Prends garde
Le bruit assourdissant des voitures s’agglutinant en file indienne devant l’école était suffisant pour rendre acariâtre Stiles pour le reste de la journée. Pourtant, il avait tout fait pour être agréable en ce « grand jour ». Sa voiture étant toujours au garage — des problèmes de pièces commandées qui mettaient du temps à arriver — il devait trouver quelqu’un pour l’amener en cours. Il aurait pu tout aussi bien prendre le bus scolaire, mais il aurait pris cela pour de la « trahison » envers sa pauvre jeep. Son père l’avait conduit au début de la semaine dernière ensuite Lydia une journée et enfin Allison qui avait pris Scott en même temps. Il détestait être piéton ; encore plus quand il avait cours.
Sur le siège conducteur, pianotant impatiemment le volant, Derek Hale ne quittait pas des yeux la voiture grise en arrêt à moins d’un mètre de sa propre voiture. Stiles, accoudé à la portière, observait les élèves, arrivant de toute part, qui se dirigeaient vers l’entrée du bâtiment principal. Il n’était absolument pas pressé de les rejoindre. Il n’était de toute façon pas en retard. Il souhaitait juste apercevoir dans la foule son meilleur ami pour accourir à ses côtés. Pour l’instant, il était bien tranquille assis dans la Camaro noire et surtout au chaud, ce qui n’était pas négligeable.
Et Derek était avec lui, aussi surprenant que cela puisse paraître. Stiles avait prévu de demander à Lydia de l’accompagner à l’école, mais le loup avait sauté sur l’occasion pour le lui proposer, justifiant le tout en affirmant qu’ils pourront passer quelque temps ensemble avant de lâcher l’hyperactif en lui rappelant à juste titre qu’il pouvait encore changer d’avis au sujet de son action vis-à-vis d’Isaac. La veille, Derek lui avait raconté deux étranges histoires : la première certifiant que le Beta habitera avec son meilleur ami quelque temps. Stiles avait réagi exactement comme l’Alpha l’avait prévu. Il était parti dans des élucubrations de plus en plus tournées sur l’éventualité que s’il devait se rendre chez Scott, il ne supporterait pas de voir Isaac dans les parages. Derek lui avait répliqué calmement à plusieurs reprises que ce n’était pas parce qu’il ne s’entendait pas avec le jeune loup-garou que cela privait son meilleur ami de l’avoir chez lui. C’était même quelque chose d’un peu égoïste. Stiles n’avait rien rétorqué, cependant, ses yeux à demi-clos et le visage légèrement tendu avaient amplement suffi comme message. Toute fois, il devait bien l’admettre : aller voir Scott ne devait pas se transformer en « comment éviter Isaac ». Et de toute façon, tout sera réglé après cette journée. Stiles en était certain. Sa vengeance frappera là où cela faisait mal. Cela ne sera pas aussi grandiose que dans son esprit. Cela, il en était certain.
Tout comme il était certain que Scott lui avait caché quelque chose d’important : la deuxième histoire étrange de Derek. En couple avec Isaac, vraiment ? Il avait beau chercher des indices dans le comportement de son meilleur ami durant les derniers jours, il n’y voyait que ce cher loup-garou gambader amoureusement près d’Allison Argent comme à l’ordinaire. De plus, l’humain avait mainte fois entendu le capitaine de l’équipe certifier que son truc était les filles. La seule explication possible était que Isaac, pour une raison ou pour une autre, avait réussi à attirer Scott dans ses bras pour lui faire du mal indirectement.
Non. C’était totalement absurde et invraisemblable. Stiles avait été persuadé que le loup-garou orphelin n’était pas assez malin pour pondre ce genre de plan machiavélique afin de pousser la plaisanterie un peu trop loin. Si Scott n’avait pas été en couple en ce moment avec Allison, peut-être que cette idée aurait été recevable. Pour l’heure, l’hyperactif ne croyait pas à cette méchanceté — requise pour établir une telle mascarade — dans les yeux de Isaac Lahey. Ce dernier avait l’air d’apprécier énormément la jeune Argent comme amie. Donc, pourquoi lui voler Scott de cette manière ?
Stiles avait l’impression que quelque chose lui échappait. Il n’avait pas osé envoyer des messages à Scott sur le sujet. Il n’avait même pas tenté de l’appeler ou même de le voir après être parti de chez Derek dans le courant de l’après-midi. Il avait envie que son ami lui dise face à face ce qu’il se passait entre lui et le loup-garou. Après tout, peut-être avait-il juste peur de lui avouer qu’il avait trouvé quelque chose d’important chez Isaac et que, connaissant la mauvaise relation entre eux, il avait décidé d’attendre que les choses s’apaisassent pour tout lui raconter. C’était sûrement cela.
Scott ne pouvait pas lui cacher quelque chose comme cela bien longtemps. Stiles ne voulait pas reconnaître qu’il faisait exactement la même chose avec son propre couple. Une semaine avec Derek Hale et il n’avait encore rien avoué à son ami de toujours. Et plus il y réfléchissait, plus il trouvait cela étrange. Comme n’importe quel adolescent, avoir un petit ami ou une petite amie devait être quelque chose presque à exposer aux autres. Quelque chose qu’on pouvait se vanter d’avoir dans une certaine mesure. Seulement voilà, tout le monde ne sortait pas avec un homme un peu plus âgé et qui — pour une raison ou pour une autre — avait été suspecté, à tort, de meurtres particulièrement sanglants. Et s’il ajoutait à cela les paramètres de ses ressentis personnels par rapport à leur affection mutuelle, cela rendrait la chose totalement inconcevable. Que Stiles Stilinski, l’adolescent aux bonnes notes dont le cœur était dans tous ses états depuis des années dès qu’il voyait passer près de lui Lydia Martin — chose de notoriété publique, fût soudainement épris d’un adulte totalement à l’opposé… lui-même avait encore du mal à s’y faire.
Ou peut-être ne voulait-il pas seulement s’y faire.
Il ne savait pas trop comment ils en étaient arrivés là. Derek avait fait le premier pas vers lui, de manière maladroite peut-être. Cependant, Stiles avait trouvé son comportement tellement à l’opposé de ce qu’il reflétait à longueur de journée que, au-dessus de la tête de l’Alpha à cet instant, il était noté mignon loup-garou maladroit. Il n’avait pas réfléchi aux conséquences de ce baiser. Comment aurait-il pu les connaître de toute manière ? C’était son premier petit-ami. Il ne savait pas comment gérer cette situation. Et il n’avait aucune envie de demander de l’aide à Scott ou même à Danny pour déchiffrer ce qu’il ressentait exactement.
Il était néanmoins certain d’une chose. Alors que Derek Hale montait tous les signes d’une affection véritable pour lui, l’adolescent était froid et distant. Son instinct de survie était peut-être plus fort que son cœur. S’il ne se convainquait pas très vite que Derek ne pouvait pas le mordre, il ne pourrait jamais ressentir cette même passion pour le loup.
Il ne se faisait toutefois pas d’illusions. Il appréhendait de plus en plus les réactions du loup-garou. Les yeux rouges autoritaires étaient tout sauf séduisants. La réaction excessive sur l’odeur d’Isaac aurait été « adorable » s’il n’avait pas décidé de le jeter sous la douche de manière violente et possessive. Ce besoin constant de l’avoir auprès de lui l’étouffait. Stiles aimait sa liberté. Ou n’avait-il pas encore eu le temps d’apprendre à la partager avec quelqu’un.
Une question le hantait dans ce tourment : si tout indiquait qu’il n’éprouvait rien — ou pas encore — pour le loup, pourquoi était-il avec lui ? Pire : Derek Hale pouvait-il découvrir cette vérité juste avec ses sens de loup-garou comme les battements de son cœur ou l’odeur ou cette histoire de phéromones ?
Stiles ne voulait pas y penser. S’ils devaient mettre les choses au clair, ils le feraient bien assez tôt en dépit de l’idée simple et précise de l’adolescent sur les problèmes : les ignorer jusqu’à ce qu’ils disparaissent d’eux-mêmes.
L’adolescent se massa la tempe droite pour essayer de calmer le flot de pensées qui l’assaillait depuis quelques minutes. Il jeta un regard en biais à Derek qui le lui rendit avant de lui effleurer gentiment le bras. Ses doigts se faufilèrent vers le poignet gauche de Stiles caché entre ses jambes — il avait toujours un peu froid aux mains — avant de s’emparer de ses homologues et de les entrelacer. L’hyperactif contempla d’un air proche de la tristesse leur main respective collée l’une à l’autre. Il poussa un soupir qui en dit long avant de se tourner derechef vers l’entrée de l’école, les doigts de l’Alpha lui caressant le bout des siens.
« Je hais cette école, confessa Stiles d’une voix terne. Son accès est désastreux. Elle est loin de tout dans un rayon de deux ou trois kilomètres. Il faut se battre pour avoir une place de parking. Les couloirs sont longs, froids, affreux et sentent la transpiration à longueur de journée. Les cadenas des casiers ne s’ouvrent pas tout le temps du premier coup et il faut quelques fois forcer. La disposition des classes du premier au second étage donnerait la migraine à n’importe qui. Le niveau scolaire des élèves est entre très mauvais ou très moyen. S’il n’y avait pas le championnat de Crosse, on serait définitivement recalé en “école totalement inutile”.
— C’est une école pour adolescents. Dans tout ce qui a de plus basique, répliqua Derek sans quitter la route des yeux.
— Une école avec des loups-garou. C’est sûr, c’est très “basique”, non ? »
L’Alpha ne répondit pas tout de suite. Il consulta sa montre au poignet puis jeta un regard au rétroviseur :
« Tu devrais descendre de la voiture et y aller. Avec tout ce monde, je ne pourrai pas aller plus près pour te déposer. »
Le principal intéressé acquiesça doucement et s’apprêta à retirer sa ceinture de sécurité et de saisir la poignée de la portière. Derek se pencha vers lui pour l’embrasser. Sans avoir eu le temps de réfléchir aux éventuels voyeurs ou autres curieux autour d’eux, Stiles ne fit aucun mouvement de recul ou de protestation devant cette soudaine démonstration affective. Lui saisissant doucement l’avant-bras, il se libéra timidement des doigts qui lui emprisonnaient les siens. Derek lui happa délicatement le visage avant de l’attirer un peu plus contre lui.
Stiles n’avait aucune envie de sortir de l’habitacle. La langue du loup lui caressait la sienne tandis que ses propres jambes lui donnaient l’impression de ne plus être capable de rien : ni de fuir ni de le porter. Ce baiser n’avait rien en commun avec ceux échangés dans la salle de bain. Il était passionné et chaste à la fois. Le loup ne tentait pas de le dominer comme il le faisait à l’accoutumée. C’était comme s’il s’était mis une limite à ne pas franchir. Sans briser leur étreinte, Stiles défit sa ceinture de sécurité, enlaça le cou de Derek tandis que la main de ce dernier descendit le long de son dos jusqu’au bas des reins. Un grognement étouffé se fit entendre ; l’adolescent se colla un peu plus contre le torse du loup.
Derek rompit leur contact avec douceur ; le souffle chaud de son vis-à-vis sur son visage tandis qu’il lui lança un regard timide et perplexe.
« File en cours, murmura-t-il en lui effleurant le nez avec le sien. Je viendrai te chercher à la sortie. »
Il fit mine de s’écarter, mais Stiles l’en empêcha en lui serrant un peu plus le cou. L’Alpha rit du bout des lèvres bien malgré lui. Il secoua la tête avant de retirer avec une extrême douceur les bras de l’adolescent. Ce dernier, perplexe, continua à le fixer tandis que les fourmis écolières affluaient de plus en plus autour d’eux, se dirigeant inéluctablement vers l’entrée du bâtiment principal.
« Il y a quelque chose qui ne va pas ? demanda Stiles d’une voix mal assurée. »
Derek jeta un œil par-dessus son épaule en direction de la voiture stationnée juste devant eux avant de se repositionner derrière le volant et d’ajuster sa ceinture de sécurité. Stiles, les yeux plissés, l’observa un moment avant de hocher la tête d’un mouvement approbateur et d’ouvrir la portière. Avant qu’il fût complètement sorti du véhicule, il entendit le loup lui glisser un « prends garde, Stiles ». L’intéressé se contenta de hausser les épaules avant de se diriger d’un pas lent vers l’école non sans prendre conscience que ses camarades de classe auraient pu les voir en train de s’embrasser langoureusement quelques minutes auparavant, sans parler des éventuelles rumeurs à son sujet qui pourraient en découdre.
Et il s’en moquait bien.
Derek Hale suivit du regard son petit-ami se faufiler entre les autres voitures avant de disparaître dans un groupe d’étudiants. Quand son ouïe perçut un « Salut, Lydia ! » plutôt enjoué de la part de Stiles, il soupira avant de manœuvrer pour sortir de la masse de véhicules. Il lui avait menti la veille, certes pour son bien et l’adolescent le découvrira bien assez tôt. Du moins, le loup espérait de tout cœur que Stiles ne se rendrait compte de rien avant la fin de la journée.
C’était pour son bien. Si l’Alpha ne pouvait pas l’arrêter comme il le souhaitait en ce qui concerne son obsession pour cette vengeance immature vis-à-vis de Isaac, au moins, ce petit mensonge pourrait l’amener à reconsidérer la situation. En tablant bien entendu sur l’éventualité que Stiles ne sautera pas à la gorge de Scott dès qu’il le croisera dans les couloirs. Leur discussion avait toutes les chances de se transformer en règlement de compte en tout genre. Si cela devait arriver comme il le craignait, Stiles serait obligé d’expliquer pour eux d’eux ; ce qui n’était pas négligeable aux yeux de l’Alpha. Il ne comprenait même pas pourquoi l’adolescent le cachait à son meilleur ami depuis le début.
Ou était-ce juste à cause des pouvoirs des loups-garou ? S’il avouait à Scott qu’il sortait avec l’Alpha, peut-être que le jeune Beta sentirait la même chose que Derek avait senti la veille et qu’il l’avait à la fois alerté et peiné.
Non. Stiles était juste un adolescent un peu perdu qui avait besoin de temps pour tout cela, pour se trouver. Derek prendra sur lui, serra un peu plus les crocs et ne fera pas attention au fait que ses sens lui criaient minute après minute que Stiles Stilinski ne semblait pas éprouver quoi que ce soit pour lui.
Une chose était néanmoins certaine : la vengeance de Stiles, réussie ou non, s’arrêtera à la fin de la journée. Il aura eu ce qu’il voulait et passera à autre chose. Comme n’importe quel gamin de son âge.
Derek était conscient qu’être avec le fils hyperactif du Shérif n’était pas une mince affaire et ne le sera jamais. Il savait au plus profond de lui que cela ne serait pas de tout repos et que gérer l’impulsivité de l’adolescent serait fatigant. Aujourd’hui, c’est une vengeance sur son Beta, car ce dernier s’était moqué de lui à plusieurs reprises. Demain, peut-être lui demandera-t-il de l’aider à cacher un cadavre sous un escalier sous prétexte qu’il n’avait pas eu ses messages au petit-déjeuner comme il lui avait expressément demandé ? Non, bien sûr que non cela n’arrivera pas jusque là.
Derek se frotta les yeux du bout des doigts d’un air fatigué. Après les cours, il avait prévu d’amener Stiles au garage pour récupérer sa jeep. Le loup avait pris en charge les réparations et avait même demandé aux mécaniciens de faire un contrôle complet du véhicule et de changer les pièces qui étaient à deux doigts de lâcher. Il avait fait fi de l’expression à la fois sceptique et étonnée sur le visage de Stiles. Il avait dû lui assurer quatre ou cinq fois qu’il ne lui demanderait pas de le rembourser — après tout, la facture avait toutes les chances de crever le plafond — et qu’il avait juste envie de le faire. L’adolescent lui avait donné une tape sur l’épaule avant de le remercier d’une voix étouffée. Derek s’était contenté de lui adresser un sourire avant de lui prendre la main. L’Alpha se souvenait parfaitement des doigts de Stiles se faufilant entre les siens et ainsi que leur douce chaleur tandis que le mécanicien était occupé à proférer des injures sur l’état déplorable de la voiture.
C’était un fait qu’il reconnaissait de lui-même : Stiles le rendait complètement fou. Dans un sens comme dans l’autre.
Stiles était en train de se battre avec son cadenas quand Scott McCall vint à sa rencontre, les traits tirés — les effets de la récente pleine lune sans doute — et les cheveux en bataille. L’hyperactif donna un coup de coude dans la porte pour forcer l’ouverture avant de se tourner vers son meilleur ami qui s’appuya le dos contre le casier voisin.
« Merci pour le devoir de Littérature, souffla Scott en levant les yeux au plafond.
— De rien, répliqua son ami d’une voix terne en s’emparant de ses manuels de cours. Et puis, tu me rendras la pareille, non ? En… voyons… en… heu...
— Ça va, je sais que tu es plus… compétent que moi dans les études. »
Stiles ferma son casier d’un coup sec avant de remettre son cadenas et de laisser échapper un juron. Scott balaya les alentours du regard avant de trouver l’objet de toutes ses attentions un peu plus loin, vers les escaliers : Allison était en train de discuter avec Lydia au sujet d’un travail de groupe. Le loup-garou ne put s’empêcher d’esquisser un sourire idiot ce qui ne manqua pas d’agacer Stiles. Il se mit en appui sur son casier avec le coude et désigna d’un revers de la main les deux jeunes filles :
« Et du coup, ton rendez-vous avec Allison s’est bien passé malgré la méchante pleine lune ? voulut savoir Stiles. Vu qu’elle est toujours en un seul morceau, je suppose que oui. Je peux juste savoir pourquoi tu n’as pas essayé de faire ce stupide devoir hier soir en catastrophe comme le font la plupart des étudiants de notre âge ? »
Intrigué, Scott se tourna vers son ami avant de hausser les épaules et d’avouer :
« Peut-être parce que j’essayais d’être honnête avec ma mère ? Tu sais, faire les devoirs de suite et ne pas partir et dire je les ferais plus tard c’est pas grave… ce genre de chose quoi. »
Stiles grimaça, tapota l’épaule de son ami avant de réajuster son sac sur son épaule :
« Oui. Tu as été très honnête, rétorqua-t-il sarcastique. J’applaudis ton honnêteté.
— Oh ça va, Stiles, s’insurgea le loup-garou en lui lançant un regard rempli de reproches. C’est toi qui m’as proposé de m’aider, non ? »
Comme toute réponse, passablement irrité, Stiles se gratta l’arrière du crâne avant de faire quelques pas en direction de la salle de cours :
« Tu as vu Isaac, au fait ? demanda-t-il avant de faire volte-face vers son meilleur ami dont les yeux étaient à nouveau sur la jeune Allison. »
Scott cligna des yeux avant de secouer la tête pour redescendre sur terre. Il se mit à hauteur de Stiles avant de lui répondre d’une voix un peu absente :
« Non. On le voit à l’entraînement tout à l’heure de toute façon. J’ai juste vu le Coach tout à l’heure. Je lui ai donné ma liste pour la composition de l’équipe de Crosse. Il m’a demandé quatre fois si j’étais sûr de mon choix.
— Tu es capitaine. Il veut s’assurer que tu as bien réfléchi à tout ça, assura Stiles en affichant un sourire au coin. Tu n’as rien modifié depuis la dernière fois, n’est-ce pas ? »
Scott dont l’attention était à nouveau tournée vers l’héritière des Argents à quelques mètres de lui sentit une violente douleur derrière le crâne signé le plat de la main de Stiles Stilinski.
« Scott ! Stiles est par là, tu sais, s’impatienta l’hyperactif. Hé ho. Tu sais, ton meilleur ami tout ça qui essaie de te parler depuis cinq minutes d’autres choses que la jupe d’Allison Argent.
— Désolé, soupira le jeune loup tout penaud. Sinon, pour répondre à ta question, je n’ai rien changé à cette liste. »
Stiles entoura les épaules de son ami avec son bras droit et déclara à qui voulait l’entendre d’un air théâtral :
« Le capitaine de l’équipe de Crosse a parlé ! »
La bonne humeur de Stiles n’étant absolument pas surprenante sachant leur intérêt commun pour ce sport, Scott se contenta de sourire avant de se renfrogner et de s’écarter de son ami. Ce dernier lui lança un regard perplexe.
« Qu’est ce qu’il y a ? »
Scott jaugea son meilleur ami de toute sa hauteur, examinant les moindres recoins de son visage, écoutant les battements de son cœur avant de marmonner sur un ton presque lugubre, toute bonne humeur évanouie :
« Stiles, tu peux me dire pourquoi tu empestes le Derek Hale ? »
L’adolescent réprima un hoquet de stupeur avant d’avaler péniblement sa salive, perdant totalement son assurance.
« Stiles Stilinski, je t’ai posé une question, insista plus durement Scott. »
Comme toute réponse, Stiles haussa les épaules avant de se diriger vers la salle de cours. Scott lui attrapa le bras et réitéra sa question. L’hyperactif poussa un long soupire d’exaspération :
« Scott, ce n’est pas important. Écoute mon cœur. Est-ce que je te mens en disant que ce n’est pas important ? Non. Donc, ne t’en fais pas. Ce n’est pas important. Derek n’est pas important. Et si cela l’était, je te le dirais non ? Je viendrai tout de suite te dire les choses parce que mine de rien, si quelque chose d’important devait m’arriver, je préviendrais de suite mon meilleur ami. C’est normal. Si par exemple, la chose importante était que pour une raison ou pour une autre, j’ai enfin réussi à avoir un superbe rendez-vous avec la merveilleuse chose que représente Lydia, je te le dirais non ? Je le crierais sur tous les toits. Ou peut-être pas forcément, mais je te le ferais savoir de suite, non ? Est-ce que Derek Hale m’a mordu ? Non. Battement de cœur contradictoire ? Non. Est-ce que j’ai envie de parler de Derek là maintenant alors qu’on va se faire tirer les oreilles si l’on ne se dépêche pas à aller à ce fichu cours de Littérature dont tout le monde se fiche éperdument dans cette école ? Hé bien non. »
Scott cligna les yeux avant de lâcher le bras de son ami et de lever une main en signe de résignation.
« D’accord, d’accord. Message reçu. Juste que.. Ça surprend. Un petit peu. »
Stiles allait répliquer au sujet que beaucoup de choses pouvaient surprendre son meilleur ami s’il savait seulement ce qui se passait autour de lui, mais se ravisa et inspira profondément. Il n’aimait pas jouer à ce petit jeu avec Scott, mais pour l’heure, il n’avait pas le choix.
« Je sens peut-être le loup de mauvaise humeur, lâcha Stiles en reniflant sa manche.
— Je ne dirai pas “de mauvaise humeur”, rectifia doucement Scott, cherchant ses mots. Je dirai plutôt… très… comment dire. C’est à mi-chemin entre la colère et la soumission. »
Avant même que Stiles eut le temps de répliquer, le professeur de Littérature apparut sur le pas de la porte de la salle et tapota impatiemment du pied, les bras croisés sur sa poitrine. Les deux adolescents bredouillèrent des excuses avant de se précipiter vers la salle de cours. Après s’être installé juste derrière son ami de toujours, Stiles sortit son téléphone portable afin de le mettre sur silencieux. Il n’avait aucun nouveau message de Derek.
Stiles sentit son téléphone vibrer alors qu’il s’apprêtait à le ranger au fond de son sac. L’icône affichait le nom de Derek. L’adolescent fixa quelques secondes son écran sans savoir exactement ce qu’il devait faire. Le message de l’Alpha était bref, comme toujours. Il lui souhaitait une bonne journée.
À mi-chemin entre la colère et la soumission ?
La colère. Derek semblait toujours être un peu à cran, même vis-à-vis de Stiles.
La soumission. Un Alpha soumis ? Vraiment, Scott ?
Fin du chapitre 6