Les enfants de Bordeciel
Chapitre 4 - Rivebois
Blancherive se trouvait à presque une journée de marche de Rivebois. Heureusement, Delphine effectuait le voyage aller avec une charrette vide, permettant ainsi à Hunfen de s'épargner plusieurs heures de marche en se laissant transporter. La route descendait la vallée, suivant le cours de la rivière et longeant constamment la forêt de sapins.
Au cours de leur périple, quelques loups s'étaient approchés. Grâce à sa vie nomade passée avec son père, Hunfen avait appris à connaître le comportement de ces animaux : ils étaient en réalité assez craintifs et ne s'attaquaient que rarement à une proie capable de se défendre avec vigueur. Le jeune Nordique avait réussi à les repousser grâce à ses flammes, saisissant ainsi l'opportunité d'entraîner ses compétences, comme il l'avait promis à Ralof et Hadvar. Sa nouvelle dague restait à portée de main, prête à être dégainée, mais les loups n'avaient pas insisté. Delphine s'était également munie d'une épée courte, à la grande surprise de l’enfant qui n'imaginait pas la vieille aubergiste en train de se battre.
À mesure qu'ils avançaient, la forêt laissa place à une vaste plaine où plusieurs fermes avaient été érigées. En cette après-midi ensoleillée, les paysans s'affairaient à récolter le blé tandis que les moulins à vent tournaient déjà. Au loin, une ville fortifiée, entourée de murs de pierre se dressait fièrement sur une colline. Brancherive, leur destination. À l’une de ses extrémités, Fort-Dragon, immense construction de bois, résidence et lieu de pouvoir du Jarl Balgruuf, surplombait la cité.
De l’une des fermes, une agitation inhabituelle attira l'attention de Hunfen. Des cris et des bruits de combat lui parvinrent, attisant sa curiosité. Soudain, il vit dépasser de derrière une grange le bras gris et massif d'un géant brandissant une masse. Une seconde plus tard, un bruit sourd retentit lorsque la masse frappa violemment le sol.
Hunfen sauta du chariot et se précipita vers la scène, intrigué par cette situation singulière. Les géants s'aventuraient rarement près des habitations et étaient généralement pacifiques, du moment qu'on ne s'approchait pas trop de leurs camps ou de leurs mammouths. Trois guerriers luttaient contre l’imposante créature : une archère décochait des flèches avec une précision remarquable, tandis qu'un grand homme en armure lourde maniait une épée à deux mains et qu'une femme combattait avec épée et bouclier.
Hunfen dégaina sa dague et s'élança vers le géant, résolu à prêter main-forte aux guerriers. Arrivé à ses pieds, il se rendit compte de son impuissance : son arme ne pouvait qu'égratigner légèrement le mollet de la créature, et il se retrouva contraint d'esquiver sans cesse pour éviter de se faire écraser. Finalement, il concentra sa magie et déchaîna son sort de flammes à l'aveuglette.
Le géant se plia en deux, hurlant de douleur. D'un coup de pied rageur, il repoussa violemment Hunfen, qui fut projeté à plusieurs mètres en arrière dans un champ de blé.
Tandis qu'il tentait de se redresser, Hunfen remarqua que les trois guerriers avaient profité de la situation pour prendre l'avantage. Peu de temps après, ils réussirent à terrasser le monstre.
Le jeune nordique se releva péniblement, le souffle difficile. Son dos le faisait souffrir, tout comme sa poitrine, son ventre, ses jambes et sa tête. Il s'épousseta et constata avec surprise qu'il n'avait rien de cassé. Il récupéra sa dague tombée au sol à proximité et se dirigea vers les guerriers.
L'homme en armure lourde, un Nordique brun à la carrure imposante, éclata d'un rire retentissant. « Haha, bien joué, petit loup ! Cette histoire sera racontée lors des banquets, et on t'appellera "Brûleur de Joyaux" ! » s'exclama-t-il joyeusement.
Les deux femmes, cependant, ne partageaient pas l'hilarité de leur compagnon. « Ne l'écoute pas ! répliqua sèchement l'archère, une femme nordique rousse dont le visage arborait des peintures de guerre. Farkas n'est pas réputé pour sa finesse d'esprit, et ton courage mérite un surnom plus digne ! "Flambeau Intrépide", voilà comment on te nommera ! »
Hunfen ne saisissait pas l'humour de Farkas, mais se sentit rougir sous les compliments. Derrière les trois guerriers, il aperçut Delphine qui accourait vers lui, furieuse de son imprudence.
« Hunfen, mais qu'est-ce qui t'a pris de te jeter ainsi dans la gueule du loup ? s'exclama-t-elle. Tu aurais pu être tué ! »
Les trois guerriers la saluèrent et la rassurèrent quant à l'état du jeune garçon. Puis, la femme au bouclier, une Impériale plutôt trapue, se présenta :
« Nous sommes membres des Compagnons, un groupe de guerriers basé à Blancherive. Je m'appelle Ria, voici Aela et Farkas. » L'archère enchaîna, s'adressant à Hunfen : « Si tu étais un peu plus âgé, je te dirais de nous rejoindre ! Mais il te faudra encore quelques années ! »
Hunfen, soulagé de voir qu'ils ne lui en voulaient pas pour son intervention, se présenta à son tour et leur expliqua le but de sa venue à Blancherive. Farkas, toujours amusé, proposa : « Nous retournons à Jorrvaskr, notre siège. Il est au cœur de la ville, nous pouvons accompagner ce jeune Flambeau Intrépide auprès du Jarl. »
Ria et Alea approuvèrent, et Delphine acquiesça également, finalement rassurée par la présence des guerriers expérimentés.
oOo
Hunfen, Delphine et les Compagnons arrivèrent à Blancherive à la tombée du jour. Les portes de la ville étaient surveillées par deux hommes en armes. L’un des gardes arrêta le groupe, l’air nerveux : « Halte ! La ville est en état d'urgence, un dragon a été aperçu dans les montagnes au sud !
— Ce garçon vient justement de Rivebois, indiqua Aela. Il a un message pour le Jarl à ce sujet.
— Alors Rivebois est en danger, n’est-ce pas ? répondir le garde dont la nervosité ne faiblissait pas. Hâtez-vous, le Jarl Balgruuf voudra être informé au plus vite ! »
Entrés dans la ville, Delphine prit congé du reste du groupe : « C’est ici que nous nous séparons, Hunfen. annonça-t-elle à l’enfant. Tu es désormais entre de bonnes mains, et j’ai à faire. Bonne chance avec le Jarl ! »
Le jeune nordique l’observa un instant s’éloigner. Décidément, cette femme n’était pas très chaleureuse. Sentant une tape sur son épaule, il sortit de sa rêverie et tourna la tête et aperçut Farkas qui, souriant, l’invita à se remettre en marche.
Malgré l'heure tardive, la ville était encore animée. Les passants déambulaient dans les rues bordées de maisons en bois et en pierre, aux toits recouverts tantôt de chaume, tantôt de bardeaux de bois. Hunfen, qui avait rarement eu l'occasion de visiter les capitales des neuf châtelleries de Bordeciel, était émerveillé par tout ce qu'il pouvait voir en un seul lieu. Ils passèrent devant une forge, rappelant à l'enfant sa dague, ébréchée lors du combat contre le géant. Il demanda : « Est-ce que je pourrais faire réparer ma dague ici ?
— Nous nous en occuperons à Jorrvaskr, ne t’inquiètes pas ! répondit Farkas. C'est là-bas que se trouvent la meilleure forge et le meilleur forgeron de tout Bordeciel ! »
Leur itinéraire les conduisit à traverser entièrement la ville, montant constamment à travers les trois grands quartiers. Sur le chemin, Hunfen remarqua plusieurs enfants de son âge : ici, un garçon Nordique richement vêtu se faisait bousculer par une fille Rougegarde au caractère bien trempé. Là, la fille d'une maraîchère aidait sa mère à son étal de légumes. Plus loin, une autre fille, assise sur un banc, mendiait quelques septims aux passants. L'envie prit Hunfen d'aller à leur rencontre, mais il avait une mission à accomplir.
Au bout d'une dizaine de minutes, ils arrivèrent sur une grande place au milieu de laquelle se dressait un arbre immense. Hélas, l'arbre, dont la canopée aurait dû en cette saison abriter les environs du soleil, semblait dépérir, et plus aucune feuille ne le recouvrait. Autour, Hunfen pouvait apercevoir le temple de Kynareth, dont les disciples, en ces temps troublés, s'occupaient principalement des blessés de guerre. Une grande bâtisse de pierre au toit peu commun en coque de navire lui faisait face : Jorrvaskr, siège des Compagnons et, ainsi que lui apprit Aela, le plus ancien bâtiment de la ville.
À côté, une statue colossale représentant Tiber Septim, fondateur de l'Empire à la fin de la Deuxième Ère, que la légende avait ensuite élevé au rang de Divin sous le nom de Talos, se dressait fièrement. Au pied du monument était érigé un petit autel devant lequel un prêtre prêchait à l'attention des passants. Aela émit un rire nerveux et commenta : « Sacré Heimskr ! Il n’a vraiment pas froid aux yeux de continuer à prêcher comme ça en plein jour !
— C’est vrai, répondit Ria. Il va vraiment finir par s’attirer des ennuis avec le Thalmor. Et je n’aimerais pas me frotter avec ces satanés elfes ! »
Intrigué, Hunfen demanda : « Pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils ont contre lui ?
— Le culte de Talos est interdit depuis la fin de la Grande Guerre. Les Thalmor arrêtent tous ceux qui bravent cette interdiction. Depuis, Heimskr met un point d’honneur à prêcher la parole de Talos à la vue de tous. C'est courageux, mais très dangereux pour lui. »
Leurs chemins se séparaient ici pour le moment, Aela et Hunfen continuant vers Fort-Dragon, tandis que les autres Compagnons retournaient à Jorrvaskr. Le jeune Nordique hésita un instant puis confia, non sans réticence, sa dague à Farkas pour qu'il la remette à leur forgeron.
Aela, voyant l'anxiété de Hunfen, le rassura. « Ne t'inquiète pas, Eorlund saura prendre soin de ta dague. Maintenant, écoute-moi bien : quand tu parleras au Jarl, parle distinctement, tiens-toi droit et regarde-le dans les yeux. Le Jarl Balgruuf n'aime pas les courbettes inutiles, alors va droit au but et expose clairement les faits. Montre-toi confiant et digne de confiance. »
L’enfant acquiesça, remerciant Aela pour ses conseils, avant de la suivre sur l’escalier monumental qui menait à Fort-Dragon.
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Hunfen marqua un temps d’arrêt devant l’entrée de Fort-Dragon, impressionné par la taille et la beauté de l'édifice de bois qui dominait la ville comme un géant gardien. L'architecture nordique, avec ses toits inclinés et ses poutres en bois sculptées, lui donnait un aspect majestueux et puissant.
Montant les dernières marches avec appréhension, il pénétra dans l'enceinte du palais. À l'intérieur, il découvrit une grande cour pavée, entourée de murs en pierre ornés de bannières aux couleurs de Blancherive. Des gardes patrouillaient dans la cour, leurs armures luisantes et leurs épées à la ceinture, tandis que des serviteurs s'affairaient à diverses tâches. Devant le palais, un grand bassin avait été creusé, traversé par un pont de bois qui menait à la porte principale.
Hunfen avança lentement, captivé par la vie qui grouillait dans cette forteresse. En levant les yeux, il vit des balcons en bois qui surplombaient la cour, permettant sans doute au Jarl et à sa famille d'observer ce qui se passait en contrebas.
En franchissant la porte, Hunfen se retrouva dans un hall imposant qui lui coupa le souffle. Deux longues tables de bois massif, destinées aux banquets et aux réunions, étaient disposées de part et d'autre d'un immense âtre au sol. Les flammes dansaient et réchauffaient l'atmosphère, créant un espace accueillant malgré la taille de la pièce. De grandes colonnes soutenaient le plafond, et des tapisseries aux motifs complexes décoraient les murs ornés de fresques racontant l'histoire des Nordiques et des batailles épiques. Le trône du Jarl se trouvait au fond du hall, sur une estrade surélevée, entouré de gardes et de conseillers. Une discussion animée s’y tenait.
Alors que Hunfen et Aela avançaient dans le hall, une femme à l'allure imposante et autoritaire s'approcha d'eux. L’enfant remarqua immédiatement sa peau d'une teinte sombre, presque cendrée, typique des Dunmer, les elfes noirs de Morrowind. Ses yeux rouges perçants étaient intenses et semblaient scruter leur âme. Ses cheveux châtains étaient rejetés en arrière, libres et indomptés, encadrant un visage aux pommettes hautes et à la peau légèrement bleutée,. Elle portait une armure de cuir robuste, avec des brassards et des jambières assortis, qui soulignaient sa silhouette athlétique et agile. À sa hanche pendait une épée d'acier, qu'elle avait laissée dans son fourreau pour le moment. Il était évident qu'elle était une guerrière expérimentée et qu'elle ne devait pas être prise à la légère.
« Halte ! Qui êtes-vous et que voulez-vous ? Le Jarl ne reçoit aucun visiteur. », dit-elle fermement, les bras croisés sur sa poitrine.
Aela répliqua avec assurance, ne se laissant aucunement intimider par l'attitude de la Dunmer. « Je suis Aela, des Compagnons, huscarl Irileth. Quant à ce jeune homme, il est porteur d'un message crucial pour le Jarl. » En prononçant ces mots, elle fit un léger mouvement du bras pour mettre en avant Hunfen, l'encourageant ainsi à prendre la parole.
Hunfen prit une profonde inspiration et tenta de se remémorer les conseils d'Aela. Cependant, se tenant devant Irileth et sous les yeux du Jarl, l'impressionnante atmosphère du lieu le déstabilisa. Malgré sa nervosité, il se lança, essayant de rassembler ses pensées et de parler avec assurance.
Il prit une profonde inspiration et commença à parler précipitamment. « Gerdur et Alvor m'envoient... Rivebois est en danger... Il y a un dragon ... Le dragon a détruit Helgen... » Les mots s'échappaient de sa bouche dans le désordre, trahissant son anxiété.
Irileth laissa transparaître un sourire amusé face à l'empressement et la nervosité du jeune garçon. « Tu as des informations concernant Helgen ? Le Jarl voudra s'entretenir avec toi en personne. Approche. » dit-elle en invitant Hunfen à avancer vers le trône.
Aela posa une main rassurante sur l'épaule d'Hunfen et lui lança un regard encourageant, lui insufflant l'assurance nécessaire pour affronter le Jarl. Le jeune Nordique, reprenant confiance en lui, se dirigea vers le Jarl pour lui livrer son message avec davantage de détermination.
L’enfant observa le Jarl Balgruuf avec un mélange de respect et d'appréhension. L'homme qui trônait devant lui était imposant, assis sur son siège richement décoré. Ses vêtements, nobles et élégants, étaient richement brodés avec des motifs complexes qui témoignaient du savoir-faire des artisans de Blancherive. Ils laissaient ses bras nus, révélant des muscles saillants, montrant que, malgré sa position, l'art du combat lui restait familier. Avant que Hunfen n'ait pu dire un mot, Balgruuf demanda :
« Jeune homme, tu sembles bien agité. Que se passe-t-il à Rivebois ? Parle sans crainte. »
Hunfen tenta de maîtriser les battements tumultueux de son cœur, rassemblant le courage dont il avait besoin pour parler au Jarl. D'une voix claire, bien qu'encore un peu tremblante, il répondit :
« Un dragon a détruit Helgen. Gerdur et Alvor m'ont envoyé chercher de l'aide, ils ont peur qu'il ne s'en prenne à Rivebois. »
Le Jarl fronça les sourcils, un mélange de doute et de curiosité traversant son visage. « Le forgeron et la propriétaire de la scierie, n'est-ce pas ? Ils ne sont pas du genre à raconter des histoires. Mais êtes-vous sûr que ce n'est pas un raid des Sombrages qui aurait mal tourné ? »
Hunfen sentit un élan de frustration monter en lui. Il savait ce qu'il avait vu. « J'ai vu le dragon ! » répondit-il, plus précipitamment qu'il ne le voulait. « J'étais à Helgen quand il a attaqué ! Puis il est allé vers Rivebois, mais il ne s'est pas arrêté. »
Le visage du Jarl trahit un instant une vive inquiétude. Hunfen sentit un frisson d'espoir naître en lui. Peut-être que le Jarl prendrait au sérieux ses paroles.
« Par Ysmir, Irileth avait raison ! » s'exclama le Jarl. Il se tourna vers son chambellan, un Impérial au crâne dégarni. « Proventus, vous faites toujours autant confiance en nos murs ? Contre un dragon ?
— Nous devons envoyer un détachement de gardes à Rivebois sur-le-champ ! » martela Irineth. Si ce dragon rôde dans les montagnes…
— Le jarl d'Épervine prendra cela comme une provocation ! » coupa Proventus. « Il pensera que nous avons rejoint les Sombrages et que nous…
— Ça suffit ! » tonna Balgruuf, réduisant tout le monde au silence. Hunfen sursauta, les yeux écarquillés en direction du Jarl, surpris par sa soudaine autorité. « Je ne vais pas rester les bras croisés alors qu'un dragon brûle mes villes et massacre mon peuple ! Irileth, envoyez immédiatement un détachement à Rivebois. Si Siddgeir a une once de bon-sens, les gardes d'Épervine sont déjà en train de patrouiller la zone ! »
Irileth inclina la tête en signe d'acquiescement et sortit précipitamment de la salle pour exécuter les ordres du Jarl. Hunfen sentit un soulagement l’envahir, quelque peu rassuré à l’idée de savoir Rivebois un tant soit peu protégée en cas d’attaque.
Balgruuf se tourna de nouveau vers l'enfant, son regard s’adoucissant tandis qu’il semblait se préoccuper sincèrement de son sort. « Tu as rendu à Blancherive un grand service, jeune homme. Habitais-tu à Helgen ? Quel est ton nom, pour commencer ? »
Hunfen, ayant retrouvé un peu de calme, se lança dans le récit de ses aventures. « Je m'appelle Hunfen, fils d'Olfand de Sombreflot. » Il détailla ensuite les péripéties de la veille : sa capture par les impériaux, l'exécution évitée de justesse, la destruction d'Helgen, la fuite vers Rivebois et finalement sa quête jusqu'à Blancherive.
Balgruuf hocha la tête avec gravité et dit : « Ta bravoure et ton courage sont admirables, Hunfen. Nous allons tout mettre en œuvre pour retrouver ton père et lui dire que tu es en sécurité. Je vais envoyer des messager à Sombreflot et dans les environs de Helgen pour tenter de le localiser. Néanmoins, il te faudra un toit pendant ce temps. »
Hunfen sentit un mélange de gratitude et de soulagement l'envahir, heureux de savoir que son père serait informé de sa situation et qu'il aurait un endroit où se réfugier pour le moment. Aela, qui avait observé la scène en silence, s'avança et prit la parole. « Mon Jarl, ce garçon est bienvenu à Jorrvaskr. Alors que nous affrontions le géant qui s'était attaqué à la ferme Pelagia, il n'a pas hésité à se joindre à la bataille. Il a réussi à distraire le monstre en l'attaquant avec sa dague et son sort de flammes. Sa bravoure nous a donné une ouverture pour porter le coup décisif. C'est grâce à l'intervention de ce jeune guerrier que nous avons pu vaincre le géant. »
Hunfen sentit ses joues s'empourprer sous le regard du Jarl et des Compagnons. Il avait agi sans réfléchir, poussé par son désir d'aider et de protéger les autres. Il n'avait jamais pensé que son action serait reconnue de cette manière. Balgruuf marqua un temps d'arrêt et laissa échapper un rire teinté de désapprobation. « Fuir un dragon pour aller au-devant d'un géant ? Tu es bien téméraire, jeune Hunfen ! Mais la ligne est fine entre le courage et l'inconscience. Si les Compagnons sont prêts à t'accueillir pour quelques jours, je n'y vois pas d'inconvénient, mais ne quitte pas l'enceinte de la ville. »
Hunfen acquiesça d’un hochement de tête. Cependant, une légère déception s'insinua dans son cœur, alors qu'il ressentait un peu d'amertume face à la remarque du Jarl, qui semblait minimiser son exploit. Il se promit intérieurement d'apprendre de cette expérience et de devenir plus fort pour protéger ceux qui l'entouraient, et peut-être ainsi gagner le respect de tous.
Après avoir échangé quelques mots de remerciement avec le Jarl, Hunfen et Aela prirent congé et se dirigèrent ensemble vers Jorrvaskr pour la nuit.