Les enfants de Bordeciel

Chapitre 17 : Déconvenues

3380 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/08/2024 23:22

Chapitre 17 – Déconvenues

Le soleil venait de disparaître, laissant place à une douce lueur crépusculaire qui enveloppait la forêt. Avançant rapidement, le groupe était parvenu à rejoindre le plateau de la Brèche, laissant derrière eux les pins sombres des flancs montagneux pour entrer dans une forêt de bouleaux dont les troncs argentés se détachaient faiblement dans la lumière tamisée. L'air frais du soir, chargé de l’humidité dégagée par un cours d’eau non loin, embaumait de l'odeur terreuse des sous-bois.

Aventus Aretino marchait en silence, hanté par les événements des derniers jours, chaque souvenir surgissant comme une ombre pour tourmenter son esprit : son enlèvement, la dangereuse Astrid, son intégration à la Confrérie Noire, et surtout, sa première mission. Il avait tué, une fois de plus, même si ce n'était pas de la manière qu'il avait imaginée. La mort du bandit — pouvait-on appeler cela véritablement un meurtre ? —, la décision de sauver Narfi et de tromper la Confrérie, tout cela retombait lourdement sur ses épaules, le plongeant dans une profonde angoisse.

Pourtant, la compagnie de Hunfen à ses côtés lui procurait un réconfort inattendu. Son arrivée, pour ainsi dire providentielle, avait une fois de plus arrangé la situation impossible dans laquelle il se trouvait, lui permettant d’élaborer le plan de sauvetage et de le mettre en œuvre. Le jeune Nordique offrait à Aventus par sa simple présence un soutien presque fraternel, comme une lueur dans les ténèbres. Narfi, quant à lui, suivait derrière eux. Le pauvre homme semblait être sorti de son marasme et jetait des regards curieux tout autour et murmurant des paroles incompréhensibles. Lydia fermait la marche, sa vigilance éveillée malgré la tranquillité apparente du sentier.

La nuit tombait rapidement,rendant leur progression hasardeuse. Alors qu’ils arrivaient dans une petite clairière, Lydia marcha jusqu’à leur hauteur et leur fit signe de s’arrêter. « Nous allons camper ici cette nuit, annonça-t-elle. Nous sommes assez loin de Fort-Ivar maintenant, et cet endroit semble sûr. »

Hunfen poussa un soupir de soulagement et déposa son sac au sol. Bientôt, un petit feu de camp fut constitué, que le jeune Nordique alluma de sa magie, un sourire aux lèvres. Camper ainsi en forêt était nouveau pour Aventus, mais son ami semblait tout à fait dans son élément. Aventus s'installa près du feu, le crépitement des flammes apaisant quelque peu son esprit tourmenté. La chaleur bienfaisante du foyer contrastait agréablement avec la fraîcheur de la nuit tombante. Les mouvements méthodiques de Hunfen, qui préparait le repas, avaient quelque chose de réconfortant et d'apaisant. Aventus se surprit à sourire en le regardant faire. Le crépitement des flammes et les gestes assurés de Hunfen lui apportaient un semblant de paix, un répit bienvenu dans le tumulte de ses pensées. Mais cette tranquillité fut bientôt interrompue par la voix ferme de Lydia.

« Avant de nous reposer, je veux voir comment vous vous débrouillez avec une arme, dit-elle en s’approchant. Nous pouvons être attaqués, et vous devez pouvoir vous défendre jusqu’à ce que j’intervienne. »

Hunfen acquiesça, un éclat d’excitation dans les yeux. Il se redressa prestement et attrapa avec une assurance juvénile le bâton que lui tendait la guerrière. Aventus, en revanche, accepta le sien avec une certaine hésitation, son cœur battant un peu plus vite à l'idée de ce qui allait suivre.

« Nous allons simuler une attaque, expliqua Lydia. Je vais jouer le rôle du bandit. Vous devez défendre et contre-attaquer comme vous le feriez en vrai. »

Aventus hocha la tête, tentant de réprimer la nervosité qui montait en lui. Il repensait aux leçons de Babette, instructives mais rigoureuses, où chaque erreur se payait douloureusement. Il serra son bâton un peu plus fort, prêt à prouver qu'il avait appris quelque chose.

Lydia se plaça en face d’eux, ses mouvements fluides et mesurés trahissant son expérience. « Préparez-vous, » lança-t-elle avant de bondir en avant avec une rapidité surprenante.

Hunfen fut le premier à subir l’assaut, et leva son bâton pour parer le coup initial. Il réussit à bloquer l'attaque, mais le choc le fit reculer de quelques pas. Aventus profita de l'ouverture pour tenter une contre-attaque, choisissant, ainsi que Babette lui avait enseigné, un des points vitaux les plus accessibles. Cependant, Lydia esquiva habilement, son bâton décrivant des arcs précis dans l'air.

Les échanges se succédaient, Lydia testant sans relâche leurs réflexes et leur endurance. Hunfen, malgré son entrain, peinait à suivre le rythme. Ses mouvements manquaient de fluidité et il se retrouvait souvent déséquilibré, forçant Aventus à encaisser la majorité des attaques. Malgré cela, le jeune Impérial commençait à trouver son rythme. Ses attaques se faisaient plus précises, mais il ne parvenait toujours pas à placer le moindre coup. Sa frustration s’accentuait peu à peu, menaçant d’envahir son esprit ; il avait beau déployer tout son répertoire de feintes, rien ne semblait pouvoir passer. Lydia esquivait chaque coup avec une aisance déconcertante.

Une idée germa dans l’esprit de l’enfant alors qu’il parait une énième série d’attaques. La guerrière était une protectrice pour Hunfen ; s’il faisait semblant d’attaquer ce dernier sans prévenir, elle se précipiterait sans doute pour s’interposer. La surprise la pousserait peut être à commettre une erreur, à créer une ouverture ? Il se lança, bâton levé, en direction de son ami.

Une douleur fulgurante fusa soudain à l’arrière de son cuir chevelu tandis que son champ de vision basculait vers le haut. Grelod ?! C’était la même sensation que lorsqu’elle le traînait par les cheveux en salle de punition. De surcroît, une pression écrasante appuyait contre sa gorge, lui coupant le souffle. Paniqué, il lâcha son bâton et tenta de se débattre, en vain. Soudain, toute contrainte disparut, et il réalisa qu’il était dos au sol. Au dessus de lui, Lydia le regardait, une expression indéchiffrable sur le visage.

« Qu’est-ce que tu essayais de faire, Aventus ? » demanda-t-elle d’un ton à la fois sévère et curieux.

Aventus reprit son souffle, tentant de se redresser malgré la douleur qui pulsait encore à l'arrière de son crâne. « Je... je pensais que si je faisais semblant d'attaquer Hunfen, tu viendrais te mettre en face pour le protéger, balbutia-t-il, sa voix tremblante. Je me disais que tu allais baisser ta garde pendant ce temps là. »

Lydia haussa un sourcil, l'observant avec une attention soutenue. « C'était audacieux, Aventus, mais tu as fait une grave erreur : tu as quitté ton ennemi des yeux. Finalement, c’est toi qui as laissé ta garde grande ouverte. »

Hunfen, qui avait observé la scène avec des yeux écarquillés, s'approcha de son ami, l'inquiétude visible sur son visage. « Ça va ? » demanda-t-il avec une voix tremblante.

Aventus hocha la tête, encore sous le choc, mais il parvint à esquisser un léger sourire pour rassurer son ami. Le visage de Lydia s’adoucit également, et elle commenta d’un ton plus léger, presque taquin :

« Et maintenant, tu sauras aussi qu’avant de pouvoir atteindre quelqu’un, il faut d’abord se débarrasser du huscarl ! »

Un rire nerveux s'échappa des lèvres d'Aventus, et Hunfen se détendit quelque peu.

Le groupe retourna au feu de camp où Narfi les attendait. L'homme, toujours dans son propre monde, regardait fixement le brasier un sourire aux lèvres, inconscient de ce qui venait de se produire. Aventus, encore secoué, s'assit près du feu et se laissa à son tour hypnotiser par les flammes.

Lydia, quant à elle, resta un moment en retrait, scrutant les ombres dansantes des arbres, son esprit troublé par les événements récents. Elle repensait à chaque mouvement, chaque coup échangé avec Aventus. Ses attaques avaient été précises et méthodiques, bien au-delà de ce à quoi elle s'attendait de la part d'un enfant. Il était évident que la Confrérie Noire avait déjà eu une influence notable sur lui. Mais le plus dérangeant avait été cet instant précis où Aventus avait feint d'attaquer Hunfen. Pendant une fraction de seconde, la guerrière avait vu en l’enfant un assassin aguerri, déterminé, prêt à tout pour atteindre son objectif. Elle se souvenait de la lueur glaciale et calculatrice dans les yeux de l’enfant, qui n'aurait jamais dû habiter le regard d'un garçon si jeune. Sa réaction avait été instantanée, pratiquement instinctive, fruit de son entraînement rigoureux. Elle avait réagi comme elle l'aurait fait face à une menace mortelle.

Un frisson glacé parcourut son échine en réalisant l'ampleur de ce qui aurait pu se produire. Si elle avait eu une véritable épée en main, elle aurait tué le garçon. Cette pensée la secoua profondément, la laissant face à un dilemme moral terrifiant. Elle devait protéger Hunfen, mais comment faire face à une situation où un autre enfant devenait une menace potentielle ? Aventus, avec son passé tourmenté et son entraînement auprès de la Confrérie Noire, était à la fois une victime et un danger.

Lydia secoua la tête, chassant ces sombres pensées s’efforça de se concentrer sur la tâche à accomplir. Elle devait veiller sur eux, les guider en sécurité jusqu'à Faillaise. Elle ne pouvait se permettre de fléchir. Revenant vers le camp, elle observa les deux garçons. Hunfen, avec sa fougue et son enthousiasme, offrait un contraste frappant avec Aventus, dont le regard trahissait une maturité prématurée et une tristesse profonde. Ils étaient si différents, et pourtant, leurs destins semblaient inextricablement liés.

Lydia s'assit près du feu, essayant de dégager de la chaleur et du réconfort. « Reposez-vous bien cette nuit, dit-elle d’une voix qu’elle voulait douce. Faillaise est encore loin, et demain sera une longue journée. »

oOo

Au bout de deux jours de marche, alors que le chemin se rapprochait de la rive du Lac Honrich, la silhouette de Faillaise apparut au loin. Aventus la contempla un instant, en proie à une vague de sentiments contradictoires. La dernière fois qu'il avait franchi ces portes, c’était pour fuir précipitamment. Il n’était alors que haine et vengeance, résolu à invoquer la Confrérie Noire pour tuer Grelod. La ville lui évoquait principalement une multitude de mauvais souvenirs, mais malgré cela, elle faisait naître en lui une sensation de familiarité rassurante. Il en connaissait les dangers, il ne serait pas surpris.

L’entrée principale de Faillaise grouillait d’animation. Des charriots chargés de marchandises et de passagers arrivaient et repartaient, à destination des grandes villes de tout Bordeciel. Lydia, toujours vigilante, guida le groupe à travers la cohue, jusqu’à trouver un chariot à destination de Blancherive.

« Narfi, dit-elle en s’assurant d’avoir l’attention de l’homme, tu vas aller à Blancherive. Attends-nous là bas, Hunfen et moi. »

Elle lui posa dans la main une bourse contenant quelques septims avant d’ajouter : « Va à la Jument Pavoisée, et donne ça à Hulda, la tenancière, en disant que tu viens de ma part. Tu seras en sécurité là bas, et tu auras un lit et à manger jusqu’à ce qu’on arrive. 

— Blancherive, dit l’homme d’un air perdu, la Jument Pavoisée, Hulda. Oui, Narfi peut se souvenir. Narfi attendra ses amis là bas. »

Le pauvre hère monta à bord du chariot et s’assit à coté d’une fillette qui, emmitouflée dans une vieille cape rouge à capuche, serrait un petit panier tout contre elle. Après avoir payé le cocher, Lydia fit signe aux garçons de la suivre à l’intérieur de la ville. En arpentant les rues qui menaient vers l’orphelinat Honorem, l’angoisse saisit Aventus. Ses souvenirs de l'orphelinat étaient imprégnés de douleur et de solitude, mais aussi de quelques instants de camaraderie et de réconfort. Mais y avait-il seulement sa place ? N’était-il pas un danger, désormais ? Arrivés devant les portes de l’orphelinat, le jeune Impérial s'arrêta net. Hunfen et Lydia se retournèrent, interloqués par son arrêt soudain.

« Je… je ne peux pas y retourner, déclara-t-il d’une voix tremblante, je suis de la Confrérie Noire, maintenant. Constance, les autres, je ne peux pas les mêler à tout ça !

— Mais qu’est-ce que tu veux faire alors ? Demanda Hunfen, inquiet. Il faut au moins aller dire qu’on va bien !

— Il faut que je retourne au sanctuaire, répondit Aventus, résigné. Que j’annonce à la Confrérie que j’ai accompli ma mission. »

Il hésita un instant avant d’ajouter d’une voix plus assurée : « Écoute, dis-leur que j'ai été adopté par une nouvelle famille. C’est la vérité après tout ! Ne leur dis pas qui, juste, qu'ils ne s'inquiètent pas pour moi, j’irai bien ! »

Il retint son souffle, tentant de contenir l'émotion qui montait en lui. Le regard de Hunfen était empreint de confusion et d'inquiétude, ce qui rendait la situation encore plus difficile à supporter. Aventus sentit une vague de tristesse l'envahir, réalisant à quel point ce temps passé en leur compagnie avaient adouci son cœur tourmenté. Le voyage, les échanges et même les moments de danger avaient tissé un lien précieux entre eux.

« Je suis désolé, Hunfen, murmura-t-il, les yeux brillants de larmes retenues. J'aimerais vraiment rester avec toi, mais je dois retourner là-bas. » Il fit une pause, luttant contre les sanglots qui voulaient sortir de sa bouche. Finalement, il s'approcha de Hunfen et le serra dans ses bras, sentant la chaleur réconfortante de son ami. « Prends soin de toi, d'accord ? »

Hunfen répondit à l'étreinte avec une intensité égale, ses propres émotions débordant. « Toi aussi, Aventus. Et n'oublie pas, tu as des amis ici, quoi qu'il arrive. »

Aventus échangea un dernier regard avec Hunfen, une complicité silencieuse passant entre eux. Puis, d'un pas décidé, il se détourna de l'orphelinat et s'enfonça dans les ruelles de Faillaise, disparaissant bientôt dans la foule.

Il avait à peine fait quelques dizaines de mètres qu'il entendit une voix enfantine et moqueuse derrière lui : « Alors c'est lui le fameux Hunfen ? » Il se retourna vivement, ses sens en alerte, et son regard tomba sur la fillette au manteau rouge qu'il avait vue monter dans le charriot avec Narfi. Elle abaissa sa capuche, révélant les traits d'une enfant d'à peine dix ans, mais dont les yeux brillaient d'une sagesse et d'une malice bien plus anciennes.

« Babette... murmura-t-il, ses mains tremblantes qu'est-ce que tu fais ici ? »

Babette se contenta de hausser les épaules avec une nonchalance désarmante. « Je te surveille, bien sûr ! Je voulais voir comment tu te débrouillais dans ta première mission. » Elle marqua une pause, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. « Et je dois dire que tu m'as surpris. »

Aventus sentit son cœur se serrer. La terreur envahissait ses pensées, mais il tenta de garder son calme. « Babette, je... »

Elle leva une main, le faisant taire instantanément. « Je sais tout de ta supercherie, reprit-elle, sa voix empreinte d'un reproche à peine voilé. J'ai vu comment tu as élaboré ce plan pour sauver Narfi et tromper la Confrérie Noire. »

Aventus recula instinctivement, sentant la panique monter en lui. « Je... je ne pouvais pas le tuer, Dit-il précipitamment, Astrid… Elle m’a menti ! Narfi n'est pas un monstre, c'est juste un homme brisé ! »

Babette haussa un sourcil, apparemment amusée par la réaction de son élève. « C'est vrai, opina-t-elle, Astrid t'a menti : ce pauvre Narfi n'était pas un agresseur d'enfants. Mais cela n'excuse aucunement ta duperie. »

Elle fit une pause, observant Aventus avec une intensité qui le fit frissonner. « Tu sais, une gentille petite fille a offert à ce brave homme une petite pâtisserie. Absolument délicieuse, mais malheureusement, assez indigeste. J’ai bien peur que Narfi n’arrive jamais à Blancherive. »

Les mots frappèrent Aventus comme un coup de poing. « Non… » souffla-t-il. Il sentit ses jambes vaciller, et il dut lutter pour ne pas s'effondrer. La mort de Narfi rendait tous ses efforts vains, et une vague de désespoir l'envahit.

Babette l'observa, impassible. « Ne sois pas naïf, Aventus. La Confrérie Noire n'a pas de place pour les faibles et les traîtres. Ton plan était ingénieux, je te l'accorde. La substitution de cadavre, l'incendie de la maison, tout cela était d’une audace presque poétique. Mais jamais, jamais tu ne dois nous trahir de la sorte. »

Sans crier gare, elle leva la main et lui asséna une gifle retentissante. Le coup, d’une force surprenante pour une si petite main, fit vaciller le garçon. « Cela, dit-elle froidement, c'est pour te rappeler que tu trahis non seulement Astrid, mais aussi et surtout la Mère de la Nuit. »

Aventus, une main sur sa joue brûlante, sentit des larmes monter à ses yeux. « La Mère de la Nuit… ? » répéta-t-il d'une voix brisée.

Babette soupira, son regard se radoucissant légèrement. « La Mère de la Nuit n’est pas qu’une image folklorique, mon garçon. Elle est une entité réelle, et elle attend une vie à chaque prière qui lui est adressée. À l’époque, elle parlait directement à l’Oreille Noire, transmettant les suppliques de ceux qui, comme toi, réalisaient le Sacrement Noir. Aujourd'hui, même si nous n'avons plus d'Oreille Noire, elle demeure notre guide et notre protectrice. Et nous lui offrons les vies qui lui sont dues. »

Aventus écouta, absorbant chaque mot. La Confrérie Noire était bien plus que ce qu’il avait imaginé jusqu’ici. Une entité mystique ? Une divinité ? Il avait joué avec des forces bien au-delà de sa compréhension, et il en payait maintenant le prix.

« Je n’aime pas les méthodes d’Astrid, continua Babette, surprenant Aventus par son honnêteté. Elle t’a menti pour te motiver, mais cela ne justifie en rien tes actes. Je te l’ai déjà dit : nous ne jugeons pas, nous exécutons. »

Elle marqua une pause avant de reprendre d’une voix plus douce : « Enfin, je ne dirai rien de cette affaire. Les autres croiront que tu as effectivement accompli ta mission. Mais souviens-toi de ceci : si tu trahis la Mère de la Nuit une fois de plus, personne ne pourra te sauver. »

Aventus hocha lentement la tête, acceptant sa situation avec une résignation amère. Babette, satisfaite de sa réaction, lui fit signe de la suivre d’un mouvement de tête. « Bien. Rentrons au Sanctuaire, maintenant. »

Ils se dirigèrent vers les portes de la ville, leurs pas résonnant sur les pavés de Faillaise. Aventus marchait en silence, un goût de bile emplissant sa bouche. Défait, il n’avait d’autre choix que de suivre la vampire.

Ils atteignirent l'entrée principale de Faillaise, et Babette avisa un chariot en partance pour Épervine. Aventus jeta un dernier regard sur la ville, ses souvenirs et ses regrets s'entremêlant dans son esprit.

Soudain, un rugissement inhumain déchira le ciel, résonnant à travers les montagnes et les vallées environnantes. Le jeune Impérial se figea, le cœur battant à tout rompre. « Qu'est-ce que c'était ? » demanda-t-il, la voix tremblante.

Babette, les yeux fixés sur l'horizon, répondit calmement : « Ça, c'est quelque chose que nous ne voulons pas rencontrer. Allons-nous mettre à l'abri. »


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