Un sorceleur spécial

Chapitre 3 : L'amélioration

2010 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/11/2024 08:26

"Clang, clang."


"Allez, continue ! Tu veux devenir le protecteur de la princesse, alors tu dois réussir à me vaincre !" dit le commandant, sa voix rauque pleine de défi.


"Oui, commandant !" répondis-je, essoufflé mais déterminé.


Comme certains l'ont peut-être deviné, je suis en plein entraînement à l'épée. Mais pour comprendre comment j'en suis arrivé là, remontons un an en arrière.

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"Grand-père, sais-tu pourquoi Sa Majesté me demande ?" demandai-je, incapable de cacher l'inquiétude dans ma voix.


Le majordome en chef, que je considère comme mon grand-père, m'adressa un regard rassurant. Son visage, ridé mais bienveillant, trahissait pourtant une pointe de doute.


"Je ne sais pas, Aiden. Sa Majesté n'a rien dit d'autre que de t'amener à elle."


Nous marchions rapidement, car il est malavisé de faire attendre la reine, surtout quand elle vous convoque personnellement. Les couloirs du palais semblaient plus sombres que d'habitude, silencieux, presque comme s'ils retenaient leur souffle. L'air sentait la cire brûlée et le cuir des anciens parchemins. Autour de nous, les autres serviteurs nous observaient discrètement, leurs murmures se perdant dans l'écho des pierres froides. Je sentais les regards pesants et les rumeurs glisser, les uns enviant sans doute ma proximité avec la princesse, les autres sceptiques.


Au bout de quelques minutes, nous arrivâmes devant les portes massives de la salle du trône. Le majordome ajusta mes vêtements, son visage empreint de sérieux.


"Tiens-toi droit et parle avec respect. La reine est exigeante, mais juste. Tout se passera bien," dit-il avec un sourire rassurant pour m'encourager.


"Votre Majesté, puis-je entrer ?" demanda-t-il d'une voix forte. Une voix grave et posée répondit derrière les portes.


"Entrez."


Les portes s'ouvrirent, révélant Sa Majesté, assise sur son trône. Malgré les rides qui marquaient son visage, son regard restait vif, empreint de la sagesse et de l'autorité d'une dirigeante. L'atmosphère dans la salle était lourde, et le silence qui y régnait semblait peser comme un poids sur mes épaules. J'avançai, le cœur battant, et m'agenouillai devant elle.


"Aiden, salue Sa Majesté."


"Sebas, salue Sa Majesté."


Un bref silence s'installa, avant que la reine ne prenne la parole.


"Vous pouvez vous relever." Elle plongea son regard dans le mien, comme pour sonder mon âme. "Savez-vous pourquoi vous êtes convoqué, Aiden ?"


"Non, Votre Majesté."


Elle laissa échapper un soupir, presque imperceptible. "Ce n'est pas grave. Nous attendons quelqu'un."


À ce moment, les portes s'ouvrirent brusquement, et une silhouette familière entra précipitamment. Ciri, la princesse, déboula dans la pièce, essoufflée, le regard affolé.


"Grand-mère, ne fais rien à Aiden !" s'écria-t-elle, les yeux pleins d'inquiétude. Elle balaya la pièce du regard jusqu'à ce que nos yeux se croisent, puis elle se précipita vers moi, comme pour me protéger.


La reine esquissa un sourire, amusée par la fougue de sa petite-fille.


"Qui essaies-tu donc de protéger, Ciri ? Et de moi, en plus ?" demanda-t-elle, une lueur d'amusement dans les yeux.


"Je m'en fiche ! Tu peux me punir, mais pas Aiden !" répondit-elle d'un ton ferme, défiant presque.


La reine leva un sourcil, surprise. "Qui a dit que j'allais le punir ?"


"Hein ? Mais… tu as dit que si je ne venais pas tout de suite, Aiden serait exilé du château !"


La reine eut un léger rire. "Tu serais venue, si je t'avais appelée sans mentionner Aiden ?"


Ciri détourna le regard, marmonnant. "Non."


La reine soupira, d'un air faussement exaspéré. "Ne t'inquiète pas, Ciri. Je ne ferai rien à Aiden. Au contraire, je vais même le récompenser pour avoir pris soin de toi. Parce que oui, c'est une véritable torture, tu le sais, de s'occuper d'une tête brûlée comme toi."


"Ça, c'est faux ! S'occuper de moi, c'est une bénédiction, pas vrai ?" dit Ciri, me lançant un regard intense, presque suppliant.


Je souris en coin, amusé malgré la situation. "Oui, princesse, c'est un véritable bonheur de m'occuper de vous."


Ciri se redressa, fière, et lança un regard triomphant à la reine. "Tu vois ? Je suis une princesse géniale !"


La reine hocha la tête, un léger sourire aux lèvres, avant de poser à nouveau son regard sur moi. Elle sembla remarquer quelque chose dans mes cheveux.


"Tu as bien changé… On dirait même que des cheveux blancs commencent à apparaître. Me serais-je trompée et aurais-je acheté un vieil homme déguisé ?"


"Non, Votre Majesté, je ne comprends pas non plus pourquoi ces cheveux blancs apparaissent."


Depuis quelques mois, des changements étranges se manifestaient en moi. Parfois, j'avais l'impression de sentir des choses derrière les murs, ou d'esquiver des mouvements sans même les voir. Un jour, une flèche égarée m'avait foncé droit dessus, et mon corps s'était déplacé de lui-même pour l'éviter, sans que je comprenne comment. Même les soldats avaient été décontenancés, tout comme moi.


Mais ce qui me troublait le plus, c'étaient mes rêves… ou peut-être devrais-je dire des visions. Dans ces rêves, je me voyais courir dans la forêt, Ciri dans mes bras, alors que le château de Cintra brûlait derrière nous. Des cavaliers noirs nous poursuivaient, leurs armures scintillant dans la lumière des flammes. Chaque fois, je me réveillais en sueur au moment où un homme étrange apparaissait, repoussant les soldats d'un simple geste de la main.


"Dois-tu m'informer de quelque chose, Aiden ?" La voix de la reine me sortit de mes pensées.


"Non, Votre Majesté."


Elle hocha la tête. "Bien. Je t'ai fait appeler parce que je pense qu'une récompense est méritée, après toutes ces années de loyauté envers Ciri."


"Vous n'êtes pas obligée..."


Elle leva la main pour m'interrompre, son ton soudain royal. "Je ne veux pas entendre de refus. Dis-moi ce que tu désires."


Je pris une profonde inspiration. Une seule chose me venait en tête, mais je ne savais pas si elle accepterait.


"Si vous le permettez, j'aimerais devenir plus qu'un simple serviteur. Je voudrais protéger la princesse, non seulement en tant qu'ami, mais en tant que son garde personnel. J'aimerais être formé comme un soldat pour pouvoir la défendre."


La reine resta silencieuse un instant, puis un sourire fin étira ses lèvres.


"Soit. Mais tu devras t'entraîner aussi dur qu'un soldat, tout en continuant à veiller sur Ciri la nuit. D'accord ?"


"Merci, Votre Majesté."


"Vous pouvez disposer, mais Ciri, toi, tu restes ici."


Je me relevai, m'inclinai, puis sortis de la salle. Ciri hésita, lançant un regard vers moi, mais elle obéit, même si l'inquiétude brillait toujours dans ses yeux.

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Alors que je quittais la salle, la reine posa un regard attentif sur Ciri.


"Ciri, tu es bien trop attachée à cet esclave," dit-elle d'une voix douce mais ferme.


Les yeux de Ciri s'embrasèrent. "Et alors ? Au moins, lui s'occupe de moi pour qui je suis, pas pour mon titre de princesse !"


La reine reprit d'un ton plus tranchant. "Modère ton ton, jeune fille." Elle vit Ciri retenir ses larmes, et son cœur se serra, mais elle savait que son devoir était d'assurer l'avenir de Cintra, même si cela devait briser le cœur de sa petite-fille.


"Tu es fiancée, Ciri. En te rapprochant de cet esclave, tu humilies ton fiancé. Il est temps que cela cesse."


Ciri éclata en sanglots, puis s'enfuit vers sa chambre sans un mot. La reine leva une main, comme pour la retenir, mais c'était trop tard.


En soupirant, elle se remit sur le trône, observant sa main, marquée par les ongles enfoncés dans sa paume. "Ciri… Pardonne-moi. Un jour, tu comprendras, et ce jour-là, tu deviendras une reine extraordinaire."


Elle revit le visage d'Aiden dans son esprit et, étrangement, elle y vit Ciri, adolescente, main dans la main avec lui.

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"Bien, c'est fini pour aujourd'hui," dit le commandant, essuyant la sueur de son front avec le revers de sa main.


"Merci pour l'entraînement, commandant," répondis-je, le souffle encore un peu court, mais mes yeux brillaient de satisfaction.


"T'en fais pas, gamin, tu..." Le commandant s'interrompit en apercevant une silhouette qui se précipitait vers nous.


"Aiden, est-ce que ça va ?" s'inquiéta Ciri, arrivant à toute vitesse. Ses yeux parcouraient mes bras, cherchant des blessures.


Je lui lançai un sourire rassurant. "Princesse, ne vous inquiétez pas. Le commandant est… plutôt indulgent avec moi."


Elle fronça les sourcils, croisant les bras. "Plutôt indulgent, vraiment ? Même si tu t'entraînes, je ne veux pas que tu te blesses."


Le commandant eut un sourire amusé et hocha la tête, comme pour apaiser les inquiétudes de la jeune princesse. "Princesse, vous n'avez pas à vous faire de soucis. Ce garçon est incroyablement résistant, je vous l'assure."


Elle secoua la tête, un air faussement sévère dans le regard. "Mmh, peut-être… mais je préfère être sûre. Viens, Aiden, on va t'acheter des bandages." Elle attrapa ma main et m'entraîna à sa suite.


Je jetai un regard en arrière vers le commandant, qui m'adressa un sourire indulgent et un signe de la main. "Va donc, gamin. Prends soin de toi."

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Après que nous soyons partis, le commandant resta pensif, un sourire en coin, jusqu'à ce que son second, Chris, le ramène à la réalité.


"Commandant, tout va bien ? Vous avez ce… sourire étrange depuis tout à l'heure," observa Chris, le regard interrogateur.


Le commandant lâcha un petit rire, un son rauque qui trahissait une sorte de satisfaction. "C'est ce gamin, Chris. Je croyais que j'étais 'gentil' avec lui, mais il a tort, tu sais." Il fit une pause, secouant la tête comme s'il n'en revenait toujours pas. "A chaque entraînement, je dois tout donner pour le vaincre. Il me pousse jusqu'à mes limites."


Chris écarquilla les yeux. "Impossible, commandant ! Vous êtes le meilleur épéiste de Cintra. Aucun élève ne pourrait…"


Le commandant l'interrompit, levant la main pour l'apaiser. "C'est ce que je croyais, moi aussi." Il reprit son épée, la faisant tourner entre ses doigts, son regard plongé dans un souvenir de leurs entraînements. "Mais Aiden… c'est plus qu'un simple élève doué. Il a quelque chose de… glacial, Chris. Un calme tranchant, une détermination froide, comme s'il portait un morceau d'hiver en lui. Et plus il se bat, plus ce froid s'intensifie, comme une tempête gelée qui attend de déferler."


Chris secoua la tête, fasciné mais encore incrédule. "Vous pensez vraiment que ce garçon pourrait…"


Le commandant le coupa à nouveau, son regard s'illuminant d'une admiration teintée de défi. "Je le sais. Aiden est un prodige… non, il est bien plus que cela. C'est un guerrier d'une glace silencieuse. Cette tranquillité qu'il dégage n'est pas une absence de peur – c'est une maîtrise. Une force qui couve, prête à geler tout obstacle sur son chemin."


Il posa une main sur l'épaule de Chris et, d'un ton plus bas, presque comme un secret partagé, il ajouta : "Ce garçon est un défi vivant. Il n'est pas seulement là pour apprendre de nous… Je commence à croire qu'il est là pour nous rappeler ce qu'est la vraie maîtrise, celle qui ne se brise jamais, même sous la pression."


Chris, encore secoué, hocha la tête et regarda son commandant avec un respect renouvelé. "Alors… commandant, si vous êtes prêt pour un autre combat, je suis toujours partant."


Le commandant se redressa, un éclat dans le regard. "Très bien, Chris. Montre-moi ce que tu as appris. Parce qu'avec des garçons comme Aiden, c'est nous qui devons prouver que nous méritons notre place."

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