Cure for Mankind (Book One : Winter)

Chapitre 5 : Ellie 3

2667 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/12/2019 22:14

David et James. Ces deux-là ne m’inspiraient aucune confiance, franchement. On aurait plutôt dit des pervers, en fait. Surtout David. Trop poli pour être honnête. Et Sherry qui joue les naïves en les traitant d’“altruiste“. Magnifique. Pendant qu’elle m’attendait dans la cuisine, je suis descendu voir les mâles alpha dans la cave qui se regardaient distraitement, chacun d’un côté du matelas sur lequel Joel avait paressé involontairement les dernières semaines. Ils me regardèrent arriver d’un air curieux, et, évidemment, ce fut Joel qui parla le premier.

-Ellie ? Vous êtes déjà revenues ? me demanda-t-il

-Ouais, répondis-je. Nous avons eu un imprévu. Deux connards qui nous proposent leur aide.

Je me penchai au-dessus du sac de Joel, où étaient les munitions, et je mis des flèches supplémentaires dans mon carquois et deux chargeurs dans mes poches pour Sherry. En parlant d’elle, j’anticipai déjà la réaction de Jake quand il saura que j’emmène sa copine dans un camp de psychopathes présumés.

-Vraiment ? dit ce dernier d’un ton incrédule

-Vraiment, répétai-je. Vous restez là, et si on n’est pas revenues dans cinq heures, vous nous rejoignez. Le camp est près de la prairie. Tu te souviens Jake ? Là où on a trouvé les biches la semaine dernière.

-Ouais, je vois, me dit Jake. S’il arrive quoi que ce soit à Sherry…

-Je sais, t’inquiète, le coupai-je. Si je peux veiller sur un futur quinquagénaire, je peux faire de même pour une charmante blondinette infiniment plus sage, ricanai-je

Jake ricana, après avoir jeté un regard plein de sens à Joel, et, contrairement ce à quoi je m’attendais, Joel aussi a ri. Mais de ce rire fatigué qui me fait me sentir mal pour lui. J’avais dit que les médocs étaient pour Sherry, pour protéger Jake et Joel, mais j’espérais qu’ils avaient quelque chose d’assez fort pour soigner un mec avec un bout de bide en moins. Je glissai les bouts de provisions qu’il nous restait en trop pour la matinée ainsi que quelques munitions en plus dans mon sac à dos fétiche, et je me dirigeai vers l’escalier. Je me tournai une dernière fois vers les deux compères, qui me regardaient partir, l’un avec un air inquiet et l’autre avec un air curieux.

-A plus les gars, lançai-je en faisant un vague geste de la main. Ne vous entretuez pas.

-Je n’attaque pas les personnes âgées, s’esclaffa Jake

-Et moi je ne fais pas dans le détournement de mineurs, ajouta Joel d’un ton mauvais

Jake grimaça, et je ris franchement en montant l’escalier. Dans ta gueule, insolent. Je réussis à me calmer au moment où je rejoignais Sherry, qui regardait par la fenêtre de la cuisine. En tenant l’une des bretelles de mon sac d’une main, je tendis les deux chargeurs que j’avais mis dans ma poche à Sherry, qui les prit pour les mettre dans ses poches, avec un air reconnaissant. Je soufflai. Espérons qu’elle ne s’évanouisse pas aujourd’hui.

-Allons-y, dis-je après mon soupir

Sherry acquiesça, et me suivit à l’entrée, où les deux clodos nous attendaient, en se regardant. Je n’avais pas oublié de prendre le petit pistolet que Joel m’avait donné, au cas où je n’aurais pas le temps de dégainer mon arc.

-Nous revoilà, déclarai-je, car les deux lascars ne nous avaient pas vu

-Bien, dit David en se retournant vers nous. Vous nous suivez ?

-Ouais. Et si vous tentez quoi que ce soit, on vous donnera en pâture aux dégueulasses. C’est clair ?

-C’est très clair, dit David avec une ombre de sourire. Suivez-nous.

Ok. Soit il était carrément cinglé, soit il ne me prenait pas au sérieux, ce qui faisait de lui quelqu’un de particulièrement cinglé. S’il croyait que je n’en étais pas capable, il se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Voire plus loin, même. Néanmoins, je m’inquiétais un peu pour Sherry. Pas parce qu’elle ne savait pas se défendre, au contraire. Mais parce qu’elle semblait… naïve. Prête à vouloir faire confiance à des inconnus qui ne nous tirent pas dessus au premier coup d’œil. D’ailleurs, elle marchait à côté de l’autre type, James. Comme si elle voulait lui parler. C’est vrai que, quand j’y pense, je ne l’ai jamais vu ouvrir la bouche, ça me rendit curieuse. Toujours aussi prudente, j’allai le voir, à mon tour, ne quittant toutefois pas David des yeux.

-Tu es muet ou quoi ? lançai-je

Il me regarda comme si je venais de lui lancer une fléchette dans les yeux.

-C’est à moi que tu parles ? demanda-t-il d’un ton incrédule

-Non, au président des Etats-Unis… Mais oui, c’est à toi, trou du cul !

Sherry ricana, et au loin, je crus voir que même David avait fait de même. James, lui, ne réagit pas à ma provocation.

-Je n’ai juste rien à dire, répliqua-t-il d’un ton neutre

-Est-ce que c’est vraiment sûr, là où vous vivez ? demanda Sherry l’air de rien

-Ouais. On fait notre possible : barricades, tours de garde. Il arrive que quelques Runners réussissent à entrer, mais ce n’est rien d’ingérable.

-Ces trucs ont des noms ? dit Sherry d’un ton qui paraissait dégoûté

-Ouais. Les Runners, c’est évidemment ceux qui sont encore capables de courir. Les Clickers, ce sont ceux avec les grosses têtes, mortels mais pas très vifs. Et après, il y a les Bloaters. Les gros lards. Les plus dangereux. Non seulement ils sont très résistants, mais en plus ils propagent les Cordyceps. Il faut donc être doublement prudent quand on les affronte.

-C’est noté, dit Sherry en opinant

Si je me souvenais ce que Jake avait raconté, Sherry avait déjà vécu une apocalypse dûe à un virus, donc les notions lui étaient nécessaires, sans doute. Du coup, je m’étonnais encore un peu de sa naïveté touchante. Les gens gentils comme elle, ça ne courrait pas les rues, surtout maintenant. Remarque, c’était sans doute aussi parce qu’ils étaient tous morts.

J’accélérai le pas pour rejoindre David, qui me regarda arriver avec une expression que je n’arrivais pas à déterminer.

-Qu’y a-t-il ? me demanda-t-il avant même que je n’ouvre la bouche

-On est bientôt arrivés ? J’aimerais avoir les médocs le plus vite possible.

Pendant une seconde, je ricanai intérieurement en me demandant si Jake et Joel ne s’étaient pas encore entretués. Mais je ne laissai rien paraître.

-Oui, je comprends, répondit David. Encore quelques minutes, ne t’en fais pas.

-D’accord.

Je remis la bretelle de mon sac à dos en place, et David regarda derrière nous. Sûrement pour vérifier que James et Sherry nous suivaient. Puis il me regarda de nouveau, avec un petit sourire. Je trouvais ça vraiment craignos. Pas son sourire en lui-même - en fait si, un peu - mais surtout le fait même qu’il sourie. Il faut dire à ma décharge que, ces derniers temps, les gens que je rencontre font tous la gueule à cause du merdier dans lequel ils sont, ou alors je les bute avant qu’on fasse connaissance.

-Il a l’air pratique, ce sac à dos, me dit David de but en blanc. Où l’as-tu eu ?

Je détournai le regard sans m’en rendre compte tout de suite. C’était Riley qui m’avait offert ce sac. Je n’étais pas émotive d’habitude, mais cet enfoiré avait trouvé un des seuls sujets sur lesquels je l’étais. Mais il n’avait aucun besoin de le savoir, et je n’avais aucune envie de le lui dire, de toute façon. Alors j’improvisai.

-Je l’ai trouvé dans un centre commercial désert, il y a un an. C’est vrai que c’est toujours bien d’avoir de quoi stocker des trucs, dis-je d’un ton que j’entendais comme neutre

-Tu as eu de la chance. Les survivants que nous avons trouvé avant vous avaient à peine de quoi se vêtir. Et depuis combien de temps vous connaissez-vous, avec Sherry ?

Là par contre, je n’eus pas besoin de mentir.

-Depuis quelques semaines. On s’entraide comme on peut.

-Comment a-t-elle été blessée ? demanda David d’un ton concerné

-Une partie de chasse qui a mal tourné, improvisai-je. Un autre groupe de survivants hostiles a dû la prendre pour un cerf, ajoutai-je avec un faux rire

-Tu es méchante Ellie, dit Sherry d’un ton amusé, derrière nous

-En tous cas, elle a l’air d’aller bien, nota David

-C’est une dure, comme je l’ai dit. Et elle est droitière. Mais on n’a pas de quoi désinfecter. Ce serait trop con qu’elle survive à la blessure occasionnée par la flèche et qu’elle crève dans son vomi dans deux jours parce que sa blessure s’est infectée.

-Ce n’est pas faux, admit David avec un faux rire

Le silence se réinstalla, et lorsque je vis le camp de loin, j’entendis Sherry beugler derrière moi.

-James ! s’écria-t-elle

Je me retournai en même temps que David, pour voir le James affalé par terre, alors que Sherry venait de tirer dans la tête d’un Clicker qui avait sans doute essayé de sauter sur l’autre. Au loin, nous vîmes, probablement tous en même temps, la nuée de Runners qui arrivait vers nous. Ce n’était pas nécessaire d’être un génie pour comprendre que nous étions dans la merde.

-Courrez ! déclara David

Sherry aida James à se relever, et nous nous mîmes donc à courir vers le camp. En haut d’une espèce de barricade, je vis une fille loucher sur nous, mais dès qu’elle vit David à côté de moi, elle donna l’ordre d’ouvrir la barrière, et lorsque nous fûmes entrés tous les quatre, la barricade se referma sur les dégueus. Bien. Autour de nous, dans le camp donc, il y avait trois maisons en bois, qui semblaient être habitées. Selon la taille des maisons, je devinai que soit ils n’étaient pas nombreux, soit ils s’entassaient comme des sardines. Sherry s’arrêta près de moi pour reprendre son souffle, et regarda autour d’elle à son tour.

-Ça va ? lui lançai-je

-Oui. Pas de vertiges pour l’instant.

-Bien, continue comme ça. Je vais coller au cul de David pour qu’il nous donne les médocs, et après on se casse d’ici.

-D’accord. Sois prudente.

-Comme toujours. C’est plutôt à moi de te dire ça, répliquai-je

-Sans doute, dit Sherry avec un rire nerveux. A plus tard.

Je remis mon sac bien sur mon dos, et retrouvai David en train de discuter avec la nana qui nous avait ouvert la porte. Elle avait une grosse écharpe bleue et violette, le même manteau vert que David, ou du moins il y ressemblait vachement, mais en dessous, elle avait une petite jupe violette, des collants noirs qui semblaient épais, et des bottines noires. Elle tenait encore son arme, une sorte de fusil à lunette qui avait silencieux. Ce ne fut que lorsqu’elle me dévisagea que David remarqua ma présence.

-Ah, Ellie, me dit-il. Je te présente Dahlia, notre plus fervent garde du corps, et de loin notre meilleure tireuse.

-Salut, dis-je

-Salut, me dit-elle. Que font ces filles ici, m’sieur David ?

-Elles s’en sortent par elles-mêmes, à quelques kilomètres au sud. Je leur apporte mon aide, voilà tout.

-Elles sont dignes de confiance ?

-Je le pense, oui. Je leur donne quelques antibiotiques, elles en ont besoin.

-Et après elles s‘en vont ?

-Je suis là, déclarai-je après m’être raclé la gorge bien comme il faut

-Excuse-moi, Ellie, dit David avec un rire nerveux. Je vais envoyer quelqu’un te chercher tes médicaments, tu peux me suivre ?

-Ouais. Je te suis.

-A plus Ellie, me dit la Dahlia, l’air de rien

-A plus.                   

Je suivis donc David, toujours prête à dégainer, en regardant les quelques personnes que je croisais, qui m’avisaient d’un air soit curieux, soit gêné. De toute évidence, ils n’avaient pas eu de visiteurs depuis un moment. Enfin, nous entrâmes dans une espèce de cabane, plus grande que les autres mais qui ressemblait vraiment à une cabane. C’était là qu’ils accumulaient leurs vivres, il y avait là-dedans plus de boîtes de conserves que je n’en avais jamais vu dans n’importe quelle base des Lucioles. David s’arrêta près d’une étagère, et me fit signe d’approcher. Je vins donc pour le rejoindre.

-Si tu veux des provisions, tu peux te servir. Nous en avons d’avance, me dit-il

Décidément, cette gentillesse me paraissait vraiment suspecte. Toutefois, je n’aurais jamais une autre occasion. Tant pis. S’il tente quoi que ce soit, je le plombe.

-Ouais, finis-je par dire. J’en prends quelques unes, et on se barre une fois qu’on a les médocs.

-Bien entendu, dit David avec son sourire qui me paraissait tordu

Je pris mon sac d’une bretelle, et je pus mettre des boîtes de conserve de fruits au sirop, de légumes en boîte et de viande longue conservation, et je lorsque je remis mon sac sur mon dos, j’entendis des cris dehors. David comprit en même temps que moi, et nous nous dirigeâmes en même temps vers la sortie. Des Runners erraient dans tous les coins, massacrant les quelques personnes désarmées qui étaient sorties de leur maison. Au loin, je vis la tireuse d’élite décapiter des Runners à chaque coup de feu. En effet, elle était douée. Près d’elle, Sherry aussi assurait, et elle me fit un grand coucou entre deux coups de feu. Je jouais surtout du couteau sur les abominations pour aller la rejoindre, et, derrière moi, David faisait feu avec son fusil de chasse. Lorsque nous fûmes près de Dahlia, David s’adressa à elle.

-Où est James ? demanda-t-il

-Il a été piégé dans le local à médicaments. J’ai déjà envoyé des gens l’aider.

-Bien. Dès que ça se sera tassé, vous aurez vos médicaments, dit David en nous regardant, Sherry et moi

-Merci encore, dit Sherry

-C’est normal.

Sans crier gare, Dahlia tira vers Sherry, car un Clicker avait réussi à s’approcher d’elle. La balle avait frôlé l’oreille de Sherry, en faisant bouger ses cheveux. Sherry la remercia du regard, et Dahlia rechargea son arme. Je ne pus m’empêcher de subir une vague d’admiration jalouse. Crâneuse, va.

-Vous devriez aller aider James, vous aussi, nous dit soudain David. C’est par là, dit-il en montrant une direction. Il vous donnera les médicaments quand vous le rejoindrez.

-Ouais, on fait comme ça, dis-je. Viens Sherry.

-Je te suis.

Sherry chargea son flingue, et nous fûmes partis vers notre remède.

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