New Orleans Haunted Tour
Chapitre 15 : Le fantôme de la rue Royale
3767 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 07/02/2019 08:32
LE FANTÔME DE LA RUE ROYALE
sSs
New Orleans, Manoir Lalaurie, chambre de Delphine, 02h02
Un bruit de tonnerre venait de faire sursauter tous les intrus présents dans le Manoir (et Dieu sait s'il y en avait !) en les figeant tous instantanément sur place, l'oreille tendue. Le bruit se répéta et quelques-uns des visiteurs, chasseurs, ange, amateurs, y reconnurent plus ou moins le son de plusieurs lourds béliers en train de s'attaquer brutalement à la porte d'entrée. Si les voisins avaient encore une quelconque intention de dormir, cette fois, c'était fichu. Le son et lumières était complet.
Resté seul à l'étage depuis le départ précipité de Sam quelques instants plus tôt, Daniel Graves, le cœur battant, se précipita à la fenêtre et vit la rue encombrée d'estafettes s'illuminer comme un sapin de Noël en raison des mouvement virevoltants des différents gyrophares qui les couronnaient. Alors qu'il restait bêtement les bras ballants et le nez à la fenêtre pour contempler leur spectacle hypnotisant, il distingua néanmoins le canon d'une arme à lunette briller sous les réverbères et tout pile dans sa direction. Un long frisson glacé d'anticipation de sa mort prochaine lui parcourut l'échine et il n'eut que le réflexe de se jeter au sol. Il nota que c'était un excellent réflexe qui lui avait sauvé la vie à peu près toute la soirée. Mais avec les récents événements, et surtout dans cette baraque, il n'était pas loin de penser que mieux valait être un couard en vie qu'un téméraire mort.
— Y me tirent dessus ! J'y crois pas ! marmonna-t-il en hoquetant à moitié le nez dans le bas des rideaux violets qui trainaient par terre.
Bizarrement, il se sentit également claquer des dents et fut heureux que le sensationnel Sam ne soit pas là pour voir cette réaction irrépressible. Il devait vraiment avoir l'air d'un trouillard fini. Pourtant c'était indéniable qu'il faisait un froid de canard invraisemblable dans la pièce et il pouvait même voir son haleine former devant lui une buée blanche.
En bas, les coups de boutoir répétés qui donnaient l'impression d'ébranler tout l'édifice s'arrêtèrent juste après un grand "crac" qui témoignait sans surprise de la mise hors service de la porte principale. Un piétinement de bottes et de brefs ordres secs se firent entendre ainsi que le cliquetis d'armes dont on retirait le cran de sécurité. Dans un coin de la pièce, Daniel vit la petite fille noire aux tresses - celle qui avait un peu plus tôt brisé son cercle de sel protecteur - qui écarquillait de grands yeux en marmonnant en créole des mots de terreur incohérents.
Voyant cela, le journaliste sauta sur ses pieds avec la ferme intention de choisir le moindre des deux maux et d'aller se rendre aux autorités immédiatement, priant chèrement pour qu'il ne se fasse pas descendre par la même occasion. Mais comme il se dirigeait vers la porte en levant préventivement les mains en l'air, celle-ci s'ouvrit violemment avant qu'il ne la touche.
Dans l'encadrement, une courte silhouette brune au visage pâle enduit de céruse toute craquelée s'avança en glissant vers lui. Sa redingote de brocart flottait sur ses épaules comme une cape empruntée mais ses vêtements blancs sale en dessous étaient ajustés à sa taille fine.
— Qui ose m'attaquer sur MON domaine ! Toi, réponds ! somma-t-il d'une voix sépulcrale en donnant un coup de talon rageur dans le parquet.
— Mais... c'est la police ! bredouilla Daniel pétrifié devant le fantôme d'un mètre soixante.
L'étonnement céda le pas à la colère sur le visage de son interlocuteur.
— La police ? La police est malfaisante ! La police a chassé ma mère et l'a empêchée de revenir me chercher !
En bas, des cris retentirent où il crut reconnaître ceux de ses amis et dans le lot également ce qui ressemblait de moins en moins à des ordres et de plus en plus à des appels paniqués. La pétarade d'une arme automatique se déclencha et Daniel ferma les yeux en se bouchant les oreilles. L'apparition de la petite jeune fille avait poussé un hurlement strident et commençait à se mettre hors phase par intermittence en "clignotant".
Le nouveau venu agissant en maître des lieux vola littéralement jusqu'à elle en essayant vainement de la prendre dans ses bras.
— Mon amie, ne me laisse point. Ne me laisse point. Je te protège. Lia, entends-moi ! pria-t-il en dans ce que le journaliste supposa être un vieux français.
L'ambiance venait de changer instantanément. Daniel regarda le couple qu'ils formaient avec une fascination mêlée de pitié. C'étaient à peine des adolescents, tous deux avaient été stoppés net à la lisière incertaine entre l'enfance et l'âge adulte. Ils se tenaient la main dans leurs vêtements blancs comme des petits mariés, le regard noyé d'absolu, d'incompréhension et de mort, et comme protégés du fracas qui les entourait par une bulle que seuls les amoureux pratiquaient, même encore cent-soixante-quatorze ans plus tard.
.
En tant que natif du cru, et d'autant plus en raison de sa mère affirmant sans trembler qu'elle était la descendante d'une figure locale de la sorcellerie, Daniel connaissait les divers potins circulant sur le "folklore" de la ville. C'était du reste ce qui lui avait permis de se faire embaucher pour écrire une série d'articles dans le Times Picayune et accessoirement de rencontrer les Winchester... Il n'avait jamais envisagé très sérieusement que les rumeurs plus que persistantes sur le goût prononcé de Delphine Lalaurie pour la magie noire et le vaudou puissent être vraies, dans la mesure où elle était plutôt connue pour torturer ses esclaves noirs… Pourquoi les mépriser assez d'un côté pour leur retirer toute dignité humaine, et de l'autre être avide de leur culture et de leurs traditions ? Cela ne lui semblait pas logique.
Les mégères amies de sa mère, qu'elle recevait pour ce qu'elles appelaient "le thé" et qui aurait plus vite fait de s'appeler "le brandy", caquetaient toujours à propos d'une cérémonie rituelle d'intronisation au culte où Delphine se serait offerte pour ses quarante ans à un prêtre vaudou adombré par le Baron Samedi lui-même... En devenant un homme, Daniel avait assez vite soupçonné que la "magie noire" dont il était question au milieu des petits fours n'avait pas peut-être pas forcément de rapport (si l'on peut dire) avec ce que tout le monde imaginait de prime abord. Delphine était veuve depuis un moment à l'époque...
Il se souvenait d'avoir mentionné à Sam pendant son interview l'histoire d'un enfant voué au Démon né de cette rencontre. Pour lui, rien qu'une rumeur parmi d'autres que rien n'étayait vraiment. C'était quand le chasseur avait précipitamment baissé ses yeux verts troublés pour faire mine de prendre des notes que Danny avait compris que l'histoire le touchait personnellement d'une façon ou d'une autre. Et lui avait impulsivement donné envie de les accompagner.
Or ce soir, il avait sous les yeux l'écho d'un jeune métis peu typé, vraisemblablement quarteron, et qui collait plutôt bien avec ce qui devenait moins une rumeur qu'une hypothèse. Maintenant qu'il le voyait d'un peu plus près, Daniel distinguait que le maquillage blanc dont il s'enduisait le visage avait dû servir à masquer que son teint était plus sombre qu'il ne l'aurait dû. La pièce secrète que les Winchester cherchaient, adjacente à la chambre de Delphine, corroborait un peu la thèse d'un enfant illégitime, vivant littéralement "dans les murs" et qui avait dû être oublié là - volontairement ou non.
Mais si le garçon était bien le petit bâtard noir de Delphine, se pouvait-il que d'autres informations considérées comme faisant partie de la légende soient vraies ? Se pouvait-il que cette toute jeune fille soit cette même Lia qui avait sauté du toit pour échapper au fouet ? Daniel se sentait happé par une histoire qui prenait peut-être plus de sens que les éléments disparates qu'il n'avait jamais pensé à relier ensemble avant. Un mystère allait-il être élucidé ? On n'avait jamais su comment le feu s'était déclaré dans la maison. Tout ce qu'on savait, c'était qu'il avait conduit la police à perquisitionner une fois le brasier éteint, à découvrir les horreurs qui se déroulaient là en toute illégalité et impunité, et Delphine à fuir en Europe sans se retourner...
— Tu es l'enfant-vaudou, n'est-ce pas ? demanda respectueusement Daniel. Et elle, c'est la petite servante qui a sauté du toit ?
Le garçon plongea son regard hautain et sans âge dans les yeux du journaliste.
— J'ai un nom ! Je m'appelle Louis-Marie et pas "enfant vaudou". Et je ne veux pas qu'on me prenne ma tendre amie, déclara-t-il gravement, car je n'ai plus qu'elle. Les intrus ont coupé le lien qui retenait mon père ici. Il nous protégeait depuis tout ce temps...
Le bras protecteur passé autour des épaules de la toute jeune fille n'avait pas échappé à Danny. Elle avait l'air absent et très fragile. Peut-être était-elle légèrement retardée ce qui avait incité le garçon à la prendre sous son aile ?
— J'ai une solution pour que vous restiez ensemble à jamais dans un plus bel endroit qu'ici et où personne ne vous embêtera.
Les chocs sourds de grosses bottes résonnaient déjà dans les escaliers tandis que des ordres de déploiement étaient aboyés pour couvrir le tumulte. Le jeune fantôme de la rue Royale étendit la main et la porte se claqua toute seule au nez de l'escouade du FBI.
— Que faut-il faire, monsieur ? demanda soudain la camériste en tremblant d'appréhension.
— On m'a expliqué que ce sont vos os qui vous retiennent prisonniers ici. Ils sont dans la salle murée, n'est-ce pas ? Même ceux de Lia ?
Le garçon hocha la tête.
— Quand elle est tombée du toit, elle ne bougeait plus, je n'ai pas voulu la laisser piétiner par terre… Je l'ai portée pendant que personne ne faisait attention et je me suis caché avec elle ici…
— Je comprends, opina Daniel en regardant vers la porte que les autres essayaient d'enfoncer. Si je brûle vos os dans la cheminée, vos âmes monteront ensemble au Paradis.
— Il y a donc un Paradis pour les gens comme nous ? s'étonna Louis-Marie. Le prêtre de l'église disait que non. C'est pour ça que nous restions ici...
La porte tremblait et se fissurait sous les coups redoublés des hommes en noir cuirassés de casques et de gilets pare-balles qui commençaient à l'attaquer à la hache. Des échardes de bois tombaient en pluie sur le beau parquet sombre. Elle ne tiendrait pas plus de deux minutes, peut-être moins...
Main dans la main, les deux jeunes fantômes se regardèrent en prenant une décision commune tacite avant que Louis-Marie n'acquiesce avec gravité.
— Procédez, dit-il simplement.
.°.
xXx
New Orleans, commissariat de police du 8e district, le lendemain matin, 7h33
La petite pièce était minuscule et sombre, uniquement éclairée par une proverbiale petite lampe de bureau orientée sur les deux prévenus menottés et entravés assis à une petite table. Ils clignaient des yeux dans son halo aveuglant, tâchant de discerner la silhouette de l'homme énigmatique qui les interrogeait sans relâche depuis ce qui leur paraissait des heures. De temps en temps, au fil des questions, il se penchait vers eux et ses grandes lunettes envoyaient des reflets glacés qui masquaient tant son regard et que ses intentions.
— Messieurs, déclara-t-il finalement d'une voix sèche non exempte d'une certaine lassitude, je commence à me fatiguer de votre petit numéro de comiques, par ailleurs relativement distrayant. Et je vous signale qu'à partir de maintenant, je vais cesser de me montrer conciliant avec vous. Votre garde à vue légale est terminée depuis un bon moment et vous allez passer devant le juge pour une série de chefs d'accusation que je vous récapitule : effraction, dégradation de biens, association de malfaiteurs…
— Mais on n'est pas des malfaiteurs, m'sieur Skinner, on est des youtubeurs ! Ça aussi on vous l'a déjà dit, soupira Ed Zeddmore catastrophé en se tenant le côté tuméfié de la tête. You-tu-beurs. Des vidéastes amateurs si vous préférez, pour une émission sur internet. Vous savez, ce machin qui plaît aux jeunes…
— Ne jouez pas ce petit jeu avec moi. J'avais compris la première fois. Vous êtes tenus au secret parce qu'on n'a plus que vous. Par un miracle que je ne m'explique pas, votre copain Graves a réussi à sortir dans les deux heures alors qu'il a une profanation de cadavre sur le dos. Sa mère a le bras long ici, de toute évidence. Vous la connaissez ?
— Non. On est juste allés à l'école avec Danny et il nous invitait pas chez lui, c'était plutôt lui qui venait chez Ed... Dites, un squelette, c'est toujours un cadavre, vous croyez ? Je veux dire, vous êtes sûr de la sémantique ? Parce que si oui, j'ai une trentaine de pages de notre site à corriger...
— Et les Winchester ? coupa Walter qui hésitait entre l'impatience et l'admiration car bien peu de jeunes gens étaient capables d'utiliser le mot sémantique et relativement à bon escient. Vous allez me dire que vous ne les connaissez pas non plus ?
— On les a déjà croisés une fois ou deux, mais de là à vous dire qu'on les connaît… protesta Zeddmore. C'est un peu abuser…
— Donc vous ne savez pas que ce sont des criminels recherchés et très dangereux ?
Les deux clowns se consultèrent en fronçant les sourcils et se payèrent le luxe de le regarder comme un demeuré, ce que Walter apprécia très moyennement. Mais il avait conscience que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a… C'était eux les demeurés, ou du moins, c'était ce qu'ils essayaient de faire croire. Pourtant il y avait quelque chose chez eux qui alertait l'instinct du Directeur-Adjoint. Il se demandait bien quoi, du reste.
— Des criminels ? répéta éberlué le jeune Spangler avec une note dubitative dans la voix. Ah ouais, vous voulez dire… comme nous, là, avec nos "chefs d'accusation" ? A ce compte-là nous aussi on est des criminels, hein ?
Des débiles. C'était définitif.
— Non, des criminels comme dans serial killers. Sémantiquement, vous suivez ou il faut que je vous fasse un dessin ? J'ai les dossiers avec moi, si vous avez assez d'estomac pour les regarder.
— Non merci, contra Zeddmore, mon coup à la tête me donne déjà envie de vomir. Mais vous êtes sûr de ça ? Que ce sont des meurtriers, je veux dire ? Moi je dirais seulement qu'ils aiment bien jouer les gros bras, mais... c'est parce que c'est des cow-boys. A part nous traiter d'abrutis qui restent "dans leurs pattes", commenta-t-il avec amertume en mimant les guillemets avec ses doigts, comment vous expliquez qu'ils nous aient rien fait, à nous ?...
Walter Skinner se permit un fin sourire incrédule pour la première fois de sa longue journée qui avait commencé bien tôt. Il se pencha vers eux, en appui sur les avant-bras., en secouant lentement la tête sous l'effet de la réalisation.
— Vous êtes en train de les protéger… Pourquoi ? Ils vous ont promis de s'en prendre à vous ou à vos proches si vous parliez ?
— Est-ce que nous obliger à répandre du gros sel, ça compte comme intimidation ? questionna Harry d'un air innocent.
— Messieurs, je crois que vous ne comprenez pas dans quelle situation vous êtes... expliqua Skinner avec le peu de patience qui lui restait. Je peux prolonger votre rétention ici encore plusieurs jours en réclamant une analyse psychologique et vous faire soumettre à un détecteur de mensonges, mais je n'en ai pas besoin pour savoir que vous ne me dites pas la vérité. Une dernière fois, pourquoi avez-vous effacé les cartes-mémoires de vos caméras quand nous sommes arrivés ?
— Ça m'étonnerait que vous la vouliez, la vérité ! s'exalta Zeddmore. Vous voulez juste qu'on vous dise ce que vous avez envie d'entendre… Mais on peut pas. Parce qu'on ne sait pas où sont allés les Winchester, ni comment ils ont disparu. Cette baraque était gigantesque, on s'est séparés pour couvrir les différents étages. Nos enregistrements ? Des preuves indubitables que les fantômes existent et qu'ils sont dangereux... On les connaît bien vos méthodes ! Si vous aviez eu ces preuves entre les mains, vous n'auriez rien révélé au public !
Skinner laissa passer l'ironie de la situation. Il se leva brusquement et se dirigea vers la sortie, dans un grand envol d'imperméable noir. La main sur la poignée, il fit une pause étudiée.
— Bien. Vous m'avez assez fait perdre mon temps ! Je reviendrai quand vous consentirez à être plus raisonnables. D'ici là profitez de votre séjour, c'est le contribuable qui paie !
.
Walter gagna la sortie de l'invraisemblable commissariat rose Disney aux allures de temple néoclassique pour prendre une bonne bouffée d'air frais. Pour des raisons évidentes, il n'aurait jamais touché à une cigarette... La journée avait été longue dans la mesure où il s'était levé aux aurores pour revenir de Washington quand l'antenne locale du Bureau lui avait confirmé une nouvelle piste sur les Winchester. Les frères étaient-ils assez stupides pour revenir délibérément ? S'ils n'étaient pas stupides, c'était de la provocation. Ou de l'arrogance. En tous cas, ça dépassait l'entendement, mais il n'allait pas se plaindre. Il devait absolument reparler avec eux de ce Campbell et trouver le moyen de faire pratiquer un test ADN pour savoir s'il y avait vraiment un lien de parenté entre eux et lui. Il n'y avait que de cette façon qu'il en aurait le cœur net. Les intuitions de Mulder étaient une chose, mais lui avait besoin de cette preuve scientifique.
Et puisqu'on parlait du loup...
Toujours devant l'entrée du bâtiment dans la froidure matinale, il s'adossa au grillage de fer forgé noir à pointes et essaya une nouvelle fois de joindre Mulder qui ne répondait toujours pas. L'idée que ce dernier puisse l'ignorer exprès lui traversa l'esprit et l'irrita également. Il s'apprêtait à laisser un nouveau message un peu sec sur le répondeur quand il eut la surprise d'entendre une voix féminine inconnue à l'autre bout du fil.
— Allô ? Je cherchais à joindre Fox Mulder. Qui êtes-vous ?
— Je suis infirmière à l'Hôpital Nova… Cet appareil n'arrêtait pas de sonner...
— Quelle ville ?
— Eh bien, Alexandria !... En Virginie.
— Allez me chercher Fox Mulder, immédiatement.
— C'est impossible, monsieur, répondit-elle d'un ton bien trop catégorique pour sa patience déjà mise à rude épreuve.
— Je suis du FBI, et je répète : allez me chercher Fox Mulder, c'est urgent.
— Vous pouvez bien être le président, le pape ou qui vous voulez, ça ne changerait rien du tout ! Il est inconscient au bloc de chirurgie et ne peut pas vous parler. Rappelez demain.
Et il se fit raccrocher au nez sans autre forme de procès.
Surpris, il pensa une seconde qu'il avait manqué de présence d'esprit en ne demandant pas le nom de cette infirmière… Avec une petite grimace agacée, il se résigna à composer indûment le numéro de Dana, et tomba à nouveau sur un répondeur mais… il était tôt. Le message qu'il laissa fut un peu plus amène. Techniquement, elle n'était pas tenue de lui répondre, bien sûr.
Tandis qu'il revenait pensif vers sa grosse berline grise de location pour aller se reposer quelques heures, il croisa la courte silhouette trapue d'un agent fédéral au visage impassible portant un court collier de barbe et moustache qui le bouscula légèrement… Walter fronça les sourcils car le dos de sa main avait été griffé par une bague que l'autre portait. En guise d'excuse, l'homme pressé leva les bras avec une petite moue, et traça direct vers la grande porte blanche du commissariat sans lui accorder plus d'attention.
Lunettes relevées, examinant l'estafilade qui saignait à peine, Skinner s'apprêtait à exiger des excuses plus formelles et lui demander son badge, quand il sentit soudain le canon froid d'une arme posée sur sa nuque, et une voix rocailleuse étrangement familière lui ordonner d'un ton froid :
— Montez dans votre voiture, Walter.
.
.
(à suivre)
.
Notes aux lecteurs qui aiment bien comprendre
Le titre du chapitre est un clin d'œil au roman de Jean-François Parot (auteur des enquêtes policières de Nicolas Le Floch sous le règne de Louis XV et XVI).
Mes recherches Delphine LaLaurie et sa maison ont porté sur divers sites internet, mais le lien qui m'a semblé le plus intéressant sur le plan narratif était sur le site Horror-Scaryweb dont l'article m'a aidée à construire cette intrigue, à partir d'éléments connus (comme la petite Lia) auxquels j'en ai ajouté d'autres (l'idée d'un bâtard engendré pendant une cérémonie vaudoue de nature sexuelle). Toutefois, d'après les rapports de perquisition après le grand incendie d'avril 1834, il est assez peu probable que Delphine puisse avoir eu ce genre de rapprochement avec un homme noir, son comportement prouvant assez qu'elle leur retirait toute condition humaine... (elle avait plutôt tendance à les castrer ou les embrocher sans anesthésie).
Le personnage du Grand Métis qui aurait servi de "véhicule" au Baron Samedi, est dans mon histoire le père biologique de "Louis-Marie". Pour mémoire, Castiel vient de le tuer au chapitre précédent. Pour info, les Winchester rencontrent le Baron Samedi en saison 5 dans le "motel des dieux païens cannibales" (dont la plupart si ce n'est tous se feront dézinguer par Lucifer, à commencer par "Loki"-Gabriel).