Le Convoi de la dernière chance (Vol. 1.)

Chapitre 9 : Chapitre 8 : Horreur et désespoir

Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/05/2012 12:29

Voici enfin le chapitre suivant de mon histoire ! Merci à Gaia07 ou Sarah The Ninja pour la correction ainsi qu'à Smiling Cat. Bonne lecture et n'oubliez pas de commenter!

Chapitre 8 : Horreur et désespoir.

Leurs gardiens les firent avancer jusqu’à une imposante bâtisse. Celle-ci était en tout point similaire aux autres à la différence que des lettres noires étaient disposées sur la façade du bâtiment au-dessus de la porte d’entrée et formaient le mot « Mairie ».
Plusieurs gardes se trouvaient sur le palier. L’un d’entre eux poussa la porte et s’écarta pour laisser entrer les prisonniers et leurs escorteurs.
Ils se retrouvèrent dans un vaste salon circulaire confortablement aménagé au centre duquel trônait un fauteuil.
Driss allait se retourner vers ses gardiens lorsque celui qui se trouvait derrière lui le frappa avec la crosse de son arme dans le dos, ce qui l’obligea à faire un pas en avant en fléchissant.

-A genoux ! gronda l’agresseur. Tous les trois !

Le policier n’obéissant pas assez vite, son adversaire le poussa violemment en avant tout en lui faisant un croque en jambe. Driss s’étala par terre et ses deux compagnons le rejoignirent.
Leurs gardes éclatèrent de rire mais s’arrêtèrent aussitôt.
Driss releva la tête pour voir ce qui les avait stoppés et se retrouva en face d’un homme habillé d’un costume noir à la coupe soignée qui contrastait fortement avec les tenues de combats sales et froissées de ses serviteurs.
L’homme avait également de courts cheveux châtains et une courte barbe soigneusement coupée ainsi que des yeux d’un bleu pénétrant et glacial.

-Pardonnez-moi si je ne vous souhaite pas la bienvenue mais vous ne resterez pas longtemps avec nous, dit le nouveau venu avec froideur en les jaugeant d’un air impassible. J’espère que vous avez apprécié les gaz incapacitants que les démons qui se faisaient passer pour des militaires nous ont laissé malgré eux, continua-t-il d’un ton dans lequel la moquerie transparaissait. Ils comptaient régler cette histoire de zombies avec cette chose, les ignorants…

L’homme au costume marqua une pause et prit un air étonné avant de reprendre.

-Au fait, je ne me suis pas présenté. Je suis Arnold Ferza, pasteur et berger de cette communauté au nom de notre seigneur bien-aimé, résuma-t-il en levant les yeux vers le plafond avec adoration. Et vous qui êtes-vous donc ?

-Vous devez mieux le savoir que nous puisque vous nous avez amenés ici… railla Driss.
 
Le pasteur reprit une expression neutre.

-En effet, je vous ai amenés ici afin que vous expiez vos pêchés avant votre mort mais aussi pour vous souhaiter la bienvenue. Maintenant, qu’on les emmène et que l’on s’occupe d’eux avant qu’ils ne m’ennuient davantage par leur présence en ces lieux, lâcha brusquement l’homme en se détournant et en indiquant la sortie d’un geste dédaigneux de la main. Je ne veux pas qu’ils souillent mon tapis plus longtemps.

Des mains s’emparèrent fermement du policier et le tirèrent brusquement en arrière. Celui-ci sentit qu’on lui appliquait un chiffon imbibé d’un produit qu’il ne parvenait pas à identifier sous le nez.
Au bout de quelques secondes, il sentit la tête lui tourner et il perdit conscience.

Driss se réveilla à plat ventre sur un sol glacé après ce qui lui sembla n’avoir été que quelques minutes d’inconscience. L’endroit où il se trouvait était sombre, froid et humide. Lorsque ses yeux furent habitués à la pénombre, il distingua des barreaux. Il se tourna afin de regarder autour de lui mais n’aperçut ni Lydia, ni Banon.
Le policier inspecta la pièce plus précisément et se rendit compte qu’il se trouvait dans une cellule : un petit soupirail grillagé laissait filtrer la lumière et un vieux matelas décharné faisait office de lit dans le fond de la pièce.
Il avait affreusement soif et une douleur lancinante lui martelait la tête, il se redressa et se tint devant les barreaux de sa cellule : celle-ci donnait sur une grande salle carrée autour de laquelle était réparties d’autres portes à barreaux, il y avait donc sûrement d’autres prisonniers. Deux hommes en armes somnolaient autour d’une table au centre de la pièce mal éclairée. Il se trouvait de toute évidence dans la prison de la ville.
Des grognements dans une cellule voisine le firent sursauter et, en s’intensifiant, réveillèrent un des gardes. Ce dernier, furieux, se leva et s’approcha des barreaux avec une matraque qu’il cogna à plusieurs reprises contre les barres.

-Ça suffit pourriture, c’est pas l’heure de ton repas donc tu la fermes ! éructa l’homme.

Les cris déclenchèrent un concert de plaintes et de gémissements dans les autres cellules.

-Bordel, t’es stupide, voilà que les autres s’y mettent maintenant, s’exaspéra le deuxième gardien.

-Mais que … ? Lança une voix que Driss put reconnaitre comme étant celle de Banon. Dégage saloperie ! Où est ce que je suis moi ?

Un bruit mat ponctua ces propos.

-Doucement raclure ! Tu maltraites pas tes compagnons de cellules, s’emporta le gardien toujours attablé en se levant et en se dirigeant vers la cellule du camionneur.

-Holà l’ami ! héla Lydia depuis une cellule à l’opposé de la sienne. Je couche pas avec cette cochonnerie moi !

-Tu te crois dans un hôtel peut-être ? s’énerva le garde à la matraque. Si tu la fermes pas, toute la garde te passera dessus petite salope.

-C’est bon, pas la peine de t’énerver mec, grommela Lydia.

Un cliquetis résonna dans la pièce et une trappe s’ouvrit dans le plafond, un escalier rétractable métallique fut descendu et des hommes tenant une longue chaine tendue firent leur apparition.

-On a trouvé celui-là près du mur d’enceinte ! lancèrent-t-ils. On a jugé bon de vous l’amener.

La chose qu’il trainait au bout de la chaîne fit alors son apparition : il s’agissait d’une femme zombie atrocement mutilée au niveau du visage, elle grondait de rage et tentait d’attraper les hommes qui se trouvaient devant elle mais était retenue par d’autres chaines dans le dos.

-Mettez-la avec le mec là-bas, il a pas encore de compagnon de cellule, répondit le garde à la matraque en désignant la cellule du policier.

Les hommes trainèrent le zombie jusqu’à sa geôle avec difficulté, la femme se débattait violemment en grondant.

-Plaque toi contre le mur de droite toi, ordonna à Driss le gardien de tête. Il n’est pas dans ton intérêt de tenter de t’échapper maintenant, je peux te l’assurer.

Il s’exécuta et les gardes ouvrirent la porte puis amenèrent la créature jusqu’à une courte chaîne attachée au mur du fond.
La femme zombie fut attachée solidement pendant que Driss se trouvait sous la menace des gardes dans son coin.
Ceux-ci battirent ensuite en retraite vers le centre de la pièce en refermant la porte derrière eux. Les nouveaux venus remontèrent ensuite en rabattant la trappe, seul l’un d’entre eux resta avec les gardes.
Le policier reporta alors son attention sur sa compagne de cellule qui tendait les mains vers lui en ouvrant et en fermant la bouche comme si elle était déjà en train de se repaître de sa chair.
Elle lui faisait froid dans le dos et il espéra que les chaines tiendraient bon, autrement il ne donnait pas cher de sa peau.
Etant donné qu’il n’avait rien d’autre à faire, il s’assit contre le mur opposé à la créature et la tint à l’œil mais il sombra rapidement dans le sommeil.

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Tara commençait à s’impatienter. Son mari avait sûrement besoin de son aide là-bas et elle était là, aux mains d’inconnus aux intentions obscures prenant leur temps pour dévaliser leur refuge très temporaire.
Le pillage se faisait de manière méthodique, rien n’était laissé au hasard et de nombreuses choses s’entassèrent bientôt avec les prisonniers sur les plateformes.

-Je regrette mais il va falloir se serrer, commenta l’un des hommes armés. Nous n’avions pas prévu de jouer aux gendarmes et aux prisonniers aujourd’hui, acheva celui-ci en pouffant de rire tout seul.

La jeune femme garda une expression neutre et continua de jauger leurs détenteurs. Ceux-ci faisaient preuve d’une discipline très proche de celle des militaires et avaient disposé des sentinelles autour des trois véhicules afin de ne pas se faire surprendre pendant leur office.
Ils avaient l’équipement complet du parfait petit militaire : casque de combat, baudrier, gilet pare-balle, fusil d’assaut, rangers, pantalon treillis et même lunettes de soleils pour certains. Par contre, ils arboraient tous un treillis couleur sable, ce qui contrastait fortement avec l’environnement actuel.
Ces hommes avaient dû parcourir beaucoup de nombreux kilomètres pour porter des tenues adaptées à un environnement désertique.
Un seul d’entre eux portait une casquette militaire à la place d’un casque et il se tenait actuellement au centre du jardin, dans l’axe de la porte d’entrée de la maison et de la grille. Il aboyait divers ordres et indiquait où placer les fournitures récupérées.
Celui-ci semblait avoir la quarantaine, était de taille moyenne, avait un visage aux traits taillés à la serpe, le crâne rasé, d’intenses yeux verts ainsi que des muscles saillants. Il était le stéréotype du parfait vétéran des forces spéciales et aucun soldat ne bronchait à ses ordres.
Tara  scruta attentivement les environs. Elle craignait de voir surgir leurs poursuivants à tous moments et que ceux-ci ne taillent en pièce le détachement ainsi que leurs prisonniers.
Aussi forts que soient ces hommes, elle doutait qu’eux et leurs véhicules ne puissent résister au feu des blindés. Alors qu’elle songeait à avertir le chef des soldats, l’un des gardes se précipita dans la direction de celui-ci en pointant quelque chose dans la direction d’où elle était venue avec son groupe.

-Capitaine, il y a des filets de fumée qui s’élèvent au-dessus des collines là-bas ! cria l’homme.

-Retourne à ton poste soldat ! riposta celui-ci. Tout le monde autour des véhicules ! ajouta-t-il d’une voix de stentor à l’attention des autres.

Le capitaine se dirigea ensuite en direction de la jeune femme et se planta devant la plateforme de son véhicule. Plusieurs soldats chargés du pillage se rassemblèrent autour de lui.

-Avez-vous idée de ce qu’il se passe là-bas ? Etes-vous responsable de cela ?  l’interrogea-t-il abruptement. Vous étiez là bien avant nous, vous devriez pouvoir nous fournir des explications en conséquence.

-Eh bien… commença-t-elle en sentant son cœur se serrer dans sa poitrine alors qu’elle repensait aux précédents évènements. Nous formions un convoi et nous avons été attaqué par des hommes très bien armés, ils n’ont rien de militaires si ce n’est l’équipement et de ce côté ils ont tout ce qu’il leur faut…

-Comment se fait-t-il que vous soyez là alors ? coupa le militaire dont le visage reflétait à présent la méfiance et la colère. Vous servez d’appâts ? Ils nous observent ? Ne mentez pas !

-Mon mari … articula difficilement Tara en sentant les larmes lui monter aux yeux. Il est resté en arrière avec deux autres personnes pour nous donner le temps de nous enfuir entre deux attaques…  C’est un ancien policier du SWAT. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé mais je vous supplie de me laisser y retourner pour savoir ce qu’il est devenu, ces gens sont des psychopathes. Je vous dis la vérité, c’est pour cela que nous nous cachions, nous pensions que vous étiez eux.

-Rien ne me prouve que vous ne tentez pas de m’entrainer dans un piège avec mes hommes ou que vous ne voulez pas tout simplement aller avertir vos amis là-bas.

-Ce ne sont pas mes amis, dénia-t-elle en tentant de résister à la tristesse qui l’envahissait. Pourquoi des appâts se cacheraient-t-ils ? Vous devez me croire.

-Vous avez raison, peut-être votre groupe devait-il attaquer nos arrières pour refermer le piège. Quelles sont leurs forces ?

-Ils nous ont attaqués trois fois, s’empressa-t-elle de répondre. Ils étaient une vingtaine pendant la première et quelques-uns possédaient des tenues de Juggernauts. Ils étaient également venus avec plusieurs blindés de transport chargés de munitions ainsi que de quelques lance-roquettes. C’est un vieil avion biplan qui nous a attaqués la seconde fois, nous avons reconnu les marques caractéristiques du groupuscule sur sa carlingue et nous l’avons abattu mais il nous a privés de plusieurs véhicules. Nous nous sommes enfuis en voyant la troisième arriver, il y avait au moins dix véhicules blindés.

-Bien, je ne sais pas si ce que vous dites est vrai mais au moins vous ne sous-estimez pas vos forces, dit-il avec un air pensif.

Le capitaine sembla réfléchir un moment et s’éloigna avec ceux qui semblaient être ses seconds. Ils discutèrent un moment à l’écart, la mine grave puis revinrent vers les camions. Les autres commandants du groupe rassemblèrent les hommes et montèrent dans les deux autres 4x4.

-On va vous accorder le bénéfice du doute mais on veut s’assurer que l’on ne sera pas suivi, lâcha le capitaine. Je vais donc m’approcher en votre compagnie puisque vous semblez à la tête du groupe ainsi qu’avec quelques-uns de mes hommes. Nous irons retrouver vos compagnons et le reste du détachement à un point de rendez-vous que nous nous sommes fixés. C’est parti ! conclut-t-il.

Les militaires transvasèrent donc les prisonniers ainsi qu’une partie de leur butin et les répartirent dans les deux autres véhicules, la moitié des soldats se rassembla pour participer à l’opération et ceux-ci s’installèrent avec Tara.
Eugène capta son regard, l’air inquiet, et elle lui adressa un hochement de tête qui se voulait rassurant en retour.
Les deux véhicules surchargés firent ensuite demi-tour et s’éloignèrent à une allure soutenue. Le sien démarra également et s’élança vers les colonnes de fumée noire en suivant la route.
La jeune femme ne se sentait guère à l’aise, menottée entre tous ces hommes armés, alors qu’elle aurait dut se sentir plutôt rassurée car ces gens semblaient être des combattants aguerris. Cependant, leur air sombre et refrogné ainsi que le peu de mots échangés entre eux l’inquiétait.
Le capitaine donna le signal d’arrêt au chauffeur à distance respectable des colonnes de fumée.

-On va continuer à pied, s’expliqua le commandant.

Tara sentit une pointe de soulagement la gagner : le fait de marcher, même menottée, et d’être à nouveau sous tension l’aiderait à mieux supporter sa situation, même si la crainte des découvertes qu’ils pourraient faire lui enserrait le cœur comme un étau.
Les hommes armés descendirent et l’aidèrent ensuite. En effet, descendre d’une plateforme avec les mains liées dans le dos n’était pas une mince affaire.
Le vétéran laissa deux hommes pour garder le véhicule et le groupe termina sa progression en longeant la route dans les collines.
Ils s’arrêtèrent lorsqu’ils arrivèrent en vue de la source de la fumée : toutes les voitures du convoi avaient été incendiées. Les soldats se déployèrent en éventail et scrutèrent les environs avant de décider d’avancer.
Les véhicules des Rédempteurs n’étaient plus là mais les traces de pneu qu’ils avaient laissées sur le bas-côté en contournant le convoi pour repartir étaient bien visibles.
Le groupe resta à distance au cas où l’un des engins exploserait et remonta prudemment la colonne. Le seul bruit provenait du grondement incessant des flammes ainsi que des grincements de la tôle surchauffée.
La carcasse de l’avion gisait un peu plus loin et seules de minces fumerolles s’en échappaient désormais.

-Votre version semble se confirmer… concéda le capitaine.

Tara se retint de répondre quoi que ce soit et opina du chef, le chef du groupe fit signe à deux hommes de rester près des véhicules et s’éloigna un peu de la route vers les collines en suivant une large bande où l’herbe avait été aplatie.

-C’est bien dans cette direction que vous vous êtes échappés ? s’enquit-il.

La gorge de la jeune femme se resserra à la vue des traces de sang ressortant sur la verdure et elle ne put confirmer que par un signe de tête pour ne pas éclater en sanglots.

-Bien, allons voir là-haut.

Il laissa deux autres hommes non loin de la route afin qu’ils fassent le guet et ils reprirent leur progression en suivant les traces. Ils trouvèrent plusieurs douilles de différents calibres au sol ainsi que de nouvelles traces sanglantes et entreprirent de gravir la colline au sommet de laquelle elle avait laissé son mari.
Elle redoutait le moment où ils arriveraient au sommet et celle-ci lui sembla beaucoup plus difficile à escalader que la première fois.

-Halte ! Il y  a quelque chose d’étrange ! jeta quelqu’un à côté d’elle.

Elle sortit de la torpeur dans laquelle elle était plongée et reçut un coup de coude qui lui coupa temporairement la respiration dans le ventre. Elle s’aperçut alors que tous ses compagnons d’aventure s’étaient arrêtés.

-Gaz ! s’alarma le capitaine. Des gaz ont été utilisés ici, mettez vos masques !

Les hommes en arme attrapèrent immédiatement ceux qu’ils portaient à la ceinture et se les attachèrent autour de la tête. Elle regarda un peu plus en avant et distingua quelque chose qui s’apparentait à un voile vert un peu plus loin.

-Et moi ? s’inquiéta soudain la jeune femme. Je n’ai rien pour me protéger…

-J’ai mon masque si vous voulez, mais j’ai eu un problème avec et il n’est plus très étanche, lui lança un des soldats. Un de mes camarades m’a filé le sien.

-Je vous demande pardon soldat ? intervint le commandant du groupe. Ai-je mal entendu ou avez-vous vraiment négligé votre équipement ? Vous n’avez pas pensé à m’en informer bien sûr et vous mettez en danger un autre de vos frères d’armes en comptant sur sa générosité qui plus est.

-Mais… Mais, je comptais remplacer le mien et le lui rendre dès que possible… se défendit le soldat. Nous n’avions pas été exposés au gaz depuis des mois, je ne pensais pas…

-Ah vous ne pensiez pas ? s’emporta son supérieur. Eh bien vous allez assumer et vous allez porter votre ancien masque, vous allez devoir répondre de vos actes et votre camarade également ! On verra ça au camp. Maintenant passez votre foutu masque à la dame ! conclut-t-il en grondant.

Le soldat s’exécuta et enleva son masque avant de le lui tendre avec un regard noir, il lui en voulait visiblement de s’être trahi à cause d’elle. Il s’équipa de son masque pendant qu’elle se débattait pour mettre le sien.
Le capitaine poussa un soupir et vint l’aider à le mettre correctement. Cela lui fit bizarre de se retrouver avec cette chose sur la figure mais elle se sentit légèrement plus tranquille.
Le groupe s’enfonça dans le brouillard et franchit la crête. Sans compter la fine brume verdâtre, il n’y avait rien sur le versant qui aurait pu faire penser qu’un violent combat s’était déroulé à cet endroit hormis les quelques douilles, les empreintes de corps au sommet et l’herbe piétinée. L’herbe n’avait pas été souillée de sang et elle voulait croire que c’était bon signe.
Un bruit sourd derrière elle la fit se retourner : le soldat qui lui avait cédé le masque venait de s’effondrer, ses camarades s’empressèrent immédiatement autour de lui mais le capitaine qui scrutait le paysage prit son temps pour revenir sur ses pas.

-Voilà ce qui arrive quand on ne prête pas attention à ses affaires, grogna celui-ci en passant à côté d’elle.

Il se pencha au-dessus du soldat inconscient, fit signe aux autres de surveiller les environs puis pressa deux doigts au niveau du cou de l’homme. Il attendit quelques secondes et se redressa.

-Il est seulement évanoui, son cœur bat au ralentit comme s’il dormait, commenta le chef de groupe. J’ai une vague idée de ce qu’ils ont employé ici mais je peux vous dire que s’ils n’ont pas exécuté votre mari un peu plus loin, alors celui-ci est toujours en vie et sûrement entre leurs mains.

-Mais…

-C’est pas le moment de discuter, la coupa-t-il. Il faut partir d’ici avant que nous ne respirions trop de gaz, ces masques ne nous rendent pas invulnérables. Toi et toi, dit-il en désignant deux soldats du doigt. Vous allez me transporter cet imbécile au 4x4 avec toi, ajouta-t-il en en désignant un troisième. On va chercher les autres.

Ils redescendirent rapidement vers la route. Les deux guetteurs vinrent à leur rencontre en les apercevant.

-Capitaine, il y a un paquet de douilles de gros calibres en bas,  commença l’un des deux hommes en armes. On ferait bien de dégager avant que leurs propriétaires ne reviennent dans le coin.

-Votre version semble se confirmer, commenta le capitaine en s’adressant à elle. Nous aviserons lorsque nous nous serons réunis avec le reste du groupe, en attendant on bouge.

Ils rejoignirent tous le véhicule où les attendaient déjà les trois soldats qu’ils avaient renvoyés, ceux-ci avaient coupé à travers la colline et étaient donc allés plus vite. Ils avaient allongé leur camarade sur la plateforme arrière et n’avait toujours pas repris conscience.
Tout le groupe embarqua et ils rebroussèrent chemin à bord du véhicule. Ils repassèrent devant la maison où elle s’était fait prendre avec son groupe et continuèrent dans la direction dans laquelle étaient partis les autres 4x4.

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-Fini de roupiller ! lança une voix lointaine.

Driss ouvrit un œil alors qu’un cliquetis métallique lui signalait l’ouverture de la porte de sa prison, il réalisa alors qu’il s’était endormi.

-Le patron compte discuter avec toi et tes amis, ajouta l’homme en entrant suivit d’un autre gardien.

Le policier remarqua alors que le plateau de trois des tables disposées au centre de la pièce avait été redressé et que des chaines y avaient été fixées.
Les gardiens l’empoignèrent brutalement et entreprirent de lui retirer sa tenue antiémeute avant de la placer dans un coin de la salle. Ils le détachèrent ensuite et le trainèrent jusqu’à la table située sur la droite. Ils le plaquèrent contre celle-ci et lui passèrent les chaines. Driss se retrouva bientôt avec les bras et les jambes en croix, attachés à chaque extrémité du plateau.
Les hommes amenèrent ensuite Lydia et Banon, non sans leur avoir retiré leurs tenues, et les attachèrent de la même façon aux deux autres tables dressées à ses côtés. Il se retrouva ainsi à côté de Lydia. Lorsqu’ils furent tous enchainés correctement, un des gardiens ouvrit la trappe pendant que les autres se positionnaient de part et d’autre des tables.
L’homme siffla et le pasteur descendit dans la prison accompagné par plusieurs personnes cagoulées portant des caisses. Les deux dernières personnes à descendre portaient un imposant brasero rempli de braises rougeoyantes.
Tous se plantèrent devant eux, le pasteur au centre. Celui-ci portait le même vêtement et arborait un air satisfait. Il sortit un cigare de sa poche, l’alluma et en tira quelques bouffées tout en les regardant avant d’avancer d’un pas dans leur direction.

-J’espère que vous appréciez l’endroit, commença-t-il d’un ton léger. Vous devriez vous estimer heureux de pouvoir dormir sous un toit avec des gardes veillant à votre sécurité pendant que vous vous reposez.

-Dormir aux côtés d’un zombie, je n’appelle pas ça roupiller en toute sécurité moi, ironisa Banon.

-Silence ! cria un des gardiens qui s’était rapproché en envoyant un coup de matraque dans l’estomac du camionneur. Tu parleras quand le pasteur t’y autorisera ! ajouta-t-il d’un ton haineux en se retirant.

Banon tenta instinctivement de se ramasser sur lui-même pour protéger son ventre mais les chaines l’en empêchèrent et il se contenta de se contorsionner sous l’effet de la douleur qui lui ravageait le bas du corps.

-Comme je le disais, ce n’est pas donné à tout le monde, reprit le pasteur avec un air agacé. Si vous êtes ici, c’est parce que j’aimerai tout de même vous offrir l’occasion de vous racheter aux yeux du seigneur avant votre grand voyage.

-Et de quelle façon devons-nous nous racheter ? s’enquit Driss d’un ton moqueur.

-Eh bien c’est une bonne question… répondit leur interlocuteur en s’approchant jusqu’à ce que le bout de son cigare ne soit plus qu’à quelques centimètres du visage du policier.

Ferza retira son cigare de la bouche et souffla un gros nuage de fumée dans le visage de celui auquel il faisait face. Driss toussa et cracha lorsque la fumée entra dans ses poumons et des larmes lui montèrent aux yeux sous l’effet des picotements qu’elle déclencha dans ses yeux.
Le pasteur jugea bon de lui appliquer le bout brûlant de ce même cigare sur la paume de la main en prime. Driss grimaça et referma le poing par réflexe lorsque la décharge de douleur lui parcourut le bras. Il se crispa et se retint de lâcher un juron sous l’effet de la brûlure.

-Pour répondre à cette question, reprit le tortionnaire. Je dirai que vous allez devoir accepter votre nature mauvaise d’êtres humains en vous montrant tels que vous êtes sans faux semblants et avouer vos pêchés.

-Pour quelle raison devrions-nous faire ça ? s’emporta Banon. Nous n’avons rien à ne prouver à personne, il est hors de question que je me confie à des enfoirés de monstres dans votre genre qui plus est !

-Alors comme ça on crie au monstre ? gronda le pasteur avec un rictus haineux en s’approchant du camionneur. Vous vous pensez sans doute meilleurs que nous ! Nous …

Un crachat de Banon interrompit l’homme d’église dans sa lancée. Celui-ci recula en s’essuyant le visage à l’aide d’un mouchoir blanc et fit signe à un des hommes cagoulés qui s’empara alors d’une longue tige de fer se terminant par un pentagramme et le plongea dans le brasero. Sur un autre signe de l’homme, les gardiens quittèrent la salle en refermant la trappe derrière eux.
Driss avait comme un mauvais pressentiment quant à la tournure que prenait les choses et l’usage qu’ils allaient avoir de la tige n’était un mystère pour personne, le tortionnaire était vraiment énervé cette fois et la haine se reflétait dans ses yeux.

-Comme je le disais, reprit-il avec rage. Nous ne faisons que vous aider à abréger vos souffrances ! Dieu a envoyé cette maladie pour nous punir et révéler notre animosité à tous ! Oui, le genre humain ne vaut guère mieux que ces pantins errant dehors et croquant la moindre personne passant à leur portée, ce sont des animaux, c’est notre vraie nature. Nous ne faisons que vous aider à passer au Révélateur pour pouvoir ensuite vous rendre de l’autre côté du voile. Vous pouvez nous mépriser pour ce que nous sommes, nous traiter de monstres si vous voulez mais cela ne changera rien à ce que nous sommes tous ! Pendant des années nous avons tenté de nous convaincre que nous valions mieux, nous avons fondé une société et édité des lois afin de nous affranchir de cette sauvagerie qui nous consume de l’intérieur à chaque instants. Punir le meurtrier, fixer des limites pour nous préserver de notre vraie nature tout en trouvant de nouveaux moyens de nous entretuer et de commettre des horreurs sans noms, nous avons toujours été ainsi !

Le pasteur marqua une pause pour reprendre son souffle au milieu de sa tirade, la rage perçant dans sa voix donnait une portée plus grande à ses propos. Driss devait reconnaître que cet homme avait raison sur certains points : l’homme s’était civilisé afin de pouvoir s’élever au-dessus des autres espèces. Il avait mis en place un système de règles, de morales, de principes et de lois afin de canaliser les instincts primaires et de faciliter la cohabitation mais les instincts guerriers étaient restés. Cependant, le pasteur se trompait sur plusieurs points : les hommes avaient montré à travers l’histoire qu’ils étaient capables des pires choses mais qu’ils étaient également capables du meilleur.
De plus, les zombies n’avaient rien d’animal. Pour avoir observé les deux, il pouvait l’affirmer : les animaux étaient capables d’aimer à l’instar des humains mais jamais il n’avait vu un zombie dorlotant un de ses compagnons.
Ces créatures ne se reposaient jamais et ne formaient pas de groupes soudés. Elles se contentaient d’errer en meute, sans but et lorsqu’un des membres du groupe était tué, ils continuaient sans se soucier de leur perte, avançant constamment vers leur cible se marchant les uns sur les autres et en se bousculant. Les animaux quant à eux se souciaient les uns des autres, tout comme les êtres humains, rien à voir donc avec les zombies.
Cependant, cela lui faisait tout de même mal de reconnaître quelques-unes de ses réflexions et pensées dans les paroles de Ferza.
Le silence se prolongeait, le pasteur avait recommencé à fumer son cigare en surveillant la tige métallique plongée dans les braises rougeoyantes.

-Je disais donc… reprit-t-il en brisant le silence. Le virus révèle notre vraie nature, c’est ainsi que dieu a décidé de nous juger. Nous l’avons donc appelé le Révélateur et nous nous sommes érigés en juge afin de vous révéler aux yeux du créateur et ainsi de faciliter votre passage dans l’au-delà. Ne soyez donc pas ainsi ingrats, nous verrons qui vous êtes vraiment et vous finirez par le découvrir de votre plein gré ou non, termina-t-il avec un sourire sadique.   

Sur ces mots, il enfila un gant et empoigna la barre désormais chauffée au rouge avant de s’approcher de Banon, en la tenant bien devant lui.

-C’est également à cause de gens comme vous, relança-t-il à l’attention de Banon avec hargne. Des gens qui vous ressemblent, qui auraient crucifié Jésus à l’époque pour ne pas admettre leurs fautes et pour refuser le miroir que l’on leur tendait, même si c’était pour eux une chance de faire le bien. A cause de personnes qui, en voulant s’élever au-dessus de leur condition, ont défié le créateur et l’ony finalement décidé à lâcher sur nous sa colère divine ! continua-t-il d’un ton méprisant. Vous allez donc recevoir ce que vous méritez ! conclut-t-il en appliquant résolument le pentagramme rougeoyant sur la figure de Banon.
Le cri inhumain qui sortit alors de la bouche du camionneur fit frémir Driss, la peau de son compagnon crépita au contact du métal brûlant et une odeur de cochon brûlé se répandit de la pièce, déclenchant un tonnerre de protestation chez les zombies prisonniers.
Le cri se brisa alors celui-ci se tortillait, se cambrait sous la douleur et que le contact du pentagramme se prolongeait. Au bout d’un temps qui parut infiniment long au policier, le pasteur retira la barre et s’éloigna.
Les muscles de Banon se détendirent alors brutalement et celui-ci se mit à pendre mollement, ayant visiblement perdu connaissance.

-Que ceci vous serve de leçon, commenta le pasteur avec un air satisfait en contemplant son œuvre. Et votre enfer vient seulement de commencer. Rappelez-vous que plus vite vous cèderez, plus vite vous serez libérés. Je vous laisse aux mains de mes… collaborateurs ! Amusez-vous bien ! finit-t-il d’un ton léger en remontant par la trappe qu’il se fit ouvrir.

Lorsque le pasteur fut partit, les hommes cagoulés se déployèrent dans la pièce et s’emparèrent d’outils de torture diverses avant de s’avancer. L’attention de Driss se focalisa sur ceux qui s’approchaient de lui, l’un avait un scalpel et l’autre une grande pince.
Ils ne dirent pas un mot et celui qui tenait le scalpel s’avança jusqu’à tenir la pointe à quelques centimètres de l’œil du policier, celui-ci ne voyait plus que l’éclat d’un blanc laiteux de la lame luisant à la lumière diffusée par les quelques lampes fixées le long des murs.

-Avoue ! cracha-t-il.

Driss sachant ce qui l’attendait, serra les dents et garda le silence.

-Parfait, répliqua le bourreau en réponse au silence de sa victime.

Il ne savait pas ce que ses amis subissaient mais leurs cris et leurs gémissements résonnaient déjà dans la salle lorsque le porteur du scalpel déplaça la lame vers sa joue et lui entailla violemment la peau au niveau de l’oreille gauche. Le policier ne put retenir un cri de douleur et tenta de redresser la tête mais le deuxième bourreau la lui plaqua contre le plateau.
L’homme reprit son office et entreprit de tracer une ligne courbée avec sa lame de l’oreille de Driss à sa bouche. La douleur était insupportable pour le policier. Il aurait voulu arracher ces chaines qui le retenaient afin de faire payer à ces gens ce qu’ils lui faisaient mais il n’y avait rien à faire et il ne faisait que s’arracher la peau des poignets en se débattant. Le bourreau prenait son temps pour découper les chairs, la douleur aveuglait Driss alors qu’il sentait son sang ruisseler sur sa joue.
Lorsque l’homme eut finit, Driss crut qu’il pourrait souffler un peu mais celui-ci décida de tracer une deuxième ligne de l’œil gauche vers l’oreille en effectuant en effectuant un petit arc de cercle.
La douleur lui arracha des larmes lorsque la lame repassa dans les chairs à vifs. Driss n’eut pas besoin d’un miroir pour savoir qu’un « C » inversé sanglant lui barrait désormais le côté gauche du visage. L’homme ajouta ensuite deux coupures croisées au milieu de la joue meurtrie du policier avant de s’écarter d’un air satisfait.

-Toujours rien à dire ? s’informa ce dernier.

Driss garda le silence en maudissant intérieurement ses tortionnaires, la douleur lui ravageait toute la face gauche du visage et il ne pouvait rien faire pour l’atténuer ou pour s’y soustraire.

-Bien, deuxième phase donc, continua le bourreau d’un air détaché.

L’homme aux pinces s’avança alors et coinça l’auriculaire de la main droite de sa victime entre les deux larges dents de celle-ci avant d’opérer une brusque torsion.
Le policier hurla de douleur lorsque les os cédèrent et se mit à se cambrer désespérément au bout de ses chaines afin de se libérer, ce qui eut pour unique résultat de lui déchirer un peu plus la peau des poignets.
Il se laissa pendre au bout de ses chaines, pleurant de douleur et de rage, serrant les dents, pendant que les deux dents métalliques enserraient son auriculaire encore valide et lui faisait subir le même sort. Son hurlement de douleur se brisa finalement, sa voix n’en supportant pas plus.
Driss bouillonnait de rage, il voulait leur faire subir et ce qu’ils semblaient prendre plaisir à lui faire. Il les regarda droit dans les yeux tour à tour en tentant de reprendre une expression neutre malgré la souffrance.
Il ne leur offrirait pas le spectacle de sa déchéance bien que la douleur irradiant de ses deux doigts brisés et de sa joue.
Visiblement, peu intimidés, les deux bourreaux se contentèrent de faire signe à un troisième larron de s’approcher. Celui-ci s’exécuta et s’avança en brandissant deux barres chauffées à blanc, il en tenait une dans chaque main. L’homme écarta les bras en s’approchant et lorsqu’il fut à une distance  suffisante, il referma les bras. Les barres se rabattirent du côté gauche et du côté droit de Driss en même temps.
La douleur fut telle qu’il lâcha un hurlement désarticulé et qu’il s’évanouit. L’obscurité qui l’absorba fut comme un refuge après ce qu’il venait de subir et il s’y abandonna pleinement.

Lorsqu’il revint à lui au bout de ce qui lui sembla être une éternité, la douleur s’empara à nouveau de lui. Tout son être le faisait atrocement souffrir,  on lui avait fait des bandages et mis des attelles aux doigts, sans doute afin de pouvoir prolonger le supplice plus tard. Il devait désormais avoir de jolies marques au niveau des côtes car les brûlures gênaient sa respiration mais il ne pouvait pas les voir et il n’osait pas soulever les bandages pour les voir.
La femme zombie grondait en tentant de l’atteindre et se débattait avec ses chaînes. Il était donc à nouveau dans sa cage et le cauchemar n’était pas fini. Les trois gardiens étaient à nouveau là et il n’y avait aucune trace des bourreaux. Il se doutait qu’il ne s’en sortirait pas cette fois et des larmes de désespoir se mirent à rouler sur ses joues à l’idée qu’il ne reverrait plus sa femme ni sa fille.

-Eh bien c’est l’heure de nourrir les petits monstres, grogna un gardien en s’appuyant contre les barreaux de la cellule du policier. Eh, venez voir ! Y a l’autre qui pleure là, ajouta-t-il à l’intention de ses compagnons en ouvrant la porte. Alors on pleure sur son sort comme un gros bébé ? l’interrogea-t-il d’un ton moqueur.

-C’est sûrement la zombette qui lui fait peur, s’amusa un autre gardien.

-Tu as raison, approuva le premier. On va enfin pouvoir s’amuser un peu, termina-t-il en allant détacher la femme. Aidez-moi à tenir les autres chaines, demanda-t-il à ses camarades. Il ne s’agit pas qu’on lui facilite le boulot en le transformant par accident.
Les gardiens s’emparèrent des chaines de la femme et la détachèrent. Celle-ci tenta alors de bondir sur Driss mais elle fut stoppée dans son élan par la brusque tension des chaines dont se servaient les gardes pour la retenir. Elle gronda de mécontentement et tira sur ses chaines en avançant vers le policier qui n’osait plus faire un geste.
Les hommes d’arme lui donnèrent suffisamment de mou pour qu’elle puisse faire claquer ses dents devant lui. L’odeur de la créature était insupportable, elle dégageait de forts relents de décomposition. Son visage défiguré ne reflétait plus que très vaguement la femme et sa beauté. Des yeux secs et fripés remplaçaient désormais ceux qui avaient dû faire craquer plus d’un homme.

-Regardez-moi cette salope, se marra un des gardiens, elle en veut hein.

-On dirait bien ! rigola un des autres en retour.

La créature parvint à agripper Driss qui crut qu’il allait tourner de l’œil sous l’effet de l’odeur.

-ça suffit, couché sale bête ! lancèrent les gardiens en tirant violemment sur les chaines, ce qui lui arracha un couinement. Elle a faim cette petite décidément.

-T’en fait pas, on va lui donner des raisons d’avoir faim, ajouta le dernier garde en donnant un coup dans le ventre de la femme.

Les gardiens passèrent alors la créature à tabac en l’injuriant. Ils semblaient quasiment avoir oublié Driss mais lorsqu’ils se furent défoulés, ils reportèrent son attention sur lui et reprirent leur manège. Ils l’asticotaient un peu avec la femme zombie et la laissant s’approcher au plus près de lui puis la tiraient brusquement en arrière et la passaient à tabac.
Cependant, ce qui devait arriver arriva. La créature profita d’un instant d’inattention des hommes armés pour se jeter sur l’un d’eux et le mordre à la main droite. Les gardiens, furieux, tirèrent violemment sur les chaines, ce qui eut pour effet d’envoyer la chose bouler contre le mur du fond.
Les deux gardiens qui n’avaient pas été mordus se ruèrent ensuite sur la femme pendant que le troisième reculait vers le centre en s’agrippant la main.
Les hommes se mirent à rouer de coups la chose qui tentait toujours de les mordre. L’un d’entre eux écrasa le bras de la créature, celui-ci craqua sinistrement et l’os transperça la peau lorsqu’elle tenta de le bouger en même temps. Ils l’attachèrent ensuite et allèrent chercher des barres de fer.
La chose ne semblait pas se soucier plus que ça de son traitement et continuait de gronder en tendant les bras vers ses tortionnaires.
Le premier à revenir auprès d’elle lui asséna un violent coup dans les côtes avec son arme métallique, défonçant la cage thoracique de celle-ci. Les grondements de la femme redoublèrent.

-T’aimes ça hein ? Tu trouves ça jouissif ? s’enquit-t-il haineusement en lui brisant une jambe d’un nouveau coup.

Les hommes s’acharnèrent pendant un long moment, s’appliquant à briser tous les os de la chose tout en la traitant de tous les noms. Le corps de celle-ci en devint atrocement déformé mais elle continuait de tenter de se saisir d’un de ses tortionnaires malgré les chaines. En voyant ceci, ils s’attelèrent à la démembrer. Le policier n’arrivait pas à détourner les yeux du spectacle, le sang de la victime éclaboussait les murs et le sol.
Finalement, l’un d’entre eux l’attrapa par la tête et se mit à la lui cogner violemment contre le sol en tenant toutes sortes de propos injurieux. Les os cédèrent au fur et à mesure et les bruits de bris laissaient place à des bruits de succions, la créature finit par se taire et rester immobile.
Driss dut détourner la tête de l’horrible spectacle pour ne pas vomir. Les gardiens s’éloignèrent en soufflant comme des bœufs et en lançant des plaisanteries macabres avant de refermer la porte.
Ils se turent brusquement en apercevant leur camarade, désormais blême, qui se cramponnait à sa main blessée.
Un long silence s’installa pendant lequel les trois hommes s’observèrent, ne sachant visiblement pas comment réagir à la situation puis l’un d’entre eux déclencha brusquement les hostilités.
Celui-ci frappa le blessé au visage avec sa barre, ce dernier s’effondra au milieu des tables, ils se mirent ensuite tous deux à tabasser leur camarade à terre, lui faisant subir le même châtiment que la créature gisant désormais dans la cellule de Driss.
Les horribles bruits d’os écrasés et de succion résonnèrent à nouveau sinistrement dans la salle. Les deux hommes s’acharnèrent encore un moment sur le corps de leur camarade qui avaient sûrement succombé dans les premières minutes avant de s’écarter et de s’asseoir. Ceux-ci ne dirent pas un mot, reprenant leur souffle de leur côté, les membres ballants. Ils étaient tels des poupées de chiffon abandonnées au centre de la pièce.

La forme sanglante de leur camarade était étendue entre les tables, dans une mare de liquide écarlate. Driss ferma les yeux, tentant d’oublier l’affreuse démonstration d’animosité dont ces hommes avaient fait preuve.
Il commençait à croire que le pasteur avait raison et ça lui donnait froid dans le dos, l’extinction de la civilisation avait mis fin aux artifices qu’ils s’étaient imposés afin d’oublier leur vraie nature.
Une telle barbarie avait de quoi faire réfléchir. Si les derniers hommes sur terre étaient ainsi, alors il espérait vivement que le reste de son groupe n’en rencontrerait pas d’autres.
Il se demanda soudain ce que ses compagnons avaient pu devenir, il ne les avait pas entendu depuis qu’il avait reprit connaissance.
Le policier ferma les yeux, invoquant l’image de sa femme et de sa fille dans sa tête afin d’effacer ces atroces images et ses souffrances mais chaque fois qu’il le faisait,  il les voyait défigurées, soumises à des tortures, aux mains de tortionnaires riants de leurs souffrances.
Des larmes perlèrent au bord de ses paupières et pour la première fois depuis longtemps : il pleura.

 

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