Le Convoi de la dernière chance (Vol. 1.)

Chapitre 5 : Chapitre 4 : La maison

Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:58

Bonjour, voici la version avec bêta lecture du chapitre. Un grand merci à Cornelune !
Bonne lecture.


Chapitre 4 : La maison

-Non ! cria Banon en se précipitant vers l’ancienne caissière étalée au milieu des sacs.

Driss réagit quelques secondes plus tard.

-Abritez-vous comme vous pouvez ! hurla-t-il alors que ceux qui étaient remontés dans les voitures commençaient à en descendre.

Plusieurs personnes qui se trouvaient au niveau des véhicules se plaquèrent contre, les autres dont faisait partie le policier se jetèrent au sol et rampèrent vers les voitures.
Il n’avait aperçu aucun membre de son groupe avec une arme brandie au moment du coup de feu, ce n’était donc pas un des leurs mais bien un tireur étranger au groupe.
Driss tenta de localiser ce lâche, le coup n’avait pas pu être tiré de très loin. La personne qui avait fait ça devait donc encore se trouver dans les parages.
Le bruit pétaradant de ce qui semblait être une motocross retentit au loin, sur la droite, et s’évanouit dans le lointain. Il regarda dans la direction du son : il y avait de petites collines offrant une vue dégagée sur l’ensemble du parking.
C’était la position de tir idéale pour un tireur embusqué. 
Le policier hésita à dire qu’il n’y avait plus aucun danger car il pouvait très bien y avoir d’autres snipers mais vu comment tous étaient exposés, il était certain que si cela avait été le cas il y aurait déjà eu d’autres victimes.
Il rampa vers Banon qui était désormais agenouillé près des sacs de sable. Celui-ci parlait à Judy, sa voix empreinte de panique et de tristesse. Il était en train de faire un point de compression au niveau du côté droit de l’ancienne caissière et celle-ci semblait toujours vivante.

-Ted ! appela Driss. Rejoins-moi en faisant attention !

Le médecin qui se trouvait à proximité descendit de son véhicule avec une trousse de secours et rampa jusqu’à Judy. L’homme s’agenouilla aux côtés de la femme et Driss les rejoignit au cas où une aide supplémentaire serait nécessaire. Il resta en retrait par rapport à Banon et observa.
Tara organisait le guet pour parer à toute nouvelle attaque, elle avait devancé ses ordres et cela le fit sourire.
 Ted examina la brièvement la blessure après avoir demandé à Banon d’écarter légèrement les doigts et grimaça, visiblement cela ne se présentait pas très bien.

-Je vais m’en tirer Doc ? s’enquit Judy d’une voix faible. Pas la peine de me mentir, soyez honnête.

-Il y a des chances que oui mais il faut agir vite, lui répondit-il en fouillant dans sa trousse de secours.

Le médecin en sortit une seringue de morphine et injecta son contenu dans le bras de la caissière avec délicatesse.

-Je ne peux pas la soigner ici, il faut qu’on soit dans un endroit abrité et que je puisse avoir de l’espace, lâcha brusquement Ted en se tournant vers Driss.

-Je comprends… dit-il simplement. Tout le monde en voiture, il faut que nous repartions maintenant ! lança-t-il aux autres.

Ceux-ci s’activèrent et commencèrent à charger le contenu des caddies dans les véhicules, le sac contenant le poupon et les autres cadeaux fut également emmené.

-Très bien, continua Ted. Maintenant Judy il faut que tu fasses le point de compression toi-même, Banon va nous aider à te transporter jusqu’au van le plus proche.

Judy opina du chef pour montrer qu’elle avait compris et Banon la laissa appliquer ses mains à la place des siennes. Le camionneur la guida afin qu’elle appuie au bon endroit et correctement.
Au même moment, Ethan arriva avec un brancard militaire et le leur tendit.

-Il y avait un camion médical de l’armée sur le parking, j’ai pensé que ça pourrait vous être utile, commenta le jeune homme.

Celui-ci avait un peu moins de la vingtaine et faisait partie des afro-américains du groupe. Il poursuivait des études d’informatique avant les évènements.
Il avait de courts cheveux noirs bouclés et des yeux bruns. La paire de lunettes qu’il portait s’était cassée depuis longtemps et il n’avait pas exprimé le besoin d’en avoir une nouvelle.
Ethan s’écarta et ils soulevèrent prudemment Judy en suivant les conseils de Ted de façon à placer le brancard sous elle.
Dès que ce fut fait, chacun des hommes présents attrapa une des barres de portée du brancard et tous coururent en direction du van. Lydia les devança et ouvrit les deux portes arrière du véhicule.
Ils firent glisser le brancard avec la blessée sur la plateforme intérieure.
Lydia était une autre afro-américain du groupe. Elle avait de longs cheveux noirs bouclés et avait été sage-femme avant les évènements.

-Ethan tu montes avec moi ! ordonna Ted en montant dans le van et en se positionnant aux côtés de la caissière. Je vais avoir besoin d’aide.

-Je veux monter et être à ses côtés ! jeta Banon avec colère.

-Je suis désolé Banon mais il faut quelqu’un pour conduire le camion et tu es le seul suffisamment qualifié pour le faire, intervint Driss.

-Trouvez quelqu’un d’autre pour le faire, je veux rester près d’elle ! cracha Banon avec colère. Rien à foutre de votre camion !

-Tu vas te calmer, Banon. Tu pourras la voir dès que nous serons en lieu sûr mais en attendant tu vas obéir, insista Driss en prenant un ton menaçant.

-Sinon quoi ? Que comptes-tu faire si je refuse d’obtempérer ? Tu vas me loger une balle dans le ventre comme tu l’as fait avec ce mec à Atlanta lorsqu’il s’est obstiné à réclamer de l’essence ?  attaqua le camionneur avec haine.

-Il allait sortir une arme et tu le sais très bien, répondit Driss calmement. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde qui que cela puisse être.

-Alors vas-y flingue-moi ! s’emporta Banon en brandissant son arme.

-Banon …. dit faiblement une voix féminine qui appartenait à Judy. Fais ce qu’il te dit… Je vais tenir, ne t’en fais pas…. Mais par pitié remballe ton arme et cesse de jouer la provocation….

Les paroles de la caissière semblèrent radoucirent le camionneur et celui-ci baissa les yeux et son arme devant les regards inquiets que lui jetait l’assistance.

-Très bien…. grommela-t-il avec résignation. En route alors…

Le médecin ferma les portes du van de l’intérieur et chacun retourna à son véhicule.
Deux minutes plus tard, le convoi quittait le parking. Il était temps car les premiers zombies attirés par le coup de feu commençaient à arriver.
Driss imposa une allure plus importante que les autres jours au convoi, il fallait quitter la zone et trouver un abri sûr au plus vite afin de soigner Judy.
Il aperçut d’importants groupes de zombies évoluant entre les bâtiments, ceux-ci semblaient tous venir de la même direction.
Il arriva à un croisement et put entrevoir le groupe électrogène un peu plus loin : Quelques zombies se trouvaient encore autour mais de petits fumerolles s’échappaient de l’engin, il ne s’était donc pas arrêté faute de carburant.
Le policier redémarra prestement, il ne s’agissait pas de traîner dans le coin.  La présence des créatures au milieu de la route et dans les environs le dissuada de tenter de rejoindre l’entrée de la zone par laquelle ils étaient arrivés et il continua tout droit.
Ils arrivèrent quelques minutes plus tard à la sortie de la zone d’activités. Par chance, le barrage avait visiblement été forcé : les deux humvees ayant barré la route semblaient avoir été violemment repoussés sur le côté et les sacs de sable étaient éparpillés dans toutes les directions.
Il dépassa les véhicules ainsi que les vestiges épars du barrage et commença à se demander combien de temps ils allaient devoir rouler avant de trouver ce qu’ils cherchaient.
La route qu’ils avaient empruntée était dans un état plutôt déplorable, de nombreuses ornières s’étaient formées et les suspensions se trouvaient être fortement sollicitées.
En regardant dans son rétroviseur, Driss remarqua qu’Eugene ne semblait pas dans son assiette et se tenait visiblement autant à l’écart que possible de Jill.

-Quelque chose ne va pas, Eugene ? risqua Driss.

-Tout va très bien ne t’en fais pas, répondit l’intéressé un peu trop précipitamment au goût du policier.

-T’en es sûr ? Parce que tu m’as l’air un peu bizarre là, insista-t-il.

-Je préfère ne pas en parler maintenant alors n’insiste plus s’il te plaît, lâcha son interlocuteur d’un ton sans appel.

Driss préféra ne pas insister plus longtemps, si Eugene préférait attendre c’était qu’il avait de bonnes raisons, mais il comptait bien revenir à la charge plus tard.
La route traversa un bois plutôt dense et à la sortie de celui-ci Tara lui signala qu’elle apercevait un toit émergeant de derrière un bosquet d’arbres sur sa droite.
Le policier tourna la tête et aperçut le toit en question, il était composé d’ardoises noires. Il leur restait à trouver un chemin afin d’accéder à la propriété, en espérant que celle-ci soit accueillante.
Le ciel commençait à prendre des teintes rosées, la nuit n’allait donc pas tarder à tomber. Il devait être environs sept heure du soir s’il se fiait à ses souvenirs.
Driss faillit manquer le chemin mais un lapin traversant la route attira son regard et il repéra le départ d’un chemin de terre. Celui-ci était envahi par les herbes folles mais il restait visible.
Le policier freina brusquement, un peu trop peut-être mais la distance de sécurité instaurée entre les véhicules leur évita d’être percutés par le camion de Banon.
Driss engagea son véhicule à vitesse réduite sur le chemin, les autres véhicules le suivirent. Le chemin serpenta un peu dans la végétation et ils arrivèrent en vue de la maison.
Il s’agissait d’une maison rectangulaire à deux étages, des boiseries blanches assemblées horizontalement constituaient le revêtement de la façade.
Un garage à trois portes de construction similaire à la maison formait un angle droit avec. Un large espace situé devant la maison et le garage avait été gravillonné et quelques herbes émergeaient çà et là.
La porte du box de garage le plus proche de la maison était ouverte, Driss arrêta son véhicule devant. Les autres se répartirent dans l’espace couvert de gravillons.
Le policier descendit de la voiture avec la lampe de poche, Tara l’imita et Eugene resta avec Jill dans la voiture.
Ils avancèrent prudemment, il prit soin d’allumer la lampe et de balayer l’entrée avant de pénétrer à l’intérieur.
Une vieille Ford mustang à la gloire passée s’y trouvait, la peinture écaillée de couleur jaune luisait d’un éclat terne sous le rayon de la lampe.
Driss ne s’attarda pas plus au véhicule et s’intéressa au reste du box qui communiquait avec l’ensemble du garage.
Un gros Range Rover était garé dans l’autre box, à côté de la Ford. Des étagères débordant de matériel de bricolage étaient disposées le long des murs en compagnie de matériaux de construction de pièces métalliques diverses. 
Il y avait également des pneus de voiture et cinq vélos, ils firent rapidement le tour de l’endroit.

-Il n’y a personne ici à part nous, observa Tara en brisant le silence.

-En effet, repartit Driss. On ne risque donc pas de mauvaises surprises de ce côté, passons à la maison, ajouta-t-il.

Ils ressortirent donc de l’endroit. Le policier examina rapidement la façade. Il ne semblait y avoir aucun carreau cassé à première vue, cela était bon signe car ils pourraient se tenir au chaud plus facilement ainsi.
Il s’avança donc en compagnie de Tara vers la porte d’entrée. Banon, Jim et Kim s’y étaient rassemblés et Eugene se joignit à eux.
Le soleil s’était couché et l’obscurité s’épaississait. Driss brandit sa lampe et tenta d’ouvrir la porte, celle-ci était verrouillée de l’intérieur.
Le policier  passa sa lampe à sa femme, prit un léger recul et enfonça la porte d’un violent coup de pied comme on le lui avait appris dans son ancien métier.
Fort heureusement, ce fut la serrure qui céda et les gonds tinrent le coup. Il éclaira l’intérieur du bâtiment plongé dans l’obscurité.
Un vestibule comprenant un placard s’offrait à eux, Banon sortit sa lampe à son tour. La porte qui leur faisait face était entrouverte et leur laissait distinguer un salon. La porte à leur droite était fermée et celle de gauche était ouverte.
Driss la franchit en compagnie d’Eugene tandis que les autres enfonçaient la porte de droite. Le policier se retrouva dans une vaste cuisine.
Une vaste table en bois trônait au centre, celle-ci allait être pratique s’il fallait opérer Judy. Un vase contenant des fleurs desséchées se trouvait dessus.
 Des meubles de cuisine étaient disposés tout autour de la pièce, des placards débordant de vaisselle étaient accrochés au-dessus de ceux-ci et l’évier contenait encore de la vaisselle sale que les propriétaires n’avaient sans doute pas eu le temps de laver. L’odeur était infecte, Driss préféra ouvrir une fenêtre temporairement et jeter la vaisselle dehors.
Des casseroles remplies de quelque chose désormais méconnaissable se trouvaient encore sur les plaques de cuisson d’une antique cuisinière à gaz, elles subirent le même sort que la vaisselle sale.
Driss aperçut une grande quantité de boîtes de conserve, le contenu de la majorité d’entre elles devait être encore consommable. Le frigo débordait de nourriture mais celle-ci était en état de décomposition avancé et il dut refermer rapidement la porte en raison de l’odeur.
Les propriétaires avaient dû fuir vraiment très précipitamment puisqu’ils avaient visiblement laissé toute leur nourriture ainsi que leur vaisselle sale et que leur véhicule se trouvait encore au garage.
Le policier referma ensuite la fenêtre et il décida avec Eugene de continuer l’exploration de la maison, ils revinrent dans le vestibule.

Driss profita de passer près de la porte pour passer la tête dehors et ordonner aux autres d’aider Ted à amener Judy dans la cuisine. Il demanda également à ce que deux personnes instaurent un guet à l’extérieur en attendant que la fouille de la maison se termine.
Le groupe de Tara arriva dans la pièce au même moment et ils entrèrent dans le salon tous ensemble.
Celui-ci était très spacieux et bien aménagé. Des fauteuils trônaient au centre, quelques bibliothèques croulant sous les livres se situaient à leur droite au fond de la pièce tandis qu’un large escalier menait à l’étage à leur gauche.
Le policier aperçut le jardin baignant dans l’obscurité à travers les larges portes-fenêtres.  Quelques jeux pour enfants émergeaient de la végétation dense qui s’y était installée.
La pièce étant vide, le groupe monta à l’étage. Un large couloir bordé de portes filait devant eux, le pan de mur situé au bout de celui-ci comprenait une fenêtre.
Les pièces accessibles depuis le couloir étaient des chambres, il y avait même deux salles de bain. Tout y était rangé impeccablement et les lits étaient faits. C’était comme si les propriétaires n’étaient pas partis et qu’ils pouvaient revenir d’un moment à l’autre.
Ils explorèrent brièvement toutes les pièces mais la dernière leur offrit une horrible surprise. Ce qui les alarma tout d’abord fut l’odeur de pourriture qui allait en croissant à mesure qu’ils arrivaient au bout du couloir.
Le point culminant fut atteint lorsqu’ils arrivèrent à la dernière porte, celle-ci n’était pas verrouillée. Driss l’ouvrit et fut frappé d’horreur et eut un haut le cœur : il y avait là cinq cadavres à la tête explosée.
Il devait sûrement s’agir de la chambre des parents car quatre des cinq corps étaient allongés sur un grand lit double. Trois d’entre eux étaient ceux d’enfants et le dernier celui d’une femme.
Le dernier était assis sur un fauteuil, serrant encore un fusil dont le canon était pointé vers le haut en direction d’une tête qui n’était plus vraiment là.
Il y avait du sang partout et de longues éclaboussures écarlates bariolaient les murs. Le policier aperçut une lettre abandonnée sur une table de chevet, il s’en empara et la lu.

Bonjour,
Je suis Brian Mc Fellister.
Je ne sais pas pourquoi j’écris cette lettre car je suis quasiment sûr que personne ne viendra dans le coin, mais j’éprouve tout de même le besoin de le faire.
Ce que vous pouvez voir est mon œuvre mais je ne l’ai aucunement fait par plaisir.
Cela fait plusieurs semaines que le monde n’est plus ce qu’il était, nous avons tenté de survivre en compagnie de mes parents.
 L’endroit étant plutôt isolé nous avons assisté sans trop être exposés à la chute de notre pays. Nous nous sommes organisé et avons fait des provisions.
Lorsque la télévision et la radio ont cessé d’émettre et que le courant est parti, nous avons tenté de nous débrouiller comme nous avons pu.
Cependant les rôdeurs ne semblaient pas l’entendre de cette oreille, ils ont surpris ma mère alors qu’elle surveillait les enfants qui jouaient dans le jardin et l’ont mordue, j’ai dû l’abattre comme on nous l’avait ordonné aux informations. Je l’ai enterrée dans le jardin près du grand chêne.
Quelques jours plus tard un couple est arrivé, l’homme avait été blessé par balle au cours d’une échauffourée. J’ai accepté de les abriter à condition qu’ils restent dans la cave.
Le blessé est mort dans la nuit et mon père a tenu à l’enterrer le matin, malheureusement pour lui l’homme qui n’avait pourtant pas été mordu était revenu et avait attaqué sa femme. Celle-ci s’est ruée vers la sortie lorsque mon père a ouvert la porte et a commencé à descendre.
Visiblement, nous sommes tous déjà contaminés et lorsque nous mourons nous revenons. J’espère que cette constatation vous aidera.
Elle l’a fait tomber et l’homme s’est jeté sur lui. Me trouvant à l’entrée j’ai réussi à l’intercepter et à la renvoyer en bas avant de verrouiller la porte.
A l’heure qu’il est, il est sûrement l’un des leur tout comme la femme. Je n’ai pas osé redescendre pour les achever.
Tout ceci m’a fait prendre conscience que ce n’était plus qu’une question de temps avant que la fin n’arrive. J’ai alors pris la décision d’épargner toutes les souffrances qui nous attendaient à ma famille.
J’ai drogué la nourriture du midi, ils se sont alors endormis.
Je les ai ensuite amenés ici et je leur ai fait sauter la tête moi-même pour ne pas qu’ils puissent revenir.
Je ne suis pas du tout fier de cela mais je pense que c’est ce que je pouvais faire de mieux pour protéger ma famille.
C’est mon tour.
Dieu me pardonne et qu’il vous garde qui que vous soyez.
Adieu.

Brian.


Driss serra les dents et essuya une larme, ce que cet homme avait fait était tout simplement horrible mais il ne pouvait pas l’en blâmer d’un autre côté.
Il fallait maintenant trouver l’entrée de cette cave et la nettoyer de ses occupants, ils ne pouvaient pas prendre de risque.
Le policier se tourna vers ses compagnons qui étaient resté interdits à l’entrée de la chambre, Tara s’était éclipsée.

-Alors ? s’informa Eugene.

-Eh bien c’est le père de famille qui est responsable de ce carnage, il raconte tout sur ce papier mais les informations qu’il nous donne ne sont pas nouvelles, affirma-t-il. Il nous dit également qu’il a enfermé trois personnes mordues dans la cave, il serait plus sage d’aller voir et d’éliminer la menace.

-En effet, direction la cave alors ! lança Eugene. Enfin il faudrait déjà la trouver…

-Une minute, reprit le policier. Banon ! il faut que tu descendes et que tu fasses rentrer tout le monde à part les veilleurs. Installe-les dans le salon. Les autres, on va à la cave ! termina-t-il.

Il fit remettre la porte en place pendant que Banon s’éloignait, Tara sortit de l’une des salles de bain devant eux. Elle avait l’air un peu pâle mais ne fit aucun commentaire. Ils descendirent tous ensemble et commencèrent par inspecter le salon à la recherche d’une porte pouvant donner accès à la cave.
Ils la trouvèrent rapidement : elle était située sous les escaliers. Driss disposa les personnes présentes en éventail autour de la porte. Celle-ci était fermée et les clés étaient justement dans la serrure, il l’ouvrit donc.
Des grognements et une abominable de pourriture parvint à ses narines. Il balaya l’endroit avec sa lampe de poche, juste à temps pour capter une ombre qui se ruait dans sa direction.
Le policier épaula son fusil d’assaut, tira une rafale et le zombie tomba face contre terre. Il descendit encore quelques marches et il devina que les autres le suivaient avec leurs armes brandies.
Il examina une nouvelle fois les lieux avec sa lampe et cette fois c’est une arme dans son dos qui ouvrit le feu, terrassant la créature qui venait d’apparaitre dans le faisceau.
Normalement il n’en restait plus qu’une, une autre lampe s’alluma un peu plus haut et leur dernière cible apparut. Il manquait la moitié du corps à celle-ci et elle rampait vers eux, un seul coup en pleine tête suffit à Driss pour l’éliminer.
Lorsque ce fut fait ils éteignirent leurs lampes, remontèrent et verrouillèrent la porte derrière eux. C’est à ce moment-là qu’un coup de feu leur parvint de l’extérieur.
Tous se ruèrent dehors en passant devant les quelques personnes qui commençaient à s’installer. Banon se tenait debout dehors, près des marches conduisant à l’entrée, et dominait un corps étendu à ses pieds.
Driss l’identifia rapidement comme étant celui de Brad malgré l’obscurité régnant dans la cour. Le canon de l’arme que le camionneur tenait était encore fumant et un cercle était formé autour de lui et du corps. Jill et Sam avaient enfoui leurs visages dans le pantalon de Leslie.
Le policier se précipita vers le corps de Brad, Banon lui avait explosé le crâne d’un coup de feu à bout portant. L’électricien était bel et bien mort. Il sentit une bouffée de colère monter en lui.

-Non mais t’es cinglé ? cria-t-il à l’adresse du camionneur en relevant la tête. Qu’est-ce qui t’as pris de le flinguer devant tout le monde ?

-C’est… c’est Brad… bafouilla Rob  encore sous le choc. Il est tombé à terre d’un coup… comme s’il avait été foudroyé…. Il s’est effondré…. Pourtant il allait bien jusque-là…. On a voulu s’approcher pour prendre son pouls mais….. mais Banon nous a fait reculer et il a fait feu.

-Cela n’excuse pas le geste ! s’emporta Driss.

-Comment ça je dois me faire pardonner ? gronda le camionneur.  Il ne manquait plus que ça ! Il était crevé ! J’allais pas prendre le risque de le laisser revenir quand même ! Il fallait que quelqu’un le fasse !

-Mais pas de cette façon ! Tu n’as même pas pris son pouls ! riposta Driss sur le même ton. Il était peut-être vivant ! Mais tu l’as buté sans m’en informer, gratuitement et sans certitudes ! On n’est pas au far-west mon vieux !

-Ma certitude, c’est qu’il mettait le groupe en danger ! contra Banon en haussant la voix. Je t’avais prévenu mais tu ne m’as pas écouté ! Le temps que je vienne t’avertir et qu’on se décide il aurait pu mordre cinq ou six personnes ! Il était déjà condamné et ça tu le savais !

-Ce n’est pas fini Banon, c’est loin d’être fini ! enragea Driss. On en reparlera au calme ! Mettez le corps dans le garage, nous l’enterrerons demain. Une fois cela fait, finissez de vous installer, termina le policier en tournant les talons et en rentrant dans la maison.

Il se rendit immédiatement dans la cuisine où Ted s’affairait autour de Judy en compagnie d’Ethan. Ils avaient allongé la caissière sur la table, des bougies avaient été disposées un peu partout afin d’éclairer la pièce pour opérer dans les meilleures conditions possibles.
Le médecin était en train d’extraire la balle, Driss préféra ne pas le déranger et se contenta d’observer.
Judy ne bronchait pas trop. Elle était toujours sous l’effet des calmants et semblait osciller aux limites de la conscience. Sa tête roulait légèrement sur la table et son regard était perdu dans le vide, elle était maintenue par Ethan au niveau des épaules afin d’éviter qu’elle ne se redresse.
Le policier contempla la scène un moment et retourna dans le salon, il repéra Eugene assis à l’écart. Celui-ci arborait la même expression que dans la voiture, il avait joint ses mains et les serrait. Il avait le regard dans le vague, Driss s’approcha.

-Je t’avais dit que je ne laisserai pas tomber, commença Driss à voix basse. Tu vas me dire ce qui ne va pas.

-Eh bien… chuchota le basketteur. C’est ce qui s’est passé dans le magasin de jouets…

-Oui, tu m’as sauvé. Tu as fait ce qu’il fallait faire, je ne vois pas ce qu’il y a de déprimant dans tout ça.

- Ce n’est pas ça, c’est le fait d’avoir tiré sur cette petite fille que je n’encaisse pas, rétorqua Eugene dans un murmure. Je sais que c’est bête et que cette chose était loin d’être ce qu’elle était avant mais ça me fout mal. A chaud je n’y ai pas pensé, tu étais en danger mais après coup je ne peux m’empêcher de m’interroger sur ce qu’elle était avant.

-Je comprends, il m’arrive aussi de m’interroger sur ce genre de choses, avoua le policier. Ces choses qu’on tue, ce qu’elles étaient avant. Mais il faut éviter, dis-toi que cette fille est désormais en paix et que c’est mieux ainsi.

-Je sais et je me sens stupide de ruminer tout ça ainsi. Merci de m’avoir parlé, laisse-moi quelques minutes et je vais me ressaisir, conclut le basketteur toujours en chuchotant.

-C’est normal, reprit Driss en donnant une tape amicale dans le dos de son ami. Si t’as besoin de parler encore, viens me voir.

-Il y a aussi la mort de Brad, lâcha brusquement Eugene en chuchotant, je l’aimais bien le bougre même s’il n’était pas dans le groupe depuis très longtemps. Il va me manquer, je ne sais pas non plus quoi penser du geste de Banon… Il va falloir le surveiller, je crains qu’il ne soit en train de perdre les pédales…

-J’en ai l’impression aussi mais nous aviserons demain. Tout le monde est fatigué et encore un peu secoué par ce qu’il vient de se passer mais il a peut-être eu raison après tout… conclut Driss.

Eugene ne répondit pas et se replongea dans ses pensées. Le policier promena son regard autour de lui : les autres étaient toujours en train de s’installer, la conversation semblait être passé inaperçue.
Les visages étaient tous tendus et exprimaient le bouleversement causé par l’assassinat de Brad.
La nuit était tombée dehors et des chandelles avaient également été disposées dans la pièce pour éclairer.
Jill jouait avec Sam. Cela rappela à Driss ce qu’il avait récupéré au magasin. Il alla chercher le tout dans le camion, Jim et Lydia patrouillaient autour de la cour.
Le policier intercepta Rob qui ressortait de la maison et lui confia ce qu’il avait trouvé pour Sam puis il rentra. Il regagna le salon et vit au passage que la porte de la cuisine était fermée. Tara avait rejoint leur fille et regardait jouer les des deux enfants tout en discutant avec Leslie.
Driss s’assit à côté de Jill en dissimulant les cadeaux dans son dos.

-J’ai des petites choses pour toi, lui lança-t-il.

-Qu’est-ce que c’est ? l’interrogea l’enfant un regard sceptique.

-Je te le dis si tu me fais un bisou d’abord, la taquina le policier.

-Alors là pas question, rétorqua l’enfant. D’abord tu me donnes les jouets et après tu auras ton bisou.

-Et si je refuse ? s’obstina Driss.

-Eh bien, je prendrais les jouets que tu as dissimulés dans ton dos de force et tu n’auras aucun remerciement, lui répondit la petite fille le plus sérieusement du monde.

-C’est vrai que dis comme ça… soupira Driss.

Il attrapa les peluches ainsi que le poupon et les lui tendit.

-Voilà, vilaine fille, la gronda-t-il gentiment.

Le visage de Jill s’éclaira et un grand sourire illumina son visage.

-Merci Papa ! cria-t-elle en se jetant au coup de son père et en déposant un bisou sur sa joue.

-De rien ma fille, lui répondit-il en la serrant dans ses bras. Tu devais quand même te douter que je ne reviendrais pas les mains vides.

-Ben avec toi on sait jamais, plaisanta-t-elle en faisant pouffer de rire l’assistance qui s’intéressait à l’échange.

Driss embrassa sa fille et la relâcha, elle commença immédiatement à jouer avec ses cadeaux. Rob arriva au même moment et offrit les jouets à son fils, il eut le droit lui aussi à un bisou. Les enfants se remirent ensuite à jouer ensemble et partagèrent même leurs jouets.
L’atmosphère se détendit un peu mais les visages redevinrent rapidement sombres. Le policier sentit qu’on l’enlaçait et qu’on l’attirait en arrière puis il sentit la caresse d’un baiser dans son cou.
Tara s’était approchée silencieusement pendant la conversation.  Le policier tourna la tête et cueillit un autre baiser sur les lèvres de sa femme qui l’enlaçait toujours puis il se dégagea doucement, recula légèrement et la prit dans ses bras.

-T’es mignon, lâcha-t-elle en le regardant dans les yeux.

-Heureusement que tu le dis sinon je ne saurais pas trop quoi penser sur notre mariage, répondit Driss d’un ton qu’il voulait le plus sérieux possible.

-Tu sais pourtant très bien que je t’ai épousé pour ta musculature surdéveloppée et ton argent, le taquina-t-elle.

-On dirait bien qu’on t’a trompé sur la marchandise alors, rigola le policier.

-En effet … se désespéra-t-elle. Heureusement que tu as d’autres qualités, ajouta-t-elle avec un sourire coquin.

-Voyons, pas devant les enfants ! fit mine de s’offusquer Driss.

-Allons, je plaisante et ils le savent, repartit Tara.

-Comment ça tu plaisantes ? s’inquiéta Driss.

Sa femme pouffa de rire et l’embrassa à nouveau pour le rassurer.

-T’es si craquant quand tu t’inquiètes ainsi, commenta-t-elle lorsqu’ils se séparèrent en lui caressant les cheveux.

-Et toi tu es diabolique mais c’est aussi pour ça que je t’ai…

-Allons, vilain flatteur ! le coupa-t-elle avec une petite moue. Revenons maintenant à des choses plus sérieuses, ajouta-t-elle en prenant un air plus sérieux. Il faudrait parler de Banon, son comportement devient alarmant et je ne crois pas que la liquidation de Brad devant tout le monde plaide en faveur de sa bonne santé mentale.

-Je le pense aussi, cela ne lui ressemble pas, concéda Driss. Je crains que la blessure de Judy ne l’entraîne dans une spirale de folie. Eugene s’en inquiète aussi mais je crois que nous devrions attendre demain pour en parler.

-Tu as raison, tu es la voix de la sagesse ! lui dit-elle en souriant.

Le policier écarta une mèche du visage sa jeune femme et lui caressa doucement la joue. Il avait énormément de chance de l’avoir à ses côtés.
Un hurlement déchirant venant de la cuisine coupa court au moment de tendresse qu’il vivait. Il s’agissait de la voix de Banon.
Driss maudit intérieurement le camionneur en se levant et en se précipitant dans la direction du bruit. Il entra dans la cuisine et trouva Banon en larmes, penché au-dessus de Judy. Celui-ci caressait les cheveux de la caissière.
Le visage de celle-ci était très pâle et ses traits étaient figés, du sang gouttait de la table et maculait le sol. Il jeta un regard interrogateur au médecin qui s’était adossé au mur près de la porte, celui-ci avait du sang partout et était en nage.

-Je n’ai rien pu faire, lâcha Ted en réponse à la question muette du policier. Elle perdait trop de sang et avait plusieurs hémorragies internes. Dans un vrai bloc opératoire, on aurait peut-être réussi à la sauver mais là c’était couru d’avance. Elle est morte, je suis désolé, ajouta-t-il en baissant les yeux.

-Tu peux l’être, enfoiré ! cria Banon en se redressant, du sang sur le visage. Tu avais dit que tu la sauverais !

-Je n’ai jamais dit ce…. s’emporta le médecin

-Ferme-la ! le coupa agressivement le camionneur. Peut-être que si tu passais moins de temps à peloter ta strip-teaseuse et un peu plus à réviser les bases de la médecine, peut-être que tu l’aurais sauvée !

-Tu n’as pas le droit de me parler ainsi ! tempêta Ted. J’ai fait ce que je pouvais, connard !

-Alors tu m’insultes maintenant ? Tu crois que tu me fais peur fils de salaud ? cracha Banon en se rapprochant du médecin, son visage arborant une expression haineuse.

-Mais pour qui tu te prends espèce de débile ? gronda Ted.

-Ah pour qui je me prends ? Tu vas voir pour qui je me prends !

Banon était quasiment face à face avec le médecin. Le camionneur décocha soudainement un coup de poing en visant le ventre de son interlocuteur.
Driss capta le mouvement à temps  et détourna le bras de l’agresseur, il s’interposa ensuite entre les deux protagonistes.

-Ça suffit Banon ! lança le policier d’un ton ferme. Tu vas te calmer tout de suite !

-Qu’est-ce que t’as sale flic ? Retourne baiser ta pute et lâche moi !  tempêta le camionneur en le poussant.

Cette fois ce fut trop pour Driss. Il décocha un violent coup de poing dans la mâchoire de Banon. Celui-ci le prit de plein fouet et recula de quelques pas en se tenant la joue. Un filet de sang coula de sa bouche, il s’essuya et se redressa les yeux injectés de rage.

-T’aurais pas dû, je vais te faire la peau ! s’étrangla le camionneur en se jetant sur lui.

Banon le plaqua contre le mur et lui envoya un coup de poing dans l’estomac. Driss en eut le souffle coupé et se courba, c’est alors que son adversaire lui décocha une  béquille en plein visage.
Le policier suffoquant et à moitié assommé eut tout juste le temps de mettre les mains devant lorsque le  camionneur l’envoya au sol.
Un voile rouge couvrait sa vision et il n’arrivait pas à se reprendre, il entendit vaguement Ethan et Ted qui appelaient à l’aide.
Driss sentit qu’on le redressait violemment, il eut vaguement conscience qu’il se retournait et qu’il se retrouvait face à Banon.
Un coup de poing en pleine mâchoire lui fit perdre l’équilibre, il chancela et bascula en arrière. Il ressentit un violent choc au niveau de la tête et puis plus rien.
L’obscurité l’engloutit.

 

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