Vers l'Innommable
Comme je le disais, il me fallut deux semaines à partir de la cabane du chasseur pour retrouver cette mystérieuse idole au milieu des marais. Maint fois je faillis perdre espoir, abandonner mon enquête. Je me disais que l'existence de ce totem n'était après tout qu'affabulation, A quel point connaissais-je ce chasseur pour affirmer que son récit était tout à fait digne de confiance ? Plus les recherches s'attardaient, plus mon humeur devenait morose. Le climat, les moustiques, l'humidité... ce pays n'a rien d'amical, mais j'en venais à le détester.
Quel ne fut pas ma joie quand le plus jeune de mes guides vint un soir m'annoncer que son investigation de la journée l'avait conduit à une construction qui ressemblait à tout point à la description faite par le pauvre chasseur dans son récit. Contrairement à moi, il ne semblait éprouver aucune joie face à l'idée de cette découverte. Je pressait le jeune Argonien de maint et maint question, et lui se mit à contrecoeur à étancher ma curiosité.
Il n'avait vu la clairière que de loin, depuis un promontoire rocheux accessible par la mangrove à marée basse. Quand je lui demandais de me décrire avec précision ce qu'il avait vu, son ton se fit plus évasif. Devant mon insistance, il fini par avouer qu'il y avait maintenant des constructions en pierre autour de l'autel. "Et la statue ? " demandais-je. Il me répondit qu'elle était immense, et que ses yeux n'étaient pas "humain". Qu'ils vous fixaient au plus profond de votre âme. Au moins cinq-cent mètres le séparait de l'idole, pourtant il s'y était sentit mal à l'aise.
J'appris plus tard qu'il avait voulu garder cette découverte pour lui. Ne pas me la révéler. Mais il n'avait pu cacher son trouble à ses compagnons, les cinq autre guides Argoniens que j'avais engagé. Ces derniers l'avaient alors — non sans peine — convaincu de m'en faire part, argumentant qu'ils ne toucheraient leur prime que si l'expédition aboutissait.
Je me mis en route dès le lendemain. Nous rencontrâmes quelques difficultées, notre jeune guide refusant de nous indiquer clairement le lieu de sa découverte, et plus que tout refusant catégoriquement de nous y accompagner. J'ai finis par le congédier, et s'est sur la promesse qu'il pourrait rentrer chez lui sans plus d'embarras qu'il accepta de nous rédiger une carte détaillée de l'endroit où nous devions nous rendre. Quel malheur que je n'ai pas su alors interprèter les signes avant-coureur du désastre qui allait suivre ! Moi qui croyait ce jeune Argonien si bête pour donner crédit aux supersitions des sauvages locaux, je me rend compte maintenant que de tous, c'était bien lui le plus lucide.
La zone de marais entourant le sanctuaire était étrangement calme. Nous n'entendions aucun oiseau, ne vire aucune bête. Même les moustiques semblaient éviter la zone. Je ne remarquais pas cela immédiatement. Ou si je le fit, je ne m'en inquiéta pas outre-mesure. Mais mes guides devinrent nerveux. Ils n'aimaient pas ce silence. Je les entendais chuchoter entre eux, comme s'ils complotaient quelque chose.
Le jeune Argonien n'avaitpas menti. Le surplomb qu'il avait trouvé offrait une vue imprenable sur la clairière. D'office, je fut marquer par sa taille. Ni le journal du chasseur, ni le récit de mon guide n'avait évoqué qu'elle puisse être aussi grande. le trou dans la verdure s'étendait sur un peu plus de huit cent mètres de diamètre, en un cercle parfait qui excluait toute origine naturelle. Des mares stagnantes la parsemaient, jonchées de silhouettes gonflées que j'estimait être les carcasses des cerfs dont parlait le chasseur. Je frissonnait en apercevant à l'exact centre de la trouée la raison même de ma présence ici. Démesurément petit en comparaison de la clairière au milieu de laquelle il se trouvait, l'autel s'élevait surmonté de la statue de bois que j'arrivais à peine à distinguer à cette distance.
Tout cela était encore suportable. Je n'avais pas encore vu le totem en détail, et j'ignorais alors sa véritable nature. Mais quelque chose m'effraya, depuis notre poste d'observation. Une peur instinctive, mélange de choc et d'incompréhension. La raison en était "les constructions de pierre autour de l'autel" dont avait parlé mon jeune guide, et qui étaient absente dans le témoignage du chasseur. Il s'agissaient de blocs semblable à du basalt ou peut être de l'obsidienne, aux forme géométriques. A vue de nez, ils mesuraient tous entre un et trois mètres de hauteur. Noirs comme la suie, ils s'enroulaient cinq cercle concentrique autour du totem sur toute la surface de la clairière. Le quatrième cercle en partant de l'intérieur n'était pas fermé. Une portion d'environ un cinquième environ manquait. Quand au dernier, c'est presque la moitié de sa construction qui était inachevée.
Ce qui m'effrayait, c'est que ce type de roche était introuvable dans la région, majoritairement constituée de grès. La zone basaltique la plus proche n'était ni plus ni moins que la province de Morrowind ! Alors comment transporter et empiler de telles masse rocheuse au beau milieu des marais ? Si le chasseur n'en avait pas indiqué l'existence dans son récit, c'est qu'il y a fort à parier que les cercles de pierre n'existaient pas il y a quelques mois. Aucune civilisation ne possède la technologie et les moyens pour réaliser un tel exploit logistique en si peu de temps. Alors, qui avait construit cet autel ? Je ne l'expliquait pas. Ce que je voyais ici dépassait mon entendement.
Pourtant, c'est la curiosité qui l'emporta sur mon instinct de survie. Il est des hommes de science pour qui la peur de l'inconnu n'est pas un frein mais un moteur. Pour mes pêchés, je faisait jusqu'à ce jour parti de cette catégorie.
Nous nous frayame un chemin jusqu'à la clairière en descendant de notre promontoire. J'étais téméraire, mais pas stupide. La construction était inachevée, aux vues des deux derniers cercles. Peut être que leur bâtisseur rôdaient encore autour. Sur le moment, cette perspective m'excitait. J'avais hâte de savoir enfin à quel type de cultiste nous avions à faire.
Le vent nous portant une odeur de vieille charogne, nous sûme que nous approchions de notre obectif. L'odeur se fit de plus en plus forte, si bien que je dû attacher mon mouchoir devant mon nez pour ne plus souffrir de nausée. Mes guides ne se plaignirent pas. Ils semblaient immunisés contre un tel désagrément.
Enfin nous traversâme l'ultime rideau d'arbres. Je marchais fasciné au milieu des innomrables carcasses de cerf qui pourrissaient dans des mares d'eau croupissantes. Tous avaient été sauvagement déchirés. Un spectacle inhumain, au delà de toute description. Si de telle mutilation s'étaient produite avant la mort ou bien après, je n'aurais pu le dire. Les têtes avaient été soigneusement décapitées. On les avaient à moitié enterrées. La moitiée supérieure du crâne dépassait du sol fangeux, et les bois se dressaient vers le ciel aussi nombreux que les épis de blés dans un champs. Même avec mon mouchoir en guise de cache-nez, l'odeur devint insuportable à déambuler au milieu de ce cimetière. Si je mentionne les odeurs autant d'insistance, au risque de mettre mes lecteurs mal à l'aise, c'est que je porte l'espoir que ce que j'ai vu par la suite ne soient que des visions induites par mon esprit nauséeux.
J'observais de plus près les empilement de basal — car mon examen rapporta qu'il s'agissait bel et bien de basalt. Le degré de connaissance technique requise pour bouger de telles pièces de maçonnerie me fascina autant qu'il m'effraya. Aucun mortier n'avait été utilisé dans la construction. Les blocs cyclopéens s'emboitaient à la perfection. Aucun d'entre eux n'avaient ni forme ni taille d'identique, mais le tout formait un ensemble parfaitement rectiligne. Chaque pierre était à la parfaite place et nul part ailleurs. Je tombais sur de large espace parallélépipèdes gravés par endroit. Il s'agissait de cartouches destinées à accueillir de futurs bas-relief. La construction n'était définitivement pas terminée. Mais où étaient les ouvrier ? A part nous, les marais étaient entièrement vide. Avaient-ils abandonné la construction, comme semblait le prouver l'absence d'outillage ? Pour quelle raison, alors ? Les cerfs mort le plus récemment paraissaient avoir trouvé la mort moins de deux jours auparavent. Notre présence les aurait-ils fait fuir ?
Tant de questions se bousculaient dans ma tête. Je continuais, espérant trouver un élément de réponse au prochain pas que je ferais. La tension des guides argoniens était palpable. Ils restaient à une distance prudente, mais continuaient de me suivre où que j'aille. Chacun avançait par peur de passer pour un lâche aux yeux des autre. Et motivé par la prime alléchante qui les attendait.
J'escaladais les cercles de pierres ténébreux qui me séparaient de l'idole. Leur hauteur était moindre par endroit, parfois moins de cinquante centimètres. Mais leur faîte le plus haut dépassait sans peine les quatre mètres. Deux de mes accompagnateurs manquèrent de défaillir en a atteignant le dernier cercle, et lorsqu'ils aperçurent le totem impie se dressant de l'autre côté. A moins que l'odeur de charogne perstitentielle n'ai enfin eu raison d'eux. Ils murmurèrent entre eux dans leur jargon commun et décidèrent d'un mutuel accord de rester m'attendre de ce côté-ci. Je ne leur en voulu pas. Leut tâche était achevée, après tout. Ils avaient bien mérité leur prime.
J'escaladais la muraille basaltique, et sautais de l'autre côté. J'avoue sans honte que je ressentais moi même un peu d'appréhension. L'inconnu me terrifie autant qu'il me fascine. Telle est ma nature. Je voyais mieux le totem maintenant que je m'approchais. Les carcasses de cervidés se faisaient plus nombreuses. Et plus vieilles, aussi.Il suffisait à mon pied de les effleurer pour que la chair pourissante ne se détache des os. Je glissait dans mon mouchoir quelques lannières d'écorce d'orange séchées pour en alléger l'odeur.
Je frissonnais en observant le totem. Je le revois encore aujourd'hui chaque fois que je ferme les yeux. L'immonde statue, abération sacrilège à la surface de Nirn me regardais, du haut de ses degrés de pierres. Ce n'étais pas du basalt, comme les remparts cyclopéens qui l'entourait. C'était du grès local, celui que l'on trouvait en creusant sous la boue du Marais-Noir. Il y avais plus de cerfs décapités sur ses degrés que nul part ailleurs. Ce gigantesque tapis de chair corrompue rendait la pierre invisible sur de larges portions.
La statue régnait sur le carnage. Son allure était étrangement primitive. Le bois brut dans lequel elle était sculptée, son piédestral de simples rochers contrastait avec les constructions cyclopéennes qui l'entourait, merveilles de maçonnerie. Je compris se qui avait tant horrifié mes guides Argoniens. Le bois était d'un blanc éclatant veiné de violet, et saignait un liguide bleuâtre qui dégoûtait sur le pelage des cervidés à ses pieds. Je me souvint qu'il s'agissait du troncs de deux Hists jumeaux. Des arbres humaoïdes doués d'intelligences, vénérés par les natifs du Marais-Noir. J'en ressentit un profond dégoût. Tout ce carnage d'animaux innocents, je pouvais le supportait. Mais ce meurtre... j'avais beau ne pas partager des croyances des Argoniens sur la divinité des Hists, je n'auaris pas été plus horrifié si la statue avait été sculptée avec la chair d'un corps humain.
Il y avait en fait deux Hists, unis en un seul par la fusion de leurs racines. Chacun des deux troncs formait un personnage différent. Je distinguait la figure femelle, qui disposait d'une poitrine grossièrement taillée en pointe, d'un collier de d'os et d'une abondante chevelure de mousse fraîche. L'homme, ou du moins la figure qui n'était pas femelle était d'un tiers plus grande que l'autre. Des incisions sur sa poitrine et sur les branches servants de bras symbolisaient sa muscularure. Et sa tête portait deux dents de sanglier recourbées vers l'avant là où aurait dû se trouver les oreilles. L'une de ses mains ( un amas de brindilles plantées dans la branche de son bras ) reposait sur la tête de la femelle, dans un geste de condescendance ou bien de soumission. L'autre main arborait arborait un court bâton au bout duquel se trouvait une pierre taillée à la manière d'un sceptre.
Leurs visages.... — Divins ! Comme il m'est pénible de décrire leur visage — Leurs visages se tordaient dans des grimaces atroces, qui n'avaient rien de celles que l'on observe habituellement sur les visages ordinairment humains. L'expressivité diabolique qui en émanait était si bien repésentée, quoique de manière très primitive qu'elle n'avait rien à envier aux oeuvres sculptées par les artistes des cours cyrodiléennes. Peu d'entre eux ne peuvent se vanter d'avoir atteint un tel degré de maniérisme.
Leurs yeux étaient bien ce qu'il y avait de pire dans la composition. Des pierres brillantes, disproportionnées, aux éclats chatoyants pourpres, or, indigot... D'où je soit placé, ils me suivaient du regard et semblaient se moquer de moi. Je ne saurais dans quel gemme le sculpteur fou à l'origine de cette oeuvre démente les avait-il taillées. Peut être était-ce de ces gemmes spirituelles noires, dont l'horrifiant Mysterium Xarxès suggère à mi-mot l'existence, et que seul les nécromanciens les plus sacrilèges se risquent à utiliser pour leurs rituels oubliés.
Ces yeux m'hypnotisaient. Je ne pouvait en détacher mon regard. Pousser par une soudaine impulsion, je me mit à escalader les degrès de pierres menant à la statue. Il fallait que je la voit de plus près. Il me fallut pour cela me mettre à quatre patte, et ramper sur la chair putréfiée des cervidés en décomposition. Mes mains s'enfonçaient dans la substance molle et gluante et en ressortaient avec des bruits de succions. Je me trouvait rapidement couvert de morceaux d'entrailles puantes des pieds aux cuisses et des mains aux épaules. J'ignore comment j'eu le courage de m'aventurer dans cette expérience sur le moment — l'effet que ces yeux maléfiques avaient sur moi en est sans doute responsable, altérant ma pensée — Et je me révulse moi-même en y repensant aujourd'hui. J'ai honte d'avouer au monde a quel point je me suis abaissé pour atteindre cette idole, et pourtant il est indispensable que je vous relate cet épisode. Car j'ignorais alors qu'avoir ramper dans de la chair en décomposition allait plus tard me sauver la vie.
J'atteins le sommet. J'étais dans un tel état de transe que je ne sentais plus l'odeur m'entourant. En fait, j'avais perdu mon mouchoir dans l'escalade. La figure féminine faisait ma taille. L'autre me dépassait de presque un mètre.J'admirais ébahie les trais taillés par le sculpteur. La manière dont il avait sculpté les formes de la femme, le sexe en érection de l'homme. Je collais mon visage à celui de la statue, et obervais longuement les yeux. Je vis des reflets danser à l'intérieur.
J'eu soudain l'impression que l'on lisait en moi. Les yeux pénétraient mon esprit, et tentaient de s'introduire de force de mon esprit. J'essayer de résister, et gesticulait en tout sens comme un pantin désarticulé. Probablement que je criais. Mais je ne l'entendis pas. Des visions fantasmagoriques passèrent en un éclair devant mes yeux, trop rapidement pour que je puisse identifier quoi que ce soit. Je parvint à détacher mon regard des gemmes brillantes. Elles restèrent dans mon champs de vision, où que je tourne la tête. Comme gravés dans ma corné. Appeuré, paniqué, je pris la fuite, dévalant le monceau de cadavres gisant sur les degrés. Voilà que l'on me parlait. J'entendais des choses murmurer dans ma tête dans une langue inconnue. J'avais commis une erreur en venant ici, je m'en rendait compte maintenant. Je courus vers les arbres bordant la clairière. De sa traversée, je me rappelle plus rien aujourd'hui. Je ne me souviens pas avoir dépassé mes guides, ni comment ceux-ci ont réagis à ma démence. Je ne me souviens pas avoir escaladé en sens inverse les murailles de basalt noir. Je sais que mes jambes se couvrirent de profondes coupures après m'être entaillé sur les bois de cerfs qui poussaient là, mais je ne me rappelle pas en avoir souffert sur le coup.
A peine ais-je atteint le couvert protecteur de la végétation, toujours poursuivit par le visage griamçant des statues que je me pris les pieds dans la racine saillante d'un eucalyptus, et je tombais la tête la première dans la fange. C'est alors que je perdis connaissance.