Vipère au pied

Wyn traversa Vars dans l’obscurité la plus totale. En approche de la maison de Malendrec, il entendit du bruit et des voix fortes, il se cala dans l’angle d’une maison abandonnée non loin de là pour espionner la scène. Deux individus se tenaient devant la porte d’entrée de chez Malendrec. L’un d’eux tenait une torche pour éclairer son collègue qui frappait fortement sur la porte de la maison du pêcheur. Les deux individus étaient armés d’épée, ils portaient des armures rapiécées en cuir de différentes teintes. Un serpent stylisé était cousu sur le devant de leur veste en cuir. Ils avaient des cache-nez verts qui leur dissimulaient le bas du visage.

-        Ouvre Malendrec, ou je défonce cette porte… Tu vas sérieusement te compliquer cette fin de nuit, gueula le brigand qui tambourinait sur celle-ci. Le pêcheur semblait l’avoir bloqué de l’intérieur avec des meubles.

Wyn n’hésitait pas une seconde, il courut jusqu’à atteindre la zone de lumière de la torche. Il dégaina son épée naine de Mahakam.

-        Je ne ferais pas çà si j’étais vous ! rétorqua Wyn en faisant jouer la lumière sur sa lame naine.

-        Ne te mêle pas de problème qui ne te regarde pas… répondit le brigand tenant la torche, il dégaina de l’autre main son épée.

-        Pas de bol, cela me regarde car je suis un ami à Malendrec ! émit Wyn dans un demi-sourire flegmatique.

-        Meurs, ami de Malendrec, brailla le coupe-jarret à la torche en chargeant Wyn.

D’un geste vif, Wyn exécuta le signe Aard en direction du brigand, il appuya le coup de souffle glacé en direction de la flamme de la torche. Le flambeau s’éteignit d’un coup, le chenapan guère déséquilibré, courut dans l’obscurité, Wyn avait esquivé la charge d’un mouvement souple et rapide. L’épée du malandrin l’avait frôlé mais pas touché.

Les deux brigands se retrouvaient dans le noir. Leurs vues s’adaptant avec peine à la brutale obscurité. D’un geste mesuré, Wyn frappa en taillant profondément l’épaule du bandit le plus proche. Celui-ci cria de douleur n’ayant pas vu venir le coup. Paniqué, blessé, la pauvre crapule se replia en direction de la plage. Wyn partit sur les talons du fuyard, il sauta vers lui et le plaqua au sol. Wyn enfonça la tête du bandit dans le sable et appuya fortement à l’endroit de la blessure. Le brigand hoqueta de douleur en avalant du sable par la bouche. Wyn le secoua très fort tout en l’écrasant au sol. Wyn s’assura qu’il était étourdi, il récupéra un cordage sur la barque proche et attacha les mains du brigand dans le dos.

Malendrec sortit de sa maison avec une lanterne à la main. Wyn releva le bandit et le maintint contre un mur proche.

-        J’espère que mon ami Malendrec ne sera plus importuné par quiconque, répondit Wyn, son visage a deux centimètres de celui de son captif.

-        C’est pas sûr, la Vipère n’oublie rien, il y a des chances qu’elle vient elle-même finir le boulot… maugréa le coupe-jarret.

-        Pas de problème, tu vas lui dire que Malendrec a un ami sorceleur revanchard et que j’écraserais gratis la Vipère au pied si elle touche un seul des cheveux de Malendrec ou de sa famille... Tu as compris ? rétorqua Wyn. Le bandit se taisait. Wyn lui donna un grand coup de poing au ventre. Il se tordit de douleur. Wyn reposa la question.

-        Oui, j’ai compris, émit le bandit tout en souffrant.

-        Ou se cache la Vipère ?

-        Plutôt mourir que de te le dire…

-        Je te crois tu as de la chance…

-        Dis à ta maîtresse que moi et mes potes, on va la traquer… Son pouvoir s’achèvera bientôt… Souhaite aussi mes salutations à ton lâcheur de pote qui a fui avec une vive rapidité… Allez décampe, ne pense même pas à ramasser ton épée… Wyn poussa le bandit en direction de la plage. Celui-ci ne se fit pas prier et s’enfuyait dans l’obscurité. Wyn ramassa l’épée du malandrin et en fit cadeau à Malendrec.

-        Merci Wyn pour ton aide, je suis convaincu que la Vipère n’apprécie pas mes allers-retours vers l’île de Beren. C’est bizarre, je pensais qu’Odon m’aurait contraint le premier à cesser mes allées-venues vers l’île, dit le pêcheur.

-        Oui, c’est bizarre… Odon nous l’avait relaté… Odon et la Vipère sont peut-être de mèche. Il te place dans le même panier de crabes que les îliens…

-        La rumeur veut que la Vipère n’apprécie pas du tout Capistran… Ils veulent s’anéantir mutuellement… Capistran a l’appui de tous les îliens et la Vipère ne peut compter que sur une dizaine d’hommes de main. Elle n’a pas l’ombre d’une chance si elle va le chercher sur son territoire.

-        Oui, justement… Moi et mes compagnons, on souhaiterait aller sur l’île demain à l’aube… Tu pourrais nous y mener…

-        Pas de souci de toute manière, je pense partir pour Beren avec ma petite famille. Capistran m’avait proposé le gîte et le couvert dans le cas ou Odon passerait la vitesse supérieure… Les villageois de Vars se passeront de mon poisson…

Wyn lui demanda s’il pouvait passer une deuxième nuit dans sa maison. Sans problème et avec plaisir, Malendrec pouvait réinstaller le hamac.