Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 1 : La chute et le Loup

1052 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

La lumière blafarde de mon écran pulsait, reflet de l'adrénaline qui pompait dans mes veines. Géralt venait de décapiter un noyeur avec une facilité déconcertante, sa lame sifflant dans l'air. "Mon homme," murmurai-je, un sourire béat étirant mes lèvres. Mon fantasme sur pattes, là, à portée de clic.

Si seulement… Je pouvais…


Le sol sous ma chaise commença à vibrer. Pas ma chaise de gamer rembourrée, non, le sol entier ! Une secousse sourde qui montait, transformant mon appartement en machine à laver géante. Le son se fit assourdissant, une sirène stridente qui venait… de mon écran ?

Les pixels se mirent à danser, se déformant en un vortex lumineux, violent, qui m'aspirait. Je n'eus pas le temps de crier. Juste la sensation que ma chaise basculait, que mon corps était propulsé. L'atterrissage fut brutal. Mon crâne cogna quelque chose de mou, mais ferme, et mes fesses se posèrent lourdement dans une matière froide et humide. Une odeur âcre me monta aux narines : terre mouillée, musc, animal, et quelque chose de… fétide. J'ouvris les yeux, le vertige me donnant la nausée. 


Mon plafond avait disparu. Au-dessus de moi s'étendaient des branches nues, des feuilles sombres et un ciel d'un gris morne. Mes yeux se posèrent sur le sol. Des racines tortueuses, de la mousse spongieuse, des flaques d'eau boueuse. Je me relevai péniblement, mon corps protestant. J'étais en plein milieu d'une forêt dense et hostile. C'était impossible. Mon jean troué aux genoux, mon sweat à capuche et mes baskets crasseuses semblaient risibles dans ce décor.


Mon cœur battait la chamade, une panique froide m'étreignant. C'était bien pire que de se perdre en banlieue. Le silence était pesant, seulement brisé par le vent lugubre et des craquements lointains. Ça sentait le piège à plein nez.


Un grognement rauque, bas, me fit sursauter. Je pivotai, le souffle coupé. Là, à quelques mètres, une silhouette massive se détachait de l'ombre des arbres. 


Des cheveux blancs comme la neige, des yeux dorés perçants, une armure de cuir patiné et deux épées sur le dos. Un visage impassible, sculpté par les épreuves, les traits tirés en une ligne dure. 


Géralt de Riv. Mon fantasme. Mais en bien plus… réel. Et bien moins souriant que sur mon écran. 


Ses yeux, d'un or intense, balayèrent mes vêtements absurdes, ma position recroquevillée dans la boue. Aucune surprise, aucune émotion visible. Juste une observation froide et clinique. 


"Une femme. À terre. Et visiblement… égarée,"


sa voix était grave, rocailleuse, sans aucune chaleur. Chaque mot un constat, pas une question. Son regard s'attarda sur mes baskets, puis sur mon visage visiblement choqué. Je me relevai tant bien que mal, ma dignité prenant un sacré coup. 


"Moi, égarée ? C'est le moins qu'on puisse dire ! Je viens de… tomber. Littéralement. Du ciel, j'ai l'impression." 

Il ne bougea pas un muscle. 


"Du ciel. Intéressant. Vos vêtements sont… particuliers. Vous n'êtes pas d'ici." 


"Non, je ne suis pas d'ici ! Je suis de… d'un autre monde ! Où vous êtes une légende !" 

Mon rire nerveux sonnait faux dans le silence oppressant de la forêt. 


"Un jeu vidéo, en fait. Et je viens de… tomber dedans." 


Géralt pencha la tête, ses yeux plissés, une lueur de… calcul dans son regard. Non pas de l'amusement, plutôt l'analyse d'une nouvelle variable. 


"Un 'jeu vidéo'. Un 'autre monde'. Je n'ai jamais entendu pareille sornette."

 Sa main glissa vers le pommeau de son épée d'acier. Un mouvement lent, délibéré. Une menace silencieuse. 


"Non, non, attendez ! Je ne suis pas une magicienne, une illusionniste ou quoi que ce soit !"

 Je levai les mains en signe de paix, les paumes ouvertes. 


"Je suis juste une… une spectatrice, qui s'est retrouvée ici par accident !" 


Je le regardai, l'idole de mon écran, maintenant un homme froid et potentiellement dangereux. 

Le fantasme était bien plus… tendu en chair et en os. Et l'odeur de moisi et de sueur n'aidait pas. 


Il me jaugea, son regard scrutant chaque parcelle de mon être, comme s'il cherchait une faille, un signe de mensonge. Ses pupilles verticales semblaient percer mon âme. Un frisson, mi-peur, mi-désir, me parcourut. Il était d'une beauté brute, sauvage, et cette indifférence le rendait encore plus fascinant. 

Une tension palpable flottait entre nous, une électricité étrange. 


"Vous n'êtes pas armée. Vous ne dégagez aucune aura magique," dit-il, son ton toujours neutre.


 "Mais vous êtes… étrange. Et un peu trop… bavarde pour quelqu'un qui prétend tomber du ciel."


Il fit un pas vers moi, sa présence écrasante. Mon corps réagit avant ma tête. Une attraction animale, irrépressible. 


"Je… je suis juste… sous le choc," bredouillai-je, ma voix rauque. 


"Et je suis une grande 'fan', c'est vrai. Dans mon monde, vous êtes le plus grand ! Toutes les filles vous aiment ! Et… je vous fantasme un peu, j’avoue." 


Un imperceptible tressaillement traversa sa mâchoire. Ses yeux s'attardèrent sur mes lèvres, puis remirent leur froideur habituelle. 


"Du 'fantasme' ? Je n'ai pas le temps pour des balivernes. Ou des distractions." 

Son regard devint plus intense, presque prédateur. 


"Mais vous êtes là. Et vous ne semblez pas dangereuse. Juste… encombrante." 

Il fit un signe de tête vers une direction. 


"Kaer Morhen. N'est pas loin. Vous y trouverez un toit. Et peut-être, des réponses plus plausibles à votre… apparition impromptue." Il se retourna, sans attendre ma réponse, ses pas lourds s'éloignant déjà. 


Je le suivis sans hésiter, ma tête pleine de pensées contradictoires. J'étais ici. Avec lui. 

Coincée dans mon jeu. Et la réalité était bien plus sale, plus dangereuse, et infiniment plus… excitante que ce que j'avais imaginé. 


Surtout avec cette tension entre nous, palpable comme l'humidité de la forêt. Mon fantasme n'était plus un écran, mais une réalité troublante et attirante.



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