La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Chapitre 22 : Souvenirs ravivés

5024 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/03/2021 15:31

Une heure était passée depuis la séparation de Link, Epon et Iria avec Gray. Avec leurs destriers respectifs, les trois premiers avaient traversé la plaine, ainsi que la forêt de Firone. Ils franchirent à présent le pont séparant cette dernière région de Latouane, et suivirent un sentier parmi les arbres environnants. La luminosité du lieu était faible à cause de la progressive tombée de la nuit. Mais cela ne rendait pas pour autant ces bois sinistres. En tout cas, pas encore. Epon, qui mettait les pieds dans cette région pour la première fois de sa vie, contemplait le paysage. Tout semblait si calme et paisible dans cette partie d'Hyrule. Encore plus qu'à Firone. La jeune hybride ne ressentait aucune présence maléfique dans les parages. Les seules créatures vivantes qu'on pouvaient voir, si on excluait les trois amis, étaient quelques oiseaux perchés sur les branches en train de chanter, et des écureuils qui couraient rapidement sur le sol avant de grimper sur les troncs d'arbres, probablement à la recherche de nourriture.

 

Finalement, les trois jeunes gens arrivèrent devant une maison bien particulière, construite en hauteur dans un arbre. Un peu comme une grande cabane.

 

« C'est ici qu'habite Link. » expliqua Iria à la demi-zora, tandis que Link venait de descendre de sa jument avant de lui tendre la main pour l'aider à en faire de même. La bleue, étonnée, observa la demeure du héros d'Hyrule. Elle n'imaginait pas du tout la maison de Link ainsi. En vérité, c'était bien la première fois de sa vie qu'elle voyait une demeure avec une telle architecture. Mais d'un autre côté, Epon trouvait cela...

 

« Trop cool... » fit-elle en descendant de son cheval à son tour pour s'approcher de l'arbre, afin d'admirer de plus près l'habitation. Cette réaction fit légèrement rigoler Link:

 

« Je te trouve bien facilement impressionnable, Epon.

– Ce n'est pas souvent que je vois un truc pareil, en même temps ! se justifia la concernée en se tournant vers lui et Iria.

– Dans ce cas, je suis curieux de voir ta réaction lorsque tu verras le reste du village. Allez viens, c'est par ici. » lui proposa-t-il alors qu'il s'avançait en direction de Toal, suivi par Epona et par Iria. Epon, tout en tenant les rênes de sa jument Hydrie, se mit à marcher juste derrière eux. Toal n'était pas le village le plus vaste, ni le plus animé d'Hyrule. Mais le côté rustique et campagnard des maisons, les champs de potirons qu'on y trouvait, la petite rivière qui traversait le village en faisant tourner un moulin à eau à proximité, l'odeur et les bruits de la nature... Tout cela donnait un certain charme à cette localité plutôt reculée d'Hyrule.

 

« C'est vraiment différent du domaine Zora, mais j'aime beaucoup ! » complimenta la princesse aux cheveux bleus, ce qui fit sourire Link et Iria qui étaient heureux de voir que leur lieu de vie lui plaisait. C'est alors que trois enfants, l'air joyeux, coururent en direction du trio.

 

« Link et Iria sont revenus ! » s'exclama un petit garçon qui était suivi pas un autre plus jeune que lui, et par une jeune fille qui semblait légèrement plus grande et plus âgée. Link et Iria reconnurent alors Fénir, Balder et Anaïs. Fénir avait littéralement bondi sur le blond pour lui sauter dans les bras. Link le rattrapa en manquant de tomber en arrière.

 

« Je suis content de vous revoir aussi, mais doucement quand-même ! » lui parla Link. Epon ne s'attendait pas vraiment accueil aussi mouvementé, mais voir ces enfants aussi heureux de revoir deux de leurs amis la faisait sourire. Ils étaient surexcités et se mettaient à parler tous en même temps à Link et à Iria pour leur demander comment s'était déroulé leur voyage. Cependant, au bout d'un moment, ils remarquèrent la présence de la demi-zora.

 

« Qui est cette jeune fille ? C'est une nouvelle amie à vous ? » demanda Anaïs, intriguée, tout comme les deux autres garçons. Link fit alors les présentations et tous furent surpris en apprenant le statut de princesse zora d'Epon.

 

« La Princesse des zoras ?! » firent vivement les trois enfants qui n'en revenaient pas. Leurs exclamations attirèrent l'attention de bon nombre de villageois sur eux. Ces derniers se rapprochèrent alors, à la fois heureux de revoir Link et Iria, et étonnés d'avoir la visite d'une princesse dans leur village. Parmi tous ces gens se trouvaient les parents de Balder, Fénir et Anaïs, mais aussi un quatrième enfant aux cheveux courts blonds qui tenait un bébé dans ses bras. C'était Colin, avec sa petite soeur Liné qui avait tout juste cinq mois. Tous accueillirent chaleureusement le trio fraîchement arrivé. Néanmoins, Iria remarqua rapidement qu'il manquait certaines personnes.

 

« Où est mon père ? demanda-t-elle aux villageois. Et Ute ? »

 

Mais la plupart des Toaliens affichèrent un air triste devant cette question, ce qui surpris la jeune fille mais aussi Link et Epon. Colin s'approcha alors du trio et leur expliqua:

 

« Monsieur Bohdan est tombé malade il y a quelques jours. Il est actuellement alité. Quant à ma mère, elle est avec lui. Elle veille sur lui en ce moment. »

 

En entendant cela, Iria se mit à courir en direction de sa maison, très inquiète. Link et Epon la suivirent. Ils ne mirent que quelques secondes pour atteindre la chambre où était allongé son père. Ute, la mère de Colin et de Liné, était assise sur une chaise à côté de lui. Sa surprise fut grande en voyant les trois amis débarquer ainsi dans la pièce.

 

« Link ? Iria ? »

 

Iria se précipita alors près de son père. Ce dernier avait une serviette humide posée sur son front et semblait dormir.

 

« Papa... murmura-t-elle, attristée de le voir dans un tel état.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Link à Ute. Il est tombé malade brusquement comme ça ?

– C'était il y a deux jours, expliqua la mère de famille. Bohdan aidait à la récolte de potirons et tout à coup, il s'est évanoui. Il a eu une soudaine poussée de fièvre et est devenu très faible. Nous avons fait appel à un docteur qui lui a prescrit un traitement. Mais je n'ai pas l'impression que ce soit efficace. Sa fièvre n'a pas l'air de baisser.

– Bon sang... » grogna Iria, frustrée. Elle n'aurait pas dû laisser son père ! Si elle avait su, elle serait restée à Toal avec lui, au lieu de partir avec Link. Celui-ci avait serré ses poings. Lui qui voulait s'entretenir avec le chef du village au sujet du fléau qui menaçait Hyrule, il ne pouvait rien lui raconter tant qu'il était alité comme cela. Quant à Epon, elle qui pensait que son séjour à Toal lui permettrait d'oublier un peu les mésaventures de ces derniers jours, elle se rendit compte que c'était loin d'être le cas.

 

« Je ressens une étrange énergie en cet homme, avoua-t-elle toutefois aux autres.

– Comment ça ? lui demanda Link.

– Je ne sais pas trop comment la décrire, mais j'ai l'impression qu'il renferme en lui une énergie qui ne lui appartient pas. Et je me demande si ce n'est pas à cause d'elle s'il est dans cette état.

– Tu veux dire... comme une sorte de malédiction ? demanda Iria en la regardant. Ça voudrait dire que nos ennemis auraient...

– C'est une possibilité, coupa Epon, les yeux rivés sur le père de la jeune Toalienne. Mais rien n'est sûr. Tout ça n'est qu'une hypothèse. »

 

Iria observait toujours l'hybride, puis se tourna vers Link, avant de finalement regarder son père. Elle posa sa main sur le front de celui-ci d'un air attristé, pendant qu'Ute tentait de la réconforter en lui disant que Bohdan était un homme fort et qu'il allait finir par guérir de cette maladie.



 

Pendant ce temps, alors que l'obscurité nocturne envahissait de plus en plus les cieux du royaume, Gray venait de pénétrer à l'intérieur d'Orkidië. Il s'était séparé de Rutella et de son escorte quelques minutes plus tôt. D'ailleurs, la reine des zoras lui avait offert une besace contenant divers fruits et quelques brochettes de poisson. Cette nourriture était à la base destinée à Epon, mais Rutella estimait que Gray en avait plus besoin qu'elle en cet instant. En y repensant, le jeune homme vêtu de noir afficha un léger sourire.

 

« On dirait ma mère. » pensa-t-il alors qu'il avançait à travers les ruines de son village pour se diriger vers sa maison. Comme il s'y attendait, les quelques pièges qu'il avait posé autour de sa demeure avec l'aide d'Epon avaient attrapé quelques bokoblins qui étaient passés dans les parages, probablement pour piller son habitat. Certains d'entre eux se retrouvaient suspendus la tête en bas, pendant que d'autres étaient carrément transpercés par des piques acérées. Dans les deux cas, ils étaient morts. Mais ce qui surpris l'homme en noir, c'était cette silhouette qui se trouvait debout devant sa maison, le regard rivé sur cette dernière. D'abord méfiant, Gray fit apparaître un sabre dans sa main en fronçant les sourcils. Il s'approcha à pas lent en restant sur ses gardes. Mais au fur et à mesure qu'il avançait, il parvenait à distinguer les traits de cet individu, notamment cette longue chevelure dorée flottant au gré du vent qui lui paraissait plus que familière.

 

« Gabriel ? » s'étonna alors Gray en baissant son arme. À l'entente de cette voix et de son nom, le blond se retourna et adressa un tendre sourire à son ami.

 

« Bonsoir mon ange. Je ne m'attendais pas à te croiser ici ce soir.

– À vrai dire, moi non plus. Mais je suis content de te revoir ! » lui répliqua l'élu de Din en lui rendant son sourire. Il était à la fois heureux et soulagé de voir Gabriel bien portant, chose qui était réciproque pour ce dernier.

Suite à leurs retrouvailles, le plus jeune des deux invita le plus âgé chez lui. Plusieurs dizaines de minutes passèrent pendant lesquels ils s'installèrent. Gray, aidé par son ami, avait allumé la cheminée ainsi que plusieurs lanternes afin d'éclairer l'intérieur de la demeure. Ils étaient à présent tous deux assis autour de la table, en train de déguster ensemble le repas que Rutella avait offert à l'argenté.

 

« Ces brochettes sont vraiment délicieuses ! complimenta Gabriel qui semblait se régaler. Les zoras sont de véritables cordons bleus !

– Je suis d'accord ! acquiesça Gray. Epon a beaucoup de chance.

– En parlant d'elle, comment va-t-elle ? Et Link et Iria ? »

 

Gray lui exposa ce qu'ils avaient vécu lorsqu'ils étaient à Cocorico. Il ne lui raconta pas qu'il avait échappé de justesse à la mort pour ne pas l'inquiéter, mais expliqua qu'ils avaient réussi à protéger les habitants de ce village, ainsi que les Gorons de leurs ennemis.

 

« C'est vraiment une bonne nouvelle, répliqua le blond. Mais je suppose que la lutte est loin d'être terminée, pas vrai ?

– C'est le cas. En plus, certains de nos alliés ont pris cher à cause de toute cette histoire. Mais ce qui m'inquiète le plus... »

 

Gray avait bloqué dans sa phrase, et détourné son regard en fronçant les sourcils.

 

« Gray ? l'appela alors Gabriel. Tout va bien ?

– T'inquiète, ça va. C'est juste que... ce fameux phénix bleu chez Epon... J'ai un mauvais pressentiment à ce sujet.

– Tu penses que cette mystérieuse créature en elle pourrait la mettre en danger ?

– C'est déjà le cas, étant donné que Gilgamesh et ses acolytes veulent la capturer ou la tuer pour ça. Mais je fais surtout allusion au fait que ce phénix lui-même pourrait nuire à la santé d'Epon.

– De quelle manière ? demanda Gabriel, intrigué par cette histoire qui semblait le dépasser un peu.

– C'est ce que je vais tenter de découvrir. Après le jour du massacre de notre village, j'ai pu sauver pas mal de livres parlant de toutes sortes de légendes Hyruliennes. C'est en partie grâce à ces livres qui j'ai pu comprendre l'histoire sur la marque divine que je porte. Peut-être qu'en fouillant un peu dans ces bouquins, je pourrais en savoir plus sur ce phénix bleu et comprendre pourquoi Gilgamesh le convoite tant. »

 

Gabriel ne répondit rien et observa son cadet. Gray avait pas mal changé durant toutes ces années. Son ange, comme il l'appelait, était plutôt réservé, voire timide lorsqu'ils étaient enfant. Mais aujourd'hui, il découvre devant lui un Gray qui avait grandi, mûri, et qui était à présent habité par une grande détermination. Néanmoins, une chose n'avait pas changé chez l'argenté à ses yeux: son côté protecteur envers son entourage. Et cela se voyait beaucoup avec Epon.

 

« Si tu as pris le risque de revenir ici seul dans ce but, c'est que tu dois tenir énormément à cette petite princesse. Je me trompe ? » demanda le plus âgé avec un sourire un tantinet malicieux. Gray, qui sentait clairement un sous-entendu derrière cette phrase, afficha un air blasé.

 

« Ce n'est pas du tout ce que tu crois, Gaby. »

 

Cette réaction de sa part fit rigoler le blond qui se calma néanmoins rapidement, avant de regarder en direction de la cheminée avec un doux sourire aux lèvres.

 

« Personnellement, elle me rappelle Lyon, confia-t-il à Gray. Sa joie de vivre... Son courage... Sa combativité... Sa sensibilité... J'ai vraiment l'impression de voir une version féminine de ton petit frère. »

 

L'homme en noir observa Gabriel d'un air abasourdi. Ce que venait de dire son aîné, c'était exactement ce qu'il pensait dans le fond. C'était comme si le blond avait lu dans ses pensées. Il ne s'y attendait tellement pas qu'il ne savait pas quoi répondre face à cela. Il se contenta alors de détourner silencieusement son regard de lui. Gabriel, lui, n'avait pas lâché des yeux la cheminée. Mais selon lui, le silence de Gray en disait long sur la vérité.

 

« Tu penses la même chose, n'est-ce pas ? demanda-t-il alors au plus jeune. Tu revois Lyon en cette jeune fille. Ça expliquerait ton attachement et ton côté protecteur envers elle.

– C'est... Hum... plus complexe que ça, en fait. » admit alors l'argenté tandis que de légères rougeurs lui montèrent aux joues, à l'étonnement de Gabriel.

 

« Il s'est passé pas mal de choses après ce jour funeste qu'à connu Orkidië, continua l'élu de Din. Et... »

 

Il bloqua à nouveau dans sa phrase. Il regarda alors timidement Gabriel qui était dans un premier temps surpris par une telle attitude de sa part. Mais le blond connaissait son ange très bien. Il sentait qu'il avait envie de se confier, mais l'argenté semblait très gêné de le faire. Il fallait croire que Gray n'avait pas complètement perdu sa timidité malgré toutes ces années écoulées. Gabriel approcha alors sa chaise de celle de son cadet, et posa ses mains sur les épaules de ce dernier avec un sourire rassurant et bienveillant.

 

« Mon ange, tu n'as pas à te sentir embarrassé. Tu peux tout me dire, tu sais ?

– C'est plus facile à dire qu'à faire. Mais vu que j'ai pu en parler avec Rutella, je pense que je peux en parler avec toi aussi. Par contre, tu risques de me prendre pour un fou après ça...

– Crois-moi Gray, après tout ce que j'ai pu vivre depuis notre séparation, tu ne peux pas être plus fou que moi, je peux te le garantir ! » admit Gabriel alors que son sourire s'était élargi. L'argenté le regarda d'un air étonné, avant de finalement se détendre et de sourire à nouveau à son tour:

 

« Un fou qui se confie à un autre fou... Voilà un bien drôle de tableau !

– Plus on est fou plus on rit, comme on dit ! plaisanta le blond.

– Euh... Je ne suis pas sûr que cette expression soit appropriée à la situation.

– Ça, je le sais bien ! Mais vu qu'on parle de fous... »

 

Gray ne put s'empêcher de rigoler intérieurement devant une telle réplique. Il était content de voir que Gabriel n'avait pas perdu son sens de l'humour plutôt singulier, mais néanmoins drôle. Finalement, l'homme en noir accepta de se confier à son ami d'enfance. Celui-ci fut tout d'abord surpris par ce que le plus jeune lui racontait, mais plus l'élu de Din avançait dans son récit, plus le blond en devenait attendri. Ce dernier ne s'était pas attendu à une telle histoire de la part de son ange, mais il trouvait cela adorable et comprenait de mieux en mieux ses motivations.

 

Il commençait à se faire tard. Il était temps pour les deux jeunes hommes de se rafraîchir avant d'aller dormir. Gabriel fut le premier à pénétrer dans la chambre. Vêtu d'une robe de chambre rouge bordeaux qu'il avait emprunté à Gray, le blond observa la pièce avec nostalgie. Étant donné qu'il s'agissait de sa demeure et de celle de son défunt père avant de devenir le refuge de son ami après le massacre d'Orkidië, revenir ici après toutes ses années lui faisait un pincement au coeur. Il s'avança alors doucement à travers la chambre, jusqu'à la commode sur laquelle était posée la photo que Gray gardait précieusement là. Celle où il était assis sur les genoux de sa mère lorsqu'il était encore un enfant. Un triste sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme.

 

« Tu nous manques, Nicole... pensa-t-il. Toi, Lyon, mon père, nos amis... Vous nous manquez tous.

– Gaby ? »

 

Le blond se retourna et vit que Gray venait d'entrer dans la chambre à son tour, uniquement vêtu d'un bermuda gris. Ce fut à cet instant que Gabriel remarqua le bandage recouvrant sa blessure au niveau de son torse.

 

« Gray... »

 

Le plus jeune, en voyant l'inquiétude du blond, lui adressa un léger sourire pour le rassurer:

 

« Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas une blessure grave. Elle ne me fait même plus mal maintenant, bien que ça picote encore un peu. »

 

L'air grave, le plus grand se rapprocha de l'argenté et posa délicatement une main par dessus le bandage. Il ferma les yeux tout en demeurant silencieux pendant plusieurs secondes, à l'étonnement du plus jeune. Mais Gabriel finit pas rouvrir les yeux.

 

« Tu devrais faire plus attention, mon ange, lui conseilla-t-il.

– Tss ! Tu peux parler, toi ! » fit Gray alors que son sourire s'était agrandi et qu'il avait légèrement écarté de sa main la chevelure dorée de son ami, révélant une vilaine bosse à droite de son front. L'expression sérieuse de Gabriel se transforma alors en un sourire un peu gêné.

 

« C'est... juste un accident, expliqua-t-il. Je me suis cogné la tête contre une porte ce matin à la citadelle.

– Je ne te savais pas aussi maladroit ! plaisanta le plus jeune pour le taquiner un peu.

– Ce sont des choses qui arrivent, tu sais ? »

 

Les deux amis se mirent à se taquiner et à rigoler pendant encore plusieurs dizaines de minutes, avant de finalement aller dormir. Gray s'était endormi rapidement. Mais Gabriel, à côté de lui, n'arrivait pas à fermer l'oeil. Il avait le regard rivé vers le plafond de la chambre, l'air maussade. De temps en temps, il contemplait l'argenté. Le blond sourit alors. Malgré toute cette histoire, ce qu'il avait vécu et ses inquiétudes, l'élu de Din parvenait à dormir paisiblement.

Ou presque.

Un moment arriva où l'argenté commençait à s'agiter dans son sommeil. Il se retourna dans le lit et semblait trembler comme s'il avait froid. Pensant que c'était réellement le cas, Gabriel s'apprêtait à le couvrir plus qu'il ne l'était déjà avec les draps. Mais il remarqua que quelque chose brillait au niveau de l'épaule droite de son protégé. C'était sa marque divine de Din qui luisait. L'homme à la longue chevelure dorée comprit rapidement: Son ange n'avait pas froid. Il était en train de vivre un cauchemar à cause de cette marque.

 

« Gray... » murmura Gabriel en se rapprochant du plus jeune pour le prendre dans ses bras et le blottir contre lui pour tenter de l'apaiser.

 

« Je suis là, mon ange... » lui dit-il en espérant que Gray l'entendrait et que de telles paroles, ainsi que sa présence le rassureraient.



 

La nuit était à présent bien entamée. À Toal, les habitants s'étaient réunis pour partager le dîner ensemble avec Link, Iria et Epon. Durant ce repas, Epon s'était présentée plus en détails, sans pour autant mentionner sa marque divine ou le phénix bleu en elle, tandis que Link et Iria avaient expliqué que le royaume était menacé une nouvelle fois. Néanmoins, ils les rassurèrent en leur disant qu'avec l'aide de la princesse Zelda, de la Résistance, des soldats et de tous les autres alliés qu'ils avaient notamment à Cocorico et au domaine Zora, ils mettaient tout en oeuvre pour arrêter cette menace. Mais malgré cela, la peur pouvait se lire sur le visage de certains, et particulièrement chez les enfants qui craignaient le pire. Il fallait dire que l'état du chef du village n'arrangeait pas les choses. Ce fut sur cette ambiance d'angoisse que tous repartirent en direction de leurs maisons. Iria était retournée chez elle auprès de Bohdan afin de veiller sur lui.

 

Chez Link, Epon, vêtue d'un pyjama blanc et rouge que lui avait prêté Iria pour passer la nuit, était allongée sur un lit que Link avait installé pour elle, non loin du sien. Elle observait le plafond de la modeste mais paisible demeure du héros d'Hyrule, qui était juste éclairée par une bougie trônant sur une table à proximité. La jeune hybride n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle s'inquiétait pour Iria et pour son père... Elle se demandait ce que faisait Gray et s'il allait bien... Elle voulait savoir si sa mère et son escorte étaient bien arrivés au domaine Zora... Mais elle s'inquiétait également pour Link. Elle s'était légèrement redressé pour regarder en direction de celui-ci, qui était en position assise sur son lit et le dos collé au mur derrière lui, contemplant le ciel nocturne par la lucarne à sa gauche. Le blond observa alors la princesse et lui adressa un sourire bienveillant:

 

« Tu ne dors pas ?

– J'aimerais bien, lui répondit la bleue qui s'assit à son tour sa couchette. Mais il s'est passé tellement de choses aujourd'hui...

– Je te comprends. Comment ne pas être inquiet par rapport à tout ce qui se passe en ce moment... »

 

Un petit moment de silence s'ensuivit. Link avait détourné son regard entre-temps en serrant ses poings. Il ne le montrait pas, mais Epon parvenait à déceler une certaine inquiétude mêlée à de la frustration dans ses yeux. La demi-Zora se leva alors de son lit pour aller s'asseoir à côté du blond vêtu d'une chemise et d'un pantalon bleu ciel, qui affichait un air surpris en la regardant faire. L'hybride se tourna ensuite vers lui en souriant légèrement.

 

« Tu t'inquiètes pour la princesse du Crépuscule, n'est-ce pas ? »

 

Devant une telle question, le concerné resta sans rien dire pendant quelques instants, avant de finalement tourner son regard vers le plafond et de répondre:

 

« C'est le cas, en effet. Le fait de ne pas savoir si elle va bien ou non me rend fou.

– Ça se voit, répliqua Epon en regardant dans la même direction que lui. Et ça se comprend. Après tout ce que ces enfoirés de Gilgamesh et d'Envy nous ont raconté, il y a de quoi se faire du soucis pour ce royaume du Crépuscule. Et aussi pour celui d'Hyrule d'ailleurs. »

 

Un silence s'ensuivit. Link observait de nouveau le ciel sombre par la fenêtre. Le firmament obscur était couvert par quelques nuages menaçants, mais cela n'empêchait pas de voir la lueur de certaines étoiles. La demi-zora regarda son homologue masculin de nouveau et décida de briser ce silence :

 

« Vous deviez être très proches, cette princesse et toi, pour que tu t'inquiètes à ce point pour elle. »

 

Cette phrase fit sourire le blond:

 

« Midona et moi-même avons voyagé et combattu divers ennemis ensemble pour sauver ce royaume et le sien. On ne peut pas dire qu'on s'entendait spécialement bien au début, mais petit à petit, on a fini par beaucoup s'apprécier. Malheureusement, après avoir accompli notre quête et afin de préserver Hyrule et le Crépuscule, elle a brisé le miroir des ombres lorsqu'elle est retournée dans son monde.

– Mais maintenant, ce miroir et le passage qui relie les deux mondes ont été restaurés. Tu as une chance de la revoir.

– J'espère juste qu'elle va bien en cet instant, et qu'elle ira bien au moment où on la retrouvera. » souhaita Link en regardant l'hybride aux cheveux bleus. Celle-ci lui rendit son sourire. Mais c'était un sourire un peu triste. Sachant que Link avait déjà perdu le yéti et Matornia il y a quelques temps maintenant, elle avait peur qu'il perde aussi Midona. Le héros d'Hyrule ne s'en remettrait probablement pas si cela arrivait. Epon posa alors sa main sur le dessus de la tête du jeune homme et ébouriffa légèrement la chevelure blond de celui-ci, qui était un peu abasourdi par un tel geste.

 

« Je sais que ce que je vais te dire va sonner complètement bateau et exagérément optimiste mais... On sauvera Midona ainsi que le royaume du Crépuscule. Tu peux compter sur moi pour t'aider à botter le cul de nos ennemis pour ça. »

 

En voyait la mine complètement ahurie de Link devant de telles paroles, l'élue de Nayru ôta sa main de ses cheveux et le regardait à présent d'un air à la fois sérieux et déterminé.

 

« Link. Tu m'as aidée et sauvée à plusieurs reprises, continua-t-elle. Et même après avoir découvert ce que j'étais, tu continues à le faire, et tu es même venu me réconforter lorsque j'allais mal. Par rapport à tout cela, je te dois beaucoup. Depuis qu'on a quitté la montagne de la mort, je sens en toi cette inquiétude vis à vis de Midona et du royaume du Crépuscule. Alors le moins que je puisse faire, c'est de te rassurer et de t'aider à les sauver. »

 

Le plus âgé fut extrêmement touché par de telles paroles, qu'il ne trouvait pas du tout bateau ou trop optimiste contrairement à ce que la plus jeune pensait. Il était rassuré de savoir qu'il pouvait compter sur elle pour affronter leurs ennemis et sauver ceux à qui ils tenaient. Il était aussi admiratif devant le courage et la détermination de la princesse aux cheveux bleus.

 

« Tu as failli me faire verser quelques larmes, Epon. » plaisanta-t-il en souriant tendrement. La jeune fille ne put s'empêcher de rigoler légèrement devant une telle réplique :

 

« Au moins, j'ai réussi à te rendre moins inquiet que tu ne l'étais tout à l'heure.

– C'est vrai. Tu es plutôt douée pour réconforter les gens. Et j'apprécie. Vraiment, merci. Pour ça, et pour l'aide que tu m'as apporté. Je suis content de t'avoir à mes côtés. »

 

Le sourire du blond s'était agrandi lorsqu'il avait prononcé ces mots, alors qu'Epon se félicitait intérieurement d'avoir pu remonter le moral du héros d'Hyrule de cette façon. Les deux amis passèrent encore une partie de la soirée à discuter. Link racontait à Epon les différentes péripéties qu'il avait vécu il y a six mois en compagnie de Midona. Ses transformations en loup, les différents lieux qu'ils avaient visité, les terribles monstres qu'ils avaient dû affronter... Rien qu'en lui racontant toute cette aventure, le jeune héros avait l'impression de revivre cette dernière. Et la bleue était à la fois émerveillée et envieuse face à un tel récit. Mais finalement, la fatigue avait finit par gagner la princesse des zoras qui s'était endormie, la tête posée sur l'épaule du blond. Celui-ci afficha un léger sourire en remarquant cela, tout en tournant une dernière fois son regard en direction de la lucarne. Il priait de tout coeur les déesses pour que toute cette histoire ne se termine pas en tragédie. Mais épuisé aussi bien physiquement que psychologiquement, il ne lui fallut pas plus que quelques minutes pour s'endormir à son tour, la tête posée par dessus celle de l'hybride.

 

 

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