La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Epon, Link, Iria et Gray étaient enfin arrivés à la citadelle d'Hyrule, capitale de ce royaume. Comme à son habitude, les ruelles de cette cité étaient noires de monde et très animées. Il y avait des marchands qui vendaient toutes sortes de choses: de la nourriture, des fleurs, des bijoux, des vêtements, et pleins d'autres articles divers et variés. Ce n'était pas la première fois que le quatuor mettait les pieds dans ce lieu. Néanmoins, les quatre étaient à la fois surpris et émerveillés, comme si c'était la première fois qu'ils venaient ici.

« La citadelle... fit Epon alors qu'elle s'était approchée d'un marchand qui vendait des vêtements pour les observer de plus prêt. Toujours aussi vivante et accueillante. J'adore ! »

Iria avait suivit la demi-Zora et contemplait également les quelques habits exposés là. De son côté, Gray observa les gens qui passaient près de lui et de Link, et qui ne semblaient pas réagir à la présence de ce dernier.

« Je suis étonné que tous ces gens ne te reconnaissent pas, dit-il alors au blond.

– Ils me connaissent que de nom, mais ne m'ont jamais vu. C'est pour ça, expliqua le héros. Dans un sens, ce n'est pas plus mal. Je ne tiens pas spécialement à attirer l'attention partout où je vais, tu vois ? »

Gray comprenait parfaitement et n'embêta pas Link plus longtemps sur ce sujet. Quant à celui-ci, il observait les deux filles avec un léger sourire avant de les interpeller:

« Je sais qu'ils vendent des choses sympas ici, mais on n'est pas venu pour faire des achats pour l'instant. Je vous rappelle qu'on a une audience à demander. »

Link avait raison. L'heure était grave. En sachant qu'il y avait de nombreuses disparitions mystérieuses ainsi que l'apparition inexpliquée d'agents du Crépuscule, ils ne pouvaient pas se permettre de perdre du temps. Epon et Iria revinrent alors vers lui et Gray, et tous les quatre se dirigèrent en direction du château d'Hyrule visible au loin devant eux. Ils passèrent bien évidemment par la place centrale de la citadelle au milieu de laquelle s'élevait une grande et magnifique fontaine, et continuèrent leur chemin en direction du nord, là où se trouvait le palais royal. Un grand pont de pierre reliait le château et sa cour au reste de la citadelle, et menait devant une immense porte. Celle-ci était bien évidement close et deux soldats en armure, chacun armé d'une hallebarde, y montaient la garde. Voyant les quatre jeunes gens approcher, les deux gardes leur fit signe de ne pas aller plus loin.

« Halte ! s'écria l'un d'entre-eux. L'entrée à l'intérieur du palais est interdite aux citoyens sans invitation de la part de son Altesse !

– Détendez-vous, les gars ! C'est justement pour elle que nous sommes venus. » leur fit Gray tandis qu'il avait croisé ses bras en affichant un sourire qui se voulait moqueur. Les soldats de la citadelle, il ne les aimait pas. Il les trouvaient inutiles et lâches pour la plupart, et prenait parfois un malin plaisir à les mener en bourrique lorsqu'il venait à la citadelle. Les deux gardes s'échangèrent alors un regard dubitatif, avant que celui qui n'avait pas encore parlé ne leur demande:

« Qui êtes-vous ?

– Je suis Link, répondit alors celui-ci d'un air sérieux. Celui qui a combattu aux côtés de Zelda pour vaincre Ganondorf et ses sbires, et débarrasser le royaume des ténèbres qui l'envahissaient. »

Pour appuyer ses dires, il avait sorti son épée de son fourreau. C'était Excalibur, l'épée légendaire avec laquelle il avait terrassé le mal autrefois. Les deux soldats furent stupéfaits en voyant l'arme. Mais ils l'avaient reconnue et savaient donc que Link ne mentait pas.

« Sir Link, c'est un honneur de vous rencontrer, parla alors le premier garde. Je pense que son Altesse sera ravie de vous revoir. Vous pouvez passer, lui dit-il alors qu'il s'était écarté pour le laisser passer.

– Par contre vous trois, vous restez ici, parla le second à Epon, Gray et Iria. Nous ne savons pas qui vous êtes et nous ne pouvons pas laisser rentrer n'importe qui. »

À l'entente de ses mots, Epon esquissa un léger sourire. Elle avait vu cette situation venir à des kilomètres.

« Dans ce cas Link, répliqua la demi-zora à ce dernier. Lorsque tu verras Zelda, dis-lui que la fille de la reine Rutella se trouve aux portes de son palais. »

Un long, très long silence s'ensuivit. Link avait affiché des yeux ronds tant il était surpris. Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu. Il en était de même pour Iria et les deux gardes présents. Seul Gray, qui connaissait le statut de l'hybride, n'était pas surpris et se retenait de rire devant les têtes ahuries des autres.

« Fille... de la reine Rutella ? répéta l'homme vêtu de vert.

– Mon nom est Epon. Princesse des zoras. Je suis la fille hybride de la reine Rutella, et du soldat d'élite Ephron.

– EPHRON ?! s'exclamèrent à l'unisson les deux gardes, semblant complètement surpris.

– Vous le connaissiez ? » s'étonna à son tour la bleue. L'un des deux gardes lui répondit qu'Ephron était l'un des soldats les plus respectés d'Hyrule, tandis que l'autre avait avoué qu'il faisait partie de son armée quelques années auparavant. Par contre, tous deux ignoraient que ledit Ephron avait eu une enfant hybride avec la Reine des Zoras. Malheureusement pour Epon, son père n'était plus de ce monde aujourd'hui. Il avait perdu la vie sur un champ de bataille alors qu'elle était sur le point d'avoir ses treize ans.

« Nous sommes désolés pour votre père, Altesse Epon.

– Et nous vous prions de nous excuser aussi de ne pas vous avoir reconnue. »

Après avoir prononcé ces répliques, les deux gardes s'étaient simultanément inclinés devant la jeune fille, sous l'air complètement abasourdi de Link et d'Iria, et sous les yeux blasés de Gray qui trouvait qu'ils en faisaient trop. Epon, quant à elle, afficha un air gêné. Elle détestait être vouvoyée et haïssait encore plus le fait qu'on s'incline ou qu'on s'agenouille devant elle. Du coup, elle ne savait pas trop comment réagir. Néanmoins...

« Messieurs, relevez-vous s'il vous plaît, leur ordonna-t-elle poliment avec un léger sourire. Ce n'est pas la peine de vous excuser pour ça. En tout cas, merci pour votre soutien. Mais ce qui me ferait plaisir, c'est que vous me laissez passer avec Link et mes deux serviteurs ici présents. »

En parlant de serviteurs, elle faisait allusion à Iria et Gray.

« Serviteurs ? » murmura la Toalienne à Gray en haussant un sourcil mécontent. Mais l'argenté lui donna un coup de coude discret dans le but de la faire taire.

« Oh, ce sont donc vos serviteurs ? demanda l'un des gardes en observant les deux concernés. Ils portent de bien drôles de tenues... enfin, sans vouloir offenser personne !

– Je suis du genre à voyager incognito, répliqua alors Epon. Et j'aime bien lorsque mes serviteurs en font de même. C'est pour ça qu'on a des styles vestimentaires différents. Pour mieux se fondre dans la masse, et ainsi passer inaperçus aux yeux de tous.

– Je vois ! fit le second garde en souriant. C'est plutôt astucieux. Bien ! Je vous escorte tous jusqu'à la Princesse Zelda. Suivez-moi, je vous prie. »

Le soldat ouvrit une partie de la porte et passa les murs du château en faisant signe au quatuor de le suivre. Epon avança la première en faisant un clin d'oeil discret aux trois autres, suivie par Gray. Link et Iria, eux, s'étaient échangé un regard surpris, avant de marcher à leur suite.

Epon, princesse des zoras... S'ils s'attendaient à une telle révélation ! Mais à y repenser, Link savait que ce prénom ne lui était pas totalement inconnu. Néanmoins, il ignorait jusqu'à maintenant que la fille de la Reine Rutella avait une apparence complètement humaine.

« Comment ça se fait que la princesse des zoras soit humaine ? chuchota Iria à Link.

– Je n'en ai strictement aucune idée, lui répondit celui-ci à voix basse également. Je lui demanderai plus tard. »

Pour l'instant, il y avait plus important: l'audience avec Zelda. En quelques minutes, le groupe avait pénétré à l'intérieur du château, dans la salle du trône. Ce n'était pas la première fois que Link mettait les pieds dans cet endroit. Il en était de même pour Epon qui était déjà venue ici avec sa mère lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant. Néanmoins, pour Gray et Iria, c'était une expérience nouvelle. Tous deux étaient impressionnés par la grandeur et la beauté des lieux. Les murs de la salle étaient d'un blanc éclatant, tout comme le carrelage au sol sur lequel on pouvait voir son reflet presque comme dans un miroir. Un long tapis rouge s'étendait au milieu de la salle depuis l'entrée jusqu'au trône majestueux, sur lequel était assise la princesse Zelda. Celle-ci s'était d'ailleurs levée à la vue de Link et de ses compagnons.

« Votre Altesse, s'exprima le soldat à l'adresse de la souveraine d'Hyrule tandis qu'il s'était incliné vers elle. Link, héros de ce royaume, et Epon, fille de la reine zora Rutella ont souhaité vous voir.

– Très bien, répondit Zelda avec un léger sourire. Vous pouvez disposer. »

Le soldat s'exécuta donc et adressa un sourire au groupe avant de s'en aller, laissant ce petit monde seul avec la souveraine. Epon s'était légèrement approchée de Zelda avant de s'incliner à son tour en guise de respect. Histoire de passer pour des serviteurs crédibles, Gray et Iria en avaient fait de même.

« Cela faisait longtemps, Zelda, affirma la demi-zora qui s'était redressée en souriant à la princesse d'Hyrule.

– En effet, approuva celle-ci en lui rendant son sourire. C'est un plaisir de te revoir Epon. Tu as bien grandi depuis la dernière fois que l'on s'est vues. Le petit diablotin du domaine Zora est devenue une bien jolie jeune femme à ce que je vois. »

Devant un tel compliment, le rouge monta légèrement aux joues d'Epon qui affichait à présent un sourire niais. Le regard de Zelda se tourna alors vers Link.

« Je suis bien heureuse de te revoir toi aussi, Link.

– Moi de même Princesse, répondit ce dernier. Malheureusement, je ne viens pas avec de bonnes nouvelles aujourd'hui. »

Zelda en était consciente. En vérité, elle connaissait la raison de la venue de Link et d'Epon: la disparition de certains habitants du royaume et l'apparition inexpliquée d'agents du Crépuscule un peu partout.

« J'ai ordonné à mes troupes de soldats de se poster à différents endroits d'Hyrule, expliqua alors la souveraine. Je leur ai demandé de m'informer s'ils apercevaient quelque chose d'étrange, comme l'apparition d'un portail reliant notre monde à celui du Crépuscule. Hélas, ils n'en ont aperçu aucun. Et le miroir des ombres est brisé. Plus rien ne devrait relier notre royaume à celui du Crépuscule. Mais ces créatures des ombres deviennent de plus en plus nombreux pour une raison que nous ignorons tous.

– Est-ce qu'il n'y aurait pas un autre artefact permettant de passer d'un monde à l'autre ? Comme par exemple un second miroir des ombres, ou une réplique de celui-ci ? » demanda alors Link. Mais la jeune femme répondit négativement par un signe de tête. À sa connaissance, seuls le miroir des ombres et les portails qu'elle avait mentionné plus tôt reliaient les deux mondes.

« Au lieu de chercher le problème au niveau de ces portes qui relient les deux royaumes, intervint alors Gray, pourquoi ne pas chercher au niveau des habitants d'Hyrule ? »

Tous furent surpris par cette proposition. Sur le coup, ils n'en comprenaient pas l'intérêt.

« Je ne connais pas grand chose de l'origine de l'ère du Crépuscule, continua l'homme en noir. Juste quelques trucs que Link et Iria nous ont raconté à l'arrache quelques heures plus tôt. Mais à mon avis, s'il n'y a aucune trace du royaume du Crépuscule dans notre monde, c'est que l'origine de l'apparition de ces monstres ne vient pas de là.

– Dans ce cas, d'où pourrait-elle provenir ? » demanda alors Iria. Mais Gray ne répondit pas. Ce n'était pas qu'il n'avait pas de réponse à cette question. Il avait une théorie. Mais il ne voulait pas la révéler à tout le monde. Il avait prévu d'avoir une discussion avec Epon à ce sujet après cette audience. Il observait d'ailleurs discrètement celle-ci.

« Il existe sans doute plusieurs possibilités qui expliqueraient ce phénomène, parla alors Zelda pour briser ce silence qui venait de s'installer. Mais je vous avouerai que je me sens impuissante face à tous ces événements pour le moment.

– Je suis sûr qu'on va finir par trouver l'origine de ce fléau, et l'arrêter ! répliqua alors Epon. Par contre, au sujet des personnes mystérieusement disparues, est-ce qu'on sait quelque chose ? Je suppose que ça et l'apparition de ces bêtes noires sont liés, mais tous ces gens ont disparus comme ça ? Sans laisser la moindre trace pour les pister ? »

Pour la seconde fois, Zelda fit un signe de la tête pour répondre négativement à la question de la bleue. Les personnes disparues ne laissaient généralement aucune trace derrière elles. C'était comme si elles s'étaient tout à coup volatilisées.

« Je vois... fit alors Link. On peut donc écarter le fait qu'ils se soient faits capturés par les agents du Crépuscule. A moins que ces monstres aient une astuce très furtive pour parvenir à les avoir sans laisser la moindre emprunte derrière eux ?

– Non, ça m'étonnerait, contredit Epon. Vu la tronche et le comportement bourrin et grossier de ces créatures, je ne pense pas que la furtivité fasse partie de leur méthode.

– Tu as peut-être une explication plus plausible ? » lui demanda alors Link en croisant les bras avec un léger sourire qui se voulait farceur. Il savait pertinemment que la demi-Zora n'en avait pas, et constata sans surprise qu'il avait vu juste en voyant le silence de la jeune fille face à cette question.

« Quoi qu'il en soit, reprit alors la souveraine, certains de mes soldats continuent d'enquêter sur cette affaire. J'en ai envoyé d'autres vers les différents villages du royaume pour assurer leur protection. La citadelle, Toal, Cocorico, le domaine Zora, et même la montagne de la mort sont désormais entre de bonnes mains.

– Tsss ! Tous ces villages sous la protection des vaillants soldats d'Hyrule... se moqua Gray avec ironie. Je paierais cher pour voir ça. »

Les autres furent étonnés par cette réplique du jeune homme. Sur sa façon de prononcer sa phrase, il avait l'air de ne pas prendre tous ces soldats au sérieux. Et cela vexa légèrement la princesse d'Hyrule même si celle-ci ne le montrait pas.

« Je ne me souviens pas t'avoir vu auparavant, affirma Zelda à l'adresse de Gray avant de se tourner vers Iria. Et toi non plus, jeune fille. Qui êtes-vous ? »

Iria s'apprêta à répondre à la princesse en souriant, mais Gray fut plus rapide :

« Nous sommes les humbles serviteurs de la princesse Epon, fit-il, toujours avec un sourire moqueur aux lèvres. Moi c'est Gray et cette petite, c'est Iria.

– Petite... » répéta à voix basse la Toalienne qui observait l'argenté d'un air blasé, n'appréciant visiblement pas cet adjectif pour la qualifier. Zelda les observa d'un air sceptique, en particulier Gray qu'elle trouvait un peu louche.

« Je te trouve bien arrogant et irrespectueux pour un serviteur d'une princesse.

– Je sais, on me le dit souvent. » rétorqua Gray en positionnant ses mains sur ses hanches, sans lâcher la princesse du regard et toujours avec son sourire espiègle. Link et Epon ne savaient pas trop comment réagir face aux provocations de Gray envers Zelda. Néanmoins pour éviter que cette conversation ne dégénère, la demi-zora se décida à intervenir:

« Gray peut paraître un peu... spécial au premier abord. Mais je peux t'assurer qu'il est super sympa au fond. N'est-ce pas Gray ? »

Elle s'était tournée vers celui-ci, et l'observait d'un regard noir qui pouvait aisément se traduire par: « Ferme ta grande gueule et contente-toi de suivre le mouvement. »

Gray, qui avait parfaitement compris le message, se contenta d'approuver les dires de la plus jeune par un bref hochement de la tête. Zelda avait haussé un sourcil d'étonnement devant une telle justification, mais préféra ne pas se prendre la tête avec tout cela. Reprenant son sérieux, elle s'adressa au quatuor:

« Nous pensions Hyrule en paix, mais il s'avère finalement que c'est encore loin d'être le cas. Avec ces agents du Crépuscule qui rôdent un peu partout et ces disparitions qui surviennent lorsqu'on s'y attend le moins, inutile de vous conseiller de rester prudents. Si jamais j'ai du nouveau concernant l'origine de ces phénomènes, je vous enverrai un messager pour vous en tenir informés.

– Merci, la remercia Link en souriant. Nous en feront également de même de notre côté, si nous découvrons quelque chose d'intéressant là-dessus. »

Sur ces mots, le jeune blond s'inclina devant la princesse afin de la saluer. Il fut imité par les trois autres et quelques instants plus tard, les quatre avaient quitté le château. Ils furent escortés jusqu'aux portes de celui-ci par un garde, et se retrouvèrent à présent à la place centrale de la citadelle d'Hyrule.

« Bon... fit Iria en se tournant vers les autres. Maintenant que cette audience est terminée, qu'est-ce qu'on fait ?

– J'avais prévu de me rendre à la taverne de Telma, répondit Link. J'aimerais parler aux membres du groupe de résistance au sujet de toutes ces histoires.

– Un groupe de résistance ? s'étonna Epon.

– C'est un groupe composé de quelques personnes qui oeuvrent pour la protection d'Hyrule, lui répondit le blond avec un léger sourire. Ils ont pour habitude de se réunir dans une taverne du quartier sud. Si tu veux, je peux te les présenter.

– Ce sera avec plaisir, intervint alors Gray qui avait attrapé Epon par le bras, mais pour l'instant, il faut que je parle à Epon d'un sujet personnel. Allez-y ! On vous rejoindra un peu plus tard. »

À peine avait-il achevé sa phrase, qu'il avait entraîné Epon loin du duo Toalien pour aller en direction d'une ruelle.

« Euh... Okay ? fit alors Link, un peu abasourdi.

– Ce type est bizarre, soupira Iria. Epon a vraiment de drôles d'amis...

– Tu exagères un peu, Iria. En attendant, allons-y. Ces deux-là finiront par nous rejoindre. En tout cas, je l'espère ! »

Tandis que Link et Iria se dirigeaient au sud de la citadelle en direction de la taverne de Telma, Gray avant entraîné Epon dans une ruelle vide du quartier ouest. Après s'être assuré que personne ne les avait suivis, l'homme en noir lâcha la princesse zora. Celle-ci le regarda d'un air blasé en croisant ses bras.

« C'était quoi ce numéro que tu nous as fait avec Zelda ? lui demanda-t-elle alors. Et puis qu'est-ce qui te prend de nous isoler de cette manière ?

– Je voulais te parler de quelque chose en privé. »

Epon afficha un air surpris. De quoi voulait donc lui parler Gray ?

« Tu te souviens de notre conversation de l'autre jour, au sujet des personnes élus par les déesses pour semer le chaos ? lui demanda alors ce dernier.

– Comment l'oublier ? Ça m'a carrément traumatisée, toutes ces révélations soudaines !

– Dans ce cas, tu n'as peut-être pas fini de l'être.

– Gray... Tu me fais peur, là ! Crache le morceau: qu'est-ce que tu essayes de me dire ? »

L'homme en noir observa la plus jeune dans les yeux durant un instant. Il réfléchit aux mots qu'ils allait choisir pour lui expliquer ce qu'il voulait lui faire comprendre. Finalement, il reprit:

« Nous sommes quatre élus à posséder chacun la marque d'une déesse. Ces symboles divins nous confèrent des pouvoirs différents. Le pouvoir du feu et la téléportation pour moi, le pouvoir de l'eau et la sensibilité aux énergies pour toi, le pouvoir de la terre et une force surhumaine pour l'élu de Lato, et le pouvoir du vent et la transformation pour l'élu de Farore.

– Oui, ça je le sais. Et alors ? »

Mais tout à coup, Epon eut un choc. A l'entente du mot transformation, elle commençait à voir où Gray voulait en venir.

« Non... Ce serait quelqu'un comme nous qui serait à l'origine de ce qui se passe ?

– C'est une possibilité, affirma l'homme en noir. Quelqu'un qui possède le pouvoir de transformer les habitants de ce royaume en agents du Crépuscule, ça expliquerait pas mal de choses. Déjà, ça prouverait que le royaume du Crépuscule n'est pas impliqué, mais ça expliquerait aussi pourquoi il y a de plus en plus de disparus, au profit de tous ces monstres qui voient leur nombre s'agrandir. »

La demi-zora était sonnée. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? L'hypothèse de Gray tenait le route après tout ! C'était même plus que probable qu'il s'agisse de la vérité. Néanmoins:

« Peut-être que ce que j'avance est faux, continua Gray. Peut-être que le pouvoir de transformation de cet élu est complètement différent de ce à quoi on pense. Mais il faut quand même envisager cette possibilité.

– Je comprends... » approuva Epon qui n'avait rien à ajouter. En réalité, elle ne savait pas quoi dire. Mais elle comprenait à présent pourquoi son compagnon l'avait éloignée de Link et d'Iria pour lui dire cela: leur parler de ce fameux élu reviendrait à parler de leurs marques divines et de leur signification. Et ce n'était pas spécialement ce qu'Epon et Gray désiraient, de peur de passer pour des monstres aux yeux du héros d'Hyrule et de son entourage. La demi-zora échangea de nouveau un regard avec l'argenté.

« On n'est pas obligé de retourner auprès de Link et d'Iria, tu sais ? lui dit alors ce dernier. On peut très bien enquêter de notre côté, et mettre fin à toutes ces conneries par nous-même.

– Peut-être mais en faisant ça, Link, Iria et même Zelda risqueraient de trouver notre comportement suspect. »

Sur ce coup, Gray était forcé de l'admettre: Epon avait raison. Et puis, rien ne prouvait qu'il s'agissait de l'oeuvre de l'élu de Farore. Avancer en se basant uniquement sur des suppositions était risqué. Ils devaient en avoir le coeur net avant de faire quoi que ce soit. Les deux n'avaient donc pas d'autre alternative que de rejoindre Link et Iria à la fameuse taverne de Telma pour l'instant.

« On y va ? proposa alors Gray avec un léger sourire. Je sais où se trouve cette taverne. On y sera en quelques minutes.

– Je te suis. » répondit Epon qui ne souriait pas pour le coup. Elle se sentait mal. Elle n'aimait pas cacher des choses à ses amis et encore moins leur mentir. Mais avec Link et Iria, elle était forcée de le faire. C'est avec un certain poids sur le coeur que la demi-Zora suivit Gray, qui avait déjà entamé sa marche en direction du quartier sud de la cité.