Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 7 : Le Réveil et le regard du Loup (et ma dignité à moitié morte)

1139 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

La lumière du matin filtrait timidement à travers les meurtrières de la pièce, une lueur grisâtre qui luttait pour percer l'obscurité persistante de Kaer Morhen.

On aurait dit que le soleil lui-même avait peur de déranger les Sorceleurs. Je clignai des yeux, étourdis. Mon corps protestait à chaque mouvement, mais la rudesse de la paillasse était étrangement réconfortante après la nuit d'épuisement.

L'odeur de terre, de pierre froide, et de quelque chose de plus musqué et sauvage, imprégnait l'air. Et non, ce n'était pas un ours qui avait campé là.


Mon cerveau, encore à moitié endormi, lutta pour comprendre. Cette odeur... elle était là, persistante, rassurante et excitante à la fois. Comme du café très fort, mais avec des hormones en plus.

Puis, la conscience me frappa comme une potion d'aveuglement mal dosée. J'étais dans la chambre de Geralt. Et il était…

Je me redressai brusquement, le cœur cognant à tout rompre. Il était là. Assis au sol, adossé au mur opposé, ses yeux dorés, perçants, fixés sur moi. Il m'observait. Sans même un début de clignement d'œil.

C'était un peu comme être un papillon épinglé sous le regard d'un scientifique très, très sexy. Il était déjà habillé, son armure de cuir souple déjà en place, ses épées à portée de main.

Son visage était impassible, comme toujours, mais la gravité de son regard me fit rougir. Non pas de honte, mais de la chaleur qui montait à l'idée qu'il avait peut-être, juste peut-être, regardé ma bouche quand je dormais.


"Bonjour," dis-je, ma voix rauque et embarrassée. Je me sentais terriblement mal à l'aise, mes cheveux en bataille, mes vêtements froissés. Le contraste entre mon look de "retour de soirée pyjama post-apocalyptique" et sa prestance de Sorceleur prêt à dézinguer le monde était flagrant.

On aurait dit un avant/après dans une pub de lessive.


Il ne répondit pas tout de suite, se contentant de me regarder. Son silence était assourdissant, remplissant la pièce d'une tension palpable. On aurait pu couper l'air au couteau, puis se servir un bon rôti avec.


"Bien dormi, la 'princesse tombée du ciel' ?" Son ton était neutre, mais il y avait une nuance, un soupçon d'ironie à peine perceptible qui me fit tressaillir. C'était le plus près d'une blague qu'il pouvait faire, j'imagine.


"Autant qu'on peut dormir sur des peaux de bête après avoir été éjectée de son univers et avoir un mur de muscles blond platine qui me fixe au réveil," répliquai-je, un peu plus mordante que je ne l'aurais voulu.

Je sentis la chaleur monter à mes joues. Pourquoi est-ce que ma bouche était toujours plus rapide que mon cerveau quand il s'agissait de lui ? "Et vous ? La chasse au wyvern s'est bien passée ?"


"Il est mort." La concision même. Pas de "oh, une belle prise", pas de "j'ai failli y passer", juste la version Witcher du "ça va". Il ne donna aucun détail, aucune anecdote. C'était du Geralt pur jus. Il me regarda de nouveau, ses yeux balayant mon visage, puis mes lèvres, avec une lenteur qui me fit frissonner.

La tension de la nuit précédente revint en force, une électricité silencieuse. Mon corps tout entier était un grand panneau "ALERTE SEXTO-TENSION".


"Je… je suis désolée. Vesemir m'a dit que je pouvais dormir ici. Il pensait que vous ne seriez pas rentré," bredouillai-je, tentant de briser le silence pesant. Et surtout, de me justifier d'être là, à fantasmer sur lui alors qu'il venait de tuer un monstre géant.


Un muscle tressaillit à peine sous sa mâchoire.

"Ce n'est pas ta faute." Il marqua une pause, son regard se posant sur mes yeux. "Mais tu n'as pas à t'inquiéter. Je n'ai pas... profité de ton sommeil." Il y avait une pointe d'agacement dans sa voix, comme si le simple fait d'aborder le sujet l'irritait. Et pourtant, il l'avait abordé ! Le bougre !

C'était un peu comme s'il disait : "Non, je n'ai pas ouvert ton paquet de gâteaux. Mais je savais qu'il était là."


Le rouge monta à mes joues.


"Je… je sais. Je ne pensais pas ça." Mais si, une petite partie de moi l'avait espéré, fantasme oblige. Mon cœur battait la chamade, entre l'embarras et l'excitation.

"Je… je suis une fan, vous savez. Un peu… obnubilée." S'auto-gifler mentalement.


Un soupir imperceptible s'échappa de ses lèvres. Il se leva, sa silhouette massive se dressant au-dessus de moi. L'odeur de la nuit, du combat, de lui, m'envahit. Il se pencha un peu, et mon souffle se coupa.


Mon cerveau hurlait : "Baiser ! Baiser ! Baiser !"


Son regard se fit plus intense, presque perçant.


"Ce que tu dis... sur ton monde, sur moi, sur tes 'fantasmes'... C'est… particulier. Mais ici, les mots ont un poids. Et certaines choses… n'existent pas."


Son regard glissa vers mes lèvres, s'y attarda une fraction de seconde, puis se posa sur mes yeux.


"Compris ?"

C'était un avertissement clair, une ligne invisible qu'il traçait entre nous. Son ton était neutre, mais la tension sous-jacente le rendait bien plus puissant. C'était une preuve de sa retenue, un rappel brutal de son caractère de Sorceleur. Il ne ferait pas le premier pas, il ne succomberait pas au fantasme, pas si facilement. Sale bête. Et moi, ma frustration atteignait des sommets dignes d'une quête secondaire sans intérêt. Attendez… c'est moi ou je venais littéralement de me prendre un râteau… UN RÂTEAU COSMIQUE DE MON FANTASME, j'ai envie de pleurer…


"Compris," murmurai-je, le cœur serré, mais une étincelle de défi dans mes yeux. Il traçait une ligne, mais je pouvais la brouiller. Ce n'était pas un "non", c'était un "pas maintenant". C'était une nuance. Une toute petite nuance, mais une nuance quand même !


Il hocha la tête, un mouvement bref.


"Bien. Lève-toi. Vesemir aura besoin de tes 'connaissances' aujourd'hui. Il y a d'autres contrats en attente."


Il se détourna, sans un regard en arrière, et sortit de la pièce.


Je restai là, assise sur le lit, le souffle coupé, le cœur battant la chamade. La réalité était dure, sa retenue était un mur, mais la tension entre nous était indéniable. Il était Geralt de Riv, le Sorceleur impassible, et je n'étais qu'une femme, fragile et sans défense. Et surtout, terriblement frustrée. Mais j'étais dans son monde, et quelque chose, imperceptible et puissant, avait commencé entre nous. Et je n'avais pas l'intention de le laisser s'éteindre à cause de sa "discipline".


Laisser un commentaire ?