La vengeance de Clarke.
Il fallut encore quelques instants à Clarke pour reprendre ses esprits. Lexa, pensa t-elle. Elle se releva avec peine, il n’y avait plus de tente, elle avait été remplacée par un cratère. L’horreur était partout. Des soldats courraient en tous sens désorientés, elle aperçut un bras à moitié calciné à quelques pas d’elle. Des corps jonchaient le sol, un soldat agonisait là, transpercé par un morceau de bois, là-bas un autre essayait d’endiguer le flot de sang qui s’échappait de son moignon. Elle se sentait mal, elle avait le ventre serré d’angoisse tandis qu’elle cherchait fébrilement Lexa parmi les débris, redoutant de la trouver agonisante. Elle dégagea un cadavre de femme de sous une planche, de dos, il était méconnaissable, calciné, elle prit une grande inspiration et le retourna. Une vague de soulagement la submergea, ce n’était pas Lexa.
Après de longues minutes, elle la trouva enfin, inconscience, une jambe écrasée par un rondin de bois. Elle avait été projeté à plus de dix mètres de l’endroit où elle se trouvait avant l’explosion. Après un instant d’effroi, ses réflexes de médecin reprirent le dessus, elle s’agenouilla à côté d’elle et lui prit son pouls. Une vague de soulagement la traversa quand elle découvrit que Lexa était toujours en vie.
Elle regarda autour d’elle, la confusion la plus totale régnait dans le camp. Des coups de feux semblaient résonner de plus en plus proche. Elle devait mettre Lexa en sécurité, même si cela impliquait d’abandonner l’armée à son sort. Elle entreprit de dégager la jambe de Lexa, encore sonnée, cet effort lui donna un vertige. Elle parvint enfin à dégager Lexa toujours inconsciente, tous les soldats courraient en tous sens, mais personnes ne prêtait attention à elles, personne n’avait dû réaliser que la Heda avait quitté sa tente.
Clarke était assise à même le sol, caressant le visage de Lexa, elle était partagée, elle savait qu’elle ne devait pas bouger Lexa pour ne pas aggraver une potentielle blessure interne, mais elle n’avait pas le choix, elles étaient sans défense contre des soldats armées de fusils. Clarke n’envisageait pas d’abandonner Lexa ici, elle préférerait mourir avec elle. Elle se décida enfin, l’adrénaline lui donnant des forces, elle réussit tant bien que mal à mettre Lexa sur son épaule et se dirigea vers l’arrière du camp dans l’espoir de se cacher dans la forêt. Ce n’est que quand elle parvint à l’orée du camp qu’elle se souvînt que la forêt avait été rasée. Elle était à bout de souffle, des points noires dansaient devant ses yeux. Si elle s’élançait comme cela, sur le chemin, elle serait un cible parfaite pour un tireur, même de nuit.
Derrière elle, elle entendait les bruits du combat qui faisait rage. Des explosions faisaient trembler le sol, cela allait être un massacre. Lexa remua dans les bras de Clarke.
— Chut, Lexa, je vais y arriver, je vais nous sauver, murmura t-elle tendrement.
Que dois-je faire, pensait elle en boucle. Elle s’élança sur le chemin en espérant réussir à s’enfuir. L’orée des bois était en vu, elle reprit espoir quand tout à coup une voix familière retentit.
— Stop !
Clarke s’arrêta et se tourna lentement. Bellamy se tenait là, à dix mètres sur sa gauche, une arme pointé sur elle. Le soulagement envahi Clarke, quand Bellamy l’aurait reconnue, il pourrait la conduire à sa mère qui aiderait Lexa.
— Bellamy ! Lexa est blessée, aide moi ! Il faut l’amener voir ma mère de toute urgence, dit-elle, une note de détresse perçant dans sa voix.
— Pose là au sol, ordonna Bellamy d’une voix dure, son visage ne marquant aucune expression.
En frisson remonta le dos de Clarke, quelque chose n’allait pas.
— Aide moi je t’en supplie, elle à besoin d’aide.
— Pose là au sol tout de suite, hurla Bellamy, la haine déformant son visage.
Un bruit retentit juste sur leur gauche, Bellamy eut une seconde d'inattention. Il n’en fallut pas plus à Clarke pour s’enfoncer en courant dans les bois. Des balles sifflèrent autour d’elle.
Il me tire dessus ! pensa t-elle. Elle chassa toutes pensées de son esprit, il fallait qu’elle se concentre si elle voulait les sauver. Avec Lexa sur son épaule et la fatigue, Clarke savait que si Bellamy se lançait à leur poursuite, elles ne pourraient pas lui échapper.
Après ce qui lui sembla des heures à courir dans les bois, elle pensait enfin s’être tirée d’affaire, il fallait maintenant qu’elle trouve un abri et qu'elle s’occupe de Lexa.
Elle fit un tour sur elle même, les premiers rayons du soleil transperçaient la voûte de la forêt. Elle reconnaissait cette partie de la forêt, en continuant vers le nord pendant un kilomètre et demi, elle arriverait près d’un ruisseau. Elle se mit en marche, parvenant avec peine à rester consciente, seule sa volonté de sauver Lexa lui permettait de tenir bon. Elle arriva enfin dans une petite clairière conforme à son souvenir et retrouva sans peine la caverne qu’elle avait découverte là pendant son séjour dans la forêt après les événements de Mount Weather. Il lui semblait que cela faisait des siècles que cela c’était produit. Elle posa Lexa au sol, entreprit d’allumer au plus vite un feu, quand cela fut fait, elle alluma une torche et inspecta la caverne de fond en comble. Une fois cela fait, elle installa Lexa à l’intérieur. Elle n’avait toujours pas repris conscience. Après un rapide examen, Clarke découvrit une profonde entaille dans sa jambe droite, elle avait perdu beaucoup de sang ce qui expliquait sûrement son inconscience, le risque d’une blessure interne n’était pas à exclure.
Clarke, à moitié rassurée déposa un baiser sur le front de Clarke et sortie de la caverne. Elle devait aller chercher de l’eau pour nettoyer la blessure.
Elle arriva au ruisseau, se lava les mains et le visage. C’est avec surprise qu’elle constata que l’eau était rouge de sang, elle s’examina du mieux qu’elle put. Ce devait être le sang de Lexa car elle ne présentait aucune blessure. Elle devait fabriquer un récipient pour ramener de l’eau. Elle n’avait avec elle aucun matériel, dans la précipitation, elle n’avait emporté que ce qu’elle avait sur elle, c’est à dire seulement son couteau qui ne la quittait jamais. Elle entreprit de chercher une noix, dans ce coin de la forêt, les arbres donnaient des noix rondes d’environ cinquante centimètres de diamètre, une fois vidées, elles permettaient d’avoir un récipient.
Une fois revenue dans la caverne, elle lava la blessure de Lexa, elle nécessiterait des points de sutures mais Clarke n’avait pas de matériel.
— Clarke, murmura Lexa d’une fois rauque.
— Je suis là, ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout, répondit Clarke d’une voix douce, une main posée sur la joue de Lexa.
— Le camp, l’armée ? Que c’est-il passé ?
Dans la précipitation, Clarke n’avait pas eu le temps d’analyser les événements.
— Je ne suis pas sûr, mais je pense que c’était un piège, le corps de l’émissaire devait être piégé, il a explosé, tu es tombée inconscient et je me suis enfuie pour te sauver.
— Et l’armée ? demanda fébrilement Lexa maintenant avec peine ses yeux ouverts.
— Je suis désolée Lexa, répondit Clarke sa voix se brisant, repose toi maintenant tu dois récupérer, continua t-elle en l’embrassant sur le front.
Tout en fixant Clarke, Lexa finie par fermer les yeux. Clarke resta encore quelques minutes à contempler Lexa en lui caressant les cheveux, elle était physiquement et mentalement exténuée après les événements de la nuit, être passée à deux doigts de perdre Lexa l’avait bouleversée à un point qu’elle n’aurait pu imaginer. Sa rencontre avec Bellamy était aussi pour elle une source d’interrogation, l’expression qu’elle avait lu sur son visage et la lueur de folie qui brillait dans ses yeux la faisait encore frissonner quand elle y pensait. Elle ne voulait pas encore penser à ce que cela impliquait. Elle avait toujours pu compter sur Bellamy, mais maintenant, elle n’en était plus sûr. Elle devrait protéger Lexa, quoiqu’il lui en coûte, même face à Bellamy.
Elle banda la blessure de Lexa puis s’allongea à ses côté, son esprit toujours hanté par la vision du corps de Lexa allongé au milieu des débris de l’explosion.
Quand Clarke se réveilla, elle fut désorientée l’espace d’une minute, puis les événements de la nuit précédente lui revinrent en mémoire. Elle se tourna vers Lexa, la vue de sa poitrine se soulevant à chaque inspiration la calmèrent. Il allait falloir qu’elles trouvent une solution pour soigner Lexa et rentrer à Polis. Lexa ouvrit les yeux à cet instant et lui sourit.
— Salut toi, dit-elle d’une voix rauque.
— Je vais t’apporter de l’eau.
Lexa se redressa tandis que Clarke lui amenait de quoi boire.
— Ça va mieux ce matin ? lui demanda Clarke.
— Oui, en pleine forme ! plaisanta Lexa avec un sourire.
— Je n’ai rien pour te recoudre la jambe, s’excusa Clarke.
— Me recoudre ? rigola Lexa, je vais m’en occuper.
Lexa sortit son couteau et le plongea dans les braises du feu. Quand il fut chauffé au rouge, elle l’appliqua sur sa blessure. Elle n’émit pas la moindre plainte mais elle grimaça légèrement.
— Voila comment font les guerriers chez nous.
Elle posa son couteau à côté d’elle et se rallongea.
— J’ai manqué à mes obligations de Heda ! Je mérite de mourir, reprit Lexa après une pause.
— Non ! Je ne pouvais pas te perdre ! Tu étais inconsciente, tu n’aurais rien pu faire, s’écria Clarke.
— Cela n’excuse rien, je ne suis plus digne de rester Heda. Enfin, si il reste quelque chose de mon armée. Personne n’a rien vu venir, la cité devait être un leurre, les soldats devaient attendre cachés dehors. J’ai conduit mon armée, la plus puissante que la terre est connue depuis le cataclysme à la mort.
Clarke resta silencieuse, elle n’avait rien à dire pour défendre son peuple. Un tel massacre alors qu’une paix provisoire s’était installée entre les deux camps était inimaginable pour elle. Elle retournait les événements dans sa tête et n’y trouvait toujours aucun sens.
— Bellamy m’a tirée dessus, reprit-elle.
— Quoi ! Bellamy ? Il t’as reconnue ? demanda Lexa.
— Oui, répondit Clarke d’une voix terne.
Lexa secoua la tête avec colère.
— Il payera son geste, je te le promets.
— Son attitude était étrange, cette lueur de folie qu’il y avait dans son regard, dit Clarke en frissonnant.
— Viens là, lui intima Lexa.
Clarke s’approcha de Lexa et l’embrassa tendrement. Elles ne dirent plus rien pendant un moment, serrées l’une contre l’autre.
— Je vais aller chercher de l’eau au ruisseau, repose toi un peu.
— Soit prudente, répondit Lexa.
Quand Clarke sortit de la grotte, elle fut éblouie par la lumière du soleil. D’après sa position, ce devait être le début d’après-midi. Elles avaient dormi longtemps, pensa t-elle. Elle se dirigea vers le ruisseau, où elle puisa de l’eau. Elle s’aperçut qu’elle avait faim mais elle n’avait pas de quoi chasser cependant, l’eau était claire, elle pouvait pêcher. Elle se dirigea vers la forêt en quête d’un bâton. Elle y attacha son couteau grâce à une liane et revint vers le ruisseau. Avec patiente, elle attendit d’apercevoir un poisson, puis avec sa lance improvisée de le transpercer. Après plusieurs essais infructueux, elle y arriva enfin. Trente minutes plus tard, elle en avait pêché trois. Joyeuse, elle se mit en chemin pour retrouver Lexa, elles allaient se régaler. Quand elle arriva en vue de la grotte, elle resta pétrifiée de surprise, un homme armée gardait l’entrée de la grotte. Remise de sa surprise, elle plongea derrière un rocher pour se cacher.
Non ce n’est pas possible, pensa t-elle, pas encore. À cet instant, Lexa sortit en boitant, digne malgré sa souffrance, Bellamy la tenant en joue.