Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 4 : La consultante du futur et le Sorceleur taciturne

1256 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Les jours qui suivirent à Kaer Morhen furent un étrange mélange d'émerveillement et de... galère capillaire. J'avais enfin une tenue plus ou moins adaptée, une sorte de tunique en toile grossière et des chausses de cuir usées que Vesemir avait dénichées.

C'était mille fois mieux que mon jean collant qui menaçait de se désintégrer et mes baskets trempées qui sentaient le marécage, mais l'absence de soutien-gorge et de tout confort moderne me manquait cruellement.

L'hygiène restait un combat de titans : un seau d'eau froide de temps en temps, et tant pis pour mes cheveux qui avaient décidé de muter en un nid d'oiseau grandeur nature. Je suis sûre qu'un écureuil avait essayé de s'y installer la nuit dernière.


Mon rôle de "consultante du futur" s'était rapidement mis en place. Chaque matin, autour du "petit-déjeuner" imbuvable de Vesemir (je suis persuadée qu'il y mettait des chaussettes usées),

Geralt, Eskel, et parfois même Lambert, m'interrogeaient comme si j'étais la dernière encyclopédie vivante (et légèrement décoiffée).


"Un basilic, où est-ce le plus probable d'en trouver un ?", demandait Eskel un matin, l'air grave.


"Hmm, les basilics aiment les endroits élevés, les ruines, parfois les montagnes. Et ils détestent l'argent et le venin," répondais-je, fière de mes connaissances encyclopédiques dignes d'une streameuse experte.

"Un peu de poison de basilic sur votre lame d'argent, et c'est dans la poche ! Ah, et faites attention, ils ont tendance à voler en formation d'attaque rapprochée si vous n'êtes pas sur vos gardes. C'est un peu leur version des parachutistes kamikazes."


Geralt m'écoutait, ses yeux dorés ancrés sur moi. Il ne disait rien, mais l'intensité de son regard me donnait des frissons. Je voyais la façon dont il traitait mes informations, les triait, les analysait avec cette rigueur de Sorceleur.

Il ne prenait rien pour argent comptant, mais il ne rejetait rien non plus. Je suis sûre qu'il avait un petit carnet caché pour noter mes "tuyaux du futur".


"Et les fiellons ? Leurs points faibles ?" C'était Geralt qui posait la question cette fois-là, sa voix profonde faisant vibrer l'air. Frissons garantis.


"Les fiellons sont des créatures puissantes, Geralt. Très résistantes. Il faut cibler leur tête, leurs points vitaux. Et surtout, les éviter quand ils utilisent leur troisième œil pour vous hypnotiser.

C'est un peu comme un hypnotiseur de foire, mais avec des dents ! Un bon signe Aard pour les déséquilibrer, et une lame huilée au Draconide, ça devrait faire le travail," expliquai-je, mimant les gestes du jeu comme si j'étais une prof d'arts martiaux.

"N'oubliez pas que leurs cornes peuvent être utilisées pour des trophées... ou des potions, mais c'est un peu plus complexe. Je vous déconseille d'essayer d'en faire un porte-manteau."


Geralt se contentait d'un hochement de tête imperceptible, mais je savais qu'il enregistrait tout. Il y avait une confiance naissante, étrange, entre nous. Une sorte de partenariat forcé par le destin.

Et chaque fois qu'il me regardait de cette manière intense, mon corps tout entier réagissait. La tension sexuelle n'était pas juste là, elle dansait entre nous, une flamme basse, mais constante. Tel un feu de camp mal éteint qui menace de tout faire flamber.


Un après-midi, je le trouvai seul dans la cour, aiguisant son épée d'argent. Le son du métal contre la pierre était hypnotisant. Il était torse nu, le corps sculpté comme une statue grecque (mais avec plus de cicatrices), témoignage de mille batailles.

Je sentis la chaleur monter à mes joues. C'était probablement la première fois que je voyais un homme sans T-shirt depuis mon arrivée.


"Impressionnant," murmurai-je, sans même me rendre compte que je parlais à voix haute. Super discrète, comme d'habitude.


Il arrêta son geste, ses muscles se contractant. Il tourna la tête lentement vers moi, ses yeux perçants.

"Quoi ?"


"Rien ! Juste… vos… cicatrices. Elles racontent une histoire," bredouillai-je, le cœur battant à tout rompre. Je voulais m'enfuir, mais mes pieds étaient cloués au sol. La gravité n'était pas mon amie ce jour-là.


Il me regarda, un éclair d'interrogation dans ses yeux, puis un imperceptible frémissement des lèvres qui pouvait être un sourire moqueur.

"Ce sont les marques des contrats. Rien de plus." La poésie, ce n'était pas son fort.


"Non," dis-je, m'approchant un peu, "Ce sont des preuves de survie. De courage. Chaque coup, chaque entaille… c'est une victoire. C'est… fascinant." J'étais à deux doigts de sortir mon téléphone pour prendre une photo. S'il n'avait pas été désintégré dans ma chute.


Il posa son épée, se tournant entièrement vers moi. Sa taille, sa présence, m'écrasaient. Le regard qu'il me jeta n'était plus celui de l'indifférence. Il y avait quelque chose de curieux, de scrutateur. Ses yeux balayaient mon visage, mes lèvres, puis mon corps, avec une lenteur calculée qui fit naître un frisson dans mon ventre.

Le genre de frisson qui vous dit "ça va chauffer".


"Vous êtes étrange," dit-il, sa voix grave, presque un murmure. Il tendit une main, et mon cœur manqua un battement. Pour toucher ? Pour repousser ? Pour me proposer un contrat ?


Il effleura mes cheveux, juste au-dessus de mon oreille.

"Vos cheveux. Ils sont… doux. Et cette odeur… je n'ai jamais senti cela ici."


Je sentis une bouffée de chaleur m'envahir. C'était l'odeur de mon shampoing préféré, celui que j'avais utilisé le jour de ma chute. Le grand Sorceleur, chasseur de monstres, obsédé par l'odeur de mon shampoing à la noix de coco. Ironique. Il s'en souvenait. Il l'avait remarqué. La tension monta d'un cran.


"C'est… un shampoing," réussis-je à articuler, ma voix à peine audible. Je me sentais un peu bête, comme si j'avais révélé un secret d'État.


Son pouce effleura ma tempe, un contact infime, mais qui me fit frissonner.

"Un 'shampoing'. Votre monde regorge de… curiosités. Et de… senteurs agréables." Son regard se fit plus profond, plus intense. Il y avait une question silencieuse dans ses yeux. Il se pencha un peu, son visage se rapprochant du mien.

Son souffle chaud sur ma peau. L'odeur de cuir, de fer, de lui. Mon regard glissa vers ses lèvres. Elles étaient si proches. Trop proches.


La seconde s'étira. Une éternité. La tension était à son paroxysme, un fil tendu à rompre.


Puis, un claquement de pas résonna derrière nous. Lambert. Toujours Lambert. Toujours au mauvais moment.


"Geralt ! Vesemir a trouvé des traces d'un wyvern non loin !" s'écria Lambert, sans même remarquer l'atmosphère électrique qui venait d'être brisée. On aurait dit un éléphant dans un magasin de porcelaine.


Geralt se redressa brusquement, son visage retrouvant sa froideur habituelle. La distance se rétablit, physique et émotionnelle.

"Bien. Je suis prêt."

Il ramassa ses épées et son armure, se détournant de moi sans un mot. La tension retomba, me laissant haletante et un peu déçue.

Mais la promesse était là. Le Sorceleur, mon fantasme sur pattes, n'était pas insensible. Et je savais que ce n'était que le début. La prochaine fois, je mettrais une pancarte "Ne pas déranger" sur la cour.



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