Les Destinées Contraires

Chapitre 4 : Chapitre 3

2895 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/11/2019 01:12

Bonjour et bonsoir à tous !

Alors tout d'abord, excusez-moi de mon retard. Seulement deux chapitres et je déroge à ma parole ! Je n'ai pas d'explications, mis à part la fatigue qui m'a empêchée de me concentrer une partie de la semaine. J'espère que ce chapitre réussira à me faire pardonner mon jour de retard !


Bonne lecture !


-Comme j'ai appris pour ta soeur, poursuivit Clarke, je vais vous faire une confidence moi aussi. Mon père était militaire.


Octavia et Raven la regardait, perplexes. Elles avaient une expression étonnées, ne s'attendant vraisemblablement pas à cette révélation. Pourtant, même si la jeune femme ne pouvait comprendre l'étendue de la situation d'Octavia, elle pouvait ressentir des sentiments comparables.


-Eh oui. J'ai eu droit à ses retours quelques fois. Il rentrait après trois, six mois de mission.


-Ton père est... commença Raven.


-Non, il est mort maintenant. Quand j'avais quatorze ans, on a appris son décès... Ce fut très dur. Mais ce qui était plus dur encore, c'était toutes les fois où nous l'avons vu rentrer bourré, blessé, incapable de faire quoi que ce soit. J'étais jeune à cette époque et je voyais mon père qui pétait des plombs, ça lui était impossible de passer une seule soirée l'esprit tranquille.


Clarke déglutit. Elle se souvenait des nuits agitées que passaient son paternel, ses pertes de contact avec la réalité. Tout ce qu'elle avait voulu enfouir au plus profond d'elle-même rejaillissait en cette soirée. Les émotions qu'elle avait vécues remontaient en elle, à peine contrôlées. Elle ne bougea pourtant pas. Ses doigts s'attelèrent à toucher les mèches qui lui tombaient sur le front. La jeune blonde avait le regard perdu dans le vide, comme si tout s'écroulait autour d'elle. Elle regardait sans le voir le mur en face d'elle, les décorations de ce qui devait être une soirée sympathique.


Les deux femmes qui lui faisaient face l'écoutaient attentivement, les larmes avaient cessées d'affluer sur les joues d'Octavia. Honteuse de sa réaction, elle baissa la tête.


-Je suis désolée pour ton père, je ne voulais pas...


-Tu ne pouvais pas savoir, la coupa Clarke. Je ne te demande pas de comprendre, tout comme je ne suis pas non plus dans ta peau. Mais aie un minimum de considération pour ta soeur. Toi et moi ne pouvons imaginer ce qu'ils endurent là-bas. Mon père... a raconté certaines de ses missions à Abby, tard le soir. J'écoutais en cachette, même si je n'aurais pas du à certains moments. Toutes ces images m'ont planées dans la tête pendant des nuits... Les meurtres qu'ils ont du faire alors que ce n'était pas nécessaire... Parce que oui, ce sont des meurtres. Tu t'imagines toi, tuer quelqu'un de sang froid, seulement en la raison qu'il est au mauvais endroit au mauvais moment? Moi pas...


-Seulement les ex, plaisanta Raven, fidèle à elle-même.


Un petit sourire naquit sur leurs lèvres. Décidément, leur amie ne pouvait s'empêcher de rigoler de tout et n'importe quoi. Cela détendit l'atmosphère. Malgré tout, Octavia se sentir obligée de préciser :


-Excuse-moi Clarke... Je t'en aurais bien parlé un jour. Mais je n'étais pas prête. Pas prête à dévoiler cette partie de ma vie. Même si on était comme chien et chat avec Lexa, c'est toujours resté ma soeur, celle avec qui j'ai passé une partie de mon existence. La voir revenir comme ça... Ça me met hors de moi. J'aurais aimé comprendre...


La jeune blonde hocha la tête, le regard triste mais empli de douceur à la fois. Elle n'en avait pas non plus discuté avec ses amies, pas par manque de confiance. C'était simplement trop dur pour Clarke. Elle se rendit compte que sa vie la liait étrangement à Octavia pour certains sujets, elles pouvaient se comprendre. Cela ne l'étonnait plus qu'elle puisse être copines.


-Je pense que chacune de votre côté, vous avez souffert, renchérit-elle. Il faudra réapprendre à vous faire confiance, à vous connaître. J'imagine que ces deux années ont dû vous changer toutes les deux.


Elle se leva, consciente que la soirée était terminée, puis jeta un oeil à l'horloge en forme d'hibou posée contre le mur de la cuisine. 23h30. L'heure où elles auraient dû être en boîte, s'amuser et rigoler. Clarke soupira. Bien sûr, la vie ne pouvait pas être simple. Ses démons la rattrapait, même si elle tentait de s'en échapper. Et ce regard...


Ce regard qu'elle aperçut en haut de l'escalier en levant les yeux. Lexa était là, à moitié cachée par le pilier des marches. L'obscurité était présente au premier étage, la lumière de la chambre sûrement fermée. Elle avait écouté ce que sa soeur et elle s'étaient dites. Peut-être serait-elle capable de lui parler en connaissant sa situation. Clarke fit un petit hochement de tête pour faire comprendre à la jeune femme qu'elle l'avait vu, mais n'en dit pas un mot à ses amies. Il faut qu'elle me fasse confiance, se surprit-elle à penser. Si je veux pouvoir l'aider...


Depuis toujours, elle avait un tempérament altruiste. Avoir vu son père souffrir semblait avoir renforcé ce côté d'elle. Et vu la manie autodestructrice qu'il avait eu... Jamais elle n'aurait souhaité cela à quelqu'un. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle avait choisi le domaine de la médecine.


-Tu nous quittes? demanda Octavia en la voyant s'approcher de la porte.


-Oui. Il se fait tard... Et je n'ai plus trop l'esprit à la fête, excuse-moi.


-Je te suis, ajouta Raven en souriant. Histoire de m'assurer que tu ne te fais pas poursuivre par un méchant serial-killer, bien entendu. Ou par un ex un peu trop insistant.


-Tu nous raccompagnes à la voiture, Octavia?


Cette dernière acquiesça. Les trois amies sortirent donc de la maison ensembles jusqu'au stationnement. Le vent se faisait un peu plus pressant, frais. Cela revigora Clarke, qui commençait à avoir chaud au vu des événements. Quand Raven démarra sa voiture, elle se tourna vers la brune. Elle avait voulu qu'elle sorte de la maison pour pouvoir lui parler d'un dernier sujet, consciente que Lexa aurait pu les entendre.


-Tu pourras me prévenir s'il se passe quoi que ce soit? Je veux dire... Toi, ou ta soeur.


-Surtout ma soeur, n'est-ce pas?


-Octavia... Ton bien-être m'importe tout autant qu'elle. Enfin... C'est différent.


-Elle te plaît? Physiquement, je veux dire.


Clarke fût mal à l'aise de la question directe. Est-ce que Lexa lui plaisait? C'est vrai que c'était une belle femme, et avec un sourire elle serait radieuse. Et ses yeux... Oui, un sourire lui irait bien. À cette image, elle rougit. Heureusement, la brune ne sembla pas se rendre compte de ce changement de couleur avec l'absence de luminosité. Peu importe qu'elle me plaise ou non, je ne suis pas gay.


-Dire qu'elle est moche serait mentir. Mais rien à voir. Je n'ai jamais dit que j'étais lesbienne...


-C'est son cas.


Pourquoi Octavia insistait-elle sur ce point ? La blonde ne comprenait pas. Qu'est-ce que ça lui changeait ? Elle était loin d'avoir peur que la militaire lui saute dessus, surtout vu la réaction qu'avait eu un simple contact physique avec elle.


-Et alors Octavia ? répondit-elle en voyant son sourire amusé. Bref... Je vais rentrer, il commence à se faire tard. Donne-moi des nouvelles ok ? Que ce soit pour toi ou pour elle. Je sais que ça prendra un moment mais vous pourrez un jour ou l'autre vous retrouver en tant que soeurs. Donnez-vous du temps.


Sur ces mots, Clarke ouvrit la porte de sa voiture puis y entra. Il était temps de faire le chemin et de retourner à la maison. Sa soirée avait été plus que mouvementée et elle rêvait de s'endormir pour arrêter de penser, en espérant que ses rêves ne seraient pas aussi perturbés.


Les lumières étaient fermées chez elle. Sa mère devait déjà dormir, elle travaillait tôt le lendemain matin. Telle était la vie d'une chirurgienne aussi réputée, toujours en demande dans les plus grands hôpitaux de la ville. Depuis le décès de son conjoint, ses journées étaient bien remplies. Non seulement Abby devait-elle assurer l'avenir financier de sa fille unique, mais elle souhaitait sûrement oublier. Tout dans cette vie n'était donc que souffrance ?


Arrête, se réprimanda Clarke en se changeant. Ton enfance n'a pas été heureuse avec cette perte, cela ne signifie pas forcément que le reste n'est que douleur. Elle devait avancer. Le retour de Lexa bouleverserait sans doute une partie de son existence, elle y ferait face. La blonde n'avait pas le choix. Elle devait être forte. Pour elle, pour son père.


C'est sur ces réflexions qu'elle se glissa dans son lit pour s'endormir dans un sommeil à peine réparateur, mais vide de pensées.



Lorsque son réveil sonna, Clarke maugréa. Malgré le peu d'alcool qu'elle avait ingéré la veille, sa tête lui faisait un mal d'enfer. Elle regretta immédiatement d'avoir mis une alarme pour se réveiller si tôt, ayant voulu conserver un rythme régulier. La vie nocturne était bien loin derrière elle à présent.


La blonde entendit la télévision de sa chambre, Abby ne devait toujours pas être partie. Contente d'avoir la chance de pouvoir discuter un peu avec sa mère, Clarke se leva d'un coup du lit. Ses yeux étaient cernés dans le miroir et ses longs cheveux en bataille. La nuit avait été courte, insuffisante. Elle prit quelques minutes pour s'habiller et descendit les escaliers.


Sa mère était posée sur le canapé, écoutant avec attention les nouvelles du jour. Ses mèches blondes reflétaient au soleil qui pénétrait dans la pièce et ses traits semblaient moins durs. Abby était une belle femme malgré la quarantaine. Elle avait un air autoritaire mais était pleine de bonté. Seule Clarke arrivait à la faire sourire, elle était sa fierté. Depuis le décès de Jake, son conjoint, elle n'avait jamais retrouvé de partenaire. Selon sa fille, elle n'arriverait pas à se donner totalement à un autre homme. Celui-ci l'avait bien trop marqué.


-Les autorités nord-coréennes n'ont jamais camouflé leur envie de se servir des bombes nucléaires en leur possession. Leur joute verbale avec les États-Unis s'intensifie de jour en jour, au grand désarroi des autres pays. Même si les dirigeants ne veulent pas être les premiers à lancer l'offensive, les risques augmentent avec le temps et les essais nucléaires conclus par les deux présidents.


-Toujours la guerre pour montrer qui a la plus grosse, se plaignit Clarke en interrompant la télévision. Ils ne peuvent pas juste mener leur vie chacun dans leur pays...


-Ils ne feront rien ma chérie, ce ne sont que des paroles en l'air. Tu sais bien qu'aucun des deux pays ne peut se permettre une guerre, civile ou mondiale.


-Mouais... En tout cas ils n'hésitent pas à l'ouvrir.


Clarke empoigna la cafetière pour se verser une tasse. C'était son rituel du matin, comme bon nombre d'individus. Sans cela, inutile de lui adresser la parole. Derrière son doux caractère se cachait une bête si elle n'avait pas son café matinal.


Puis, elle alla rejoindre Abby, s'allongeant de tout son long sur le confortable canapé de cuir du salon. La tête lui tournait par moment, la fatigue sans doute. Elle ferma une seconde les paupières. L'absence de lumière lui fit instantanément du bien. Clarke essaya pendant quelques secondes de se vider les pensées. Elle sentit une chaude couverture l'envelopper, Abby l'ayant vu grelotter.


-C'était agréable la soirée hier? demanda sa mère. Vu l'état de tes yeux, tu dois être rentrée assez tard.


-J'ai vu mieux. Disons qu'elle a un peu dérapé. Il faudrait que je te parle d'un truc à ce sujet d'ailleurs...


Son interlocutrice se redressa sur le canapé et baissa le son de la télé pour entendre ce qu'elle avait à dire. Elle avait une mine sévère, mais loin d'être contrariée. Au fil des mois, Abby essayait de laisser un peu de liberté à sa fille, comprenant qu'elle grandissait. Malgré tout, ça lui était difficile. Elle ne pouvait s'empêcher de la voir comme son bébé, ce qui agaçait fortement Clarke à certains moments.


-Je voulais te parler de papa...


-Dis-moi ce qu'il y a. Il te manque ? Même si ce n'est pas un jour particulier, tu as le droit tu sais...


-Non ce n'est pas ça, la coupa Clarke. Enfin, si, il me manque. Mais je voulais savoir... Comment est-ce que tu faisais avec lui ? Comment est-ce que tu lui redonnais le sourire quand il rentrait ? Comment est-ce que tu arrivais à lui procurer certains moments de bonheur ?


Les yeux d'Abby se plissèrent. Elle ne comprenait pas les questions de sa fille. Les conversations à propos de Jake se faisaient rares. Ni une ni l'autre ne semblait avoir envie d'en parler, et cela depuis les six ans que comptaient son absence du domicile familial. Aujourd'hui n'aurait rien du y changer.


Clarke se faisait hésitante. Bien entendu, elle savait qu'il s'agissait d'un sujet sensible entre elles. Mais elle voulait savoir comment elle pourrait aider Lexa. Vu la réaction d'Octavia, elle doutait que celle-ci serait complètement là pour elle. C'était une gentille amie, certes. La situation, cependant, l'avait blessée plus que n'importe qui. Ce ne serait pas la première personne à se tournerait vers elle, et c'était logique. Ayant vu son père souffrir, elle ne voulait pas la laisser seule dans cette douleur. Elle demanda donc, choisissant soigneusement ses mots :


-Je sais que papa était mal quand il rentrait de mission... Et c'était logique. À l'époque, j'étais jeune, je ne comprenais pas. Pourtant, je te voyais tout faire pour qu'il se sente chez lui, en sécurité. Hier, j'ai rencontré la soeur adoptive d'Octavia. Elle a été absente pendant deux ans, ils croyaient qu'elle était morte. Quand je l'ai regardée, j'ai vu la même chose que chez papa. Un regard vide, un masque qu'elle essayait de mettre. Et elle souffre. Ça se voit à sa démarche, à ses répliques. Elle a un mal de chien. Un peu comme papa quoi... J'aimerais l'aider. J'aimerais qu'elle sourit, qu'elle aie une certaine joie de vivre, mais je ne sais pas comment faire... Je suis trop bête.


-Tu n'es pas bête, Clarke, sourit sa mère. C'est normal de vouloir aider quelqu'un. Mais quand on n'a pas vécu la situation, on ne peut pas assimiler totalement ce qu'il ressent.


-Et pourtant, j'ai l'impression qu'elle était un peu plus ouverte avec moi... Qu'elle avait envie de me parler et qu'elle ne pouvait pas.


Sa mère se redressa sur le canapé. Elle semblait mal à l'aise, ses doigts se mêlant à sa longue tignasse. Avec un regard d'une infinie tristesse qui se dirigeait vers Clarke.


-Elle doit se dire que tu ne peux pas comprendre. Je pense que dans ce contexte, tout le monde a envie de trouver quelqu'un à qui parler. Mais c'est dur. Parce que les mots ne sont pas suffisants pour décrire l'horreur de ce qui peut se passer là-bas, Clarke. Je l'ai vu à travers le regard de ton père, il était détruit. J'imagine qu'à de nombreuses reprises il a regretté son choix. Il se sentait coupable. Il suffit d'être là pour cette personne. Et fais attention ma chérie ; l'empathie et la sympathie sont deux choses distinctes, mais il est facile de se perdre entre les deux. Tu ne dois surtout pas prendre toute la douleur du monde sur tes épaules.


-J'essaierai maman, la remercia du regard la jeune femme.


-Je dois partir au travail, mais n'hésite pas s'il y a quoi que ce soit.


Abby se leva, éteignit la télévision et déposa un baiser sur son front. Cette discussion semblait l'avoir rendue mal. Sa fille s'en voulut un instant. Quand elle entendit sa mère fermer la porte de la maison, elle fondit en larmes. Toute la pression accumulée depuis le jour d'avant refit surface, ses mains tremblaient, les pensées s'agitaient dans son esprit.


Et si son père était, lui aussi, toujours en vie ? Y avait-il un quelconque espoir de le voir rentrer un jour à la maison ? Cette question qui la tiraillait depuis hier soir s'imposa en elle. Clarke voulait y croire. Mais elle ne tenait pas à être déçue.


Son téléphone vibra, un message texte d'Octavia.


Clarke, je ne sais pas quoi faire. Lexa a hurlé toute la nuit... Et depuis ce matin, elle refuse catégoriquement de m'adresser la parole. Je suis en colère contre elle, mais je refuse de la voir comme cela. Tu es la seule à qui elle a parlé hier. Aide-moi s'il te plaît...


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