Le choix de Gwendoline

Chapitre 3 : Un mariage princier - 2

1684 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/10/2020 19:17

La princesse est tirée de ses sombres pensées par Zena qui se penche vers elle.

"Ecoute le spectacle va commencer."


La voix du journaliste s'élève dans le poste.

"Mesdames, Messieurs, chers téléspectateurs. Je suis certain que vous êtes nombreux à vous être réunis autour de vos postes de télévision. Et que ceux qui n'en ont pas ont été invités par leur voisin pour ne rien manquer de cet événement qui marque l'union de deux pays longtemps en conflit."


Une voix féminine prend le relais.

"Ce n'est pas la première fois qu'une telle union a lieu. Ces deux pays ont été régulièrement séparés et réunis. Toujours par le mariage."


Le speaker reprend la parole.

"Nous assistons à l'arrivée du carrosse qui transporte le prince."

"Carrosse dans lequel les époux repartiront une fois la cérémonie achevée."

"Mais je ne vois pas la future épouse."

"C'est que les maîtres de cérémonie ont tenu à revenir à une tradition séculaire et disons-le surprenante."


La princesse qui n'ignore rien de cette sinistre cérémonie ne peut s'empêcher de tirer sur ses entraves en écoutant les propos enthousiastes des commentateurs.


Zéna la rappelle à l'ordre.

"Tu devrais savoir que c'est inutile. Je te conseille de te calmer et de profiter du spectacle".


La princesse préférerait être dans un cachot plutôt que faire face à cet écran de télévision. Bien qu'elle sache les raisons pour lesquelles Gwendoline a accepté cette mascarade, elle ne peut pas s'empêcher de lui en vouloir.

Les ravisseuses de Gwen lui ont promis qu'elle serait libre une fois la cérémonie achevée. A la seule condition que la jeune femme s'engage à ne rien dire de la duperie à laquelle elle participe. Pour être certaines que Gwen ne les trahirait pas, elles maintiendront son amie U69 dans le château. Et elle paiera lourdement toute trahison de sa compagne. Et de toutes façons personne ne la croira.


La princesse est tirée de ses sombres pensée par la voix du speaker qui annonce l'arrivée de Gwen.

"Et voici la princesse qui arrive à pied entourée de gardes dans une robe qui ne cache rien de son corps."

"Vous voulez dire, transparente mon ami"

"En effet et il faut reconnaître que le spectacle est plutôt plaisant."

"Pourquoi ne dites vous rien des liens qui enserrent ses poignets et ses chevilles?"

"En effet, ses poignets croisés sont liés dans son dos et reliés à ses chevilles par des cordes qui descendent le long de ses jambes. Elle peut ainsi marcher avec difficulté."

"D'autant plus difficilement que les cordes entre ses poignets et ses chevilles sont tendues et qu'elle doit régulièrement se tenir en arrière pour avancer."

"Ce qui reconnaissons le met en valeur un corps irréprochable. Ma chère Marlène, vous pouvez peut-être nous expliquer les raisons de cette arrivée pour le moins originale"

"Bien entendu. C'est un rappel de la première union entre ces deux pays. Le prince Rudolph avait enlevé la princesse Diane et l'a conduite ainsi jusqu'au mariage."

"Etait-elle bâillonnée comme l'actuelle princesse."

"Exactement."

"Cela ne semble pas très honnête."

"Mais vous ne connaissez pas la fin de l'histoire."

"En effet, mais je suppose que vous allez nous la révéler."


Le badinage de ces journalistes qui commentent plaisamment une infamie blesse la princesse tout en lui rappelant son impuissance.


"Les partisans de Diane sont intervenus à temps et l'ont libérée à l'instant où le mariage allait être conclu. Le prince était entouré d'ennemis. Les sauveurs de la princesse lui ont retiré son bâillon et à cet instant, elle n'a prononcé qu'un mot."

"Lequel. Vous nous faites languir chère amie."

"Oui"

"Oui?"

"C'est le mot qu'elle prononça. Elle signifiait ainsi qu'elle pardonnait à Rudolph ses méthodes de rustre et acceptait l'union de leur deux pays. Mais cette union n'a pas donné naissance à des enfants. Et les nièces de Diane ont décidé que leur pays retrouverait leur indépendance. C'est ainsi que la rivalité entre ces deux minuscules nations a duré jusqu'à nos jours."


"C'est une belle légende mais est-elle vraie?"

"Les organisateurs du mariage ont manifestement décidé qu'elle l'était. On peut les comprendre puisque les prénoms des futurs mariés sont Diane et Rudolph"


Ses propos semblent si insupportables à la princesse qu'elle tire une nouvelle fois sur ses entraves. Tout aussi inutilement qu'auparavant. Cette légende est fausse, imaginée de toute pièce par les ravisseuses. Mais à présent que deux journalistes en auront parlé dans cette méprisable invention qu'est la télévision, tout le monde y croira. Et elle est immobilisée sur cette horrible chaise, incapable de s'opposer à cette duperie, contrainte d'écouter ce commentaire stupide. Elle frémit en sentant la cravache de Zena effleurer sa poitrine.


"C'est toujours un plaisir de te regarder essayer de te libérer. Depuis le temps que tu es notre prisonnière. Tu devrais savoir que tu n'as aucune chance d'y parvenir".


La princesse se calme et se concentre sur l'infâme cérémonie en tentant d'ignorer le commentaire dithyrambique du speaker. Elle observe Gwen qui avance au milieu de la foule. S'efforçant d'avance dignement la tête haute malgré ses liens et son bâillon. Et cette robe transparente qui ne cache rien de son corps superbe. Elle est son parfait sosie. A un détail près que n'ont pas remarqué leurs ravisseurs. Un détail qui pourrait renverser la situation si Gwen ose dire la vérité à l'instant où son bâillon lui sera enfin retiré.


Gwen gênée par ses liens grimpe avec difficultés les marches du palais. Ce qui ne semble gêner personne dans la foule qui l'entoure. Elle pénètre dans l'immense salle où doit se dérouler la cérémonie. Les caméras à l'intérieur ont pris le relais.


Zena toujours cruelle et souriante souligne le port altier du sosie de la princesse.

"J'espère que tu admires la façon dont cette jeune femme te rend honneur en se tenant parfaitement droite et la tête haute. On pourrait la croire fière d'être ainsi ligotée et bâillonnée."


"C'est l'éducation de la tante d'U69 qui a permis un tel résultat."

La princesse reconnaît la voix de Fifi qui a trahi U69 sans le moindre scrupule.


"Il est regrettable que notre chère espionne rate ce spectacle"

"Elle ne le manque pas. Elle est même particulièrement bien placée pour y assister."


A cet instant une des caméras de télévision filme les tribunes du palais où des invités prestigieux assistent au mariage. La voix du speraker s'élève à nouveau.

"Quelle est cette femme enfermée dans une cage plutôt inconfortable."

"Une espionne qui a trahi son pays et tenté de faire échouer cette alliance."


Face à l'écran, Zena a quelques difficultés à cacher son étonnement.

"N'est-ce pas dangereux d'exposer ainsi U69."

"Au contraire, c'est une méthode simple pour faire savoir aux opposants de tous bords que nos services secrets soutiennent cette union."


La princesse, désespérée, comprend que ses ravisseuses ne constituent que la partie la plus visible d'un complot aux sombres ramifications.


Le seul grain de sable est l'infime différence qui existe entre la princesse et Gwendoline : l'absence d'un tâche de naissance sur l'épaule de Gwendoline. Détail si dérisoire qu'il ne peut apparaître que si l'usurpatrice involontaire ose trahir ses geôliers.


Le moment fatidique est arrivé. L'attention excessive de la princesse n'échappe pas à Zéna.


"Tu espères vraiment que cette idiote va oser faire éclater la vérité? Et qu'on la croira? A cause de cette tâche absente de son épaule? Que personne n'a remarqué jusqu'ici?"

"C'est aussi la raison de la présence d'U69. Rappeler à Gwendoline qu'elle doit obéir si elle veut préserver la santé de son amie."


La princesse ne peut s'empêcher de maudire la stupidité de son sosie. Comment peut-elle s'imaginer que ces horribles femmes tiendront parole!


Zena qui a deviné ses pensées sourit cruellement.


"Ne t'inquiète pas pour cette naïve jeune femme. Nous lui avons promis qu'elle quitterait le pays et elle le fera. Elle aura même la joie de retrouver son cher oncle."


La princesse devine une autre infamie derrière ces propos mais ne parvient pas à en imaginer la raison. Que lui importe d'ailleurs le destin de cette jeune idiote qui est sur le point d'accepter de participer à une duperie qui plongera un pays entier dans l'affliction et la terreur.


Toujours attentive aux pensées de sa prisonnière, Zéna ne résiste pas au plaisir de la tourmenter moralement.


"Tu es injuste envers nous. Grâce à l'argent de l'organisation, ton pays va connaître un succès phénoménal. Les criminels auront un lieu où se rencontrer et négocier leurs affaires sans crainte des policiers à leur poursuite. Ils pourront passer des accords entre eux et avec des représentants des gouvernements ou des services secrets. Puis dépenser leur argent dans bars, des salles de jeu et toute autre lieu de plaisir. Si tu avais accepté notre accord, tu en aurais profité."


L'infernal bâillon prive la princesse de toute possibilité de répondre à ces mensonges. Elle ne peut que se débattre et bafouiller de façon ridicule puis constater à nouveau l'efficacité des sangles qui l'immobilisent.


Sa geôlière la caresse tendrement. Ses caresses paraissent encore plus cruelles à la prisonnière qui, vaincue, cesse de se débattre et se concentre sur la retransmission télévisée à l'instant où le bâillon est retiré de la bouche de Gwendoline.


Zéna sourit cruellement.


"A ton avis quelle va être la réponse de Gwendoline?"



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