Le Convoi de la dernière chance (Vol. 1.)

Chapitre 10 : Chapitre 9 : L'arène du destin

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:14

Chapitre 9 : L’arène du destin

Des bruits de pas précipités ainsi que l’ouverture de la trappe tirèrent Driss de l’état léthargique dans lequel il s’était plongé un moment. Plusieurs hommes armés équipés de masques de paintball et brandissant des armes lourdes descendirent par l’ouverture. Ils marquèrent un temps d’arrêt en apercevant le cadavre baignant dans son sang au milieu des tables.
Les deux fautifs s’approchèrent immédiatement de celui qui commandait le détachement mais celui-ci les interrompit d’un geste et ses camarades tinrent en joue les meurtriers.

-Qu’est-ce que c’est que ce bordel, Wyatt ? s’enquit l’un des nouveaux arrivants portant un masque de paintball avec colère.

-Il a été mordu, répondit immédiatement l’intéressé. Nous l’avons abattu immédiatement avant qu’il ne puisse faire du dégât.

-Explique-moi comment c’est possible, ça n’est jamais arrivé jusqu’ici! répartit l’interlocuteur.

-C’est la zombette que vous avez amené ce matin qui l’a mordu mais on lui a fait sa fête à elle aussi, s’expliqua le dénommé Wyatt.

-Vu comment on enchaine ces choses et les précautions à prendre, il est techniquement impossible qu’il se soit fait mordre à moins que le règlement n’ait été enfreint. Je répète donc ma question : Qu’est-ce c’est que ce Bordel, Wyatt ? interrogea l’homme d’un ton menaçant. Et ne t’avises pas de me mentir encore ou je te fais abattre sur le champ avec ton pote.

-Très bien… se résigna le gardien en baissant la tête. On a voulu la déplacer et elle lui a sauté dessus puis l’a mordu.

-Et pour quelle raison avez-vous jugé bon de la déplacer ? insista le garde avec hargne.

-Eh bien … hésita Wyatt en se grattant machinalement la tête.

-Eh bien quoi ?

-On a eu envie de faire une blague à son colocataire, histoire de l’asticoter, avoua l’homme avec un petit sourire.

-Imbécile ! cria le garde armé en frappant son interlocuteur au visage avec la crosse de son arme.

Wyatt alla s’écraser au milieu de tables. Son comparse n’esquissa pas un geste ne fit pas mine de se défendre lorsque les autres gardiens le plaquèrent au sol et le menottèrent.

-Qu’on aille chercher le pasteur et surtout qu’on le mette bien au courant de la situation ! ordonna le commandant du détachement d’une voix forte où perçait encore la colère.

Un des membres du groupe se rua immédiatement vers la trappe pendant que son chef se penchait au-dessus de sa victime toujours étalée au sol. L’homme saisit le gardien déchu par sa veste de combat et le redressa à bout de bras avant de l’attirer à lui et de le plaquer contre son bras.

-Seul le pasteur décide quand torturer un prisonnier ou pas, gronda le garde. Tu n’es qu’une sous-merde, tu n’as pas le droit et de vie ou de mort petite raclure, ajouta-t-il avec mépris. Toi et ton pote allez devoir répondre de cet acte devant le patron. Mais qu’est ce qui t’a pris de faire ça bordel ! s’emporta-t-il à nouveau. Fallait vraiment que tu fasses ça, regarde la merde dans laquelle tu nous as tous mis ! T’es un sacré connard, conclut-t-il en repoussant Wyatt.

Ce dernier, sous la poussée, peina trop à reprendre son équilibre et alla s’écraser contre un mur.
Les gardes s’emparèrent alors de lui et l’attachèrent solidement avant de le positionner à genoux au centre de la pièce avec son camarade.
Un long moment s’écoula dans un silence à peine troublé par les gémissements des quelques zombies restants dans les cellules.
De là où il se trouvait, Driss aperçut Banon et Lydia qui observaient également la scène collés aux barreaux de leurs cellules. Ses compagnons semblaient eux aussi dans un sale état même s’il les distinguait mal à partir de sa position.
Des pas résonnèrent à nouveau et le messager refit son apparition. Il était accompagné du pasteur qui portait cette fois un complet de couleur beige et qui était accompagné de deux bourreaux.
Ferza fit reculer les gardes derrière lui d’un geste de la main et s’avança afin de dominer les deux prisonniers de toute sa hauteur.

-J’espère que vous êtes conscient de la merde dans laquelle vous êtes, commença-t-il d’un ton léger en positionnant ses mains sur ses hanches.

-On s’excuse patron, on ne pensait pas en arriver là, se défendit Wyatt d’une voix tremblante.

-Pourtant vous y êtes, continua abruptement le pasteur. Les règles sont strictes et claires, vous m’avez désobéit et je vais devoir faire un exemple avec vous. Je déteste faire ça mais vous m’y poussez.

-S’il vous plait, implora le pauvre homme d’une voix suppliante, on ne recommencera pas.

-Evidemment que vous ne recommencerez pas, reprit le pasteur d’un ton cassant. Il suffit, vous savez quoi faire, conclut Ferza en s’adressant aux bourreaux.

Les deux concernés s’avancèrent vers les prisonniers et s’emparèrent chacun d’une machette qui pendait à leur ceinture.

-Tendez vos mains devant vous, ordonna le pasteur sur un ton qui ne tolérait aucune discussion.

-Pitié, supplia Wyatt en tendant les bras devant lui à l’instar de son comparse.

-Je suis désolé, je ne peux pas, soupira Ferza. Adieu.
Les mots furent à peine prononcés que les bourreaux abattirent leurs armes sur les avant-bras tendus des deux prisonniers. Ces derniers hurlèrent de douleur alors que les lames sectionnaient leurs membres supérieurs. L’avant-bras droit ne fut pas sectionné du premier coup et le bourreau dû s’y reprendre à deux fois afin de le détacher complètement du reste du corps.
Les deux victimes s’effondrèrent en criant et en se roulant au sol en proie à une grande souffrance. Les bourreaux les lardèrent alors de coups de machettes sous le regard impassible des autres spectateurs.
Driss put distinctement voir le sourire sadique du pasteur contemplant la scène macabre. Le complet de Ferza était désormais tâché de gouttelettes écarlates. Celles-ci provenaient des projections dues aux mouvements amples des tortionnaires en pleine action.
Lorsque les horribles gargouillis des hommes agonisants se furent tus, le pasteur s’éclipsa avec le reste du groupe et les bourreaux s’attelèrent à nettoyer le carnage.
A la grande horreur du policier, les tortionnaires rassemblèrent les morceaux de ceux qu’ils avaient massacrés dans des sacs poubelles avant d’aller les jeter aux zombies enfermés dans les cellules adjacentes.
Ils épongèrent ensuite le sang répandu. Driss ne mesura pas le temps qui s’était écoulé entre la fin de l’exécution et celle du nettoyage mais il ne fit aucune doute dans son esprit que celui-ci avait duré plus d’une heure. Ils ne touchèrent pas à la femme zombie et la laissèrent telle quelle dans sa cellule.

-Alors c’est comme ça que vous traitez ceux d’entre vous qui assument totalement leur bestialité sans qu’on leur en donne l’ordre ? lança Banon d’un ton provoquant alors que les deux hommes s’apprêtaient à remonter.

Ils ne se donnèrent pas la peine de répondre à la provocation et  sortirent. Trois nouveaux gardiens descendirent afin de remplacer les morts. Ils s’installèrent en silence, sortirent un jeu de carte et commencèrent à jouer sans même un regard en direction des prisonniers.

-Eh les gars ! Héla Banon. Je vous plains beaucoup, vos règles de vie sont plutôt complexes…

-Ta gueule toi, coupa un des gardiens.

-Non mais c’est vrai quoi, continua le camionneur. Vous montrez votre vrai visage comme le pasteur le demande et vous finissez découpés en tranches, quelle ironie.

-On t’a dit de la fermer ! cria un autre des gardiens en se levant brutalement.

-C’est bon mec, calme toi ! Je serai bientôt mort, mais qui sait combien de temps vous allez devoir vivre ça encore. Je compatis vraiment…

-On va te faire passer l’envie d’ouvrir ta grande gueule, gronda le même gardien en attrapant sa matraque et en se levant.

Ses compagnons firent pareil et ils entrèrent ensemble dans la cellule de Banon. Une série de bruits mâts accompagnés d’injures et de grognements bestiaux, poussés par l’autre locataire de la cellule, résonnèrent puis ils ressortirent en refermant la porte.
Banon resta silencieux cette fois et le policier l’en remercia secrètement. Il s’adossa contre le mur et entreprit de penser à un plan qui pourrait les tirer de cet endroit  le plus vite possible.
Il ne voyait pas vraiment de solutions autres qu’une mort rapide, il y avait bien trop de gardes et il ne connaissait pas vraiment l’endroit. Il jeta un œil au cadavre de la femme qui pourrissait au fond de sa cellule, les gardes allaient forcément finir par le dégager lorsque l’odeur deviendrait insupportable mais il allait falloir la supporter un moment.
Ses pensées se tournèrent ensuite d’elles-mêmes vers sa femme et sa fille. Rien ne semblait indiquer qu’elles avaient été prises avec les reste du groupe et emmenées ici, dans le cas contraire le pasteur n’aurait sûrement pas manqué de venir les narguer et les menacer.
Son regard se perdit au niveau du plafond de sa cellule. La lumière de la pièce l’éclairait faiblement et on y distinguait une vieille ampoule grillée depuis longtemps. Il suivit des yeux une petite lézarde et contempla pour la première fois les murs qui l’entouraient.
Ceux-ci semblaient n’avoir pas été lavés depuis un bon moment. Le policier pouvait y voir des inscriptions gravés dans leur revêtement : des bâtons décomptant les temps écoulé, des messages de désespoir, des dessins et bien d’autres inscriptions. Les seules autres décorations de la cellule étaient les traces sanglantes laissées par les prisonniers torturés lorsqu’ils s’étaient affaissés contre telle ou telle cloison.
L’esprit de Driss vagabonda encore un moment, se perdant dans les méandres de ses pensées et de ses souvenirs d’une époque qui n’existait plus.

OOooOO

Il marchait sur la plage en tenant la main de Jill qui gambadait joyeusement à ses côtés et en foulant des pieds le sable chauffé par une journée d’ensoleillement. Le soleil brillait haut dans le ciel et les cris des enfants jouant sur la plage résonnaient dans ses tympans.
Tara s’accrochait à son bras libre et il savourait le contact de sa peau contre la sienne. Elle portait le maillot de bain rouge qu’il appréciait tant ainsi qu’une casquette blanche et des lunettes de soleil, sa femme avait également noué sa serviette autour de la taille. Elle l’avait fait plus par pudeur que par nécessité car elle savait à quel point il pouvait être jaloux lorsqu’elle se promenait en petite tenue devant tous les gars présents.
En ce qui le concernait, il portait un short de bain hawaïen vert assortis de fleurs blanches ainsi que les affaires de plage. Jill, quant à elle, était habillée d’un short en jean et d’un t-shirt bleu ciel passés au-dessus de son maillot de bain ainsi que d’une casquette rose.
Un petit souffle de vent chaud vint lui caresser le visage et Tara resserra sa prise sur son bras en trébuchant dans le sable.

-Holà ! Tu veux déjà retourner bronzer dans le sable après trois heures en plein soleil ? ricana le Driss pour taquiner sa femme.

-Maman elle est toute cramée comme une saucisse et elle sent le cochon brûlé ! lança Jill en tirant sur le bras de son père pour gambader à reculons devant eux et ainsi capter le regard de sa mère.

-Alors toi ! lâcha Tara en tentant d’attraper la provocatrice qui reprit sa place aux côtés de son père afin d’échapper à sa mère.

Cette dernière rata sa cible et bouscula Driss emportée par son élan. Celui-ci perdit l’équilibre et bascula d’abord à genoux puis la tête la première dans le sable sous la poussée de sa femme. Il avait toujours les mains prises et ne put rien faire avant de se retrouver la tête dans le sol avec sa femme sur le dos et sa fille étalée à côté.
Il devina que toutes les deux continuaient de chahuter à ses côtés pendant qu’il se relevait en crachant du sable et en s’essuyant tant bien que mal le visage.

-Quelles gamines ! grommela-t-il.

C’est alors que les deux fautives qui se battaient dans le sable levèrent les yeux vers lui et explosèrent de rire devant la mine déconfite qu’il arborait.

-Vous pouvez rire ! Je me vengerai ! dit-il d’un ton faussement menaçant en tendant la main à sa femme afin de l’aider à se relever.

Sa fille n’attendit pas qu’il lui fit cette faveur et se releva toute seule.

-Allons, t’es mignon quand t’es grognon ! lui lança sa femme avec entrain et accompagnant ses propos d’un baiser.

Ils reprirent leur progression jusqu’à un café situé en bord de mer où ils s’installèrent à une table. Il commanda des boissons rafraichissantes pour tous les trois ainsi qu’une glace pour Jill et attendirent.
Driss aperçut la main de sa femme qui traînait sur la table et la serra doucement en regardant les enfants et les adultes jouer et bronzer sur la plage.
Tout était parfait, une faible brise agita les cheveux de Tara et il l’attira à lui pour l’embrasser.

-Oh les amoureux ! se moqua Jill.

OOooOO

Un bruit tira Driss de la transe dans laquelle il était plongé et il sentit quelqu’un l’immobiliser violemment en lui appliquant un chiffon imbibé d’un liquide odorant sous le nez. Il se sentit alors partir et se retrouva dans le noir.
Il n’eut aucun rêve et se réveilla dans un brouillard. Il ne savait pas combien de temps il était resté inconscient mais il devina qu’il ne se trouvait plus dans la prison. Une lumière intense l’éblouissait au-dessus de lui et il sentait les dalles froides d’un carrelage dans son dos.
Il se redressa doucement et aperçut deux gardiens masqués qui gardaient une porte un peu plus loin devant lui. D’après les nombreux casiers métalliques disposés tout autour de lui, il se trouvait dans un vestiaire. Un banc courait le long des rangements et une ouverture située à sa droite donnait sur des douches.
Banon et Lydia se trouvaient à ses côtés et émergeaient doucement, ils semblaient avoir été drogués eux-aussi.
La jeune femme avait un bandage sale autour de la tête et de nombreuses cicatrices et ecchymoses au niveau du visage à l’instar du camionneur. Elle avait également une main complètement bandée.
Banon avait les deux poignets ainsi que les chevilles bandés.

-Où est-ce qu’on est ? commença la jeune femme d’une voix pâteuse.

-Vous vous trouvez dans un vestiaire et vous allez vous habiller sans tergiverser avec rapidité ! lança l’un des gardiens en devançant Driss par la même occasion. Vos affaires sont dans les casiers deux-cent-dix, deux-cent-onze et deux-cent-douze.

Le policier et ses camarades se levèrent difficilement. Un vertige le prit mais il avança jusqu’au casier deux-cent-onze en tentant de remettre ses idées en place. Il l’ouvrit et y découvrit un casque de moto, deux hachettes ainsi que des protèges-coudes et des jambières colorées de jaune.
Il se tourna vers Lydia, celle-ci lui lança un regard interrogateur auquel il répondit par un hochement de tête. Il était mieux de se montrer le plus coopératif pour l’instant mais ils tenaient peut-être une occasion de s’échapper.
Driss jeta ensuite un coup d’œil à Banon mais celui-ci avait déjà commencé à s’équiper en arborant un visage fermé. Le camionneur avait un casque de combat, une hache et les mêmes protections que le policier pour le coude et les jambes colorées de vert. Lydia avait, en ce qui la concernait, hérité de deux machettes, d’un masque de paintball et des mêmes protections colorées de rouge.
Ils s’équipèrent tous trois en silence.

-Bien, maintenant vous allez nous suivre sans faire d’histoires, intervint le gardien qui leur avait indiqué la marche à suivre précédemment. Vous êtes fous si vous croyez pouvoir vous échapper, il y a un peloton derrière cette porte ainsi que de nombreux gardiens dans tout le bâtiment et ils ont ordre de tirer à vue. N’essayez donc pas de faire les malins, ça gâcherait le spectacle.

Driss et ses compagnons s’avancèrent vers les gardes pendant que ceux-ci ouvraient la porte. Ils n’avaient pas mentis, un peloton complet les attendaient derrière et ils se retrouvèrent solidement encadrés.
Leurs gardiens les entraînèrent dans une enfilade de couloirs obscurs encadrés par des portes cadenassées. Des gardiens se situaient à chaque intersections, on ne leur avait pas mentit à ce sujet non plus.
On leur fit franchir finalement une nouvelle porte et ils se retrouvèrent dans un long couloir au bout duquel une lumière presque aveuglante rayonnait. Le policier pouvait également entendre une voix hurler dans un micro, de la musique d’ambiance et des clameurs. Il se sentait sur le point d’entrer dans un stade bondé à quelques minutes du début d’un évènement sportif.
Il lui sembla que le trajet jusqu’à cette lumière aveuglante prenait un temps fou alors que la lumière ne se trouvait qu’à quelques dizaines de mètres devant lui. Il était à la fois impatient de voir où ils allaient être conduits et terrifié par ce qui pouvait l’attendre au-delà du couloir. Il put sentir ses compagnons qui marchaient à côté se raidir à mesure qu’ils avançaient.
Ils franchirent finalement l’extrémité du couloir et débouchèrent dans un vaste stade éclairé par de puissants projecteurs. Des huées de la foule les accueillirent à leur entrée tandis que le commentateur hurlait comme un damné dans son micro.
Devant lui se dressait une vaste zone carrée entourée d’un haut et épais grillage renforcé par de nombreuses barres métalliques. Un vaste tunnel aux barres resserrées rejoignait une autre ouverture sous les tribunes situées à l’opposé de leur position et la reliait avec ce qui s’apparentait à une vaste cage pour fauves.
Le sol dans la cage était retourné et ne comprenait pas la moindre touffe d’herbe alors qu’ils marchaient actuellement sur une pelouse brunie par le manque d’eau.
En promenant le regard autour de lui, il put constater que le stade était circulaire, cerclé de gradins répartis sur deux niveaux. Les premiers sièges se situaient à la verticale des pourtours du terrain à environ cinq mètres du sol et les derniers à quelques du toit de l’édifice. Deux écrans géants qui avaient sûrement servi à l’époque à retransmettre le match par l’intermédiaire de caméras, afin que les spectateurs puissent avoir une meilleure vue, étaient désormais éteints.
Ce Stade devait avoir une capacité d’accueil de trente-mille spectateurs au bas mot. Cependant, seules les premières rangées du premier niveau des gradins étaient occupées. Il y avait bien plusieurs centaines de personnes réunies ici.
Les gardes les forcèrent à s’agenouiller tous les trois et le commentateur se tu. Une nouvelle voix résonna alors dans les haut-parleurs.

-Bienvenue à tous ! lança joyeusement Ferza. Nous avons aujourd’hui trois concurrents pour notre grand jeu de l’arène du destin ! Ceux qui survivront aux combats gagneront le droit de vivre jusqu’aux prochains matchs ! Le groupe électrogène alimentant les lieux en électricité ayant récemment prit un coup de vieux, nous passons à l’éclairage secondaire.

A ces mots les puissants projecteurs s’éteignirent et de petits projecteurs fixés le long de la cage prirent le relai.

-Les matchs se dérouleront en deux temps ! reprit le pasteur d’un ton où perçait l’excitation. Dans un premier temps, nos invités combattront nos gladiateurs à une contre trois. Dans un deuxième temps, ils se frotteront à une meute de zombies fraichement capturés à un contre dix ! Souhaitons leur bonne chance et que le destin scelle leur sort dans le sang! tonna-t-il en conclusion.

-Espèce d’enculé ! hurla Banon en levant bien haut ses deux majeurs en direction de la régie. Non seulement t’as pas les couilles de nous affronter seul mais en plus tu ne nous offres pas de combats loyaux ? Il est bien sale ton slip en ce moment !  Je me trompe ?

Les gardes se jetèrent sur le camionneur, l’immobilisèrent et le rouèrent de coups avec la crosse de leurs armes.

-Il suffit ! intervint Ferza. Nous avons donc un volontaire pour ouvrir les festivités ! Voyons ce qu’il a dans le ventre et que le spectacle commence !

Deux gardiens empoignèrent solidement Banon et le traînèrent dans l’arène. Driss sentit que la situation devenait de plus en plus préoccupante et regarda autour de lui dans l’espoir de trouver quelque chose qui puisse lui servir à renverser la situation en leur faveur, mais les miliciens étaient hors de portée et il aurait tout le temps de se faire abattre ou maîtriser avant de pouvoir faire quoique ce soit de menaçant.
Le camionneur fut laissé au milieu de l’arène et la porte grillagée se situant de leur côté fut verrouillée.
La porte leur faisant face s’ouvrir à l’autre bout du stade et laissa passer trois personnes que le policier put distinguer plus précisément lorsqu’elles arrivèrent au centre de l’arène en passant par le tunnel dégagé.
Les trois personnes étaient équipées de façon similaire à Driss et ses camarades, elles avaient le même type d’équipement pour les mêmes couleurs mais leur avantage venait du nombre.
Les trois gladiateurs adressèrent un salut de leurs armes en direction de la tribune couverte du commentateur dans laquelle se trouvait Ferza avant de s’intéresser à leur proie.
Banon s’était relevé et se tenait sur ses gardes en tenant sa hache bien en main.

-Ne sont-ils pas fiers mes guerriers ? s’enthousiasma le pasteur à l’intention de la foule qui lui répondit pas une grande clameur. Allez-y !

Les adversaires de Banon ne se firent pas prier et s’avancèrent en se déployant en éventail de façon à cerner le camionneur et à ne lui laisser aucune chance. L’homme les laissa approcher sans esquisser un geste mais Driss pouvait sentir la tension de son camarade de par sa posture et il le savait attentif au moindre des mouvements adverses.
Celui se trouvant en jaune se lança enfin et tenta d’abattre sa machette de droite sur sa proie. Banon se contenta de faire un pas de côté et le gladiateur mis en porte-à-faux par le mouvement dut effectuer une roulade pour éviter la hache se dirigeant vers sa tête.
L’adversaire en vert profita que l’attention du camionneur soit détournée pour tenter de lui porter un coup avec sa hache qui contraignit le combattant solitaire à opposer son arme pour détourner le coup.
Il était clair que les trois hommes opposés à Banon cherchaient à faire durer le plaisir en attaquant au tour par tour. Ils n’en étaient sûrement pas à leur premier affrontement et Driss assistait impuissant à ce qui était de toute évidence une exécution, il ne pouvait qu’attendre son tour en espérant que le camionneur tienne et en finisse au plus vite.
Ce fut ensuite au troisième de s’élancer avec ses deux machettes.  Le camarade du policier para la première avec le manche de sa hache et bloqua l’autre au niveau du manche avec un de ses protèges-coudes avant d’envoyer un puissant coup de pied dans le ventre de son agresseur. Ce dernier alla rouler dans la poussière et permit à Banon de faire face à l’homme armé des deux hachettes qui s’était approché discrètement par derrière.
D’un coup sec, le camionneur coupa le bras droit de son adversaire sans qu’il n’ait le temps de réagir, le gladiateur lâcha son autre hachette et tomba à genoux en serrant son moignon pour stopper l’hémorragie.

Banon était déjà passé à autre chose lorsque son précédent opposant ploya en geignant. En effet, les camarades de ce dernier n’avaient guère apprécié la mutilation de leur ami et s’étaient jeté sur leur proie en même temps.
Le camionneur esquiva difficilement les coups et tenta de parer la hache de l’un de ses agresseurs mais le deuxième en profita pour lui porter un coup de machette dans le côté.
Le cœur de Driss se figea lorsque son compagnon céda et recula en se tenant le côté. Cette manœuvre l’amena à côté du gladiateur blessé qui en profita pour lui asséner un coup rageur de hachette au niveau de la jambière. Le choc fit basculer Banon sur l’attaquant qui poussa un cri de douleur lorsque son moignon se retrouva pris au piège.

Les autres tentèrent d’en profiter pour en finir avec leur adversaire mais Banon roula sur le côté et la machette de l’homme aux protections rouges s’enfonça dans le ventre du blessé tandis que la hache de celui aux protections bleues se fichait dans le sable.
Le camionneur profita de l’occasion pour se ruer sur le gladiateur à la hache, qui s’escrimait à reprendre son arme en main, et le percuta violemment de l’épaule. Le choc projeta l’homme au sol la tête la première en lui faisant lâcher son arme. Banon en profita pour abattre la sienne sur le gladiateur encore étourdit. L’arme s’enfonça dans les chairs de l’adversaire et celui-ci ne bougea plus.
Le camionneur saisit l’arme de sa victime et s’avança ensuite vers le combattant aux machettes qui avait dégagé son arme du ventre de son camarade et qui se redressait pour faire face à sa proie.
Driss nota au passage que l’homme au moignon était toujours vivant et que Banon boitait assez fortement. Il plissa les yeux et constata que la jambière de la jambe atteinte était couverte de sang, le coup avait donc atteint les chairs.
Les deux hommes se regardèrent brièvement puis le gladiateur rouge se jeta sur Banon qui lui asséna un puissant coup avec le manche de son arme en pleine figure. La visière du casque se brisa sous le choc et l’adversaire du camionneur tomba comme une masse.
Le compagnon du policier s’avança pour éloigner les armes de son adversaire mais celui-ci rua et repoussa le camionneur qui trébucha et tomba sur le dos. L’homme se remit debout et fonça sur sa proie.

Driss vit alors son camarade s’emparer de la machette à laquelle était toujours accrochée la main de l’homme au moignon et la jeta violemment contre son agresseur. L’arme se ficha dans le visage de ce dernier qui chancela et fit encore quelques pas avant de mordre la poussière pour de bon.
Banon s’était montré vraiment impressionnant de force et d’endurance et le policier se dit qu’il avait de la chance que celui-ci se batte couramment avec lui plutôt que contre lui. Le policier se sentait soulager que son ami aie survécut à son premier combat.
Le camionneur s’avança vers le blessé au moignon qui était toujours en vie malgré le coup de machette en plein ventre. Il avait cependant peu de chance de survie à moins de recevoir des soins au plus vite, or personne ne faisait mine d’esquisser un geste pour se porter à son secours.
Lorsque l’homme domina le gladiateur déchu de toute sa taille, la foule se mit à réclamer la mise à mort de ce dernier.

-Exécute-le ! lâcha abruptement le pasteur à l’attention de Banon par l’intermédiaire des haut-parleurs.

Le camionneur baissa le regard vers le blessé qui crachait du sang en convulsant et releva la tête en arborant un visage fermé avant de lever les deux bras en exécutant un doigt d’honneur de chaque main.
Il rabaissa vite les bras et agrippa son côté blessé sous l’effet d’une vague de douleur. L’inquiétude s’empara à nouveau de Driss, son camarade ne semblait pas au mieux de sa forme et tomba à quatre pattes en comprimant sa blessure au côté. L’adrénaline avait cessé son effet stimulant et Banon en payait  les conséquences.

-Très bien, c’est de bonne guerre, reprit Ferza. Nous allons donc passer à l’épreuve suivante tout de suite ! Faites entrer les zombies !

La panique s’empara de Driss, il ne faisait aucun doute que le camionneur ne pourrait pas survivre à un nouveau combat pendant très longtemps.
La porte située en face s’ouvrit à nouveau et une vague de zombies en sortit puis se rua dans le tunnel grillagé en direction du centre de l’arène.
Le policier regarda autour de lui mais il ne voyait pas quoi faire. Il n’y avait vraiment pas d’autres solutions que de courir vers l’arène et de riser la serrure de la grille d’entrer afin d’y pénétrer.
Lorsque Driss revint à la contemplation de la masse de zombies, celle-ci débouchait du tunnel et se répandait dans l’enceinte grillagée. Banon s’était remis debout et tenait fermement deux hachettes. Le blessé lui était toujours allongé et convulsait toujours autant. L’homme tentait tout de même de ramper sur le dos vers un hypothétique abri mais il n’y avait de pas de salut possible pour lui car le bruit qu’il faisait et l’odeur de son sang attira les zombies dans sa direction.
Une partie d’entre eux se jeta sur le blessé sans défense avant de le dévorer vivant. La masse grouillante masqua la scène et épargna au policier la macabre vision qu’offrait le repas de ces créatures.
Pendant ce temps, Banon devait faire face à six zombies déchainés. Il en abattit deux en leur fracassant la tête avec ses hachettes et en repoussa un autre qui devenait trop aventureux mais une autre créature en profita pour le mordre au bras.
Le camionneur poussa un cri de surprise et de douleur avant d’abattre la chose qui entreprenait de le manger, un quatrième zombie subit le même sort. Le camarade du policier semblait bien s’en sortir mais plusieurs créatures arrêtèrent de boulotter les restes du gladiateur blessé et se dirigèrent lentement vers leur nouvelle proie. Banon était aux prises avec un autre zombie qu’il frappa en plein ventre. Malheureusement une de ses hachettes se bloqua et le corps sans vie lui arracha l’arme de la main en s’effondrant.
La créature qui avait été jeté à terre et qui s’était relevé pendant ce temps en profita pour bondir dans le dos du camionneur et le mordre sauvagement au niveau du cou. Banon poussa un nouveau hurlement de douleur et fit basculer la chose par-dessus son épaule, ce qui lui arracha un nouveau cri. Le cadavre vivant tomba devant lui et il l’acheva d’un coup de hachette. Le cœur de Driss se serra, son camarade était condamné et il se sentait complètement impuissant.

Le camionneur perdait désormais beaucoup de sang et jeta un coup d’œil désespéré dans sa direction alors qu’il se faisait encerclé par des zombies. Le policier décida alors de tenter le tout pour le tout et tant pis si cela devait lui coûter la vie.
Il donna une tape sur l’épaule de Lydia et s’élança aussitôt vers la porte grillagée en brandissant ses deux hachettes. Lorsqu’il fut devant, il les abattis sur la serrure qui céda et entra dans l’arène.
Il devina que Lydia le suivait et que les gardiens n’avaient pas encore réagit.
Driss courut en direction de Banon mais les zombies passèrent à l’attaque et une mêlée confuse s’ensuivit. Le camionneur parvint à repousser plusieurs de ses agresseurs et même à en tuer alors que plusieurs autres le mordaient.
Le camarade du policier frappait toutes les créatures à sa portée avec sa hachette mais il n’arrivait qu’à les mutiler la plupart du temps.
Les cris de douleur et les jurons de Banon résonnaient dans ses oreilles, l’homme trouvait encore le moyen d’arroser copieusement le pasteur d’insultes toutes aussi crues les unes que les autres.
Driss arriva enfin au niveau de l’attroupement et entreprit d’éliminer méthodiquement les agresseurs mais Banon s’effondra et fut submergé par ses agresseurs qui ne se souciaient guère des deux personnes arrivées à la rescousse.
Une poussée de fureur gagna Driss  et il tailla en pièce toutes les créatures à portée de ses armes, il voulait sauver son camarade et faire souffrir ceux qui lui avaient donné une mort aussi atroce. Il savait que c’était fini et qu’il ne pouvait plus rien faire mais il voulait lui épargner une lente agonie et une transformation. Tous ces gens qui hurlaient leur satisfaction devant ce macabre spectacle allaient payer pour ça et rien ne leur serait pardonné.
La voix d’Arnold Ferza résonnait dans sa tête alors qu’il haranguait la foule avec son discours pathétique sur la condition humaine. Il devinait la présence de Lydia à ses côtés et cela le stimula, il redoubla d’efforts et oublia la fatigue qui le gagnait.
Une tape sur l’épaule lui fit reprendre conscience de son environnement et de sa condition. Une trentaine de cadavres gisaient sur le sable et Banon se trouvait au milieu. Le camionneur avait été défiguré, sa gorge était arrachée et il avait une bonne partie de ses tripes répandues sur son ventre. Le reste de son corps n’était guère plus joli à voir et Driss fut pris de plusieurs haut-le-cœur à cette vision.
Cette chose déchiquetée ne pouvait pas être Banon, il ne pouvait pas avoir succombé de cette façon. Il fallait cependant se rendre à l’évidence, son camarade était mort et il ne pouvait pas en être autrement. Il devina que Lydia était tombée à genou et il surplomba le cadavre. Il regarda quelques secondes le corps mutilé et brandit sa hachette avant de l’abattre sur la tête méconnaissable du camionneur.
Driss savait que c’est ce que Banon aurait voulu, il n’aurait jamais supporté de devenir une de ces choses et il espéra qu’il lui pardonne de lui avoir défoncé le crâne en guise d’adieu. Il tenta de fixer dans sa mémoire l’image d’un Banon souriant et plein de vie mais de puissantes mains s’emparèrent de lui et le forcèrent à s’agenouiller.
Les gardiens avaient réagi et les avaient rejoints. Le policier jeta un coup d’œil en direction de Lydia et constata que celle-ci avait la tête baissée, les poings serrés et un visage fermé, il pouvait sentir la rage irradier d’elle.

-Je dois dire que je suis assez mécontent que vous ayez décidé de me contrarier en vous incrustant dans cette épreuve, commença le pasteur. Cependant, le public semble apprécier votre geste donc j’ai décidé de modifier les épreuves qui vont suivre. Que les gardiens sortent et que le spectacle continu ! conclut-t-il.

Les concernés s’exécutèrent et se retirèrent, laissant les deux compagnons agenouillés seuls au milieu de l’arène.
La porte opposée s’ouvrit à nouveau et plusieurs gladiateurs s’avancèrent dans le tunnel. Il y en avait dix et ils arboraient tous un équipement varié correspondant à leurs couleurs. Il y avait trois gladiateurs rouges, trois jaunes et quatre verts.
Driss sentit un mélange de rage, d’inquiétude et de tristesse le gagner. Il ne voulait pas donner à Ferza  l’occasion de le voir ramper dans la terre et d’implorer son pardon et il ferait tout son possible pour survivre afin de venger Banon. Il savait que la fin l’attendait au bout de ce combat et que ses chances de retrouver sa femme et sa fille étaient quasiment nulles mais il n’avait rien à perdre et tout à donner dans la bataille.
Le policier s’énerva intérieurement, ses doigts brisés allaient le gêner dans le maniement de ses armes. Leurs adversaires se déployèrent devant eux et entreprirent de les encercler en partie avant d’attaquer.
Contrairement au combat contre Banon, les combattants s’élancèrent ensemble sur les deux compagnons.

-Faut qu’on se sépare ou on va se gêner, lâcha Driss avant de s’élancer sur les adversaires venant de la gauche.

Lydia ne dit rien mais Driss devina qu’elle s’en allait vers la droite. La meilleure défense était l’attaque, il leur fallait prendre l’initiative car il était impossible de tenir contre une attaque de masse de ce type.
Le policier évita une hachette et en profita pour frapper son porteur en pleine course avec l’une des siennes. Une violente secousse dans le bras accompagnée d’un sinistre craquement lui indiqua qu’il avait touché son adversaire. Il dut bloquer au passage une machette avec le manche son autre hachette avant de se retourner pour continuer l’affrontement.
Son mouvement de volte-face lui permit d’éviter une hache et il fit bien vite regretter à son possesseur son empressement à décapiter les gens. Il roula ensuite au sol pour éviter les deux hachettes qui se dirigeaient vers lui et en profita pour mutiler la jambe d’un de ses adversaires d’un coup de son arme de droite.
Le policier constata d’un coup d’œil que son amie était aussi déchainée que lui et qu’elle avait déjà éliminé trois gladiateurs. Il commençait à se réjouir lorsque les portes s’ouvrirent à nouveau et laissèrent se déverser un flot de cadavres ambulants.
Le pasteur semblait vraiment décider à en finir, quitte à sacrifier ses hommes avec. La foule hua cette décision qui la privait du spectacle d’un vrai combat. Les gladiateurs rompirent le combat pour se retourner vers la masse gémissante qui s’avançait dans le tunnel. Ils jetèrent ensuite un regard inquiet dans leur direction avant de se diriger vers la grille dans l’espoir d’obtenir plus d’informations ou un salut hypothétique mais Driss savait que personne ne les aiderait.
Le policier cessa de s’inquiéter de leurs anciens adversaires qui appelaient leurs camarades afin de se concentrer sur les zombies qui approchaient en répandant leur odeur nauséabonde de décomposition autour d’eux.
Driss posa une main rassurante sur l’épaule de sa camarade qui tremblait sous l’effet de la concentration.

-On ne peut pas traverser cette meute, il va falloir qu’on combatte dos à dos pour éviter de se faire surprendre, constata Driss.

Lydia ne répondit pas mais se plaça derrière le policier qui faisait désormais face aux créatures seul. Les premières avancèrent en tendant les bras dans sa direction et en grondant, elles furent accueillies par les hachettes. Pendant que plusieurs zombies faisaient face aux deux compagnons, les autres les dépassèrent afin de se diriger vers les quatre hommes agrippés au grillage.
Driss et Lydia se retrouvèrent rapidement encerclés et menacés. Ils étaient contraints de faire de larges moulinets avec leurs armes afin d’éviter de faucher un maximum de zombies et d’éviter de se faire happer par l’un d’entre eux. Les membres sectionnés et les corps décapités tombaient à chaque coup et s’entassaient devant les deux combattants. Ils opéraient de temps en temps une rotation afin de ne pas se faire surprendre car, rester statique en étant encerclé pouvait être fatal.
Le policier aperçut les gladiateurs en train de lutter un peu plus loin et put en voir deux se faire mordre et dévorer.
Une pointe de soulagement gagna Driss lorsqu’il constata que les rangs de ses adversaires se clairsemaient et il redoubla d’efforts. Il était surpris d’avoir survécut jusque-là et il se demandait comment cela était possible.
L’adrénaline agissait comme un stimulant et le poussait à frapper toujours plus rapidement et violemment mais il pouvait sentir qu’il arrivait à l’extrême limite de ses capacités.
Les gladiateurs restants se rapprochèrent des deux combattants solitaires en se taillant un passage dans la masse restante mais Driss n’y prêta pas attention. Ils étaient quatre et il restait une vingtaine de créatures.
Il abattit encore deux créatures puis il capta un mouvement sur le côté et, avant qu’il ne put réagir, il sentit quelque chose s’enfoncer dans son côté droit. Au milieu du brouillard de souffrance qui l’envahit, il aperçut Lydia qui poussait violemment un des gladiateurs au milieu des zombies. Celui-ci se fit dévorer et elle surplomba le policier en frappant sauvagement toutes les créatures qui tentaient de s’approcher.
Le policer entendit vaguement le dernier gladiateur supplier la jeune femme de l’achever parce qu’il avait été mordu mais son esprit se mit à errer sous l’effet de la douleur et il ne sut pas quelle décision Lydia prit alors.
La souffrance ravageait la partie droite de son corps et le froid s’immisçait doucement en lui. C’était fini pour lui. Le gladiateur ne l’avait pas raté en le frappant lâchement avec sa machette car c’était bien cela qui s’était passé, son esprit le lui hurlait. Il avait payé pour la confiance qu’il avait placé dans ceux se trouvant dans la même galère qu’eux en espérant que le rejet des autres les feraient basculer de leur côté.
Il perdit la notion du temps et  ne voyait que des corps tomber devant lui. Il ne savait plus s’il était mort ou vivant. La seule chose dont il avait conscience était qu’il se trouvait au sol, dans une terre imprégnée de sang, au milieu de cadavres atrocement mutilés et de membres coupés.
Tout ce dont il se souvint avant de perdre conscience fut la voix du pasteur criant dans son micro, pour couvrir les acclamations d’une foule en délire. Il les graciait tous les deux jusqu’aux prochains jeux. L’océan de souffrance écrasa la conscience de Driss et il perdit pied.

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Un cahot de la route fit trembler le véhicule et tira Tara de ses pensées, elle pensait à son mari qui était sûrement en train de vivre des horreurs aux mains de ses ravisseurs. Elle ne voulait pas croire qu’elle ne le reverrait jamais, ce n’était pas possible pour elle et ce n’était même pas envisageable.
Elle ne savait pas depuis combien de temps ils roulaient mais cela faisait un bon moment et aucun soldat ne parlait. Ils surveillaient tous les alentours, l’arme serrée entre leurs genoux.
Deux d’entre eux immobilisaient le militaire inconscient sur la plateforme afin d’éviter qu’il ne se cogne partout. Ils filaient à vive allure sur la route et elle se demandait dans combien de temps ils allaient enfin arriver au point de rendez-vous.
Ces soldats la mettaient décidément vraiment mal à l’aise par leur manque de conversation et leur mutisme.
Une nouvelle secousse fit trembler le camion et le soldat allongé sur la plateforme geignit en ouvrant les yeux.

-Qu… Qu’est-ce qui s’est passé ? bafouilla ce dernier. J’ai l’impression qu’un char m’a roulé dessus.

-Le gaz t’a assommé tout à l’heure, répondit le capitaine. Que cela te serve de leçon soldat parce que si tu perds à nouveau ton masque et que le gaz est toxique ça se passera comme ça aussi.

-Compris chef ! lança le concerné d’une voix pâteuse.

Le trajet se poursuivit un bon moment dans ce paysage vallonné composé de rares arbres. Le soleil était assez bas lorsqu’ils atteignirent les deux autres véhicules et elle fut étonnée d’apprendre qu’ils n’avaient roulé qu’une heure.
Ses compagnons avaient été rassemblés à l’écart des véhicules et étaient surveillés de près par les soldats. On les avait fait asseoir et on leur avait laissé les mains liées dans le dos.

-Nous avons suivi les ordres capitaines, lâcha le plus proche des soldats en se mettant au garde-à-vous lorsque le 4x4 s’arrêta. Quelle est la suite du programme ?

-Repos, soldat, répondit l’intéressé. Vous allez me libérer tout ce petit monde, je pense qu’on peut leur faire confiance. Dès que ce sera fait, nous allons nous diriger vers notre base temporaire.

-A vos ordres !

Le militaire s’éloigna ensuite et transmit les ordres du capitaine avant de se diriger vers les autres véhicules. Les compagnons de Tara furent rapidement libérés et embarqués dans les voitures.
Le petit convoi reprit ensuite la route et bifurqua quelques kilomètres plus loin afin d’emprunter un petit chemin de terre sur la droite.
Celui-ci les conduisit au sommet d’une colline sur laquelle se trouvait une modeste maison de bois dont la double-porte et les fenêtres étaient barricadées. Une vaste plaine herbeuse parsemée de quelques bosquets d’arbres s’étendait au-delà. Les trois véhicules se garèrent dans l’espace terreux dégagé devant la porte.

-Terminus, tout le monde descend ! commenta le Capitaine avec enthousiasme. J’ai une fringale d’enfer moi.

Les militaires descendirent et aidèrent leurs prisonniers à faire de même. Trois soldats se dispersèrent autour de la maison afin de surveiller les environs pendant que deux autres ôtaient les barres bloquant la porte et que ceux qui restaient déchargeaient les véhicules et vérifiait leur état.
Les militaires invitèrent ensuite tout le monde à entrer. Tara s’exécuta et suivit ses camarades. Elle fut surprise lorsque Jill se jeta dans ses bras. Elle ne l’avait même pas vu arriver, Eugene lui adressa un hochement de tête pendant qu’elle serrait sa fille contre elle en franchissant la porte.
Plusieurs caisses et trois remorques pleines s’y trouvaient déjà et la jeune femme comprit que les militaires se servaient de l’endroit comme base depuis un petit moment afin d’écumer la région. Du bois fraîchement coupé était empilé à côté de la cheminée et plusieurs sacs de couchage couleur treillis étaient disposé au sol.
Elle entendit le capitaine crier des ordres et se décida à aller le voir afin de lui faire une proposition. Elle reposa Jill et lui demanda de rester tranquille en compagnie d’Eugene avant de sortir.
Le militaire se situait au niveau de la cours et supervisait les tâches du soir.

-Puis-je vous parler un moment ? s’enquit-t-elle timidement.

-Bien sûr, mais pas trop longtemps, la nuit ne va pas tarder à tomber.

La jeune femme entraîna le capitaine un peu à l’écart afin de formuler sa demande tranquillement.

-Eh bien voilà, commença-t-elle. J’aimerai savoir s’il était possible que vous fassiez patrouiller quelques-uns de vos hommes afin de localiser les ravisseurs de mon mari et de ses deux camarades. J’aimerai également pouvoir vous accompagner.

-Eh bien, ma petite dame, répondit le militaire. J’aimerai vraiment pouvoir accepter mais nous avons une mission précise à réaliser sur trois jours dans la région et nos ressources sont plutôt limitées, je dois donc refuser.

-Mais je ne vous demande qu’un seul véhicule avec deux ou trois soldats afin d’effectuer des patrouilles de reconnaissance, je veux retrouver mon mari et j’irai à pied s’il le faut.

-Je ne veux pas vous faire prendre ce genre de risques mais vous devez également comprendre que les vies de mes soldats et le matériel sont vitaux et que je ne peux me permettre aucune perte ni matérielle ni humaine si elle n’est pas indispensable, contra le soldat.

-Soit, j’irai seule…

-Vous n’irez nulle part, coupa le capitaine. Vous êtes sous protection de l’armée désormais et vous allez vous plier à nos exigences. Si j’ai bien compris la logique de vos Rédempteurs alors votre mari est soit mort, soit dans un sale état et je n’ai pas assez de ressources pour me permettre de les affronter en cas de rencontre. Vous devez oublier votre mari et passer à autre chose, c’est ce que vous avez de mieux à faire.

Le militaire tourna les talons et s’éloigna mais Tara s’élança derrière lui, le rattrapa et se planta devant lui.

-Maintenant vous allez m’écouter ! reprit-t-elle en appliquant un index accusateur sur la poitrine de l’officier. Il est hors de question que je laisse tomber mon mari, je n’irai nulle part tant que je ne serai pas fixée de façon certaine sur son sort. Vous pouvez me faire subir tout ce qui vous chante mais il vous faudra m’abattre si vous tentez de m’éloigner de lui ! continua-t-elle d’un ton rageur.

-Très bien ! gronda le capitaine en écartant violemment l’index de la jeune femme de sa poitrine. Vous aurez un véhicule et deux soldats à votre disposition, prenez un autre de vos hommes pour vous aider à la tâche mais si ça se passe mal vos amis en paieront les conséquences que ça soit bien clair. Si vous ne voulez pas les mettre en danger je vous conseille de ramener le véhicule et mes hommes entiers et surtout de ne pas ramener d’invités surprises autres que votre mari.

Sur ce le capitaine avança en la bousculant et remit les soldats, qui s’étaient arrêtés pour écouter, au travail. Tara sourit intérieurement et espéra intérieurement retrouver son homme le plus vite possible avant de rentrer dans la cabane.

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