Les Destinées Contraires

Chapitre 2

2111 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/11/2019 04:12

Bonsoir à tous et toutes !

Je poste un chapitre un peu plus tôt que prévu, pour la simple raison qu'il est dur de se faire une idée d'une histoire lorsqu'on ne lit qu'une seule partie. Et également que mon deuxième chapitre est prêt déjà. Ne prenez pas trop cette habitude haha !

J'espère qu'il vous plaira. Je fais de mon mieux pour vous apporter une lecture agréable !


-Octavia a une petite soeur? s'exclama Clarke sans pouvoir s'en empêcher. Mais pourquoi elle n'en a jamais parlé?


Raven soupira. Elle savait parfaitement que son amie avait très peu raconté sa vie aux autres membres du groupe. Comme elles se connaissaient depuis presque dix ans, elle était la seule à connaître les détails de ces événements. La jeune femme brune se tortillait sur sa chaise. Elle semblait avoir plus qu'envie de parler, mais peur de regretter ce qu'elle dirait.


L'alcool aidant, sa langue se délia et elle commença ses explications.


-Une petite soeur adoptive. Ses parents biologiques sont décédés alors qu'elle n'avait que trois ans, mais j'ai bien connu Lexa. C'était une adolescente rebelle qui faisait tout à sa tête. Octavia et ses parents essayaient de la raisonner, sans réussir. Puis, à ses dix-neuf ans, elle s'est engagée dans l'armée. Elle a ensuite été envoyée dans un endroit lointain pour une mission "confidentielle". Son escouade devait partir six mois... Et ils sont rentrés il y a deux ans, sans elle. On n'a jamais eu de nouvelles.


-Elle a été déclarée morte, comprit la blonde.


-C'est ça. Malgré toutes nos tentatives d'en savoir plus. Les parents d'Octavia ont essayé de s'informer sur ce qu'elle faisait là-bas, sans succès. Ils n'ont pas compris, pourquoi envoyer une adolescente de dix-neuf ans en mission suicide? C'était insensé. Personne n'a jamais voulu dire un seul mot sur ses activités tant et si bien qu'ils ont fini par abandonner l'idée. C'était comme leur fille mais ils leur ont bien dit de se mêler de leurs affaires. Les militaires n'ont même pas été capables de ramener le corps... Maintenant je comprends pourquoi. Leur deuil a été très difficile à faire, c'est pour ça qu'Octavia n'en a jamais parlé, comme si elle n'avait jamais existé.


Un long silence suivit sa tirade. Clarke comprenait à présent les vêtements militaires. Elle devint blême. Cet univers, elle ne le connaissait que trop bien. Il lui avait pris une partie de son enfance. Elle prit une autre bière pour se changer les idées. Malgré cela, l'ambiance était plombée par les cris d'Octavia.


-Tu aurais pu envoyer un message, une lettre, n'importe quoi! Tu ne te rends même pas compte! Qu'est-ce que t'es allée foutre? Je pense que j'ai bien le droit à des foutues explications non?


-Je vais y aller, murmura Bellamy. Je suis désolé, mais je ne me sens pas trop à ma place actuellement. Les règlements de compte, ce n'est pas mon truc.


Il se leva et fit une accolade à Clarke avant de se diriger vers la porte. Ses cheveux en désordre lui donnaient un allure de mauvais garçon qui n'étais pas justifiée. Bellamy avait parfois eu des débordements colériques, cela ne faisait pas de lui une mauvaise personne. Ses décisions étaient en général posées pour aider le plus de gens possibles autour de lui. Il avait des yeux marrons qui transmettaient une certaine rage de temps à autre. Pourtant, ses mains enlaçaient parfois Anya avec une telle tendresse que l'on comprenait qu'il ne cherchait à faire de mal à personne.


-On se reprend blondinette!


La jeune femme acquiesça, lui rendant un sourire poli. Monty et Anya le suivit, tous mal à l'aise de la situation. Et quelle situation... Rien ne les avait préparés à cette soirée. La blonde ne pouvait leur en vouloir, c'était assez rare de voir Octavia s'emporter. Cette scène aurait pu être cocasse si ce n'était de la mise en scène.


-N'en veux pas à ton amie, dit Raven devant son air perplexe. Ce n'était pas pour te le cacher, elle a juste essayé d'oublier cette partie de sa vie.


-Je sais.


Clarke était perdue dans ses pensées. Que pouvait-il s'être passé pour que la jeune femme prénommée Lexa ne soit pas rentrée en même temps que tous les autres? Peut-être avait-elle vécue des choses horribles? Peut-être sa mission avait-elle été allongée? Sa curiosité prenait le dessus. Elle ne comprenait pas cet air détaché qu'elle avait eu en rentrant non plus. Comme si tout lui était égal, même pas un bonjour. Comme si elle s'était coupée complètement de leur univers.

Sur ces réflexions, elle se leva, n'en pouvant plus d'entendre Octavia crier. Clarke voyait bien Raven qui n'osait pas bouger. Sa jeune amie passait les mains dans ses longs cheveux, ne sachant plus qui ou quoi regarder. La blonde hésita entre partir ou monter, puis elle choisit la deuxième option, n'osant pas abandonner son amie dans cet état. Et aussi avec un mélange de curiosité mal placée.


La blonde s'arrêta juste dans le cadre de la porte. Lexa ne disait rien, elle se contentait de défaire son sac de voyage. Une bouteille d'eau, des rations, des vêtements tous pareils. Cette pièce, Clarke ne l'avait jamais vu. En un an d'amitié elle n'y était pas entrée. Avec le temps, elle s'est dit malgré sa curiosité qu'il devait s'agir d'une simple salle de rangement. Pourtant, rien ne semblait y avoir disparu, comme si quelqu'un y résidait toujours. Les posters divers de groupes comme Tokyo Hotel jonchaient la chambre, avec un lit plutôt simple et des vêtements qui traînaient partout. Clarke rigola intérieurement lorsqu'elle vit une robe. Étrangement, elle n'imaginait pas la militaire s'encombrer de ce genre de tissu. Un sac de boxe tremblait au rythme du léger vent qui s'infiltrait dans la chambre. Même un paquet de cigarettes traînait sur une petite commode. Rien n'avait l'air d'avoir bougé au fil des années. Jusqu'aux trous dans les murs qui n'avaient pas été rebouchés.

L'expression de Lexa était froide, détachée. Elle avait vu si souvent son père aborder cette souffrance psychologique. Son père... Son père qui avait tenté pendant des années de cacher son mal-être derrière une forte carapace. C'est pour cette raison qu'elle se permit d'interrompre les cris de son amie :


-Arrête, tu vois bien qu'elle souffre Octavia.


-Je ne souffre pas.


La réponse était glaciale, dénuée de toute émotion. Les yeux verts qui se posèrent sur elle aussi. Clarke avait rarement vu un regard aussi vide. Pendant un instant, Lexa arrêta de ranger et l'observa de haut en bas, rendant la jeune femme mal à l'aise. Elle put discerner ses mains tremblants avec légèreté, mais peu après, ses jointures se gonflèrent. Quelque chose lui avait déplu.


-Ah bon, elle parle maintenant! s'énerva son amie, s'insinuant à travers ses pensées. Ben tiens! Je vous laisse ensembles, vous allez vous entendre à merveille toi et Clarke!


Octavia sortit en furie de la chambre de sa soeur, claquant la porte sur son passage. La blonde ne s'attendait pas du tout à cette réaction... Sans savoir quoi faire, elle croisa les bras en défiant du regard la jeune femme devant elle. Mais celle-ci, pas le moins du monde intimidée, continua de placer ses affaires. Elle se sentait intrusive, pas à sa place. Sans doute une réaction normale vu l'absence de considération de la part de Lexa.


-Tu ne peux pas lui en vouloir de sa réaction... Elle a cru que tu étais morte, tenta maladroitement Clarke.


-Je le suis.


-Et pourtant tu es devant moi, en un seul morceau, tu parles, tu respires.


-Qu'est-ce que tu en sais, Clarke?


La façon qu'elle avait de prononcer son nom la fit frissonner, sans qu'elle ne sache pourquoi. Le fait qu'elle retienne son prénom aussi. Clarke comprit que la brune devant elle avait écouté chacun des mots de sa soeur et les avait encaissés sans rien dire. Il fallait une certaine force de caractère pour ne pas se laisser atteindre par sa propre famille.


Elle approcha avec lenteur de Lexa pour poser une main sur son bras, comme pour la réconforter. Mais elle eut à peine le temps de l'effleurer que la militaire l'empoigna par les poignets et la coinça avec violence contre un mur. Ses yeux trahissaient à présent de la haine, une brûlure si intense qu'elle envahit tout le corps de Clarke. Tant d'émotions sans rien dire, son souffle était coupé. Son regard exprimait une profonde détresse mêlée à une haine et... De la peur? Le bleu ciel et le vert émeraude se livrait à présent un combat captivant.


-Ne me touche plus jamais, murmura Lexa en espaçant chacun de ses mots.


Puis elle relâcha sa poigne. La blonde frotta ses poignets endoloris. Elle ne s'attendait pas à une telle brutalité, mais étrangement cela ne l'effrayait pas. Quand son bourreau fut de dos, elle ne put s'empêcher de lancer :


-Toute la haine du monde ne te protègera pas, Lexa. Tu n'as pas besoin d'être violente. Je voulais t'aider...


-Personne ne peut m'aider.


Clarke fronça les sourcils à cette affirmation. Tout le monde avait besoin d'un peu de soutien un jour ou l'autre. Pourquoi la jeune femme persistait-elle à dire le contraire? Elle l'intriguait. Sa façon nonchalante de ranger ses choses, de revenir dans la maison familiale après une si longue absence comme si de rien n'était. Sa façon qu'elle avait de la regarder, ses émotions qui ne se lisaient que dans ses yeux. Plus que tout, la haine qu'elle y avait vu l'interpellait.



-Si tu as envie, sache que je suis là.


Aucune réponse. La blonde comprit qu'elle ne tirerait rien de plus. Elle s'apprêta à rouvrir la porte, quand une voix un peu moins froide la retena.


-Clarke?


-Oui?


-Je... Ce n'est pas ta faute.


-Je sais Lexa. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.


Sur ces mots, elle s'empara d'un stylo qui traînait sur un petit bureau à l'entrée de la chambre. Clarke vit la militaire se tendre au moment où elle fouilla pour trouver un bout de papier, mais elle ne dit pas un mot. Elle se contenta de griffoner dessus puis lui tendit.


-C'est mon numéro. Ne te gêne pas pour l'utiliser. Mon téléphone est généralement ouvert lorsque je ne suis pas en cours.


Lexa hocha la tête en le prenant. Elle fut sur le point de rajouter quelque chose mais changea d'idée. Tournant de nouveau le dos à la blonde, elle reprit ses activités. Évidemment, Clarke étudiait en médecine. Elle décela dans l'immédiat la courbure du dos de son interlocutrice, ses mouvements un peu gauche. Elle a mal, se murmura-t-elle intérieurement. Physiquement... Et elle a peur. Ses yeux qui parcourent toute la pièce, elle semble toujours être sur ses gardes. Malgré cela, elle évita d'en dire plus. Il lui fallait du temps.

La blonde continua donc son chemin, ouvra la porte et redescendit les marches de bois. Les escaliers craquaient sous ses pieds, la maison était vieille. Mais Clarke eut le temps de voir Octavia relever la tête lorsqu'elle l'entendit arriver. Ses yeux étaient rouges, ternis par les pleurs, sa robe mouillée par les larmes. Elle avait une bière à la main, même si l'ambiance n'était clairement plus à la fête.


-Excuse-moi Octavia, balbutina-t-elle. Je ne suis pas placée pour juger, je ne peux pas, mais...


-Tu ne sais pas ce qu'elle vit non plus! hurla-t-elle en guise de réponse. Et pourtant ça ne t'empêche pas d'aller la voir et la consoler hein, mais pour moi, tu t'en contrefou!



Apparemment Raven lui avait expliquée qu'elle savait un minimum pour leur situation. Celle-ci lui envoya un regard, comme pour lui dire d'éviter d'en rajouter, mais la blonde ne put s'en empêcher :


-Je pense avoir une bonne idée de ce que vous vivez toutes les deux, et j'ai déjà été dans ta situation Octavia.


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