La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Chapitre 6 : Psysalis

2983 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/03/2021 14:48

« Où suis-je ? »

 

Epon ne savait pas où elle se trouvait en cet instant. Elle ignorait comment elle était parvenue dans cet endroit pour le moins étrange. Il y avait quelques minutes à peine, elle était chez Gray. Et maintenant, elle se retrouvait dans une sorte de forêt. Elle avait cru que c'était celle de Firone dans un premier temps. Mais ce paysage environnant n'avait rien à voir: la forêt en question n'était pas aussi dense. Par contre, elle était sombre. Mais pas sombre comme on pourrait qualifier un lieu plongé dans le noir total. C'était comme si les environs étaient éclairés par une douce lumière bleutée. C'était beau à voir, tout en gardant un côté sinistre, qui était renforcé par le silence de mort régnant par ici. La demi-Zora n'entendait aucun bruit. De plus, aucun vent ne soufflait. C'était comme si le temps était figé et qu'Epon était la seule à pouvoir bouger.

 

La jeune fille sentit tout à coup un picotement au niveau de sa cuisse gauche. C'était sa marque divine de Nayru qui brillait. D'ailleurs, elle n'était pas la seule: tout le corps d'Epon était entouré d'une aura de lumière. La bleue ne comprenait pas pourquoi et elle ne savait pas si elle devait s'en réjouir, ou au contraire s'en inquiéter. Mais dans l'immédiat, elle n'avait pas d'autre choix que de faire avec. Prenant son courage à deux mains, elle s'avança à travers cette forêt mystique, mais ne savait pas où aller. Il y avait tellement de chemins possibles à emprunter ! Epon s'était contentée de suivre son intuition. En cours de route, elle avait croisé diverses statues entourées d'une aura lumineuse, tout comme elle. L'hybride ne savait pas trop ce que représentaient ces sculptures, mais elles avaient toutes une forme humanoïde et possédaient des armes: des grandes épées pour quelques unes, et deux sabres plus petites pour les autres.

 

« Qu'est-ce que des statues comme celles-là fabriquent dans un endroit pareil ? se demanda Epon. Et pourquoi des statues armées ? »

 

Alors qu'elle commençait à imaginer diverses hypothèses farfelues pour tenter de trouver une réponse à ses interrogations, la jeune fille entendit une voix. C'était une voix enfantine et féminine aiguë qui semblait chanter. Les paroles de sa chanson étaient d'ailleurs plutôt tordues:

 

« Phénix, phénix, tu sembles perdue.

Princesse, princesse, tu ne vivras plus.

Mes amis démembreront ton corps,

Et tortureront ton esprit jusqu'à ta mort. »

 

Des rires s'ensuivaient. Phénix ? Princesse ? Cette inconnue parlait probablement d'Epon. Mais qui était-elle ? Une chose était sûre: vu le côté malsain et morbide de la chanson, la bleue pouvait s'attendre à croiser une fille complètement folle dans cet endroit. Mais la chanson ne s'arrêtait pas là.

 

« Jeune fille, jeune fille, comme ton coeur est pur.

Dommage, dommage, tu n'as plus de futur.

Tu n'échapperas pas à ce monde,

Car ce lieu lugubre deviendra sous peu ta tombe. »

 

L'hybride aux cheveux bleus commençait à en avoir assez de cette mascarade. Elle détestait les gens qui jouaient avec ses nerfs de cette manière.

 

« Montre-toi, au lieu de te cacher lâchement pour chanter des conneries ! » s'écria la princesse des zoras alors qu'elle observait autour d'elle pour essayer de repérer la silhouette de cette mystérieuse fille. En guise de réponse, cette dernière se contentait de rigoler.

 

« Je vois que tu n'apprécies guère l'humour noir, élue de Nayru. »

 

C'est alors qu'une jeune fille apparut soudain à quelques mètres devant Epon. Elle était toute vêtue de rose, et avait également de longs cheveux roses coiffées en une longue queue de cheval. Elle possédait aussi dans sa main une sorte de sceptre, dont l'extrémité possédait un visage humain.

 

« Qui... qui es-tu ? » lui demanda la bleue en restant sur ses gardes. La fille en rose se contenta d'afficher un sourire plutôt malicieux, avant de lui donner une réponse qui semblait dépourvue de sens:

 

« Je suis à la fois tout le monde et personne. Certains me qualifient de gardienne, d'autres de bourreau. Mais si tu veux m'appeler par un nom, appelle-moi simplement Alys.

– Où sommes-nous ? Et qu'est-ce que tu me veux ? l'interrogea Epon ensuite.

– Nous sommes plongés au plus profond de ton esprit, Epon. Dans un endroit où seuls toi et trois autres personnes pouvez accéder. Tu es dans un lieu qu'on appelle Psysalis. C'est grâce à la déesse Nayru qui t'a élue que tu peux venir ici. En ce qui concerne ce que je veux... »

 

Le sourire d'Alys prit un air sadique en cet instant précis.

 

« Je veux te tester pour voir si tu mérites la marque que tu portes sur ta jambe. »

 

Sur ces mots, elle pointa son arme vers le ciel, et le visage présent sur celui-ci s'était mis à hurler d'un cri strident qui avait littéralement tétanisé la demi-Zora sur place. Mais ce qui arriva ensuite était encore plus terrorisant. Le ciel, jusqu'à présent sombre, avait prit une teinte rouge sang. Et les statues inertes présentes un peu partout dans ces bois s'étaient mises à bouger, et semblaient toutes avancer ou voler vers Epon, probablement dans le but de la tuer.

 

« Qu'est-ce que ça signifie ?! s'écria l'hybride en se tournant de nouveau vers Alys.

– J'ai juste réveillé les gardiens de la psysalis. Par contre, ils n'ont pas l'air d'apprécier ta présence. Si j'étais toi, j'essaierais de leur échapper, vu que tu es privée de tes armes et de tes pouvoirs ici. »

 

Pensant que cette fille se moquait d'elle, Epon avait tourné sa tête en direction de sa ceinture, là où elle rangeait habituellement ses tonfas. Mais malheureusement, ces derniers n'étaient plus là. Elle tenta alors de balancer un jet d'eau en direction de l'un de ces fameux gardiens, mais la demi-zora constata avec effroi qu'Alys ne mentait pas: Epon était sans défense dans cette psysalis, et elle était attaquée de toute part par des gardiens armés. L'un d'entre eux, armé d'une grande épée, attaqua la jeune fille aux cheveux bleus à l'aide d'une attaque verticale. Par chance, Epon avait sauté sur le côté pour l'esquiver.

 

« Tu ferais mieux de surveiller tes arrières, princesse ! parla Alys d'un sourire sournois. Un seul coup reçu de la part des gardiens de cette psysalis entraîne la destruction brutale de ton corps et de ton esprit. Autant dire qu'il s'agit d'une mort plutôt horrible et douloureuse. »

 

Epon grogna. On pouvait dire qu'elle était dans de beaux draps. Elle ne pouvait pas combattre, et ne devait pas se laisser toucher par les frappes de ces gardiens. Mais il en arrivait de partout. En restant là où elle était, la princesse risquait d'être rapidement submergée et de ne pas tenir longtemps. Jetant un coup d'oeil haineux à la fille aux cheveux roses en face d'elle, Epon se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait afin de s'éloigner de tout ce monde. C'était bien la première fois de toute sa vie qu'elle courrait aussi vite et qu'elle ressentait une peur pareille. Oui. À cet instant, la jeune fille avait vraiment peur. Peur de se faire tuer de la sorte dans un endroit dont elle ignorait tout. Et tout cela pour quoi ? Pour une stupide marque divine sur sa cuisse.

 

« Bordel ! Qu'est-ce que j'ai fais à la déesse Nayru pour mériter un destin pareil ? pensa-t-elle sans stopper sa course. Pourquoi il a fallu que je sois l'une de ces soi-disant élus ? »

 

Epon en voulait aux déesses d'Hyrule. Elle ne les aurait jamais cru capable d'une telle cruauté envers ceux et celles qui portaient leurs marques. Après avoir couru pendant plusieurs longues minutes, elle s'était finalement cachée dans une petite caverne creusée dans une falaise. Elle avait réussi à semer ses poursuivants. Mais pour combien de temps ? L'hybride profita de ce laps de temps afin de reprendre son souffle. Mais même cela, elle ne pouvait pas le faire. Avec frayeur, elle avait remarqué qu'un gardien volant et armé de deux sabres, avait traversé la paroi située à l'arrière de la caverne tel un fantôme.

 

« Merde ! »

 

La demi-zora fut forcée de se précipiter en dehors de ce refuge temporaire, et s'était remise à fuir à vive allure.

 

« Si seulement je pouvais mettre la main sur quelque chose qui pourrait faire office d'arme... » imagina-t-elle. Hélas, il n'y avait rien dans cette forêt. En résumé, Epon était condamnée à fuir des gardiens meurtriers, sans savoir quoi faire ni où aller. Mais alors qu'elle continuait de courir, elle entendit une voix. Néanmoins cette fois, ce n'était pas celle d'Alys. Cette nouvelle voix était masculine et semblait plutôt familière pour la jeune femme.

 

« Epon ? Epon ! »

 

C'était étrange pour la bleue. Elle était persuadée d'avoir déjà entendu une voix semblable. Mais celle qui venait de s'adresser à elle semblait déformée. C'était sans doute pour cela qu'elle ne la reconnaissait pas sur le coup.

 

« Si tu es dans une psysalis, reprit cette voix mystérieuse, tu dois trouver la larme de Nayru ! Laisse-toi guider par un faisceau de lumière s'élevant dans le ciel !

– Un faisceau de lumière ? »

 

Tout en courant, Epon observa l'horizon. Effectivement, et à sa grande surprise, un petit faisceau de lumière de couleur bleue était visible à quelques centaines de mètres. L'hybride ne savait pas si elle pouvait faire confiance à cette voix, mais c'était la seule alternative qui se présentait pour l'instant. Tout en continuant de courir en direction de ce fameux faisceau, elle observa de temps en temps derrière elle. Les gardiens la poursuivaient toujours. Epon devait donc faire vite ! Mais à un moment, elle entendit la voix d'Alys résonner à travers toute la psysalis.

 

« On dirait bien qu'un intrus essaye de t'aider, jeune fille ! Mais imagine, s'il s'agit d'une personne mal-intentionnée qui veut te voir courir à ta perte ?

– Tu es très mal placée pour me dire ça, espèce de garce ! » répliqua vivement Epon à son adresse. Alys n'avait rien répondu suite à cela. La demi-zora était à présent proche de son but. Elle apercevait enfin la fameuse larme dont lui avait parlé la mystérieuse voix. C'était en fait une gemme en forme de larme, et de couleur bleue. C'était elle qui dégageait l'énergie responsable du faisceau qui l'avait guidée jusque là. Malheureusement, trois gardiens, armés chacun d'une grande épée, firent barrage à la jeune fille.

 

« Grr... Je suis si près du but ! se dit-elle. Je ne peux pas me faire avoir maintenant ! »

 

Epon ne pouvait peut-être pas attaquer ou se défendre, mais elle pouvait se servir de sa mobilité et de son agilité pour éviter leurs attaques. Les trois gardiens se ruèrent sur elle, afin de la frapper simultanément avec leurs armes. La demi-Zora effectua un salto arrière afin de les éviter, puis sauta sur l'épée de l'un des gardiens, afin de bondir par-dessus celui-ci et atterrir ainsi juste derrière eux. Elle profita de cette esquive pour se précipiter vers la larme, qu'elle saisit avec ses deux mains.

 

Mais au moment où elle avait touché ce joyau, plusieurs images défilaient dans sa tête: les déesses fondatrices d'Hyrule, qui étaient au nombre de quatre... Le symbole de la Triforce attribuée à trois élus destinés à faire régner la paix... Les différentes marques des déesses attribuées à quatre élus destinés à faire régner le chaos... Des guerres... Des cadavres se comptant par centaines... Hyrule qui était en feu... Les éléments qui se déchaînaient sur le royaume... C'était un véritable cauchemar qui défilait dans la tête d'Epon. Celle-ci ne désirait qu'une chose: que tout cela s'arrête. Elle souhaitait sortir de ce mauvais rêve. Elle ne voulait plus avoir ces visions d'horreur.

 

« Epon ! Hé, Epon ! »

 

Encore cette voix masculine ? Cette fois-ci, l'hybride l'entendait clairement. Elle savait qui c'était. Et grâce à cette personne, elle était enfin revenue à elle. Elle s'était réveillée, allongée sur un grand lit, et une silhouette se trouvait assise sur le bord de celui-ci. Il s'agissait de Gray. Ce dernier avait l'air nerveux au moment où la jeune fille avait repris connaissance, mais finit par afficher une mine soulagée.

 

« Bon sang ! J'ai cru que tu allais mourir dans mon lit ce soir ! lui dit-il. Tu n'arrêtais pas de crier et de gigoter dans tous les sens. Ta marque s'était également mise à briller. »

 

Intriguée, Epon se redressa afin d'observer au niveau de sa cuisse, là où se trouvait sa marque de Nayru. Celle-ci ne luisait plus. La bleue observa ensuite autour d'elle. Gray l'avait conduite dans ce qui ressemblait à une chambre. Il s'agissait probablement de la sienne, vu qu'il avait précisé que c'était son lit.

 

« Tu étais dans une psysalis, pas vrai ? » la questionna l'homme en noir. Son homologue féminin était trop choquée sur le coup pour formuler une réponse orale. Elle se contenta alors de hocher lentement la tête pour répondre affirmativement à sa question.

 

« Je le savais... répliqua l'élu de Din. C'est une épreuve très dangereuse que tu viens de traverser. Je suis étonné que tu t'en sois sortie. Tu aurais pu te faire tuer salement.

– Une épreuve... ? lui demanda alors Epon, étonnée.

– Les psysalis sont des lieux spirituels crées par les déesses pour mettre à l'épreuve ceux et celles qui portent leurs marques. Lorsque notre esprit est entraîné dans une psysalis, il n'y a que deux solutions: réussir l'épreuve ou mourir. Si on réussit, on est alors reconnus comme étant dignes de porter les marques divines, et d'accomplir la mission confiée par les déesses. Dans le cas contraire, l'élu meurt et les déesses en choisissent un autre pour le remplacer. Des élus de Nayru ou de Din, il y en a sans doute eu avant toi et moi. »

 

En comprenant mieux le principe de ces psysalis, Epon eut un frisson de peur. Toute cette histoire prenait une tournure sordide. Combien de personnes les déesses avaient-elles élu jusqu'à maintenant pour semer le chaos dans le monde ? Et surtout, combien d'entre-elles avaient péri à cause de ces psysalis ?

 

« C'est... flippant, murmura la jeune fille en détournant son regard du jeune homme.

– Je ne te le fais pas dire. Je l'ai déjà vécu moi aussi, alors je comprends ce que tu ressens. »

 

Epon se sentait perdue. Elle était littéralement déboussolée par toute cette histoire. Cette psysalis qu'elle venait de subir l'avait terrorisée. Le fait d'être au milieu de gardiens armés sans aucune défense... Le fait de se faire tuer si on se faisait toucher, ne serait-ce qu'une seule fois... Non. La demi-zora ne voulait pas revivre cela une seconde fois.

 

« Tu as dû en baver, affirma alors Gray en la regardant avec un léger sourire. La nuit a eu le temps de tomber pendant que tu dormais. Tu ferais mieux d'en profiter pour te reposer et de te remettre de tout ça. »

 

L'homme en noir voulut se relever, probablement pour sortir de la chambre, afin de laisser Epon dormir. Mais d'un geste, celle-ci l'attrapa par le poignet pour le faire rester assis.

 

« Gray... Reste. S'il te plaît. »

 

L'argenté fut complètement surpris par cette proposition. L'hybride elle-même était étonnée par son propre comportement. Cela ne lui ressemblait pas. Mais elle n'avait pas envie de rester seule pour le moment. Pas après avoir vécu ce qu'elle venait de vivre il y a quelques minutes.

 

« C'est grâce à toi si je m'en suis sortie vivante de cette psysalis, confia la jeune fille. Si je n'avais pas entendu ta voix m'appeler, je n'aurais jamais su ce qu'il fallait faire. Je te remercie et te dois la vie pour ça. Mais je voudrais que tu restes avec moi pour cette nuit. Ta présence me rassure... en quelque sorte. »

 

Gray l'avait écouté sans rien dire, et demeurait quelques secondes silencieux suite à la requête d'Epon. Mais finalement, un léger sourire apparut sur ses lèvres.

 

« Je te pensais bien plus courageuse que ça. Mais si c'est ce qui te permet d'être rassurée, alors je veux bien rester. Par contre, ne prends pas ça pour une habitude ! Je ne serai pas éternellement avec toi. Il faudra que tu parviennes à vivre avec tout cela par toi-même. »

 

La demi-Zora s'en doutait bien. Mais pour l'heure, elle avait besoin de quelqu'un auprès d'elle. Et même si Gray était un homme qu'elle ne connaissait que depuis peu, elle sentait au fond d'elle que c'était une personne de confiance. Finalement soulagée de le savoir dans la chambre, Epon s'était rallongée dans le lit en fermant les yeux, dans le but de s'endormir de nouveau.

 


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