Les enfants de Bordeciel
Chapitre 5 : Avant la tempête
Assis sur un banc de la place du Vermidor, Hunfen sortit sa dague de son fourreau pour l’inspecter. Cela faisait désormais quelques jours que l’enfant était à l’abri à Blancherive, si bien que l’arme n’avait guère eu l’occasion de resservir. Ainsi, cette inspection constituait surtout une excuse pour admirer l’ouvrage. Directement après sa première visite à Fort Dragon, il était allé trouver Eorlund Grisetoison, à qui la réparation de l’objet avait été confié plus tôt.
Hunfen se rappelait avec émotion sa première rencontre avec le forgeron et son outil de travail. La Forgeciel était une véritable splendeur, dotée d'un large foyer où les flammes virevoltaient et d'un soufflet qui semblait animer le métal, lui insufflant la vie. L'atmosphère autour de la forge était chaude et vibrante, parsemée d'étincelles jaillissant à chaque impact du marteau de l’artisan. Eorlund avait dû refondre entièrement la lame, mais il avait pris soin de préserver l'œuvre originale d'Alvor. Hunfen avait admiré le vieil homme manœuvrer avec une habileté remarquable, frappant avec force et justesse la lame incandescente dans la Forgeciel, lui redonnant progressivement sa forme initiale. Une fois la restauration achevée, incluant la trempe et le polissage, le forgeron avait présenté l'arme réparée à Hunfen, qui l'avait accueillie avec gratitude et émerveillement. L’enfant avait le sentiment d’avoir tenu sa promesse faite à Alvor de prendre soin de son arme, bien qu’il se reprochât de l’avoir endommagée en premier lieu, fût-ce au cours d’une bataille épique.
Puis, Hunfen avait passé les portes de Jorrvaskr. chaleureusement accueilli par les Compagnons dans leur grande salle. L'atmosphère y était conviviale et animée, avec des rires et des discussions qui résonnaient dans la pièce.
Au cours du dîner, Farkas s'était levé pour narrer leur rencontre avec le géant et l'intervention audacieuse d'Hunfen. Adoptant un ton théâtral et grandiloquent, le guerrier avait décrit comment le jeune garçon avait bravé le danger pour aider les Compagnons. « Mes amis, laissez-moi vous conter l'épopée d'un jeune héros qui a affronté un géant enragé ! » avait-il commencé, captivant l'attention de tous les guerriers présents dans la salle.
Il avait poursuivi en détaillant l'assaut de la créature et les prouesses des Compagnons pour la combattre. Parvenu au moment décisif de l'intervention d'Hunfen, Farkas n'avait pu s'empêcher d'afficher un sourire malicieux. « Et c'est alors que notre Flambeau Intrépide est intervenu ! Le jeune Hunfen, sans peur et déterminé, lança un puissant sort de flammes... qui frappa le géant en pleine virilité ! »
L’intégralité des hommes présents avaient instinctivement esquissé une expression de douleur avant d'éclater d’un rire tonitruant. Hunfen, comprenant enfin l'objet de l'amusement de Farkas après le combat, avait senti ses joues s'empourprer davantage, puis une envie irrépressible de se cacher sous la table alors que le guerrier avait ajouté, hilare : « Jamais guerrier ne vit créature autant souffrir d'une brûlure aussi bien placée ! » Aela était alors intervenue, lançant un regard réprobateur à son collègue. « N'en fais pas trop, Farkas. L'important, c'est que Hunfen ait agi avec courage et nous ait aidés à vaincre le géant. C'est pour cela qu'il mérite le surnom de Flambeau Intrépide, et non pour l'endroit où il a touché le géant ! »
Les rires s'étaient apaisés et les Compagnons avaient acquiescé, reconnaissant le mérite du jeune garçon et le félicitant pour son courage. Malgré sa gêne, il s'était senti fier d'être ainsi accepté par ces guerriers valeureux et d'avoir pu les soutenir dans leur combat.
Sortant de sa rêverie, l’enfant rangea la dague dans son fourreau et se dirigea vers Fort-Dragon pour y rencontrer Farengar, le mage de la cour. Ce dernier, effectuant des recherches sur les dragons, avait insisté pour qu’il lui livre tous les détails dont il se souvenait à propos du dragon d’Helgen.
Sur la grande place du Vermidor, Hunfen remarqua Lars Guerrier-Né, le jeune Nordique aux cheveux roux et richement vêtu qu'il avait déjà croisé lors de son arrivée à Blancherive. Braith, la fillette rougegarde au tempérament fougueux, était une fois de plus occupée à le tourmenter. Au cours des quelques jours passés à Blancherive, Hunfen avait finalement eu l'opportunité de discuter avec plusieurs enfants de la cité, dont ces deux là. Il avait ainsi découvert que Lars était issu d'une des plus anciennes, prestigieuses et fortunées familles de la cité : les Guerrier-Nés. Cependant, ce noble héritage pesait lourdement sur les épaules du jeune garçon, son père Idolaf nourrissant de grandes attentes à son égard. Quant à Braith, elle était la fille d'un couple d'ex-soldats de l’empire, tous deux rougegardes, qui la couvaient d'une protection excessive.
Intrigué, Hunfen s'approcha, afin de mieux comprendre la situation. Une fois encore, Braith incitait Lars à se battre, multipliant les provocations tant physiques que verbales, tandis que le garçon tentait vainement d'éviter la confrontation. Hunfen, prenant la défense de Lars, interpella Braith : « Arrête de l’embêter ! Tu vois bien qu'il ne veut pas se battre ! »
Lars, soulagé, remercia Hunfen du regard. Néanmoins, ce dernier lui demanda, curieux : « Pourquoi tu ne te défends jamais, Lars ? » Embarrassé, le garçon répondit d’une voix timide : « Je n’aime vraiment pas me battre. Et puis, reprit-il avec plus de conviction, il n’est pas honorable de frapper une fille ! »
Braith leva les yeux au ciel et répliqua avec sarcasme : « Oh, vraiment ? Alors ça veut dire que je peux faire aux garçons tout ce que je veux, vous n’allez rien me faire ? » Elle recommença alors ses provocations, prenant cette fois également Hunfen pour cible, les bousculant et tirant sur leurs vêtements.
Hunfen, agacé, de dégagea et rétorqua avec colère : « Fille ou pas, j’en ai rien à faire ! » Et, sans hésitation, il asséna un coup à Braith. Celle-ci, surprise, marqua un temps d’arrêt, le regardant avec une stupéfaction qui se mua aussitôt en fureur. Elle se jeta sur lui, déterminée à se venger. Bientôt, les coups de poing pleuvaient des deux cotés, les deux enfants se battant avec véhémence sous les yeux horrifiés de Lars, totalement dépassé par la situation.
Pris de panique, le jeune Guerrier-Né tenta vainement de les séparer en criant : « Arrêtez ! Vous allez vous blesser ! », leur tournant autour, ne sachant pas comment intervenir. Mais Hunfen et Braith, trop pris dans leur affrontement, ne prêtaient même plus attention à lui.
Au bout de quelques minutes, Hunfen sentit une main ferme le saisir et l’écarter. « Arrêtez, tous les deux ! » s'écria une voix. C'était Lucia, la jeune Impériale qu’il avait vue mendier lors de son arrivée. À chacune de leur rencontre, il avait été marqué par sa douceur et sa gentillesse, et cette fois-ci, le contraste avec l'attitude agressive de Braith était encore plus frappant. Toute velléité belliqueuse le quitta instantanément alors que Lucia continuait d’une voix empreinte de reproche : « Regardez dans quel état vous vous êtes mis ! »
Jetant un regard à Braith, Hunfen s’aperçut qu’elle était également retenue par Lars. Cependant, ce dernier relâcha rapidement son emprise après un regard menaçant de la part de la jeune Rougegarde. À contrecœur, les deux adversaires s’assirent sur un banc et Lucia posa ses mains sur leurs fronts, activant une magie de guérison qu’elle appliqua avec douceur.
Hunfen, le souffle court, mais sentant déjà ses contusions et ecchymoses se résorber sous l’effet du sort de soin, déclara : « C’est moi qui ai gagné ! », ce à quoi Braith protesta immédiatement : « N'importe quoi ! J'étais en train de te mettre la pâtée ! »
Alors que les deux enfants continuaient de se disputer sur l'issue de leur bagarre, Danica Pure-Souche, la prêtresse de Kynareth, s'approcha d'eux, l'air mécontent. « Vous devriez avoir honte de vous bagarrer ainsi en plein centre de Blancherive ! » les réprimanda-t-elle. Hunfen et Braith se contentèrent de hausser les épaules, esquissant un sourire malicieux.
Cependant, alors que Danica s'apprêtait à poursuivre ses reproches, elle remarqua Lucia en train de soigner les deux enfants. Intriguée, elle s'avança et observa quelques instants la jeune fille à l'œuvre. « Tu es la petite fille orpheline que je vois mendier de temps en temps dans la rue, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle à Lucia, qui acquiesça timidement.
Danica plissa les yeux, examinant attentivement les compétences de la jeune fille en matière de guérison. « Tu te débrouilles bien ! Qui t’a enseigné la magie de guérison ?
— Ma mère m'a appris, répondit Lucia en baissant les yeux, légèrement gênée par la question. Enfin, je l'ai beaucoup vue faire quand j'étais petite. Elle soignait souvent les blessures de mon père et les animaux de la ferme. J'ai essayé de faire comme elle. »
Hunfen ne ressentait désormais plus aucune douleur. Lucia retira la main de son front et fit un pas en arrière, chancelant légèrement. La prêtresse de Kynareth la retint par les épaules, afin qu’elle ne trébuche pas, puis elle la fit s’asseoir sur le banc et dit d’une voix douce : « Tu t’épuises vite, mais tu sais, c’est surprenant que tu réussisse ce sort sans l’avoir longuement étudié ! »
Elle marqua une pause, réfléchissant à la situation, et poursuivit : « Écoute, tu ne voudrais pas venir au temple de Kynareth ? Nous manquons cruellement d'aide en ce moment. De nombreux blessés arrivent chaque jour et nous avons du mal à suivre. Si tu le souhaites, je pourrais t'enseigner davantage sur la magie de guérison et tu pourrais nous aider au temple. Cela te permettrait d'avoir un toit sur la tête et de mettre à profit tes capacités. Qu'en dis-tu ? »
Lucia regarda Danica, les yeux brillants d'espoir. Elle jeta un coup d'œil à Hunfen et Braith, qui la regardaient avec encouragement. Elle se releva d’un bond et s’exclama : « Oui, j'aimerais beaucoup ça. Merci ! »
Danica sourit chaleureusement et posa sa main sur l'épaule de Lucia. « Viens avec moi, alors. Nous avons beaucoup de travail qui nous attend. » Elle jeta un regard amusé à Hunfen et Braith, qui avaient cessé de se chamailler et observaient désormais Lucia avec intérêt. « Quant à vous deux, évitez de bous remettre dans cet état à l'avenir, d'accord ? Le temple de Kynareth a déjà assez de blessés à soigner sans que vous y ajoutiez des bagarres d'enfants ! »
Hunfen ressentit une pointe de mélancolie en comprenant que Lucia serait désormais moins présente pour partager des moments de jeu avec eux. Toutefois, il était heureux pour la jeune fille : elle bénéficierait d'un lit, de repas assurés et n'aurait plus besoin de mendier. Il jeta un dernier regard en direction du temple, puis reprit son chemin.
oOo
Hunfen gravit à nouveau l’escalier menant à Fort-Dragon en courant. Il ne voulait pas faire plus attendre Farengar, dont les recherches sur les dragons avaient pris une urgence vitale ces derniers jours. Il sentit une certaine nervosité monter en lui alors qu'il entrait dans le fort, s’efforçant se faire remonter les souvenirs qu’il avait de la bête avec le plus de précision possible. Une fois à l'intérieur du palais, il suivit les indications données par les gardes pour trouver la salle d’étude du mage.
Arrivé à proximité de la pièce, Hunfen entendit deux voix en pleine discussion. La conversation semblait porter sur les dragons. Il s'arrêta un instant, hésitant à entrer, puis décida de rester à l'extérieur pour écouter.
Un homme parlait d’une voix calme et posée, comme l’étaient celles des érudits. Il s’agissait probablement de Farengar lui-même. « Voyez, la terminologie de ce texte correspond à la Première Ère, peut être même à l’Ère Méréthique. Je suis convaincu qu’il s’agit là d’une copie d’un document bien plus ancien, datant peut-être de la fin de la Guerre Draconique. Je pourrais dans doute utiliser ce codex pour établir une correspondance des noms avec d’autres textes plus récents.
— Bien. Ravie de voir que vous progressez. Le temps joue contre nous, Farengar. Ce n’est plus une question théorique : les dragons sont de retour ! » répondit une voix féminine, plus ferme et déterminée. Elle parlait néanmoins d’un ton discret, presque comme si elle craignait d’être écoutée.
Hunfen s’approcha silencieusement pour observer les deux interlocuteurs. Farengar était un Nordique d'âge moyen, au visage osseux orné d’une barbe grisonnante soigneusement taillée. Ses yeux perçants et scrutateurs, d'un bleu profond, semblaient constamment analyser tout ce qui les entourait. Son nez aquilin et ses lèvres minces lui conféraient une expression austère et sérieuse. Il portait des robes de mage d'un bleu sombre presque noir, ornées de motifs argentés complexes qui scintillaient légèrement à la lumière. Il prit un temps de réflexion, avant de répondre à son tour :
« Il est impératif que nous accumulions le plus d'informations possibles sur ces créatures draconiques. Leurs caractéristiques physiques et leur comportement pourraient nous permettre de mieux les comprendre et, éventuellement, de trouver une stratégie pour les combattre.
— On a pas besoin de tergiverser, on sait déjà qu'ils crachent du feu et détruisent tout sur leur passage. Ce qu'il nous faut, c'est une solution pour les arrêter ! »
La femme qui répondait à Farengar était vêtue d’une armure de cuir et portait une capuche qui masquait la majeure partie de son visage. Elle semblait néanmoins relativement âgée, d’après le peu que Hunfen pouvait en voir.
« Je suis d'accord, convint Farengar. Mais il est crucial d'analyser toutes les données pertinentes pour pouvoir élaborer une tactique efficace… »
La femme tourna soudainement la tête en direction de l’entrée de la pièce, droit dans la direction de Hunfen. « Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? Entre donc. »
Hunfen, surpris d'être découvert, avança timidement. « Je... Je suis désolé, je ne voulais pas écouter, mais j'ai entendu parler de dragons et... J'en ai vu un à Helgen. »
Un éclair de compréhension passa sur le visage de Farengar : « Ah oui, tu es le jeune garçon qui a assisté à l'attaque d'Helgen, n’est-ce pas ? Pourrais-tu nous décrire les détails physiques de cette créature draconique ? Ses écailles, ses cornes, sa taille, son cri ? »
Hunfen réfléchit un instant puis répondit : « Eh bien, il était énorme, avec des écailles noires et des yeux rouges. Il avait des cornes sur la tête et des ailes immenses. Il crachait du feu et faisait trembler le sol quand il se posait ! »
Farengar hocha la tête, prenant des notes sur un parchemin. « Fascinant... La pigmentation des écailles et ces yeux particuliers pourraient indiquer une espèce distincte de dragon. Qu’en était-il de son cri ? Parlait-il, peut être ? »
Encore une fois, l’enfant se plongea dans ses souvenirs. « Oui, il y avait des sortes de mots, je crois. Mais c’était une langue que je ne comprenais pas. C'était effrayant, mais... puissant, c’est comme s’il faisait apparaître des choses en les disant ! »
Farengar, intrigué, s'exclama : « Incroyable ! Cela correspond à ce que disent les textes antiques. Ils sont capables de projeter leur volonté dans leur voix. Ils utilisent une forme ancienne de magie appelée Thu'um. »
La femme intervint, de manière directe et sans détour : « Et comment peut-on blesser ces bêtes ? Quelle est leur faiblesse ? »
Hunfen la regarda, distinguant à peine ses traits sous sa capuche, et haussa les sourcils. Elle ressemblait à Delphine, la vieille tenancière de Rivebois ! Avant qu'il puisse faire un commentaire, elle lui lança un regard sévère, l’enjoignant silencieusement à répondre à sa question.
« Euh... je ne sais pas trop, répondit-il finalement. Les soldats ont attaqué avec des flèches, et j’ai vu des elfes qui lui lançaient des boules de feu et des éclairs, mais... je ne sais pas si ça lui a fait quelque chose. En tout cas, il n’avait pas l’air blessé. »
Farengar fronça les sourcils, réfléchissant intensément. « Certains textes parlent de héros qui ont réussi à terrasser des dragons en utilisant leur propre voix pour combattre, permettant ainsi aux Humains d’acquérir le Thu’um. Aujourd’hui encore, les Grises Barbes le pratiquent, mais cela prend toute une vie à maîtriser, par exemple Ulfric Sombrage n’a pu en maîtriser que quelques rudiments après plusieurs années. »
Il souffla de dépit, avant d’ajouter : « Quoi qu’il en soit, ces récits sont rares, et leur ton épique ne permet pas vraiment de distinguer le réel des artifices pour enjoliver les histoires. Il est probable que nous devions chercher une autre manière de les affronter. »
La femme hocha la tête. « Nous devons en apprendre davantage sur ces créatures, comprendre leurs forces et leurs faiblesses. Ce n'est qu'alors que nous pourrons espérer les combattre efficacement. »
Soudain, Irileth fit irruption dans la pièce, le souffle court. « Farengar ! Farengar, venez vite ! Un dragon a été aperçu près de la tour de guet ouest ! »
Le mage se leva d'un bond, l’enthousiasme se lisant sur son visage. « Un dragon ! Comme c'est excitant ! Où a-t-il été vu ? Que faisait-il ? »
Irileth fronça les sourcils, l'air grave. « Si j'étais vous, je prendrais cela un peu plus au sérieux. Si un dragon décide d'attaquer Blancherive, je ne sais pas si nous pourrons l'arrêter. Allons-y. »
Tous deux se précipitèrent hors de la pièce pour rejoindre le Jarl, oubliant sur place les deux invités qui les observaient en silence. Ne voulant pas manquer une occasion d'en savoir plus sur les dragons et les plans pour les combattre, Hunfen décida de suivre discrètement le groupe.
Arrivés dans la salle de commandement, ils trouvèrent le Jarl Balgruuf face un garde de Blancherive essoufflé qui tentait tant bien que mal de rester au garde-à-vous.
« Alors, Irileth me dit que vous venez de la tour de guet ouest ?
— Oui, mon seigneur. » répondit le garde, tentant toujours de reprendre son souffle.
Irileth s’impatienta, et le relança : « Dites-lui ce que vous m’avez dit, à propos du dragon !
— Euh... c'est vrai. Nous l'avons vu venir du sud. Il était rapide... plus rapide que tout ce que j'ai jamais vu ! »
Le Jarl marqua à son tour des signes d’impatience. « Que faisait-il ? Attaquait-il la tour de guet ?
— Non, mon seigneur. Il tournait simplement en rond au-dessus de la tour quand je suis parti. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie... Je pensais qu'il me poursuivrait, c'est sûr ! »
Balgruuf se radoucit et répondit plus chaleureusement : « Bon travail, soldat. Nous nous occupons de la suite. Descendez à la caserne pour manger et vous reposer. Vous l’avez mérité. Irileth, rassemblez quelques gardes et rendez vous sur place.
— J'ai déjà donné l'ordre à mes hommes de se rassembler près de la grande porte.
— Bien. Ne me décevez pas. »
Farengar fit un pas en avant, attirant l’attention du Jarl. « Mon seigneur, je devrais venir aussi. J'aimerais beaucoup voir ce dragon.
— Non, répondit Balgruuf d’une voix ferme. Je ne peux pas me permettre de vous risquer tous les deux. J'ai besoin de vous ici pour travailler sur des moyens de défendre la ville contre ces dragons. »
Si le mage était déçu, il n’en laissa rien paraître et répondit simplement : « Comme vous voulez. »
Balgruuf se tourna vers sa huscarl et poursuivit : « Une dernière chose, Irileth. Ce n'est pas une mission suicide pour la gloire. Je dois savoir à quoi nous avons affaire ! »
— Ne vous inquiétez pas, mon seigneur, répondit Irileth en acquiesçant. Je suis la prudence incarnée. »
Hunfen, toujours caché, écoutait attentivement, son inquiétude grandissant. Le dragon allait-il s’attaquer à Blancherive ? Peut-être, pensa-t-il, qu’il pourrait voir cette fois-ci un détail important pour Farengar ? De plus, il était curieux de revoir l’immense créature noire. Irileth se dirigeait déjà vers la sortie du palais. Il décida de la suivre discrètement à la rencontre du dragon, malgré l'interdiction qui lui avait été faite de quitter l'enceinte de la ville.
Arrivée aux portes de la ville, Irileth prononça un discours d’encouragement aux gardes, exaltant l’honneur d’occire un dragon pour la première fois depuis des millénaires. Cela suffit à dissiper le doute parmi les hommes d’armes, et ils coururent en direction de leur cible. Hunfen se faufila derrière eux, et parvint à franchir les portes de Blancherive sans être repéré. Gardant une distance prudente, il entreprit de suivre la colonne de gardes en direction de la tour de guet, tout en restant à l'affût des moindres signes de danger.