Un sorceleur spécial

Chapitre 4 : Festival

1442 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/11/2024 12:56

"Allez, viens, Aiden !"


"Doucement, Princesse."


Aujourd'hui est un jour spécial : c'est le Carnaval des Moissons, une fête qui se déroule dans tout le pays. Selon les légendes de Cintra, ce royaume était autrefois très aride, presque dépourvu de vie. Mais une reine dryade, touchée par le sort de cette terre, aurait utilisé ses pouvoirs pour lui redonner vie. Cet événement fut appelé la Renaissance de la Terre Morte, et, au fil du temps, il devint la Fête des Moissons.


Les rues de la capitale étaient bondées. Les étals débordaient de nourriture et d'objets colorés, et l'air était saturé de senteurs : celle de la viande grillée se mêlait à celle du pain frais et du miel, tandis que les herbes et les épices parfumaient l'air de leurs effluves poivrées. Partout autour de nous, on entendait des rires, des musiciens jouant de la flûte et du luth, des enfants criant de joie en courant dans tous les sens, et même le son des sabots des poneys frappant le pavé. Les bruits, les odeurs, tout formait une atmosphère vivante et joyeuse qui semblait envelopper la ville entière.


"Aiden, regarde là-bas !" s'écria Ciri, les yeux écarquillés de bonheur.


Elle pointait du doigt les explosions lumineuses dans le ciel, chaque éclat de couleur sculptant des formes éphémères : des animaux, des fleurs, des étoiles. Les feux d'artifice n'étaient pas ordinaires, mais créés par la magie des mages. Depuis des générations, ils maîtrisaient cet art, transformant la nuit en un tableau de lumières enchantées. Le peuple regardait ces mages avec une crainte mêlée d'admiration, chacun savait que leur pouvoir pouvait tout autant éblouir que détruire, et la simple présence de leurs enchantements inspirait un respect instinctif.


Pendant dix minutes, le ciel fut enflammé de couleurs, et je sentis un éclat d'émerveillement me traverser, comme si j'étais aussi jeune que Ciri. Puis le silence retomba, avant que des cris de joie n'éclatent dans toute la capitale.


"C'était incroyable !" s'exclama Ciri, les yeux pétillants d'excitation.

"Oui… vraiment incroyable."


"Aiden, ça va ? Pourquoi tu pleures ?" demanda-t-elle, remarquant mes yeux humides.


Je touchai mon visage et remarquai des larmes sur mes joues. Ce n'étaient pas des larmes de tristesse, mais de pure émotion, celles qui naissent d'un bonheur que l'on croyait impossible.


"Ne t'inquiète pas, Princesse, je vais bien," dis-je en souriant. "Je pensais juste… à mes parents."


"Raconte-moi ! Tu parles jamais d'eux," dit-elle, sa curiosité éveillée.


Je laissai échapper un léger sourire. "Ma mère était quelqu'un d'exceptionnel. Toujours là pour moi, prête à tout sacrifier pour mon bien. Elle m'a donné tant de choses, et je n'ai jamais eu la chance de lui rendre."


Je pris une inspiration avant de continuer. "Mon père, lui, était artisan. Il sculptait des petites figurines en bois pour moi… des animaux, des guerriers. C'était magique, il arrivait à donner vie au bois, presque comme les mages de ce soir."


"Ils devaient être gentils," murmura Ciri, les yeux brillants.


"Oui… Ils l'étaient," répondis-je, un peu perdu dans mes souvenirs. Voir toutes ces familles réunies, ces parents et enfants partageant des moments de rire et de tendresse… Je ressentais un vide que je ne connaissais que trop bien. Ce genre de moments en famille, je ne les avais jamais vécus comme ça. Une chaleur, une tendresse que je ne connaissais qu'à travers des souvenirs flous. Peut-être qu'un jour, moi aussi, je pourrais avoir ça. Une famille à moi. Peut-être…


Mais je secouai la tête pour chasser ces pensées. "Assez parlé de moi, Princesse. Vous ne m'avez pas fait sortir du château juste pour voir des feux d'artifice, non ?"


"Exactement ! Viens, il y a des stands de nourriture que je veux te montrer !"


Nous nous dirigeâmes vers les étals remplis de nourriture. L'air était chargé des senteurs alléchantes de bœuf grillé, de porc rôti, et de lapin fumé. Des montagnes de légumes colorés s'empilaient aussi ici et là, mais…


"Princesse, pourquoi ne pas manger un peu de légumes ?" dis-je avec un sourire taquin.


"Beurk ! La viande, c'est bien meilleur !" répliqua-t-elle, un morceau de viande dans la bouche.


Je secouai la tête en riant. "Je me demande vraiment qui est le noble entre nous deux."


Ignorant complètement ma remarque, elle attrapa ma main et m'entraîna vers un autre stand. Ses yeux s'illuminèrent en apercevant un bassin où des poissons nageaient, entourés de cannes en bois.


"Aiden, regarde !"


"Tu veux essayer d'attraper un poisson, Princesse ?"


"Oui ! Ça a l'air trop bien !"


"Haha, d'accord."


Je m'approchai de la femme qui gérait le stand. "Excusez-moi, madame, on peut essayer ?"


"Bien sûr ! Prenez une canne et tentez votre chance !" dit-elle avec un sourire accueillant.


Je laissai Ciri tenter sa chance. Malgré ses efforts, elle n'arrivait pas à attraper le moindre poisson. Son visage se renfrogna, et moi, ainsi que les autres spectateurs, on ne put s'empêcher de rire.


"Aiden, arrête de rire et aide-moi !" supplia-t-elle, les joues rouges de frustration.


Derrière nous, quelques encouragements se firent entendre.


"Allez, jeune homme !"


"Faites-le pour votre petite sœur !"


"Je parie qu'il n'y arrivera pas non plus !" plaisanta un passant.


Je souris, amusé, et remontai mes manches. J'observai un instant les poissons, patient, et quand une ouverture se présenta, je plongeai la canne et attrapai l'un d'eux d'un coup sec, sous les acclamations.


"Waouh, maman, il a réussi !" s'exclama un enfant à côté de nous.


"Ce garçon est doué," commenta une autre voix.


"Aiden, tu l'as eu !" cria Ciri, sautant de joie.


"Tout pour la princesse," répondis-je avec un clin d'œil.


Après avoir récupéré le poisson dans un petit seau d'eau offert par la femme, nous continuâmes notre promenade. Soudain, je sentis Ciri tirer sur ma manche, pointant un groupe d'enfants qui jouaient avec des poneys.


"Je peux essayer ?"


"Bien sûr, mais je reste près de toi."


Elle s'avança, mais se rendit vite compte qu'elle avait besoin d'aide pour monter. Sans un mot, je la soulevai et la déposai doucement sur le dos d'un poney.


"Merci, Aiden !" murmura-t-elle, les yeux pleins d'excitation.


Je restai à ses côtés pendant qu'elle s'amusait, riant avec les autres enfants de son âge. Elle se vantait de mes prouesses, racontant fièrement aux autres ce que j'avais fait, ce qui fit rire les mères présentes et me rendit un peu gêné.


Nous continuâmes notre balade jusqu'à la place principale, où la foule dansait au rythme de la musique, de plus en plus enjouée. Sans même nous en rendre compte, Ciri et moi fûmes entraînés dans le tourbillon de la danse.


Alors que la musique résonnait et que les rires s'élevaient, je vis Ciri essayer d'imiter mes pas, une concentration adorable sur son visage. Je lui lançai un sourire, et elle éclata de rire. Ce genre de complicité… c'était rare et précieux.


"Tu danses bien, Princesse," plaisantai-je.


"Toi aussi, Aiden ! Tu devrais sourire plus ! T'as l'air plus sympa comme ça," dit-elle en riant, les yeux pétillants.


C'était magique. Pour la première fois, je me sentais vivant. Voir tous ces sourires, ces adultes dansant, des amis et des familles se retrouvant… Un bonheur simple et vrai. Comme si, ce soir-là, rien d'autre n'importait. Je tournai la tête vers Ciri, qui riait aux éclats.


"Ciri."


"Oui ?" répondit-elle, essoufflée mais rayonnante.


"Merci… merci pour tout," dis-je en la prenant dans mes bras. Elle me rendit mon étreinte avec douceur.


Nous avons dansé, mangé, et ri jusqu'à tard dans la nuit. Quelques filles de mon âge tentaient de s'approcher pour discuter, mais Ciri restait collée à mes côtés, jetant des regards un peu méfiants à quiconque s'approchait trop. Elle tenait fermement ma main, comme pour montrer à tous que j'étais là pour elle et pour personne d'autre.


Sur le chemin du retour au château, Ciri s'était endormie sur mon dos, épuisée mais le sourire aux lèvres.


"Merci, Ciri. Sans toi, je n'aurais jamais vécu quelque chose d'aussi beau et vibrant."


Sous le clair de lune, nos silhouettes se détachaient dans la nuit. La lune, ronde et bienveillante, éclairait notre chemin comme pour graver cette nuit dans nos souvenirs à jamais, un souvenir d'innocence et de bonheur simple.

Laisser un commentaire ?