Klothild Hache-Sanglante

Chapitre 2 : Le sarcophage nordique

3590 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/08/2021 14:48

              L’odeur de terre humide et de renfermé fut la première chose que je perçus. La suivante fut la douleur lancinante qui m’éclatait littéralement le crâne. Autour de moi, l’obscurité était telle que je me sentis incapable de dire si j’avais ouvert les yeux ou non. Punaise, ma tête… Que m’était-il encore arrivé ? Ah, oui… j’avais glissé. Pour la énième fois dans ma misérable existence, j’avais eu l’extrême intelligence de partir seule en montagne pour me balader. Et bien évidemment, la glace polie par les vents avait dérapé sous mon pied un peu trop sûr de lui, de préférence au bord d’un gouffre dont le fond n’était pas visible. Oh, par les Neuf, pourquoi avait-il fallu que je fasse l’idiote ?

              Je me relevai tant bien que mal. Un vertige faillit me remettre à terre, mais je tins bon, appuyée contre la paroi glaciale de mon nouvel environnement. Je levai l’autre main. Une lueur pâle en jaillit, puis m’entoura peu à peu. Une agréable chaleur se répandit dans mes membres endoloris, tandis qu’une sensation de légèreté s’emparait de mon crâne malmené. Cela me rassura : si un simple sort de soin basique me permettait d’éliminer la douleur, ma chute n’avait pas dû être bien violente, ni trop longue. J’avais donc une chance non négligeable de retrouver mon chemin. Enfin, sauf si celui-ci était devenu impraticable entretemps. J’ignorais en effet depuis combien de temps j’étais inconsciente…

              Pour en avoir le cœur net, je levai à nouveau la main. Cette fois, une sphère lumineuse apparut et vint flotter au-dessus de ma tête. Mon pâle éclairage se refléta sur des murs de pierre parsemés de multiples plaques de gel. Le sol lui-même, sous mes bottes, était couvert de neige et de givre. Seul le plafond semblait plongé dans l’obscurité. Enfin, s’il y en avait un.

              Un soupir m’échappa. A vue de nez, je n’avais aucune chance de pouvoir remonter ici. Au mieux, j’avais atterri dans un tunnel. Au pire, la nuit était tombée et je devrais attendre le lendemain pour espérer retrouver ma route. Génial. Rien de tel que d’attendre quelques heures seule dans le froid sans même savoir si je reverrai la lumière du soleil un jour… Que rêver de mieux, pour une guerrière nordique ? Je n’avais même pas pensé à prendre d’hydromel !

              Mon accès d’agacement fut toutefois coupé lorsque je remarquai des motifs sur les murs, à moitié masqués par les moisissures et la glace. Intriguée, je m’en approchai. Je reconnus bien vite les ornementations gravées propres aux tertres des anciens nordiques, utilisées pour décorer les caveaux et les cryptes de mes ancêtres. L’excitation me saisit peu à peu. J’avais trouvé un tombeau nordique ! La sépulture probable d’un antique prince, roi ou mage !

              Ni une ni deux, je m’engageai dans le tunnel. Oubliée, ma chute ! Il me fallait découvrir qui avait été enterré ici. Qui avait, jadis, été assez important pour mériter une telle demeure mortuaire. Avec un peu de chance, ce serait un Grise-Barbe… Ou un Haut-Roi… Un Enfant de Dragon ! Ou l’un des Compagnons d’Ysgramor…

              Malgré ma joie, je restai tout de même prudente. Je savais de source sûre (autrement dit, mon expérience) que les tombeaux nordiques abritaient bien souvent quelques gardiens morts-vivants. Des momies appelées draugrs qui se réveillaient pour protéger les ruines des pillards. Et croyez-moi, lorsqu’ils se décident à se réveiller, mieux vaut avoir un parchemin d’aura enflammée sous le coude pour les repousser. Ou une lame bien affûtée. Ou…

              Ou lui faire bouffer votre lourde hache de guerre tout en lui vrillant les oreilles avec un grand cri. C’est cette option que je choisis lorsque le premier draugr que je croisai eut le malheur de se jeter sur moi. La mâchoire céda, il émit un gargouillis pas très net, et les quelques chicots qui lui restaient volèrent en éclats. Sonnée, la créature n’eut pas le temps de réagir. Je lui portai un nouveau coup, cette fois pour le décapiter. Sa colonne vertébrale craqua, je sentis le métal de ma lame frotter contre les os. La tête du mort vola contre le mur le plus proche, puis roula au sol, face contre terre.

              Je découvris alors une nouvelle propriété de la malédiction qui pesait sur eux : même sans tête, les draugrs peuvent combattre. Le sillon sanglant qu’il me traça dans le bras malgré mon armure d’écailles en fut la preuve. Je lâchai un cri assez puissant pour alerter tous les morts du coin de ma présence, puis balançai un coup de pied dans la cage thoracique de mon ennemi. Celui-ci, desséché depuis quelques siècles, fut transpercé par mon coup et tomba à la renverse.

J’en fus satisfaite… jusqu’à ce que mon pied ne décide de se bloquer entre ses côtes et m’entraîne dans sa chute. Je m’effondrai donc avec lui, déséquilibrée par ma propre attaque. Espèce de pied pourri, vil traître venu de l’Oblivion ! Ça ne t’avait donc pas suffi de me faire tomber dans une grotte ?

Bref. Après ce coup de gueule très léger, je me décidai à libérer cet insolent à grands coups de dague. J’avais lâché ma hache, et comme je n’avais pas trop envie de m’amputer toute seule, c’était peut-être mieux ainsi. Le draugr se convulsa sous mes coups, incapable de faire autre chose que se tortiller comme un ver pour échapper à ma lame. Lame bien entendu enchantée, prévue pour brûler la chair et calciner les os. Autrement dit, rien de bien agréable pour un mort.

Enfin, mon pied quitta sa prison de calcium et de bandelettes. Malgré quelques traces blanches laissées sur la peau de ma botte, celle-ci ne présentait aucune altération. Le draugr, lui, gisait sur le dos, le torse labouré de profondes balafres carbonisées. Il ne se relèverait plus.

Je ramassai ma hache, puis repris mon souffle. Je ne doutais pas une seule seconde de la capacité de ma voix à avoir tiré les autres habitants des lieux de leur sommeil. Il me fallait récupérer, et soigner cette foutue plaie avant de continuer. Ou de me faire attaquer, au choix. J’invoquai donc un autre sort, cette fois pour calmer les saignements. Quelques gouttes d’une potion, puis un bandage sommaire fabriqué à partir de lin trouvé sur une table d’embaumement suivirent ensuite pour protéger la plaie et permettre sa cicatrisation. Après cela, je repris ma route.

Je croisai deux autres draugrs dans une salle remplie de cercueils. Ils retournèrent bien vite dans les limbes d’où ils étaient sortis, après quelques coups de hache bien placés. Mes pas me guidèrent le long de différents couloirs, dans des chambres funéraires, face à des conduits éboulés. Toutefois, hormis ces deux morts-vivants, je ne croisai aucune autre âme ni aucun autre corps. Seules quelques momies embaumées traînaient à droite à gauche dans des alcôves prévues pour les recevoir, mais elles ne se relevèrent pas. J’en fus à la fois ravie et déçue. Et en plus, je commençais à avoir faim. Et soif. Soif d’hydromel, du bon hydromel Roncenoir, servi dans une auberge pleine de vie et d’autres nordiques… une auberge où j’aurais pu raconter mes exploits récents, comme face à ce géant, à côté de Blancherive… et me battre. Par les Neuf, comme ma hache me démangeait ! Ces maudits tas de bandelettes ne suffisaient pas à calmer ma soif de combat. J’étais une fille de Bordeciel, une vraie, moi ! Je voulais me battre, par juste me perdre dans les boyaux puants et moisis d’un vieux tertre à moitié effondré…

Je fus tirée de mes pensées assez brutalement, par mon arrivée dans une salle immense. Des dizaines et des dizaines de cercueils s’alignaient contre les murs, pour la plupart ouverts et vides. Quelques squelettes gisaient à l’entrée, sûrement les dépouilles d’anciens pilleurs de tombes ou d’aventuriers trop sûrs d’eux. Je me mis aussitôt en garde. Ma petite lueur flamboyante indiquait aux yeux des vivants ma position, mais faisait aussi savoir aux morts qu’un corps en pleine santé se pointait. J’avais besoin d’elle pour y voir clair, mais j’étais surtout exposée à tous les potentiels dangers, si je la gardais. Cruel dilemme… mourir égorgée dans le noir, ou transpercée à la clarté de mon sort ?

Ma question perdit tout sens lorsque je posai mon pied à l’intérieur de la salle. Oui, encore ce foutu pied aux intentions aussi mauvaises que l’âme d’un prince daedra ! Dès qu’il toucha la pierre, deux lignes de flambeaux s’allumèrent de chaque côté de l’allée. Bonjour la discrétion… Au moins, j’y voyais clair. Mais quand même, si avec ça aucun draugr ne s’éveillait…

Je ne fus donc pas surprise lorsque trois tombes s’ouvrirent avec fracas et libérèrent leurs occupants, qui me chargèrent aussitôt. Je fis de même, et nos armes s’entrechoquèrent. Leur absence de muscles me permit de les repousser tous trois en même temps, ce qui en déstabilisa un. J’en profitai pour faire tournoyer ma hache de guerre. La lame s’enfonça dans le sternum du plus proche, qui s’effondra lorsque je la dégageai. J’esquivai l’épée du second, affreusement affûtée pour un bout de métal coincé dans un tombeau moisi depuis des centaines d’années. Un pas en arrière me plaça hors de portée de son arme, juste assez longtemps pour que je puisse empoigner le manche de la mienne à deux mains. Je bloquai un coup, en rendis un avec tant de force que le draugr en perdit deux dents et un bout de bandelette. Le dernier n’eut pas le temps de s’approcher qu’il reçut mon arme à pleine puissance dans l’estomac. Privé de ses jambes, il lâcha un râle agacé, qui se termina en gargouillis étrange lorsque mon pied s’écrasa sur son crâne.

Le dernier survivant, celui à qui je venais d’éviter un tour chez le dentiste, hésita à repasser à l’attaque. J’en profitai donc pour lui faucher les jambes, puis lui planter ma hache dans le torse lorsqu’il fut à terre. A ma grande joie, ma hache se coinça dans ses vertèbres. Je m’arc-boutai pour la dégager, mais une flèche tirée de nulle part me fit hurler de surprise. Un quatrième cercueil s’était ouvert et un archer draugr s’était levé. Je lâchai une série de jurons qui auraient fait rougir un orc, puis dégainai ma dague. La hache attendrait, j’avais d’autres priorités.

L’archer tira une nouvelle flèche, que j’esquivai d’un bond digne d’une antilope. Le mort-vivant attrapa un autre trait dans son carquois le temps que je m’élance vers lui. Je devais l’atteindre avant qu’il ne puisse viser. J’étais près, bien trop près. Le moindre tir pouvait me transpercer, à cette distance.

Encore une fois, mon pied décida de faire des siennes. Il se posa sur une épée abandonnée. Celle-ci glissa, m’entraîna dans son déplacement imprévisible. Je chutai en avant, pile devant le draugr. Je tentai de me rattraper sur lui, mais entre une nordique en pleine chute et un squelette moisi, la force avait plutôt choisi d’être de mon côté. Il s’effondra en arrière, moi en avant. Je reçus son pied dans le menton, sentis l’odeur immonde de ses orteils à moitié décomposés. J’en fus assez surprise, puisqu’elle me sembla identique à celle des bottes de mes frères d’armes encore vivants. Fait intéressant. A énoncer lors de la prochaine soirée à la taverne. Ce serait un excellent motif de bagarre…

Je fus ramenée à la réalité quand le propriétaire de cette chose puante glissée sous mon nez tenta de se relever. J’empoignai sa jambe et tirai d’un coup sec dessus. Le draugr grogna. J’en profitai pour lui coller un coup de dague au niveau du diaphragme, puis un autre sur le sternum. Trois balafres supplémentaires plus tard, il ne bougeait plus.

Je me redressai, aux aguets. Plus rien ne bougeait dans la pièce, hormis les flammes le long de l’allée. Je rengainai ma dague puis repris la direction de ma hache. Je pris le temps de la dégager avant de reprendre ma visite des lieux.

Les autres cercueils ne semblaient guère décidés à s’ouvrir, pour les rares qui étaient encore fermés. Je fis tournoyer ma hache d’un geste nerveux, puis me décidai à parcourir le chemin bordé de lumière. Celui-ci conduisait à un escalier de pierre usé par le temps, qui donnait lui-même sur une sorte de sarcophage de pierre, une sépulture ornée de mille motifs et joyaux. Un véritable bijou, témoignage du haut rang de son propriétaire.

Je m’en approchai pas à pas. Des runes avaient été gravées sur le haut de la sépulture et couraient sur ses flancs. Un message en une langue inconnue, peut-être de l’akavirois ou du draconique. Des motifs creusaient le reste de la tombe, à moitié effacés par le temps ou masqués par la mousse et les moisissures qui s’y étaient développées.

Je posai une main sur le couvercle du sarcophage. Oh, Talos, retenez-moi la prochaine fois qu’une idée aussi stupide me traverse l’esprit ! La boîte mortuaire trembla et s’ouvrit sous mes yeux stupéfaits. J’eus l’excellente idée de reculer de quelques pas et de me mettre en position de combat, car aussitôt le cercueil ouvert, un… un truc non-mort en sortit. Une chose très vaguement humaine, vêtue d’une sorte de robe cérémonielle rongée par le temps et les mites, dotée d’un masque assez particulier. Ni une ni deux, ma hache vint rencontrer ses côtes avant qu’elle ne puisse me lancer quelque sortilège un peu puissant. Car entendons-nous bien, une créature capable de flotter au-dessus du sol avait toutes les chances d’être magicienne. Ou née de la magie.

L’engeance maléfique poussa un cri à m’en glacer le sang. La décharge électrique qui me traversa le bras me fit savoir que je ne m’étais pas trompée. Je lâchai ma hache avec un hurlement de douleur, puis tombai au sol. Mon ennemi flotta à quelques mètres tandis que je tentais de récupérer mon souffle et mon bras. Il me semblait un peu perdu, guère en possession de ses moyens. Je me forçai donc à me relever pour aller lui casser la figure avant qu’il ne reprenne ses esprits. Enfin, si une telle chose était possible, pour un mort.

Mes tergiversations sur la question s’arrêtèrent lorsqu’une voix décharnée s’échappa du masque pour me parler dans une langue incompréhensible. J’en déduisis que, par chance, celui-là n’était pas qu’un corps sans âme, mais bien un revenant ressuscité par ma présence. Un truc maudit, à tous les coups. Je lâchai un grognement, puis récupérai ma hache pour lui faire face. Non pas que je pensais avoir une chance de m’en sortir vivante, mais si je voulais avoir une place aux côtés d’Ysmir, il me fallait soigner mon CV le plus possible. Et mourir face à un truc magique revenu d’entre les morts, hache à la main, dans un tombeau ancestral, ce devait valoir autant qu’affronter un ours à mains nues, non ?

Je chargeai en poussant un cri guerrier si puissant qu’il me détruisit la voix. L’autre, en face, se contenta de rire. Sérieusement ? Je lui servais ma plus belle charge, celle que je ne réservais qu’à mes ennemis les plus effrayants, et il se moquait de moi ? Ah, ces morts, même plus de respect pour les vivants… Pour la peine, je lui jetai ma hache en pleine figure, à pleine puissance. La lame cogna contre son masque sans le blesser, mais le choc le poussa en arrière, droit sur l’un des flambeaux. Sa cape s’enflamma. Il hurla si fort que mes oreilles en sifflèrent. Je chargeai à nouveau, fis tournoyer ma hache, et la lançai sur lui. Il la reçut en pleine poitrine. Le feu se propagea à sa chair desséchée, ses cris se firent plus aigus, plus puissants. Puis, d’un coup, il s’embrasa comme une torche vivante. Je récupérai ma hache d’un geste vif pour qu’elle ne fonde pas, puis l’observai se consumer. Il n’avait qu’à pas se moquer de moi, non mais.

Une fois son corps réduit en cendres, je m’approchai du masque, la seule chose qui ait survécu à l’incinération. Il avait l’air ancien, un peu décoré de motifs spéciaux. Pour une fois, je fis preuve de prudence et le laissai en place. Je voulais le prendre, mais je comptais m’assurer qu’il ne me transformerait pas en un truc mort-vivant maudit. Je préférais encore fuir un combat.

Derrière le sarcophage, appuyé contre un mur, se trouvait un lourd coffre. Bien que fermé à clé, il ne me résista pas longtemps. Ma hache suffit à venir à bout du verrou. J’ouvris donc le couvercle, intriguée. Quelle ne fut pas ma déception de trouver une vieille épée rouillée, un stylo cabossé et un bouquin aux allures de carnet mal entretenu. Je me mis à grommeler. On m’avait toujours dit qu’un tertre nordique contenait toujours une vraie fortune ! Où étaient les septims sonnants et trébuchants, les joyaux et les métaux précieux ? Une simple épée d’orichalque ou un collier en argent m’auraient suffi ! Mais non, ce vieux tombeau poussiéreux ne contenait que des momies puantes, un masque maudit et quelques vieilles épées rouillées… Un trésor incommensurable, de quoi faire rêver le plus riche des hommes…

J’ouvris toutefois le carnet, poussée par la curiosité. Il se révéla être un journal, à tous les coups rédigés par le stylo oublié à ses côtés. Par chance, j’en compris le contenu sans peine. Il avait été rédigé par un aventurier. Un héros, nommé Thorvald, à la recherche de masques de prêtres-dragons. Et, selon ses dires, l’un d’entre eux se trouvait sous mon nez. Au vu des taches de sang sur les dernières pages, j’en déduisis que ce Thorvald avait été tué. Paix à ton âme, Thorvald. Puisses-tu avoir trouvé le repos en Sovngarde.

Je glissai le bouquin dans ma poche, puis me tournai vers le corps calciné du truc maudit. Un prêtre-dragon… Un vrai, comme dans les légendes… Un frisson me parcourut. Si les écrits de Thorvald s'avéraient véridiques, alors je venais d’accomplir un exploit remarquable. J’avais tué un prêtre-dragon ! Avec ça, je venais de dépasser tous les aventuriers et mercenaires de Bordeciel en termes d’exploits ! Non seulement j’entrerais dans les légendes, mais en plus, j’avais toutes les chances d’accéder à la table d’Ysmir ! Oh, Talos, merci de m’avoir conduite ici !

Heu… une minute, en fait. Talos ? Elle est par où, la sortie ?

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