Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 3 : Une intrusion dans l'ordinaire du Loup

1424 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 16 jours

Le réveil ? Ah, le réveil. On est loin de ma sonnerie "The Path" remixée en version zen. Non, ici, mon cadran biologique interne a décidé que la meilleure façon de me sortir des bras de Morphée, c'était de me balancer un froid sibérien directement dans la face.

J'ai eu l'impression que la couette avait décidé de se transformer en drap mouillé juste pour le fun. J'ai grelotté, j'ai juré, et j'ai réalisé que non, mon matelas à mémoire de forme n'allait pas apparaître par magie.

J'ai ouvert un œil dans le noir le plus complet. Sérieux, c'était le genre de noir où tu te demandes si tu n'as pas perdu la vue pendant la nuit. Pas une trace de lumière, même pas le petit clignotement rouge d'un chargeur de téléphone.

Juste l'odeur de la pierre moisie et du bois brûlé, le parfum officiel de Kaer Morhen, apparemment. Ma chambre de fan sentait bien meilleure, avec ses bougies parfumées "Forêt enchantée".


Durant une micro-seconde, j'ai espéré que tout ça n'était qu'un rêve bizarre après une overdose de bubble tea et de DLC.

Mais la douleur dans mon dos (merci, paillasse en pierre), le goût douteux du ragoût de la veille (qui a dit sanglier ?), et le fait que mes pieds étaient littéralement congelés m'ont ramenée à la triste réalité. Salut, l'enfer médiéval fantaisie !

J'ai cherché mes fringues à tâtons. Mon cher jeans et mon sweat à capuche, qui semblaient si badass devant mon écran, étaient maintenant de pitoyables tentatives de survie thermique.

Je les ai enfilés en vitesse, en me demandant si je pouvais décemment demander un chauffage d'appoint ou au moins un pull en cachemire à Geralt. Genre, "Hey Geralt, tu n'aurais pas un petit plaid en fausse fourrure de griffon ?"


En m'approchant de la porte, j'ai commencé à entendre des bruits. Pas le doux gazouillis des oiseaux ou le ronronnement lointain des voitures.

Non. Des cliquetis métalliques, des chocs sourds qui faisaient vibrer les murs, des grognements, et des voix gutturales qui résonnaient.

Le doux son de la discipline matinale des sorceleurs, probablement en train de s'entraîner à décapiter des poupées de paille à l'aube.

J'imagine déjà Vesemir faire son discours motivant : "Encore 100 coups, bande de loques ! Les monstres ne vont pas s'éliminer tout seuls !"


J'ai hésité une seconde, la main sur le loquet glacé. Mon cœur battait la chamade. C'était le moment. Le moment de sortir de ma prison de pierre et de me lancer dans cette aventure que j'avais tant fantasmée.

Adieu Netflix et les livraisons de sushis, bonjour les entraînements mortels et les monstres qui veulent te manger.


Je descendis dans la grande salle, mes vêtements d'hier (qui n'avaient pas séché et sentaient la terre) me collant inconfortablement à la peau. Geralt, Eskel, et Lambert étaient déjà là, de retour de leurs entrainements, autour de la table.

Vesemir, lui, remuait une sorte de bouillie grisâtre dans une marmite suspendue au-dessus du feu. 

"Bonjour," dis-je, ma voix un peu rauque.


Lambert me jeta un regard moqueur. 

"La belle au bois dormant se réveille enfin ? J'espérais que tu aurais au moins le bon goût de te transformer en goule pendant la nuit."


Je levai les yeux au ciel. 

"Très drôle, Lambert. J'ai un nom, tu sais, et c’est Luna."


Geralt ne dit rien, se contentant de tremper un morceau de pain dur dans sa soupe. Son indifférence était presque une provocation.

Je m'assis à la table, l'estomac gargouillant. 

Vesemir me tendit une écuelle en bois remplie de la bouillie fumante. 

"Mange. Tu auras besoin de force si tu veux comprendre comment tu es arrivée ici," déclara le vieux Sorceleur.


Et zut, pas de café ni même de tartine. Je plongeai ma cuillère. Le goût était… indescriptible. Une sorte de gruau salé et terreux.

J'avais l'habitude des sushis, des pizzas, des burgers. Pas de ça. 

"Euh… c'est… revigorant," tentai-je, le visage grimaçant.


Lambert ricana. 

"Elle est délicate, la petite fée. On dirait qu'elle n'a jamais vu de vraies nourritures."


"Dans mon monde, on a des réfrigérateurs, Lambert. Et des micro-ondes," rétorquai-je, défiante. 


"Et des trucs qui s'appellent des 'sandwichs'. Ça te dit quelque chose ?"


Il fronça les sourcils. 


"Des… 'San-douitches' ? Encore tes sornettes de 'monde imaginaire'."


"Ce n'est pas imaginaire ! C'est juste… différent !" Je me tournai vers Geralt, qui continuait de manger sans sourciller. 


"Geralt, dis-leur ! On a des voitures qui roulent sans cheval, des lumières sans feu, des écrans avec lesquels on voit des gens qui vivent très loin en temps réel !"


Il posa sa cuillère, enfin. Son regard, toujours aussi impénétrable, se posa sur moi. 

"Je suis Sorceleur, pas un savant. Ce que tu dis est… difficile à croire. Mais je n'ai pas de raison de penser que tu m'as menti sur ton apparition. Pour l'instant." 


Sa dernière phrase était un avertissement à peine voilé. La tension revint, un courant sous-jacent. Je sentis mes joues chauffer.

Il était là, juste devant moi, et il reconnaissait que je ne mentais pas. Cela suffisait.


"Mais alors… comment je rentre ?" Ma voix se fit plus petite. La réalité de ma situation commençait à vraiment s'ancrer.


"Nous n'avons aucune idée," répondit Vesemir, sa voix plus douce. "Aucun portail n'a été signalé. Aucune magie connue ne permettrait un tel… transport."


"Super. Me voilà coincée dans un monde sans réseau, sans café, et avec des monstres partout," soupirai-je, passant une main dans mes cheveux emmêlés. 

"Sans parler de l'hygiène. On a des douches ! Avec de l'eau chaude à volonté !"


Lambert pouffa. .

"De l'eau chaude à volonté ? Et tu te laves tous les jours, peut-être ? Folle."


"Oui, je me lave tous les jours ! Et même plusieurs fois si j'ai fait du sport !" m'exclamai-je, choquée. Leurs bouches s'entrouvrirent légèrement.


Même Geralt eut un bref, imperceptible, haussement de sourcil


"Quoi ? C'est normal !"

"Ce n'est pas 'normal'," rétorqua Eskel, un peu perplexe. 

"C'est… un gâchis d'eau. Et de savon."


Je secouai la tête, consternais. Le choc culturel allait être un travail à temps plein.

Mais mon regard se posa de nouveau sur Geralt. Il m'observait, son regard fixe, presque… intéressé par ma "folie". Un fantasme pur. 

Un Sorceleur mutique, sauvage, à l'odeur de cuir et de sang, qui ne me jugeait pas ouvertement, même si ses yeux en disaient long.


"Pour l'instant, tu restes ici," déclara Geralt, sa voix coupant court à la discussion. 

"Nous allons chercher des indices. Et tu… tu vas nous être utile."


Mon cœur fit un bond. 

"Utile ? Comment ça, utile ?"


Il se leva, sa taille immense écrasant ma petite silhouette. Il s'approcha, se penchant légèrement. 

Son souffle chaud sur mon visage, son odeur puissante, mélange de sueur, de cuir et d'un soupçon de métal, m'enivra.

Ses yeux dorés me transperçaient.

"Tu connais nos 'histoires', n'est-ce pas ?", sa voix était un murmure grave. 

"Tu connais les monstres, leurs faiblesses. Tu connais les lieux. Et peut-être, des choses sur nous que personne d'autre ne sait."


Il y avait une pointe de défi dans son regard, une invitation silencieuse à prouver mes dires.

Et cette proximité… La tension sexuelle, crue et inattendue, monta d'un cran.

Mon corps réagissait. Je voulais me pencher, me rapprocher.


"Je… je connais beaucoup de choses," réussis-je à articuler, ma voix à peine audible.


Son regard ne me quittait pas. Ses lèvres étaient si proches ! La chaleur entre nous était presque palpable.


"Bien," dit-il, se redressant brusquement, brisant le contact visuel.

"Alors, tu vas nous aider. Et tu vas apprendre à te débrouiller. Ce monde n'est pas un 'jeu vidéo'. Il est brutal. Et il ne fait pas de cadeaux aux demoiselles 'fragiles' tombées du ciel."


Il s'éloigna pour attraper son équipement, laissant derrière lui mon esprit tourbillonnant. Utile. Fragile. Et cette tension latente qui allait me rendre folle.

J'étais peut-être coincée, mais ce n'était définitivement pas une tragédie.

C'était le début d'une aventure… et peut-être plus.



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