Le Convoi de la dernière chance (Vol. 1.)

Chapitre 2 : Chapitre 1 : La décision

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:35

Tout d'abord, un grand merci à Cornelune ma bêta-lectrice qui a pris le temps de corriger et de rendre plus agréable le chapitre.

Chapitre 1 : La décision.

-Merde !! Cria Driss en frappant du poing sur le volant.

Il regarda dans le rétroviseur intérieur pour vérifier la position des autres véhicules et capta rapidement son reflet : il avait la trentaine, des cheveux châtains mi-longs, et une barbe de la même couleur assez fournie ainsi que des yeux marrons.
 Il était plutôt de taille moyenne et quelque peu musclé grâce à l’entrainement avancé dont il avait bénéficié dans le SWAT.
Le camion bâché de l’armée conduit par Banon se trouvait juste derrière eux, ils avaient récupéré ce camion plusieurs semaines auparavant afin de pouvoir transporter leur équipement et leur nourriture plus facilement. Le camion était très gourmand en carburant mais ils n’avaient pas le choix.
Leur convoi évoluait en file indienne avec une distance minimale de sécurité en cas de freinage brusque, chaque conducteur devait se calquer sur la voiture de devant afin d’éviter les confusions ou les mésententes.
Il enclencha ses feux de positions et ralentit doucement jusqu’à l’arrêt complet.

-C’est la troisième fois cette semaine, j’y crois pas, désespéra-t-il en se prenant la tête dans les mains.

-Il ne faut pas que tu te laisses abattre par ce genre de choses chéri, lui dit gentiment Tara en posant une main réconfortante sur sa cuisse.

Il tourna la tête vers elle, elle le regardait en lui offrant un sourire compatissant. Ses longs cheveux bruns et raides encadraient joliment son visage fin et ses yeux verts aux pupilles légèrement en amande. Il faisait vieux mais elle était toujours aussi resplendissante et leur différence d’âge de trois ans semblait plus grande qu’elle ne l’était en réalité.
Elle arrivait toujours à le calmer car sa vue lui rappelait qu’il restait encore des choses qui valaient le coup que l’on reste en vie et cela valait aussi pour leur fille : Jill.
Celle-ci était assise sur les genoux de Tara et le regardait d’un air inquiet : elle avait les yeux de sa mère mais elle avait des cheveux blonds comme les blés et légèrement bouclés. Il lui effleura la joue d’une main pour la rassurer et lui sourit.

-Tu as raison, cela aurait pu être bien pire, mais c’est désespérant de crever autant de pneus sur cette route, maugréa-t-il en réponse.

-Au moins, ce n’est pas un problème mécanique. Les pneus sont plus faciles à trouver et à récupérer, conclut-elle.

Driss se saisit de son casque à visière qu’il avait placé entre les deux sièges, le mit, empoigna son fusil d’assaut g36 en enlevant la sécurité, s’empara de sa pioche, et ouvrit la portière.

-Quand faut y aller, faut y aller. Lâcha-t-il. Eugene ! Tu sors avec moi, j’ai besoin d’une couverture au cas où les habitants du coin auraient un petit creux ! Les autres, vous restez dans la voiture et vous verrouillez les portes, ajouta-t-il en s’adressant aux passagers à l’arrière.

Il descendit de son monospace Ford Galaxy bleu. Sa tenue anti-émeute bleu marine le gênait mais il devait faire avec puisqu’il était souvent en première ligne. Il l’avait récupérée en même temps que six autres tenues du même genre dans un commissariat laissé à l’abandon.
La tenue était constituée d’un vêtement intégral en tissus ultra résistant, d’un plastron et d’épaulières pare-balles, des jambières, de bottes rigides et de gantelets de protection.
Il refermait la portière lorsqu’Eugene ouvrit la sienne et sortit à son tour: il portait également une tenue antiémeute mais avait choisi une hachette comme arme.
Celui-ci faisait partie des quelques afro-américains du groupe.  Ancien basketteur, il était de grande taille et avait des cheveux courts frisés ainsi qu’une musculature assez développée.
Son ancien statut de sportif conférait à Eugène une certaine mobilité sur le terrain et il était en conséquence doué pour faire diversion lorsque le besoin s’imposait.
Le tronçon de route sur lequel ils se trouvaient était encadré de deux rails de sécurité et de champs entrecoupés d’habitations et de bosquets d’arbres. De nombreuses voitures abandonnées se trouvaient autour d’eux. Il repéra quelques zombies qui évoluaient un peu plus loin mais ils n’étaient guère inquiétants pour l’instant et Eugene les tenait à l’œil.
Driss se retourna et adressa un signe de la main en direction du camion pour signifier à Banon qu’ils allaient passer un moment ici. Banon avait la quarantaine et de longs cheveux gris-poivre noués, de petits yeux noirs et les caractéristiques physiques de son ancien métier de camionneur.
Driss lui avait confié la conduite du camion pour cela puisque en conséquence, il maîtrisait mieux la conduite de ce type d’engins que n’importe quel autre membre du groupe.
Judy qui se trouvait sur le siège passager du camion ouvrit la portière et en descendit pour s’informer. Il alla à sa rencontre. La petite femme rondouillarde  avait de longs cheveux blonds quelque peu graisseux et des yeux bleus délavés.

-Tout va bien Judy, on a encore crevé, la coupa-t-il alors qu’elle s’apprêtait à parler. Je vais constater les dégâts et réparer ça aussi vite que possible. Il faut que tu fasses passer le mot aux autres et que tu retournes dans le camion, personne ne bouge des voitures et chacun doit rester sur ses gardes.

-T’as vraiment pas de bol avec tes pneus toi, c’est la troisième fois cette semaine. Ronchonna-t-elle en s’éloignant.

Driss revint vers l’avant de la voiture et s’agenouilla à l’endroit où le pneu avait crevé et constata les dégâts : le pneu du côté conducteur était complètement dégonflé et semblait avoir été déchiré. Il se redressa en laissant sa pioche au sol, Eugene s’était rapproché de lui et tourna la tête dans sa direction lorsqu’il se redressa.

-Alors comment ça se présente ? s’informa ce dernier.

-Eh bien on a du rouler sur une pièce métallique très tranchante, le pneu est déchiré. Je vais le changer le plus vite possible et en récupérer un sur une des voitures stationnées un peu plus loin.

-Bien reçu, fais ça bien, lui répondit simplement Eugene.

Driss fit le tour du monospace et ouvrit le coffre. Il écarta les quelques affaires qui s’y trouvaient et s’empara d’un cric, d’une clé à molette et d’une roue de secours puis il retourna au niveau de la roue avant. Il se remit sur ses genoux, plaça le cric et l’actionna pour soulever légèrement la voiture afin de dégager le pneu.
 Il enleva la roue crevée à l’aide de la clé à molette puis il plaça la nouvelle à la place de l’ancienne. Lorsqu’il l’eut correctement fixé, il se releva et jeta le pneu sur le bas côté.
Il regarda aux alentours et repéra une voiture un peu plus loin devant le monospace dont les pneus avaient l’air en bon état. Il ramassa sa pioche et ses outils.
Alors qu’il se redressait, Eugene, le voyant s’éloigner, lui attrapa le bras et lui montra le groupe de zombies : ils s’étaient rapprochés et d’autres arrivaient.

-Fais-vite, lâcha-t-il. Je ne tiens pas à les avoir en face de moi, ils sentent trop mauvais ces machins-là.

-Je vais faire comme je peux, tu restes ici et tu veilles à ce qu’aucune de ces choses ne s’approche du convoi, se contenta de dire Driss.

Il s’approcha prudemment de la voiture en tenant fermement sa pioche de la main droite et les outils dans la main gauche. Il inspecta la voiture pour vérifier qu’aucune mauvaise surprise ne l’attendait à l’intérieur et posa un genou à terre à côté de l’une des roues.
 Il plaçait le cric lorsqu’il sentit une violente pression sur sa main qui lui arracha un cri de surprise alors que quelque chose lui enserrait le poignet dans le même temps.
Il bascula sur les fesses et vit avec horreur qu’un zombie lui avait attrapé la main et mordait à pleines dents dedans.
 Le zombie était à moitié sous la voiture, c’était un homme horriblement laid dont le visage était maculé de sang et de vermine. La chose lui lâcha la main et se mit à ramper vers lui, sortant complètement de sous la voiture : il lui manquait le bas du corps.
Cette créature avait du se planquer là afin de prendre par surprise les voyageurs imprudents comme lui. Il n’hésita pas et se releva en empoignant fermement sa pioche.
 Driss la lui abattit violemment sur le crâne qui éclata comme une vieille noix pourrie, la lame avec laquelle il avait frappé s’enfonça dans le goudron et il dut forcer un peu afin de pouvoir la dégager.
Dès qu’il l’eut extraite du goudron, il la posa contre la voiture et regarda sa main.
Il poussa un soupir de soulagement en la voyant, heureusement qu’il portait les gantelets de la tenue anti-émeute : les dents avaient seulement labouré le tissu de façon superficielle et n’avaient pas atteint ni entaillé la peau.
Il adressa un signe de main à Eugene pour lui signifier que tout allait bien et il se réattela à sa tâche en se maudissant de son imprudence, qui aurait pu lui coûter cher s’il n’avait pas mis son gantelet.
Il récupéra ainsi trois roues et revint vers le convoi avec l’une d’elles, tandis qu’Eugene s’approchait avec un regard lourd de reproche.

-Tu pourrais être plus prudent quand même, on ne peut pas se permettre ce genre d’erreur stupide et tu le sais.

-Oui, je suis désolé Eugene. C’est juste que je suis fatigué parce que je dors mal et les jours passés sur les routes désertes à essuyer problèmes sur problèmes ainsi qu’à se ravitailler, ça m’épuise, se contenta-t-il de répondre pour sa défense.

Driss continua son chemin alors qu’Eugene ramassait les deux autres et les fourra dans le coffre de sa voiture avec les outils.
 Eugene le rejoignit et rangea les deux autres roues dans le coffre pendant que Driss surveillait les zombies : ils s’étaient encore rapprochés et n’étaient désormais plus très loin.
Le claquement produit par le coffre lorsqu’Eugene le referma le fit sursauter.

-On ne traine pas ici, en voiture ! lui lança Driss. Les zombies sont trop proches à mon goût.

-Tu as raison, je me porte mieux lorsqu’on est en mouvement.

Driss se tourna vers le camion de Banon et lui montra son pouce dressé vers le haut pour lui dire que tout était fini et qu’ils allaient se mettre en route et Banon lui répondit en passant le bras par la fenêtre du chauffeur avec le pouce levé pour confirmer que tout était paré.
Rick remonta en voiture en même temps qu’Eugene et mit le contact, sans jeter un coup d’œil à Tara. Il savait qu’elle avait tout vu, il le sentait et elle lui ferait sûrement des reproches ce soir mais il ne voulait pas voir le regard qu’elle pourrait lui adresser.
Il démarra doucement en vérifiant dans son rétroviseur intérieur que Banon les suivait et accéléra légèrement. Les zombies s’étaient massés derrière les rails de sécurité et tendaient les mains dans leur direction à leur passage.
L’homme se détendit imperceptiblement  après quelques minutes, soulagé que cette pause imprévue se soit relativement bien passée, et il se concentra sur la route.
Il leur restait encore beaucoup de chemin jusqu’à Washington et l’hiver les pressait de plus en plus. Ils en avaient peu parlé mais ils allaient sûrement devoir passer l’hiver dans le nord de la Floride.
Ils roulaient depuis un moment lorsqu’il aperçut un semi-remorque couché en travers de la route, l’ex-policier enclencha ses clignotants et ralentit doucement en maudissant la malchance qui semblait vouloir les poursuivre. De nombreux zombies se trouvaient autour du camion dont le chargement s’était déversé au sol par les portes arrière qui s’étaient ouvertes lors de l’accident.

-Eugene tu descends avec moi ! Les autres vous vous enfermez dans la voiture, lança Driss.

Il sortit en même temps qu’Eugene, les zombies les avaient repérés et avançaient dans leur direction. Il se retourna et fit signe à Banon d’attendre quelques minutes puis il se tourna vers Eugene qui surveillait les créatures.

-Va me chercher Rob et Brad s’il te plaît. Que les autres se tiennent prêts à défendre le convoi et ne tirent que si c’est nécessaire.

-Tu ne comptes pas les affronter à mains nues et tout seul, ces zombies, quand même ? Lui demanda Eugene d’un air suspicieux.

-Ne t’inquiète pas pour moi, ramène les autres au plus vite.

Eugene s’éloigna en lui lançant un regard lourd de scepticisme et Driss alla ouvrir le coffre et s’empara de son bouclier antiémeute ainsi que d’une machette, puis il alla se placer face aux zombies devant le monospace.
La masse de zombies s’était rapprochée, il devait y en avoir bien une vingtaine. Il se mit en position de combat, le bouclier devant lui et la machette légèrement en retrait par rapport à son corps de façon à pouvoir porter le premier coup plus rapidement.
Il réfléchit rapidement et décida d’affronter la masse le plus loin possible du convoi afin de ne pas mettre en danger sa famille et ses compagnons.
Il s’avança donc prudemment vers les zombies et baissa sa visière, les zombies tendirent leurs bras vers lui lorsqu’il fut en face d’eux. L’odeur qu’ils dégageaient le dérangeait beaucoup moins depuis le temps mais elle restait tout de même très désagréable.
Le policier d’élite brandit sa machette alors que le premier zombie heurtait son bouclier et l’abattit sur la tête de la créature, la lame s’enfonça comme dans un vieux melon et un filet de sang mêlée à de la cervelle ruissela sur le visage de la chose.
Il dégagea son arme et le zombie bascula en arrière. Les autres se mirent alors à grogner et entreprirent de l’encercler. D’un coup de bouclier, l’homme repoussa plusieurs des créatures qui s’étaient massées devant lui et il effectua un mouvement circulaire avec sa machette qui décapita un zombie femme un peu trop aventureux.
Il sectionna les mains de plusieurs zombies qui tentaient de l’attraper en contournant son bouclier d’un coup de machette ce qui eut pour effet de les faire grogner de plus belle. Il repoussa une nouvelle fois avec son bouclier les zombies qui revenaient à la charge et envoya un coup de pied magistral à l’un d’entre eux qui s’était glissé à sa gauche.

Driss recula de quelques pas, la masse des zombies suivit aussitôt le mouvement en s’avançant. La machette était une arme beaucoup trop courte et il risquait de s’épuiser trop vite en tentant d’affronter à grand moulinets les zombies, il devait s’économiser tout en maintenant les créatures le plus loin possible des voitures.
Il découpa horizontalement le crâne de l’une des choses, elle s’effondra et il frappa une autre des créatures à la tête. Elle bascula en arrière mais la machette resta enfoncée dans sa boîte crânienne et échappa des mains de Driss.
Il jura intérieurement : le groupe s’était resserré autour de lui et il n’avait plus la possibilité de rejoindre le corps pour en extraire son arme et évidemment, son fusil d’assaut était toujours entre les deux sièges dans le monospace.
Il allait être submergé et les zombies formaient désormais une muraille compacte autour de lui, le gênant dans ses mouvements.
Il envoya un puissant coup de poing au plus proche des monstres, coup qui fut d’une telle violence que le crâne de celui-ci éclata comme une vieille tomate pourrie.
L’une des créatures profita qu’il est encore le bras tendu pour le mordre, il sentit les dents exercer une pression sur son avant bras et bientôt il sentit que d’autres zombies tentaient de mordre d’autres parties de son corps.
Il en écarta violemment plusieurs mais d’autres le ceinturèrent par derrière. Driss tenta de se débattre mais il avait très peu d’espace désormais et les monstres l’avaient attrapé et l’immobilisaient.
Les zombies mordaient de plus en plus sauvagement dans sa tenue et il se demandait combien de temps les partis en tissus renforcées tiendraient encore. Il ne pouvait plus bouger et avait la tête qui tournait en raison de la forte odeur que les créatures dégageaient.
Driss entendit hurler son prénom et une série de détonations suivit, sa visière baissée fut aspergée de sang alors qu’il sentait que les créatures à ses côtés étaient projetées violemment en avant et le lâchaient.
Un des monstres le heurta violemment dans le dos et le fit basculer en avant, aussi lâcha-t-il son bouclier afin de pouvoir se rattraper. Il tomba sur plusieurs des créatures qui le tenaient, et vit qu’elles avaient le crâne explosé. Des pas précipités lui apprirent que plusieurs personnes s’étaient portées à son secours, des bruits mats ainsi que des grognements résonnèrent et plusieurs zombies vinrent le rejoindre au sol.
Des mains le saisirent, le redressèrent rapidement et le trainèrent à l’écart. Des nausées le prirent et il put tout juste se libérer un bras afin de relever sa visière avant de vomir.
Ses sauveurs l’adossèrent contre ce qu’il identifia comme étant son monospace et lui jetèrent son bouclier ainsi que sa machette.
Il leva les yeux et il vit que trois personnes le surplombaient : Rob, Ted et Tara.
Rob était un homme d’une trentaine d’année aux longs cheveux noirs, à la barbe plutôt fournie et aux yeux verts bouteille. Il portait également une tenue antiémeute complète.
Ted avait de courts cheveux bruns et une fine barbe de la même couleur ainsi qu’un regard perçant hérité de son ancien métier de chirurgien. Cette qualification l’avait imposé d’office comme médecin de la troupe.

-Il a encore fallu que tu fasses le malin tout seul ! lâcha brusquement Rob.

-Je maîtrisais la situation, tenta-il de se défendre en essuyant les vomissures qu’il avait encore au coin de la bouche à l’aide d’un mouchoir que lui tendait Ted.

-En effet, on a bien vu comment tu maîtrisais : immobilisé par une vingtaine de zombies. Ironisa Rob.

-Où sont Eugene et Brad? s’enquit Driss pendant que Ted l’auscultait minutieusement.

- Ils s’occupent des derniers zombies, mais n’essaie pas de changer de sujet Driss ! Tu prends trop de risques et ce n’est pas la première fois.

-Je sais, mais il fallait bien distraire ces choses, se défendit-il.

-Pas en te mettant en danger ! Tu es notre chef  et tu as une famille ! Je me demande ce qu’il t’a pris de vouloir affronter cette meute tout seul avec ta machette. 

-C’est bon, il n’a pas été mordu ni blessé par ta balle, dit Ted en se relevant après l’avoir examiné sous toutes les coutures.

-Bon, je retourne m’occuper des zombies avec Eugene et Brad, conclut Rob en s’éloignant. Reste-là.

Ted s’éloigna sans un mot, sans doute pour aller ranger son matériel médical dans son 4x4. Tara s’assit à de lui et l’enlaça.

-Pourquoi te mettre en danger continuellement, dit-elle doucement. Tu ne peux pas savoir comme c’est dur pour moi, ça fait deux fois que je manque de te perdre aujourd’hui.

-Bien sur que je le devine mais je veux protéger tout le monde et n’exposer personne, surtout pas toi et Jill, lui répondit-il en l’enlaçant. C’est juste que je suis un peu distrait en ce moment et que je manque de vigilance.

-C’est bien ce que j’ai remarqué, mais dans ce cas évite de te mettre en danger comme cela. Je ne sais pas ce que Jill et moi ferions sans toi.

-Vous êtes tout ce que j’ai de plus cher et je refuse de vous abandonner, je te promets de ne plus m’exposer ainsi lorsque cela n’est pas nécessaire, la rassura-t-il en ponctuant ses paroles d’un tendre baiser sur son front.

Ils restèrent un moment blottis l’un contre l’autre. Driss profita pleinement de cet instant de douceur et frissonna à l’idée qu’il aurait pu les perdre aussi stupidement. Se sentant mieux, il s’écarta doucement de Tara et se leva avant de lui tendra la main pour l’aider, ce qu’elle accepta avec un petit sourire.
Le policier ramassa son bouclier et son arme puis se dirigea ensuite vers la tête du convoi où Rob, Eugene et Brad éliminaient les derniers zombies.
Il s’appuya contre le capot de sa voiture le temps qu’ils finissent de se débarrasser des zombies.
Driss perçut une présence à ses côtés : Jim l’avait rejoint.
Jim était le mécano du groupe, il avait la quarantaine et de longs cheveux noirs graisseux. Il garda le silence pendant que leurs trois compagnons en tenue anti-émeute en finissaient avec le groupe de zombies.
Lorsqu’ils eurent finis, ils achevèrent les zombies qui étaient encore en vie, revinrent vers eux couverts de sang et s’assirent par terre pour souffler. Driss et Jim s’approchèrent prudemment du camion en enjambant les cadavres et inspectèrent prudemment les alentours.
Le chargement du camion consistait en de la nourriture largement entamée par les zombies. Jim finit d’inspecter le camion et revint vers lui.

-Driss, il faut détacher l’attelage et tirer la remorque sur le côté à l’aide de notre camion bâché. En le plaçant à un certain endroit, il doit pouvoir pousser et faire pivoter la remorque de façon à dégager un passage, résuma le mécano.

-Très bien, je vais demander à Banon d’approcher le camion. Pendant ce temps détache l’attelage.

Jim s’éloigna en direction du point d’attache de la remorque et fit signe aux trois hommes qui s’approchaient puis alla assurer la sécurité du mécano et alla jusqu’au camion de Banon.

-Banon, on a besoin que tu approches ton camion au niveau du semi-remorque afin de dégager la route, lui dit-il.

-Très bien, monte sur le marchepied et accroche toi, ça t’évitera d’avoir à marcher, lui répondit-il en souriant.

Driss s’exécuta et Banon démarra, il doubla à vitesse réduite le monospace et roula ainsi jusqu’au camion.  Lorsque le camion fut à nouveau à l’arrêt Driss lâcha la barre à laquelle il s’était accroché et sauta du marchepied du camion.

-Brad et Rob ! Retournez au convoi, lança-t-il aux intéressés, il faut que des gens assurent la sécurité pendant que nous dégageons la voie.

Les deux concernés ne bronchèrent pas et retournèrent en direction du convoi, Driss s’avança en direction de Jim qui lui fit signe que la remorque était séparée. Le policier demanda  à Banon de s’approcher d’un signe de main et le guida de façon à placer l’avant du camion contre la remorque à l’endroit prévu.
Ils s’écartèrent lorsque Banon leur fit signe qu’il était prêt et il démarra, accélérant au fur et à mesure. La remorque ne sembla pas vouloir bouger dans un premier temps puis elle commença à glisser dans un grand bruit de ferraille.
Ils décidèrent de surveiller les alentours pendant que Banon poussait la remorque en gardant une vitesse constante de façon à ce qu’elle pivote doucement et qu’il ne risque pas d’accidenter son propre engin.
Le bruit risquait en effet d’attirer de nouveaux zombies et ils devaient rester vigilants.
Lorsque la route fut dégagée, ils s’appliquèrent à la nettoyer des cadavres et des restes du chargement étalé sur la chaussée de façon à pouvoir passer tranquillement avec les véhicules du convoi.
Driss retourna aux voitures en compagnie de Jim et d’Eugene, il s’assit à nouveau au volant de son monospace pendant qu’Eugene montait à l’arrière. Il regarda dans le rétroviseur central et aperçut le 4x4 de Rob un peu plus loin derrière, Banon, lui, était resté au niveau de la remorque avec son camion et attendait que Driss passe pour reprendre sa place dans le convoi.
Il passa devant l’engin bâché et la carcasse du semi remorque et Banon débraya à sa suite ce qui lui permit de s’insérer à nouveau dans le convoi.

Ils roulèrent jusqu’à la tombée dans la nuit et s’arrêtèrent dans un champ sur le bas-côté de la route. Ils garèrent leurs véhicules de façon à former un cercle au centre duquel ils allumèrent un feu et préparèrent le dîner.
Brad et Eugene prirent le premier tour de garde en attendant que les autres installent le camp afin de vérifier qu’aucun zombie ne se trouve dans les environs immédiats du camp.
Driss aida sa femme à monter la tente tout en gardant un œil sur Jill qui jouait avec sa vieille poupée près du feu, elle n’avait pas encore perdu le goût des jeux simples malgré toutes ces horreurs.
Chacun réagissait différemment, il l’avait déjà remarqué : des personnes pouvaient devenir folles, d’autres ombrageuses et parmi ceux qui restaient certaines s’enfermaient dans leur routine d’avant pour ne plus penser à tout ça.
Ils montèrent les tentes en cercle autour du feu, ils n’avaient pas besoin de toutes les mettre car leur convoi comprenait trois vans avec couchettes ce qui permettait à une partie d’entre eux de dormir dedans.
Le policier frissonna : l’air était vraiment froid malgré la proximité du feu. L’hiver semblait être arrivé plus tôt que prévu et cela l’inquiétait beaucoup, ils étaient encore loin d’être arrivés à Washington mais les températures avaient considérablement baissé. Tout le monde avait revêtu des doudounes qu’ils avaient récupérées dans un supermarché.
Dès que les tentes furent dressées, ils se dépêchèrent de se rassembler autour du feu et Brad se rapprocha en compagnie d’Eugene, de façon à pouvoir profiter d’un peu de chaleur. Banon répartit les boîtes de conserves qu’il avait déchargées du camion selon les goûts de chacun et ils mangèrent en silence.

Brad et Eugene, dont le tour de garde n’était toujours pas fini, mangèrent debout en surveillant l’extérieur du périmètre formé par les véhicules.
Sam et Jill jouèrent un peu ensemble après avoir mangé, ils s’entendaient très bien et Driss soupçonnaient que ces enfants aient une affection plus profonde l’un pour l’autre qu’il n’y paraissait mais ils étaient jeunes, il pouvait donc très bien se tromper.
 Il sourit imperceptiblement à cette pensée. Sam était un petit garçon un peu plus âgé que Jill, il avait été adopté par Rob et sa femme Leslie. Il était brun, ses cheveux courts formaient une petite tignasse et il était un peu plus grand que Jill.
Les parents du petit garçon avaient été tués par des zombies et ils l’avaient sauvé de justesse avant qu’il n’y passe aussi. Leslie et Rob, qui avaient perdu leur garçon de façon tragique au moment où le monde avait basculé, s’étaient vite attachés à Sam et avaient décidé de le prendre sous leur aile.
Leslie quand à elle une jolie jeune femme aux longs cheveux raides et blonds, elle avait le même âge que Rob et une silhouette élancée.
Tom fut pris d’une violente quinte de toux et s’éloigna en compagnie de Lydia, sa petite amie, et de Jim.
Tom avait presque la quarantaine et de courts cheveux châtains. Lydia quand à elle était une des afro-américaine du groupe, elle avait de longs cheveux noirs de jais frisés et était de légèrement plus grande que Tom.
Rodolph, le père de Tom, ne dit pas un mot mais jeta un regard vaguement inquiet dans la direction de son fils qui s’éloignait. Cela faisait trois jours que Tom toussait et ne semblait pas dans son assiette. Rodolph était un septuagénaire aux courts cheveux blancs un peu ébouriffés et aux yeux gris perçants.
Tara s’assit à côté de lui, il ouvrit les bras pour l’accueillir et elle s’y blottit. Elle regarda un moment les enfants jouer à côté du feu avant de parler, il se nourrit pleinement de son contact en son fort intérieur.
Certains membres du groupes allèrent se coucher et souhaitèrent la bonne nuit pendant que d’autres restèrent à discuter à voix basse entre eux.

-Je sais que je me répète, commença-t-elle, mais je ne veux pas te perdre.

-Moi non plus je ne veux pas te perdre, reprit immédiatement Driss, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

-Ta pirouette ne tarira pas mes reproches cette fois, lui dit-elle sur un ton accusateur en le regardant dans les yeux. Je veux que tu sois conscient que chaque fois que tu te mets en danger, tu nous mets également en danger. Tu es mon mari, tu es père et tu es le chef d’un groupe. Je veux donc que tu cesses de te mettre inutilement en danger comme tout à l’heure.

-Je ne me mettais pas en danger inutilement tout à l’heure, tenta-t-il.

-Si ! Et tu le sais, dit-elle sévèrement. Tu aurais pu t’occuper des zombies en compagnie d’un autre membre du groupe, il te suffisait d’attendre quelques minutes.
 
-Tu as sûrement raison, mais sur le moment je me suis refusé à les laisser s’approcher trop de vous. Je sais que toi et Jill ne risquiez pas grand-chose mais j’ai voulu les maintenir occupés le plus loin possible du convoi en attendant les renforts.

-Je comprends, mais je veux que tu te rentres ça dans la tête : à l’avenir, ne te mets plus en danger de cette façon parce que je ne te le pardonnerai jamais, dit-elle durement en fuyant son regard. Je t’aime mais je ne veux plus avoir à subir ce genre de choses, c’est trop dur.

-Je t’aime aussi et je te promets que je serais vigilant et prudent à l’avenir, lui assura-t-il en la contraignant doucement d’une main à le regarder.

Il ponctua ses paroles en l’attirant à lui et en déposant un long baiser sur ses lèvres. Elle ne résista pas et le lui rendit en l’enlaçant tendrement. Il savoura ce moment. Lorsque leurs bouches se séparèrent, ils restèrent un moment à se regarder dans les yeux.

-Tu es encore plus jolie après une dispute, la complimenta-t-il.

-Tu n’es pas mal non plus vilain flatteur, dit-elle en lui souriant.

-Je veux que tu saches que toi et Jill êtes tout ce qui m’empêche de perdre pied dans ce monde de fou et que jamais je ne vous laisserai partir.

-Je sais, répondit-elle simplement.

Ils s’embrassèrent à nouveau.

-Bon allez, lâcha soudain Tara en s’écartant et en se relevant, il est temps que Jill aille se coucher.

Elle alla prendre Jill par la main. Celle-ci prit le temps de faire une bise à Sam et sa mère l’emmena jusqu’à leur tente située près de leur monospace. Leslie décida à son tour qu’il était temps de mettre le petit garçon au lit aussi.
 Il frissonna à nouveau dans l’air frais et vit que Ted et Eugene s’approchaient. Eugene demanda à Banon de prendre son tour de garde momentanément et vint s’asseoir à ses côtés en compagnie de Ted. Ce fut ce dernier qui prit la parole.

-Tom a une très vilaine grippe et je n’ai pas les médicaments nécessaires pour le soigner…

-Il choisit mal son moment… répondit Driss. Qu’est ce qu’on peut faire Doc?

-Eh bien son état va s’aggraver rapidement ; sans traitement, il ne passera pas la semaine. C’est ce froid mordant, il m’a dit avoir la santé fragile et que le traitement ne suffira peut-être pas. Il faut qu’il puisse être au chaud sinon il ne passera pas l’hiver, conclut-il.

-Foutu hiver… pesta Driss.

-Driss, nous en avions déjà parlé un peu avant et je suis désolé de ramener ce sujet mais il faut que nous descendions dans le sud, lâcha Eugene.

-Je pense comme toi Eugene, mais cela veut dire que nous allons devoir stopper notre progression vers Washington et attendre le printemps. Cela accroît le temps que nous passerons sans secours et donc diminuera notre espérance de vie.

-On en a déjà parlé Driss, nous ne somme pas sûrs de trouver quoique ce soit là-bas et nous ne pouvons pas nous permettre de laisser mourir l’un des nôtres, lui répondit abruptement Eugene.

-Mais cela vaut quand même le coup d’essayer, nous avons fait des centaines de kilomètres déjà. En pressant l’allure nous pourrons sûrement y arriver d’ici cinq à six jours, insista-t-il.

-Et s’il n’y a rien ? Nous risquons de perdre Tom ! s’emporta Eugene. De plus, il nous faudra redescendre vers le sud pour échapper à la rudesse du climat, imagine que les premières chutes de neiges nous en empêchent ! Sans déneigeuses ni saleuses, nous allons nous retrouver bloquer pour un temps indéterminé et d’autres personnes risquent de tomber malade.

-Je sais mais peut-être que ce que nous pourrions trouver là-bas augmentera nos chances de survie, se défendit Driss. Je suis conscient que l’hiver promet d’être rude et que la fatigue et les privations ont affaibli notre organisme mais il nous faut tenir, demain nous chercherons une agglomération grâce à la carte de Banon et nous trouverons une pharmacie pour pouvoir procurer à Tom les soins dont il a besoin.

-C’est toi le chef, soupira Eugene. Mais tu assumeras toutes les responsabilités en cas d’échec de la mission ainsi que toutes les conséquences que cela aura sur le groupe, dit-il plus sévèrement.

-Je suis d’accord avec Eugene, assura Ted.

-Très bien, lança Driss. Demain nous nous occuperons de trouver ce qu’il faut pour Tom puis nous foncerons sur Washington afin d’y arriver avant la neige.

A peine eut-il terminé sa phrase que quelque chose de froid se colla à son visage. Il regarda autour de lui : de petits flocons blancs tombaient autour d’eux, la neige était arrivée.

-Je crois que vous avez gagné les gars, demain on fonce vers le nord de la Floride après avoir trouvé ce qu’il faut pour Tom. Lâcha Driss d’un ton résigné.

-Sage décision ! le félicita Eugene en ponctuant ses propos d’une petite tape dans le dos avant de s’éloigner.

Ted lui fit un signe de tête et repartit, sans doute pour s’occuper de Tom. Le policier se leva et marcha jusqu’au camion bâché qu’il escalada.
Il s’assit sur le toit et contempla avec tristesse les petits flocons blancs qui virevoltaient au gré du vent : il allait devoir abandonner son espoir de pouvoir mettre enfin sa famille à l’abri et s’occuper de l’ensemble du groupe pour un bon moment encore.
Pour se changer les idées, il sortit un vieux journal datant de veille des évènements et qu’il conservait toujours sur lui afin de le lire comme il le faisait souvent lorsqu’il s’ennuyait. Le gros titre lui arracha un sourire : les Lakers de Los Angeles avaient encore remporté le championnat.


 

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