Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 9 : La Promiscuité et le Plan de Nuit

1075 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Le lendemain matin arriva avec la même discrétion que les sentiments de Geralt : à peine perceptible. Je me levai avant l'aube, le corps un peu moins endolori et l'esprit affûté par l'idée de cette "chasse en binôme".

Je mis mes vêtements froissés de la veille, sentant encore l'odeur persistante de ma nuit passée à flirter avec le danger (et la poussière).

En sortant de la pièce, je me sentis un peu comme une stagiaire prête pour sa première mission critique, à la différence près que ma "mission" incluait un Sorceleur stoïque et potentiellement une mort horrible par monstre.


La grande salle était déjà animée par le crépitement du feu. Geralt était là, finissant une potion avec l'air d'un homme qui boirait de l'eau de Javel si ça pouvait lui donner des points d'expérience.

Vesemir lui donnait les dernières instructions, sa voix grave et pleine d'une autorité naturelle que seul un grand-père Witcher pouvait posséder.


"Tu as bien compris l'approche pour l'Arachas, Geralt ?", demanda Vesemir.


"Hmm."


"Et tu ne feras pas exploser la forêt en essayant de te débarrasser d'elle ?"


"Hmm."


"Et la 'princesse'... tu la ramèneras en un seul morceau ?"


Geralt tourna enfin ses yeux dorés vers moi, un mouvement lent qui me fit rater un battement. Son regard glissa de ma tête aux pieds, puis revint à mes yeux. Il semblait scanner mon niveau de "fragilité humaine non-mutante".


"Elle restera derrière," dit-il, sa voix grave, sans une once d'émotion. C'était sa version de "oui, je la gère, mais ne t'attends pas à ce que je la porte sur mon dos".


Je fronçai les sourcils. "Je suis tout à fait capable de marcher, vous savez. Et de ne pas me faire dévorer." Enfin, la plupart du temps. Les probabilités étaient de mon côté, non ?


Geralt ne répondit pas, se contentant de lever un sourcil imperceptiblement. Vesemir, lui, eut un petit gloussement qui ressemblait plus à un raclement de gorge satisfait.


"Bien. En route," ordonna Vesemir. "Bonne chasse. Et bon courage, ma fille." Son regard sur moi disait : tu vas en avoir besoin, avec celui-là.


Nous partîmes peu après. Le soleil n'avait pas encore eu le courage de se montrer pleinement, et le froid mordant de Kaer Morhen nous enveloppait. Le chemin était rocailleux, puis il s'enfonça rapidement dans une forêt dense et sombre, où la lumière du jour luttait pour atteindre le sol.


Geralt marchait devant, silencieux et efficace. Ses mouvements étaient fluides, presque félins, malgré le poids de son équipement et de ses épées. J'essayais de suivre son rythme, mais ses longues jambes et son expérience de terrain rendaient la tâche difficile.

Je trébuchais sur des racines, glissais sur des pierres mouillées, et ma respiration se faisait de plus en plus haletante.


"Moins de bruit," grogna Geralt, sans même se retourner.


"Désolée," soufflai-je, essayant de me concentrer sur mes pas. Je sentais mon manque de condition physique me crier dessus. Il allait croire que j'étais une chochotte. Ce qui était techniquement vrai, comparé à lui, mais je refusais de l'admettre.


Nous marchâmes des heures. Le silence de la forêt n'était rompu que par mes propres halètements et le craquement discret des pas de Geralt. Il ne parlait jamais.

Juste des "Hmm" ou des "Viens", ou des grognements quand je faisais trop de bruit. C'était une sorte de méditation forcée, entrecoupée de l'odeur du sang et de la terre que dégageait Geralt.

C'était un mélange enivrant, à la limite de l'agressif, mais qui me tirait un sourire involontaire. Mon cerveau était clairement un fan, même quand mon corps souffrait.


En fin d'après-midi, alors que le ciel commençait à prendre des teintes orangées, nous arrivâmes dans une clairière étrange. Des arbres tordus formaient un cercle, et l'air était plus lourd, presque oppressant. Geralt s'arrêta, son regard balayant les alentours, une main déjà posée sur la poignée de son épée.

"On campe ici," annonça-t-il, sa voix grave brisant le silence pesant.


Je fus soulagée. Mes pieds hurlaient, mes jambes tremblaient. Mais une autre pensée me traversa l'esprit. Camper. Ça voulait dire la nuit. Sous les étoiles. Seuls. La tension sexuelle, mise en veilleuse pendant la marche épuisante, commença à vibrer comme une corde de lyre mal accordée.


Geralt se mit à préparer le campement avec une efficacité désarmante. Il ramassa du bois mort, alluma un feu avec une facilité déconcertante, et prépara quelques peaux de bête pour un lit sommaire. Mon regard s'attarda sur ce "lit". Un seul.


Je déglutis. "Euh… le plan de couchage, c'est… ?"


Il me regarda, ses yeux dorés semblant se moquer de ma question évidente. "Tu crois que j'ai traîné un deuxième sac de couchage juste pour toi ?" Son ton était neutre, mais le sous-entendu était clair. Nous allions partager l'espace. Le même espace. Probablement les mêmes peaux de bête.


Mon cœur s'emballa. Oh, la vache. Ok, le plan de bataille venait de passer de "percer son armure émotionnelle" à "ne pas mourir d'une crise cardiaque due à la promiscuité". C'était à la fois la meilleure et la pire nouvelle que j'aie reçue depuis mon arrivée dans ce monde. La frustration prenait une nouvelle dimension, celle de la proximité forcée avec un bloc de marbre sculpté.


Il s'assit près du feu, sortit un morceau de viande séchée et commença à le manger. Il ne m'offrit rien. Évidemment. Le Sorceleur n'était pas un service traiteur.


"Tu as faim ?" demanda-t-il, me sortant de mes pensées.


"Un peu," murmurai-je, le ventre gargouillant en signe d'accord bruyant.


Il me tendit un morceau de viande séchée. Je le pris, nos doigts se frôlant une fraction de seconde. Une étincelle. Ou peut-être juste l'électricité statique due à la friction des peaux de bête.


Je commençai à manger, le regard fixé sur lui. Il était là, dans la lueur vacillante du feu, son visage impassible, mais ses yeux vifs. Cette nuit, la Arachas ne serait pas la seule entité à traquer. Et cette fois, je n'avais aucune intention de dormir sagement.

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