Le Convoi de la dernière chance (Vol. 1.)

Chapitre 7 : Chapitre 6 : Les Rédempteurs

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 10:44

Bonjour à tous ! Voici donc le sixième chapitre de notre petite épopée =) Tout d’abord, un grand merci à Gaia07 pour la bêta-lecture du chapitre et à Code44 pour ses petites remarques de bêta-lecteur ^^.
Bonne lecture et n’oubliez pas de commenter !


Chapitre 6 : Les Rédempteurs.
   
Driss ouvrit les yeux, sa vue était troublée. Il regarda autour de lui : il était allongé sur un des canapés dans le salon et était entouré de Tara, d’Eugene et de Ted. Un grand feu ronflait dans la cheminée et on lui avait enlevé sa tenue antiémeute.

-Te revoilà parmi nous, commenta le doc avec un léger sourire. Il t’a bien amoché le bougre, il a fallu qu’on s’y mette à cinq pour le calmer sinon il t’aurait certainement tué.

Driss ne répondit pas tout de suite, il essayait de rassembler ses idées. Le soulagement se peignait distinctement sur les traits de sa femme : elle avait dut se faire énormément de soucis. Il lui sourit et tendit le bras afin de pouvoir lui caresser la joue pour la rassurer mais une violente douleur dans l’épaule l’arrêta et il grimaça.

-Oui, ton épaule a pris un sacré coup quand t’es tombé sur le flanc, pour les câlins tu vas devoir attendre un peu, renchérit le médecin avec un sourire complice.

Tara prit alors les devants et se pencha afin de déposer un baiser sur les lèvres de son mari.

-Peut-être que je n’ai pas envie d’attendre après tout, lança-t-elle ensuite en faisant la moue.

-Bien on vous laisse, repartit Ted en se levant et en entrainant Eugene à sa suite.

Driss profita de ce temps de répit pour finir de rassembler ses idées en fonction de ce qu’il venait d’entendre, il avait du mal : un voile opaque obscurcissait son esprit et il avait très mal au nez et à la tête, il n’osait pas bouger de peur de déclencher d’autres élans de douleur.

-Tu m’as fait très peur… lâcha Tara après un court moment de silence.

-Je suis désolé… hasarda le policier. Je n’arrive pas à réordonner mes idées, j’ai comme un trou noir…

-C’est pas étonnant, Banon t’a quasiment battu à mort… Ted nous a avertis que tu serais un peu perdu à ton réveil.

-Ça me revient maintenant… articula-t-il alors qu’il sentait ses idées se remettre en place. Combien de temps suis-je resté inconscient ?

-Plusieurs heures, le soleil se lève en ce moment… lui répondit-elle en plongeant son regard dans le sien.

-Bien, on va pouvoir se charger d’enterrer les morts, reprit Driss en se redressant malgré les pointes de douleur qui le parcouraient.

-Non toi tu ne vas nulle part, tu dois te reposer ! lança Tara d’un ton sans appel. Nous procéderons à la cérémonie ici mais en attendant tu vas rester allonger, continua-telle en se radoucissant lorsque son mari se rallongea.

-Tu as gagné, t’auras pas de bisous, dit simplement le concerné lorsqu’il eut obtempéré.

-Je préfère ça, au moins tu te reposeras, soupira sa femme en levant les yeux au ciel. Je voulais également te signaler qu’il a neigé assez fort cette nuit et que par conséquent nous sommes bloqués ici pour quelques jours, continua-t-elle.

-C’est fâcheux, on risque d’être piégé tout l’hiver si on tarde trop… pesta Driss peu enthousiaste à cet idée.

-Peut-être mais nous n’avons pas le choix…

-Tu as raison mais cela veut dire qu’il faut nettoyer les lieux pour qu’on ait un peu plus de liberté de mouvement vu qu’on est quand même assez nombreux, reprit-il.

-C’est en cours, assura-t-elle. On est en train d’enterrer les cadavres qui se trouvaient dans la chambre ainsi que les zombies qui étaient dans la cave. Pour Brad et Judy on va faire une cérémonie ici comme je te l’ai dit, dès que nous aurons fait un peu de place.

-Eh bien parfait. Si je peux me rendre utile…

-Tu te rendras plus utile en restant couché pour l’instant qu’à être dans nos pattes, le coupa-t-elle brusquement en prenant un air sévère.

-C’est ce que tu veux me faire croire ça, je suis plus un bébé, grommela le policier. Est-ce que je peux avoir un bisou au moins ? tenta-t-il en prenant un air innocent.

-Tu auras ton bisou quand tu te tiendras tranquille ! conclut Tara en s’éloignant pour aider Lydia et Jim à déplacer une table.

-Tu auras ton bisou quand tu te tiendras tranquille… grogna Driss d’une voix de fausset en imitant sa femme.

-J’ai tout entendu, lança celle-ci en se retournant. Tu n’arranges pas ton cas mon vieux.

-Moi aussi je t’aime ! lui répondit-il en faisant mine de lui envoyer un baiser d’un geste théâtral.

-C’est ça fait le malin ! Tu ne perds rien pour attendre mon petit père, soupira-t-elle en sortant de la pièce.

Driss se refrogna et s’enfonça dans ses couvertures et surpris Rob qui le regardait l’air hilare. Ce dernier se rembrunit lorsque Leslie fit irruption dans la pièce en lui demanda d’arrêter de se disperser et de travailler sérieusement.
Ce fut au tour du policier de ricaner un court instant avant de sombrer dans une semi-léthargie pendant que tout le monde s’activait afin de préparer l’enterrement de leurs deux compagnons malchanceux.
Driss n’avait pas eu le temps de bien les connaître, il appréciait beaucoup Brad même s’ils avaient toujours été un peu distants. En revanche, il n’avait pas eu beaucoup de considération pour Judy jusque-là mais il devinait à quel point cela devait être dur pour Banon de l’avoir perdue.
Cela lui fit penser qu’il n’avait pas encore vu le camionneur jusqu’à présent.
Il resta allongé une bonne partie de la matinée pendant que tout le monde s’agitait et finit par se lever ce qui fit broncher un peu Tara mais elle se découragea rapidement devant l’entêtement dont il faisait preuve.
Ils avaient disposé les corps de Brad et de Judy emmaillotés dans des draps dans le jardin près de leurs tombes respectives. Les linceuls de fortune étaient imbibés de sang au niveau de la tête, leurs compagnons ne reviendraient donc pas.
Les tombes avaient été difficiles à creuser étant donné que le sol était gelé, les pioches leur avaient tout de même facilité la tâche.
Ils avaient également placé des chaises de jardin en rangs de façon à ce qu’elles fassent face aux dépouilles ainsi qu’un tabouret sur lequel trônait une vieille bible trouvée dans un tiroir à l’étage.
Driss s’empara de la bible, l’ouvrit, la feuilleta un peu et trouva le passage qui l’intéressait. Il s’agissait du cantique de David.

L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
A cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi:
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires;
Tu oins d'huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel
Jusqu'à la fin de mes jours.


Ce passage lui semblait le plus approprié, il le récita donc d’une voix monotone. Tout le monde était silencieux et les visages étaient graves. Seul Banon sanglotait à l’écart du groupe.

-Brad et Judy dorment désormais en paix, loin de ce monde devenu fou, enchaîna Driss. Leur sort doit nous rappeler de toujours rester vigilants dans toutes situations. Si leur combat est fini, le nôtre continu. Je pense qu’ils auraient voulu que nous continuions notre lutte pour la survie et qu’ils auraient voulu être à nos côtés encore un peu mais la vie en a décidé autrement. Réjouissons-nous pour eux et ne soyons plus tristes, la vie continue. Retardons le moment où nous irons les retrouver, car c’est ce qu’ils auraient voulu que nous fassions. Mais ne les oublions pas pour autant…

Ne sachant plus que dire, il se tut et alla se rasseoir. Il était conscient que son discours avait été totalement décousu mais bien qu’ils aient eu à enterrer pas mal de personnes, il avait toujours été mauvais dans ce genre de moments.
De plus, le policier ne s’était jamais vraiment attaché aux deux disparus. La seule chose qui lui faisait regretter leur disparition était qu’il y avait désormais deux personnes en moins dans le groupe et donc deux défenseurs de moins en cas d’attaque.
Un silence troublé par les quelques sanglots étouffés de Banon tomba sur le groupe alors qu’ils se recueillaient en observant les dépouilles.
Finalement Banon s’approcha afin de prendre la parole à son tour.

-…Judy comptait beaucoup pour moi… commença difficilement le camionneur. Je sais que certains étaient au courant pour nous deux même si nous avions tenté d’être plutôt discret par pudeur jusque-là… Elle me manque terriblement…

Banon arrêta de parler et se retourna afin d’étouffer quelques sanglots et reprit d’une voix plus calme.

-Je tiens à vous rassurer, je ne compte pas faire de bêtises et j’ai décidé de me reprendre, dit-il d’une voix où la tristesse perçait un peu. Comme l’a dit Driss, elle est en paix maintenant et savoir cela me fait du bien. Je tiens au passage à m’excuser auprès pour ce qui s’est passé hier soir, lâcha-t-il en faisant en signe de tête dans la direction de l’intéressé.

Driss se sentit un peu pris au dépourvu et, sentant que tous les regards se fixaient sur lui, il répondit à l’incitation.

-Ce n’est rien, je t’excuse… soupira-t-il.

-Merci... répondit le camionneur en allant se rasseoir.

Le silence retomba et alors que Driss allait se relever pour mettre fin à la cérémonie, Ethan se leva et s’avança.

-Je tenais à dire un mot au sujet de Brad, se lança le jeune homme. Il n’y a pas beaucoup de monde qui le connaissait parfaitement car il a toujours été discret sur lui-même, mais c’était un mec bien jusqu’au bout, continua-il. Je lui souhaite d’avoir enfin trouvé la paix…

Il retourna ensuite s’asseoir. Le policier attendit encore quelques instants pour voir si quelqu’un désirait encore ajouter un mot puis il se leva.
Il termina la cérémonie et tous se levèrent et se rassemblèrent autour des cercueils. Les plus forts se chargèrent de ces derniers et les placèrent au fond de leurs trous respectifs.
Driss prononça les paroles traditionnelles et jeta une poignée de terre dans chaque fosse. Lorsqu’il eut accompli ce geste, Jim et Rob se munirent de pelles et recouvrirent de terre les cercueils jusqu’à former un petit tertre sur lesquels ils disposèrent des pierres qui firent office de stèles.
Le temps s’étant refroidit au cours de la cérémonie et le ciel devenant menaçant, ils rentrèrent dans la maison et verrouillèrent les portes.
Il fut décidé que, pour ce soir, les gardes auraient lieu à l’intérieur : les veilleurs surveilleraient ainsi les alentours en restant au chaud.
Les activités du reste de la journée se déroulèrent en silence. Ils finirent de nettoyer la maison afin de s’installer le plus confortablement possible en attendant que le temps devienne plus clément.
Les chambres à l’étage à l’exception de celle où avait été faite la macabre découverte furent assignées aux couples afin de leur donner plus d’intimité.
Personne ne s’opposa au policier, cette fois, lorsqu’il se mit à aider le groupe. Ils fermèrent les épais rideaux présents aux fenêtres de toute la maison et préparèrent ensuite le dîner puis ils s’installèrent dans le salon.
Ils eurent droit à un mélange de saucisses et de lentilles en conserve et à de l’eau bouillie comme unique boisson.
Ils mangèrent sans un mot, seuls les chuchotements des deux enfants jouant dans leur coin avec leurs nouveaux jouets venaient troubler le silence.
Driss aperçut Banon qui mangeait à l’écart du groupe dans la pièce en regardant d’un air distrait à l’extérieur, il avait entrouvert les épais rideaux à sa fenêtre.
Driss s’approcha du camionneur et demeura silencieux un petit moment aux côtés de celui-ci.

-Je m’excuse d’avoir perdu le contrôle, lâcha simplement l’homme. Je comprends après réflexion que j’ai peut-être un peu agi de façon expéditive et que j’aurais dû te faire appeler mais sur le moment je n’y ai pas pensé.

-Je comprends également tes motivations, Banon, lui répondit Driss. C’est du passé maintenant, tu es excusé. Cependant, ne refait jamais ça. Ne remet jamais en cause mon autorité sur le groupe devant tout le monde, nous avons déjà bien assez de problèmes comme ça. Il n’est pas question de laisser des clans se former et nous diviser. Et… encore une chose, ne t’avise jamais de parler à nouveau de me femme ainsi, même sous l’effet de la colère, car il se pourrait bien que tu le regrettes.

-Très bien, je vois… Je tâcherai de m’en souvenir… Je préfère ne pas continuer dans cette discussion pour l’instant.

-Bien, bonne nuit Banon… conclut le policier en se relevant et en s’éloignant.

Il remarqua ensuite Tom assit dans un fauteuil près de la cheminée : il était emmitouflé dans une couverture et Lydia lui tenait compagnie. Il s’approcha du couple et remarqua au passage qu’Ethan avait rejoint les enfants dans leurs jeux et semblait s’en donner à cœur joie.
Tom était de taille moyenne, il avait la quarantaine, le teint mat et des cheveux bruns coupés court complétés par une barbe de la même couleur bien fournie.

-Comment vas-tu Tom ? s’informa Driss lorsqu’il fut à côté de celui-ci.

-Mieux, grâce aux médocs que vous avez trouvé, l’assura l’ancien ouvrier avec un pâle sourire.

Il était évident qu’il était toujours fiévreux mais cela le rassura que les médicaments soient efficaces.

-Très bien, alors je vous laisse en amoureux, termina le policier en se dirigeant vers les enfants.

Ceux-ci chahutaient maintenant avec Ethan et le jeune adulte faisait quasiment plus de bruit à lui tout seul que les deux enfants réunis. Il s’interrompit en apercevant le chef de groupe qui l’observait d’un air sceptique et se frotta l’arrière de la tête d’un air gêné.

-Non mais il n’y a pas de problèmes, Ethan, lâcha le policier. Tu as le droit de te défouler toi aussi quand même. Je venais juste par ce qu’il est l’heure de se coucher pour Jill.

-Je ne veux pas me coucher maintenant, protesta la petite fille. Je veux dormir plus tard et avec Sam et Ethan.

Driss considéra la situation. Ils n’avaient pas assez de place pour héberger tout le monde dans la chambre qui avait été attribué à sa famille. De plus, la majorité des membres du groupe allaient dormir dans le salon de toute façon. Il était donc plus approprié qu’ils dorment tous les trois dans le salon.

-Très bien… soupira finalement Driss. Tu dormiras avec Sam et Ethan dans le salon si Rob et Leslie sont d’accord, vilaine fille.

-Merci papa ! lança joyeusement la petite fille.

-Bonne nuit ma petite chouquette, se contenta de répondre Driss en embrassant la petite. Ne traîne pas trop et soit sage, Ethan te surveillera et il me rapportera tout.

-Oui papa, dit simplement la concernée en reprenant son jeu.

Le policier salua brièvement l’assemblée et commença à monter les escaliers pour aller se coucher. Tara l’y rattrapa.

-Pourquoi Jill ne vient-elle pas avec toi ? s’informa-t-elle d’un air inquisiteur.

-Elle a décidé de dormir avec sa bande, s’amusa Driss.

-Eh bien, je ne suis pas vraiment d’accord, reprit sa femme. Je préférerai qu’elle dorme avec nous là-haut cette nuit.

-Eh bien, elle est loin d’être toute seule en bas et les tours de garde sont instaurés, tenta de se justifier Driss. Je pense même, que c’est vraiment la nuit où nous pouvons nous permettre d’accepter sans avoir à se faire un sang d’encre ensuite.

-Tu as peut-être raison… conclut-t-elle d’un air peu convaincu.

Pendant qu’ils discutaient, ils étaient arrivés devant leur chambre. Ils y entrèrent, il y faisait encore très frais mais le feu qu’ils avaient allumé dans la petite cheminée de la chambre avant de manger aura tôt fait de réchauffer la pièce.
 Ils avaient eu de la chance de trouver cette maison : toutes les chambres bénéficiaient de ce moyen de chauffage, il y avait une importante réserve de bois dans la cave et ils avaient une petite forêt à proximité. Peut-être qu’ils pourront y passer l’hiver après tout.
Driss s’allongea sur le lit en tirant une épaisse couverture sur lui. Tout compte fait, il avait peut-être un peu trop forcé aujourd’hui.
Tara le rejoignit, se blottit contre lui et posa sa tête sur son torse. Les longs cheveux de sa belle et tendre venaient quasiment lui chatouiller le nez. Ils restèrent un petit moment comme cela, en silence. Driss caressait distraitement le dos de sa femme, que deviendrait-t-il si elle et Jill se faisaient tuées ? Que deviendraient-t-elles si c’était lui qui perdait la vie ?
Il était prêt à tout pour les protéger et il ne reculerait devant rien pour atteindre ce but. Elle poussa un petit soupir et il lui déposa un baiser sur la tête.
La douce chaleur du corps de Tara filtrant à travers le tissu de ses vêtements contrastant avec la tiédeur de l’endroit le fit frissonner de bonheur.

-Tu as froid ? s’inquiéta-t-elle.

-Non pas en ce moment, la rassura-t-il avec un petit sourire.

Elle se blottit un peu plus contre lui en réponse.

-Je pensais que ça faisait un bon moment que nous n’avions pas bénéficié d’autant d’intimité… lâcha-t-elle brusquement en relevant la tête vers lui avec un sourire énigmatique.

-Je pensais exactement la même chose, lui répondit-t-il. Je me demande ce que nous pourrions faire de ce temps passé en amoureux… continua-t-il en prenant un air innocent.

-J’ai peut-être une idée, reprit-t-elle en se repositionnant pour aller chercher un baiser sur les lèvres de son mari.

-Cela se pourrait bien que la même m’ai traversé l’esprit, lui murmura-t-il à l’oreille.

-Alors on pourrait…

Elle ne termina pas sa phrase, eut un petit sourire coquin et l’embrassa passionnément. Il répondit à son baiser et lui caressa les cheveux.

-Faire un scrabble ? lança Driss avec un grand sourire.

Tara leva les yeux au ciel.

-Y a décidément rien à tirer de toi… soupira-t-elle.

-Maintenant que tu m’y fais penser, il y a longtemps que j’avais envie de faire une chose avec toi… relança Driss en prenant un air mystérieux.

-Et qu’est-ce que c’est ? s’enquit sa femme avec un petit sourire.

-Une partie de Domino !

-On pourra toujours faire ça après si ça t’amuse… s’esclaffa-t-elle.

Lorsqu’elle eut finit de rire, elle l’embrassa à nouveau et cette fois Driss répondit en l’enlaçant. Leurs baisers se firent de plus en plus long, plus passionnés. Le policier se gorgeait de la chaleur de sa femme, de son odeur. La sourde douleur qui le tenaillait jusque-là s’était comme envolée.
Leurs souffles se raccourcirent sous l’effet de la passion alors qu’ils se déshabillaient mutuellement. Leurs étreintes se firent fiévreuses, leurs caresses impatientes puis il entra en elle et ils s’abandonnèrent totalement à la passion qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.
En embrassant du regard le corps nu de sa femme après l’instant final, Driss se dit qu’il était vraiment un homme comblé à cet instant.
Ils s’endormirent serrés l’un contre l’autre en position fœtale.
Driss s’éveilla quelques heures plus tard, le feu était éteint depuis longtemps et l’atmosphère de la pièce s’était considérablement refroidie. Les rayons du jour filtraient à travers les rideaux entrebâillés.
Ils se rhabillèrent et descendirent dans le salon. Quelques personnes dormaient encore et les autres étaient déjà en train de prendre leur café, sauf les enfants qui mangeaient leurs céréales.
Le policier attrapa une tasse et servit sa femme puis se servit à son tour. Il alla s’asseoir mais n’en eut pas l’occasion.
La vitre d’une porte-fenêtre explosa en projeta des éclats de verre partout et le claquement caractéristique d’une arme à feu retentit.
Les veilleurs se jetèrent au sol et furent accompagnés par ceux qui déjeunaient pendant que ceux qui dormaient jusque-là se redressaient en sursaut.
Driss vit clairement l’impact de la balle dans le mur opposé à la fenêtre, elle avait manqué de très peu Eugene.

-Les enfants à la cave avec Rodolph ! cria Driss alors que plusieurs vitres explosaient à leur tour et que les balles sifflaient.

Leurs assaillants possédaient de toute évidence des armes automatiques et des fusils de précision. Il leur fallait riposter au plus vite. Driss rampa vers les armes qui avaient été entreposées dans un coin du salon. Les veilleurs étaient déjà en train de se préparer à riposter mais le feu nourrit les maintenaient au sol.
Le policier parvint enfin à se saisir d’un g36 et vérifia le chargeur. Il n’avait pas le temps d’équiper sa tenue antiémeute mais il mit tout de même son casque.
Les murs étaient étoilés d’impacts, leurs agresseurs comptaient vraiment ne laisser aucun survivants pour tirer autant de balles et devaient être très bien équipés.
Il rampa jusqu’à une fenêtre mais les tirs cessèrent au moment où il se redressa et plusieurs petits objets cylindriques en provenance de l’extérieur atterrirent dans le salon.

-Fumigènes ! hurla Driss alors que les projectiles se mettaient à projeter une épaisse fumée orange dans toutes directions en tournant sur eux-mêmes sous l’effet de la pression.

Les tirs reprirent, chacun avait eu le temps d’attraper une arme et tentait de se protéger de l’épaisse fumée qui envahissait tout le salon. Plusieurs personnes dont Tara faisait partie se positionnèrent de part et d’autre des fenêtres, couchés au sol.
Driss fit signe à Eugene de l’accompagner et s’allongèrent au niveau de la porte du salon. Des fumigènes avaient également été jetés dans la cuisine.
L’air de la maison était saturé de fumée, ils allaient finir par mourir d’asphyxie si la bataille s’éternisait trop.
Plusieurs personnes dans le salon furent prises de quintes de toux. Les armes de ceux qui les avaient pris pour cibles se turent et les armes de ceux qui étaient dans le salon répondirent.

-Ils arrivent ! hurla une voix masculine que le policier ne reconnut pas. Derrière l’arbre, à gauche !

Les autres armes recommencèrent à tirer. Au milieu de tout ce bruit, Driss parvint à entendre des pas lourds à l’extérieur. Plusieurs personnes avaient contourné la maison et s’apprêtaient sûrement à entrer.
La porte fut arrachée de ses gonds par un violent choc et tomba avec fracas. Driss ne tira pas tout de suite, une ombre se profila à travers la fumée et il ouvrit le feu dans sa direction.
Plusieurs balles frappèrent la personne avant qu’elle ne s’effondre. Quatre autres assaillants s’avancèrent dans l’encadrement au moment où la fumée était légèrement chassée par le courant d’air et Driss put les distinguer.
Ces personnes portaient d’énormes combinaison visiblement très bien rembourrés ainsi que des d’énormes casques de combats complétés par des masques à gaz dernier cri et d’énormes gilets pare-balles. Ils se mouvaient avec lourdeur.
Driss avait déjà entendu parler de ce genre d’équipement : il s’agissait de tenues de Juggernauts. Ces tenues n’étaient pas très répandues et étaient surtout utilisés dans le cadre de déminage en raison de leurs poids qui les rendaient inutilisables en situation de combat.
Soit ils avaient affaire à des militaires expérimentés qui avaient basculé dans le pillage et le meurtre, soit ces gens avaient allégrement pioché dans un dépôt militaire.
Le policier jura intérieurement et visa la tête du premier des intrus.
Il tira une courte rafale, les balles frappèrent le masque et le firent exploser dans une gerbe de sang. L’agresseur défiguré tomba à genou puis à terre et ne se releva plus.
Les autres firent feu en avançant.

-Attention derrière ! hurla Driss à l’attention de ceux qui étaient présents dans le salon.

Au même moment, des tirs espacés retentirent à l’étage. Quelqu’un avait dû monter afin d’avoir un point de vue dégagée sur les attaquants.
Le policier riposta mais il n’arrivait pas à viser de nouveau la tête des assaillants sous ce déluge de plomb et dut reculer afin de se plaquer contre un mur, il remarqua du sang au sol mais ne parvint pas à voir qui avait été touché dans cette brume orangée.
Les autres firent de même et les ennemis qui avaient pu entrer par la porte de devant entrèrent. Ils furent accueillis par des rafales soutenues et ployèrent sans avoir pu riposter.
Lorsqu’ils furent à terre, Rob et Eugène s’emparèrent des armes et s’assurèrent que les personnes ne pourraient plus rien faire en tirant à bout portant dans leurs membres, les blessés hurlèrent de douleur et les morts furent achevés d’une balle dans la tête.
Pendant ce temps, Driss revint aux fenêtres du salon. Les tirs étaient plus espacés et il put passer la tête dehors afin d’abattre ceux qui se cachaient dans les bois.
Il aperçut une forme dans les arbres et tira. Il entendit un cri de douleur et une forme sombre chuta.
Rassuré par cette victoire, il chercha une autre cible mais n’en trouva pas d’autre. Pourtant des tirs sporadiques provenaient toujours de l’extérieur.
Il analysa le terrain : le chemin à faire pour rejoindre le couvert des arbres où devaient sûrement se trouver les derniers tireurs était trop à découvert.
Il décida donc de contourner l’ennemi en pénétrant dans les bois en sortant par la cours. Il se rua donc vers la porte d’entrée et sortit suivit d’Eugène, de Rob et de Kim. Il remarqua au passage que Kim semblait saigner au niveau du bras et que Rob avait une longue estafilade au niveau de la joue qui saignait abondamment mais il avait besoin d’eux et il décida de garder le silence.

-Arrêtez de tirer ! On tente une sortie ! lança Tara en comprenant l’intention de son mari. Mettez en place un périmètre de sécurité à l’extérieur de façon à savoir s’il reste des assaillants dissimulés !

Driss et son groupe s’enfoncèrent ensemble dans les bois prudemment en étant attentif au moindre mouvement. Le policier fit signe à ses compagnons de rester baissés.
Ils évoluèrent en lisière de celui-ci, les tireurs ne pouvaient se trouver que dans cette zone vu qu’il leur fallait une vue relativement dégagée afin de pouvoir avoir une ligne de tir correcte.
Personne ne tirait depuis la maison et il n’y avait que quelques coups de feu très espacés provenant de la forêt.
Ce fut Driss qui remarqua en premier une forme dans un petit buisson dépassant d’un fossé. Il cribla celle-ci de balles et s’approcha discrètement pendant que ses équipiers contrôlaient les environs.
Le tireur portait une tenue de camouflage mais pas l’épaisse armure de ceux qui s’étaient introduits dans la maison, il s’agissait donc d’un assaut dûment préparé et il ne put s’empêcher de penser qu’on leur avait en réalité tendu un piège.
Le policier en était désormais quasiment certain : le sniper du supermarché avait sûrement un lien avec leurs agresseurs et cela l’inquiétait beaucoup. Combien étaient donc ces gens ?
D’autres cadavres portant le même accoutrement gisaient çà et là. Leur tireur avait fait du très bon boulot visiblement.
Les derniers coups de feu cessèrent et le policier aperçut une forme sombre qui s’enfonçait rapidement dans le couvert des arbres.
Il tira et l’ombre trébucha. Il n’y avait plus aucun bruit désormais, un silence uniquement troublé par le bruissement des feuilles sous leurs pas, la respiration de ses compagnons ainsi que le vent soufflant s’abattit.
Ils ratissèrent un bon moment les alentours en prenant soin de loger une balle dans le crâne de chaque cadavre rencontré avant de décider que l’attaque avait été repoussée, au moins temporairement, et de revenir vers la maison.
Ils restèrent tout de même vigilants, ils étaient des cibles faciles lors de leur repli et n’étaient pas à l’abri d’un tir sournois.
Ils traversèrent tous les quatre le jardin et se dirigèrent vers les fenêtres explosées du salon laissant encore s’échapper de la fumée. La façade était littéralement criblée d’impacts mais les murs avaient tenus. Tant d’imprécisions et d’acharnement de la part des tireurs étaient plutôt surprenant.
En y réfléchissant mieux Driss trouva que ce n’avait pas été si bête : le feu nourrit de ce côté avait dut être pensé comme une diversion et un moyen d’handicaper l’adversaire pendant que les membres du groupe d’assaut faisaient le tour et nettoyaient l’intérieur tout en étant protégés par leurs armures.
Lorsqu’ils entrèrent dans le salon, ils purent voir l’ampleur des dégâts. Rien de ce qui se trouvait au niveau des fenêtres n’avait été épargné par le plomb: mobilier, murs, tapis, boîtes de conserve répandant leur contenu au sol, cartons de provisions, bagages divers…. Il y avait du sang au sol et Ted s’affairait autour de trois personnes étendues au sol. Plusieurs membres du groupe l’aidaient et Driss préféra ne pas s’en mêler. Il retrouva Tara dans l’entrée, celle-ci lui fit signe de venir et l’entraîna à l’extérieur.
Lydia et Ethan menaçait avec le canon de leurs armes une imposante forme couchée au sol, le policier s’approcha : il s’agissait de l’assaillant qu’il avait touché en premier et il était toujours vivant.
Celui-ci avait de toute évidence rampé pour se mettre à l’abri et s’était mis en retrait, c’est pourquoi il ne l’avait pas remarqué en sortant.
On voyait parfaitement la traînée de sang qu’il avait laissée par terre en tentant de s’échapper et il semblait à bout, il allait se vider au rythme où il en perdait. On lui avait retiré une partie de son armure et son masque à gaz afin qu’il puisse respirer plus librement.

-J’ai pensé qu’un interrogatoire pourrait s’avérer utile, commenta sa femme en réponse à la question qu’il s’apprêtait à formuler.

-Ce n’est pas la peine de m’interroger… je n’ai rien à cacher… articula difficilement le blessé.

-Alors je suppose que tu vas nous dire pourquoi vous nous avez ainsi attaqués? s’enquit le policier.

-Eh bien, tout simplement parce que nous sommes les Rédempteurs… haleta le prisonnier en grimaçant une parodie de sourire féroce.

-Et qui sont donc les Rédempteurs ? Que faites-vous exactement ? ? C’était vous qui nous avez attaqué à la station-service ? l’interrogea Driss d’un ton plus dur devant la réaction du blessé.

-Nous sommes les envoyés de Dieu et notre mission et de veiller à l’extinction… l’homme grimaça sous l’effort…. Complète et définitive de la race humaine…. Et oui c’était nous à la station-service mais c’était toi que nous visions, ajouta-t-il en lui lançant un regard assassin.

-Et pourquoi me visiez-vous ?

-Car tu es le chef de la bande et te tuer revient à désorganiser le groupe, il est donc plus facile à traquer et à éliminer… grogna le mourant.

-Mais de quel droit pouvez-vous faire ça ! s’exclama Driss. C’est monstrueux !

-Non ! parvint à crier le blessé en devenant brusquement agressif. C’est l’homme qui est mauvais !

Les yeux du prisonnier lançaient des éclairs et il ne semblait plus du tout en proie à l’intense douleur qui le gênait il y a quelques instants.

Driss eut un mouvement de recul et ses camarades ainsi que sa femme braquèrent leurs armes sur le blessé mais celui-ci ne sembla pas s’en formaliser et continua.

-Vous voulez savoir de quel droit ? Eh bien je vais vous le dire ! Nous étions un village entier épargné par cette foutue merde qui a détruit le monde ! Nous nous étions organisés et nous remercions Dieu de nous avoir épargné jusque-là puis des hommes en fuite sont arrivés… dit-il en se calmant et en prenant une voix mélancolique. Ce n’étaient plus vraiment des hommes mais des animaux ne pensant plus qu’à leur survie… Ils ont pillé, violé et même tué… Nous leur avons fait la peau… ajouta-t-il avec un air sauvage. Puis nous nous sommes dits avec les survivants, que Dieu avait voulu nous montrer ici pourquoi l’homme devait disparaître, qu’il voulait faire de nous les instruments de sa vengeance.

Le mourant marqua une pause, son visage tendu reflétant la haine refléta un cours instant la béatitude puis il reprit.

-Il voulait que nous tuions les derniers survivants afin que son œuvre soit accomplie… Alors nous avons tués ! lança-t-il d’un air sauvage en se redressant. Tous ceux qui passaient dans la région, sans distinctions. Nous nous sommes emparés du matériel abandonné par l’armée et nous nous sommes mis à l’utiliser, nous avons renforcé notre communauté et fortifié les alentours afin de pouvoir continuer à mener notre tâche à bien car telle était sa volonté. Nous n’étions que la première vague d’assaut, d’autres arriveront si nous ne revenons pas, ajouta le blessé dont la voix faiblissait avec un air sadique. Je vous garantis que nous avons encore beaucoup de ressources et nos camarades vont être furieux et je peux vous dire que vous détesterez ça quand ils viendront pour vous… acheva le mourant dans un souffle en s’affaissant.

-Bande d’enfoirés ! enragea Driss en épaulant son arme et en alignant l’homme.

Il tira plusieurs balles dans la tête de celui-ci. Ses compagnons et sa femme ne bronchèrent pas et se contentèrent d’observer la dépouille avec un mélange de haine et d’incompréhension.
Le policier sentit la colère retomber et jeta son arme au sol avec colère.

-Purée mais c’est quoi ces malades ! lâcha-t-il haineusement. Qu’est-ce qu’ils ont encore été cherché là, bordel ! Leur petit feu d’artifice va sûrement attirer tous les zombies de la région, fulmina-t-il en donnant un coup de pied dans le cadavre du prisonnier.

-Qu’allons-nous faire maintenant, s’inquiéta Tara.

-Premièrement, faire un bilan des pertes humaines et matérielles de notre côté, commença Driss d’un air grave. Ensuite, nous allons voir si les éventuels blessés sont transportables et enfin nous dégagerons d’ici après avoir rassemblé nos affaires.

-Mais les routes ne sont sûrement pas complètement dégagées : nous allons avoir de sérieux problèmes, reprit Tara d’un air abattu.

-Je sais, mais nous n’avons malheureusement pas le choix… dit-il en sentant son cœur se serrer. Il faut que nous ayons quitté l’endroit ce soir.

Tara hocha la tête et ils se dirigèrent vers l’entrée de la maison afin de s’occuper des préparatifs du départ. Driss ne put s’empêcher de penser que leur voyage allait finalement bientôt arriver à son terme et ce bien plus tôt que prévu.

 

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