Chante pour moi
J’espère que vous apprécierez ce nouveau chapitre.
Chapitre 23 - Royaume du Temps
Le bateau flottant naviguait en terre inconnue. Les hélices tournoyantes emportaient avec elles de la poussière interstellaire alors qu’ils s’enfonçaient toujours plus loin aux confins de cette galaxie aux premiers abords hostile. La proue de ce navire en tête de Bowser pointait en direction du royaume du Temps désormais plus qu’à quelques kilomètres de distance, entouré par une nébuleuse colorée. Il n’y avait pas un son dans ce vide galactique, pas un écho ne les atteignait … Juste ce silence entrecoupé par le battement des hélices propulsant le navire. Ils arrivèrent bientôt dans une vaste zone où flottaient des montres de toutes les formes et de toutes les origines. Ces objets dérivaient paisiblement dans l’espace sans fin, leur tic-tac répétitif résonnant dans cet infini tandis que le bateau avançait en ligne droite vers un point d’amarrage.
Il s’agissait d’un port, plus particulièrement une plateforme en longueur qui menait à une arche blanche où d’étranges symboles verts lumineux étaient inscrits sur la surface lisse. Et derrière cette imposante arche se dressait le royaume du Temps dans toute sa splendeur. Immense et majestueux, ce château blanc surplombait un large territoire abandonné et désolé, la plupart des plantes ayant été carbonisées. Pas un bruit ne venait briser ce silence à rallonge pendant que le navire accostait au port pour descendre la rampe et permettre au Roi des Koopas de mettre le pied à terre. Ce dernier posa les mains à ses hanches pendant que son regard sceptique sondait cette vaste étendue dénuée de vie. Des horloges quatre fois plus grandes que lui croupissaient dans le sol, à l’arrêt depuis bien longtemps à priori d’après la cendre qui les recouvraient. Les arbres défraîchis et crochus étaient figés dans le temps alors qu’une fine pellicule de poussière s’élevait dans la légère brise soufflant sur les ruines d’une ancienne cité.
Bowser ordonna à Kamek et à ses quelques gardes de rester en retrait le temps qu’il s’entretienne avec le Roi Tic-Tac. Il ne voulait surtout pas l’intimider, et encore moins foirer son entrevue avec lui à cause d’eux ! Car il savait comment était le Magikoopa … Toujours à protester pour un oui ou pour un non. Malgré leurs vives protestations, le Koopa géant ne les écouta pas pour s’avancer dans ce paysage chaotique en direction des grandes portes dorées tout au bout de cette interminable plateforme blanche. Il jeta quelques petits coups d’œil à gauche et à droite pour s’assurer que personne ne le prendrait par surprise même si au fond, il savait que personne n’oserait s’en prendre au puissant Bowser ! Ce serait clairement de l’inconscience. Déterminé et confiant, la tortue à épines cligna confusément des yeux lorsque de petits personnages en bois apparus de nulle part traînèrent quelqu’un par les bras en direction du palais.
«Non, pitié ! S’il vous plaît, ne faites pas ça ! Je n’ai pas fait exprès de m’endormir à mon poste, je vous le jure ! J’ai une famille !» Pleurnicha le pantin trainé de force par deux soldats en armure.
Bowser se décala sur la gauche pour laisser passer les gardes et le futur condamné pour son incompétence. Il n’avait encore jamais vu ces étranges créatures, mais elles ressemblaient fortement à des pantins utilisés comme modèle de dessin … Mise à part que ceux-là avaient un visage et une montre au centre de leur poitrine. Les gardes portaient un casque avec une plume blanche ainsi qu’une côte de maille avec le blason du Roi Tic-Tac, un blason qui se résumait à deux aiguilles croisées. Rien d’extraordinaire, remarqua Bowser d’un petit sourire narquois tandis que les personnages disparaissaient derrière les immenses portes. Ils manquaient vraiment d’originalité ! D’une secousse ironique de sa tête, le Koopa escalada les quelques marches pour se tenir devant le somptueux château blanc incrusté de chiffres romains dorés.
«Ouvrez les portes ! Ou mourrez.» Clama-t-il en utilisant sa célèbre phrase pour effrayer ses adversaires. Un succès. Souriant méchamment lorsque les doubles portes s’ouvrirent lentement d’un grincement, il gonfla le torse pendant qu’il pénétrait à l’intérieur pour constater qu’il s’agissait en réalité d’un mécanisme automatique … Oh, voilà qui était fâcheux.
La première chose qui le frappa, c’était la largeur du couloir menant jusqu’au trône. L’endroit était vraiment immense, bien plus grand que son château, à tel point qu’il ne voyait même plus le plafond ! Ce dernier étant caché par une brume blanche. Il n’y avait qu’un seul chemin menant au trône et il s’agissait d’une grille dorée surplombant le vide où flottaient des horloges de toutes les tailles. De grands engrenages tournaient sur les côtés, des statuettes de diverses créatures peuplant la galaxie étaient mises en valeur entre ces piliers montant jusqu’à ce plafond invisible. Alors qu’il marchait vers le trône fabriqué à partir de pièces d’horloge, Bowser devait reconnaitre que ce château était vraiment impressionnant et délicatement décoré. Ils avaient presque les mêmes goûts pour la décoration ! Sauf qu’il aurait remplacé ces vulgaires statuettes par les siennes, estimant qu’elles donneraient beaucoup plus de charme à cet endroit un peu trop impersonnel.
A mesure qu’il se rapprochait, le Roi Koopa pouvait entendre des voix provenir de quatre figures se trouvant au centre d’une gigantesque plateforme représentant le cadran d’une montre. La plus grande aiguille pointait vers les portes tandis que la plus courte pointait sur le douze, plus précisément vers les marches menant au trône. Au-dessus se trouvait un autre cadran de montre cette fois-ci fonctionnel qui apportait de la luminosité naturelle à la salle. Le lourd mécanisme s’activait bruyamment à chaque fois qu’une aiguille se décalait pour suivre le temps qui défilait d’un tic-tac répétitif agaçant. Il commençait sérieusement à haïr ce bruit … D’un grognement exaspéré, le Koopa leva les yeux pour voir que le pendule doré de cette montre démesurément grande se balançait lentement de gauche à droite avec ce fameux blason qu’il trouvait ridicule représenté au centre.
Derrière elle se cachait un autre passage qui menait certainement à une autre partie du château. Plus reculée, plus isolée. En haut de trois grandes menant à une porte fermée, Bowser pouvait voir un vitrail opaque blanc avec les chiffres romains du douze symbolisés. Il avait l’intime conviction que Solfège était derrière cette fichue porte ... Une intuition qui le démangeait d’aller enquêter. Non, il fallait qu’il reste concentré. Se retenant de suivre son instinct lui dictant de courir vers elle pour s’en assurer, la tortue se contenta de croiser les bras une fois arrivé sur le cadran de la montre où les quatre personnages s’entretenaient. Personne n’ayant encore remarqué sa présence. Il s’agissait des deux gardes et du pantin qui s’était apparemment endormi à son poste, pleurnichant aux pieds d’un autre pantin plus svelte et légèrement plus grand.
«Maître ! Je vous en conjure … Epargnez-moi !» Gémit celui à terre, les mains jointes devant lui.
«Tu as été très vilain … Vraiment très très vilain. Très vilain ! Vilain garçon. Tu sais ce que cela signifie, n’est-ce pas ?» Railla le plus grand d’une voix criarde insupportable alors qu’il admirait ses doigts griffus.
«N-non, pitié !» S’horrifia le pantin agenouillé en écarquillant ses yeux noirs dessinés au crayon à papier. Il glapit lorsqu’il reçut un violent coup de pied dans le ventre.
«Ici il n’y a pas de pitié qui tienne !» Hurla son Maître d’un timbre de voix beaucoup plus guttural, jetant ses poings en arrière tandis que son ombre menaçante recouvrait le pantin à terre. Mais soudainement, le garde à sa droite toussota dans son poing puis indiqua d’un geste de sa tête Bowser spectateur de cette humiliation.
«Ouh qu’il est moche celui-là !» S’esclaffa le Roi Tic-Tac d’un petit sursaut quand il vit l’expression agacée de l’énorme Koopa planté au milieu du cadran. Il ne l’avait même pas remarqué ! Comment faisait-il pour être aussi discret avec cette carrure ? Il s’exténua aussitôt.
«On ne vous a pas appris à frapper avant d’entrer ? C’est très malpoli.» Réprimanda-t-il tout en secouant son index à Bowser avant de placer ses mains à ses hanches pour lui plisser les yeux.
«Je ne suis pas venu jusqu’ici pour débattre sur ma politesse. Vous avez quelque chose en votre possession qui m’appartient, et que je compte bien reprendre. De gré, ou de force !» Menaça tranquillement la tortue après avoir croisé les bras sur son plastron d’un sourcil rouge levé, une légère grimace à son museau. Il prit un instant pour étudier le drôle d’énergumène qui se faisait passer pour un Roi.
Il n’était pas exactement de la même morphologie que les autres pantins. Son corps était beaucoup plus fin et il était vêtu d’un costume bleu foncé de maestro avec une chemise blanche et un grand nœud papillon violet autour du cou. Il portait des gants blancs ainsi que des chaussures noires pointues. Sa tête n’était autre qu’un réveil classique avec en guise de chapeau un élégant haut de forme noir sur lequel venait s’enrouler une bande blanche à la base. Une petite broche de note de musique bleue était accrochée à ladite bande. Il esquissait un très grand sourire qui avait l’air de tout, sauf sympathique. Son sourire était si large qu’il arrivait presque à ses petits yeux noirs dépourvus d’empathie, dépourvus de chaleur ... Son expression était malicieuse alors qu’il se mit à ricaner puis à faire une petite pirouette sur lui-même avant de se pencher sur sa canne qui avait une jolie pierre violette taillée.
«Vous osez me menacer, ici, dans mon propre palais ? Quelle audace ! Sans même me faire la bise en plus. Voilà qui est très grossier ! Mais ce n’est pas étonnant venant de quelqu’un avec si peu d’intelligence … Vous auriez au moins pu attendre que je finisse le châtiment avant d’intervenir avec votre grosse voix de méchant pas content !» Se lamenta Tic-Tac d’un bras sur son front, se courbant dramatiquement en arrière quand Bowser grogna.
«Si tu es assez malin, alors tu réfléchiras à deux fois avant de me traiter encore d’idiot ! Pantin de pacotille. Sais-tu au moins qui je suis ?!» Vexé, il leva les bras d’un regard féroce, déjà sur le point de perdre patience avec ses taquineries.
Ça commençait bien …
«Hum, non, je ne vois pas … Ah si ! En fait non. Peut-être que si ? Je ne sais plus. J’ai la mémoire courte !» Se moqua allègrement le Roi d’un gloussement ridicule lorsque les yeux de Bowser devinrent rougeoyants de colère. Agacer les autres et les faire sortir de leurs gongs en un temps record ? C’était sa spécialité.
«Je suis le Roi des Koopas, Bowser du Pays-Noir et futur conquérant de-» Débuta fièrement ce dernier d’une main sur le torse, cependant il ne put finir car le pantin face à lui se tourna vers ses deux soldats et celui qu’il était en train de châtier.
«Bon, jetez-le dans le puit sans fond … Ou peu importe du moment que je ne vois plus sa vilaine tête d’abruti. Je trouverai déjà quelqu’un d’autre à martyriser !» Ordonna-t-il avec ennui d’un long doigt pointé vers une porte annexe. Les gardes s’empressèrent d’obéir en trainant le pantin coupable plaidant pour sa clémence.
«Dans le genre énervant tu bats des records !» Gronda Bowser derrière lui en montrant les griffes, furieux d’avoir été coupé. Comment osait-il ce petit scélérat ?! Non seulement il mériterait bien une bonne raclée pour son irrespect mais en plus il mettait sa patience à rude épreuve dès les premières minutes. Un vrai cocktail explosif !
En revanche contre toute attente, le Roi Tic-Tac se mit follement à rire. Ce rire dément déconcerta Bowser qui perdit rapidement son expression irritée. Ses éclats résonnaient dans l’immense salle alors qu’il positionnait ses bras à son ventre pour se courber en avant, prit d’une soudaine crise de fou rire inexplicable. Incrédule, le Koopa leva les sourcils à cet étrange comportement qu’avait adopté le Roi cinglé qui devrait s’appeler Toc-Toc et non Tic-Tac. Il avait atterri chez les fous ou quoi ? D’une dernière pirouette élégante, Tic-Tac claqua subitement ses doigts pour perdre son sourire farceur au moment où une armée de pantins archers braquèrent leurs flèches en direction de Bowser. Des centaines de bonhommes en bois en parfaite synchronisation s’immobilisèrent sur des plateformes en hauteur pour menacer le Koopa sur le cadran central, immobiles et en rang très serré tout autour de la vaste salle.
«Si tu es assez malin, alors tu réfléchiras à deux fois avant de dire quelque chose qui me contrarie.» Prévint sombrement Tic-Tac d’une voix grave et inquiétante. Mais aussitôt sa menace déclarée qu’il retrouva son grand sourire taquin ainsi que cette voix fluette désagréable ; «d’accord ?»
«Ecoute-moi bien le pantin bipolaire, je ne repartirai pas d’ici sans avoir obtenu ce que je suis venu chercher. Tu as une humaine en ta possession, une humaine qui était à moi … Que tu m’as volée.» Commença Bowser alors qu’il tournait lentement autour du Roi penché sur sa canne, jouant avec deux de ses griffes pour les faire tinter. Il reprit.
«Je n’aime pas beaucoup les voleurs. J’ai tendance à les punir de la pire des façons possibles, ou à les torturer pour obtenir ce que je veux. Tout dépend de mon humeur. J’avoue avoir un faible pour la torture ! De voir la peur dans les yeux de mes victimes me procure une grande satisfaction.» Admit-il d’un haussement d’épaules suivit par un sourire sournois au souvenir du moustachu à la casquette verte qui en avait fait les frais une fois. Quel merveilleux souvenir ! Il cherchait à intimider le Roi à l’écoute tandis qu’il s’arrêtait juste derrière lui pour baisser les yeux sur son chapeau. Son expression devint effrayante.
«J’ignorais que le dicton qui disait que le temps est un voleur était vrai … Jusqu’à aujourd’hui !» Rugit-il après s’être brusquement penché vers Tic-Tac pour le recouvrir de son ombre, la colère suintant dans son ton et les griffes l’encerclant.
«Je mettrai ton royaume à feu et à sang s’il le faut ! Je détruirai ton palais ridicule et je brûlerai ta pathétique armée de pantins ! Alors économise ton précieux temps et redonne-moi ce que tu m’as volé !» Somma le Roi Koopa entre ses dents avant de cligner des yeux de perplexité quand il sentit quelque chose ricocher sur sa carapace dure. Se tournant sur la gauche pour fusiller du regard les pantins archers après avoir vu une flèche à ses pieds, il pointa une griffe vers eux.
«Hey ! Qui a fait ça ?» S’exaspéra-t-il.
«Oh, je suis navré mais il n’y a pas assez de place pour faire entrer toute ma pathétique armée. Je devrais peut-être songer à agrandir mon palais ridicule …» Ironisa Tic-Tac d’un haussement d’épaules après un reniflement de mépris. Il joua avec sa moustache aiguille tandis qu’il étudiait calmement Bowser avec un bras croisé dans son dos, le toisant de haut en bas pour finalement revenir à son visage irrité.
«La prochaine flèche sera logée entre tes deux yeux. Enfin ça, c’est s’ils arrivent à trouver les yeux dans cette forêt rouge ! Quelle pilosité ! C’est très touffu tout ça. Je devrais peut-être y dessiner une cible ? Pas étonnant que personne n’aime un Roi aussi laid ...» Le sourire malicieux de Tic-Tac s’élargit davantage à l’expression douloureuse qui apparut un bref instant, avant de redevenir l’habituelle colère ; «oh, aurais-je touché une corde sensible par hasard ?»
«Rendez-moi Solfège.» Bowser décida de ne pas rentrer dans son petit jeu toutefois cette dernière déclaration lui avait fait plus de mal qu’il ne voulait l’admettre. Les poings se serrant à ses côtés, il suivit du regard l’affreux personnage qui se payait librement de sa tête.
«C’est quoi ça, un Solfège ? Ça se mange ?» Questionna le Roi svelte feignant la perplexité, les mains levées.
«Je sais qu’elle est ici, quelque part.» Poursuivit le Koopa géant tout en regardant autour de lui à la recherche d’un indice qui prouverait la présence de l’humaine. Puis il rabaissa les yeux vers le pantin pour s’indigner d’un froncement de sourcils ; «personne d’autre à part moi n’a le droit de la garder prisonnière ! Je suis le seul, c’est mon truc les kidnappings ! C’est impardonnable !»
«Attend, tu parles de ma fabuleuse petite étoile ?» Tic-Tac posa son doigt sous son menton alors qu’il faisait mine de réfléchir. D’un coup, il tournoya sa canne dans les airs pour faire apparaître une sphère crystalline.
L’image dans cette sphère de magie devint plus nette pour distinguer une petite silhouette recroquevillée dans un coin de ce qui semblerait être une pièce sans porte ni fenêtre. Il n’y avait pas de doute, c’était bel et bien Solfège qu’il voyait à l’intérieur. Bowser la reconnut instantanément grâce à sa chevelure rouge atypique. Il ne pouvait toutefois pas voir son visage car il était enterré dans ses genoux mais elle portait la même robe blanche qu’elle avait sur elle la toute première fois qu’il l’avait vu … Sur cette petite planète perdue au milieu d’une galaxie silencieuse. Soulagé de la voir en vie mais énervé par l’attitude du Roi, le Koopa se retint de lui cracher un jet de flammes en pleine face quand ce dernier attrapa la sphère entre ses bras pour admirer l’humaine à l’intérieur.
«Mon tic ne fais tac que pour elle … Quand j’entends sa merveilleuse voix, je suis rempli d’une immense joie … C’est une source inépuisable de bonheur, le savais-tu ? Elle est si douce et si belle. Une créature si délicate ! Un petit oiseau qui ne quittera plus jamais son nid. Nous sommes liés pour l’éternité.» Dit-il d’un long soupir pendant qu’il traçait de petits cercles sur la surface de la sphère translucide. La joue posée, il sourit pensivement à Solfège, intérieurement satisfait de ressentir la colère de plus en plus grande chez la tortue incapable de garder le contrôle sur ses émotions. C’était tellement facile de s’amuser avec lui ! Il ne s’en lassait pas. Donc il poursuivit.
«Je compte la prendre pour épouse et lui faire toute une panoplie de mioches … Ils auront mon merveilleux visage et ses jolis cheveux bouclés. Mon intelligence et sa douceur. Un parfait mélange entre la mécanique et l’organique. Comme ça, cet endroit retrouvera un peu de vie ! Et j’aurais à nouveau du monde pour mes petites expériences.» Il chuchota la dernière partie d’un clin d’œil espiègle qui brisa le dernier brin de patience du Roi des Koopas.
«Sale petit !» S’exclama-t-il furieusement en sortant ses griffes pour lui bondir dessus mais Tic-Tac se mit rapidement à rire.
«Relax, je plaisantais. De grâce, non ! Cette image est répugnante. Beurk. Frissons frissons, j’ai des frissons partout ! J’ai horreur des enfants. Je pensais plutôt à l’empailler, ou à la transformer en pierre pour l’ajouter à ma collection de monstres. Je devrais vous la présenter ! Elle vous plairait certainement. Au moins comme ça elle gardera sa jeunesse éternelle ! Une fleur qui ne se fanera jamais …» Proposa ce dernier hilare après s’être redressé d’un haussement d’épaules. Il pouvait lui faire gober n’importe quoi ! C’était trop drôle. Son sourire en coin, il chassa la sphère d’un revers de son bras.
«Si tu touches un seul cheveu d’elle, crois-moi que tu vas le regretter ! Maintenant rends-là moi, ou je te casse en deux !» Menaça Bowser en faisant le mouvement avec ses mains pour prouver qu’il ne plaisantait pas. Il était vraiment tenté de mettre sa menace à exécution, mais il n’avait aucune idée d’où se trouvait Solfège ! Ni si elle était effectivement quelque part dans ce maudit royaume. Cela relevait véritablement du défi de garder son sang-froid ... Après l’avoir vue recroquevillée dans cette boule, malheureuse, il avait ressenti une immense peine qui s’était intensifiée lorsque la sphère avait disparu.
«Hey, pas si vite mon gros ! Tu crois vraiment que je vais te filer ma précieuse fille comme ça ? C’est la mienne ! Pas touche. Elle est une vraie star par ici. Je ne me sépare pas de mes trésors … Oh que non. Dommage !» Ricana Tic-Tac de plusieurs petits rebonds.
«C’est pourtant dans ton intérêt !» Bowser plissa les yeux, ce qui arrêta immédiatement le rire du Roi barjot. Ce dernier toussota dans son poing pour retrouver un semblant de calme alors qu’il tournait autour du grand Koopa se voulant intimidant. Décidemment, il y tenait à sa petite étoile ! Il était plutôt surpris par cette obstination qu’il pourrait d’ailleurs prendre à son avantage. D’un bras dans le dos au plan qui se formait dans sa tête, il regarda le plafond, pas du tout perturbé par son regard noir.
«Nous avions passé un accord elle et moi. En échange de sa fidélité, je lui offrais de la liberté jusqu’à ce qu’elle trouve son prince charmant … Qui n’est pas si charmant que ça au final ! Mais bon, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas. Même si moi j’aurais opté pour un truc plus séduisant. Genre moi quoi. Mais il fallait qu’elle tombe amoureuse de vous, l’abominable Bowser qui martyrise une princesse et ses pauvres habitants ! Le vilain … C’est presque touchant.» Tic-Tac fit semblant de pleurer et de retirer une larme invisible au coin de son œil. Mais à l’expression surprise de Bowser, il recommença à rire.
«C’était pour rire. Vous auriez dû voir votre tête ! Trop mignon. Le maléfique Bowser est tombé amoureux de ma petite étoile ! Vous entendez ça ? L’affreuse tortue qui s’était forgée une lourde renommée est en réalité un grand sentimental !» Rit-il tandis qu’il encourageait ses pantins archers à rire avec lui de la situation plutôt cocasse. S’attendant à une vive réaction de la part du Koopa moqué, le Roi se sentit presque déçu quand il se contenta de recroiser les bras puis de confirmer ses accusations.
«Je suis amoureux d’elle, oui je l’avoue. Avant elle j’ignorais ce que l’amour voulait dire. Je pensais que je ne pouvais trouver le bonheur qu’avec Peach … Jusqu’à ce que je la voie. Ses magnifiques cheveux de lave qui tombent en cascade dans son dos, ses jolis yeux verts couleur pomme, son merveilleux sourire et la douce mélodie de ses rires ! Sa voix apaise mon cœur et son chant me délivre de la colère ! Elle est parfaite, une épouse idéale pour un Roi tel que moi !» Rêvassa la grande tortue d’une voix mielleuse tout en positionnant ses mains à ses joues, un sourire admirateur étirant les coins de son museau. Il posa ensuite sa main à plat sur son plastron, l’autre en poing pendant qu’il s’exclamait avec conviction ; «avec Solfège à mes côtés, je combattrai les petites vermines de ton genre … Je repousserai nos ennemis communs et je libérerai la galaxie de leur emprise ! A commencer par toi !»
«Pitié, non ! Enlevez-moi cette image horrible.» La langue dehors, Tic-Tac secoua rudement la tête avant de repousser la griffe de Bowser qui était tendue dans sa direction. Alors le Koopa se pencha vers lui pour lui murmurer bassement la chose suivante, ses yeux se plissant d’un petit sourire mauvais.
«Ouvre grand tes oreilles. Je n’ai pas peur de toi. Personne ne me fait peur ! Surtout pas un gringalet de ton espèce. Mais je ne sais pas ce qui m’empêche de tous vous brûler sur le champ dans un grand feu de joie !» Hurla-t-il en jetant ses bras vers les pantins sur les plateformes surélevées. Depuis qu’il avait mis les pieds dans ce royaume, il avait une irrésistible envie d’y mettre le feu … Sans doute parce que les habitants étaient faits de bois.
Coïncidence ? Il ne le pensait pas.
«Peut-être la vie de Solfège ...» Baragouina Tic-Tac en retour, se crispant lorsque le museau de Bowser s’approcha dangereusement de son visage.
«Ma patience a des limites. Rendez-moi ma prisonnière ou vous allez amèrement le regretter toi et ta bande de pantins crétins ! Je suis le puissant Roi Bowser, je repends la terreur partout où je passe ! Et rien ni personne ne peut m’arrêter !» Avertit-il après avoir enfoncé sa griffe à plusieurs reprises dans le torse du Roi.
«Tu n’es pas une menace, pas plus qu’un Roi !» Contesta aussitôt Tic-Tac avec de grands yeux.
Ce qui eut pour effet de contrarier le Koopa au point de lui bondir dessus pour l’attraper par le col. Comment osait-il ?! Il voulait l’étriper, lui faire regretter de lui avoir autant manqué de respect depuis le début de cet entretien. Lui faire cracher le morceau de force pour connaître l’emplacement exact de Solfège. Le réduire en cendres … Pour toutes ces moqueries futiles et son petit rire de cinglé détestable. Kamek avait raison à son sujet, il était malveillant en plus d’avoir un penchant pour le sadisme, cherchant toujours à déstabiliser son interlocuteur pour ensuite l’atteindre plus facilement par les sentiments. Mais derrière ce visage de montre se cachait aussi quelqu’un d’extrêmement rusé qui prenait un malin plaisir à faire durer le suspense.
«Oh, nous arrivons à ma partie préférée ! Les négociations.» Ricana ce dernier après avoir frappé dans ses mains gantées, ses pieds ne touchant plus le sol. Regardant nerveusement dans les yeux rouges enragés de Bowser à quelques centimètres de son visage, il tapota gentiment le bracelet à piques du poignet qui le tenait par le nœud. Puis son expression devint calculatrice alors qu’il ordonnait à ses pantins de baisser leur arc avant qu’ils ne criblent de flèches la tortue cracheuse de feu un poil sur les nerfs.
«Je ne négocie rien du tout !» Répliqua Bowser d’une secousse, les dents serrées. Ses pupilles se rétrécissaient au visage souriant de la vile créature entre ses griffes.
«Tu es têtu, mais je ne crois pas t’avoir laissé le choix. Tu veux ma petite étoile ? Alors il va falloir en payer le prix.» La voix du Roi devint à nouveau sombre tandis qu’il regardait fixement le Koopa dans les yeux. En attente de pouvoir à nouveau toucher le sol, il leva les sourcils lorsqu’il se décida enfin à le reposer sur ses pieds. Il s’écria ; «parfait ! Maintenant discutons de ce qu’un Roi tel que vous à à offrir à un Roi tel que moi. Une aussi charmante créature doit se négocier à un bon prix, je ne lâche pas ma précieuse étoile aussi facilement ! Qu’avez-vous à me proposer ?»
«En échange je ne t’exploserais pas toi et ton armée.» Proposa sarcastiquement Bowser, un petit sourire en coin lorsqu’apparut un rictus ahuri sur le visage de Tic-Tac. C’était satisfaisant.
«Que je t’explique. Encore une proposition foireuse et tu retrouveras ta petite Solfège adorée dans une boite d’allumettes ! Une menace, une seule, et tu peux lui dire adieu.» Grogna-t-il en grinçant les dents, n’ayant plus du tout envie de jouer désormais. Tandis qu’ils se fusillaient mutuellement du regard une idée lui vint tout à coup à l’esprit, ce qui lui permit de retrouver cette fausse gaieté.
«Mais il me semble que tu as un fils, non ? Et si tu m’offrais ton petit garçon en échange ? J’aimerais réaliser des expériences sur les jeunes tortues de ton espèce. Il parait que vous êtes très bon en soupe !» Provoqua-t-il, son sourire vicieux se transformant en rire dément quand les poings de Bowser s’enfoncèrent juste devant lui en guise d’avertissement. Ouf ! C’était pas passé loin. Il leva vite les mains en l’air à ce regard de fou furieux.
«Bon d’accord, j’exagère. Un petit peu. Pas du tout. Attends, j’ai une autre idée qui me vient ! Elle est beaucoup mieux et offrira un grand moment de spectacle inoubliable. Oui, ça pourrait être intéressant … Oui ! Fabuleux ! Pourquoi pas un combat qui déterminera celui qui remportera mon étoile ? Je perds, tu rapportes Solfège avec toi mais si je gagne …» Il s’arrêta au beau milieu de sa phrase pour se pencher vers le Koopa à l’écoute de sa proposition néanmoins sceptique avant de finir.
«Si je gagne, tu me donnes ton château.» Chuchota-t-il.
«Quoi ?! Hors de question !» S’indigna aussitôt Bowser d’une secousse de sa tête, abasourdi par cette proposition complètement insensée. Offrir son château si jamais il perdait ?! Bon, ça n’arrivera jamais mais tout de même !
«Alors dans ce cas, je ne te raccompagne pas. Tu sais où est la sortie ! Bye, bye !» Salua le Roi d’un geste las de sa main alors qu’il se retournait d’une pirouette pour partir.
«Attends …» Mais Bowser l’arrêta.
«Tu reviens sur ma proposition ?» S’enchanta Tic-Tac d’un petit rebond pendant qu’il jouait avec sa canne noire et son chapeau haut de forme. Il faisait mine de ne porter aucun intérêt au Koopa mais discrètement, il examinait son expression réfléchie. Il allait obtenir un oui, il en était persuadé. Il était beaucoup trop fort dans le jeu de la manipulation !
«Vous me donnez votre parole ? Si je gagne, vous libérerez Solfège ?» Demanda son interlocuteur, le doigt replié sous son menton alors qu’il pesait le pour et le contre d’un pareil dilemme.
«Et elle sera tout à toi. Je t’en fais le serment …» Les yeux noirs de Tic-Tac se rétrécirent en même temps que son sourire s’agrandissait sur son visage.
Sa voix graveleuse était réapparue cependant le Roi des Koopas n’avait pas prêté attention à ce petit détail car il était plongé dans sa profonde réflexion. Pour lui de toute façon c’était gagné d’avance parce qu’il pouvait compter sur sa force surhumaine et son expérience en combat pour en venir à bout d’un fragile pantin soi-disant malin. Lui, contre le Roi du Temps ? L’ironie. Il n’avait aucune chance contre lui ! Confiant, Bowser croisa les bras sur son plastron puis esquissa un petit sourire à son tour tandis qu’il dévisageait celui qui se faisait passer pour le monarque le plus craint de l’univers. Alerté par son regard téméraire, l’homme montre reprit la parole.
«Tic-tac, tic-tac, le temps presse mon cher ami ! Alors, marché conclut ?» Pressa-t-il tout en tendant sa main gantée vers lui, ne rompant jamais le contact visuel avec l’imposant Koopa rempli d’assurance.
«Que le combat commence !» Bowser attrapa la main du Roi dans la sienne trois fois plus grande pour faire cette poignée de main.
«Merveilleux.» Répliqua-t-il d’une octave encore plus basse. Gardant quelques secondes de plus sa main dans la sienne, des petits filons d’or lumineux s’échappèrent subitement de sa manche pour venir s’enrouler autour du biceps de Bowser. Le prenant par surprise.
«Qu’est-ce que ?!» S’épouvanta-t-il quand cette étrange magie noua ses poignets par des chaines dorées puis que ses lèvres se collèrent l’une contre l’autre pour l’empêcher de parler. Dorénavant incapable de dire un seul mot ni même de se défendre. Il avait été berné ! Furieux, il commença à cracher une série d’injures qui malheureusement ne ressemblaient plus qu’à des grognements inintelligibles, ce qui amusa beaucoup le Roi Tic-Tac.
«Désolé, je n’entends pas vos menaces ! Vous dites ?» Se moqua-t-il d’un gloussement, trépignant d’impatience maintenant qu’il avait obtenu ce qu’il voulait. Il avait si hâte ! Claquant des doigts, il activa ses troupes pour sortir de la salle du trône et emmener de force le grand Roi Koopa vers la porte se trouvant derrière le pendule qui se balançait. Sautillant joyeusement avec sa canne, Tic-Tac attrapa son haut de forme pour faire un arc élégant à Bowser quand il passa à côté de lui d’un regard haineux.
«Notre pacte est scellé ! Youpi ! J’ai hâte de voir ce combat, il sera mémorable c’est certain ! Le puissant Bowser que tout le monde craignait anéanti par mon combattant … Je vois déjà les gros titres ! Allez, en avant toute ! Ce soir, soupe de tortue pour tout le monde. Mwahahahaha !» Encouragea vivement le Roi hilare tout en brandissant sa canne en direction de la porte ouverte, dansant au rythme des pas de ses pantins coordonnés.
Bowser n’avait jamais autant regretté d’avoir demandé à Kamek de rester en arrière.
A suivre …
Certaines phrases de Bowser sont des références aux jeux-vidéos de la franchise ! C’est bien évidemment fait exprès. Mais maintenant il se retrouve dans un sacré pétrin … En espérant qu’il ne perde pas ce futur combat sinon c’est la catastrophe !
Le personnage de Tic-Tac est mon invention. Je me suis inspirée de trois personnages, celui de Sun/Moon dans FNAF, King Dice dans Cuphead Show et un peu du nain Tracassin dans Shrek aussi … Personnellement, je l’adore !
VP