Le Convoi de la dernière chance (Vol. 1.)

Chapitre 3 : Chapitre 2 : La pharmacie

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:50

Tout d’abord, merci à l’aimable Cornelune pour la patience dont elle a fait preuve lors de la correction et de l’épuration de ce chapitre !
Bonne lecture !


Chapitre 2 : La pharmacie.

Driss referma le journal et le rangea. Il promena son regard en direction des ombres à l’extérieur du camp afin d’y déceler une éventuelle menace.
Le policier n’aimait vraiment pas le calme qui s’était abattu, cela ne présageait rien de bon. Les petits flocons continuaient de tomber doucement mais la neige ne semblait pas tenir au sol, c’était plutôt rassurant.
Les deux hommes de gardes tournaient autour du cercle formé par les véhicules en scrutant attentivement les alentours.
De là où il était, Driss avait une vue circulaire sur tout le camp et ses alentours immédiats : le point d’observation était idéal.
Ce fut l’odeur charriée par le vent qui l’alerta brusquement : une odeur de pourriture venait de lui heurter les narines. L’homme s’alarma et regarda attentivement dans toutes les directions avant de pouvoir détecter enfin l’origine de la menace.
Deux zombies s’avançaient dans l’ombre au sud du campement et le policier pouvait distinguer d’autres formes mouvantes derrière les deux créatures.
Son sang ne fit qu’un tour, il sauta du toit du camion et manqua de trébucher en se recevant au sol.
Driss intercepta Eugene qui avait repris son tour de veille, Banon s’approcha en compagnie de Brad qui montait également la garde et qui avait été alerté par l’agitation soudaine.

-Des zombies arrivent par le sud, chuchota rapidement Driss. Eugene, tu t’y rends maintenant et tu surveilles l’évolution de la situation. Banon, tu veilles à ce que les véhicules soient fermés, reprit-il alors que le basketteur s’éloignait. S’ils ne le sont pas tu avertis les éventuels occupants et tu leur demande de tout verrouiller, sinon tu le fais toi-même. Brad, tu t’occupes de ceux dans les tentes : tu rassembles tout le monde près du feu.

Il marqua une pause pendant laquelle il avala sa salive et reprit de la même manière.

-Je vais m’occuper des assaillants avec Eugene pendant ce temps, surtout n’utilisez pas d’armes à feu en cas de danger à moins que cela ne soit absolument nécessaire. Une fois vos tâches remplies vous venez nous aider, conclut-il.

Il se rendit rapidement à l’arrière à sa voiture et attrapa une hache sous les regards inquiets des quelques personnes restées près du feu.
Driss leur fit signe de se taire et attrapa également son fusil d’assaut, qu’il passa en bandoulière, avant de verrouiller son monospace et de rejoindre Eugene.
Celui-ci avait sa hachette en main et regardait le groupe de zombies s’approcher. Le basketteur sursauta lorsque le policier lui toucha l’épaule pour lui signifier qu’il était bien là.

-Du calme ce n’est que moi, murmura Driss à son ami.

Les créatures s’étaient bien rapprochées, Banon passa derrière eux et s’occupa d’avertir silencieusement les occupants des véhicules se trouvant dans leur dos.
Le policier et le basketteur s’avancèrent vers les monstres, ils tenaient fermement leurs armes en main et étaient prêts à frapper.
Aucun d’entre eux n’avait son bouclier : il n’y avait pas assez de zombies à affronter en même temps pour justifier leur emploi.
Les deux hommes évitèrent de trop s’avancer de façon à ne pas trop s’éloigner de la lumière produite par le feu de camp et à garder un minimum de visibilité dans le noir.
Les créatures étaient suffisamment proches, Driss leva sa hache au-dessus de sa tête et frappa. Le crâne du premier des assaillants fut scindé en deux sous la puissance du coup.
Eugene s’occupa du second et ils éliminèrent plusieurs zombies de cette façon. Driss distingua de nouvelles ombres s’approchant un peu plus loin mais il sentait que chaque coup qu’il donnait à une créature accentuait le poids de son arme.
Le policier devina que son camarade éprouvait les mêmes difficultés d’après le bruit de la respiration de ce dernier.
Il devenait indispensable de se replier vers le feu de camp afin de trouver du soutien et d’éviter de se retrouver isolé.
Il tapa sur l’épaule de son camarade et recula jusqu’aux voitures en gardant les zombies à l’œil. Ceux-ci avançaient en grognant sans se presser.
Banon et Brad les rejoignirent à ce moment précis et se placèrent à leurs côtés. Ils avaient tous deux des boucliers antiémeute, des masses et leurs fusils en bandoulière.
Driss distingua d’autres ombres qui évoluaient dans l’obscurité tout autour du camp.

-Ils sont trop nombreux ! lança-t-il en réalisant qu’ils risquaient d’être submergés. Prenez vos armes à feu ! Il faut les éliminer ! Banon et Brad vous alertez les autres ! Ensuite, placez-vous tous au niveau des voitures et éliminez ces pourritures avant qu’elles n’entrent dans le cercle formé par nos véhicules !

Le policier recula entre les voitures, épaula son arme, regarda dans son viseur et tira en direction du premier zombie qui s’avançait. La tête de celui-ci explosa, il en aligna un autre qui subit le même sort. Des coups de feu se mirent à claquer dans tout le camp.
Il rata la tête du zombie suivant et dut tirer une deuxième fois pour abattre la chose. Il fit feu à plusieurs reprises, les têtes décomposées se succédaient dans son viseur. Parfois les zombies s’effondraient décapités ou démembrés sans qu’il n’ait à tirer, grâce aux tirs d’Eugene.
Le bruit produit par les tirs de son arme se répercutait dans sa tête, l’odeur de la poudre lui piquait la gorge et son épaule devenait de plus en plus douloureuse en raison des chocs dus au recul du fusil.
Il continua l’abattage méthodique en veillant à ce que chaque tir compte.
Ce fut les déclics produits par celui-ci lorsqu’il appuya sur la gâchette à plusieurs reprises qui lui firent interrompre le combat : il n’avait plus de cartouches.

-Je recharge ! dit-il précipitamment à Eugene.

Driss libéra le chargeur vide du réceptacle de son arme, le mit dans une des poches de le ceinture de sa tenue et attrapa le chargeur qui s’y trouvait. Il engagea le chargeur, un déclic lui indiqua qu’il était bien positionné et il réarma son arme.
Alors qu’il allait tirer, un mouvement sur le côté attira son regard. Il se retrouva presque nez à nez avec un zombie qui s’apprêtait à le mordre.
Le policier attrapa à deux mains son arme et flanqua un coup de crosse à la créature au niveau du menton, celle-ci recula et il put l’achever d’une balle bien placée. Des projections l’aspergèrent, il avait du sang plein le visage.
Une fois qu’il se fut ressaisi, il fut contraint d’écarter d’un coup de pied une des créatures trop aventureuse à son goût. La chose roula au sol et Driss l’acheva avec la crosse de son fusil.
Lorsque ce fut fait, il se redressa et constata que les claquements de fusils ne retentissaient plus.
Il ne sut pas exactement combien de temps avait duré l’attaque mais cela lui avait semblé une éternité.
 Il n’y avait plus de nouveaux indésirables en vue mais il fit le tour du camp en compagnie d’Eugene en vérifiant sous chaque véhicule qu’aucun intrus ne s’y était glissé pendant la bataille.
Le policier rassembla ensuite tous ceux qui avaient participé à la bataille à proximité du camion bâché.

-Tout d’abord, quelqu’un a-t-il été blessé ou mordu ? s’enquit-il pour commencer.

Les réponses furent toute négative et Driss respira un coup, ils avaient eu de la chance cette fois.

-Nous allons faire un bilan de l’attaque, reprit-il d’une voix autoritaire. Banon va nous chercher une table de camping s’il te plaît. Vous allez tous déposer à gauche de la table les chargeurs vides et à droite les chargeurs entamés.

Banon s’éloigna pour aller chercher ce qui lui avait été demandé et revint avec quelques secondes plus tard. Il déplia la table métallique et tous allèrent entourer celle-ci.
Chacun fouilla ses poches à la recherche des chargeurs vides et libéra ceux qui avaient été entamés des chambres de leurs armes.
Le policier compta mentalement le nombre de chargeurs vides en prenant en compte les capacités du tireur qui déposait les armes afin d’avoir une idée du nombre d’assaillants.
Lorsque le dernier chargeur fut déposé sur la table, il reprit la parole.

-Six chargeurs vides et cinq entamés, ça ampute sacrément nos réserves de munitions. Il faut transvaser le contenu des chargeurs entamés dans les autres de façon à avoir des chargeurs pleins.  Jim tu t’en charges !

L’intéressé s’attela à sa tâche.

-En ce qui concerne les cadavres, il serait plus sage de s’en occuper demain matin mais le temps pressant je suggère que les cadavres dans les environs immédiat soient tout de suite jetés dans le feu, continua Driss. Vu que nous devons nous reposer et que le temps presse, nous ne nous occuperons pas des autres dépouilles. Vous êtes bien d’accord ?

Tous répondirent par l’affirmative.

-Très bien ! Que chacun soit vigilant pendant l’opération de nettoyage ! Vérifiez s’il n’y a pas des créatures arrivant en rampant vers le camp en même temps, conclut le policier. Dispersion !

Ils se répartirent par groupe de deux et amenèrent les cadavres près du feu, Driss accompagnait Banon. Ils rajoutèrent du combustible et jetèrent les dépouilles dans les flammes au fur et à mesure.
Une odeur de chair brûlée vint immédiatement s’ajouter à celle de pourriture régnant dans l’air.
 Les flammes du brasier grondaient et les crépitements du feu conjugués aux différents autres sons produits par la combustion des corps constituaient le seul bruit résonnant dans la nuit, chacun travaillait en silence tout en restant attentif aux mouvements dans les herbes.

-Ça brûle bien cette saloperie, ne put se retenir de commenter Banon en contemplant les flammes dévorant le cadavre qu’ils venaient d’y précipiter.

-Comme si tu ne l’avais pas déjà constaté, lui répondit Brad en soupirant.

Brad avait la vingtaine, il avait de courts cheveux blonds et avait été électricien avant la catastrophe.

-Je tentais juste de faire la conversation, grogna le camionneur en s’éloignant pour aller chercher d’autres dépouilles.

Driss le suivit et ils reprirent leur tâche silencieuse en silence en tentant de ne pas trop respirer l’odeur pestilentielle dégagée par leurs colis.
Lorsqu’ils eurent nettoyé la zone autour du camp, Ethan et Rob restèrent de garde pendant que les autres allaient se coucher.
L’ex-policier rejoignit sa tente et s’y faufila, Jill dormait blottie contre Tara dans son sac de couchage. Celle-ci tournait le dos à l’entrée mais il n’eut pas besoin de voir son visage pour savoir qu’elle était réveillée, il le sentait.
Si Jill avait été réveillée par le vacarme du combat et avait pu se rendormir, Tara quant à elle était incapable de fermer l’œil tant qu’il n’était pas revenu auprès d’elle. Il en avait toujours été ainsi depuis le début de toute cette histoire.
Il déposa ses armes à côté de l’entrée de la tente en prenant soin de réenclencher la sécurité de son fusil d’assaut.
Sa femme garda le silence pendant qu’il enlevait son plastron et ses protections salis par les combats de la journée, son vêtement de tissu suivit le même chemin.
Driss se glissa dans son sac de couchage et vint enlacer tendrement son épouse. Celle-ci se lova dans ses bras sans un mot, il l’embrassa dans le cou et elle soupira doucement.
Si elle avait des remarques à lui faire, elle les garda pour elle. Il resta un moment aux aguets, guettant les bruits dehors tout en écoutant la respiration de Tara.
Lorsque la respiration de celle-ci ralentit, indiquant qu’elle avait sombré dans le sommeil, il se laissa aller et s’endormit à son tour.

Ce fut Tara qui le réveilla le lendemain en déposant un baiser sur sa joue. Elle était déjà habillée et Jill n’était pas sous la tente.

-Bonjour, la salua-t-il avec un petit sourire en lui rendant son baiser.

-Jill a déjà mangé, elle est allée voir Sam, on t’attend pour manger, débita-t-elle rapidement en se relevant et en sortant de la tente.

Driss bondit hors de son sac de couchage, remit sa tenue antiémeute et ramassa ses armes avant de sortir. Un vent glacial l’accueillit à sa sortie et il constata que le ciel était plutôt couvert.
Les cendres du feu dans lequel ils avaient précipité les cadavres avaient été nettoyées et les membres du groupe déjà debout s’étaient assis en cercle, à l’écart de l’ancien foyer.
L’eau du café chauffait dans une grande casserole suspendue au-dessus d’un autre feu allumé au centre du groupe. Il regrettait de ne rien avoir pour accompagner le breuvage mais il devait se contenter du peu qu’ils avaient.
Le silence régnait, les visages étaient sombres et il pouvait sentir clairement une certaine tension au sein du rassemblement.
Il nota l’absence de Jill, elle devait sûrement jouer dans la tente de Rob et Leslie en compagnie de Sam.
Plusieurs personnes lui firent un signe de tête lorsqu’ils le virent arriver, d’autres grommelèrent un simple bonjour. 
L’ex-policier les salua en retour et alla s’asseoir sur un tabouret situé entre sa femme et Ted.

-Je suis passé voir Tom ce matin, lâcha ce dernier à brûle pourpoint en s’adressant à lui. Son état est stable mais il a besoin de soins au plus vite.

-J’en suis parfaitement conscient Ted, je n’ai pas changé d’avis, lui répondit-il calmement en attrapant une timbale de fer blanc que lui tendait Tara. Dès que nous aurons fini notre café, nous nous mettrons en quête d’une pharmacie.

Ted ne tenta pas de prolonger la conversation et se replongea dans ses pensées. Driss attrapa le bocal contenant la poudre de café et en mit un fond dans sa tasse.
Lorsque l’eau se mit à bouillir, Ethan se leva et la versa dans les tasses qu’on lui tendait.
Ce fut à ce moment-là que Lydia fit son apparition en compagnie de Rodolph, elle soutenait celui-ci et l’aida à s’asseoir sur un des tabourets libres.
Quand il fut assis, elle lui tendit une tasse de café puis attrapa deux autres tasses de café et s’éloigna. Une des tasses était sûrement pour Rob et elle comptait visiblement boire le sien avec lui.
Cela n’étonna guère le policier qui savait que les deux jeunes gens entretenaient une relation,  tout le monde était au courant même s’ils restaient plutôt discrets.
Driss s’empressa de boire le breuvage amer puis se leva et alla consulter le plan de la région qu’ils s’étaient procuré dans une librairie abandonnée. Celui-ci était rangé dans la portière conducteur de son véhicule, il s’en empara et le déplia sur le capot de sa voiture pour l’étudier.
Il chercha un point de repère et parvint à localiser approximativement l’endroit où ils se trouvaient. Eugene s’approcha en compagnie de Banon et attendirent en silence qu’il prenne une décision.
Il y avait plusieurs villages dans la région mais il allait falloir trouver un itinéraire qui leur permettrait de visiter les villages qui lui semblaient les plus étendus en consommant un minimum de carburant.
Il ne leur servirait à rien de visiter les plus petits villages car ceux-ci comptaient généralement très peu de commerces et la probabilité d’y trouver une pharmacie y était faible.
Il lui fallut environ une dizaine de minutes pour trouver un itinéraire qui lui semblait à peu près raisonnable mais il espérait qu’ils n’auraient pas à explorer tous les  villages qu’il avait sélectionnés.

-Bon j’ai trouvé un itinéraire d’exploration qui pourrait convenir pour notre quête d’une pharmacie, lança-t-il aux deux hommes qui l’observaient. Vous allez me dire ce que vous en pensez.

Les intéressés s’approchèrent et se penchèrent au-dessus de la carte puis il leur retraça le chemin qu’ils allaient suivre sur le plan.

-Personnellement, je ne vois rien à redire, dit simplement Eugene. L’itinéraire me semble le plus adapté.

-Je ne vois pas non plus mais j’espère que nous n’aurons pas à le parcourir dans son intégralité, objecta Banon. Je vous rappelle que le monstre que je conduis est peut-être très pratique mais il consomme énormément !

-J’en suis bien conscient, lui répondit-il. C’est pour cela que j’espère que nous n’aurons pas à visiter plus de deux ou trois villages.

-Eh bien je ne vois vraiment pas ce que je pourrais ajouter dans ce cas alors, repartit Banon.

-Parfait, on lève le camp et on bouge, conclut Driss. Veillez à ne rien oublier !

Aussitôt qu’il eut fini de parler, chacun se dispersa pour démonter les tentes et ranger les affaires. Driss alla aider sa femme à démonter leur tente et à ranger leurs affaires dans la voiture.
Une demi-heure plus tard, le convoi était prêt à repartir.
L’ex-policier s’installa au volant de sa voiture, se coiffa de son casque qu’il avait laissé sur le siège conducteur et démarra lorsque l’équipage fut au complet.
Il s’arrêta après avoir rejoint la route pour attendre les autres. Tara avait la carte sur les genoux, il lui avait brièvement expliqué l’itinéraire pour qu’elle puisse le guider afin qu’il ne soit pas distrait de la route.
Il descendit de la voiture pour veiller à ce que les voitures se positionnent à la fille dans l’ordre habituel. Lorsque toutes furent à nouveau sur la route, il remonta dans le monospace et démarra doucement.
Il vérifia que le camion de Banon suivait le mouvement et accéléra graduellement. La route semblait parfaitement dégagée sur le tronçon qu’ils empruntaient et ils purent faire une pointe de quatre-vingt kilomètres par heures avant la bifurcation vers le premier village.
Quelques carcasses de voitures étaient abandonnées sur le bas-côté et il y avait peu de zombies. Cinq minutes après la bifurcation, ils atteignirent enfin le village en question.
Ils arrivèrent par la rue principale, les maisons se dressaient de part et d’autres de la route et les voitures étaient garées de façon impeccable à leurs emplacements.
 Si les marques d’abandon n’avaient pas été visibles sur les bâtiments, que les façades de certains ne portaient pas de traces sanglantes et que les quelques cadavres en décomposition n’avaient pas été là, tout aurait semblé normal.
Ils s’arrêtèrent au milieu de l’avenue. Il n’y avait aucun signe de pharmacie ou de dispensaire. Driss ouvrit la portière et descendit avec son arme.
Il avait repéré le bureau du Shériff un peu plus loin et avait été soudain pris de l’envie d’aller y jeter un œil. Le policier fit signe à Eugene de venir le rejoindre. Celui-ci vint le rejoindre avec son arme.

-Qu’est ce qui t’as traversé la tête encore ? l’interpella abruptement le basketteur d’un ton où perçait l’impatience.

-J’ai bien envie d’aller visiter les locaux du Shériff, lui répondit-il sans se formaliser du mouvement d’humeur de son ami. On doit pouvoir y trouver des armes et des munitions ainsi qu’un plan du village, ça nous évitera de passer à côté de la pharmacie si elle se trouve dans une avenue secondaire.

-Tu dévies encore de notre objectif premier… Mais tu n’as pas tort, lui concéda Eugene.

-Parfait, on reste ensemble et on fait attention. Attends-moi.

Driss revint vers la voiture et attrapa la lampe torche à dynamo se trouvant sur le tableau de bord. Il capta le regard inquiet que lui lançait sa femme.

-Avec Eugene on va en profiter pour voir si on peut récupérer des munitions, se justifia-t-il. On n’en a pas pour longtemps.

Elle garda le silence et le policier retourna auprès du basketteur. Tous deux avancèrent ensuite en direction du bâtiment en restant au milieu de la rue.
Ils guettaient le moindre mouvement suspect dans l’obscurité des bâtiments. Les deux hommes passèrent à côté d’un cadavre d’enfant à la tête éclatée. Driss détourna le regard et aperçut une longue barre de fer appuyée contre la façade de la maison précédent le bureau.
N’ayant pas d’arme silencieuse sur lui à l’inverse d’Eugene qui avait sa hachette, il alla récupérer celle-ci avec prudence.
Lorsqu’il s’en fut muni, il passa son fusil d’assaut dans son dos et tint barre fermement dans sa main libre puis reprit sa progression.
Il rejoignit Eugene devant l’entrée de la succursale du chef de la police locale. La porte était enfoncée et pendait sur ses gonds, il faisait noir comme dans un four à l’intérieur car les volets métalliques étaient fermés. Une horrible odeur de pourriture les accueillit au moment où ils furent devant la porte.
Driss alluma sa lampe torche et éclaira l’intérieur. Trois cadavres répandaient leurs cervelles au sol, des traînées écarlates décoraient le sol et les murs et le bureau du Shériff était renversé au milieu de la pièce.
Il n’y avait pas de traces des policiers, un escalier condamné par des meubles renversés montait sur la gauche. Tout était silencieux, le policier balaya le mur du fond de sa torche et repéra une porte ouverte.
Eugene se posta à proximité et Driss se mit en quête d’un plan de la ville. Il trouva celui-ci coincé sous le bureau renversé et le dégagea.
Le policier posa la carte à plat et la consulta, il n’y avait pas de pharmacies. Il laissa la carte tel quel et secoua négativement la tête en direction d’Eugene puis il se dirigea vers la porte et la franchit.
Il déboucha dans une cage d’escalier aux marches métalliques qui descendait, celui-ci faisait un petit coude en contrebas. Le policier descendit, Eugene le suivait toujours de près.
Au moment où ils passèrent le coude, le pied de Driss glissa sur une matière recouvrant une des marches et dévala le reste de l’escalier sur les fesses. La lampe lui échappa et roula un peu plus loin.
Une atroce douleur au niveau du fessier s’empara de lui et il se retint de crier et de jurer.
L’éclairage qu’elle fournit lui permit de constater qu’ils étaient arrivés dans un étroit couloir cerné par des cellules aux barreaux noirs, les portes de certaines étaient ouvertes. Au fond se trouvait une porte blindée ouverte.

-Tu crois vraiment que c’est le moment de jouer au toboggan dans les escaliers ? lâcha Eugene dans son dos d’une voix moqueuse. T’es impayable toi !

-Epargne-moi ton humour à deux balles et aide-moi à me relever, grommela le policier. J’ai sacrément mal au cul, je me suis sûrement cassé le coccyx.

-Très bien, je n’aurai pas à te donner la fessée dans ce cas ! Tu t’es puni tout seul ! plaisanta son camarade en lui tendant la main.

Driss attrapa cette dernière et le basketteur le remit sur pied d’une traction puis celui-ci alla récupérer la lampe après s’être assuré que le policier tenait bien sur ses jambes.
Eugene récupéra la lampe et se dirigea vers la porte blindée. La douleur s’étant calmée, le policier le suivit et entra à la suite de son camarade dans la pièce.
Le rayon de lumière produit par la torche dévoila plusieurs armes accrochées à leurs râteliers ainsi que quelques boîtes de munitions.

-Jackpot, commenta Eugene.

Driss nota que plusieurs râteliers étaient vides de leurs armes et que des tiroirs avaient été ouverts et ne comprenaient plus rien. Il s’approcha des boîtes restantes et regarda le calibre.

-Ce sont les bons calibres, on peut les utiliser pour nos armes, constata-t-il après lecture des indications sur les boîtes. On les prend toutes avec les armes restantes.

Il jeta un coup d’œil circulaire dans la pièce et repéra un sac qui ferait l’affaire pour le transport du matériel.
Le policier s’en empara et y enfourna les armes puis Eugene y plaça les boites de munitions. Ils se retrouvèrent avec cinq fusils à pompe supplémentaires ainsi que quatre pistolets et douze boîtes de cartouches de calibres variés.

-Parfait ! On ne s’attarde pas car des gens semblent avoir visité les locaux avant nous, dit-il rapidement en mettant le sac en bandoulière.

Eugene ne répondit pas car il n’y avait rien à répondre, celui-ci passa devant lui et ils remontèrent à l’étage.
Alors qu’ils allaient sortir, ils s’immobilisèrent : ils pouvaient clairement entendre des bruits de pas traînants à l’étage.

-Merde ! On n’est pas tout seuls ici, on dégage, chuchota son compagnon.

Ils sortirent en courant, redoutant ce qu’ils pourraient voir une fois à l’extérieur, mais tout semblait aussi calme qu’à leur arrivée. Driss soupira intérieurement de soulagement.
Ils sprintèrent quand même jusqu’au convoi, ce qui leur attira des regards alarmés de la part de ceux qui s’étaient rassemblés en position défensive.

-On part maintenant ! leur cria le chef de groupe en jetant sa barre de fer par terre. Tous à vos véhicules !

Eugene embarqua dans le monospace. Driss ouvrit le coffre, y jeta le sac, le referma aussitôt et se réinstalla au volant en grimaçant : son postérieur était toujours aussi douloureux.
Il tenta un sourire rassurant vers Tara qui se transforma en grimace sous l’effet de la douleur et lui attira un froncement de sourcils.
Le policier démarra en suivant la procédure habituelle et ils reprirent leur route. Alors  qu’ils sortaient du village, il regarda dans le rétroviseur et put voir des zombies sortant des maisons avec leur démarche d’ivrogne.
Le trajet jusqu’au village suivant se passa sans encombre. Celui-ci ressemblait à celui qu’ils avaient quitté quelques dizaines de minutes plus tôt.
Ils arrivèrent par une avenue secondaire et la remontèrent jusqu’à croiser l’avenue principale. Ils repérèrent tout de suite la pharmacie et s’arrêtèrent.
Driss soupira de soulagement : le deuxième village était visiblement le bon et ils n’auraient pas à brûler plus d’essence dans leur quête.
Il s’arrêta juste devant la boutique et descendit, Eugene fit de même. Le volet grillagé avait été baissé devant la vitrine mais pas devant la porte vitrée qui avait été brisée et dont les éclats jonchaient le sol.
Brad et Ted vinrent les rejoindre et ils pénétrèrent ensemble dans le magasin. Le médecin se vit confier la torche afin de pouvoir repérer plus aisément les produits dont il allait avoir besoin pour traiter Tom.
Le groupe s’avança prudemment au milieu des présentoirs de médicament renversés et des boîtes de ceux-ci jonchant le sol.
Le comptoir se trouvait en face de l’entrée, au fond de la pièce. Juste derrière celui-ci se trouvait une porte ouverte donnant sûrement accès à la réserve.
Ted commença à récupérer divers médicaments qu’il mit dans de grands sacs en toile qu’il avait emportés. Il remplit ces derniers, il essayait visiblement d’en profiter pour recomposer son stock et le policier ne pouvait qu’approuver ceci.

-Je pense que j’ai assez de médicaments mais je n’ai pas trouvé ceux pour Tom, il va falloir aller dans la réserve, leur dit-il.

Ils contournèrent donc ensemble le comptoir et entèrent dans la pièce en question. De vastes rangées d’étagères à tiroirs s’étendaient dans la salle. Driss resta avec Eugene à l’entrée et Brad accompagna Ted dans les rayons.
Il s’écoula un moment pendant lequel Ted fouilla dans les rayons : il ouvrait des tiroirs, piochait dedans, lisait attentivement les écritures, se servait et les refermait.
Il finit par se perdre entre les étagères avec Brad en laissant le policier et son ami dans le noir, la lumière étant occultée par les rayons.
Les bruits que faisait le médecin pendant la fouille continuaient à leur parvenir, mais Driss sentit soudain une odeur de décomposition et l’inquiétude le gagna.
Alors qu’il allait avertir leurs deux camarades, un cri de surprise et de douleur retentit. La lumière se mit à danser et sembla s’effacer brusquement.
Eugene et Driss se ruèrent en direction des hommes en difficulté.

-Bouge-pas, je vais l’abattre ! hurlait la voix de Ted.

-Bordel ! cria Brad. Dégage-moi cette saloperie, vite !

Des bruits de lutte retentirent ainsi qu’un bruit mat. Les bruits s’arrêtèrent et des plaintes leur parvinrent.
Lorsqu’ils eurent atteint le rayon, le policier sentit que quelque chose de terrible pour le groupe venait de se produire. La lampe torche était abandonnée au sol et éclairait Brad qui était adossé contre un rayon en se tenant le côté droit de son cou ainsi que Ted qui était agenouillé aux côtés de l’homme.
Le cadavre d’un zombie gisait au milieu du couloir. Driss s’approcha de Brad et arriva au moment où le médecin parvenait à le laisser montrer ce qu’il cachait : une morsure assez profonde et ruisselante de sang marquait le côté droit du cou de l’ancien électricien.
Driss se sentit prit d’un malaise : le pire était arrivé une fois de plus. Brad était condamné à mourir d’une fièvre ou de l’hémorragie puis à revenir pour tenter de les becqueter, à moins qu’ils ne lui offrent une mort digne de ce nom avant. 
Brad leva les yeux vers lui, son visage était blême.

-Il m’a surpris, articula-t-il. J’ai pas été assez prudent, il m’a sauté à la gorge et m’a mordu. Cette foutue tenue antiémeute ne m’aura pas protégé. Il se cachait en bout de rayon mais je suis tombé avec lui.

-On ne peut pas le laisser ici, lâcha Ted d’une voix calme. Il n’est pas encore un des leurs, on ne peut pas le soigner mais on avisera plus tard. De plus, j’ai les médicaments que nous sommes venus chercher.

Un unique coup de klaxon les fit sursauter.

-Le convoi ! Y a sûrement des ennuis qui se profilent ! débita précipitamment Driss en ramassant la lampe de poche. Tous dehors, on dégage !

Ted aida Brad à se relever puis ils coururent vers la sortie avec les sacs et s’y figèrent l’espace d’un instant : des zombies arrivaient de tous les côtés, le convoi était encerclé.

-Merde ! jura Driss.

Brad et Ted reprirent immédiatement leur course en direction de leurs voitures pendant que Driss et Eugene se réinstallaient dans la leur.
Driss verrouilla immédiatement la porte. Jill s’était cachée pour tenter d’échapper à la peur, Eugene la serra contre lui immédiatement pour la rassurer.
Le policier pesta contre les créatures : il allait encore devoir abîmer sa voiture mais il n’avait pas le choix. Il démarra en trombe et vérifia que Banon le suivait.
C’est à ce moment-là qu’ils heurtèrent le premier agresseur. Il y eut un bruit de verre brisé, du sang éclaboussa le pare-brise et le cadavre resta collé à l’avant du capot. Driss tapa du poing sur le volant : il avait déjà changé les phares le mois dernier après le même genre de rencontre.
Driss slaloma un peu entre les horreurs ambulantes pour tenter d’éviter de trop endommager son véhicule. Il percuta cependant d’autres créatures, les craquements d’os produits par les corps sur lesquels ils roulaient résonnaient sinistrement.
Driss constata que Banon ne s’embêtait pas à slalomer avec son camion, il n’avait de toute façon pas le choix : le pare-choc du camion était couvert d’une bouillie rougeâtre, le nettoyage allait s’avérer des plus amusant.
Le fait qu’il n’y ait aucun appel de phare rassurait Driss : cela signifiait que les autres s’en tiraient aussi mais il accéléra quand même.
Il ne ralentit qu’après avoir laissé le dernier zombie et le village loin derrière. Il n’y avait pas du tout eu d’appel de phare mais ils allaient devoir faire une pause pour vérifier que tout le monde allait bien.
Il continua cependant de rouler à une allure modérée, Tara et Eugene qui serrait toujours Jill contre lui gardèrent le silence.
L’expédition, même si elle avait permis de récupérer les médicaments nécessaires au traitement de Tom ainsi que des munitions, ne pouvait pas s’être déroulée plus mal.


 

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