New Orleans Haunted Tour

VAUDOU AMER

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New Orleans, Manoir Lalaurie, resserre, 01h51

— Chers amis, je crois que c'est la fin. Mon camarade s'est évanoui et je ne suis pas sûr que ma batterie tiendra encore longtemps… Les esprits malfaisants semblent dédaigner le minuscule refuge où nous nous sommes abrités mais la certitude que le reste de notre équipe est en péril pour vous offrir ce qui sera peut-être notre dernière émission des Ghostfacers me taraude inlassablement… Ed respire difficilement mais je ne peux rien faire pour lui. Maggie, si tu vois ceci, pardonne-moi. Je crois que la seule solution est de tenter une sortie pour aider ceux qui pourraient encore nous tirer de là…

Harry éteignit la caméra pour économiser un peu la batterie. Il se releva en jetant un air à la fois navré et effrayé à son comparse dont les lunettes étaient de travers à cause du coup qu'il avait pris à la tête. Il comprenait maintenant le désarroi qui avait frappé leur bien aimé leader quelques mois plus tôt. Il ne savait pas lui-même ce qu'il ferait s'il perdait Ed. Tout ceci ne valait rien sans lui. Tout ceci n'avait de sens que s'il était à ses côtés…

Il hocha lentement la tête avec une moue approbatrice et sortit son calepin. Cette phrase était bonne, il la replacerait. D'autant qu'il avait eu en une fraction de seconde le sentiment que les "amateurs" qu'étaient les Winchester auraient pu sans doute en dire autant.

Au sol, près de Ed, brillait la lame argentée de l'ange, comme un encouragement scintillant à ce qu'il s'en saisisse enfin. Il allait le faire quand l'autre Ghostfacer se mit à tousser une fois et ouvrit un œil tuméfié gros comme un œuf de pigeon.

— Ed ? Est-ce que ça va ? croassa-t-il.

— Comment tu veux que ça aille ? gromela Zeddmore. J'ai mal…

— Où ça ?

Ed ne répondit pas tout de suite, comme s'il essayait de faire une liste exhaustive avant d'abandonner pour demander plutôt :

— Où sont les autres ?

Harry se racla la gorge.

— Je suppose que Sam et Daniel sont toujours à l'étage. Ici, un fantôme vient d'attraper Dean et l'a traîné sur cinq mètres de couloir comme une vulgaire poupée. Castiel a couru derrière pour voir s'il pouvait le récupérer… J'ai juste entendu un cri de Dean et d'autres bruits de lutte mais là j'entends plus rien et ça m'inquiète…

— Quoi ? retoussa Ed en grimaçant. Mais vas-y ! Va l'aider !

— Tu es sûr ?

— Non, admit l'autre. Mais on s'en fout parce que s'ils ne s'en sortent pas, je ne vois pas comment nous on pourrait y arriver...

Harry pinça les lèvres avant de collecter la caméra et la lame avec des gestes hésitants, et après un dernier regard tenta d'ouvrir la porte de la réserve. A sa grande surprise, celle-ci ne présenta aucune résistance - il s'attendait à moitié à être enfermé... Mais face à lui, une marée de dos translucides formait un étrange public spectral fixant anxieusement un point situé plus loin vers la cuisine. Que faisaient-ils tous là debout, plantés comme des piquets ? Harry déglutit. L'avantage des fantômes, c'est qu'on pouvait passer au travers, il s'avança donc en serrant les dents avec l'impression de traverser une sorte de forêt de voilages épais légèrement humides…

Avec son aspect moderne et bien tenu, la cuisine aurait pu sembler rassurante, mais entre l'absence totale d'éclairage pour ne pas alerter les propriétaires de leur présence et les ectoplasmes immobiles observant un silence religieux… L'air de rien, il tenta de jouer des coudes pour essayer d'avoir une meilleure vue sur ce qui se passait en son centre. Mais les spectres étaient plus denses à mesure qu'il remontait leur attroupement et bien vite ils commencèrent à le pousser et le rouer de coups. Tombé à plat ventre sur les larges carreaux sombres, le jeune homme rajusta sa lampe frontale et le kit mains-libres qui maintenait sa caméra légère à l'épaule, et il se mit à progresser sur le dallage en rampant sur ses avant-bras, car la plupart n'étaient pas complètement matérialisés jusqu'en bas des pieds.

Un demi-cercle s'était dégagé autour de l'îlot central au coffrage laqué blanc. Dean avait été couché sur le plateau lisse de granit noir et attaché comme un écartelé. De son côté, Castiel était retenu sur la bande étroite de mur entre les deux fenêtres, par plusieurs spectres parmi les plus solides qui pointaient vers son estomac divers objets effilés sur lesquels il se serait embroché s'il avait tenté le moindre pas vers Dean. De plus, tout faux-mouvement impliquant les fenêtres de la maison risquait d'activer une nouvelle fois le système d'alarme qui piégeait les intrus à l'intérieur...

Une peur acide dégoulina à toute allure dans les veines du jeune Ghostfacer, le paralysant à moitié quand il vit le Grand Métis loqueteux s'approcher de Dean inconscient, bâillonné par un tissu sale enfoncé profondément dans la gorge. Le fantôme à perruque poudrée avait un masque d'os et s'inclina cérémonieusement envers une petite silhouette qu'Harry voyait mal de sa position actuelle. S'approchant du chasseur entravé, l'homme au masque avait déjà ouvert les pans de sa canadienne, fait sauter les boutons de sa chemise de flanelle et glissé une longue lame fine sur toute la longueur accessible de son tee-shirt pour dénuder son torse, le tout au son d'une mélopée basse au rythme lancinant.

Une petite voix claire semblant étonnamment jeune, déclara non loin d'eux :

— Cet homme a profané la tombe de ma mère et détruit les souvenirs qui nous permettaient d'honorer sa mémoire, il a envahi notre maison avec des intentions néfastes et à plusieurs reprises, envoyant des milliers d'entre vous dans le Néant Blanc qui s'acharne à nous attirer. Pour ses crimes, il n'aura pas droit au repos éternel. Il deviendra l'un de ceux qu'il a détruits. Le Bawon Samdi en fera un serviteur zélé qui n'aura plus d'autre objectif que de protéger sa dernière demeure. J'ai dit. Que la cérémonie commence !

Comprenant au geste du Métis que ce dernier avait l'intention de finir son découpage et d'autopsier Dean de son vivant, Harry se releva d'un coup et lança n'importe comment la dague de Castiel dans sa direction dans l'espoir fou que ce dernier l'attrape et crée une diversion, puis il se mit à crier de toutes ses forces pour appeler Sam, espérant également que ce dernier soit encore en état de venir les aider.

Dans le mur jaune pâle, la dague de l'ange se planta juste à cinq centimètres au-dessus de son propriétaire. Ce dernier la récupéra immédiatement d'un mouvement vif pour dévier les armes qui le menaçaient et se jeter sur le Métis au masque, réussissant à faire voler le coutelas menaçant qui planait au-dessus de Dean.

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New Orleans, Manoir Lalaurie, chambre de Delphine, 01h54

— Qu'est-ce que tu vois ? demanda Sam à Daniel qui restait prudemment à la lisière du trou du mur de grande chambre de l'étage que la démone avait bien démoli.

— Une petite pièce, une sorte de mini bureau triste sans fenêtre, mais avec un lit de camp. Il y a au moins vingt centimètres de poussière sur tout là-dedans…

— Et les os ?

— Sur le lit.

— Où est-ce qu'on va bien pouvoir les brûler sans tout faire flamber ? s'interrogea Sam. La cheminée n'est pas bien grande… Attends une minute, je vais voir si je trouve une salle de bains…

Le jeune Daniel émit un son étouffé qui devait être passablement indigne.

— Winchester ! Ne… me laisse pas tout seul… y a un truc super chelou dans cette pièce…

C'est à ce moment qu'ils entendirent le cri désespéré qu'Harry avait poussé en bas, hurlant le prénom de Sam à pleins poumons. Daniel se sentit automatiquement mieux. A côté, sa propre panique faisait très virile…

Sam jura plusieurs fois entre ses dents et lui demanda avec autorité de ressortir et de se remettre dans le cercle de sel. Il se sépara de plusieurs de ses armes dont la lame était en fer pour les lui donner.

— Ne te fais pas remarquer, je descends voir et le cas échéant je t'appelle…

— Et je peux pas brûler les os pendant ce temps ? Ça doit pas être plus compliqué que d'allumer un barbecue, non ?

Les fines dents de Sam apparurent dans l'éclat de son sourire.

— En général, ils ne se laissent pas cramer comme ça… Quiconque se trouve ici a réussi à enrôler son propre service de sécurité depuis des siècles. Il galvanise je ne sais combien d'échos de morts, rien que pour empêcher qu'on s'approche…

— Sam… tu sais j'ai réfléchi depuis hier et... je crois que je sais qui est ce fantôme.

— Vraiment ? s'étonna le cadet des Winchester.

Il n'eut pas le loisir de préciser trop sa pensée car il entendit du grabuge à l'étage du dessous.

— Je reviens ! lança-t-il par-dessus son épaule avant de franchir la porte au pas de course.

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Le jeune homme poussa un soupir et assit sa silhouette maigre au milieu du cercle de sel, le dos arrondi et les genoux remontés sous le menton. Il ferma les yeux. Et c'est alors qu'il l'entendit à nouveau. Une sorte de chuchotement, un filet d'air d'où se seraient échappés çà et là quelques mots indistincts, mêlé de quelques sanglots si légers qu'il crut les avoir rêvés.

— Il y a quelqu'un ? demanda-t-il avant de réaliser que ce n'était pas la chose la plus maligne à faire dans sa situation.

Il s'apprêtait à rester le plus silencieux possible, la tête basse et le nez dans son téléphone quand il vit soudain entrer dans son champ de vision deux pieds nus noirs et le bas d'une jupe blanc sale. Levant très lentement la tête, Daniel découvrit une petite fille noire très maigre qui le regardait avec la plus grande inquiétude. Le jeune homme resta absolument immobile. La petite fille tenait encore une large brosse en poils de sanglier dans sa menotte. Ses cheveux étaient attachés en deux tresses entortillées près de son crâne. Il ne fit absolument aucun mouvement, pensant qu'il serait bien protégé dans le cercle. Jusqu'à ce que la petite utilise sa brosse pour briser le cercle de sel.

— Pa'don, dit-elle seulement avant de pousser un cri effrayant.

— Arrête ! Tu es Lia, n'est-ce pas ?

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Manoir Lalaurie, cuisine, 01h58

Sam avait descendu les marches quatre à quatre et s'était précipité en direction du vacarme. Sans perdre la moindre seconde, il dégagea l'accès en réduisant en poussière tout spectre qui avait la mauvaise idée de se mettre en travers de son chemin. A moitié ivre de puissance en raison du sang de Ruby, il sentait ses tempes battre sauvagement et son cœur s'emballer. Quand il arriva dans la cuisine, il vit que Dean et Castiel étaient aux prises avec le Métis qu'il avait déjà vu plus tôt. Celui-ci semblait protéger un petit jeune homme qui ne devait pas avoir plus de douze ou treize ans, le visage gris mais comme recouvert de maquillage. Assez étrangement, et peut-être en raison de son costume d'époque, il n'évoquait pas tellement un préadolescent mais bien un homme de petite taille. Sa stature et sa corpulence correspondaient exactement au spectre qui les avait attaqués dans le cimetière et le cadet des Winchester sut qu'ils avaient enfin trouvé le boss de fin de niveau… Par contre, il n'avait pas du tout l'apparence à laquelle on aurait pu s'attendre… Le poing de Sam se referma et puis s'ouvrit, hésitant à lancer la commande mentale qui le pulvériserait comme les autres… Dézinguer du psychopathe spectral adulte ne lui posait aucun problème, mais un enfant, c'était déjà moins facile…

Le Métis afficha un large sourire édenté en le voyant arriver. Un rictus mauvais qui fila la frousse au moins expérimenté de tout le groupe, à savoir Harry.

— Intéwessant… Il y a quelque chose de changé chez celui-là…

— Je n'en ai cure. Tue-les tous ! répliqua le garçon au teint gris.

Puis il releva soudain la tête, paraissant avoir entendu quelque chose qu'il était seul à entendre. Un cri ou un appel qui lui fit froncer les sourcils. Sans prévenir, son image vacilla et il disparut de la cuisine.

— Castiel, va aider Daniel, je m'occupe de celui-là.

— Non, Dean est blessé et il faut que je le soigne si tu ne veux pas qu'il perde tout son sang…

Le cadet chercha des yeux son aîné. Un de ses bras tordu selon un angle inquiétant le retenait encore attaché à l'îlot par une corde qui avait été nouée à une fausse poignée décorative. Sa chemise ouverte sur sa poitrine montrait une longue estafilade moche qui avait goutté, formant une flaque de sang par terre qui allait en s'élargissant.

Sam poussa un cri furieux et il attaqua le Métis avec tout ce qu'il avait de rage. Contre toute attente, celui-ci ne sembla que s'en amuser. Il leva la main vers le visage du chasseur tandis que ses yeux s'illuminaient de l'intérieur.

— Obéis ! ordonna-t-il.

Sam trébucha en arrière comme s'il venait de heurter un champ de force invisible. Il se rétablit aussitôt et revint à la charge en commençant à prononcer les paroles familières de l'exorcisme qu'il connaissait par cœur depuis qu'il revoyageait avec son frère :

— Exorcisamuste omnis immundus spiritus, omnis satanica potestas…

— Obéis ! réitéra le Métis.

Manifestement affecté, Sam porta la main à sa gorge et s'étrangla légèrement en s'efforçant de continuer à psalmodier :

— O… Omnis incursio… i… infernalis...

— Obéis ! répéta-t-il une troisième fois. Je ne suis pas un démon, je suis un dieu. Wenseigne-toi avant la pwochaine fois… s'il y en a une.*

Et à la troisième injonction Sam resta figé et raide comme un piquet, les yeux fous, incapable de parler, de bouger, alors qu'il sentait son corps prêt à exploser car le sang de démon qu'il avait ingurgité malgré lui, luttait pour échapper à cette contrainte. Les iris de Sam virèrent au noir et il commença à pleurer des larmes de sang. Le « petit cadeau » de Ruby cessait apparemment d'en être un face à une puissante entité vaudou…

— Infernalis adversarii… omnis legio… chuinta la voix étouffée de Dean qui toussa pour cracher un peu de sang.

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Castiel profita de ce que le Métis ne faisait plus attention à lui, pour empoigner vivement Harry par le col et l'emporta en un battement d'ailes dans la réserve.

— Ne sors pas de là et protège-toi les yeux et les oreilles. Les siennes aussi ! ordonna-t-il de son ton déterminé.

Puis il retourna dans la cuisine, il marcha droit sur le servant du Baron Samedi qui le regarda avec étonnement. Là, produisant sa meilleure imitation bravache possible du sourire supérieur de Dean, il avertit l'apparition :

— Alors c'est à ça que tu veux jouer ? Montre-moi la tienne et tu verras la mienne ? Tu l'auras voulu, mais viens pas pleurer ta mère après !

Le visage de Castiel devint insupportablement blanc comme il entamait la procédure un peu risquée consistant à sortir une nouvelle fois de l'enveloppe de Jimmy Novak. Toujours suspendu par le bras, Dean gémit faiblement en essayant de se tourner pour se protéger de son mieux. Et il fut bien vite rejoint par Sam, enfin libéré de l'emprise du Baron, qui s'agenouilla et l'entoura d'un bras protecteur pendant que la tête de son aîné roulait sur son épaule.

Le flash phosphorescent émis par l'ange ne dura que quelques secondes, mais la pièce avait été vidée de toute présence inhumaine aussi efficacement que Sam l'avait fait dans la chambre un peu plus tôt. Castiel reprit peu à peu des couleurs supportables et il s'agenouilla près d'eux.

Dean dessilla très légèrement les paupières sur ses yeux verts un peu vitreux tandis que Sam défaisait la corde qui le retenait pour l'allonger doucement au sol avec des précautions de mère.

— Bien joué, Cass, approuva Sam. Est-ce qu'il te reste assez d'énergie pour refermer cette lacération ?

Craignant que Sam n'utilise une nouvelle fois ses pouvoirs avec de bonnes intentions mais à mauvais escient, Castiel opina. Il s'approcha encore et posa une paume hésitante sur le nombril de son patient.

— Vas-y grouille un peu, je suis pas chatouilleux… le pressa Dean qui grimaça néanmoins dès le contact de ses doigts.

Confus de devoir le toucher ainsi, Castiel baissa la tête pour tâcher de masquer sa roseur.

— Sam, plaida-t-il, est-ce que tu peux essayer de l'immobiliser le temps que je cicatrise ? Ça va lui faire mal...

— M'en fous, vas-y ! grogna encore Dean. Et arrêtez de parler comme si j'étais pas là...

Ils entendirent des pas s'approcher et Harry encadra sa tête dans l'ouverture de la porte avec circonspection, fronçant les sourcils en regardant de tous côtés.

— Où est-ce qu'ils sont tous passé ?... Oh non, Dean est gravement touché ?

— Ça va, Castiel s'en occupe, moi ce qui m'inquiète c'est que Daniel est resté tout seul en haut et que le gamin flippant a disparu. Comment va Ed, il tient le coup ?

— Il va à peu près. Mais il s'évanouit de temps en temps pour rien et j'aime pas ça…

— Bon, est-ce que tu veux bien assister Castiel, il faut absolument que je finisse à l'étage, on avait trouvé les os dans une cache secrète où quelqu'un a été manifestement emmuré vivant depuis un bail, et je soupçonne que c'était celui qu'on cherchait…

— Beurk, emmuré, je comprends qu'il soit vénère... Mais c'était pas ça que j'étais venu vous dire… Il y a plusieurs bagnoles qui se sont garées dans la rue tout autour de la maison. Faites gaffe avec toutes les lampes, la moindre petite lumière leur dira tout de suite qu'on est là…

Sam lui fit signe d'approcher pour qu'il le remplace, tout en échangeant un regard indécis avec Castiel qui venait juste d'émettre l'équivalent de cent cinquante mille lux en pleine nuit d'hiver…

— Euh… je crois qu'ils sont bien au courant sinon ils ne seraient pas venus en nombre… Harry, dès que Dean tient debout, allez chercher Ed et tâchez de voir si on peut redescendre par là où on est venus. Castiel rejoins-moi si tu peux, je ne sais pas ce que je vais trouver là-haut…

L'ange opina avant d'indiquer à son nouvel assistant de bien tenir Dean qui avait tendance à se contracter malgré lui sous la douleur, même s'il ne desserrait pas les dents. Sam s'éclipsa très vite vers l'escalier avec une certaine appréhension.

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— Ça va Dean ? demanda Castiel en déplaçant sa main au niveau du plexus solaire.

En fait non, ça n'allait pas du tout. Mais s'il y avait bien une règle immuable dans la famille, c'était qu'il ne fallait surtout pas augmenter l'anxiété générale en se plaignant. L'aîné des Winchester avait surtout l'impression qu'on lui versait du plomb fondu dans les lèvres de sa blessure. Il transpirait comme un bœuf. La tête de cocker de Cass au-dessus de lui racontait assez qu'il savait pertinemment qu'il lui faisait horriblement mal… Alors il ferma les yeux et fit ce qu'il faisait toujours et qu'il continuerait à faire aussi longtemps qu'il lui resterait assez d'autodérision pour cela : contrattaquer en faisant de l'humour.

— Putain mec, on dirait pas comme ça, mais t'es super chaud quand tu veux, en fait...

Même étendu les yeux fermés, Dean entendit presque le bruit simultané des mâchoires des deux autres se fracasser au sol.

— Enfin je veux dire… ça brûle à mort… nuança-t-il avec l'ombre d'un sourire qu'il masqua vite dans un rictus de douleur. Accélère la cadence, mon pote. Si les flics sont là, on n'a pas toute la nuit, hein ?…

— Dean… justement je pense à un truc… intervint Harry. Daniel, Ed et moi on pourrait faire semblant de se livrer à la police. Cela vous laisserait le temps de fuir.

— Dis voir, se débiner, c'est pas trop notre façon de faire, protesta Dean en balançant une œillade courroucée à Castiel qui venait d'utiliser ses deux mains pour aller plus vite à refermer le haut de la blessure au niveau de son sternum.

— Bah… vos airs de desperados solitaires qui s'en retournent dans le soleil couchant, là… il doit bien y avoir une raison à ça, pas vrai ? Alors que nous, les Ghostfacers, on a reçu une invitation en bonne et due forme de la part de l'agence de tourisme où bosse la mère de Danny – ce qu'on peut prouver – et on a même une autorisation de tournage signée de la mairie. En plus, on a scrupuleusement respecté le cahier des charges en évitant le tapage pour ne pas ennuyer les voisins… C'est un peu sali par ci par là mais on pourra payer les frais si on lance un appel de crowdfunding à nos followers...

Des larmes s'échappèrent des yeux de Dean quand les deux mains de Cass appuyèrent près d'une zone plus sensible à la base du cou, juste à côté de son tatouage anti-possession.

— …et puis je ne te cache pas que, pour notre publicité, si on peut citer le FBI en référence, ça va encore faire grimper nos vues…

— Si je peux me permettre un avis, je trouve que c'est une bonne idée, déclara Castiel en retirant ses mains dont les paumes irradiaient effectivement. Il faut partir d'ici très vite.

— Pas du tout ! ronchonna Dean qui essaya de se relever sur un coude. Déjà parce les os doivent impérativement être brûlés aujourd'hui, on n'aura pas de troisième essai. Et puis si le FBI saisit votre matos, il nous verra sur les enregistrements et vous ne tarderez pas à avoir des problèmes que vous n'imaginez même pas… Dernièrement, ils nous ont collé deux gus aux fesses qui étaient un peu moins mauvais que ceux de d'habitude. Et à mon avis, la preuve est là dehors…

Harry enregistra lentement qu'il venait d'avouer qu'ils étaient recherchés par le FBI, ce qui ne manqua pas d'ajouter à l'aura formidable des deux chasseurs. Il aida Castiel à remettre son patient sur pied et ils ne le lâchèrent que quand ils furent sûrs que Dean tenait debout tout seul, quoiqu'un peu courbé.

Puis le jeune homme aux cheveux noirs eut un tout petit sourire en coin quand il se pencha pour sortir un long boîtier métallique, qui était apparemment enfiché dans sa chaussette, en l'agitant nonchalamment d'un petit mouvement du pouce et de l'index.

— Et c'est pour ça que j'ai pris la précaution d'amener un bon électro-aimant, tout pareil à celui qu'a Ed... Je me suis laissé dire que si on les approchait suffisamment de notre matériel, le champ généré endommagerait gravement les enregistrements…

Dean se permit un large sourire innocent absolument pas crédible qui renseigna Castiel sur l'existence d'une anecdote là-dessous.**

— Ah oui ?… Bon, c'est pas tout ça mais faudrait que je retourne voir si la voie est libre en bas ou pas… Et Ed…

— Non, moi c'est toujours Harry…

— Oui, Harry pardon, ton électro aimant, il ne repousserait pas les insectes, des fois ? J'aime vraiment pas ces bestioles.

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(à suivre)

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* En fait, il y en aura une. En saison 5 (épisode 19), le Baron Samedi fait partie des divinités du panthéon païen qui ont été tuées par Lucifer.

** Saison 3 épisode 13, Dean détruit les enregistrements des Ghostfacers de cette façon à la fin de l'épisode.