sous son cuir. Il était magnifique, agaçant, et complètement imperméable à mes ondes de désir intense.
"Vous n'avez pas froid ?", osai-je. C'était une question banale, mais elle avait le mérite de briser le silence.
Il me regarda, puis se pencha pour jeter une bûche dans le feu. Les flammes montèrent en flèche.
"Non."
"Ah. Parce que moi, un peu." Je frissonnai ostensiblement, espérant que la chaleur du feu et la sienne seraient contagieuses.
Il jeta un autre regard à ma tentative de manipulation à peine voilée. "Viens près du feu."
Je me rapprochai, avec l'enthousiasme d'un chat affamé, vers une gamelle. L'écart entre nous se réduisit. Je pouvais presque sentir la chaleur de son corps, même à travers ses vêtements. Le contact visuel était plus difficile à soutenir.
Ses yeux dorés semblaient lire à travers moi, percevoir chaque pensée "indécente" qui traversait mon esprit.
Il se leva alors, sa silhouette massive se détachant sur le feu. Il sortit quelque chose de sa sacoche. Une autre peau de bête, plus grande et plus épaisse que celles sur lesquelles j'avais dormi. Il la déplia et la posa à côté de moi, créant un espace un peu plus grand, un peu plus confortable.
Un seul grand "lit" de fortune. Mon cœur rata un battement. Ce n'était pas un mouvement romantique. C'était juste pratique. Mais mes hormones, elles, s'en fichaient de la praticité.
"Dors," dit-il, sa voix grave, sans une once de chaleur. Il s'allongea à son tour, tournant le dos au feu et à moi.
Mon Dieu. Il m'avait invitée à partager son espace. La promiscuité était réelle. Je me glissai sous la peau de bête, sentant son odeur encore plus fortement maintenant qu'il était si proche. Ses épaules larges formaient une barrière rassurante, mais aussi incroyablement frustrante.
Je pouvais sentir la chaleur de son dos contre le mien à travers les couches de tissu et de peaux. Chaque respiration était un défi, chaque mouvement, une tentation.
Je fermai les yeux, mon esprit s'emballant. Il était là, juste à côté. Indifférent, peut-être, ou du moins, d'une discipline de fer. Mais il était là. Et le fait qu'il n'ait pas fui, qu'il ait accepté cette proximité, même silencieusement, était une petite victoire.
Une victoire douce-amère, parce que la frustration était une bête qui me rongeait de l'intérieur.
J'étais allongée à côté de Geralt de Riv, le Sorceleur. Sous les étoiles. Et il dormait. Ou faisait semblant. Je pouvais presque entendre son "Hmm" même dans le silence absolu de la nuit.
Le fantasme était à portée de main, et pourtant si inaccessible. Demain, il y aurait la Arachas. Mais cette nuit, la vraie bataille était celle que je menais contre mes propres désirs, à quelques centimètres de l'homme le plus taciturne et le plus désirable du continent. Et je n'étais pas sûre de gagner.
Le froid de la nuit s'intensifiait, et malgré les peaux de bête, l'humidité de la forêt s'infiltrait. Quelques heures plus tard, je frissonnai dans mon sommeil, cherchant inconsciemment plus de chaleur. Mon corps, habitué au confort d'une autre époque, protestait bruyamment contre les températures glaciales du monde de Geralt. J
e me recroquevillai un peu plus sur moi-même, ma respiration devenant saccadée sous l'effet du froid.
Un mouvement subtil. Presque imperceptible. Geralt, qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'il s'était allongé, réagit. Ses yeux, habituellement fermés, s'ouvrirent à peine, ses pupilles dorées s'adaptant à l'obscurité. Il entendit mes petits tremblements, sentit la rigidité de mon corps.
Un sorceleur ne négligeait jamais les signes de faiblesse, surtout pas ceux de quelqu'un sous sa (réticente) protection.
Sans un mot, sans un bruit, il se rapprocha. Le mouvement fut lent, délibéré, mais silencieux. Il se tourna légèrement sur le côté, réduisant l'espace entre nous. Sa chaleur corporelle, dense et constante, commença à irradier.
Puis, une de ses mains, grande et calleuse, glissa discrètement sous la peau de bête commune et se posa sur mon bras. Un contact infime, juste assez pour transférer un peu de sa chaleur, pour me donner une ancre thermique. Il ne me serra pas, ne me tira pas plus près. Il fut juste là. Un mur chaud et solide.
Mon corps réagit instinctivement. Les frissons cessèrent, mes muscles se détendirent, et ma respiration retrouva un rythme plus régulier et profond. Je me blottis inconsciemment un peu plus contre cette source de chaleur inattendue, ma tête se rapprochant imperceptiblement de son dos.
Geralt resta immobile, sa main toujours sur mon bras, ses yeux à nouveau clos. Il ne bougea plus, ne fit plus aucun signe. Seulement la chaleur persistante, une bulle de confort au milieu de la nuit froide et hostile. Une chaleur qu'il offrait sans intention, sans invitation, purement par nécessité.
Et ma part, à moi, inconsciente, se contentait de prendre, de s'y blottir, sans même savoir qu'elle avait gagné une petite victoire silencieuse.
La lumière du matin filtrait timidement à travers la canopée dense, jetant des filets d'or pâle sur le campement. Le feu, réduit à quelques braises rougeoyantes, exhalait une fine fumée. Je me réveillai doucement, bercée par une chaleur douce et constante.
Une chaleur qui n'avait rien à voir avec les peaux de bête, ni avec le feu lointain. C'était une chaleur vivante, musclée, qui irradiait à travers mes vêtements et les étoffes.
Mon cerveau, encore embrumé par le sommeil, mit quelques secondes à processer l'information. Puis, la conscience me frappa comme une potion de tonnerre mal préparée. Je n'étais pas juste près de Geralt. Je me sentais... calée. Mon nez était enfoui dans ce qui ne pouvait être que son dos, ma main (quand s'était-elle glissée là ?!) était posée sur sa hanche, et mes jambes étaient entremêlées aux siennes sous la même peau de bête. J'étais une sorte de koala humain, collée au Sorceleur le plus célèbre du continent.
Mon mental de fan frôla la crise cardiaque. Ou, plus exactement, la rupture d'anévrisme due à une surcharge d'informations érotiques. J'avais passé la nuit blottie contre Geralt de Riv. Non pas par hasard, mais par choix inconscient de ma part, et par tolérance silencieuse de la sienne. La chaleur que j'avais sentie pendant la nuit, ce n'était pas juste une supposition. C'était sa chaleur.
Je levai les yeux, un peu tétanisée, et rencontrai l'arrière de sa nuque. Ses cheveux blancs, un peu emmêlés, sentaient le froid de la nuit et l'odeur caractéristique de sorceleur. Il n'avait pas bougé. Il était immobile, sa respiration régulière. Dormait-il encore ? Ou était-il déjà éveillé, attendant que je réalise mon degré de "proximité involontaire" ?
Je me figeai, retenant mon souffle. Comment j'allais me dégager de cette situation sans le réveiller et mourir de honte ? Lentement, avec la minutie d'un artificier désamorçant une bombe, je commençai à retirer ma main de sa hanche. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, tambour battant.
La peau sous mes doigts était chaude et ferme. Chaque millimètre que je reculais était une éternité.
Puis, une voix grave et rauque, à peine plus qu'un murmure, brisa le silence du matin.
"Bien dormi ?"
Je sursautai si violemment que ma tête heurta légèrement son dos. "Aïe !"
Geralt se tourna lentement. Ses yeux dorés s'ouvrirent, me fixant avec cette intensité qui me donnait l'impression d'être une souris face à un chat très patient. Il n'y avait aucune surprise dans son regard, aucune gêne.
Juste une sorte d'observation tranquille, presque amusée.
Mon visage s'enflamma. "Euh... oui. Très bien. La chaleur était... euh... agréable." Je sentais le rouge monter jusqu'à la racine de mes cheveux. Mon Dieu. Quelle débilité !
Il ne dit rien. Il me regarda simplement, et un muscle tressaillit à peine au coin de sa bouche. Un micro-sourire ? C'était si subtil que j'aurais pu le rater si je n'avais pas été entièrement focalisée sur la moindre de ses expressions.
Puis, il se redressa, rompant le contact physique. L'absence de sa chaleur me laissa une sensation de vide et de froid. Il se mit à genoux, rassemblant les peaux de bête avec une désinvolture qui me fit grincer des dents.
"On ne peut pas rester là. La arachas nous aura sentis." Sa voix était redevenue son ton habituel, neutre et professionnel. Comme si la nuit, la proximité, et ma quasi-crise cardiaque n'avaient jamais eu lieu.
Je le regardai, les mots coinces dans ma gorge. L'indifférence de Geralt était un chef-d'œuvre. Ou un bouclier impénétrable. Il m'avait laissé me blottir contre lui par instinct, par commodité thermique, sans la moindre intention romantique. Et il ne s'en souciait pas le moins du monde.
"Compris," murmurai-je, le goût de la frustration amer sur ma langue. Le fantasme était merveilleux. La réalité était un réveil brutal où mon héros me voyait comme une source de chaleur temporaire et mobile. La chasse ne faisait que commencer. Et le gibier, c'était peut-être moi qui courais après une chimère.