La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Chapitre 26 : Attendrissante confession

4823 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/03/2021 17:33

Plusieurs heures s'étaient écoulées à Hyrule, et la nuit n'allait pas tarder à tomber. Le corps de la reine Rutella étaient allongée dans un magnifique cercueil blanc orné de saphirs. Plusieurs fleurs blanches décoraient le sarcophage. Epon se tenait debout devant ce dernier, les yeux rivés sur sa défunte mère. Elle avait demandé à son peuple et à ses amis de la laisser seule avec sa génitrice, pour se recueillir auprès de celle-ci. La demi-zora avait séché ses larmes depuis un moment. Mais une profonde tristesse liée à une rage intense l'habitait. Elle revoyait encore cette image d'Alvaro transperçant le corps de Rutella avec son épée. À ces pensées, Epon serra ses poings et ses dents. Elle s'en voulait terriblement de ne pas avoir pu protéger sa mère à ce moment là. Mais l'heure n'était pas à la culpabilité. De tout façon, réagir de cette manière n'allait ni ramener la souveraine des zoras, ni arranger les choses. Poussant un triste soupir, la jeune princesse aux cheveux bleus se rapprocha de Rutella, et caressa doucement la joue de cette dernière. On pourrait presque croire que la défunte reine zora ne faisait que dormir profondément. Malheureusement, la triste réalité en était autrement.

 

« Pardonne-moi de ne pas avoir pu empêcher ça, maman... » murmura Epon alors que sa main avait délaissé la joue de sa mère pour saisir un main de celle-ci. Elle observait longuement Rutella, s'attendant presque à ce que celle-ci réagisse face à ce geste. Mais le corps sans vie de sa mère ne bougeait pas d'un cil. Epon se résigna donc à lâcher sa main avant de baisser sa tête, l'air maussade.

 

« Toi et papa me manquez énormément... » pensa-t-elle en fermant les yeux tandis que des larmes s'était mises à couler le long de ses joues. Mais tout à coup, une voix féminine aiguë et familière résonna dans ses oreilles:

 

« Quel triste spectacle ! J'en pleurerais presque ! »

 

L'hybride aux cheveux bleus ouvrit les yeux et constata qu'elle n'était plus dans la salle du trône du domaine Zora. Ou du moins, pas dans la salle du trône qu'elle connaissait. Le cercueil de Rutella avait disparu, et toutes les lumières éclairant la salle étaient éteintes. L'endroit apparaissait sur des tons sombres et bleutés qui lui rappelaient la psysalis de l'autre jour. Et sur le trône zora en face d'elle se trouvait assise une jeune fille aux cheveux roses, et toute vêtue de rose. C'était Alys. Epon comprit rapidement qu'elle était de nouveau plongée dans une psysalis, et que celle-ci avait l'apparence de la salle royale.

 

« Toi... grogna la demi-zora qui avait lancé un regard noir en direction de cette fille.

– Eh bien ! Tu fais plutôt peur avec ce regard ! Et dire que tu versais des larmes il y a encore quelques secondes ! »

 

Epon ne répondit rien et ne lâcha pas Alys du regard. La rose afficha un sourire mauvais en claquant des doigts. Une dizaine de statues armées apparurent un peu partout dans la salle. Mais elles étaient tous inertes. Du moins, pour l'instant...

 

« Que dirais-tu d'un nouveau test, cher phénix ? Une larme de Nayru est cachée quelque part dans ce domaine que tu chéris tant ! Tu ferais mieux de la trouver avant que les gardiens ne te suppriment à tout jamais !

– Je n'en ferai rien. » répliqua alors Epon à l'étonnement de la rose, qui n'était pas sûre d'avoir compris.

 

« Envoie tes putains de gardiens à mes trousses si ça te chante, continua la bleue en fixant Alys. Tente de me supprimer si tu penses pouvoir le faire. Mais je refuse d'être ton jouet une nouvelle fois. Allez vous faire foutre, toi et ta psysalis ! »

 

La rose demeura bouche bée devant une telle réplique de la part de la bleue. Elle s'était attendue à n'importe quelle réaction de la part de l'élue de Nayru, sauf à celle-ci. Tandis qu'Epon ne bougeait pas de sa position, Alys s'était tout à coup mise à rire. Son ricanement à la fois amusé et sournois résonnait à travers toute la psysalis.

 

« Quand je pense que tu étais morte de trouille la première fois que je t'ai fait venir dans une psysalis ! parla-t-elle ensuite. Que s'est-il passé pour que ta peur de ce lieu s'envole, jeune fille ? »

 

Epon ne répondit pas. Mais elle avait la réponse à cette question: Le phénix bleu en elle. Après ce que celui-ci lui avait fait vivre précédemment, elle avait peur que cela se reproduise de nouveau. Elle était effrayée à l'idée de ressentir cette puissance la dévorer, et la douleur de son corps qui se consume. Cette peur dépassait de loin toutes ses peurs personnelles qu'elle avait déjà ressenti tout au long de sa vie, y compris celle des psysalis.

 

« Si tu ne réponds pas à ma question, je vais te faire parler, jeune Epon ! » fit Alys en se servant de son sceptre pour réveiller ses gardiens. L'atmosphère à la fois enchanteresse et sinistre de l'endroit devenait sanglante et malsaine. Et les statues, jusqu'à présent immobiles, commençaient à se mouvoir et s'approcher de la princesse aux cheveux bleus. Celle-ci s'était contentée d'observer ces gardiens venir à elle. Mais elle demeurait immobile. Elle n'avait plus envie de fuir. Elle n'avait plus envie de se défendre. Elle voulait juste... en finir ? Alys, voyant que la demi-zora n'était pas plus réactive que ça, afficha un air grave. Elle était déçue de voir qu'Epon n'avait plus peur de ses gardiens, ni de sa psysalis.

 

« Si tu n'as pas l'intention de faire d'effort afin de récupérer la larme de ta déesse, alors ta destinée est de mourir ici. »

 

Sur ces mots, toutes les statues armées foncèrent simultanément vers la jeune fille, qui avait fermé les yeux en serrant ses poings.

 

« Epon ? » fit alors la voix de Link, tandis que l'hybride avait senti une main se poser sur son épaule. La jeune fille sursauta en ouvrant les yeux. Elle observa ensuite autour d'elle: la psysalis avait disparue avec Alys et ses gardiens. Tout était redevenu normal. Le cercueil de sa mère était devant elle, et Link observait la jeune fille d'un air inquiet alors que sa Triforce du courage brillait sur sa main.

 

« Ça va aller ? demanda le blond. Tu semblais complètement en transe à l'instant. »

 

Epon, se rendant compte qu'elle venait d'échapper à une mort probable, poussa un léger soupir, avant de regarder son ami et de lui répondre:

 

« Je vais bien...

– La nuit est en train de tomber, lui fit remarquer le héros d'Hyrule. Tous ces récents événements ont eu raison de nos nerfs. Tu ferais mieux d'aller te reposer.

– Je ne suis pas fatig... »

 

Mais avant qu'elle n'ait pu achever sa réplique, Link était passé devant elle en posant son autre main sur l'autre épaule de la plus jeune.

 

« Tu es épuisée et ça se voit. Je comprends ta peine et ta douleur après ce qui s'est passé. Mais il faut que tu dormes, ne serait-ce qu'un peu. Les zoras s'inquiètent pour toi, Finiel le premier. Ils ont perdu leur reine, mais leur princesse est toujours là. Alors ne te laisse pas abattre et reste forte pour ton peuple. »

 

La plus jeune observa son ami dans les yeux pendant quelques instants. Rester forte pour son peuple... Et dire qu'elle était prête à faire face à la mort il y a encore quelques secondes ! En y repensant, elle détourna son regard de Link en serrant ses dents, semblant honteuse. Qu'est-ce qui lui avait pris d'agir ainsi face à Alys ? Qui sait ce qu'il se serait passé si Link ne l'avait pas réveillée en cet instant ! D'ailleurs, comment le jeune homme avait-il fait pour faire sortir Epon de sa psysalis ? Les yeux noisettes de l'hybride se tournèrent vers la Triforce de Link qui ne luisait plus à présent. Elle ressentait une énergie pure et lumineuse provenant de cette relique légendaire et sacrée. Peut-être était-ce grâce à elle si Link avait pu tirer Epon de son cauchemar ? Peut-être aussi que c'était grâce à elle si le blond était parvenu à calmer la jeune fille au moment où le phénix bleu s'était manifesté ?

 

« Epon... l'interpella à nouveau Link, voyant que celle-ci demeurait silencieuse.

– C'est bon, tu as gagné, répliqua la concernée en lui adressant un très léger sourire. Je vais aller dans ma chambre me reposer un peu. »

 

Soulagé de voir que la jeune fille écoutait son conseil, l'homme vêtu de vert lui rendit son sourire, puis observa la princesse des zoras lui tourner le dos et avancer en direction du couloir qui la mènerait à sa chambre. Une fois Epon disparue de son champ de vision, les yeux saphir du héros se tournèrent tristement vers Rutella. Le jeune homme ne le montrait pas autant qu'Epon, mais lui aussi était très peiné par la disparition de la reine zora. Elle était si gentille, si généreuse et bienveillante envers sa fille, son peuple, et même envers les inconnus. Et voilà qu'elle n'était plus de ce monde, désormais.

 

« Alvaro, pensa-t-il en fronçant les sourcils. Je le jure sur mon honneur de héros élu que je te ferais payer pour tout ça. Pour Rutella, pour les yétis et pour tous ceux que tu as fait souffrir. »

 

C'est alors qu'il entendit des bruits de pas approcher de lui. Link remarqua avec étonnement que Gabriel était entré dans la salle du trône, et qu'il s'était approché de lui et du cercueil où reposait la défunte souveraine zora.

 

« Je m'étais plutôt attendu à voir Epon ici, admit le plus âgé des deux avec un triste sourire aux lèvres.

– Elle est partie se reposer dans sa chambre à l'instant, expliqua Link. Tu voulais lui parler ?

– Je voulais surtout lui apporter mon soutien suite au décès de sa mère. Et aussi la prévenir que je quitte le domaine pour rentrer chez moi.

– Tu t'en vas ? Maintenant ?

– Oui, répondit Gabriel. Je retourne à la citadelle. J'ai des choses à faire de mon côté. Gray est déjà au courant pour mon départ.

– Est-ce que c'est vraiment prudent pour toi de repartir à cette heure ? Surtout avec tes migraines à répétition ?

– C'est gentil de t'inquiéter pour moi, Link. Mais je vais mieux maintenant... »

 

Seulement, comme pour contredire sa phrase, l'homme à la longue chevelure dorée fut de nouveau pris d'un mal de tête et posa tout à coup sa main sur son front.

 

« J'ai parlé trop vite, on dirait...

– Tu ferais mieux de rester ici et de te reposer, lui proposa Link.

– Non, insista Gabriel. Ce... n'est pas nécessaire... »

 

Le plus grand enleva sa main sur son front et à cet instant précis, le plus jeune se figea sur place d'un air complètement abasourdi. L'oeil gauche de Gabriel venait de prendre une teinte rouge.

 

« Gabriel... Ton oeil... »

 

Le concerné ferma les yeux sous l'effet de la douleur provoqué par son soudain mal de tête.

 

« Qu'est-ce qu'il a, mon oeil ? » demanda-t-il ensuite à Link en les ouvrant. Mais la surprise du jeune héros vêtu de vert s'agrandit en constatant que l'oeil de Gabriel avait repris sa couleur normale.

 

« Ton oeil gauche possédait une couleur inhabituelle à l'instant ! affirma l'hylien. Il était rouge !

– Pardon ? s'étonna Gabriel à son tour, en regardant Link. Comment ça, rouge ? »

 

Son homologue masculin ne répondit pas. Avait-il rêvé ? Gabriel semblait ne pas comprendre non plus. En constatant que la douleur chez le plus grand s'était calmée, et que cet oeil rouge qu'il avait cru voir ne se manifestait plus, Link poussa un léger soupir en croisant les bras.

 

« Laisse tomber. Je pense que la fatigue me joue des tours...

– Tu es sûr que tout va bien, Link ?

– C'est une question que je pourrais te retourner... » affirma le plus petit en détournant son regard de Gabriel. Celui-ci lui adressa alors un léger sourire et assura qu'il allait bien, mais qu'il devait s'en aller. Il salua alors le héros d'Hyrule, avant de quitter la salle du trône. Link le regarda s'éloigner, mais demeurait quand-même perplexe au sujet de Gabriel. Peut-être qu'il avait rêvé concernant l'oeil rouge. Mais les maux de tête à répétition dont souffrait l'ami de Gray, ce n'était pas normal.

 

 

 

En parlant de l'élu de Din, celui-ci avait passé plusieurs dizaines de minutes à contempler la plus grande cascade du domaine, le visage sombre. Il avait voulu s'isoler dans le calme, sans personne à qui parler. Le jeune homme en noir avait l'impression que le sort continuait de s'acharner contre lui, dans le but de lui faire perdre petit à petit les gens à qui il tenait. Voir Rutella morte, c'était comme revoir de nouveau sa mère mourir sous ses yeux. Pour ne rien arranger à la situation, Epon était désespérée et Gabriel souffrait physiquement en silence. En repensant à ces derniers, il se souvint de la conversation qu'il avait eu avec son ami d'enfance et Link quelques heures plutôt. L'argenté leur avait révélé certaines choses au sujet d'Epon, et les deux autres lui avaient conseillé d'en parler avec elle, pensant que ça l'aiderait à se sentir mieux. Mais Gray hésitait. Quelque chose au fond de lui le bloquait en cet instant. Il avait peur d'aggraver l'état de tristesse dans lequel se trouvait la demi-zora. Néanmoins, d'un autre côté, il voulait qu'elle connaisse la vérité à son sujet.

 

Quelques minutes de réflexion plus tard, il se rendit dans la chambre d'Epon pour avoir une conversation avec elle. Après avoir toqué à sa porte, il ouvrit celle-ci pour accéder à la pièce. Mais à sa désagréable surprise, Epon n'était pas seule: Impa se trouvait là aussi. Et à sa vue, Gray fronça les sourcils.

 

« Gray... fit la bleue en lui adressant un petit sourire.

– Si vous êtes occupées, je reviendrai te voir plus tard, Epon. » parla froidement l'argenté en détournant le regard des deux femmes. La sheikah avait clairement compris qu'une telle froideur de sa part était destinée à son adresse. Poussant un très léger soupir, elle répliqua:

 

« J'allais justement m'en aller. Tu peux rester. »

 

Une fois ces mots prononcés, elle s'adressa à Epon en souriant légèrement:

 

« Porte-toi bien. Et bon courage pour tout ça. On se reverra bientôt.

– Merci Impa, répondit la plus jeune. Toi aussi porte-toi bien. Et sois prudente lors de tes trajets. »

 

Le sourire de la blanche s'était tendrement élargi alors qu'elle se dirigeait vers la porte pour sortir de la chambre, passant ainsi à côté de Gray. Celui-ci n'adressa même pas un regard à la sheikah. Cette dernière par contre, lui murmura une phrase:

 

« Quoi qu'il arrive, prend soin d'Epon. »

 

Puis, elle quitta la chambre en fermant la porte derrière elle, laissant les deux amis seuls.

 

« Pas besoin de me le demander. » pensa l'homme en noir, toujours avec autant de froideur. Néanmoins, ses traits s'adoucirent aussitôt qu'Impa était partie. Alors qu'Epon était assise sur son lit, Gray tourna ses yeux vers elle en avançant en sa direction.

 

« Pourquoi tu te montres aussi peu aimable avec Impa ? lui demanda l'hybride aux cheveux bleus. Je peux comprendre que tu en veuilles un peu au peuple Sheikah par rapport à ce qui est arrivé à ton village, mais Impa n'est en aucun cas responsable de tout ça.

– Je n'ai pas envie de parler de ça avec toi, Epon. En tout cas, pas maintenant.

– Pourquoi pas ? »

 

Arrivé près de l'élue de Nayru, le jeune homme s'assit sur le bord du lit à côté d'elle. Puis, il la regarda dans les yeux.

 

« Parce que ce n'est pas pour ça que je suis venu te voir. »

 

Le regard de Gray était ensuite descendu au niveau des bras bandés de la jeune fille. En voyant cela, et pour le rassurer, Epon lui adressa un petit sourire:

 

« Ne t'inquiète pas pour ça. Impa m'a donné de quoi soigner ces brûlures. Elles devraient disparaître d'ici quelques jours grâce à ça. »

 

Gray ne répliqua rien mais au fond de lui, il considérait ce qu'elle venait de dire comme une bonne nouvelle.

 

« Comment tu te sens, depuis ? demanda-t-il ensuite.

– Physiquement ou psychologiquement ? Dans les deux cas, pas très fort. Mais ça ira mieux après, je suppose... »

 

L'argenté afficha un léger mais doux sourire en observant la jeune fille, avant de détourner son regard d'elle:

 

« Il y a quelque chose... dont il faut que je te parle.

– Quoi donc ? »

 

Le jeune homme hésita un instant, avant de saisir doucement la main de la princesse dans la sienne, à l'étonnement de celle-ci.

 

« Tu sais comment j'ai su pour ton identité et ton statut de princesse Zora, lorsqu'on s'est rencontrés au temple Sylvestre ? »

 

En guise de réponse, Epon secoua la tête pour répondre négativement à une telle question.

 

« En vérité, ce n'était pas notre première rencontre à ce moment là. La première fois qu'on s'est vus, ça remonte à des années. Tu étais encore une enfant à l'époque. »

 

L'élue de Nayru demeura bouche bée devant une telle révélation. Elle et Gray s'étaient vraiment rencontrés par le passé ?

 

« Désolée mais je ne m'en souviens pas, répliqua la jeune fille.

– Notre rencontre a été très brève. » expliqua son interlocuteur. Il lui raconta qu'elle avait eu lieu il y a une dizaine d'années, quelques temps après le massacre d'Orkidië. Gray était âgé de douze ans à ce moment là, donc Epon devait en avoir huit. À l'époque, le jeune garçon se rendait de temps en temps à la citadelle d'Hyrule pour trouver de quoi se nourrir. Par chance, une vieille dame tenant une taverne acceptait de lui offrir de la nourriture. Mais un jour, alors qu'il se rendait chez cette personne, Epon, vêtue d'une simple robe blanche, l'avait percuté, et les deux s'étaient retrouvés au sol. Tandis que la petite fille s'était excusée de l'avoir renversé, Gray s'était remis debout et l'avait aidée à se relever. C'était en faisant cela qu'il avait remarqué la marque divine de Nayru sur la cuisse de la jeune enfant. Il avait voulu lui parler à ce moment là, mais des gardes zoras accompagnant la bleue l'avait interpellée, et elle était partie les rejoindre après avoir salué l'argenté.

 

« Maintenant que tu me racontes ça, fit Epon qui ne revenait pas d'une telle coïncidence, je me souviens vaguement de cet instant. Alors ce garçon que j'avais bousculé sans faire exprès ce jour-là, c'était donc toi ? »

 

Gray acquiesça par un signe de tête. Mais son récit ne s'arrêta pas là. Intrigué par la marque divine de la jeune fille, et étonné que celle-ci soit accompagnée par des soldats zoras, l'argenté avait décidé de la suivre discrètement. Étant doué pour épier des personnes depuis son plus jeune âge, Gray était parvenu à les poursuivre jusqu'au domaine Zora.

 

« C'est une fois arrivé là-bas que j'ai appris pour ton hybridité et ton statut de princesse Zora, continua l'homme en noir. Et en écoutant quelques conversations entre certains zoras, j'ai découvert ce surnom de Phénix bleu qu'on te donnait. J'ai également connu ta mère et ton père à ce moment là. »

 

Les yeux d'Epon s'étaient écarquillés de stupéfaction. Alors voilà pourquoi Gray en savait autant sur elle, lorsqu'ils se sont croisés au temple Sylvestre à Firone ! Mais il y avait certaines choses que la bleue ne comprenait pas:

 

« Pourquoi es-tu resté caché pendant tout ce temps ?

– À vrai dire, je n'en sais rien. J'avais peur qu'on me chasse du domaine, peut-être ? Au final, sympas et bienveillants comme le sont les zoras, j'aurais très bien pu me montrer. »

 

L'élu de Din continua ensuite son histoire, en expliquant qu'il revenait souvent au domaine Zora depuis ce jour pour les revoir, elle et sa famille. Il avait vu Epon grandir au fil des années, passer d'une enfant à une adolescente, puis à une adulte. Il l'avait vu passer par diverses épreuves, notamment le décès de son père un peu avant ses treize ans.

 

« Par contre, je n'ai jamais vu tes séances d'entraînement avec ta mentor, confia-t-il en croisant les bras. J'ignorais même que tu en avais une. »

 

L'élue de Nayru réagissait à peine. En fait, elle était tellement choquée par ce que Gray venait de lui révéler qu'elle en avait perdu sa langue.

 

« Euh... Epon ? l'interpella l'argenté pour la faire revenir à elle.

– Alors... Pendant tout ce temps... Tu nous espionnais, moi et ma famille ? »

 

Devant une telle question, les joues de Gray s'empourprèrent alors qu'il regardait tout à coup ailleurs:

 

« Ne te méprends pas, hein ? Je ne t'espionnais pas ! Enfin... Disons que je vous observais de loin... en faisant en sorte de ne pas me faire repérer...

– C'est ce que j'appelle de l'espionnage, affirma Epon d'un air un peu blasé. Et ce n'est pas très poli de faire ça.

– N'empêche, ça m'a permis de ne pas sombrer après ce que j'ai vécu. »

 

Cette réplique étonna l'hybride au plus haut point.

 

« Comme tu le sais, j'ai tout perdu alors que je n'étais qu'un enfant, rappela le plus âgé. Que ce soit ma maison, mon village ou ma famille. Je m'étais retrouvé seul et quasiment sans défense, ne sachant où aller, ni quoi faire. Je m'étais longtemps posé la question de si j'avais envie de vivre ou non. Et puis finalement, à force de venir vous voir toi et ta famille, j'ai fini par m'attacher à vous. En Rutella, j'avais l'impression de revoir ma mère. Et en toi, je revoyais mon petit frère Lyon.

– Gray... »

 

La jeune fille était profondément touchée par cette confession de la part de son ami. Elle était vraiment triste pour lui par rapport à la solitude qu'il avait connu par le passé. Mais savoir que c'était grâce à elle et à sa famille si le jeune homme avait choisi de vivre lui faisait chaud au coeur.

 

« Ta mère était au courant de tout ça, reprit le plus grand. Elle était la seule du domaine à me savoir là pendant tout ce temps, et je ne l'ai appris que récemment. Mais jamais elle n'a cherché à me chasser du domaine, et jamais elle ne m'en a voulu ou ne m'a jugé pour ça. Elle était même heureuse que je sois devenu ami avec toi désormais, et m'a demandé de veiller sur toi et de te protéger comme si tu étais ma soeur. »

 

Un tendre sourire s'était dessiné sur lèvres du jeune homme qui regardait à présent Epon. Celle-ci, visiblement émue, laissa couler des larmes qui avaient perlé ses yeux.

 

« Voyons, ne pleure pas pour ça ! » rit légèrement Gray alors qu'il séchait de ses mains les larmes de la jeune fille.

 

« Ce n'est pas pour ça que je pleure... avoua la demi-zora alors qu'elle venait de poser sa tête sur l'épaule de l'élue de Din. Aujourd'hui, j'ai été entraînée dans une psysalis... et je n'ai même pas cherché à y survivre. Tout ça parce que j'ai peur de vivre avec ce phénix bleu en moi... C'est grâce à Link si je suis parvenue à en sortir. »

 

Le jeune homme était surpris par cette attitude de la part d'Epon. Mais d'un autre côté, il la comprenait. Elle venait de perdre sa mère et de nombreux zoras en une journée. Il était clair que son moral en avait pris un sacrée coup. Si en plus, on rajoutait l'histoire du phénix bleu et celle de la marque divine de Nayru, cela faisait un lourd fardeau sur les épaules de la jeune fille.

 

« Tu as choisi de vivre grâce à moi malgré toutes les atrocités que tu as vécu, reprit celle-ci en s'accrochant aux vêtements de Gray. Et je te remercie en songeant à mourir... J'ai agi de façon égoïste envers toi, nos amis et mon peuple... Et je m'en veux terriblement... »

 

L'argenté ne savait pas vraiment quoi répondre face à cela. Néanmoins, selon lui, Epon n'avait aucune raison de s'en vouloir. N'importe qui à sa place aurait réagi pareil, lui le premier.

 

« Ne te blâme pas pour ça, la réconforta Gray en la serrant tendrement contre lui, un doux sourire aux lèvres. Tu as réagi sous le coup de l'émotion et de la tristesse. Ta réaction n'a rien d'égoïste. Ça démontre juste que tu n'es pas insensible face à tous ces événements. »

 

Epon demeura silencieuse quelques instants suite à cette réplique de la part de l'élu de Din. Puis, doucement, elle entoura celui-ci de ses bras à son tour. En cet instant, elle n'avait pas envie de le lâcher. Elle voulait juste rester dans cette position qui lui faisait beaucoup de bien en cet instant. La confession que lui avait faite Gray en ce jour l'avait rendue heureuse. Elle avait l'impression d'avoir gagné un frère. Et c'était exactement ce dont elle avait besoin. Un frère pour la réconforter et l'aider à surmonter la perte de sa mère. Elle avait déjà ressenti ce sentiment avec Link, mais c'était encore plus fort avec Gray. Celui-ci se contentait de serrer silencieusement Epon contre lui en fermant les yeux pour savourer cette étreinte. Il était soulagé d'avoir enfin pu dire ce qu'il avait sur le coeur à l'hybride, et se sentait à présent libéré d'un poids.

 

 

 

Quelques instants plus tard, Link arriva à son tour devant la chambre d'Epon. Il ouvrit doucement la porte de celle-ci pour vérifier si la demi-zora allait bien. Et un tendre sourire se dessina sur ses lèvres. Sur le lit de la jeune fille, celle-ci s'était endormie dans les bras de Gray, qui dormait également alors qu'il était assis le dos collé à la tête de lit. S'approchant du meuble en prenant soin de faire le moins de bruit que possible, le blond prit doucement un drap et recouvrit délicatement ses deux amis avec. Link les trouvaient aussi adorable l'un que l'autre en cet instant. Il devina aisément que Gray s'était confié à Epon. Heureux de constater que l'argenté avait finalement suivi son conseil, le jeune héros vêtu de vert tourna le dos au duo et repartit dans le sens inverse. Arrivé près de la porte, il jeta un dernier coup d'oeil à ses amis sans perdre son sourire.

 

« Bonne nuit à vous deux. » leur souhaita-t-il, avant de sortir de la chambre en refermant gentiment la porte derrière lui. Puis, il demeura quelques secondes devant la porte, l'air maussade. Ni Epon, ni Gray ne méritaient ce qu'ils avaient subi par le passé, ni ce qu'ils subissaient à présent à cause de leur statut d'élus maudits. Le jeune héros en voulait aux déesses de les faire autant souffrir. C'est avec cette rancune au fond de son coeur que Link s'en alla en direction de la chambre dans laquelle il allait passer la nuit.

 


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